Chapitre 15 : Raisons
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25 décembre 2005, 23h00, le Terrier
Lee réapparut, dans les bras de son père, profondément endormi. Elise le prit dans ses bras pour monter le coucher et l'enfant ensommeillé laissa tomber au sol un petit écrin rouge. La bague de fiançailles sortit du coffret et glissa sous un meuble, là où personne ne pourrait aller la chercher.
Hermione, semblant reprendre son calme, jeta tout le monde dehors hormis Harry et Ron. Elle respira profondément pour se maîtriser et ferma la porte de la cuisine. « Accio bague de fiançailles » dit elle en faisant un mouvement avec sa baguette. Elle remit l'anneau dans son cocon rouge et le posa sur le comptoir de la cuisine. Elle approcha trois chaises et s'assit, invitant ses amis à prendre place et prit la parole.
- Une réunion de crise s'impose, dit elle d'un air grave.
- Pourquoi ? Demanda Ron. Je ne vois pas où il y a une crise.
- Ron, dit Harry exaspéré. Il y a des jours où je me demande si tu n'es pas tout simplement stupide.
- Harry, même si je t'approuve, tu pourrais faire preuve de tact. Dit Hermione.
- Ron, il va falloir te mettre deux choses dans le crâne.La première, c'est que Ginny est une femme, aujourd'hui, et que ton devoir de frère est avant tout de l'aimer et de respecter ses choix. La deuxième est que j'ai peur qu'elle ne fasse une bêtise.
- Comment ça ?
- Tu étais tellement occupé à te mettre en colère que tu n'as même pas remarqué que ta sœur était bouleversée par la demande de Draco.
- Elle est o ? Demanda Harry, décidé à décoincer cette discussion de sourds invraisemblable.
- Je ne sais pas, elle a parlé d'un pont et de rentrer chez elle. Quelqu'un sait de quoi elle parlait ?
- La seule personne qui peut savoir, c'est Draco. Dit Harry.
- Ou Julien, lâcha Ron.
- Julien a certainement compris vu qu'il l'a suivie je ne sais où. Dit Hermione. Ginny a besoin de nous. Vous comptez faire quoi ?
- Aller la chercher et la ramener, même si certains membres de cette famille s'opposent à cette union ! Dit Bill qui venait d'entrer.
- Ron, te souviens tu de l'endroit où elle vivait à Paris ? Je crois qu'on pourrait essayer de chercher par là en premier lieu.
- Bonne idée ! S'exclama Hermione. Moi pendant ce temps, je vais essayer de calmer Molly qui a l'air aussi bouleversée que Ginny. Il fallait quand même s'y attendre. On savait tous qu'ils avaient eu une liaison.
- Hermione ? Demanda Harry. Tu n'aurais pas un retourneur de temps dans ton bureau au ministère ?
- Si mais … Dit elle gravement. Non Harry. Je refuse, même pour une occasion comme celle là. On ne peut pas jouer avec le temps.
- Tu t'en es bien servie pour sauver Sirius, objecta Bill.
- Oui, mais là il s'agissait de sauver un innocent de la condamnation à mort.
- Parce que le jour des fiançailles de ma sœur c'est pas capital, peut être ? demanda Ron à l'étonnement de tous.
- Non Ron, mais on peut peut-être arranger tout ça. Dit Molly qui venait d'entrer. On va préparer une vraie fête pour elle et Draco.
- Molly … Vous êtes sûre de vous ? Demanda Hermione suspicieuse.
- Oui, je crois que enfin, Ginny est grande maintenant. Et puis il a tout fait pour la sauver et l'aider durant sa … maladie. Je crois qu'il faut lui laisser une chance.
- Maman ! Dit Bill en la serrant dans ses bras. C'est une bonne idée.
- Une excellente idée, oui ! S'exclama Hermione.
Georges, l'air effrayé et angoissé, entra après avoir frappé brièvement deux fois. Il se rongeait les ongles et les sangs.
- Je crois qu'on a un sérieux problème, dit il.
- Quoi ? Dirent ils tous en cœur.
- Angelina, elle…
- Accouche Georges, dit Ron.
- Heu justement, dit il sans parvenir à en ajouter plus.
Le hurlement de douleur d'Angelina interrompit le discours de son compagnon. Ils comprirent tous au même instant qu'elle allait mettre au monde son premier enfant. Molly se précipita hors de la cuisine et rejoignit la future mère. Hermione envoya Bill et Ron chercher Ginny et laissa George, pétri d'angoisse dans la cuisine avec Harry, qui n'avait absolument aucune idée de ce qu'on attendait de lui.
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25 décembre 2005, 23h00, Pont Alexandre III Paris
Une jeune femme, emmitouflée dans un long manteau blanc que le vent chargé de neige faisait claquer dans la nuit, pleurait doucement en regardant les lumières des bateaux voguant sur la Seine. Les amoureux bienheureux et les familles unies se régalaient du champagne de Noël sans se soucier qu'au dessus d'eux, quelqu'un enjambait l'épaisse protection du pont.
La rue était déserte, et les voitures ne s'arrêtaient pas. Personne n'avait remarqué le manteau blanc et le corps frissonnant assis sur la margelle. Elle sortit de son vêtement une rose rouge et une enveloppe, qu'elle déposa sur la pierre. Elle se leva et s'avança vers le vide, seules ses mains la maintenaient encore. Une voix masculine la freina dans son élan.
- Tu sautes, je saute. Dis Julien.
- On a vu ce film ensemble Julien, tu ne sauteras pas je le sais. Lui dit Ginny.
- Allez, toi non plus tu ne sauteras pas. Julien lui souriait. Sa voix trahissait pourtant le manque absolu de conviction qu'il avait dans ses propos. Tu ne vas pas te jeter dans la seine pour une demande en mariage ? C'est ridicule ! Reviens.
- Ce n'est pas pour ça que je suis ici. Dit elle
- Alors ? pourquoi ? Dit il agacé.
Ginny lui tendit l'enveloppe non cachetée en poussant la rose. Il l'ouvrit. Un parchemin destiné à Draco, il parlait d'elle, d'eux, et de ce qu'elle redoutait, le rejet de ses parents. Elle tentait de s'expliquer à leur place, de les excuser aussi. Elle disait qu'elle l'aimait, mais qu'elle craignait aussi que rien ne soit possible.
Pour elle, les années qu'ils avaient passées à se disputer, se haïr, ne pouvaient être que des obstacles. Etre ensemble était une chose, mais vivre ensemble, se marier, avoir des enfants peut être, c'était si différent. Elle avait espéré ce moment, jusqu'à ce que la bague apparaisse, et maintenant… Elle ne savait plus. Elle doutait de lui, d'eux, d'elle-même.
Julien cessa sa lecture, il regarda son amie, incrédule.
- Gin, comment peut tu douter de toi et de lui ? La gronda t il doucement. Il vient de te demander en mariage, et il était mort de peur. Ouvre les yeux, vous vous aimez !
- Tu ne sais pas ce que c'est …
- Bien sûr ! Répondit il avec une voix qui frisait l'ironie. Après tout je ne peux pas comprendre vu que je vis avec un homme qui s'avère être un Auror célèbre à la vie médiatisée. Je ne peux pas savoir, vu que notre amour reste immoral dans notre monde et que je cache notre relation depuis des semaines.
- Tu … Harry et toi ? demanda Ginny, surprise. Vous vivez ensemble ?
- Gin, reviens avec moi. Ne fuis pas. Dit il en approchant d'elle. Il la prit dans ses bras, plaçant ses bras sous les siens et posa son menton sur sa tête. Ca ne sert à rien, et tout le monde s'inquiète.
- Regarde les. Dit elle en montrant les bateaux du doigt. Heureux, insouciants, ils nous ignorent, leur vie est si simple. J'aime les regarder vivre.
- Tu as déjà oublié la tienne, la notre ? Dit Julien. Cela t'a paru simple à toi ?
- Non, c'est vrai. Mais c'est si compliqué… Cette situation. Tu ne sais rien de ce que la relation entre Draco et moi implique. Mais c'est gentil de vouloir m'aider.
- Rentrons, veux tu ? J'ai froid. Ajouta t elle.
- Oui, il fait vraiment froid.
Il l'aida à descendre et ils marchèrent, main dans la main, vers la rue des rosiers leurs nez gelés et des larmes arrachées à leurs yeux par la bise froide de cette nuit d'hiver.
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26 décembre 2005, 00h30, le Terrier
Les cris d'Angelina avaient cessé et Georges était monté voir sa femme et le fruit de leur amour dont ils ignoraient si ce serait un garçon, ce que Georges et son père espéraient fortement, ou une fille. Brusquement, quelqu'un tambourina à la porte. La voix de Charlie résonna dans la maison. Il hurlait de colère.
- Lee Ronald Weasley ! Tu es inconscient ?
Les membres de la famille Weasley, qu'ils soient nés comme tels ou pièce ajoutée, accoururent aux cris qui emplissaient l'entrée. Lee, portant son pyjama et un simple pull par-dessus secouait la neige qui collait à ses cheveux roux en bataille. Son père tapait du pied, le visage rouge de colère. Le gamin avait les restes d'un balai, que Harry reconnu comme un Eclair de feu, dans les mains et une estafilade qui saignait abondamment au dessus de son arcade sourcilière.
- Mais, papa. Fallait bien que quelqu'un aille le chercher !
- Je croyais, monsieur le casse-pieds, t'avoir interdit de t'en mêler. Tu retournes immédiatement dans ta chambre et nous rediscuteront de tout cela demain matin avec ta mère.
- C'est pas juste ! Grogna le gamin, se sentant floué. Y a que moi qui me soucie de lui et en plus je sui puni. Tu parles de courage et de loyaut ! Je suis bien content de pas être à Poudlard. Comme ça je suis pas obligé de subir toutes ses bêtises de Gryffondor et compagnie.
- Lee ! Gronda son père.
- Laisse le, Charlie. Dit Elise, qui était descendue attirée par les hurlements de son mari, en essuyant ses mains sur un tablier taché de sang. Je t'ai déjà dit d'arrêter avec tes histoires de maisons et de collège. Je trouve ça malsain. Quant à toi, jeune homme, tu vas me suivre dans la cuisine, je crois qu'une petite conversation s'impose.
- Elise, je viens de …
- Cesse que le considérer comme un petit garçon et laisse moi faire mon travail de mère, s'il te plait. Le gronda t elle. Et profites en pour aller voir tes trois nièces, elles sont adorables.
- Bien chef, dit il en l'embrassant. Ne sois pas trop dure avec lui. Murmura t il.
- Charlie… Dit elle.
- Ok, Ok, j'y vais. Céda t il.
- A nous deux, jeune homme. Dit elle en le poussant vers la cuisine. Elle fit un clin d'œil aux hommes présent avec un grand sourire.
- Arf, il va s'en tirer avec la vaisselle à faire demain, tout au plus. Dit Arthur. Si ça avait été Molly…
- Je vous entends Arthur. Dit Elise depuis la cuisine.
Charlie explosa de rire depuis l'escalier. Il venait de réaliser que sa femme avait dit « tes trois nièces ». Trois filles Weasley d'un coup ça faisait beaucoup, même pour la tribu aux cheveux couleur de feu. Molly descendît avec Seamus et une marmite d'eau encore fumante. Le médico-mage portait une pile de serviettes rougies par la jeune accouchée. Ils avaient l'air contrarié.
Arthur et Fred discutaient dans le salon en buvant un verre de champagne. Ils riaient avec Bill, Ron, Elise, Lee et Harry. Ils parlaient des trois filles de Georges et Angelina, imaginant des situations toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Un pop retentit sans que personne ne l'entende.
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26 décembre 2005, 00h00, Les Trois Balais.
- Ton père était un sinistre idiot, mais toi ? Comment as-tu pu fuir ainsi ? L'homme aux cheveux sombres parlait d'une voix dure.
- Je ne sais pas. C'est comme si l'idée de vivre avec elle devenait grossière. Dit son jeune interlocuteur entre deux gorgées de whisky de feu. Comme si elle était devenue trop bien pour moi.
- Mais comment peut on être trop bien pour un Malfoy ? Demanda l'homme avant de porter son verre à la bouche.
- Elle est belle, généreuse, sincère, et ma mère l'apprécie en plus. Dit Draco.
- La femme parfaite, lui répondit l'homme, le verre émit un claquement sourd sur la table de bois massif. Alors pourquoi, Draco ? Si elle est si parfaite et que tu l'aimes tant, pourquoi ne l'épouses-tu pas ?
- Les Malfoy ne se marient jamais par amour, disait mon père. Et toi ? Pourquoi ne l'as-tu pas fait ? Lui demanda celui qu'il voyait encore comme un gamin faisant sa première rentrée à Poudlard.
- Parce que la femme que j'aime a épousé quelqu'un d'autre. La voix sonnait comme un glas empli de regrets. Il avala le reste de son verre d'un trait
- Mais pourquoi ? Elle ne t'aimait pas ?
- Si, mais ton père avait décidé qu'il l'épouserait. Dit il. Plus encore lorsqu'il a su que nous nous voyons. Il a manœuvré jusqu'à parvenir à ses fins. Habilement si ce qu'on m'a dit est exact. Mais tu connais déjà cette histoire, on en a parlé plusieurs fois.
- Et maintenant qu'il est mort ? Tu ne vas pas aller la voir ? Insista le jeune Malfoy.
- Pourquoi faire ? Demanda l'homme.
- Parce que je pense qu'elle t'aime encore. Dit il se remémorant les propos de Ginny quelques semaines plus tôt.
- Comment le sais tu ?
- Ginny me l'a dit. Je ne l'avais pas vraiment écoutée ce soir là. J'avais supposé qu'elle me racontait une histoire abracadabrante pour me soulager. Je n'avais pas saisi que c'était vrai.
- Ta petite amie est un être exceptionnel, si ta mère lui a raconté tout ça. Epouse-la, crois moi. Lui dit l'homme. Je vis avec des regrets, je sais de quoi je te parle.
- Je devrais peut être y retourner, tu as raison. Confirma Draco.
- J'ai toujours raison, gamin. Dit Arthus Flint.
- En ignorant ma mère, tu as tort pour la première fois de ta vie, donc. Dit Draco effrontément.
- Serpentard, hein ? Lui dit Arthus en vidant d'un trait le verre qu'il venait de commander à Rosmerta. J'irais la voir si tu me promets de courir retrouver ta merveille, Draco. Ce dernier fit un signe affirmation. Bien, il faut rentrer maintenant, Rosmerta va fermer.
Les deux hommes se levèrent et déposèrent quelque mornille sur la table. Il s'étreignirent tels un père et un fils et se séparèrent devant la porte de l'établissement. Flint sortit dans la tempête après avoir soigneusement enfilé écharpe, gants et cape de lourd drap. Son filleul le regarda disparaître dans une bourrasque et se dit que Marcus avait eu de la chance de grandir au contact de son oncle. Même si maintenant, il en profitait alors que son camarade de classe devait finir de pourrir dans une tombe.
Il finit par se convaincre de transplaner, décider à affronter les regards dégoûtés des Weasley et celui, plus rageur, de celle à qui il avait demandé la main avant de fuir lâchement. Rosmerta lui adressa un sourire d'encouragement. Il murmura un vague merci, sorti dans la tempête avec son seul costume pour lutter contre le froid, et transplana vers le Terrier où il pensait trouver colère et tristesse.
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26 décembre 2005, 00h38, le Terrier
Aussi Draco fut il étonné d'entendre des rires et des exclamations de joie. Il se débarrassa de la neige qui n'avait pas déjà fondu avec la chaleur de la maison et risqua un regard vers la salle à manger.
- Bonsoir, Draco. Venez vous joindre à la joie de la famille !
- Arthur, nous devons parler avant ! Le houspilla Molly.
- Excusez le, il a un peu abusé du champagne. Lui dit Molly en regardant son mari d'un air désapprobateur.
- Suivez moi, ajouta t elle en le tirant par le bras vers la cuisine, je voudrais vous parler.
Draco suivit, résigné, devant le concentré de force et de détermination que pouvait être Molly Weasley. Il ne semblait plus aussi sûr de lui et maître de ses émotions qu'à son retour quelques minutes plus tôt. Elle lui fit signe de prendre place sur une chaise dans la cuisine et s'assit près de lui.
- Je … commença Draco.
- Laissez moi parler s'il vous plaît. Objecta Molly. Nous vous devons des excuses.
- Madame Weasley…
- Molly, appelez moi Molly. Dit elle doucement, elle prit sa main droite dans les siennes d'une façon tout à fait maternelle. Draco, je ne vous cache pas que votre demande nous a beaucoup surpris et que nous ne nous y étions pas préparés malgré tout il n'est pas juste que nous ayons réagi ainsi. Si Ginny vous aime, nous n'avons aucune raison de nous opposer à ce mariage. Je sais que ce devrait être Arthur qui devrait accepter votre demande…
- Non, Molly. Dit Draco. Votre attention me touche beaucoup, c'est vrai. J'en ai d'autant plus conscience que n'ai pas grandi dans un environnement où les attentions aimables sont légion. Malgré tout, je me dois de vous couper la parole. Vous allez me dire que je peux épouser votre fille, que si elle est heureuse c'est aussi bien comme ça, et d'autres choses encore je ne peux accepter tout ceci si Virginia elle-même s'y refuse. Je veux lui parler, où est elle ?
- Je comprends Draco, Ginny est sortie peu après votre départ. Nous ignorons encore où elle est mais Julien doit l'avoir rejointe.
- Bien sûr, alors je vais rentrer. C'est pour lui parler que je sui venu ici. Et pour m'excuser de vous avoir fait une demande mal venue. Dit Draco en retirant sa main. Bonsoir Molly, transmettez mon profond respect à votre famille.
Il quitta la cuisine, fit un signe à Potter, lui signifiant qu'il repartait. Harry lui demanda d'attendre, prit leurs manteaux et ils transplanèrent vers le 13 Grimmauld Place.
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26 décembre 2006, 01h30, 10 Grimmauld Place
Julien et Ginny discutaient dans le salon en sirotant un jus de citrouille. Ginny pleurait beaucoup et Julien parlait plus encore. Ils déversaient leur colère envers leur monde et tentaient de le refaire une fois de plus. Ils parlaient de leur amour, de l'injustice de ne pouvoir être aimé librement, par un nom honni ou une relation encore considérée comme contre nature.
Au 13, Harry jeta, comme à son habitude lorsqu'ils ne passaient pas la soirée ensemble, un œil à la façade du 10, pour voir si Julien était rentré. C'était fort improbable, mais il lui restait encore l'espoir de respirer une fois au moins l'odeur de son amant. Il vit la lumière éclairant la fenêtre du salon vaciller, comme savent le faire les flammes des bougies, signifiant la présence de Julien chez lui et décida d'aller le voir. Il avait besoin de lui.
- Draco ? Demanda t il à son invité.
- Oui ?
- Julien est chez lui et je voudrais passer le voir. Veux tu m'accompagner ?
- Avec un peu de chance, Ginny est avec lui. Dit il d'un ton résigné. Je viens.
Ils sortirent, traversèrent le square qui ornait la place et le marteau heurta trois fois la porte d'entrée de la coquette maison. Ginny ouvrit la porte à la demande de Julien, monté préparer la chambre de sa mère pour qu'elle y passe la nuit. La surprise marqua son visage aux yeux rougis de larmes et au sourire mangé d'angoisse. Elle s'effaça pour laisser les deux hommes entrer.
- Il est à l'étage, dit elle à l'adresse de Harry avant qu'il ne prononce un mot.
- Bien, je monte alors. Dit il en posant son manteau sur le meuble destiné à le recevoir.
- Entre ! Lança t elle à Draco qui ne se décidait pas à bouger. Je ne vais pas te manger.
- Tu apprécies cette expression, dis moi. Draco entra dans le salon, les mains dans les poches et l'air décontracté qui contrastait avec ce qu'il ressentait.
- Tu boiras bien quelque chose ? Lui demanda son interlocutrice en lui tendant un verre de whisky de feu.
- Merci, dit il en enveloppant de ses mains celle de sa maîtresse. Assieds toi, je dois te parler.
- Draco, s'il te plaît, non. Dit elle en maîtrisant à grand-peine la tristesse qui teintait sa voix.
- Ecoute, je t'aime. Peu m'importe tes parents ou les miens, leur avis ou leurs conseils. Il lui parlait d'une voix basse mais déterminée. La seule opinion qui compte pour moi c'est la tienne. J'ai repris ma parole auprès de tes parents, c'était trop tôt.
- C'était trop tôt en effet. Dit elle la voix plus assurée. Nous ne sommes ensemble que depuis quelques semaines.
- Cinq mois, pour être précis. La coupa Draco.
- Tu as compt ? Demanda t elle surprise.
- Le calcul est simple il y a douze mois dans l'année et juillet porte le numéro sept. Comme nous sommes en décembre cela fait donc 12-7=5.
- Merci pour cette brillante démonstration d'arithmétique, professeur Malfoy. Dit elle d'un ton ironique. Elle se leva et se servit un verre de cherry, qu'elle avala d'un trait.
- Ginny tu ne rends pas les choses plus faciles. Dit Draco.
- Je l'aurais fait si tu n'avais pas eu cette idée saugrenue. Lâcha t elle d'un ton sec. Tu ne crois pas que tu aurais dû m'en parler avant ?
- J'avais cru comprendre que l'idée d'un mariage est un aboutissement à son amour. Il semblerai que je me sois trompé. Oublions tout ça, je crois que je vais rentrer.
- Au contraire, je crois que nous devons mettre tout ça au clair. Objecta Ginny. Dans la majorité des cas, la demande en mariage arrive après une déclaration simple du style « je t'aime » ou « je voudrais finir ma vie près de toi ».
- Et ? Demanda Draco impatient d'en savoir plus.
- Et, insista t elle, je ne me souviens pas avoir entendu ce genre de choses venant de toi. A peine ai-je le droit de te voir le week-end deux fois par mois, si ton emploi du temps le permet.
- Si ce n'est que ça je laisse mon travail au collège. Dit il d'un ton dégagé. Mère n'a plus vraiment besoin de moi et ces fichus gamins sont plus insupportables.
- Draco, je te signale que je ne travaille pas !
- Oui, je sais ça, mais je ne vois pas où tu veux en venir. Dit Draco.
- Il est hors de question que je me fasse entretenir par un homme ! Cria Ginny.
- De une, je ne t'entretiens pas, vu que nous ne partageons rien d'autre que des nuits de retrouvailles, ensuite une femme Malfoy n'est pas entretenue mais accompli les devoirs que son rang et son exigent, et crois moi c'est un travail à part entière. Et enfin, vu que je n'accepterai jamais qu'une gouvernante ou une nourrice élève mes enfants, il va bien falloir que leur mère le fasse.
- Draco ? Demanda Ginny les yeux arrondis de surprise par la dernière tirade de son amant. Tu parles d'enfants ?
- Je crois que c'est avec des enfants qu'on construit une famille, tu es bien placée pour le savoir non ?
- Oui. Admit elle. Enfin, tout ça va si vite.
- Si on exclu les cinq dernières années à nous aimer sans nous voir, oui je vais peut être un peu vite. Personnellement, cinq ans je pense que c'est déjà bien assez long. Et puis ce que Malfoy veut…
- Le monde l'exécute, je sais Narcissa me l'a répété des dizaines de fois. Dit Ginny d'un ton fatigué.
Draco s'approcha de Ginny qui frottait ses bras en faisant face au feu de cheminée ronflant et l'enlaça d'un tendre câlin. Il l'embrassa dans le cou, juste au dessous de ses petits pendants de verre bleu et lui murmura de tendres mots à l'oreille. Des mots plaisants et rassurants.
- Ginny, je veux vraiment t'épouser, lui dit il. Passons un accord tu veux bien ?
- Je t'écoute. Dit elle en se retournant dans ses bras.
- Prend la bague, dit il en mettant dans sa main la petite boite rouge que Hermione avait mise dans la poche de son manteau des heures plus tôt et qu'il avait trouvée en traversant le square.
- Draco, non. Objecta doucement Ginny.
- Laisse moi finir de parler, enfin ! S'exclama t il.
- Prend la bague, lorsque tu de sentira prête, tu la mettra à ton doigt. Je saurais que le moment sera venu de faire ma demande à ton père.
- D'accord, mais à ce moment là, je veux que se soit une cérémonie traditionnelle sorcière, comme au temps des druides.
- Comment ça ?
- Un amour éternel et une promesse sorcière, le lien et le sang.
- Ginny ce genre d'engagement implique que jamais nous ne puissions nous séparer, nos âmes seront enchaînées l'un à l'autre. Seule une mort naturelle pourra briser cet engagement. Et puis, connais tu un druide qui puisse accomplir ce genre de cérémonie ?
- Oui. J'en connais un. Mais je préfère ne pas te révéler son identité avant l'heure. Je tiens à garder mes secrets.
Ginny déposa un baiser léger sur les lèvres de son fiancé et se dégagea de son étreinte. Elle tournoya un instant et, plongeant ses prunelles malicieuses dans celle d'acier et emplies de stupeur du jeune Malfoy, elle sorti l'anneau d'or et de pierres et mit la parure éclatante autour de son doigt fin et délicat.
Draco la regarda et un sourire heureux et épanoui apparut sur ses lèvres. Ginny s'approcha de lui et lui glissa à l'oreille qu'il était temps de rendre cet engagement plus concret encore. Elle posa un regard lourd de désir et d'envie de possession sur son fiancé et le déshabilla de ses yeux.
Elle le prit par la main et le tira vers l'étage. Elle lui fit signe de se taire pour ne pas troubler les deux amants de la chambre bleue, dont on entendait les soupirs mal maîtrisés, et continua à l'entraîner vers la chambre dans laquelle elle devait dormir.
Au lever du soleil, une voix douce et chantante entonna une prière au dieu soleil et prononça deux incantations dans un langage que l'on n'avait pas prononcé en ces terres depuis un millier d'années. Quatre lanières d'une lumière bleutée et scintillante de poussière d'argent s'étirèrent de ses mains vers l'étage et glissa sous les portes des chambres où l'on entendait les respirations des couples enlacés dormant d'un sommeil réparateur.
Chaque rai de lumière s'enroula autour des corps et glissa en eux. La personne à qui appartenait la voix prononça un mot de commandement et quatre sphères de magie bleue et argent, zébrées de rouge, descendirent en suspension dans l'air et s'enfoncèrent dans une sphère de bois de chêne.
La sphère disparut dans les plis d'une cape de drap noir et dans un mouvement à la rigueur toute militaire, la personne sortit de la maison un sourire satisfait sur les lèvres. Son commanditaire serait comblé par les résultats obtenus.
A suivre …
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Les réponses au reviews :
To Freaky Flower : Merci de laisser une bafouille de temps en temps. C'est gentil. Pour Narcissa Severus, leurs liens n'ont rien à voir avec l'amour… Mais tu as raison ils sont liés par quelque chose. As-tu une idée sur ce qu'ils ont bien pu se dire à la fin du chapitre 13 ?
Ron n'est pas méchant, il réagit mal c'est tout. Enfin, as-tu une meilleure opinion de lui maintenant ?
To Olympe : Je suis contente de savoir que tu a su survivre jusqu'à mon chapitre 15. Le voilà tout chaud, tout beau (enfin j'espère) et plein de nouveaux détails qui n'en sont peut être pas. Oui il s'agissait bien du pont Alexandre III qu'on a déjà vu dans un autre chapitre mais là non, elle ne voulait pas sauter. Rassurée ? Merci pour tes encouragements.
To Alisa : Coucou, toi. Maintenant tu as tes réponses à tes questions, non ? Mais je suis sûre qu'au moment où tu me lis des dizaines d'autres fleurissent. Je serais ravie de les lire.
Chez les Weasley, tout va bien. Et nos quatre amoureux sont sur la bonne voie. Mais quelle est elle ???
Bises à vous tous et au prochain chapitre….
