Un Drago dans le plafond

Après la conférence de presse le petit groupe d'amis se sépara, chacun rentrant chez lui, seul Ron et Hermione restèrent avec Harry et Cho. Ils passèrent le début de la soirée tous ensemble chez Cho qui pour l'occasion avait décider de faire un repas asiatique typique. Elle s'affairait comme une petite abeille pour que tout soit le plus parfait possible, Harry participait aussi à l'effort dans la mesure de ses moyens. Pendant ce temps Ron et Hermione attendaient dans la salle de séjour, ni l'un ni l'autre n'osaient entamer une conversation. Coupant le silence, Harry vint leur parler :

Alors comment avez-vous trouvé la conférence de presse ? Super Harry, tu as pas loupé le ministre ! s'exclama Ron. Franchement Harry, je ne saurais pas trop quoi dire. Hermione paraissait hésiter à donner son avis. Allez Hermione dis-le moi, tu sais bien que ton avis a beaucoup d'importance à mes yeux. Comme tu veux Harry, mais alors ne me reproche pas ma franchise. Promis ! Tu es allé trop loin en t'attaquant au ministre devant tout le monde ! Arrête de dire n'importe quoi Hermione, c'était super ! Ecoute Ron, non seulement Harry s'est fait passé une fois de plus pour un obsédé des complots de Voldemort devant la presse, mais en plus si le ministre est vraiment un compagnon de Tu-Sais-Qui il sait maintenant qu'Harry le soupçonne. Harry tu as été un peu trop impétueux, une fois de plus.

Harry allait pour répondre lorsque la voix de Cho résonna hors de la cuisine :

Chéri, viens préparer le thé pour tes amis, s'il te plaît ? J'arrive ! Excusez-moi je dois y aller... Oui vas-y Harry, on ne voudrait pas être à l'origine d'une querelle d'amour. Ron ponctua sa phrase avec un rire contenu. On dirait un vrai petit couple, tu ne trouves pas Ron ? Ca c'est sure, ca fait plaisir de voir Harry penser à autre chose que Tu- Sais-Qui. L'année à Poudlard va être plus longue pour lui, loin de sa chérie. J'espère qu'elle va attendre son retour et pas lui trouver un remplaçant. Je ne pense que Cho ferait une chose pareille après tout ce qu'elle a vécu l'an dernier. Tu sais Ron, il est tout à fait possible d'entretenir une relation amoureuse même en étant très loin l'un de l'autre. Ce que je souhaite à Harry c'est de garder le moral cette année, il va y avoir les examens à la fin de l'année, c'est la dernière et la plus importante de nos années d'étude. Notre avenir dépend de nos résultats. Hermione, je voulais te dire. Je crois que je veux devenir un Auror. Je prends des cours avec Monsieur Grey pour rattraper mon retard. Bravo Ron je suis fière de toi, c'est très bien que tu prennes les études au sérieux. Mais dis-moi, ce ne serait pas toi qui a parlé de Rita Skeeter à monsieur Grey ? Oui c'est vrai une fois pendant que je m'entraînais, il parlait avec Lupin et Patmol de la disparition de Rita. Je leur ai dit que tu l'avais capturé en découvrant son état d'animagus. J'aurais peut être pas du lui dire ? Non, c'est pas grave mais Monsieur Grey est passé l'autre jour chez mes parents pour me demander de rencontrer Rita, ensuite il a insisté pour que je la laisse partir. Je me demandais juste qui avait pu le tenir au courant, cela ne pouvait être que toi ou Harry. Et voilà le thé ! s'exclama Harry en apportant une bouilloire en porcelaine et quatre petites tasses orientales.

Cho arriva peu de temps après avec le début du repas. Durant celui-ci, les sujets de conversation tournaient tous autour de la dernière année d'étude qu'Harry, Ron et Hermione allaient entamer dans peu de temps. Hermione n'arrêtait pas de questionner Cho sur le déroulement des examens, Harry parlait à Ron de la dernière coupe de Quidditch qu'ils allaient disputer à l'école, il fallait qu'il trouve rapidement deux poursuiveurs et deux batteurs pour compléter l'équipe. Pendant le repas Harry se sentit soudain plein d'allégresse, l'ambiance qui régnait dans le petit appartement représentait ce dont il avait toujours rêver, l'amitié de ses amis et l'amour de Cho, tout ça mélangé dans une douce ambiance. Au plus profond de lui Harry espérait que son avenir comporterait souvent ce genre d'ambiance, mais une autre partie de lui criait que Voldemort serait toujours là pour briser un jour son bonheur. La fin du repas arriva plus vite qu'Harry aurait voulu, Hermione et Ron partirent assez tôt le laissant seul avec Cho. Pendant qu'elle nettoyait la vaisselle, il débarrassait la table en repensant qu'il n'allait pas tarder à quitter l'appartement et Cho pour retourner à Poudlard. Depuis le début de sa scolarité à Poudlard, il avait hâte de retourner à l'école des sorciers, il la considérait comme sa maison. Mais pour la première fois Harry n'était pas pressé de repartir là- bas car sa maison n'était plus Poudlard mais l'appartement de Cho, du moins c'est ce qu'il ressentait.

Cette après-midi, je t'ai vu parler à un garçon après la conférence de presse, c'est qui ? demanda Harry à Cho en rapportant à la cuisine un plateau plein de vaisselle. De qui parles-tu, Harry ? Tu parlais avec Altaïr et un autre sorcier, grand, brun, les cheveux long. Tu vois juste après la conférence. Ah tu parles d'Allan... Allan ? Qui est cet Allan ? C'est un collègue du ministère, on se connaît bien il était à Serdaigle dans la même promotion que Pénélope Deauclair. Actuellement il travaille au département des transports magiques mais il suit une formation d'Auror avec Monsieur Grey, d'après ce que j'ai compris il sera son dernier disciple puisque monsieur Grey arrête sa carrière. Tu le connais bien cet Allan, on dirait ? lança Harry avec un léger ton de sarcasme. Dites donc monsieur Potter, j'ai l'impression que vous êtes sujet à la jalousie, répliqua Cho avec un petit ton de moquerie. Non ! Pas du tout ! Oh si, tu l'es Harry. Mais tu n'as aucun soucis à te faire, Allan Darkrice n'est qu'un collègue, rien de plus et puis je t'ai toi. Oui tu m'as moi, mais je vais devoir repartir pour Poudlard, je ne serais plus à tes cotés. Tu as peur que je te quittes, on dirait ? demanda Cho en prenant les derniers couverts pour les mettre dans l'évier. Oui, je l'avoue. Tu es si jolie que tu risques d'attirer les garçons et comme je pars pendant dix mois à Poudlard... Ne t'inquiète pas Harry ! Cho fit un rapide mouvement avec sa baguette et la vaisselle commença a se faire d'elle même. Elle s'approcha d'Harry. Tu es le seul avec qui je me sente bien Harry et puis tu pourras revenir pour les vacances de Noël. Viens ! dit-elle en prenant Harry par la main. Où veux-tu aller ? lui demanda-t-il. Te montrer que tu n'as pas de soucis à te faire mon chéri. Cho le regarda avec les yeux brillants et le tira en direction de la chambre.

La faim tenaillait le ventre du jeune garçon depuis le début de l'après- midi maintenant, c'était tous les jours comme ça. Depuis qu'il résidait dans le grenier des Weasley, Drago devait attendre la nuit pour pouvoir manger un peu. Ginny lui apportait alors en cachette de ses parents et de son frère, quelques restes de repas. Il commençait à s'habituer à ce rythme mais parfois son estomac lui jouait des tours. Souvent il trouvait le temps long, à attendre prostré sous cette cape d'invisibilité que lui avait prêté Ginny pour s'introduire dans la maison de ses parents. Parfois il lisait quelques livres de cours que lui avait amené la jeune fille, des livres qui avaient appartenu à ses frères aînés. Mais rapidement l'esprit du garçon s'égarait et errait parmi les souvenirs de sa mère et à chaque fois c'était le même schéma : il commençait par se rappeler de tendres souvenirs d'elle puis les images de sa fin tragique prenaient le pas. Rapidement il se mettait à haïr son père avec une telle violence qu'il sentait l'irrésistible envie de tout casser autour de lui, malheureusement il ne devait pas faire de bruit.

Tout était sombre dans l'univers de Drago, deux ans avaient suffit à transformer sa vie de plaisir et de garçon gâté en un enfer de frustration et de malheurs. Tout cela depuis que Voldemort était de retour. Parfois Drago reportait la haine qu'il éprouvait envers son père sur le Seigneur des ténèbres car en fin de compte tout venait de lui. Seule Ginny représentait un élément stable et agréable dans cet enfer. Plus le temps passait et plus Drago ressentait de l'affection pour la jeune fille rousse. Si il y avait bien une chose que Drago ne supportait pas, c'était d'avoir tord et il avait eu tord le soir du bal de fin de promo de ne pas croire Ginny à propos de son père. Elle l'avait mis en garde sur le fait que c'était Lucius qu'ils avaient affronté en Chine, ne voulant pas la croire il s'était disputé avec elle et avait même fini par la gifler. Aujourd'hui il regrettait profondément de ne pas l'avoir écouter ainsi que son geste. La venue chaque nuit de Ginny pour lui apporter de l'eau et des restes ainsi que différentes choses étaient le seul moment où les sentiments de haine qu'il nourrissait toute la journée disparaissaient pour laisser place à de la tendresse. Mais aujourd'hui Ginny était en retard et Drago s'énervait en l'attendant dans le grenier. Que pouvait-elle bien faire, il était déjà presque minuit et elle n'était toujours pas là. « Pourquoi diable ne viens-tu pas Ginny, qu'est ce que tu fabriques il est presque déjà minuit. J'ai tellement faim, tu vas pas te dépêcher. Mais non Drago ce n'est pas ce qui t'énerve, c'est plutôt que tu as envi de la voir. Qu'est-ce que je dis maintenant, voilà que je me mets à penser que Ginny me manque, je deviens fou à rester dans ce maudit grenier. Pourtant elle est si gentille avec moi, peut-être que... » Drago s'arrêta de penser et s'allongea dans le vieux matelas qui lui servait de lit.

Arrête Malefoy, tu as autres choses à penser qu'à rêver d'une fille inaccessible. Pense plutôt que tu vas bientôt devoir prendre le train pour Poudlard et que tu vas devoir revoir ton père. Il faut que tu trouves une solution pour ne pas le croiser en partant. Voilà que je me parles à moi- même maintenant, il faut que j'arrête tout ça je vais finir par devenir fou, conclut-il en se frappant le front avec la paume de sa main.

Quelques minutes plus tard, la trappe du grenier se souleva et Ginny en sortit en tenant un gros sac de jute. Drago se retourna sur son matelas et saisit rapidement la cape pour s'entourer avec, au cas où cela aurait été un autre membre de la famille. En voyant qu'il s'agissait de Ginny, il enleva la cape et se détendit un peu.

Enfin...C'est pas trop, j'ai cru que j'allais mourir de faim. Qu'est-ce qui te prends de venir aussi tard ? Désolée Drago mais mon frère est rentré un peu tard d'une soirée chez ses amis, je ne voulais pas venir avant qu'il soit rentré, il aurait pu me surprendre. C'est pas grave, j'espère que tu m'as apporté à manger. Drago fixait avec intérêt le sac que Ginny tenait dans sa main. Oui je t'ai amené un peu de nourriture et aussi la Gazette du Sorcier. Ginny sortit un petit paquet dans lequel il y avait les restes d'un cake au jambon. Merchi ! s'exclama Drago la bouche pleine de cake. Il dévora le maigre repas rapidement puis bu une longue gorgée d'eau. Ginny comment fais-tu pour récupérer de la nourriture sans que tes parents se rendent compte de sa disparition ? Ne trouvent-ils pas cela étrange ? Non, pas de soucis de ce côté. Mes parents ont toujours eu l'habitude d'avoir beaucoup à manger, nous avons toujours été nombreux mais maintenant qu'il n'y a plus que moi et Ron à la maison, maman n'a pas encore perdu l'habitude et elle achète et fait toujours trop à manger. En plus je ne mange pas tout mon repas sous un prétexte de régime, je fais croire à maman que je me relève la nuit parce que j'ai trop faim. Tu vois j'ai tout prévu. Tu es très maligne, je suis impressionné par tant d'ingéniosité. Mais comment ta mère peut croire que tu fais un régime, c'est totalement absurde. Pourquoi serait ce absurde ? demanda Ginny. Parce que tu n'en as pas besoin, tu es très bien comme tu es ! s'exclama Drago. Pardon ? Ginny le regarda. Le visage du jeune homme blond s'empourprait, visiblement très gêné, Drago cherchait ses mots. Je veux dire, que tu n'es pas grosse... Enfin tu comprends tu n'as pas besoin de maigrir ! bafouilla-t-il. Mais ne te rends surtout pas malade pour moi, Ginny, il faut que tu manges correctement. C'est gentil de te soucier de moi mais ne t'inquiète pas, maman me donne toujours trop à manger. Bon je vais aller essayer de dormir un peu, à demain ! Tu ne voudrais pas rester un peu avec moi s'il te plaît, je me sens tellement seul que j'ai l'impression de devenir fou. D'accord, je veux bien rester un moment pour parler avec toi.

Les deux adolescents parlèrent longuement ensemble de l'année d'étude qu'ils allaient entamer. Ginny avoua à Drago qu'elle avait très envi de rentrer dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor, ce qui fit rire le jeune garçon. Drago ne se rendit pas compte du temps qui passait, il était intarissable car depuis plus d'un mois il ne parlait pratiquement plus à personne mais cette nuit il se détendait enfin. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'il se rendit compte que Ginny commençait à s'endormir en l'écoutant.

Ginny, ne t'endors pas ici ! Tu devrais aller dormir maintenant. Hein... Elle venait d'être réveillée par l'intervention de Drago. Non je reste ici puisque tu as besoin de parler, je t'écoute, j'avais juste fermé les yeux un instant, continue. Non, il faut que tu ailles dormir, c'est bon j'ai assez parlé, je te remercie de m'avoir écouté. Pas de quoi Drago ! Ginny se releva en s'étirant puis pris le chemin de la trappe. Elle bailla une dernière fois avant de soulever la trappe. Merci pour tout ce que tu fais pour moi Ginny, j'espère qu'un jour je pourrais te rendre la pareille. Ne t'inquiète pas Drago, j'en suis certaine, lui répondit-elle en se retournant, un large sourire illuminait son visage.

Le réveil fut difficile pour Ginny, elle était resté longtemps avec Drago. Au final elle n'avait dormi que trois heures. Elle se sentait assez mal au petit déjeuner, la discussion entre son père et sa mère ne l'intéressait pas, tout ce qu'elle voulait c'était de finir rapidement son encas et repartir se coucher.

Tu veux vraiment faire ça, Arthur ? demandait Madame Weasley à son époux. Oui j'y tiens et je ne suis pas le seul Molly, nous sommes déjà nombreux. De quoi parlez-vous ? demanda Ron. Ton père veut créer avec certains de ses collègues une association de défense des Moldus. Exactement Ron, je vais fonder une association de défense des droits des moldus, pour pouvoir faire un contre poids au ministère Mordenkainen. Arthur, n'est-ce pas un peu risqué de prendre position pour la défense des moldus dans les conditions actuelles. Vous risquez de vous retrouver avec l'opinion publique contre vous ? Molly, je ne suis pas comme Percy, je ne vais pas faire de la démagogie. De toute façon, c'est sans risque puisqu'il ne s'agit que d'une association de gens qui veulent que les droits des Moldus soient respectés dans notre monde. Nous avons déjà de nombreux soutiens de toutes sortes. Il faut que quelqu'un empêche de faire du zèle ou des amalgames entre les Répurgateurs et les moldus. J'espère que tu sais ce que tu fais Arthur, il ne faudrait pas que tu sois renvoyé de ton travail pour cela. Aucun risque, cette association est tout à fait légale. Ce n'est pas un parti politique mais juste un regroupement de gens qui partagent les mêmes opinions. Plus nous serons nombreux et plus nous pourrons faire entendre nos voix et attirer l'attention de l'opinion publique sur nos revendications. Fais comme tu veux Arthur mais ne prends pas trop de risque quand même, conclut madame Weasley. Ron dépêche-toi, ne retarde pas ton père. Oui maman je me dépêche. J'ai presque fini mon petit déjeuner. Alors Ron comment ça se passe les cours avec Altaïr ? lui demanda son père. Très bien papa, mais en ce moment c'est plutôt Monsieur Lupin qui m'entraîne, Monsieur Grey passe son temps à former le jeune Darkrice et surtout il s'entraîne à utiliser des armes Moldus. Je me demande bien pourquoi il fait cela, un sorcier aussi talentueux que lui n'a pas besoin des armes moldus pour se protéger. Ron, je pense que cela à un rapport avec la mission que lui a confié Dumbledore. Allez dépêche-toi nous devons y aller maintenant sinon tu vas me mettre en retard au ministère. Ginny chérie ? tu as l'air fatiguée en ce moment, tu devrais arrêter ton régime ma puce. Arthur Weasley se leva en prenant sa sacoche, il regardait sa fille le visage inquiet. Ecoute ton père Ginny, il trouve aussi que ton régime est ridicule. Tu vas finir par te rendre malade. De toute façon même si tu as faim la nuit, tu sais bien qu'il y a toujours à manger pour une personne de plus dans le garde manger, enchaîna Madame Weasley. Papa, Maman ne vous inquiétez pas, ce n'est rien j'ai juste très mal dormi cette nuit. Ce n'est pas mon régime qui me rend malade. D'ailleurs maman est-ce que je pourrais remonter me coucher j'ai tellement sommeil ? Ginny regardait sa mère avec stupeur. Sa dernière remarque était-elle innocente ? Je comprends pas pourquoi tu dors mal Ginny, en ce moment la goule ne fait plus de bruit. A croire qu'elle a quitté notre grenier, s'esclaffa Ron en se levant de table. Je me demande si je ne vais pas aller voir ce qui lui arrive. Non Ron c'est inutile d'y aller, c'est moi qui me suis occupée de la goule ! Je ne voulais plus qu'elle te dérange alors que tu prends tes cours de rattrapage avec Monsieur Grey tellement au sérieux. Madame Weasley se tourna vers Ginny et lui adressa un petit clin d'œil complice. Ginny vas vite te recoucher et repose-toi bien.