Titre : Et si cet anneau de diamant virait au cuivre (And if that diamond ring turns brass)

Auteur : Hanakai Mikakedaoshi

Traduction de l'Anglais : Elehyn

Disclaimer : Le monde de Harry Potter appartient à J. K. Rowling.
Warning : Slash SS/HP plutôt sombre.

Sommaire : - The Broken Lullabies Arch ligne C – Continuité de 'Chut Petit Bébé.' Ainsi que de 'Ne dis pas un mot'.
Note de la traductrice : Alors, dans ce chapitre, il y a un passage en Italien et l'auteur a prévenu qu'elle ne connaissait pas cette langue et qu'elle avait utilisé un site de traduction donc il peut y avoir des erreurs. Je ne connais pas, moi non plus, l'Italien donc je serais bien incapable de corriger si besoin était (la traduction de ce passage se trouve à la fin du chap). Cette troisième partie comprend quatre chapitres. A savoir aussi que les titres de ces chapitres font référence à une berceuse célèbre chez les anglophones (d'où le titre 'The broken lullabies' soit 'Les berceuses brisées') et que certaines phrases (comme celle de la première strophe) sont des paroles de la dite berceuse.

NdT 2 : Ce chapitre a été, pour moi, plus difficile à traduire que les deux précédents. Il y a beaucoup de mots qui font partie d'un Anglais ou Américain démodé et que je n'avais pas dans mes dictionnaires bilingues donc j'ai eu recours à mon dico unilingue Anglais où je les ai trouvé. Aussi, certains mots ou expressions sont intraduisibles en Français donc j'ai changé ceux-ci (en phrase le plus souvent) pour en garder le même sens. J'espère en tout cas, que cela ne se verra pas trop dans le texte. Si c'est le cas, j'en suis vraiment désolée.

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Première strophe :

Et si cet oiseau moqueur ne chantait pas
(And If That Mocking Bird Don't Sing)


&

"A mi-chemin de notre existence, perdue dans des bois sombres,

J'ai trouvé la bonne route."
L'Enfer
Dante

&

« Croyez en moi. »

« Crois en moi Harry ». J'imagine que ce sont ces mêmes mots qu'il avait prononcé cette nuit-là tout en sachant qu'il était l'avant dernière personne au monde en qui on devait croire. Moi étant la dernière bien entendu.

Je hausse un sourcil en le regardant – signe qui dénote mon interrogation sur sa santé mentale. Croire en lui ? C'est extrêmement difficile. D'autant plus qu'à présent, je ne crois plus en moi. Pas quand je suis près de ces yeux tellement verts qu'ils ressemblent à des pierres précieuses ou ces cheveux noirs-

« Je n'aime pas cela » dis-je d'un ton grinçant en secouant ma tête pour la chasser de toi. Toi. Toujours, toujours, toujours toi.

Progéniture de la portée unique des Potter. Enfant. Insupportable et ennuyeux gamin.

Beauté.

Il élève ses mains de cette façon si désarmante et horripilante dont il a le secret et j'ai soudain une envie brusque de lui envoyer ce satané bol de bonbons au citron à la figure. Je le méprise. J'exècre la moindre chose faisant partie de cette situation.

Ta faute.

« Severus » commence-t-il, osant penser qu'il peut calmer mon inquiétude si facilement.

Je me relève. « Je ne crois pas en lui ! »

« Est-ce vraiment pour cela que vous ne voulez pas travailler avec lui ? »

Oui, je ne crois pas en lui. Non, c'est à cause de tout ce qu'il est. Je ne suis plus sûr du tout. « Bien sûr que c'est à cause de cela ! » sifflé-je. « Avez-vous oublié? Il a essayé de me tuer ! »

« Severus, ce n'était qu'une plaisanterie infantile » me sermonne-t-il avec une voix très dure mêlée d'une étrange douceur. Il a simplement besoin de s'exercer pour avoir ce ton dans la voix.

Il fait froid dans le bureau mais j'ai chaud et je tire un peu sur le col montant et rigide de ma robe tout en m'assurant que je fusille toujours du regard un endroit qui se trouve juste au dessus de son épaule. Pas directement à lui. Ces jours-ci, j'ai pris conscience que je suis à présent dans l'incapacité de regarder les gens dans les yeux.

Je reste muet. Je ne lui rappelle pas que je porte toujours les cicatrices de cette stupide "plaisanterie". Je ne mentionne pas que si Potter – le parfait et rutilant James Potter dans toute sa gloire et son admirable splendeur – était arrivé ne serait-ce que trois secondes plus tard, j'aurais été mordu. J'aurais pu mourir. Ou pire. J'aurais pu finir comme cet animal, Lupin. Je ne mentionne pas non plus que Sirius riait à gorge déployée.

Il sait déjà tout cela.

Mais je n'arrive pas à trouver en moi la colère que j'avais jadis pour ce fait. Je suppose que j'ai perdu ce droit.

Aurais-tu rigolé? J'aime me dire que tu aurais été furieux – que tu aurais pleuré pour moi.

Stop.

« Vous aviez accepté d'essayer de travailler ensemble » me remémore Albus. Il – ou plutôt l'air qui se trouve au dessus de son épaule – semble être imperméable à mes regards noirs. Comme c'est irritant.

Oui, nous avions accepté. Parce que vous nous aviez menacé. A haute voix, je dis « A l'heure actuelle, je pense que ce n'est pas le moment de se préoccuper de ces… affaires-là. » Surtout s'il me voit en train de baver sur toi, son si parfait filleul.

Cependant, en y pensant, l'expression de son visage serait certainement très amusante.

Il rejète mes paroles en les balayant d'un nouveau mouvement de mains. Je m'amuse brièvement à l'idée de lui couper les bras pour le battre avec. Imaginer cela me distrait mais je doute beaucoup d'être vraiment capable de toucher ne serait-ce qu'à un seul de ses cheveux avant d'être promptement éjecté par lui. Mais tout de même. Imaginer cela est amusant, réconfortant.

« Ce n'est pas comme si vous alliez travailler tous les deux ensemble vingt quatre heure sur vingt quatre » continue-t-il, inconscient d'être la proie de ma rêverie morbide, concernant sa propre mort. Ou peut-être qu'il le sait mais trouve cela moins troublant que mes rêves peuplés de la source plus récente de mon… intérêt. « Il ne sera là que pour un jour ou deux. Ce sera tout. Il verra Harry- » Je tressaille imperceptiblement et mon cœur rate un battement. « venir vous donner ce dont vous avez besoin pour les potions et, ensuite, ça sera fini. Vraiment, tout ce que vous avez à faire est de lui prendre un échantillon de sang. »

Espèce de bâtard fier de lui-même.

Je ne sais même plus qui j'insulte maintenant.

« Un bonbon au citron ? » me propose-t-il pour la quatrième fois depuis qu'il m'a demandé de venir.

Je ricane. « Non. »

Il sourit, ses yeux bleus scintillant avec folie. Le vieux fou, rusé comme un renard.

Je ne peux pas dire que l'idée d'un Black sanglant ne m'attire pas.

Je laisse échapper un petit rire silencieux. Tu aurais désapprouvé.

« Bien. Cela va me prendre deux semaines pour préparer la base des potions correctement et leur permettre de décanter suffisamment. »

« Parfait. Après avoir pris un peu de son sang, vous pourrez donner les résultats à Harry pour qu'il les lui envoie par hibou avec sa prochaine lettre. »

Bâtard. Ennuyeux, suffisant, égoïste bâtard.

« Il sera présent ici dans la soirée du vendredi dans deux semaines. Je vous fais confiance pour rassembler et préparer tout ce dont vous avez besoin pour cette date ? »

J'acquiesce brièvement tout en répertoriant dans ma tête tous les ingrédients qui me sont nécessaires. Subringor[i] et Verus Vultus[ii] sont des potions de transformation extrêmement difficiles à préparer et aussi totalement illégales. Alors que leurs ingrédients sont les mêmes que pour le polynectar, le processus de constitution est beaucoup plus délicat et les résultats sont beaucoup plus… extrêmes. Le polynectar ne permet que de prendre l'apparence de quelqu'un d'autre pour une heure seulement, mais Subringor crée un nouveau et unique corps basé sur le sujet-même. Tout au moins, le reste à partir du moment où Verus Vultus est administré.

Ces transformations sont extrêmement douloureuses et si une des potions comportent la moindre erreur, cela peut résulter en une horrible défiguration suivie d'une mort particulièrement désagréable. Très peu de personnes sont capables de préparer ces breuvages d'où l'interdiction du ministère. Aussi, plusieurs de ces ingrédients sont illégaux également et la potion de Subringor empiète largement sur la magie noire.

Cela fait des années que je ne me suis plus exercé à ce genre de préparation. Je me surprends à savourer l'idée même du défi. Albus avait, sans aucun doute, planifié une réaction comme celle-ci de ma part.

Je me remets debout et tourne les talons en direction de la porte, prêt à plonger immédiatement dans ce week-end de travail lorsque la voix du vieux mage m'arrête soudainement.

« Sirius n'a pas besoin de savoir Severus. Je vous fais confiance pour être des plus… discret… »

Je me glace pendant un instant, certain qu'il a le don de lire dans les esprits. Et que Merlin me vienne en aide s'il sait ce qui a hanté le mien récemment. Cependant, il n'y a rien que je puisse dire qui ne me ferait pas sombrer davantage. De toute façon, du moment que tu n'es pas dans les parages, je peux très bien me contrôler. Tout est très bien.

A la pensée de toi – peau si douce, appels suppliants – la vieille douleur familière revient, surchargée de tous les souvenirs que je n'aurais jamais dû acquérir et que je refuse d'abandonner. Ange. Délicieuse respiration haletante, miroitement de prunelles de jade embellies par les larmes et cette bouche

Je fuis du bureau, cheveux tombant dans mes yeux. Je ne vais pas me laisser succomber à la tentation de me retourner pour scruter le visage d'Albus. Je ne vais pas le faire. Je ne vais pas le faire. Je-

Oooph !

Je… suis par terre ? Avec quelqu'un au dessus de-

Oh. Yeux verts. Cheveux noirs. Rayon de soleil et douceur du vent et peau de velours recouvrant des muscles bien formés-

Profonde inspiration.

« Hum… Monsieur… ? »

Oh Merlin, cette bouche… Monsieur ? Oh ! Bras. Laissez-le partir.

Et comment diable ma main droite a-t-elle bien pu se fourrer dans ses cheveux ?

Bien. Bras. Regardes-tu ? « Potter !! »

Tu sursautes et ton corps agile se redresse brutalement, le plaçant au dessus du mien. Des petites sensations électriques me parcourent les veines et je les sens exploser dans tout mon corps.

Sale morveux.

« Dégagez-vous de moi Potter !! »

Tu pousses un petit cri aigu et j'ai soudain l'envie impérieuse d'arracher ta robe de tes larges épaules naissantes. D'exposer ta peau ivoirine. De me délecter de la vision de tes yeux s'écarquillant pour devenir impossiblement plus larges. Te goûter. T'absorber. Parfait.

Mais tu bouges. Mouvements qui donnent à mes yeux l'envie de se rouler dans leurs orbites. Je me remets sur mes pieds et c'est là que la culpabilité me frappe. Culpabilité mêlée au goût féroce et enivrant de tes réticents baisers, de la douce vibration de ton corps gémissant sous moi et-

« Vingt points de moins pour Gryffondor pour agression d'un professeur ! »

Ces yeux s'élargissent encore et tu recules. Fuis gamin. Fuis ! Ces lèvres pâles et mouillées s'arrondissent pour prendre la forme d'un "o" parfait avant de vouloir argumenter pour protester, pour sans aucun doute m'accabler de reproches mais je suis parti. Passé ces lèvres, passé ces yeux… Merlin.

Souvenirs.

« Professeur !! Professeur !!… S'il vous plaît !!! »

Brûlure.

Pense aux potions. Pense à tes cours. Pense à tout sauf à son incroyable beauté quand il pleure.

Mais je ne peux pas.

Je veux.

Et ça me fait mal à l'intérieur.

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Ce n'est qu'une fois entré dans mon laboratoire privé que je relâche une expiration douloureuse et frémissante et réalise que ma main droite est crispée en un poing d'où s'échappent quelques légers et soyeux cheveux d'ébène. J'oblige mon poing à s'ouvrir et les sens tomber sur la table. Ce sont tes cheveux. Cela ne peut être ceux de quelqu'un d'autre – personne d'autre ne pourrait s'accrocher à moi comme ça. Personne d'autre ne pourrait sembler être fait de glace sèche dans ma main.

Respire.

Ne pense pas.

Bébé. Ange. Enfant. Erreur.

Mon erreur.

Ne pense pas.

Tu ne sais rien.

Ne pense pas. Respire. Arrête de trembler. Arrête… d'avoir besoin de… ça.

Jète simplement ces cheveux immédiatement. Ils ne sont rien. Vraiment. Jète.

Mais qui cela blessera-t-il ?

De regarder ? De te toucher ? De te goûter ? Juste une dernière fois ?

Harry…

Cela te dérangera-t-il si tu ne le sais jamais ?

……………………… Tu ne réponds pas.

A la place d'y penser, je travaille. Oui, je ne pense plus du tout aux possibilités qui me sont offertes. Je me suis hissé au dessus de ces frivolités. Mais cela ne fait pas cesser la démangeaison qui me torture sous ma peau. Le besoin de toi. Alors, je travaille.

Et je m'imagine que tu aurais approuvé.

Ma peau me picote comme si des fléchettes de lumière la trouait. Eau de source. Aile de Pixie, peau de serpent d'arbre. Queues de luciole. Tous ces ingrédients se brouillent tandis que je les mélange, touille, verse, coupe en dé ou hache. De plus en plus. L'un après l'autre. Sang frais, pétales de roses rouges.

Juste comme-

Concentre-toi.

Je me perds dans le rythme de la préparation.

Cela me prend plus de trois heures pour obtenir les bases de ce que vont devenir la potion de Subringor et de Verus Vultus. A présent, tout ce que je puis faire est d'attendre le sang de Black. Une fois que j'aurais l'échantillon, la mixture sera séparée en deux et bouillie. Le sang sera ajouté ainsi que certaines incantations magiques et d'autres ingrédients seront fournis à chacune des potions pour les différencier l'une de l'autre. La base doit fermentée pendant au moins quatorze jours. Bien entendu, si elle macère plus longtemps, cela n'aura aucune incidence néfaste. Ce n'est qu'à partir du moment où le sang est versé dedans que le temps devient un facteur important. Le sang humain se gâte et perd ses propriétés magiques terriblement vite en dehors des veines qui l'abritent – en particulier quand il est mis en contact avec des pétales de roses fraîches rouges ou blanches. Les énergies sont alors en opposition et tendent à se neutraliser l'une l'autre après un certain temps.

J'ai déjà considéré de pratiquer certaines expérimentations en utilisant des roses hybrides pour en voir les effets.

Je referme mes livres et commence à nettoyer en évitant obstinément de regarder cinq épais cheveux noirs qui traînent sur la table. Je termine bien trop tôt. Livres rangés. Chaudrons récurés. Bocaux de la potion de base posés sur l'une des étagères de la chambre noire. Plus rien excepté moi, un laboratoire propre, ces satanés cheveux et, caché dans un coin sombre, un large et apparemment inoffensif chaudron de fonte noire recouvert d'un couvercle de bois. Il est rempli de la potion Mostrilo[iii] que j'ai préparé trois semaines plus tôt dans une tentative frénétique d'échapper à ton souvenir persistent.

« JE VOUS EN PRIE !!! »

Pompom n'a jamais eu autant de potions de guérison instantanée ou anti-inflammatoires dans ses stocks.

Mais celle-là? Je n'aurais jamais dû la préparer. J'aurais dû la vider à l'égout. Albus serait tellement déçu.

« Je ne l'ai pas fait dans un but précis. » Mais tu n'es pas là pour m'entendre. « Je n'avais rien planifié. Comment aurais-je pu savoir ? » Je marque une pause, attendant à moitié ta réponse. M'attendant à moitié à ce que tu sois assis là, dans un coin, enveloppé dans ta satanée cape, me regardant. Attendant que je me plante. Attendant que je fasse quelque chose que j'ai considéré faire depuis l'instant même où je me suis retrouvé sur le sol, yeux plongés dans ces prunelles magnifiquement vertes, la main enfouie dans un nid de douceur noire que tu appelles tes cheveux.

M'attendant moi.

Es-tu là ?

« Art. »

Tu ne réponds pas.

Mais, est-ce que cela va blesser quelqu'un ? Juste pour cette fois-ci ? J'ai été si gentil. La potion ne fonctionne seulement qu'une fois.

Je prends une profonde inspiration régulière et me penche pour presser mon front brûlant contre la table de pierre glacée.

Bordel de merde.

Je vais le faire. J'en ai trop envie et cela ne va faire de tort à personne.

Et je ne vais pas me sentir coupable. Cela ne compte pas si personne ne sait. Ce n'est pas mal si personne ne sait.

Cette philosophie, je sais que tu l'approuverais.

Et je ne me sentirais pas mauvais.

Et je vais m'empresser d'ignorer le picotement qui envahit mon avant bras gauche et la petite voix qui me rappelle que les choses ont toujours tendance à mal évoluer lorsque je laisse mon cœur décider à la place de ma raison.

Mais il n'y a rien à décider puisqu'il n'y a rien de mal. Et je me tiens désormais au dessus d'un chaudron brusquement découvert. Et je me dis que ce que je fais est bien tandis que je fixe l'étendue de liquide noir que contient le grand chaudron qui m'arrive à la taille. Un seul cheveu de jais chute de ma paume.

Pour l'amour de Dieu, Severus, respire.

Je réalise soudain tout ce que mes première année doivent ressentir pour leur premier jour de classe. Ce n'est pas un sentiment qui me plait particulièrement.

Mes yeux se fixent sur la surface obscure du chaudron jusqu'à ce que mon affreuse crise de tremblement passe. Cette potion est l'une de mes propres créations. Aussi loin que je me souviens, aucune personne au monde ne sait qu'elle existe – même le Seigneur des Ténèbres et certainement pas Dumbledore. Le Serpentard en moi réclame que je garde certains secrets. L'espion en moi approuve.

En réalité, elle est due à un accident. Après la chute de Rome, un dangereux prédécesseur au transplanage fût mis au point, qui entraînait une déchirure dans l'espace, permettant aux gens de pouvoir apparaître dans un lieu différent. Dans la discorde qui suivie la chute d'un des plus puissant gouvernement sorcier que ce monde n'eût jamais connu, de nombreux enchantements et expériences dangereuses, malveillantes ou franchement stupides furent créés. Certains d'entre eux furent notés sur des papyrus mais des centaines d'autres furent perdus à jamais. J'ai eu la chance de découvrir un livre grossier, datant de 1196 avant Jésus Christ, dans la bibliothèque secrète du Manoir des Snape, un jour de l'été précédent ma rentrée en sixième année.

Il contenait des secrets dont je n'aurais jamais rêvé posséder à l'âge de seize ans et qui comportait assez de magie noire pour en faire baver Lucius Malfoy d'envie pendant des années. C'était la promesse de ce pouvoir qui a attiré l'héritier des Malfoy dans mon lit lors de ma septième année. Ce fût moi qui modéra son envie de revenir pour en avoir toujours plus jusqu'à ce qu'il tombe amoureux de Narcissa.

En dehors de leur pouvoir et de Lucius, la potion Mostrilo fût l'un des seuls cadeaux que ces vieilles pages de papier froissé et jauni m'ont accordé. Le sort nécessite que le sorcier qui l'émet absorbe certains ingrédients pour lui permettre de passer en toute sécurité à travers l'espace jusqu'au lieu désiré. Ceci permet de déplacer une personne dans l'espace avec efficacité. Malheureusement, une exposition prolongée provoque chez tous les sujets de mes expériences leur… disparition. Ils étaient encore là mais, précipité ainsi dans l'espace d'une place à une autre les faisaient aussi être… partis… en même temps… Presque comme s'ils ne pouvaient plus se matérialiser de nouveau entièrement. Il était très perturbant de sentir périodiquement un gros rat velu et totalement invisible venir se jeter en travers de vos pieds la nuit. Mère était furieuse. Finalement, ils ont tous entièrement disparu de la réalité, se sont évanouis dans la nature d'un autre endroit ou sont morts. Je n'ai jamais été capable de savoir exactement ce qu'il leur était advenu.

Mostrilo est la combinaison d'ingrédients du livre avec d'autres de mon propre ajout ce qui a créé quelque chose d'entièrement nouveau et unique. Je ressens toujours un infime désir de disparaître dans des régions inconnues de l'espace, ainsi ma potion crée la déchirure à l'intérieur du chaudron. Aloé véra pour calmer de la peau. Poils de Demiguise pour l'invisibilité. Quelques boules de gui pour augmenter les sensations perçues par l'utilisateur. De la cire d'abeille fondue me permettra d'interagir dans l'environnement de l'autre côté du portail.

Le seul ingrédient restant est la chose qui va me permettre de diriger le portail à une place où je veux qu'il aille. Tes cheveux. Peu importe où tu es, peu importe ce que tu fais, ceci va unir le portail à toi. Où que tu puisses aller, la porte va te suivre. Elle va rester ouverte jusqu'à ce que le dernier de tes cheveux ait été dissout car le portail aura alors perdu son lien. Et tout ce que j'aurais à faire sera de m'approcher de toi et de te toucher.

L'idée même de te toucher envoie des ondes de pur plaisir tout au long de ma colonne vertébrale. Je me demande où tu es.

Je me tiens au dessus du chaudron, indécis. Une caresse. Une si petit chose à souhaiter – à nécessiter.

Je commence à me dire que je suis en train d'analyser à l'excès tout ceci. Peut-être que j'aurais dû m'autoriser à être placé chez les Serdaigles.

Je pose ma main droite sur le rebord du chaudron et le métal dur et froid calme les battements de mon cœur. Je ferme les yeux et essaye de me rappeler les mots qui vont ouvrir la porte et, je l'espère, apporter quelque apaisement au feu qui me ravage sous la peau.

L'incantation est aussi entièrement mienne. J'ai choisi la langue maternelle de ma mère – l'Italien – pour les paroles fondamentales. Vraiment, ce que la plupart des étudiants échouent à reconnaître à propos de la magie est que les mots ne servent simplement qu'à diriger l'énergie plus l'énergie est grande et plus les mots sont complexes. Il n'y a que très peu de gens qui sont capables de lancer des sorts silencieux. Aussi loin que je me souviens parmi mes connaissances, seuls Dumbledore et Helga Poufsouffle ont réussi à maîtriser complètement ce pouvoir. La plupart des sorciers sont bien trop attachés aux expériences physiques et vocales plutôt qu'aux concepts des idées en eux-mêmes.

Je n'ai absolument aucun talent pour les sorts compliqués prononcés en silence. C'est important de reconnaître ses propres limites.

"Indichimi che gli occhi di miniera possono vedere. Indichimi che gli orecchi della miniera possono sentirsi. Indichimi che la linguetta della miniera può avere un sapore. Indichimi che i labbri della miniera possono parlare. Sigilli i suoi occhi, naso e bocca. Mostrimi il miei propri. Mostrimi—" Je trébuche tandis que ma gorge se serre douloureusement "—Harry Potter."[iv]

Instantanément, la surface calme de la potion commence à tourbillonner après l'ajout d'un de tes cheveux et, ensuite, se met à s'agiter violemment et s'embrumer. Le lourd chaudron se met à trembler et les pieds de métal frappent le sol de pierre en une musique sauvage et rude. La surface s'immobilise brusquement en émettant une sorte de léger craquement et immédiatement après, elle tourne en un fluide épais et visqueux, tellement argenté qu'il ressemble à un miroir. Et là, un tourbillon de brume glisse sur la surface, se densifiant lentement jusqu'à ce qu'un nuage rougeâtre mêlé de grisaille flotte au dessus du chaudron. Je retiens mon souffle, me sentant étrangement léger. Il me vient tout à coup et étrangement à l'esprit l'idée abstraite que si la potion échoue, elle peut exploser mais tandis que la vapeur disparaît, révélant de nouveau la surface du liquide, cette pensée se fane et devient le cadet de mes soucis.

Et là, je t'aperçois. L'air jaillit de mes poumons avec un étrange bruit de crissement.

Tu es endormi.

Recroquevillé dans ton lit, tu es recouvert d'un édredon du rouge criard qui est la couleur de ta Maison, te faisant passer pour plus petit que tu n'es en réalité. Tes yeux sont clos et tes longs cils féminins viennent chatoyer de leur ombre imperceptible la peau pâle de ton visage. Il m'est alors très difficile de réprimer le gémissement étouffé qui est monté dans ma gorge depuis le début. Tu roules sur toi-même et balbuties quelques paroles inintelligibles dans ta barbe.

Si.

Absolument.

Parfait.

Mon incube personnel.

Je touche le liquide d'aspect gélifié argenté et frissonne tandis que ma main se fond dans la substance glacée. Je ne peux pas la voir se matérialiser de l'autre côté mais je peux éprouver la sensation de fraîcheur extrême de la potion m'envelopper tandis que je me glisse hâtivement dans la déchirure de l'espace que j'ai créé dans mon chaudron.

Ma main gauche se resserre avec force sur ses rebords comme la droite, invisible, se pose au centre de ta poitrine avant de glisser entre tes deux mamelons pour rejoindre les muscles subtilement définis et fermes de ton abdomen qui se contractent et se décontractent sous mon contact tandis que tes reins se cambrent légèrement. Un soupir passe mes lèvres et j'aplatis ma paume pour toucher le plus de millimètres possible de toi. J'ai envie de plonger entièrement dans le portail pour venir m'allonger à tes côtés et t'absorber complètement.

Tu halètes comme un de mes doigts aventuriers taquine gentiment ton nombril. A quoi penses-tu ? Je veux que tu te réveilles. Je veux voir le désir, la peur et la confusion inonder tes yeux magnifiques tandis que ma main fantomatique parcourt ton ventre pour se diriger vers la bande élastique de ton boxer soyeux, couleur de lierre. Tes lèvres pâles s'entrouvrent et ta respiration devient courte et haletante.

Sans défaut…

Merlin, je souhaite tellement pouvoir couvrir cette bouche de la mienne.

Gémis pour moi Harry. Pleure. Supplie. S'il te plaît.

Si pâle. Si beau.

Ma main glisse sous l'élastique de ton sous vêtement et le bout de mes doigts entrent en contact avec les boucles noires dont je me souviens si bien. Tu émets un nouvel halètement rauque et le son fait fondre quelque chose à l'intérieur de moi. Et je me hais soudain. Quelque chose comme un sanglot s'échappe de ma gorge serrée comme ma main glisse plus bas, incapable de te quitter. J'agrippe le bord du chaudron à m'en faire mal et je me recule légèrement, voulant désespérément tout arrêter, arracher ma main de cet horrible chaudron et partir à la hâte pour prendre une douche froide et tellement longue que je m'y noierais ou mourrais de honte. Mais je veux aussi tellement continuer, atteindre cette ferme terre promise dont je me souviens également si bien et qui est si délicieusement obsédante que je peux sentir ma bouche saliver.

Tes hanches ondulent spasmodiquement sous mes doigts et tu rejètes ta tête en arrière. Des larmes emplissent mes yeux mais je ne peux pas regarder ailleurs.

Arrête Harry, s'il te plaît.

Oh par le sang de Merlin, arrête.

Tes lèvres s'écartent et cette vision provoque en moi tellement – trop – d'émotions que mon cœur atrophié ne peut en supporter autant. D'un mouvement brusque, mon corps se courbe, emporté comme une feuille dans une tempête.

Tu gémis.

Dieu du ciel… Ces lèvres étrangement belles et scintillantes…

« Cho… »

Je me fige… Cho… ?

Je ne peux plus bouger.

« Mmmmmmm… »

Mes pensées tourbillonnent, tentant désespérément de donner un visage à ce nom… « Cho ». Mes doigts brûlent tandis que je les resserre dans les mèches épaisses de tes cheveux sombres. Tu gémis comme plusieurs d'entre eux s'enroulent autour de mes phalanges, tirant douloureusement sur ton cuir chevelu sensible.

Une brusque chaleur me parcourt à ce son et je ne peux m'empêcher de murmurer ton nom. « Harry. »

« Mmmmm… »

Mes doigts se desserrent et je me penche davantage dans le chaudron. Le bout de mes cheveux touche presque la surface de la potion et le métal froid me rentre cruellement dans l'estomac et les côtes. Ma main glisse encore, juste un peu plus bas…

« Oh ! » Des hanches étroites montent et descendent et je m'accorde un moment pour me demander si tu dors en ayant placé au préalable un sort de silence autour de ton lit.

Tu halètes. Pas la moindre maîtrise de soi. Tu es positivement écœurant.

« Cho !! »

Et je me retrouve brusquement en train de fixer une paire d'yeux ronds et verts. Et je sais que, d'une manière ou d'une autre, tu peux me voir.

Ma main se recule violemment tandis que tu te rassieds et mon coude droit heurte douloureusement le bord du chaudron. Des vagues sourdes de douleur résonnent tout au long de mon bras alors que je trébuche maladroitement en me reculant. Mon talon se prend dans quelque chose de mou et je m'entends crier.

Et je suis conscient d'être en train de chuter en arrière, conscient que le sol s'élève pour me rencontrer et que je suis bien, bien trop près du mur mais perversement, tout ce que je peux voir est un crâne noir charbon d'où émerge un serpent avec une clarté presque romantique sur ma peau blanche. Contraste d'un noir parfait avec un blanc laiteux – sur moi. Mais toute l'ironie ou la grandeur qui se cache derrière sa signification élude mon esprit comme ma tête vient frapper le mur avec un craquement sinistre et écœurant puis, tout est aspiré dans le merveilleux noir consumant.

&
[i] Subringor (Latin) – v. Grimacer.
[ii] Verus Vultus (Latin) – Le vrai visage.
[iii] Mostrilo(Italien) – Montre-moi.
[iv]Indichimi che gli occhi di miniera possono vedere. Indichimi che gli orecchi della miniera possono sentirsi. Indichimi che la linguetta della miniera può avere un sapore. Indichimi che i labbri della miniera possono parlare. Sigilli i suoi occhi, naso e bocca. Mostrimi il miei propri. Mostrimi Harry Potter. (Italien) – "Montre-moi ce que mes yeux peuvent voir. Rapporte-moi ce que mes oreilles peuvent percevoir. Montre-moi ce que ma langue peut goûter. Montre-moi ce que mes lèvres peuvent dire. Scelle ses yeux, son nez et sa bouche. Montre-moi celui qui est mien. Montre-moi Harry Potter."
A suivre…

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Réponses aux reviews :

Butterfly et Lily : Désolée, la dernière fois, je n'ai pas pu vous répondre parce que j'ai eu vos reviews après avoir posté et que je me suis dit que c'était un peu trop tard pour éditer. En tout cas, je vous remercie pour vous messages et suis contente que vous aimiez cette fic ainsi que ma traduction. J'espère que ce chapitre vous plaira aussi )

Alinemcb54 : Moi aussi je la trouve trop belle cette fic et je suis fascinée par les sentiments de Sev vis à vis de Harry. Parfois, je me dis qu'il tombe un peu dans une sorte de démence dépressive à force d'obsession mais c'est tellement bien écrit. En fait, Sev me fait de la peine. Il est trop amoureux je crois.

Lola Reeds : C'est vrai que c'est un style particulier et j'admire beaucoup l'auteur parce qu'elle a réussi à me faire trouver une certaine "beaut" dans un viol. Il faut le faire car, en général, je ne lis pas les fics qui traitent de cela. Pour Sev et Harry, je vois comme toi. Contraste ombre et lumière. Les contraires s'attirent… tout au moins pour Sev. Pour ce qui est des updates, je vais faire tout mon possible pour aller vite. Je pense donc que tu en seras contente… enfin, j'espère. Lol )

Onarluca : De nada puce. Lol. Je suis vraiment contente que l'histoire te plaise, surtout que je t'en avais déjà parlé de celle-là et ça me fait plaisir de te la faire découvrir :)

Minerve : Ca serait bien que Sev veuille séduire Harry mais malheureusement, je ne pense pas qu'il en aura un jour l'idée. En plus, il est extrêmement fier et pense que Harry est trop jeune, bien qu'il éprouve des sentiments, pour lui, qui le détruisent petit à petit. Aussi bien physiquement que mentalement.

Alexiel : Merci, je suis contente que ma traduction te plaise. Et je trouve aussi que cette fic est magnifique grâce à la puissance des sentiments de Severus pour Harry :)

Mikii : Moi aussi je préfère le chapitre 2 au 1er parce qu'on y voit plus les sentiments de Severus et puis, le viol est en moins. Pour ce qui est de la traduction, je dois bien dire que parfois, j'en "bave" parce qu'il y a parfois des mots vraiment intraduisibles en Français, des mots qui n'existent pas chez nous alors je suis obligée de les expliquer en une expression la plus juste possible tout en n'étant pas confuse. Je pense qu'en tant que traductrice, tu dois connaître ça. Mais d'un côté, j'aime bien parce que je peux faire connaître un excellent texte aux personnes qui n'ont pas accès à la langue… mais mon domaine de prédilection reste quand même l'écriture. Lol )

Aurélia : Je suis contente que le chap 2 t'ait plu et je pense que, pour répondre à ta question, tu as lu ma review. As-tu écris d'autres chapitres d'étrange amour ou non ?

Love d'Harry : Chut, il ne faut pas ébruiter le fait que je suis un robot sophistiqué, programmé pour écrire des fics slashs. Lol. J'ai été conçue dans le plus pur secret en plein milieu d'une base désaffectée par les humains mais remplis de prototypes comme moi et il y a un robot pour chaque couple des livres HP. Lol. En tout cas, je suis contente que tu me dises que mes mots sont bien choisis. Ca me rassure mais j'appréhende un peu pour celui-là qui a été un peu plus difficile à mon sens.

Mag : Voui, c'est bien les pensées de Seveus tout au long de la fic. Pour ce qui est des updates, ne t'inquiète pas, je ne compte pas tarder pour chaque chapitre et certainement pas lâcher )

Orlina : Je me demandais ce qui se passait avec ton message. J'espère que ton problème est résolu avec ta barre d'espacement. Sinon, je me suis demandée aussi quelles fics tu lisais en Français pour dire qu'il y en avait beaucoup parce que moi, je pense le contraire mais c'est vrai que je suis une fanatique du slash sshp donc 6 pages, c'est peu. Ouin. Lol )

Lululle : C'est vrai que c'est plus vivant lorsqu'il y a des dialogues ma Lululle mais je crains qu'il n'y en ait pas excessivement plus. Il y a quelques réparties bien sûr mais la fic est plus axée sur les pensées et sentiments de Severus qu'autre chose. Mais moi, j'aime bien comme ça, ça change :)

Kushuma : Je pense pareil ;)

Laika la Louve : Moi aussi, j'aime certaines scènes dramatiques mais pas trop. Je suis assez éclectique en tout mais du moment qu'il y a de l'amour, j'aime bien. Lol. Et merci pour ton compliment sur ma traduction )

Céline.s : Dis que la fic est déprimante ! Lol. Je rigole surtout après la fin de ce chapitre )

Noa Black : Moi aussi j'aime bien la torture mentale de Sev bien qu'elle aille loin parfois. Lol.

Prune : Merci de me rassurer pour ma traduction parce que des fois, je me dis que c'est vraiment pas ça ! Pour Potterillon, tu me rassures aussi, j'attends samedi prochain avec beaucoup d'impatience et j'ai aussi adoré 'Jeux interdits' mais après la loooonnngue review que je t'ai envoyé, je crois que tu l'auras compris. Lol )

Faren : Je suis contente que tu aimes mes fics et ma traduction :)

Crackos : Mici )

Naya : Bah pourquoi tu serais morbide parce que tu trouves ça beau ? Moi je trouve que cette fic est belle aussi et d'après mes reviews ou les reviews qu'a eu l'auteur, il n'y a pas que nous deux ) Pour la fin, je ne peux pas te répondre étant donné qu'elle n'a pas encore été écrite mais je croise les doigts pour qu'elle finisse bien.

Merawen : Oh ça oui, elle est pleine de sentiments cette fic et je suis contente si j'arrive à les rendre correctement. J'aime beaucoup la traduire même si parfois, c'est difficile. J'espère que ce chapitre te plaira )

Genevieve Black : Bah ! Tu vas me faire rougir. Lol. Merci pour tes compliments, ça me touche )

Vif d'or : C'est vrai qu'au début, Sev ne voit pas que c'est de l'amour et il se pose plein de questions. Ensuite, Harry devient une vraie obsession pour lui et il me fait vraiment de la peine. Il souffre beaucoup à cause de ses sentiments et aussi du fait que Harry n'a aucun souvenir de ce qui le ravage tellement lui.

Je vous fais de très, très gros poutoux.