Appartement de
Mac
Trois semaines plus tard...
La vie avait repris
son cours normal après cet intermède amoureux. Enfin, normal était un bien
grand mot. Ils n'avaient pas discuté de ce qui s'était passé entre eux et
adoptaient au Jag, sauf quelques petites incartades,
une attitude très professionnelle. On ne pouvait pas en dire autant quand le
soir arrivait...
Sans se concerter, ils s'étaient revus. Ça avait commencé avec Harm qui s'était
présenté à sa porte quelques jours après ce fameux matin et sans un mot, ils
s'étaient retrouvés en train de faire l'amour. La fois suivante, ce fut au tour
de Mac. Jamais ils ne s'étaient donnés rendez-vous, mais ils se trouvaient
toujours. Mac n'avait que très peu de nouvelles de Clay depuis près d'un mois,
et chaque fois qu'il l'appelait, elle se sentait terriblement mal, encore plus
que d'ordinaire. Elle avait des remords pour ce qu'elle lui faisait et
lorsqu'il appelait, elle avait beaucoup de mal à garder le même ton qu'avant.
Chaque fois qu'elle raccrochait, elle avait envie de vomir tellement elle se
dégoûtait. Ce qu'on ne sait pas ne fait
pas mal. Peut-être pas à celui à qui l'on cache, mais certainement à celui qui le cache. Elle ne pleurait presque jamais,
repoussant tant qu'elle le pouvait ces sentiments si envahissants, elle aurait
bien le temps plus tard, de verser des larmes, mais son regard n'avait plus été
le même. Elle avait perdu, comme nombre de fois dans le passé, sa petite lueur espiègle. Même en présence de Harm, alors qu'il était empli d'amour et de
désir, si on prenait la peine d'y plonger, on
pouvait y lire de la tristesse et de la détresse.
Alors, elle trouvait son réconfort dans
cette relation avec Harm, repoussant pour plus tard l'analyse qu'il y avait à
en faire. Elle voulait juste profiter de l'instant présent tant que cela lui
était encore permis. Ou du moins elle essayait…
Ils avaient fini par prendre l'habitude de se retrouver chez l'un ou l'autre. Ils parlaient peu, appréciant juste le fait d'être ensemble. De toute façon, dès qu'une tentative de discussion sur leur avenir s'amorçait, Mac y coupait court, d'une manière ou d'une autre. Ce soir, ils étaient là tous les deux, se détendant dans les bras l'un de l'autre sur le sofa de Mac. Ils venaient de terminer le dîner et se complaisaient maintenant dans un silence apaisant. Mac jouait avec les doigts de Harm enlacés aux siens quand elle se retourna soudain vers lui, un sourire mutin aux lèvres.
- Dis-le moi.
Harm la regarda interdit.
- Te dire quoi ?- Que tu m'aimes. Déclara-t-elle simplement en se redressant.
Harm arrêta subitement de caresser sa main et se contenta de la contempler.
- ...- Dis le ! Rigola t'elle.
Voyant qu'elle tournait cela en jeu, Harm se détendit un peu.
- Je n'avouerai jamais ! Répondit-il en rigolant.- En ne disant rien, tu viens de le faire. Constata-t-elle en se réinstallant dans ses bras un sourire aux lèvres.
Harm sourit pour lui-même et porta sa main à ses lèvres pour y déposer un baiser. Ils retombèrent dans le silence, se complaisant dans le bien-être que leur procurait le fait d'être dans les bras l'un de l'autre.
Alors que Mac se redressait pour embrasser Harm, la plénitude ambiante fut interrompue par des coups donnés à la porte. Ils se redressèrent légèrement surpris, Mac n'attendant aucune visite. Et comme elle n'avait aucune envie d'en recevoir maintenant, elle fit signe à Harm de ne pas faire un bruit, et d'ignorer les coups. La personne allait bien finir par partir, et Mac se dit que ce n'était pas la peine d'attendre que cela se produise pour poursuivre ce qu'elle avait entrepris plus tôt. Alors qu'ils s'embrassaient maintenant doucement, une voix retentit de l'autre côté de la porte.
- Sarah ? Appela la voix de Clay. Sarah, Chérie, c'est moi.
Ils s'arrêtèrent net, le cœur de Mac se mettant à battre à cent à l'heure. La panique intérieure s'empara d'elle et elle fit un bond hors des bras de Harm. Elle regardait partout à la fois pour tenter de voir ce qui pourrait rendre Clay suspicieux. Ses vêtements : pas froissés; la table : il ne restait rien qui puisse faire penser à un dîner romantique ; Harm : aucune trace de rouge à lèvres ; le lit : défait. Défait! Effectivement, ils avaient fait les choses à l'envers : d'abord le dessert, et ensuite le dîner…
Voyant la panique dans ses yeux s'amplifier, Harm s'approcha d'elle et chuchota :
- S'il demande, dit lui que tu ne l'as pas fait ce matin. Calme toi, et il ne se rendra compte de rien.
Il ne croyait pas lui-même ce qu'il était en train de faire : lui donner des conseils sur comment cacher à Webb sa relation avec lui!
Elle ferma les yeux un instant pour reprendre le contrôle sur son esprit, et fit signe à Harm de s'asseoir à la table de la cuisine. Elle alla chercher une pile de documents qui traînait dans sa chambre et la posa sur la table à côté de lui, le tout pour donner l'impression qu'ils finissaient tout juste de manger après avoir travaillé sur un dossier.
De l'autre côté de la porte, Webb commençait à se demander si elle était là, ou si elle lui en voulait pour quelque chose qu'il aurait ou n'aurait pas fait.
- Sarah? Tu es là, tout va bien?
- Oui j'arrive!
Elle ouvrit la porte toute grande, plaquant un grand sourire sur son visage.
- Clay! Dit-elle en le serrant dans ses bras.
- Sarah, comme tu m'as manqué.
Il posa un baiser sur ses cheveux.
- Un mois sans te sentir près de moi, te toucher…
- Clay, arrête, nous ne sommes pas seuls!
Elle faisait semblant de le prendre à la blague, mais au fond, elle était mortellement embarrassée. Clay l'interrogea du regard.
- Harm est dans la cuisine, nous… travaillions sur l'affaire… Rodriguez.
Harm, qui avait évidemment tout entendu, à son grand déplaisir, sortit de la cuisine, les papiers à la main. Il avait été assez rapide pour s'apercevoir que ce n'était pas ceux de l'affaire Rodriguez et les prit pour que Webb ne s'en rende pas compte.
Bien que ce soit tout le contraire de ce qu'il ait envie de faire, il dit :
- Salut Webb. Je m'en allais, je vous laisse. J'espère que votre mission a été un succès. Mac, on reprendra ça demain.
Elle lui fit léger signe de tête en signe d'acquiescement et il partit, laissant Mac seule avec Webb. Situation qu'elle n'avait pas du tout envie d'affronter.
- Hum, comme c'est bon de te revoir, Sarah. Je t'ai dit que tu m'avais manqué?
- Oui.
Il s'approcha d'elle de nouveau et déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de la tirer vers le sofa.
- Viens t'asseoir. Tu sais, pendant notre séparation, j'ai beaucoup pensé à notre futur mariage, et…
- Tu as pensé à notre mariage pendant ta mission? Tu ne veux plus te marier ? Demanda-t- elle paniquée.
- Non ! Mais qu'est-ce que tu racontes ma chérie, pourquoi je ne voudrais plus de toi ?
- Je ne sais pas, c'est juste que…
Elle détourna le regard pour ne pas hurler ce qu'elle avait dans la tête : « Parce que je ne te mérite pas, je te trompe depuis trois semaines !!! » Elle était en colère contre elle-même et elle n'y pouvait rien. Elle avait à la fois envie de tout laisser tomber avec Harm, pour rendre les choses plus faciles, mais en même temps elle ne voulait pas que ça s'arrête. Et en l'état actuel des choses, il lui était impensable de renoncer à sa vie avec Webb.
Ce dernier la regardait avec insistance, attendant qu'elle termine sa phrase. Voyant qu'elle n'avait pas l'intention de le faire, il l'appela doucement pour attirer son attention.
- Sarah… ?
Elle posa de nouveau ses yeux sur lui et lui sourit. Sans dire un mot, elle lui prit la main et se leva, l'entraînant à sa suite vers sa chambre. Elle ne pouvait plus supporter de se trouver lovée dans les bras de Webb sur ce sofa encore chaud du corps de son amant. De plus ça lui évitait d'avoir à continuer à discuter avec lui, et c'était un bon moyen de s'empêcher de penser au malaise que lui procurait la présence de Webb.
Appartement de Mac
Lendemain matin
Mac était déjà en train de préparer le petit déjeuner lorsque Webb se réveilla. Tout à l'inverse de lui, elle avait passé une très mauvaise nuit, n'arrivant pas à trouver le sommeil, ses remords et ses doutes la maintenant éveillée. Mais elle était déterminée à faire semblant que tout allait bien.
- Hum ça sent le pain grill ! Furent les premiers mots de Webb. Toast, confitures, œufs, tu m'as sorti le grand jeu !
En disant cela, il s'approcha d'elle et l'encercla dans ses bras en l'embrassant dans le cou. Mac se dégagea habilement.
- Attention, je vais renverser le jus d'orange.
- Si c'est comme ça tous les matins, je devrai définitivement être là plus souvent.
- Ouais, tu devrais… Marmonna-t-elle entre ses dents.
- Quoi ?
- Non rien. Assieds-toi et mange avant que ça ne soit froid.
Il s'exécuta et répondit sur un ton taquin:
- Oui maman.
Il était visiblement de bonne humeur ce matin là. Et il avait de quoi : retrouver les bras de sa fiancée alors qu'il avait passé un mois à l'étranger, ça rend un homme heureux. Tellement qu'il ne s'était pas rendu compte que Mac agissait un peu bizarrement. À la fois distante, et attentionnée. Il mit ça sur le compte de la longue séparation.
Il prit une bouchée et ajouta :
- Parlant de ma mère, je l'ai appelée hier soir en venant ici. Elle m'a dit qu'elle t'avait téléphoné plusieurs fois à propos du mariage.
- Elle m'a harcelée oui ! C'est presque si elle n'appelle pas tous les jours pour savoir où j'en suis dans la préparation ! J'ai eu beau lui dire qu'on attendait que tu reviennes, c'est comme si je parlais dans le vide.
- Oh, je suis désolé ma chérie, je vais essayer de lui parler. De toute façon, ça devrait avancer maintenant que je suis là.
- Mouais… Fit-elle en prenant une gorgée de jus d'orange.
Webb continua à parler, sans remarquer que Mac était légèrement tendue.
- Et elle m'a demandé de te demander si elle pouvait venir avec toi, quand tu iras essayer des robes de mariée.
Elle reposa son verre aussi sec, surprise et déstabilisée par ce que venait de dire Webb. Robe de mariée…
- Quoi ? Mais tu ne trouves pas que c'est un peu tôt pour la robe ?
- Hum, non. On ne va pas éterniser nos fiançailles. N'est-ce pas ?
Il insista du regard. Elle détourna la tête, feignant de vouloir le pot de confiture en répondant ce qu'il voulait entendre.
- Non, bien sur que non.
- Bien…
Il approcha sa chaise de la sienne de manière à pouvoir passer sa main dans ses cheveux.
- Parce que je ne veux plus avoir à attendre pour pouvoir me dire que je suis le mari de la plus belle militaire de la planète. J'ai envie qu'on s'installe dans notre maison à nous, et je veux me réveiller tous les matins avec toi…
Mac se sentait vraiment mal à l'intérieur d'elle-même. Elle luttait contre l'envie de pleurer. Pressentant ce qu'il allait dire ensuite, elle se leva brusquement et dit :
- Tu veux d'autre pain grill ?
Mais c'était trop tard, il avait déjà commencé à le dire, ces quatre mots qu'elle avait tant essayé d'extirper à Harm « Je t'aime Sarah.». Mais elle n'avait pas du tout envie de les entendre maintenant. Non pas que ça ne lui faisait pas quelque chose, au contraire, c'est de ce cocktail Molotov de sentiments qui l'envahit à cette seconde précise qu'elle avait eu peur. Sa peine de savoir qu'elle trahissait un être cher, ses remords, sa tristesse, mais en même temps tous ses sentiments pour Clay.
Il la retint par le bras.
- Non.
Il l'attira vers lui et la fit s'asseoir sur ses genoux.
- Ça va, tout est parfait. Je sais pas pourquoi tu fais tout ça, mais tu n'as pas besoin d'en faire autant.
- C'est juste que… Je m'étais dit que quand tu reviendrais… pour partir les choses du bon pied… j'avais voulu que tout soit…
- Parfait ?
- Oui.
Ce n'était pas un mensonge. C'était ce qu'elle avait souhaité… il y a trois semaines.
- Ça l'est.
Et il déposa un baiser empli de tendresse sur ses lèvres. Mac ferma les yeux et se laissa faire, emportée par le flot d'émotions tendres envers Clayton Webb qui l'envahit. Elle reposa sa tête dans le creux de l'épaule de son fiancé et se laissa aller à ses réflexions un moment.
Ce qui eu un effet négatif sur elle. Elle se rappela à nouveau les événements des trois dernières semaines, et surtout, à quel point elle se dégoûtait. Elle se releva presque aussi vite qu'elle s'était levée de sa chaise quelques minutes plus tôt.
- Je dois partir au travail.
- Maintenant ? Fit un Webb surpris du revirement soudain de la situation.
- Oui. Je vais être en retard.
Mac était soudainement très pressée de partir.
- Mais… J'ai ma journée à moi, j'avais pensé que peut-être tu pourrais appeler et dire que tu es malade, comme ça on passerait la journée ensemble. On pourrait aller travailler sur notre maison, voir quel genre de choses tu as envie d'y mettre…
Il s'était levé pour la rejoindre debout dans l'encadrement de porte de la cuisine. Il la prit par la taille et lui lança un regard sexy qui, dans son état normal, aurait fait fondre Mac, et ajouta :
- Et qui sait, peut-être même inaugurer la maison…
Il se pencha pour lui embrasser le cou, mais malheureusement pour lui, elle n'était pas disposée à ce moment de tendresse. Elle le repoussa en essayant de rendre son geste le moins violent possible alors que son esprit lui hurlait de l'éloigner d'elle le plus vite possible et de s'enfuir en courant. Elle lui répondit sur un ton sec qui le déstabilisa un peu :
- Impossible. Je… je suis à la cour aujourd'hui.
C'était un mensonge. Et elle détestait mentir à Clay. Elle le faisait trop souvent à son goût ces temps-ci. Webb soupira en capitulant. Mac reculait déjà vers le porte-manteau.
- Reviens le plus vite possible alors !
- Hum, oui oui.
Elle avait maintenant attrapé son manteau et se dirigeait dangereusement vers la porte.
- Sarah !
Elle s'arrêta net. Elle aurait dû se douter que ça ne pouvait pas être si facile.
- Et pour ma mère ?
Sa mère ? Quoi sa mère ? Mac, qui n'avait pas vraiment écouté la conversation de Webb était totalement perdue.
- Quoi ta mère ?
- Elle peut venir avec toi pour la robe ou pas ? Je sais que ça ne doit pas être toujours facile avec elle, et que le mariage doit la stresser encore plus que toi, mais ça lui ferait vraiment plaisir, elle n'a pas de fille donc elle ne pourra jamais faire ça et tu pourrais demander à Harriet de venir avec toi, comme ça tu ne seras pas toute seule…
- Je ne l'ai pas encore dit à Harriet…
- Tu n'as pas dit à ta meilleure amie que tu allais te marier ? Demanda Webb, surpris.
- Euh, non… Hum, j'attendais que tu sois là pour qu'on leur annonce ensemble…
Elle espérait de tout cœur qu'il allait gober ce mensonge… Et ça marcha.
- Ah euh, ok.
À contre-cœur elle ajouta :
- Mais, euh, demain c'est l'anniversaire de leur plus vieux, alors on pourra leur annoncer l
- Ça c'est une excellente idée ma chérie !
Elle le regarda paniquée s'approcher de nouveau d'elle. Il l'embrassa légèrement, et elle se recula encore plus vers la porte.
- J'appellerai ta mère quand on aura fixé une date. Pour la robe je veux dire. Mais là je dois vraiment y aller. Bye !
Avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, la porte se refermait derrière elle. Il secoua la tête, se disant qu'elle devait vraiment être en retard, et retourna à son petit-déjeuner.
De son coté, Mac s'appuya dos contre le mur pour s'empêcher de s'écrouler. Elle n'avait pas pensé que la situation serait à ce point insupportable. Elle se détestait de faire subir ça à Webb, même si lui, n'en ayant aucune conscience, semblait très heureux. Et elle était heureuse avec lui, si ce n'était de ces remords et de ce sentiment constant de le trahir.
Elle se laissa aller à ses sentiments tendres envers Clay. Elle ne voulait pas le quitter. Elle ne le quitterait pas. Elle venait de le décider. Mais soudainement, Harm vint envahir son esprit. Harm… Elle l'aimait tellement fort ! Elle ne voulait pas le quitter non plus ! Elle ne savait que faire, qui choisir. Devait-elle, non pouvait-elle, continuer son double jeu ? En serait-elle capable ? Voilà les questions qu'elle se posait.
Elle se redressa et décida de remettre ses questionnements à plus tard. Elle chassa ces pensées de son esprit et prit l'ascenseur, plus embrouillée qu'avant.
Résidence des RobertsAnniversaire du petit AJ
Mac et Clay remontaient main dans la main l'allée qui menait à la porte d'entrée. C'était aujourd'hui leur première sortie officielle en tant que couple et Mac était passablement nerveuse. Devoir affronter le regard de ses collègues et amis, les questions et surtout la proximité de Harm et faire comme si de rien n'était lui semblait au-dessus de ses forces. Clay quant à lui se sentait fier d'être celui qui avait finalement conquis le cœur de Sarah Mackenzie et il lui tardait de pouvoir afficher son bonheur en public.
Clay donna trois brefs coups à la porte et tandis qu'on entendait des pas qui approchaient de l'autre côté, il pressa gentiment la main de Mac pour la rassurer avant de la porter à ses lèvres et d'y déposer un baiser.
- Tout va bien se passer, ma chérie.
Elle lui retourna un sourire timide et la porte s'ouvrit sur une Harriet à bout de souffle, un plateau dans les mains.
- Bonjour Madame ! Monsieur. Ajouta-t-elle en faisant un signe de tête vers Clay non sans remarquer leurs doigts entrelacés.
Elle s'écarta pour les laisser entrer.
- Harriet ! La gronda Mac. Qu'est-ce que je vous ai déjà dit !
- Excusez-moi, la force de l'habitude… Vous êtes presque les premiers. Bud est dans le jardin en train d'essayer d'allumer le barbecue avec le petit AJ, ce qui n'est pas une mince affaire vous le comprendrez… Et le Capitaine… enfin, Harm est dans le salon avec Jimmy. Faites comme chez vous, j'ai à faire à la cuisine.
- Vous avez besoin d'un coup de main ? Demanda Mac.
- Non merci. Tout est sous contrôle. Je vous rejoins de suite.
Tandis que Clay et Mac se dirigeaient vers le salon, Harriet les regarda s'éloigner songeuse. Elle avait du mal à imaginer ces deux-là mariés. Elle avait toujours pensé comme tout le monde : que Harm et Mac finiraient par se retrouver. Mais la vie en avait décidé autrement et elle finirait bien par se faire à l'idée. Après tout, Clayton Webb ne devait pas être si mauvais que ça puisque Mac l'avait choisi et qu'il était ami avec Harm.
Ils trouvèrent Harm tranquillement installé sur le sofa en train de babiller avec le petit Jimmy sur les genoux. Complètement absorbé par son occupation, il ne les entendit pas arriver. Clay contempla la scène un sourire ironique aux lèvres tandis que Mac sentit son cœur s'attendrir.
- Je n'ai jamais sous la main un appareil photo quand j'en ai besoin ! Lança Clay. Qui l'eut cru ! Le grand Harmon Rabb Junior reconverti en nounou !
Harm releva précipitamment la tête et se retrouva en face du couple qui se tenait toujours la main.
- Vous voulez vous entraîner, Clay ? Ironisa Harm.
- Très peu pour moi. Répondit-il en serrant la main de Harm.
Mac lança un regard surpris à Clay dont Harm était en train de retourner la poignée de main. Puis il salua ensuite Mac de la tête.
- Mac.
- Harm.
Il y eut un moment de silence étrange entre les trois adultes comme si chacun cherchait quelque chose à dire. Seul les gazouillis de Jimmy résonnaient dans la pièce. Il est vrai que la situation était assez bizarre. Ils avaient l'habitude de travailler ensemble, ils se connaissaient bien pour ne pas dire intimement mais cette situation était nouvelle. Deux d'entre eux formaient maintenant officiellement un item, et aucun ne savait comment réagir à la situation. Clay savait que Harm avait eu ou avait toujours des sentiments pour Sarah. Harm avait l'impression de rejouer une nouvelle version d'une quelconque pièce de boulevard intitulée : « Le mari, la femme, l'amant.» Quant à Mac, elle ne savait plus où elle en était. Elle était quasiment agrippée à la main de Clay mais elle avait peur que son corps ou ses yeux ne révèlent ce qui l'unissait secrètement à Harm.
- Vous vouliez faire quoi de cette photo, Clay ? Demanda finalement Harm.
- Je ne sais pas. Ça aurait pu me servir un jour où vous auriez décidé de me demander une nouvelle faveur. Répondit Clay évasif.
- Je ne vois pas ce qu'une photo de moi avec un enfant peut avoir comme valeur mais bon, si vous le dites. Plaisanta Harm.
- C'est juste que c'est assez incongru venant de votre part, c'est tout.
- Vraiment ? Vous savez, Clay. Ajouta Harm en regardant Mac avec insistance. Je suis certainement plus prêt que vous ne le pensez.
- Prêt à quoi ? Demanda Clay en se laissant tomber dans le fauteuil en face de lui, entraînant Mac sur ses genoux.
- A avoir un enfant. Déclara Harm en fixant des yeux la main de Clay qui caressait légèrement la jambe de Mac en propriétaire.
- Vous savez, Rabb. Il y a ceux qui sont fait pour, et ceux qui ne le sont pas. Je vous avais définitivement classé dans la seconde catégorie mais à croire que je me suis trompé.
Cette conversation de même que l'endroit où elle se trouvait mettait Mac de plus en plus mal à l'aise et elle s'extirpa précipitamment de l'étreinte de Webb.
- Je vous laisse à vos conversations de filles les gars. Dit-elle en tentant de se donner un ton léger. Je vais voir si Harriet a besoin d'un coup de main.
- Reviens vite, mon amour. Lui dit Clay en embrassant sa main.
Mac jeta un bref regard gêné à Harm qui venait d'avoir un haut le cœur et ajouta à l'intention de Clay :
- Je ne serai pas longue.
Les deux hommes la suivirent du regard tandis qu'elle s'éloignait.
- Elle est merveilleuse. Déclara Clay.
- Je n'en doute pas. Répondit Harm en reportant son attention sur le petit Jimmy.
- Vous savez, Harm. Je n'ai jamais compris pourquoi vous n'aviez jamais… Enfin je veux dire… tenté votre chance avec elle.
- Qui vous dit que je ne l'ai pas fait ? Le défia Harm du regard.
- Ah oui ? Dit Clay subitement intéressé attendant la suite.
Harm alla déposer Jimmy dans son parc et se retourna vers Clay, décidant de changer de sujet.
- Alors comme ça, si j'ai bien compris, vous vous situez dans la seconde catégorie.
- Pardon ?
- Avec ceux qui ne sont pas fait pour…avoir des enfants.
Clay, déçu que Harm n'ai pas poursuivi sur le précédent sujet laissa échapper un profond soupir.
- Non, définitivement ce n'est pas pour moi.
- Jamais ? Insista Harm.
- Franchement, avec le boulot que je fais, Harm. Vous croyez que ça serait bien sérieux. J'ai vécu ça avec mon père, et je ne le souhaite à aucun autre. Et puis, les pleurs, les couches, les maladies…pfff. Je suis rarement là, alors quand je suis à la maison, j'aime profiter de mon temps pour moi… et bientôt pour ma femme.
- Vous en avez parlé avec Mac ?
- Non…pas vraiment. Mais est-ce si important ? Du moment que l'on s'aime.
- Vous savez qu'elle souhaite plus que tout être mère un jour ?
- Vraiment ? Non, elle ne m'en a jamais parlé. C'est donc que ça ne doit pas être si important que ça pour elle.
Un long silence s'en suivit et Harm se sentit intérieurement navré pour Mac. Il savait que son plus grand désir était d'avoir un enfant. Mais si elle s'obstinait dans sa relation avec Clay, il savait que ce jour risquait de ne jamais arriver. A moins qu'elle ne lui fasse un enfant dans le dos, ce qui n'était pas son genre. Ou à moins qu'elle ne le choisisse lui…
Clay de son côté repensait aux dernières paroles de Harm. Sarah voulait un enfant et elle ne lui en avait jamais parlé. Certainement ils devraient en discuter car, malgré le ton détaché qu'il avait prit pour répondre à Harm, il sentait que ce sujet pouvait devenir un obstacle à son mariage avec Sarah.
Quant à Mac, elle avait été renvoyée de la cuisine par son amie avec pour ordre de se détendre et elle avait surpris la déclaration de Clay et quelque chose se brisa en elle. L'homme qu'elle projetait d'épouser ne voulait pas d'enfant. Cela lui donnait une excuse toute faite pour rompre avec lui quand le sujet serait abordé et de vivre librement son amour pour Harm. Mais elle n'était pas comme ça. Elle avait également des sentiments pour Clay qu'elle ne pouvait ignorer et elle devait analyser tous les aspects de la situation avant de prendre une décision. Même si Clay ne lui donnait pas d'enfant, il pouvait lui apporter beaucoup d'autres choses.
Les trois adultes furent interrompus dans leurs pensées respectives par une petite tornade blonde qui fit irruption dans le salon.
- Tante Mac ! Tante Mac ! Cria le petit garçon en se jetant dans ses bras.
- Salut terreur ! Le salua Mac en le prenant dans ses bras.
Elle l'embrassa chaleureusement en se dirigeant vers les deux hommes.
- Alors mon grand ? Ça fait quoi d'avoir cinq ans ?
- Rien. Dit-il en haussant des épaules. Mais papa et maman m'ont acheté un vélo ! Tu veux le voir ?
- Oh oui, j'aimerais beaucoup. On ira tout à l'heure, ok ? Dit-elle en le reposant par terre.
- D'accord. Répondit-il un peu déçu en voyant qu'elle se dirigeait vers le parc de Jimmy.
- C'est qui, lui ? Demanda-t-il en désignant Clay du doigt.
Ils se regardèrent un instant interdits et Mac alla s'agenouiller près de lui.
- Lui, c'est Clayton. Mon fiancé. Et on ne montre pas du doigt, AJ.
Le petit garçon fronça le nez comme s'il réfléchissait et déclara :
- Ton fianc ? Comme ton amoureux ?
- Oui, si tu préfère. Mon amoureux.
AJ fit la moue et laissa son regard aller de Clay à Harm avant de le poser sur Mac. Il prit une profonde inspiration et avec toute la candeur qu'un enfant peut avoir demanda :
- Mais je croyais que c'était oncle Harm ton amoureux.
Clay leva un sourcil interrogateur vers Mac qui se mordait les lèvres. Quant à Harm, il ne pouvait s'empêcher de rigoler intérieurement se demandant comment sa Marine allait se sortir de ça.
- Et bien, AJ…non. Tu vois, oncle Harm et moi on est…juste amis.
- Ah. Constata AJ déçu. Mais…
Il fut interrompu par des coups à la porte d'entrée et il se désintéressa immédiatement du sujet.
- C'est oncle AJ !!! J'y vais !
Il couru vers la porte laissant les trois autres muets.
Résidence des Roberts Fin de repasDans le jardin en cette fin de printemps, le repas s'était déroulé dans la bonne humeur et c'était maintenant l'heure de souffler les bougies pour le petit AJ. Harriet déposa sur la table un énorme gâteau au chocolat qui déclencha un torrent d'exclamations de la part des invités. Le repas avait déjà été gargantuesque et tous déclaraient ne plus avoir de place pour quelque nourriture que ce soit. Harriet appela son fils qui jouait non loin de la table avec un avion que son oncle Harm lui avait offert pour venir souffler ses bougies. Il avait été étrangement calme durant tout le repas mais sa mère préféra mettre cela sur le fait qu'il était maintenant un grand garçon plutôt que sur le fait que quelque chose puisse le préoccuper.
Il s'installa fièrement sur les genoux de son oncle préféré tandis que son père allumait les bougies.
- Il faut que tu fasses un vœu avant de souffler, AJ. Lui dit Mac.
- Un seul ? Demanda-t-il suppliant.
- Oui, un seul sinon ça ne marchera pas. Lui répondit sa mère.
Le garçon réfléchit un instant et dit :
- Ça y est ! Je peux souffler maintenant ?
- Vas-y, mon grand. L'encouragea Harm.
- Tu m'aides ?
- Tu es grand, tu vas y arriver tout seul.
- Ok.
AJ prit une grande inspiration et souffla sur les bougies. Harm l'aida bien entendu discrètement et, satisfait de lui quand la derrière bougie s'éteignit, AJ s'applaudit. Les adultes firent de même en rigolant quand Harriet demanda :
- Alors, mon chéri, tu as fait quoi comme vœu ?
- Oncle Harm a dit que je pouvais pas le dire sinon il ne se réalisera pas.
- Oncle Harm a eu une bonne idée pour une fois. Plaisanta Mac en jetant un regard amusé vers son collègue.
Bud entreprit de servir tout le monde et la conversation reprit son cours. Mac observait amusée Harm et AJ qui étaient en face d'elle et qui dévoraient leur part. AJ s'était mis dans l'idée de faire manger Harm et à les voir tous les deux barbouillés de chocolat, c'était à se demander lequel des deux avait cinq ans ! Clay remarqua le regard de Sarah et se leva pour aller se resservir un verre sur la table qui tenait lieu de bar. Il savait qu'il avait déjà bu pas mal mais il en avait besoin pour passer au travers de l'après-midi qui s'annonçait. Il ne pouvait s'empêcher d'être jaloux des regards énamourés que sa fiancée ne cessait de lancer inconsciemment à son collègue, même si c'était lui qu'elle allait bientôt épouser. Il se demandait s'il pourrait s'y habituer un jour. S'habituer au fait d'être le deuxième choix. Peut-être que ça n'était pas le cas mais en ce moment, c'est exactement ce qu'il ressentait et dans cette situation, la bouteille de whisky semblait son seul réconfort. Quant il revint s'asseoir, Mac ne put s'empêcher de jeter un regard réprobateur vers son verre. Il la défia du regard et Mac ne dit rien, préférant éviter une scène devant ses amis. Elle savait que quand il avait un peu trop bu, il pouvait se montrer odieux. Jamais violent, mais odieux. L'échange entre les deux n'échappa pas à Harm qui comptait bien en reparler à Mac plus tard. Leurs regards se croisèrent un instant mais Mac détourna vivement la tête tandis que AJ tentait d'attirer l'attention de son oncle pour lui faire avaler une nouvelle bouchée.
Harriet aidée de Mac servit ensuite le café et les conversations continuèrent bon train. Excepté Clay qui s'était muré dans un silence taciturne, tous participaient vivement à la discussion sur les préparatifs et ses aléas du futur mariage de l'Amiral et de Meredith. AJ, qui était en train de s'amuser à dessiner avec ses doigts dans les restes de crème de l'assiette de son oncle, capta les bouts de phrases « amoureux » et « mariage ». Instantanément, son petit cerveau se mit en ébullition et il demanda à Mac :
- Alors si lui c'est ton amoureux…Ça veut dire que vous allez vous marier ?
Le silence se fit immédiatement autour de la table et tous attendaient la réponse de Mac. Même Clay s'était retourné vers elle.
- Et bien…oui. C'est ce qui est prévu.
Le silence persista un instant et toutes les têtes convergèrent vers Harm avant qu'Harriet, voyant l'atmosphère s'alourdir sensiblement, ne s'écrie de façon un peu forcée :
- Oh, Madame, c'est formidable !!! Encore un mariage. Je suis tellement heureuse pour vous.
Toute l'assemblée la suivit et bientôt, Mac et Clay se retrouvèrent assaillis de félicitations. Harm n'avait pas bougé et fixait, les mâchoires crispées, son assiette, son esprit à dix milles lieux du brouhaha ambiant. Le petit AJ regardait avec curiosité toute cette agitation qui semblait avoir envahi tous les adultes sauf son oncle. Mais son esprit avait recommencé à bouillonner.
- Mais tu peux pas te marier avec lui ! S'écria-t-il soudain.
L'agitation s'interrompit immédiatement et ils le regardèrent tous surpris.
- Et pourquoi ça, jeune homme ? Demanda Clay sorti de sa torpeur.
- Parce que oncle Harm est amoureux de tante Mac. Donc il doit se marier avec elle !
Des rires gênés fusèrent autour de la table, chacun sachant bien qu'une part de vérité venait de sortir de la bouche de l'enfant.
- Les gosses ! S'exclama Harm en mettant sa main devant la bouche d'AJ pour l'empêcher de continuer.
- Mais tu me l'a dit !!! Parvint à dire AJ.
L'Amiral qui était en train de boire un verre d'eau en recrachât immédiatement le contenu en face de lui. Mac crut qu'elle allait défaillir, Clay était sur le point d'exploser, Harm cherchait désespérément une sortie de secours, et le couple Roberts se regardait se demandant comment tout ça n'allait pas tourner au vinaigre. Quant à Jen et Meredith, elle assistaient à la scène plutôt amusées.
- Mais c'est vrai ! Renchérit AJ. Tu dois te marier avec elle !
Harriet voyant que son fils persistait l'attrapa des genoux de son oncle.
- Allez, terreur. On va te débarbouiller. Regarde moi ce travail.
Elle prit le garçon par la main et l'entraîna vers la salle de bain. Autour de la table, un silence de mort s'était installé et Bud proposa :
- Hum… Quelqu'un prendra un digestif ?
- Vous pouvez me mettre une double dose, Roberts. Dit Clay à Bud sans le regarder mais en lançant un regard noir vers Harm.
- Hum…Bien, que dirais-tu d'une promenade digestive, ma chérie ? Demanda AJ à Meredith.
Elle se leva pour le suivre et une fois qu'ils furent sortis, Jen se sentant de trop commença à débarrasser la table et à ramener les affaires dans la cuisine. Mac se leva pour l'aider et Clay lui emboîta le pas mais s'arrêta dans le salon avec le verre que venait de lui donner Bud. Harm resta seul à la table se demandant ce qui pouvait encore arriver de pire. « Ça t'apprendra à te confier à un gamin de cinq ans !» pensa-t-il. « Tu sais bien que dans la famille se sont des gaffeurs. Pourquoi le fils devrait-il être différent ?» Il se demandait surtout si Mac lui en voudrait pour tout ce tapage involontaire mais pour l'instant, elle n'avait pas l'air disposée à discuter. Il prit soudain conscience que quelqu'un lui parlait :
- Pardon ?
- Tout va bien, Monsieur ? Demanda Bud perplexe.
- Oui…oui. Répondit-il faiblement. Je…Je vais aller faire un tour.
- Très bien. Lui répondit Bud en le regardant s'éloigner.
Il était triste pour son ami. Triste qu'il n'en soit pas autrement.
Plus tardSous la véranda…
Harm appuyé contre la balustrade et plongé dans ses pensées ne l'entendit pas s'approcher de lui.
- Un dollar pour tes pensées, pilote.
Harm sursauta légèrement au son de la voix de Mac et se tourna vers elle avant de reprendre sa position initiale. Elle s'installa à ses côtés et ils restèrent silencieux. Mac l'observait discrètement du coin de l'œil et releva la crispation de ses mâchoires, signe qu'il n'avait pas tout à fait digéré ce qu'il s'était passé plus tôt.
- Harm…Commença-t-elle doucement.
- Alors, tu vas l'épouser ? L'interrompit-il toujours sans la regarder.
- Je…Que voulais-tu que je réponde ? J'étais coincée.
- Je ne sais pas : peut-être me semblait bien indiqué. Enfin quoi, Mac ! Tu es avocate, tu dois trouver des arguments facilement ! A moins que tu saches finalement ce que tu veux…
- Et toi, qu'est-ce qui t'as pris de dire ça à AJ ? Tu connais les parents ! S'emporta-t-elle voyant que Harm rejetait toute la faute sur elle.
Il fit un signe de la main comme pour lui dire de laisser tomber et le silence se réinstalla.
- Tu m'en veux toujours ? Retenta Mac quelques instants après.
- Je…non. C'est juste que ta réponse m'a pris par surprise. Mais, je ne peux pas m'empêcher de penser à l'éventualité que tu…que vous…
- Je ne sais plus. Constata Mac tristement en comprenant où il voulait en venir. Je veux dire, c'est tellement merveilleux ce que nous vivons tous les deux, Harm. Mais est-ce suffisant ? Clay a beaucoup à m'offrir, il est stable, il…
- Il ne veut pas d'enfants. L'interrompit Harm.
- Je sais. Je vous ai entendu tout à l'heure. Répondit Mac en baissant la tête.
- Tu es prête à faire ce sacrifice ?
- Je…
- Écoute, Sarah. Je… Je n'en peux plus de cette situation. Je n'en peux plus de te partager avec lui. Je veux une réponse Mac. Je sais que c'est moi qui ai commencé ça mais là, maintenant, j'arrête de jouer. Je te veux pour moi. Et moi seul. Il faut que tu choisisses. Pour toi, pour moi, et aussi pour Clay.
- Harm…
- Non, Sarah. J'arrête tout. Je sais que c'est dur, mais je veux que la prochaine fois que tu viennes me voir ce soit pour ne plus me quitter. Si tu ne viens plus, je comprendrai.
Harm se tourna vers elle un instant et vit dans ses yeux le combat intérieur qu'elle menait. Il était dur avec elle mais il n'en pouvait plus. Pour sa santé mentale, et la sienne, il devait le faire quelle qu'en soit l'issue. Et si elle choisissait Clay, et bien il lui resterait ses souvenirs pour lui et il sera alors temps de changer d'air. Il regardait comme hypnotisé une larme qui coulait le long de la joue de Mac mais ne fit rien pour l'essuyer. Il savait que s'il la touchait il était perdu. Si elle lui demandait alors d'oublier tout ce qu'il venait de dire, il le ferait dans l'instant. Mac essuya son visage d'un revers de la main et poussa un grand soupir.
- Tu as sans doute raison. Ça ne peut pas continuer comme ça. Je vais…
- Ah te voil ! L'interrompit la voix pâteuse de Webb.
Les deux avocats se retournèrent comme un seul homme vers Clay qui avançait vers eux d'une démarche hésitante.
- J'aurais dû m'en douter ! Où Rabb est, Mackenzie n'est pas loin !
- Clay…Commença Mac.
- Je sais ! J'ai trop bu ! Et alors, faut bien que quelqu'un me tienne compagnie puisque ma fiancée fricotte avec son meilleur ami !
- Ne sois pas bête, Clay ! On discutait…
- Bien sûr ! Et moi je suis le pape ! Cria-t-il. Arrête de me prendre pour un imbécile, Sarah !
- Webb, je crois que vous n'avez pas vraiment…
- Ah non, Rabb ! Restez en dehors de ça ! Vous avez déjà eu votre moment de gloire tout à l'heure !
- Je…On va rentrer. Je crois que tu as besoin de repos. Déclara Mac.
- C'est ça, va chercher ton sac. Lui dit-il d'un ton dédaigneux.
Et il ajouta en regardant Harm des pieds à la tête :
- Je vais tenir compagnie à ton ami.
Mac hésita un instant et rentra finalement dans la maison pour faire ses adieux après avoir reçu un acquiescement de la tête de Harm signifiant que tout irait bien.
- Alors, Harm. Enchaîna Clay. Qu'est-ce que vous allez inventer cette fois-ci pour éviter le mariage de Sarah ? Vous avez déjà fait le coup du crash, alors quoi ? Un enlèvement, une balle mal placée ? Quoi ?
- Vous êtes pathétique Webb. Vous savez, je crois que je n'aurais pas grand chose à faire cette fois-ci. Vous êtes en train de faire tout le travail à ma place en vous comportant ainsi !
Clay marqua un temps d'arrêt comme s'il tentait de comprendre la portée des parole de Harm malgré son esprit embrumé mais ne put répliquer à cause du retour de Mac.
- En route. Dit-elle en l'attrapant par le bras et en l'entraînant vers l'allée.
Elle ne jeta pas un seul regard vers Harm, trop honteuse de ce qui se passait. Clay se laissa guider comme un enfant et Harm les regarda s'éloigner le cœur lourd pour Mac. Même si les évènements jouaient plutôt en sa faveur, il n'était pas ravi pour Mac qu'une fois de plus, son choix en matière d'homme n'ait pas été plus judicieux. Bien sûr, le comportement de Clay s'expliquait pour beaucoup par ce qu'il avait enduré l'année précédente mais cela n'excusait pas tout. Il pouvait simplement espérer que Mac prenne la bonne décision. Décision qu'il attendait avec impatience mais aussi appréhension. Quand il la vit monter du côté conducteur après avoir installé Clay, il quitta la véranda pour rejoindre les autres dans le jardin.
Voiture de MacSur le chemin du retour…
Mac conduisait en silence visiblement hors d'elle. Mais elle ne voulait pas se disputer avec lui quand il était dans cet état. Elle allait se contenter de le déposer et de prendre quelques jours pour réfléchir à la suite qu'elle comptait donner à sa vie.
Arrivée devant l'immeuble de Clay, elle coupa le moteur et descendit pour aller l'aider. Ils ne s'étaient toujours pas adressés la parole et ce n'est qu'une fois devant la porte de son appartement que Clay lui proposa :
- Tu reste, Chérie ?
- Je ne crois pas, non. Tu as besoin de te reposer. Et moi de réfléchir.
Elle ouvrit la porte et le précéda à l'intérieur.
- Allez…Insista-t-il en l'attirant à lui et en l'embrassant dans le cou.
Mac le repoussa gentiment en détourna la tête pour éviter le baiser qu'il tentait de lui plaquer sur les lèvres.
- Clay ! Arrête ! Pas maintenant.
Il la lâchât subitement et se dirigea vers son bar pour se servir un verre.
- C'est à cause de lui ?
- Clay, tu ne crois pas que tu as déjà assez bu ?
- Tu n'as pas répondu à ma question.
Mac poussa un long soupir avant de lui répondre.
- Écoute. J'ai besoin de réfléchir…
- C'est lui, j'en étais sûr !
- Oh arrête avec ça maintenant ! Ce n'est à cause de personne, OK ? Franchement, tu ne me facilites pas la tâche ! Je te laisse à tes amours alcooliques. Je t'appellerai plus tard.
Elle se dirigea vers la porte pour partir mais il la rattrapa par le bras.
- Je t'en prie, Sarah, excuse-moi. C'est juste que… Avec tout ce qui s'est passé aujourd'hui, j'ai paniqué.
Mac le regarda peinée et passa tendrement une main sur sa joue.
- Il va falloir qu'on parle, Clay. Et sérieusement. Tu ne peux pas continuer à te détruire comme ça. Tu dois voir quelqu'un. J'ai déjà vécu ça et je sais où ça mène. Je ne veux pas repasser par là Clay. Alors, si tu m'aimes, si tu veux qu'on fasse notre vie ensemble, il va falloir changer les choses.
Il resta un instant silencieux le temps d'assimiler ses paroles. Voyant qu'il ne répondait pas, Mac continua :
- Clay ? Tu m'as entendue ?
Il releva la tête vers elle et un léger air de défit dans les yeux répondit :
- Tu sais que je t'aime, Sarah. Et je ferais n'importe quoi pour toi. Mais il faut que ce soit donnant-donnant. Si je renonce à ça, dit-il en désignant son verre de la tête, si j'accepte de me faire soigner, alors je veux que tu renonces à lui.
Mac le regarda interdite et déglutit péniblement. Il venait de lui poser un ultimatum qu'elle n'était pas certaine d'être capable d'honorer malgré l'affection qu'elle avait pour lui.
- Je…Je t'appelle dans quelques jours. Finit-elle par répondre.
- Je t'aime, Sarah. Dit-il tandis qu'elle refermait la porte derrière elle.
Mac rejoignit sa voiture comme une automate. Elle conduisit aveuglement pendant un certain temps, droit devant elle, puis tournant à gauche, et à droite sans aller nulle part. Elle se moquait d'où elle allait, trop occupée à penser. L'heure était venue de prendre une décision pour son avenir. Elle devait choisir entre deux hommes qu'elle aimait, chacun d'une manière différente, c'est vrai, mais elle les aimait tous les deux. Pourtant elle devait faire un choix.
Et elle n'y arrivait pas. Plus elle essayait d'y réfléchir, plus sa tête devenait vide. Comme si son esprit était parti en vacances et qu'elle était restée avec son corps. Ça la frustrait. Énormément. Et elle savait qu'elle ne pouvait pas faire traîner sa réflexion en longueur, puisque Harm lui avait demandé de ne revenir le voir que quand sa décision serait prise, et qu'elle devrait, un jour ou l'autre, se montrer au boulot.
De toute façon, elle ne pouvait pas prendre cette décision sans l'avoir revu avant car la façon dont ils s'étaient séparés plus tôt ne lui plaisait pas du tout.
Elle se rendit compte qu'au fil de ses réflexions, elle avait pris la direction de chez Harm, après de nombreux détours, et elle était maintenant devant chez lui. Elle resta dans la voiture un bon moment avant de se décider à en sortir. Elle ignorait quoi dire à Harm quand il lui demanderait quelle était sa décision. Et elle appréhendait sa réaction quand elle lui dirait qu'elle ne l'avait pas encore prise. Et si il refusait de la voir ? Et si il se mettait en colère ?
Elle ressassait encore ses craintes lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le couloir menant à l'appartement de Harm.
Elle prit une grande inspiration et franchi la distance qui la séparait de sa porte.
Appartement de HarmAu moment où elle allait frapper, les paroles de Harm la frappèrent de plein fouet « Je veux que la prochaine fois que tu viennes me voir se soit pour ne plus me quitter. Si tu ne viens plus, je comprendrai. »
« Oh non ! Pensa-t-elle. Il va croire que j'ai pris ma décision et que je l'ai choisi et il sera heureux et je vais encore une fois lui briser le cœur ! »
Elle recula de quelques pas, prit son portable et composa le numéro de Harm. Celui-ci répondit après quelques sonneries.
- Hé, c'est Mac. Ne dit rien ! Hum… je suis dans le couloir juste devant ta porte… hum… Je n'ai pas pris de décisions encore, mais, euh… j'avais juste besoin de te voir avant, et euh… Je comprendrai si tu préfères ne pas m'ouvrir…
Les deux amants restèrent silencieux un moment, à tel point que Mac commença à croire qu'Harm n'avait pas écouté. D'une voix hésitante elle l'interpella.
- Euh, Harm… ?
- Oui…
Mac soupira et en glissant contre le mur face à la porte poursuivi.
- C'est une situation difficile à gérer… Et tu sais le plus dur ? C'est que j'ai à prendre la décision probablement la plus importante de ma vie, et je ne peux même pas demander conseil à mon meilleur ami, parce que ça le concerne.
- Tu le regrettes ?
- Non. Je ne regrette pas ça, non. Mais je regrette d'avoir perdu mon meilleur ami dans la mêlée. Maintenant je suis toute seule et ça me fait peur. Et si je prenais la mauvaise décision…
La porte s'ouvrit, laissant apparaître un Harm à la fois concerné et meurtri.
Ils se regardèrent un moment, les yeux de Mac emplis de larmes stagnantes. Finalement, il lui fit un petit sourire triste qu'elle lui rendit.
« Lève-toi et entre. » Fut sa seule réponse.
Elle le suivit à l'intérieur et ils restèrent en silence, évitant de se regarder.
- Eau ? Caf ? Thé glac ?
- Eau ça ira très bien, merci.
Un nouveau silence pesant s'installa.
Harm sentant le malaise grandir entre eux cherchait désespérément un sujet de conversation. Il n'avait pas envie d'amener le sujet sur ce qui l'avait conduite ici, sachant que ça allait être désagréable, et elle ne semblait pas disposée à parler. Mais il ne voulait pas non plus avoir l'air de vouloir éviter le sujet en parlant totalement d'autre chose. Il ne savait pas ce qui l'avait poussé à venir ici, et probablement qu'elle-même ne le savait pas, mais ce silence était insoutenable, ce qui le poussa à dire la chose la plus déplacée qu'il aurait pu dire :
- Tu as oublié ta robe de nuit la dernière fois, elle est sur ma table de nuit…
« Bravo Rabb ! » pensa-t-il « Quel bon moyen de lancer la conversation avec une Marine visiblement tourmentée. Lui rappeler qu'elle trompe son fiancé avec toi, c'est comme ça que tu comptes marquer des points ? »
- Ah. Merci.
Pour se sortir de cette situation, Harm essaya d'esquiver en lui disant qu'avant qu'elle appelle, il était en train de réparer un joint dans la salle de bain et qu'il ferait mieux d'aller fermer la pression de l'eau avant qu'il n'y ait trop de dégâts.
- Ah, oui, bien sur, vas-y.
Pendant ce temps, Mac en profita pour aller chercher sa robe de nuit, mais en la prenant, une vague de souvenirs la submergea. Elle s'assit au milieu du lit et se laissa aller à ses pensées, le regard vide fixé sur la nuisette.
C'est ainsi que Harm la trouva.
Elle le regarda s'asseoir à côté d'elle en silence. Lorsque leurs regards se rencontrèrent, elle détourna les yeux, gênée.
Un combat intérieur se déroulait en elle. Elle souffrait beaucoup. Autant du poids de la décision qu'elle devait prendre que de ce sentiment de honte et de dégoût du mal qu'elle avait pu faire à Webb, même s'il n'était pas au courant. Peu importait pour Mac, elle, elle savait.
Elle avait peur de tout perdre, Harm et Webb, et du coup de leur faire du mal à tous les deux. Elle avait déjà beaucoup fait souffrir Harm, et par sa simple présence en cet endroit, elle trahissait son fiancé.
Elle leva des yeux paniqués vers Harm, qui s'en aperçut tout de suite.
- Sarah, Sarah… Tout va bien aller ok ?
Elle détourna le regard de nouveau alors qu'il prit ses mains dans les siennes.
- Je suis là… Je… Je sais que je ne peux pas t'aider à prendre cette décision, je sais que je ne peux pas faire semblant de ne pas ressentir ce que je ressens pour redevenir juste le meilleur ami et que je ne dois pas non plus mettre de pression sur toi, mais pour le moment, tu peux compter sur moi, je serai toujours là.
Il fit une pose, ne sachant plus quoi dire ou faire pour la rassurer elle avait l'air tellement fragile et vulnérable, et même si elle l'aurait probablement tué s'il le lui avait dit, elle ressemblait à une petite fille perdue. Une petite fille au prise avec des problèmes de grands.
Il aurait tant voulu l'aider, il aurait tant voulu lui retirer sa peine et sa douleur, il aurait voulu anéantir tout ce qui la torturait. Ça lui était impossible et il le savait. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était être là pour elle, et encore là, il n'était pas sur que ça lui soit très bénéfique, au contraire. Mais jamais il ne l'aurait laissée comme ça, jamais.
Soudain, elle releva la tête et le regarda droit dans les yeux, une étincelle de désespoir dans son regard.
- J'ai peur Harm. J'ai peur de prendre la mauvaise décision.
Alors que ses yeux devenaient humides, Harm répliqua :
- Hey, ma chérie… Arrête de penser, tu te fais du mal. Laisse toi aller…
Il prit une de ses mains et la posa sur son cœur.
- Tu sens mon cœur battre ?
Mac hocha la tête.
- Il bat pour toi.
Elle baissa les yeux, ne sachant encore moins quoi penser après ce demi aveu.
- Et tu sais pourquoi il bat si vite ?
Elle secoua légèrement la tête en signe de négation.
- Sarah, regarde moi.
Elle leva les yeux vers lui.
- C'est à cause de tous les sentiments que tu fais naître en moi. Je me fais du souci pour toi. Je… J'ai peur pour toi, et euh…
Il prit une grande inspiration avant de continuer :
- Sarah, je t'aime.
Pour seule réponse, d'un geste vif, elle se jeta dans ses bras et le serra de toutes ses forces comme si elle avait peur qu'il disparaisse.
Il ne put voir le regard torturé et paniqué de Mac alors qu'il dessinait des cercles dans son dos pour la rassurer. Il murmura de nouveau:
- Laisse toi aller, Sarah, laisse moi t'aider à aller mieux… Laisse moi faire, je suis l
Il la détacha doucement de lui et déposa un baiser sur le dessus de sa tête, en la tenant toujours le plus possible tout contre lui.
Comme il le lui avait murmuré, elle se laissa faire, ne demandant rien d'autre que ce qu'il était en train de lui donner : son amour.
Elle ferma les yeux alors que ses baisers descendaient fébrilement jusqu'à sa joue. Il y avait quelque chose de désespéré autant dans sa façon de l'embrasser comme s'il voulait lui prouver à quel point il l'aimait que dans sa façon à elle de s'accrocher à lui comme à une bouée de sauvetage. Après tout, lui aussi risquait de perdre énormément.
Alors qu'il déposa un baiser sur son œil clos, deux larmes roulèrent sur ses joues. C'est alors qu'elle rechercha sa bouche et le baiser qui suivit fut la marque d'un désespoir profond.
Il lui retira sa veste printanière alors qu'ils s'allongeaient tous les deux sur le lit. Cette nuit-là ils firent l'amour comme si la fin du monde devait arriver au bout de la nuit…
Le lendemain matin, Harm fut le premier à se réveiller. Il se rapprocha d'elle, qui durant la nuit s'était repliée en position fœtale, dos à lui, la reprit dans ses bras et profita de ces instants de calme pour savourer le simple bonheur de la savoir dans ses bras. À cet instant, il se dit qu'il ne pouvait pas la laisser partir sans se battre. Il avait décidé de ne pas mettre de pression sur elle, de ne pas l'influencer dans sa décision, mais la seule pensée qu'il pourrait la tenir ainsi pour la dernière fois lui était insupportable. Il devait faire quelque chose qui la ferait le choisir lui. Coûte que coûte.
Alors qu'elle émergeait doucement sous les caresses paresseuses des doigts de Harm qui roulaient sur son bras, celui-ci lui souffla à l'oreille :
- Tu sais, moi je veux des enfants…
Mauvaise idée. Mac ne réagit pas du tout comme il l'avait espéré. Pire, elle réagit très mal à cette remarque. Elle se dégagea de son étreinte et se tourna vers lui en s'asseyant.
- Tu dis ça pour m'influencer. Tu profites de mon différend avec Clay pour me pousser à rompre. Constata-t-elle avec une pointe de colère. Je n'aurais jamais cru que tu oserais !
Il se releva également pour lui faire face et protesta :
- Mais Sarah…
- Il n'y a pas de « Mais Sarah… » ! Tu me mets de la pression, je n'arrive pas à y croire ! Ah ! J'aurais dû m'en douter.
Devant la réaction irrationnelle de Mac, Harm sentit l'énervement le gagner également.
- Mais c'est vrai Sarah ! Je sais que tu veux des enfants, et je sais que tu seras malheureuse si tu sacrifies ça. À la limite, je veux bien te laisser partir si c'est pour te rendre plus heureuse, mais je refuse de le faire si c'est pour que tu sois malheureuse ! Et apparemment Webb ne te donnera pas ce qu'il te faut pour te rendre heureuse !
- Tu ne me laissera pas partir ?!? Je suis pas un chat ou un…un hamster ! Si je veux partir, c'est pas toi qui va m'en empêcher !
Mac était survoltée, se laissant aller à la colère et lançant des paroles d'une indignation qui n'avait pas lieu d'être.
- Et puis, je suis sure qu'il changera d'avis un jour ou l'autre ! J'arriverai à le faire changer d'avis ! Je… Je lui apprendrai à aimer les enfants ! Et puis on sera très heureux !
Voyant que Mac semblait être en train de prendre sa décision sur un coup de colère, Harm se força à se calmer, à redevenir rationnel le pire à faire dans ce cas là, c'était de s'emporter comme elle, ça pourrait très vite dégénérer.
Il tenta de poser sa main gentiment sur l'avant bras sa partenaire, mais elle le reçut comme un choc électrique et se leva brusquement, entraînant le drap avec elle, en hurlant « Ne me touche pas ! ».
Des éclairs dansaient dans ses yeux, on aurait dit deux orages noirs.
- Je ne vais pas quitter Clay, Harm ! Je l'aime ! Je vais faire ma vie avec lui et je serai heureuse ! Plus heureuse que je ne pourrai jamais l'être avec toi !
Elle ne croyait pas vraiment ce qu'elle venait de dire, mais son esprit était tellement embrouillé par la colère… Une colère qui avait pris des proportions injustifiées.
Harm était totalement déboussolé par l'attitude de Mac. Était-elle sérieuse à propos de sa décision de rester avec Webb ? Pensait-elle vraiment qu'il ne pourrait pas la rendre heureuse ?
- Sarah, qu'est-ce que tu racontes, on pourrait être très heureux si seulement tu nous donnais une chance !
Oups, ce n'était pas exactement la façon dont il voulait lui dire… Mais sa colère était contagieuse.
- Je n'en crois pas un seul mot ! On ne serait jamais capable de vivre avec ça à temps plein, Harm ! Ça ne pourra jamais marcher en dehors de ce qu'on partage déjà, c'est-à-dire le sexe et le travail !
Il s'était levé pour lui faire face, restant à une distance raisonnable pour éviter tout débordement de la part de la Marine. C'est en la regardant droit dans les yeux, sur le ton le plus calme qu'il pouvait adopter vu les circonstances qu'il répliqua :
- C'est faux ça, Sarah. On ne partage pas que le sexe et le travail. On partage beaucoup plus que ça ! On a des sentiments très forts l'un pour l'autre, ça tu ne peux pas le nier. Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime idiot, c'est pas ça le problème !
- Alors il est o ???
- Ce n'est pas suffisant ! On ne pourra jamais supporter d'être « un couple », Harm ! Pour l'instant ça va bien, on n'a pas besoin de partager tout ce que les vrais couples partagent, tout ce qu'on partage c'est un lit ! Qu'est-ce qui arrivera quand le désir va s'éteindre, hein ? On ne pourra jamais être un couple comme Bud et Harriet, on ne pourra jamais être aussi heureux qu'eux, tu vis pour le mouvement, tu es accro à l'adrénaline, et la combinaison de nous deux ça ne pourra jamais marcher ! On se fera du mal et on divorcera dans deux ans, et pendant ce temps je serais passée à côté d'une vie heureuse avec Clay !
- Une vie heureuse… sans enfants ? Ne put s'empêcher de répliquer Harm avec une pointe d'agacement dans la voix.
Deuxième mauvaise idée et il le réalisa au moment où les mots sortaient de sa bouche, regrettant déjà. Il venait tout juste de revenir à la case départ, à lui rappeler ce pourquoi elle s'était mise en colère.
La réaction de Mac fut immédiate. Elle leva les bras en signe d'exaspération et laissa échapper un soupir d'exaspération et de colère, l'air de dire « Tu comprends rien espèce d'imbécile, tu m'énerves ! » en le regardant avec un air méchant. Ses yeux brillaient de colère.
Le classique « Tu sais que tu es belle quand tu es en colère ? » vint à l'esprit de Harm, mais il le repoussa aussitôt, sachant très bien que ce n'était pas une bonne idée. Il la rendrait encore plus remontée contre lui.
Elle attrapa la robe qu'elle avait portée à l'anniversaire du petit A.J. et l'enfila rapidement. Voyant qu'elle s'apprêtait à partir, il tenta de la retenir par le bras. Elle se dégagea vivement et lui hurla de nouveau « Ne me touche pas, je t'ai dit ! » avant de partir en courant et en claquant la porte, laissant derrière elle un Harm qui en était encore à se demander comment tout ceci avait bien pu arriver.
Sur le chemin du retour, Mac faillit bien avoir deux ou trois accidents, et ce fut un miracle si elle arriva en un seul morceau. Elle gravit les escaliers quatre à quatre et entra chez elle comme une tornade, manquant de briser sa clé à force de vouloir aller trop vite.
Tandis qu'elle refermait violemment la porte derrière elle, sa vue commençait à s'embrouiller. La réalisation de son comportement irrationnel et des événements des dernières semaines lui tombèrent dessus d'un seul coup. Sa colère n'avait aucun sens, elle ne servait qu'à cacher une seule chose : sa douleur. Son intense, et terrible douleur.
Et elle craqua. Elle se laissa glisser le long de la porte, comme si les larmes pressaient sur elle pour la coller au sol. Des larmes, il y en eut beaucoup. Elle pleura, et pleura sans cesse. Elle resta comme ça durant plusieurs minutes, des heures, des jours, elle n'aurait su le dire.
Enfin, elle se libérait du poids qui la pesait.
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Fin dans les deux prochains chapitres. Alors souvenez vous : il y a deux fins, une pour ceux qui ne désirent que les fins heureuses (sous « Le cœur ») et l'autre (sous « La raison »).
