J'étais assise dans le fauteuil, il jouait de la guitare prés de moi, mon
morceau préféré...Je marquais le rythme avec le pied en souriant...Il posa sa
guitare et s'approcha de moi...Il colla sa bouche contre mon nombril et il
parlait, il murmurait...Il disait qu'il avait hâte qu'il soit là, qu'il nous
comblait déjà de bonheur, que nous serions les meilleurs parents...Il
caressait mon ventre tout doucement en souriant et ne cessait de chuchoter
des « je t'aime », les yeux fermés. Et moi, je sentais que déjà dans mon
ventre, il y avait la vie...Le fruit d'amours d'adolescents...Enfant désiré par
2 êtres qui s'aimaient plus que tout...Un enfant envers et contre
tous...J'imaginais déjà ses yeux, ses cheveux, son sourire... J'espérais qu'il
ait les yeux de son père, des yeux bleu topaze...et aussi son sourire et sa
blondeur d'ange...J'imaginais déjà son odeur de lait, sa peau toute douce et
la façon dont cet enfant dirait « papa » et « maman » ou encore ses
premiers mots. Je voulais un garçon, un petit bout de chou qu'on
appellerait « Tristan ». Je le voyais déjà avec son père, jouant pendant
que moi je préparerai le goûter des deux hommes de ma vie. J'avais en tête
l'image de la petite famille heureuse, notre petite famille...Quand nous
évoquions ensemble l'avenir de notre bébé, nous savions déjà que ce serait
un combat de tous les jours...Un inlassable combat, sans fin....Mais l'envie,
l'amour et la volonté l'avait emporté sur la raison...Un bébé, notre bébé, un
petit nous...Une moitié de lui, une moitié de moi pour sceller notre amour à
tout jamais. Après cela nous ne pourrions plus revenir en arrière...nous
étions sur le point de faire un bond dans l'âge adulte...Nous serions parents
alors que nous n'étions encore que des adolescents, mais c'était notre
souhait, même si cela signifiait que nous serions seuls face à nos peurs et
nos inquiétudes...Il me prit la main avec douceur, sentant mon inquiétude
palpable...Il me sourit avec tendresse. A cet instant, toutes mes inquiétudes
s'envolèrent...Je n'avais plus peur, j'étais envahie par un immense sentiment
de bien être, quand je perdis les eaux...Nerveux, il me conduisit à
l'hôpital, il essayait de me rassurer tant bien que mal tandis que moi
j'étais déchirée par la douleur...Je voyais le plafond blanc et les néons
défiler...J'entendais au loin la voix de mon amour, je sentais qu'il me
tenait la main...Il y avait une telle effervescence autour de moi, j'étais
abasourdie, si bien que je ne sentais presque plus la douleur. J'avais
fermé les yeux et je n'entendais plus rien, je pensais à mon bébé, à mon
amour, à notre future maison...J'imaginais de nouveau son visage, je voyais
son père qui le berçait doucement et je souriais...Dans la salle on
n'entendit plus qu'un long « bippppppppp », j'étais morte et mon bébé avec
moi...
