Année : 774 / fin octobre
Notre nouvelle vie
Au volant de son pick-up miraculeusement fonctionnel, Ruri venait de franchir la barrière de contrôle limitant les accès au Parc Naturel Royal. Présentant sa carte de personnel qui mentionnait son titre de zoologiste du domaine, elle salua les quelques rangers qui assuraient le filtrage des entrées et qu'elle connaissait tous.
Plus de deux années s'étaient écoulées depuis la décision de C17 de devenir lui aussi un membre officiel de l'équipe de gardes-forestiers assurant la sécurité des animaux.
Ce laps de temps finalement assez court avait cependant été suffisant pour qu'il devienne l'élément central du dispositif et le bras droit d'Owen, le chef des rangers. Seul ce dernier avait connaissance des capacités surnaturelles de celui qui était son second « officieux », et celles-ci le rendaient redoutable pour neutraliser en une seconde n'importe quel braconnier. De plus, le système de caméras qu'il avait fait installer et qu'il contrôlait à distance rendait pratiquement impossible la moindre intrusion. L'efficacité de C17 dans son rôle de ranger avait permis de redéployer certains gardes-forestiers sur d'autres fonctions, comme l'accueil des visiteurs, et même de muter certains autres dans d'autres parcs en sous-effectifs.
Sa renommée était grandissante dans le petit monde des protecteurs animaliers, et depuis quelques mois il lui arrivait parfois de recevoir des demandes émanant du monde entier pour aider à lutter contre la chasse illégale ou prendre soin de monstres difficiles à approcher.
Ruri l'accompagnait le plus souvent, bien qu'elle soit elle-même également très occupée.
Toujours en avance dans ses études, elle avait validé la plupart des examens nécessaires à l'obtention de son diplôme. Il ne lui restait plus qu'à finir de rédiger et soutenir sa thèse, et c'est à cela qu'elle consacrait pratiquement tout son temps libre. Elle en avait cependant très peucar au quotidien Ruri travaillait surtout aux côtés de C17 dans le parc pour prendre soin des animaux et veiller à la bonne adaptation des spécimens des nombreuses espèces protégées qui y vivaient. De temps en temps cependant il lui arrivait de devoir retourner dans son université quelques jours. C17 l'amenait alors en volant dans son appartement qu'il atteignait en quelques minutes, avant de venir la récupérer, le plus souvent la nuit tombée.
Le reste du temps, ils vivaient ensemble dans la minuscule cabane perdue au cœur de la forêt, entourés du bruit du vent dans les arbres et des animaux sauvages qui s'approchaient parfois jusque devant leurs portes.
Ruri revenait justement d'une absence de 4 jours durant laquelle elle avait participé à un colloque sur les monstres marins. L'occasion pour elle de présenter dans une conférence le compte-rendu de leur expédition passée, sur lequel elle avait rédigé de nombreux articles qui avaient fasciné la communauté scientifique, et d'échanger avec d'autres zoologistes.
Afin de ne pas contraindre C17 à quitter le parc en journée, elle avait proposé de rentrer cette fois en voiture.
Impatiente pourtant à l'idée de retrouver son compagnon, la jeune femme se mit à accélérer dès qu'elle le put le long de la route terreuse qui l'y conduisait. La beauté des paysages environnants qui abandonnaient peu à peu les couleurs de l'automne était un spectacle dont elle ne se lassait jamais, année après année. Sans s'en rendre compte, captivée, Ruri était à présent en train de pénétrer dans la clairière où se trouvait la cabane quand un bruit sourd se fit entendre sur le toit de sa voiture, immédiatement suivi par trois autres, bien plus légers.
Amusée, elle s'arrêta aussitôt et ouvrit sa fenêtre.
- Je suis en état d'arrestation, ranger ? demanda-t-elle à l'ombre qu'elle voyait à présent clairement se déplacer au-dessus d'elle.
- Pourrais-je voir vos papiers d'identité jeune fille ? lui répondit une voix familière.
- Oh, doublement poli à ce que je vois ! Tenez, vous verrez que je travaille ici Monsieur.
Ruri tandis alors son bras, donnant sa carte de personnel à C17 qui venait d'atterrir et se tenait maintenant près de la portière du côté conducteur.
- Une carte de zoologiste ? Qui donc vous a donné ça ?
- Mon petit-ami. Lui aussi travaille ici.
- Un petit-ami ? Décrivez-le-moi, que je vois si je le connais.
- Beau, brun, avec un sens de l'humour et des goûts vestimentaires discutables, mais il est super fort et il embrasse divinement bien.
- Je vois de qui il s'agit. Excellent choix, il est vraiment parfait en tout point.
- Et j'ai oublié de le dire mais c'est aussi une personne incroyablement modeste, reprit alors Ruri en riant. En tout cas bravo, quelle efficacité, tu m'as repérée depuis combien de temps ?
- Les gardiens m'ont appelé dès que tu as franchi la porte d'entrée.
- C'est bien de savoir que je ne suis pas DU TOUT espionnée ici.
- Ils ne t'espionnent pas, ils m'informent.
- Ah oui. Subtile nuance. Bon et sinon ?
- Sinon quoi ?
- Mon baiser de bienvenue ! s'écria Ruri en s'appuyant sur la fenêtre ouverte de sa portière pour se soulever et avancer son visage tout près de celui de C17.
- Ah oui, j'oubl…
Mais C17 s'interrompit aussitôt, et après quelques secondes immobile Ruri rouvrit les yeux pour s'apercevoir qu'il venait de tourner machinalement son regard vers la banquette arrière où se trouvaient de très nombreux sacs portant des logos colorés. En voyant son sourcil droit se surélever légèrement, Ruri comprit immédiatement et décida d'anticiper sa question.
- Ah. Je vois. Alors on va faire court : oui, j'ai fait les boutiques pendant que j'étais en ville. Oui, j'ai été raisonnable. Oui, ça rentrera dans mon armoire, et non, je ne me suis pas ruinée. Rassuré ?
- Ai-je vraiment mon mot à dire ? soupira C17 en se dirigeant vers la portière arrière pour l'ouvrir.
- Pas vraiment.
- C'est bien ce que je pensais. Bon. Je vais t'aider à mettre tout ça dans l'entrée et ensuite je repars.
- Ah bon ? Tu ne restes pas ?
- Pourquoi faire ?
- Rien… Je pensais juste… qu'on prendrait un petit moment… romantique… rien que tous les deux… ça fait des jours qu'on ne s'est pas vu, je ne t'ai pas manqué ? marmonna Ruri, un peu déçue de voir C17 repartir aussi rapidement.
- Je suis venu à ta rencontre, mais je ne peux pas m'absenter plus de 5 minutes, tu le sais. Mon travail est de protéger les animaux de toute intrusion.
- Oui, oui, je sais, répondit Ruri d'une toute petite voix.
Bien sûr, elle savait que C17 prenait son travail très au sérieux et qu'il n'aimait pas trop prendre des moments de pause dans la journée. En règle générale cela ne lui posait pas vraiment de problème, car ils étaient ensemble une grande partie du temps.
Mais après avoir été séparés plusieurs jours, la jeune femme s'était simplement beaucoup languit de lui, et sur le long chemin qui l'avait ramenée vers le parc elle n'avait pas pu s'empêcher de rêver à leurs retrouvailles.
Un repas aux chandelles ?
Une soirée passée en amoureux ?
Tout un tas d'images toutes droits issues d'un film à l'eau de rose lui avaient traversées l'esprit pendant son voyage.
Un peu attristée mais compréhensive, Ruri sortit donc de la voiture pour s'apercevoir avec amusement que C17 avait déjà eu le temps de prendre l'intégralité de ses affaires qu'il portait avec son habituelle facilité. La jeune femme pouffa même de rire en le voyant ainsi, l'amoncellement de sacs sur son dos lui donnant des airs de tortue géante.
« Après tout, il est venu à ma rencontre… et si les rangers l'ont appelé c'est sans doute parce qu'il leur a justement dit de le prévenir quand j'allais arriver … » pensa soudain Ruri.
Cette pensée l'apaisa un peu.
C17 avait fait de gros efforts depuis des années pour mieux vivre et s'intégrer au contact des humains, s'obligeant à parler davantage et à se montrer plus poli qu'il ne l'était auparavant. Pourtant, Ruri savait qu'au fond de lui il n'attachait quasiment aucune importance à tous ces actes démonstratifs dont il ne comprenait pas l'utilité, y compris envers elle. Les sentiments qu'il éprouvait se manifestait différemment chez lui. C'est par des actes du quotidien, naturels et pratiquement imperceptibles, qu'il les exprimait.
Par le soin qu'il portait à préparer chaque matin son petit déjeuner, y compris quand il partait avant même qu'elle ne se réveille, laissant sur la table tout ce dont elle avait besoin.
Par son écoute.
Par sa présence sans faille, la soutenant d'un regard ou d'un simple sourire quand elle devait préparer un discours pour ses études.
Par la confiance inébranlable qu'il plaçait en elle, lui demandant sans cesse son avis, alors que celui de l'entièreté des autres humains ne lui importait guère.
Elle comptait pour lui, elle le savait, et le simple fait qu'il ait pris un peu de temps pour venir à sa rencontre était sa manière à lui de le lui signifier, même s'il n'en avait peut-être pas vraiment conscience. Alors Ruri lui sourit sans plus rien dire, tandis que C17 déposait son lourd fardeau sur le pas de la porte.
Soudain, alors qu'il s'apprêtait à repartir, il remarqua la tenue que la jeune femme portait.
- C'est… nouveau ça ? lui demanda-t-il après une brève hésitation.
- Tu as remarqué ? Eh bien bravo, c'est rare ! Oui, j'ai acheté cette petite merveille hier. Elle me va bien non ? J'adore la couleur, pas toi ?
Il ne répondit rien, son regard affûté parcourant de haut en bas le corps de Ruri.
Elle portait un pull à col roulé mauve en laine dont les longues manches avaient des extrémités élargies par rapport au reste. Surmontant ses bottes et ses collants noirs, une petite jupe ornée de losanges de plusieurs couleurs dans les tons pourpres et violets attira particulièrement son attention.
- Alors ? l'interrogea de nouveau Ruri, impatiente.
- Euh… oui… c'est…
- Mignon ?
- Court.
- Hein ?
- Elle est courte cette jupe, non ?
- Oui, c'est une mini-jupe C17, c'est le principe.
- Mais tu ne risques pas d'attraper froid avec ?
- Non, puisque j'ai mis des collants.
- Ah.
- Et j'ai mis un col roulé. C'est la règle numéro 1 en matière de fringue. Si le bas est court, le haut est couvrant, et vice-versa. Sinon ça peut vite faire vulgaire, forcément.
- Oui, forcément, c'est … logique.
Le visage circonspect de C17 dissimulait avec beaucoup de difficulté ce qu'il pensait vraiment, mais sa mine ahurie n'échappa pas à Ruri qui s'empressa de le questionner en souriant.
- Tu as un commentaire particulier sur ma tenue ?
- Non.
- Tu aimes bien alors ?
- Oui.
- Mais ?
- Mais rien du tout.
- Parfait alors ! Tu peux donc retourner travailler un peu pendant que je range tout ça ?
- Mais personne ne t'a rien dit ? reprit aussitôt C17 qui ne faisait désormais plus aucun mouvement indiquant qu'il avait l'intention de quitter les lieux.
- Qui ?
- Je ne sais pas… les autres rangers par exemple ?
- Ma réponse pourrait-elle avoir un quelconque impact sur leur durée de vie ?
- Ce n'est pas exclu.
- Alors on va dire que non.
- Ah.
- Tu sais que tu es mignon comme tout quand tu es comme ça ? lui dit Ruri en souriant davantage devant l'air confus de C17.
- Quand je suis quoi ? lui demanda-t-il pour changer de sujet tant il hésitait à lui demander ce que les rangers avaient bien pu dire sur sa tenue.
- Jaloux…
- Je ne le suis pas.
- Ah bon, tu crois ? Dis-moi, chéri, est ce que l'idée que d'autres hommes que toi me regardent te dérange ? commença-t-elle, une lueur taquine illuminant soudain son regard.
Après un silence, C17 répondit, d'une voix grave :
- Oui.
- Je vois… Et que penserais-tu si l'un d'entre eux me trouvait jolie dans cette tenue ? poursuivit Ruri en s'avança vers lui, un pas après l'autre, lentement, donnant à sa démarche une sensualité nouvelle tandis qu'elle détachait la tresse retenant ses longs cheveux.
- Cela me mettrait sans doute profondément en colère…
- Intéressant, cyborg. Et maintenant.…
- Maintenant quoi ? demanda C17, tandis qu'il posait ses mains gantées sur les hanches de Ruri qui était arrivée jusqu'à lui.
- Imagine que l'un d'eux me touche comme tu viens de le faire, quelle serait ta réaction ?
Pour toute réponse, C17 ramena d'un geste Ruri contre lui et l'embrassa avec force, provoquant chez elle un gloussement de plaisir.
- Excellente réponse, murmura la jeune femme, essoufflée, entre deux baisers.
- Personne d'autre que moi ne te touche, humaine. Sinon je le pulvérise.
- J'avais raison, c'est bien de la jalousie.
- Je me fiche de savoir comment ça s'appelle.
C17 se tourna alors brusquement, plaquant Ruri contre la portière de sa voiture pour mieux coller son corps au sien. Tout à coup il ressentait au plus profond de lui l'ardeur de son désir ravivé par ces longues nuits qu'elle avait passé loin de lui.
Il la voulait, maintenant.
Tout de suite.
Et Ruri le comprit elle aussi en un instant, sentant les mains de son amant caresser l'une de ses cuisses, avant qu'il ne s'en saisisse et la tienne fermement contre lui, arrachant a la jeune femme un premier cri d'excitation.
- C17, attends je..
Mais Ruri ne chercha pas longtemps à faire semblant, tant elle avait elle aussi envie de lui. Gémissante de désir, elle l'embrassa de plus belle, desserrant avec empressement son foulard qu'elle lui ôta avant de le laisser tomber par terre. Comme s'il n'attendait qu'un seul signal de sa part, C17 lui saisit de nouveau la taille pour la retourner, pressant contre elle son bas ventre qu'elle sentait durcie d'excitation.
Haletante, Ruri se cambra aussitôt, se tournant vers lui pour mieux le regarder faire.
Le cliquetis que fit la ceinture de c17 alors qu'il était en train de la détacher la fit frémir. Ruri se délectait de son visage déterminé, de ses gestes assurés et dominateurs et de son regard fixé sur la cambrure de ses fesses qui semblait le fasciner. Il souriait, comme un chat prêt à savourer une proie longtemps convoitée et dont il allait enfin se repaître.
- Je croyais que tu n'aimais pas t'absenter du parc plus de 5 minutes, lui lança-t-elle pourtant, comme un ultime défi.
- Je peux faire beaucoup de choses en 5 minutes Ruri, répondit C17 en achevant de détacher sa ceinture qu'il jeta sur le côté.
Puis, défaisant un des boutons de son jean, il continua :
- Beaucoup…
Un autre bouton céda, rythmant les paroles de C17 dont le souffle devenait de plus en plus court.
- Beaucoup de choses.
Mais alors qu'il allait enlever le dernier bouton, une image apparue brutalement dans son œil droit, déclenchant une petite alarme sonore que Ruri reconnut immédiatement.
- Ne me dis pas que … Raaaah non mais c'est pas vrai ! s'écria-t-elle alors, tandis que C17 donnait une tape de dépit sur la portière du pick-up.
- Je hais les humains, murmura-t-il en enfouissant sa tête dans les cheveux de Ruri, reprenant peu à peu sa respiration et ses esprits.
- Hahahaha ! C'est vrai que si même les braconniers n'ont plus de respect, où va le monde hein ?
- Parce que tu trouves ça drôle ?
- C'est ta tête que je trouve drôle, lui dit Ruri en se retournant, regardant avec amusement la moue boudeuse de C17 en train de se rhabiller.
- Et c'est moi qui ai un sens de l'humour discutable ?
- Roooh mais arrête un peu de râler. Bon, c'est qui cette fois ? Un habitué ? Un nouveau ?
- Le petit gros moustachu à lunettes. Celui qui pose des pièges à lapin.
- M. Hamada ?
- Parce que tu connais aussi le nom de ses idiots !?
- Ben oui, tu les arrêtes plusieurs fois par semaine donc à force… Pas toi ?
- On ne me paye pas pour devenir copain avec ces imbéciles. Et pour ce qui concerne celui-là, à quoi ça me servirait de savoir son nom puisque je vais aller lui fracasser le crâne.
- Vois plutôt le bon côté des choses.
- C'est quoi le bon côté ?
- La frustration augmente le plaisir.
- Mouais.… marmonna C17, manifestement peu convaincu par l'argument.
- Promets-moi de ne pas faire trop mal à M. Hamada.
- Mouais…
- Ce que tu es mignon quand tu fais cette tête haha ! Allez, vas-y maintenant. On aura toute la soirée pour continuer cette petite conversation, reprit alors Ruri en déposant sur les lèvres de C17 un délicat baiser qu'il lui rendit en souriant, avant de lui faire un léger signe de tête lui signifiant qu'il avait compris.
Encore un peu étourdie, la jeune femme prit une profonde inspiration pour se calmer à son tour.
« J'aurais peut-être dû lui demander de mettre une petite pichenette à M. Hamada de ma part quand même » pensa-t-elle, amusée d'imaginer le traitement qu'un C17 frustré allait bien pouvoir réserver à ce pauvre homme, inconscient de la menace qui pesait sur lui.
Tout en continuant de rire en réfléchissant à la scène qui devait se dérouler dans les bois, Ruri se retourna, ramassa les plus gros sacs et pénétra dans la cabane.
Une fois passée la porte d'entrée grinçante, elle observa la pièce principale et la cuisine.
Pas un seul objet n'était pas à sa place, tout était parfaitement ordonné, plié, lavé, rangé. Elle s'esclaffa de nouveau à la vue de ce décor aussi parfait qu'une coupure de magazine.
C17 n'aimait vraiment pas le désordre et elle savait qu'il avait profité de son absence pour faire un grand nettoyage, comme à chaque fois qu'elle devait partir quelques jours. Leurs deux caractères étaient sur ce point diamétralement opposés, mais cela n'occasionnait pas pour autant de tensions entre eux, tant C17 n'aimait pas perdre son temps dans de longues discussions qui l'ennuyaient profondément. Au contraire même, il semblait s'être accommodé de cette situation, comme si vivre avec Ruri lui avait permis de refréner ce besoin de rangement qui tournait auparavant à la maniaquerie. Il avait depuis fait de nets progrès, laissant Ruri acheter de temps en temps de petits objets de décoration qui égayait un peu l'intérieur très spartiate de la cabane. Outre l'électroménager, elle avait donc réussi à acheter un plaid et des coussins pour le canapé, des mugs assortis pour C17 et elle, quelques cadres à accrocher aux murs et une grande télévision qui trônait au-dessus de la cheminée qu'il avait remise en service.
Ce n'était d'ailleurs pas la seule réparation qu'il avait effectuée.
En plus de deux ans d'installation, il avait transformé le garage en véritable établi, rempli d'outils en tout genre qu'il avait retrouvé dans le grenier ou qu'il avait acheté au magasin de bricolage local. Son gérant était l'un des rares humains avec lequel C17 avait établi une sorte de relation, et il leur arrivait souvent de discuter de longues minutes ensemble, s'échangeant des techniques ou des astuces. C17 avait vraiment un réel talent pour réparer tout ce qui était mécanique, et comme il était à l'aise avec l'usage des outils il avait décidé d'aménager lui-même la cabane, chose dans laquelle il s'était révélé être également très doué.
Tout en repensant à tout ça, Ruri entreprit donc de ranger toutes ses affaires dans l'armoire que C17 avait fabriqué pour elle et installé dans la chambre à coucher.
Une fois ses vêtements rangés et une machine à laver lancée, Ruri s'empressa d'aller s'occuper des animaux qui y vivaient. Car l'habitation d'un garde-forestier et d'une zoologiste n'aurait pas pu rester longtemps sans la présence de colocataires un peu particuliers.
Les deux plus imposants étaient sans aucun doute leurs chevaux.
Peu de temps après leur installation, Ruri avait été contactée par un éleveur dont le haras faisait partie des nombreuses exploitations et élevages adjacents au Parc. Le vétérinaire de la région étant en vacances, il avait eu besoin d'un conseil et quand il avait appris la présence d'une spécialiste des animaux dans son environnement proche, il était venu solliciter son aide. Dans son troupeau de chevaux de race se trouvaient deux jeunes mâles, deux frères, avec lesquels il rencontrait depuis quelque temps des problèmes de dressage. Auparavant très dociles, les animaux s'étaient mis à ne plus obéir et semblaient être devenus très nerveux.
Après une brève observation Ruri avait rapidement déterminé l'origine du problème : tous deux souffraient d'une maladie des oreilles qui s'étaient subitement aggravée et qui les avaient rendus presque sourds, d'où leur changement brusque de comportement. Horrifiée, la jeune femme avait alors entendu l'éleveur lui expliquer que dans leur état les bêtes lui étaient devenues inutiles et coûteuses, et qu'il allait devoir les abattre. Elle avait alors appelé C17 et tous deux avaient décidé de racheter les deux chevaux pour les sauver de ce sort injuste.
Depuis, les deux frères vivaient avec eux une vie paisible, C17 ayant nettoyé et réaménagé l'étable qui jouxtait la cabane. Il avait également construit une barrière en bois pour délimiter un pré au sein de la carrière dans lequel ils passaient le plus clair de leurs journées. Ruri avait pris contact avec le vétérinaire dès son retour, et si ce dernier avait réussi à les guérir de leur maladie, il n'avait rien pu faire pour leur rendre leur audition perdue.
Pourtant, avec patience et douceur, C17 et Ruri avaient réussis à terminer le dressage des chevaux qu'ils arrivaient donc à monter et qu'ils utilisaient principalement pour faire de longues balades dans les immenses forêts du parc, ou pour aller faire de petites courses dans le village voisin. Leur surdité n'était d'ailleurs que partielle, et elle n'était maintenant plus un obstacle à leurs déplacements, tant ils avaient appris à faire confiance à leurs nouveaux maîtres.
Bien qu'issus de la même portée, les chevaux ne se ressemblaient guère.
Ruri avait choisi pour elle le plus âgé des deux, un magnifique pur sang à la robe gris clair, tachetée de blancs et à la crinière et la queue d'un gris sombre. Quant à C17, son cheval était de couleur marron foncé, avec des reflets luisants et cuivrés qui scintillaient sous les rayons du soleil. Son crin noir achevait de lui donner une imposante stature que seule une balzane blanche sur la patte avant droite venait troubler.
Quand ils aperçurent Ruri en train de franchir la barrière pour les rejoindre, les chevaux vinrent à sa rencontre en poussant de petits hennissements de joie, qui se changèrent en petits souffles rapides de satisfaction tandis que la jeune femme leur caressait le museau.
Mais les chevaux n'étaient pas les seuls à avoir élus domicile dans la cabane.
Une famille de loir s'y était également installée dans une partie du grenier, de même qu'une chouette qui avait décidé de faire son nid dans le garage. Ajouté aux souris, insectes et araignées qui étaient manifestement là avant leur arrivée, un couple de perruches achevaient de compléter cette arche de Noé perdue au milieu des arbres.
Occupée à nourrir et caresser toute cette ménagerie, la jeune femme ne vit pas vraiment le temps passer et ce ne fut qu'en fin de journée qu'elle put enfin s'installer sur le canapé avec un chocolat chaud et son ordinateur pour consulter sa messagerie et celle qu'elle partageait avec C17 pour lui éviter de devoir traiter les démarches administratives qu'il avait en horreur.
Il lui fallut presque une heure pour venir à bout de tous les e-mails en retard, et il n'en restait à présent plus qu'un, dont l'intitulé l'intrigua aussitôt.
« Besoin de votre expertise et votre soutien, Parc Naturel Régional du Nord… Ah, sans doute une nouvelle demande d'assistance pour lui » se dit Ruri qui allait cliquer pour le lire quand son téléphone se mit à sonner, affichant le numéro de C17.
La jeune femme, intriguée, décrocha aussitôt.
- Oui chéri ? Une urgence ? Un animal blessé ?
- Non.
- M. Hamada est toujours vivant ?
- Oui.
- Me voilà rassurée.
- Tu pourrais me rejoindre en bas de la colline du secteur F4 ?
- Pourquoi ?
- J'ai un truc à te montrer.
- Quoi donc ?
- C'est une surprise.
- Euh.… d'accord. Je peux prendre le quad ?
- Si tu veux, j'ai fait le plein hier.
- Bon, donne-moi 15 minutes et je suis là.
- Ok.
Ruri raccrocha, encore plus perplexe.
C17 ne l'appelait pas souvent quand il travaillait, et c'était à chaque fois pour lui signaler un problème ou lui poser une question sur l'un des animaux du parc. Ce n'était pas non plus dans ses habitudes de jouer aux devinettes, mais il était très calme au téléphone, signe que rien de grave ne s'était passé. Alors, après avoir revêtu un survêtement pour se déplacer plus facilement, Ruri se rendit dans le garage, fit démarrer le quad et s'enfonça dans les bois.
Le secteur F4 était une partie très reculée du parc, située quasiment en son centre. Rocailleuse, éloignée de tout et très difficile d'accès, cette zone n'intéressait pas les braconniers car elle n'était peuplée que de serpents, de lézards et de quelques oiseaux assez communs. Son seul intérêt était géologique, puisque plusieurs geysers et de très petites sources chaudes s'y trouvaient, et quelques promeneurs s'y rendaient parfois sous la conduite des gardes forestiers. Mais alors que le soleil commençait déjà à disparaître derrière les cimes des arbres environnants, cet endroit n'était plus qu'un vaste espace silencieux, comme coupé du reste de la planète, dépourvu de toute forme de vie.
« J'espère que tu as vraiment une bonne raison C17… » se dit Ruri en se garant, toujours dubitative sur les raisons de cet étrange appel.
Ne le voyant pas, elle se mit à l'appeler.
- C17 ! Je suis là ! cria-t-elle, sans obtenir de réponse.
« Si c'est encore une de tes plaisanteries douteuses je te jure que je trouve un moyen de te désactiver cyborg ! » pensa la jeune femme, passablement irritée, avant de s'écrier de nouveau :
- C17 ! Mais tu es où à la f… AAAAAAAAAAAAAH !
En une fraction de seconde, Ruri sentit se poser sur sa taille les mains de C17 qui venait de surgir juste derrière elle. Sans prévenir, il la souleva au-dessus du sol et atteignit en un instant le sommet d'une petite colline au sommet de laquelle se trouvait une des sources d'eau chaude.
Très délicatement, il déposa Ruri et atterrit à son tour, quelques mètres plus loin, pour se positionner en face d'elle.
- Salut, lui dit-il ensuite, tout sourire.
- Il va VRAIMENT falloir qu'un jour toi et moi on discute de cette manie que tu as de me trimballer partout comme si j'étais un sac à dos !
- Un sac à dos très mignon.
- Je suis sérieuse !
- Moi aussi.
- Raaaah bref, alors ? Tu m'expliques ?
- Je voulais qu'on soit tranquille.
- Tranquille pour quoi ?
- Tu ne m'as pas dit tout à l'heure que tu voulais passer un moment romantique vu que cela fait plusieurs jours que tu n'étais pas là ?
Ruri, incrédule, parcourut du regard le paysage qui l'entourait. Tout autour elle ne voyait que des rochers et des cailloux plus ou moins gros, morceaux de basalte dont le gris volcanique se confondait presque avec la noirceur du ciel dont le soleil avait disparu.
Pas un seul bruit ne troublait ce silence lugubre.
Un désert de pierre, sombre et froid.
- Donc, finit-elle par demander, tu es en train de me dire que… là… c'est un rendez-vous romantique, et que c'est pour ça que tu m'as faite venir ?
- Oui.
Ne sachant pas vraiment si elle devait s'énerver, rire ou pleurer, Ruri resta un moment silencieuse, avant de regarder cette fois dans la direction de C17.
Il avait les mains posées sur ses hanches, se tenait bien droit, et arborait un large sourire qu'elle distinguait très bien dans la pénombre de cette nuit naissante. Elle le connaissait suffisamment bien maintenant pour savoir qu'il était sérieux, et même fier de lui. Elle ne s'attendait clairement pas à cette explication. Pourtant, bien que part d'elle-même soit au comble de la consternation, elle ne pouvait ignorer qu'en agissant C17 devait sans doute penser bien faire. Après tout, il avait raison, c'était elle qui avait évoqué cette idée d'un moment « seul tous les deux », et aucun autre endroit du parc n'était plus isolé que celui-ci.
Ruri était pourtant toujours très surprise de l'étrangeté de son choix pour ce lieu. Mais quoi qu'il en soit, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, aussi elle décida de ne pas le décevoir et tenta de ne pas trop montrer sa déception.
- Ok donc on va… avoir un… rendez-vous ici ?
- Absolument.
- Et toi, tu trouves cet endroit… romantique ?
- Oui. Pas toi ?
- Euh… Si si. Si. Oui. Totalement.
- Mmmm mon instinct de cyborg me dit que tu mens, humaine, répondit C17 en riant.
Il donnait l'impression de trouver la situation et l'air hébété de Ruri très amusant, ce qui déstabilisa un peu la jeune qui ne savait pas vraiment ce qu'elle devait répondre.
- Ben… disons que je m'attendais à… autre chose mais c'est gentil d'avoir essayé… bredouilla-t-elle, toujours dans l'optique de ne pas le froisser.
- Moi je trouve cet endroit parfait. Et romantique.
- Oui enfin n'exagère pas non plus, je sais que tu essayes d'être gentil et que tu fais des efforts mais bon… répliqua aussitôt Ruri.
- Tu n'aimes pas ma surprise ? Pourquoi ?
- Tu me demandes vraiment pourquoi ? l'interrogea Ruri qui contenait autant que possible l'agacement que le sourire persistant de C17 commençait à provoquer chez elle.
- Oui.
- Mais tu es vraiment sérieux là ?
- Oui.
- Mais tu es incroyable quand même ! Enfin je sais que tu as du mal avec certain… sentiments et concepts mais… En quoi ce tas de cailloux poussiéreux pourrait être romantique ?
- Tu aurais voulu quoi ?
- Mais je sais pas moi, un restaurant, des bougies, aller au cinéma, des fleurs, des… des… Oh et puis zut ! Laisse tomber ! C'est juste… Je voulais… Je pensais… à un truc plus…
- Humain ?
- OUI !
- Mais je n'en suis pas un.
- Je sais !
- Tu m'as dit une fois que tu m'aimais comme j'étais et que tu ne voulais pas me changer justement.
- MAIS OUI JE SAIS mais… mais c'est juste que… bafouilla Ruri, confuse et rouge de honte.
C'est alors que C17 éclata de rire, avant de s'approcher d'elle et de doucement poser sur ses lèvres un baiser qui la fit taire immédiatement.
- Haha ! Tu sais que tu es mignonne quand tu fais ça ?
- Quand je fais quoi ?
- Quand tu es de mauvaise foi.
- Je ne suis pas de mauvaise foi !
- Ah bon, tu crois ?
Ruri allait répondre mais elle n'en fit rien, réalisant soudain la similitude de cet échange avec celui qu'ils avaient eu plus tôt. Le doute l'assaillit alors, et elle s'aperçut en le regardant de plus près que C17 lui souriait toujours, mais que ce sourire n'était pas ironique. C'était un sourire emplit d'amour et d'une grande tendresse.
- Regarde mieux, lui murmura-t-il alors. Autour et au-dessus.
Alors, toujours sans comprendre mais beaucoup plus calmement, Ruri observa les alentours.
Les cailloux.
Les rochers.
Rien de nouveau à première vue.
Mais C17 insistait, toujours souriant, l'encourageant à continuer.
« Autour… »
Ruri posa alors les yeux sur ce qui était là depuis le début mais auquel elle n'avait pas prêté immédiatement attention.
La source.
Un tout petit bassin d'une eau bleu turquoise, à laquelle les rayons de la lune quasi pleine de cette nuit d'automne donnait des reflets nacrés qui frémissaient en surface en de sublimes bulles argentées sous l'effet de la chaleur émanant des profondeurs de la terre. Si en journée elle pouvait paraître quelconque, cette source minuscule était devenue sous ses yeux un véritable concentré de beauté, telle une pierre précieuse révélant toute sa splendeur grâce à la taille experte d'un joaillier.
« Au-dessus… »
Ruri releva donc les yeux.
Perdu en plein cœur du parc, ce petit bout de terre était tellement éloigné de la civilisation que plus aucune des lumières artificielles des humains ne venait perturber la pureté du ciel étoilé. Un ciel noir d'encre, illuminé d'innombrables étoiles éparpillées comme autant de diamants sur un collier.
Cet endroit était en fait…
- Magnifique… murmura Ruri, abasourdie.
- Je sais, lui répondit C17 en caressant délicatement une mèche de ses longs cheveux.
- Comment tu as eu l'idée de venir ici ?
- J'ai improvisé. Après avoir arrêté le braconnier j'ai repris le travail, mais j'ai repensé à ce que tu m'avais dit et au fait que tu voulais un truc romantique. Alors j'ai réfléchi à ce que je pouvais faire et je me suis rappelé de cet endroit.
- Mais nous sommes déjà venus ici ensemble, et je ne me souviens pas avoir fait attention d'à quel point c'était beau.
- En fait nous sommes déjà venus ici, c'est vrai, mais la journée. Tu sais que le soir souvent je m'entraîne ? Et bien ici c'est justement l'un de mes endroits favoris. C'est isolé, calme, et je ne risque pas de déranger les animaux. J'y viens pour être tranquille, mais j'avais vu que le décor était beaucoup plus beau une fois la nuit tombée.
C17 poussa un petit soupir et reprit, se grattant l'arrière de la tête d'un air un peu penaud.
- En fait je te dois des excuses pour ça d'ailleurs, dit-il à Ruri qui releva un sourcil en signe d'incompréhension.
- Pourquoi ?
Sans répondre, C17 l'embrassa délicatement, serrant autour de sa fine taille ses mains puissantes qui caressèrent le dos de Ruri, avant de se perdre encore dans le labyrinthe de sa sublime chevelure.
- Déjà parce que j'aurais dû t'amener ici depuis longtemps. Et aussi parce que j'aurais dû penser à t'organiser cette soirée romantique. Ruri… je sais que ce genre de choses sont importantes pour toi. Mais moi je n'y pense jamais. Pour moi c'est… enfin… je n'y pense pas. Je suis désolé. J'espère que je ne t'ai pas fait de peine tout à l'heure ?
- Ça n'a aucune importance, répondit Ruri, posant sur lui ses grands yeux verts que de petites larmes de joies rendaient étincelants.
- Vraiment ?
- Mais oui, imbécile. Cet endroit est juste parfait. Tout est parfait. Tu es là, et c'est tout ce dont j'ai besoin. J'avais juste… besoin de savoir que je t'avais un peu manqué.
- Un peu ?
C17 desserra temporairement sa douce étreinte et recula la tête, surpris, avant de reprendre :
- Tu crois que tu m'as un peu manqué ?
- Ben… oui.
- Je vois.
- Tu vois quoi ?
- Qu'il est temps de passer à la suite.
- La suite de quoi ?
- Du moment romantique, lui dit C17 en la relâchant cette fois totalement.
Face au regard interrogateur de Ruri, il se contenta de nouveau de sourire. Et d'un sourire cette fois bien plus intense, à tel point que la jeune femme se sentit instantanément rougir.
Il la regardait avec envie.
Peu à peu apparaissait dans ses yeux cette lueur dominatrice et puissante et cet air sûr de lui face auquel elle se savait incapable de résister.
De nouveau, et toujours sans un mot, il ôta son écharpe qu'il laissa tomber à ses pieds, avant de retirer tout aussi rapidement ses gants et les deux t-shirts qu'il portait.
- Mais… qu'est-ce que… tu… tenta de demander Ruri.
Mais C17 s'était de nouveau approché d'elle, enlevant ses chaussures et ses chaussettes juste avant d'arriver à sa hauteur.
Il se saisit alors des mains de Ruri qu'il plaça sur sa ceinture.
- Défais-la, lui répondit-il, sur un ton ferme qui avait tout l'air d'un ordre que la jeune femme n'attendit pas une seconde pour exécuter, frémissant au contact des lèvres de C17 qui se posaient sur sa bouche déjà entrouverte.
Satisfait, C17 termina alors d'ôter l'entièreté de ses vêtements.
Toujours aussi souriant, il s'écarta ensuite d'un pas sur le côté pour pénétrer dans la source d'eau chaude dans laquelle il s'assit. Puis, une fois installé, il releva sa main droite et d'un seul mouvement de son index il fit signe à Ruri de le rejoindre.
- Alors, qu'est-ce que tu attends ? lui demanda-t-il.
- Tu veux que je vienne ?
- Non. Je veux d'abord que tu enlèves tes vêtements. Ensuite tu me rejoins. A moins que tu ne sois trop timide ou peureuse ?
- Moi, peureuse ? Non mais tu me prends pour qui ?
- Haha voilà, c'est mieux, humaine. Allez, viens. Tu voulais du romantisme, non ?
- Tu as vraiment une définition de « romantisme » très particulière C17.
- Elle te dérange ?
- Pas du tout...
Ayant repris ses esprits et sans quitter des yeux C17 qui se régalait de ce spectacle, Ruri ôta à son tour un à un chacun de ses vêtements et vint ensuite se plonger dans l'eau presque bouillante de la source. Voyant alors son compagnon lui faire un signe de la tête, elle se tourna légèrement pour venir s'asseoir sur les genoux de C17 qui l'entoura aussitôt de ses bras.
Pendant quelques secondes, il embrassa avec délicatesse la peau douce et nacrée de la nuque de Ruri, dont il savait qu'elle adorait cette caresse. Prenant son temps, il déposa sur sa chair de courts baisers come autant d intenses chatouilles que la jeune femme accueillait avec plaisir par de petits tremblements et des cris de ravissement.
- Et alors, qu'elle est la suite du programme de cette soirée ? demanda-t-elle finalement, savourant la douceur de C17 qui commençait à lentement caresser sa poitrine.
Donnant alors à ses baisers une force plus intense, C17 la ramena tout contre lui d'un geste, avant de murmurer, au creux de son oreille :
- Je vais te montrer à quel point tu m'as manqué, Ruri.
