Ordonnance 21

Déjà deux heures qu'Harry tournait dans son lit sans trouver le sommeil, mais il n'y avait rien à faire trop d'images et de questions hantaient son esprit. La journée qu'il venait de vivre ne cessait de défiler devant ses yeux et l'obscurité amplifiait le phénomène. Malgré le fait d'être chez les Weasley en compagnie de ses meilleurs amis, rien n'arrivait à faire dériver son esprit des scènes du quai et de l'hôpital, sans compter des flashs de souvenir de Seamus qui l'assaillaient. L'habituelle bonne humeur des soupers au terrier avaient laissé place à de longs silences et de petites phrases banales. Monsieur Weasley n'était pas rentré pour le repas, sûrement retardé au ministère à cause des conséquences de l'attentat, en avait conclu Harry.

Quoiqu'il en soit Harry, ne pouvait plus rester dans son lit à chercher le sommeil, il fallait qu'il se change les idées. Il décida alors d'aller faire un tour à l'air frais, il se leva lentement en essayant de faire le moins de bruit possible et saisit son pantalon sur le dossier de la chaise sur lequel il était posé puis l'enfila par dessus son pyjama. Il marcha lentement jusqu'à la porte lorsque la voix de Ron le fit sursauter.

Tu n'arrives pas à dormir toi non plus Harry ? Non, j'y arrive pas alors je voulais sortir prendre l'air. Désolé de t'avoir réveillé. Ne le sois pas, je ne dormais pas non plus. Ça te gène pas si je t'accompagne ? Evidement que non, on pourra discuter de tout ça à l'air libre. Allons-y Ron. D'accord, laisse-moi passer un petit truc un peu chaud, il fait frais ces temps-ci et j'arrive, dit-il en prenant un pull et en mettant rapidement en pantalon flottant.

Les deux garçons se faufilèrent en silence dans le couloir jusqu'à l'escalier, en passant devant la porte de la chambre de Ginny. Ils l'entendirent sangloter malgré les paroles réconfortantes d'Hermione qui partageait sa chambre. Sans un mot les deux garçons ne s'attardèrent pas et descendirent les marches pour arriver a quelques pas de la salle, avec précaution ils frôlèrent les murs en direction de la sortie de la maison. Soudain ils sursautèrent en entendant la grosse voix de Monsieur Weasley qui parlait avec sa femme.

Je t'assure ma chérie, ils ont bien l'intention de faire ça ! Je n'en croyais pas mes oreilles lorsque j'ai entendu le porte-parole du ministère. Quand je pense que nous allons devoir mettre en application cette ordonnance j'en suis malade. Mon chéri, tu ne crains pas qu'avec l'attentat, la majorité des sorciers applaudissent les nouvelles mesures du ministère et voient ton association de façon négative. Après tout les moldus risquent d 'être détestés avec ce qui vient d'arriver. Arthur, je crains vraiment que l'opinion se retourne contre ton association. Je te comprends parfaitement Molly, mais je te l'ai déjà dit, je ne suis pas comme Percy, je ne recherche pas la popularité ou la renommée. Je fais tout ça par conviction. Oui Arthur je sais bien, mais la donne est différente depuis ce matin. Un attentat dans le Poudlard Express... la communauté des sorciers ne peut plus ignorer les Répurgateurs en s'appuyant seulement sur les mesures du Ministère... Je n'arrive pas à t'expliquer ce que je veux dire, essaye de comprendre que je me fais du souci pour toi et nos enfants. J'ai très bien compris ce que tu voulais dire Molly. Tu as peur que ma position à la direction de notre association de défense des Moldus ne m'attirent l'inimitié d'une grande partie des sorciers. Oui c'est tout à fait ça Arthur et nos enfants risquent aussi d'en souffrir. Je ne m'inquiète pas pour les jumeaux, Bill ou Charlie mais pour Ron et Ginny qui sont encore à l'école... Ils vont sûrement avoir des problèmes avec leurs camarades. Je ne voudrais pas que cela perturbent la réussite de leur scolarité. Je sais Molly, mais ils ont de nombreux amis qui les soutiendront et puis je te rassure sur un point. Notre association n'est pas aussi détestée que cela, durant l'après-midi, Amos Diggory m'a prévenu que nous recevions de très nombreux courriers au siège de l'association. Tous les courriers confirmaient le soutien de nombreux sorciers à notre cause qui refusent de faire un amalgame entre les Répurgateurs et la majorité des Moldus. Le fait que des enfants de Moldus aient aussi été victimes de l'attentat a atténué le sentiment anti-moldus que l'attentat a provoqué.

Ron fit un signe de la main à Harry pour lui montrer qu'ils pouvaient se faufiler vers la porte de sortie sans se faire remarquer par ses parents. Harry hésita un instant voulant écouter la conversation des parents Weasley un peu plus longtemps mais sous l'insistance de Ron il se décida à le suivre. Les deux garçons sortirent de la maison dans le froid humide de cette nuit de début septembre. Ils firent quelques pas et s'assirent sur un banc dans le jardin.

Tu as entendu tes parents Ron ? A ton avis c'est quoi cette nouvelle ordonnance du Ministère ? demanda Harry à son camarade. De quoi parles-tu ? Quelle ordonnance ? Tu n'as pas écouté ce que disaient tes parents à l'instant ? Pas vraiment, je faisais plutôt attention à quel moment nous pouvions passer. Pourquoi, de quoi parlaient-ils ?

Harry résuma rapidement la conversation des deux adultes à Ron. Le jeune rouquin écoutait un peu perplexe toutes les explications complexes que lui fournissait Harry.

Harry, je trouve que mon père est vraiment en train de faire une erreur monumentale. Dans la situation actuelle surtout après ce qui vient d'arriver ce matin, il vaut mieux ne pas trop prendre la défense des moldus, tu ne penses pas ? Ron, je ne te comprends pas. Tu as toujours trouvé les Malefoy détestable à cause de leur haine des moldus, alors pourquoi trouves-tu idiot ce que fait ton père ? Explique-moi Ron, j'ai du mal a te suivre C'est simple, même si je sais très bien que les moldus ne sont pas tous comme les Répurgateurs, je pense qu'il faut tout de même prendre des précautions. Mon père va au devant d'ennuis en agissant ainsi, moi je préfère que le Ministère s'occupe de tout ça. En plus les moldus n'ont pas besoin que l'on défende leur droit, ils ne sont pas bafoués que je sache ! Mais franchement Ron, tu ne trouves pas que... Arrête Harry, franchement j'ai pas envi de parler de ça ce soir avec toi ! Nous devions nous changer les idées et toi tu enfonces un peu plus le clou. Oublions un peu tout ça s'il te plaît ! Ron semblait sur le point d'exploser. Oui tu as raison, je n'insiste pas Ron mais alors de quoi parler ? De Quidditch, qu'en penses-tu ?

Harry acquiesça et ils commencèrent une longue discussion sur la nouvelle saison de Quidditch qui les attendaient pour leur dernière année à Poudlard. Rapidement Harry se laissa emporter dans la discussion notamment sur les problèmes de remplacement qu'il allait devoir affronter, tant et si bien qu'ils ne s'aperçurent pas de l'arrivée de l'aube. C'est le départ de Monsieur Weasley qui leur fit prendre véritablement conscience de l'heure avancée de la matinée.

Les garçons ! ! ! Mais que faites-vous là ? Il est très tôt, s'étonna Arthur Weasley en les voyant. Oh papa, nous n'arrivions pas à dormir Harry et moi, alors nous sommes venus discuter un peu au frais. Je comprends. C'est bien normal après ce que vous venez de subir. Et toi papa, tu es bien matinal ce matin, que se passe-t-il ? Un problème au bureau ? C'est un peu ça les garçons, en fait je veux passer au siège de l'association avant d'aller au Ministère. Amos et moi nous avons beaucoup de chose à régler. Oh mais je suis déjà très en retard, il faut que j'y aille ! Bon les garçons si j'étais vous, je profiterais que Molly dorme encore pour retourner dans votre chambre, si elle vous voit dans cette tenue dans le jardin à une heure si matinale, elle va vous passer un savon, dit-il en riant faiblement avant de transplaner. Ron je crois que ton père n'a vraiment pas tord, rentrons vite avant que ta mère nous attrape ! rajouta Harry en se levant du banc sur lequel ils s'étaient installés. Puis ils remontèrent dans leur chambre pour se rallonger et finir par tomber dans un profond sommeil.

Deux jours passèrent, la vie au terrier était moins animée qu'habituellement mais restait très agréable pour Harry. C'est le matin de ce deuxième jour que les enfants Weasley, Hermione et Harry reçurent une nouvelle convocation pour la rentrée à Poudlard, mais contrairement aux fois précédentes la lettre ne venait pas de l'école mais du Ministère.

« Cher élève de Poudlard, suite à la tragédie du Poudlard Express et dans un souci de continuité des enseignements scolaires, la rentrée aura lieu dans 3 jours. Le ministère a pris de nombreuses mesures pour assurer une
sécurité optimum lors de cet événement. C'est pour ces raisons et pour l'application de l'ordonnance 21 du ministère que la rentrée se fera dans un vieil hangar de la banlieue est de Londres dont vous trouverez l'adresse
ci-jointe. Pour les enfants de moldus, il est nécessaire que vous veniez accompagner
de vos parents, sans quoi vous ne pourrez pas être admis à Poudlard. »

Les quatre élèves discutèrent longuement de cette étrange convocation mais aucun n'avait vraiment une idée très précise de ce qui allait se passer vraiment. Hermione très curieuse d'en savoir un peu plus sur toute cette histoire et sur la fameuse ordonnance 21 fit quasiment passer un véritable interrogatoire à Monsieur Weasley qui restait muet comme une tombe, esquivant toute réponse précise. Rapidement les trois jours passèrent dans une certaine tension due à l'inquiétude de cette étrange rentrée après l'attentat du Poudlard Express. Ils partirent tous les quatre en compagnie de Molly et prirent les transport en commun moldu pour se rendre à ce hangar.

Plus ils approchaient du fameux hangar et plus la présence des Sorciers de Sécurité était visible, cette fois le Ministère avait mis les bouchées doubles. Harry se rendait bien compte que les mesures de sécurité n'avait rien de comparable avec la petite escouade de sorciers qui accompagnait Lucius Malefoy le jour de l'attentat à la gare. Le petit groupe arriva rapidement dans la cour d'une usine désaffectée, il y avait là une grande quantité d'enfants et d'adolescents pour la plupart accompagnés de leurs parents. Tout ce petit monde s'entassait dans l'attente de quelque chose. Harry et ses amis s'approchèrent des autres et posèrent leurs affaires un moment afin de reprendre leur souffle. Les parents d'Hermione étaient déjà là, ils attendaient leur fille. Après des retrouvailles avec cette dernière, ils commencèrent rapidement à discuter avec Madame Weasley.

Harry tu as vu un peu le nombre de Sorcier de Sécurité qu'il y a ? C'est incroyable ! s'extasia Ron en regardant tout autour de lui. Oui en effet, je pensais pas qu'il y avait autant de sorciers parmi leur rang, poursuivit Harry. Pas de quoi s'étonner Potter ! Après l'attentat du Poudlard Express, de nombreuses personnes ont soudain eu une vocation pour les forces sécuritaires du Ministère ! La voix hautaine de Drago venait de faire retourner les quatre amis. On t'a rien demandé Malefoy ! Vas voir ailleurs ! cria Ron. T'inquiète Weasley, je vais pas traîner avec vous ! Je voulais juste parler à l'un de vous, mais je le ferais plus tard. Drago se retourna et s'éloigna en direction d'un groupe d'élèves de Serpentard. Hermione ? Tu as une idée à qui Drago voulait parler ? chuchota Ron à l'oreille de son amie. Non aucune idée, mentit-elle. Harry qu'est-ce que tu regardes ? Les Chang ! Ils sont venus accompagner leur fils Chin mais Cho n'est pas là, j'aurai aimé la voir avant de partir pour l'école, dit-il d'une voix monotone.

C'est à ce moment qu'une forte voix s'éleva au dessus du brouhaha, Harry la reconnut rapidement, il s'agissait de celle de Lucius Malefoy. Le grand commissaire de sécurité se tenait devant la grande porte du hangar que deux Sorciers de Sécurité ouvraient lentement..

Sorciers, Sorcières, par ici s'il vous plaît ! Vous allez devoir entrer dans le hangar pour que vos enfants se rendent à Poudlard. Nous allons vérifier leurs bagages mais aussi nous allons faire appliquer l'ordonnance 21. Dans ce but, vous allez trouver dans le hangar deux couloirs qui vous orienteront vers le secteur qui vous concernent. Les enfants de sorcier doivent emprunter le couloir de droite, les enfants de moldus doivent emprunter celui de gauche. Maintenant vous pouvez entrer dans le hangar.

Hermione se sépara de ses amis et rejoignis ses parents pour se rendre comme tout le monde dans le hangar. Harry, Ron, Ginny et Madame Weasley empruntèrent le couloir de droite dés l'entrée du hangar. Rapidement ils se retrouvèrent devant de nombreux sorciers du Ministère qui se mirent à fouiller leurs bagages. La fouille fut assez rapide, il parut évident aux personnels du Ministère qu'il n'y avait aucune menace dans les valises. Tout était parfaitement en règle, les sorciers du Ministère accompagnèrent ensuite Harry et les deux enfants Weasley jusqu'à un gros poteau en bois. Ils leur expliquèrent qu'il s'agissait d'un portoloin spécialement installé pour se rendre à l'école. Les trois jeunes gens s'empressèrent de toucher le poteau de bois et se retrouvèrent en un instant dans le parc de l'école où les attendaient le personnel de l'école.

Pendant ce temps, Hermione et ses parents suivaient le couloir de gauche avec un petit nombre d'enfants et de parents moldus. Le couloir donnait sur un grand hall et à l'intérieur de celui-ci se trouvaient de nombreuses tentes. Le couloir était prolongé par des barrières et sa largeur diminuait de telle sorte qu'à son extrémité on ne pouvait pas tenir à plusieurs de front. Après un peu d'attente, les Granger arrivèrent enfin à l'extrémité du couloir fait de barrières où les attendaient un sorcier du Ministère. Il leur demanda leur nom sans même lever ses yeux du registre qu'il avait sous les yeux. Ensuite il leur indiqua une tente dans laquelle ils devaient se rendre. Un peu inquiet du déroulement de la situation, Hermione et ses parents se rendirent rapidement dans la tente en question. En entrant ils se retrouvèrent dans une grande pièce, devant eux un sorcier de sécurité était assis derrière un imposant bureau en bois.

Installez-vous messieurs dames ! dit-il en leur montrant les trois sièges face à lui, il reprit dés que ce fut fait. Bien, je vais devoir vous expliquez l'ordonnance 21 qui a été décrété par le Ministère suite au dernier événement. Il se racla la gorge. Voilà, vu que vous êtes des moldus et que votre fille poursuit ses études à l'école de sorcellerie de Poudlard, vous êtes sujet à l'application de cette ordonnance. D'accord mais qu'est-ce que cette ordonnance stipule ? demanda Monsieur Granger. Du calme, du calme, j'y viens ! Bon alors voilà ce qu'il en est. Deux solutions s'offrent à vous, soit vous acceptez les conditions que le ministère exige des parents moldus pour que votre fille poursuive ses études à Poudlard, soit vous les refusez et dans ce cas, vous repartirez avec elle mais en ayant subit un sortilège d'oubliette vous faisant oublier tout souvenir de notre monde. Comment ! Mais qu'est-ce que c'est que ce chantage ? hurla Monsieur Granger en se levant de son siège. Calmez-vous ! Tout ceci n'est que dans un but de sécurité pour notre monde et donc aussi pour votre fille ! Vous ne voulez sûrement pas qu'une tragédie comme celle que nous venons de vivre se reproduisent. Je vous rappelle que votre fille aussi était visée par cette attentat, alors maintenant vous vous taisez et vous vous rasseyez. Le Sorcier de Sécurité s'était lui aussi lever et regardait monsieur Granger avec dureté. Excusez mon époux monsieur, mais il est un peu à cran comme nous tous, intervint madame Granger pour tenter de calmer les esprits. Merci Madame, je comprends très bien, mais comprenez que nous aussi nous devons protéger notre monde. Bien sûr nous comprenons très bien, expliquez-nous de quoi il s'agit, demanda doucement madame Granger. Alors voilà, si vous voulez que votre fille puisse continuer ses études à Poudlard, il faut que vous quittiez le monde des moldus et ce pour la durée de l'enquête sur les Répurgateurs. Mais c'est impossible, je tiens un cabinet de dentiste qui va s'en occuper pendant toute cette période ? demanda le père d'Hermione. Ne vous inquiétez pas, tout est prévu monsieur. Nous avons des créatures dans notre monde qui peuvent prendre exactement votre apparence, ce sont des Dopplegangers. Ils prendront votre place et grâce à un artefact nous leur copieront vos souvenirs pour qu'ils puissent vous remplacer sans éveiller les soupçons de votre entourage. Pendant ce temps vous séjournerez dans un endroit secret où le Ministère pourvoira à tous vos besoins. C'est bien jolie tout ça, mais pourquoi de telles mesures ? Dans quel but ? explosa Hermione le visage rouge de rage. C'est simple jeune fille. D'abord en faisant cela, le ministère peut contrôler une partie des sources d'information des Répurgateurs. Ensuite en remplaçant, ces sources par des Dopplegangers à notre solde, nous pourrons sûrement établir des contacts avec les Répurgateurs et ainsi remonter jusqu'à eux. Bon alors acceptez-vous ou pas ? Papa, Maman n'acceptez pas c'est trop stupide. Hermione nous n'avons pas le choix, il faut que nous acceptions, tu entres dans ta dernière année, ce serait idiot d'arrêter maintenant, non seulement parce que tu es très douée mais aussi parce que tous tes amis sont là-bas. Tu fais parti de ce monde maintenant. Tu ne pourrais plus revenir dans un cursus scolaire normal maintenant, tu as trop de retard, dit la mère d'Hermione en regardant tendrement sa fille, puis en ce tournant vers le sorcier de sécurité, elle déclara : Nous acceptons !