Triste rentrée

Harry et Ron attendaient dans le grand parc de l'école en compagnie de tous les élèves de leur maison, du moins ceux qui étaient de parents sorciers comme le fit justement remarquer Ron. Harry scruta rapidement les rangs des élèves déjà présents et eut la confirmation de la remarque de Ron. Aucun enfant de moldu n'était arrivé dans le parc via le Portoloin. Déjà cinq groupes se formaient autour des directeurs de chaque maison, les nouveaux élèves se regroupaient autour d'Hagrid. Soudain Harry se rendit compte que certains groupes étaient plus clairsemés que d'habitude, les nouveaux élèves étaient beaucoup moins nombreux que d'habitude mais surtout le groupe des Serpentards semblaient nettement plus dense que ceux des autres maisons.

Hé Ron, tu as vu comme le groupe des Serpentard est plus important que les autres. Pas étonnant Harry, les enfants de Moldu ne sont pas encore arrivé et tu sais bien qu'ils sont très peu nombreux chez les Serpentard, répondit Ron en regardant à son tour le groupe d'élèves se trouvant derrière le professeur Rogue. A ce propos je me demande si tout se passe bien pour Hermione et ses parents, s'inquiéta Ginny. Mais oui, ne te fait pas de soucis, il ne doit s'agir que de simples formalités administratives et d'une fouille plus importante de leurs bagages, lui répondit son grand frère. Espérons que ce ne soit que ça, Ron, soupira Harry.

Après une longue attente, les derniers élèves arrivèrent. Parmi eux se trouvait Hermione qui traînait une grosse mâle, le visage grave. Elle s'approcha du groupe des Gryffondor mais passa devant ses amis sans leur dire un mot et se dirigea directement vers le professeur McGonagall et se mit à lui parler. Ron resta bouche bée devant l'attitude de sa camarade.

Non ! Mais qu'est-ce qui lui prend de nous snober de la sorte ? Elle doit encore prendre son rôle de préfète trop au sérieux. Parfois elle m'énerve au plus haut point. Ron, je ne crois pas qu'il s'agisse de ça ! Tu as vu son visage, j'ai rarement vu Hermione aussi pâle et avec une expression aussi figée. Il a du se passer quelque chose de grave, répliqua Harry qui regardait son amie anxieusement.

Lorsque tous les élèves furent enfin arrivés, tous furent dirigés vers l'entrée de l'école et après avoir posé leurs affaires dans le grand hall d'entrée, ils se rendirent directement dans la grande salle du banquet. Les premières années attendaient à l'extérieur de l'école le temps que les anciens s'installent à table. Lorsqu'Harry rentra dans la grande salle, il remarqua immédiatement la présence d'un de ses camarades à la table des Gryffondor. En effet Neuville Londubat attendait visiblement à la table depuis un petit moment, les mains posés sur la table de chaque côté de son assiette, il tenait sa tête un peu en arrière comme s'il regardait dans le vide au dessus des tables. Rapidement tous les Gryffondor s'approchèrent de la table pour s'installer rapidement. En passant à côté de Neuville, Harry le salua :

Salut Neuville, tu vas bien ? Oh, c'est toi Harry ! Oui ça va merci ! lui répondit son camarade en tournant la tête de droite a gauche. Dis-donc Londubat, tu n'as pas remarqué que tu étais assis à ma place ! intervint Lavande Brown qui venait d'arriver à côté de lui. Euh... Excuse-moi, j'avais pas vu, bafouilla-t-il en sortant sa baguette. Il essaya de se lever mais renversa le verre qui se trouvait à côté de lui, manquant de peu de tâcher la robe de Lavande. Mais fait donc un peu attention Londubat ! Tu as failli tâcher ma toute dernière robe, lui cria Lavande. Lavande, tu pourrais être un peu plus sympa avec Neuville, il a pas fait exprès de renverser son verre. Pas la peine de lui crier dessus comme ça ! intervint Harry. De quoi je me mêle ! Si Londubat est aussi maladroit, il n'a qu'à faire un peu attention ! Et puis franchement quelle idée de porter des lunettes de soleil ici ! Je préfère les portés Lavande ! répondit Neuville en se levant maladroitement. Il se tourna et prononça un mot étrange, sa baguette se mit à s'allonger pour se transformer en longue canne fine. Malheureusement en s'allongeant, sa baguette passa à quelques centimètres du visage de Lavande. Londubat, mais ça va pas ! Tu as failli m'éborgner ! hurla Lavande. Tu es pas aveugle alors fait attention à ce que tu fais. Si Lavande, je le suis ! prononça Neuville doucement le visage triste. Si quoi ? Tu es quoi, Londubat ? Tu es maladroit ça c'est sûr ! continua-t- elle Non Lavande, je suis aveugle ! déclara Neuville d'une voix un peu plus forte qui déclencha un silence à la table des Gryffondor. Qu'est-ce que... Le visage de Lavande était soudain devenue livide, elle n'arrivait plus à parler et regardait Neuville avec le visage horrifié. Je...Je suis désolée Neuville, reprit-elle d'un ton larmoyant, je ne savais pas. C'est pas grave Lavande, dit-il d'une voix douce. Tu ne pouvais pas savoir, c'est récent. J'ai reçu des éclats de vitre dans les yeux lors de l'explosion du Poudlard Express. Lentement Neuville tenta de se quitter sa place. Non, ça va Neuville, reste donc à cette place ! Ce n'est pas important, je me mettrais à côté. Lavande prit le bras de Neuville et l'aida à se rasseoir à la place en question.

Harry regarda la scène en silence, il n'arrivait pas à croire que son camarade était désormais aveugle. De toute évidence, il n'avait pas imaginé que l'attentat du Poudlard Express avait fait tant de victime. Il avait été confronté le jour même de la catastrophe à la réalité de la disparition de Seamus, mais c'était la première fois qu'il se trouvait en face d'un blessé. Harry s'assit aux côtés de Ron et en face d'Hermione dans un silence quasi religieux, attendant que l'un d'eux engagent une conversation. Ce fut l'arrivée des nouveaux qui rompit ce lourd silence, ils entrèrent précédés par le professeur Mc Gonagall. Harry aperçut dans les rangs le jeune frère de Cho. La répartition se déroula comme chaque année, Harry n'y prêtait pas trop attention, trop profondément plongé dans ses réflexions sur les victimes de l'attentat et sur la chance qu'il avait eu ce jour là.

Harry, c'est pas le frère de Cho qui est en train de passer sous le Choixpeau ? La voix de Ron le ramena à la réalité. Hein ? Harry regarda et vit que le jeune frère de sa petite amie se tenait sous le Choixpeau. Oui c'est bien lui, Ron. A ton avis, il va aller à Serdaigle, comme sa sœur ? J'en doute, il est beaucoup plus turbulent qu'elle. Je ne pense pas qu'il ait le profil d'un Serd.. La voix d'Harry fut coupée par la déclaration tonitruante du Choixpeau : « Gryffondor ». Qu'est-ce que je disais, conclut Harry en regardant Ron avec un grand sourire. Harry, Harry ! C'est super je suis dans la même maison que toi ! s'écriait Chin en sautillant frénétiquement à côté d'Harry. Oui, c'est bon je suis pas sourd Chin ! Cesse de me hurler comme ça dans les oreilles et va rejoindre ta place parmi les nouveaux. Dis Harry, c'est toi mon préfet ? Non Chin ! Ton préfet c'est Hermione ! répliqua rapidement Harry en se tournant vers elle. Hermione ? Tu es avec nous ?

La jeune fille regardait fixement son assiette en se tenant le visage entre ses mains. Malgré l'arrivée de nombreux élèves dans les rangs de Gryffondor elle restait stoïque. Harry s'apprêtait à lui demander ce qui se passait lorsque Dumbledore se leva pour prendre la parole.

Chers élèves, je suis à la fois ravi de vous accueillirent pour cette nouvelle année mais aussi très triste et affecté par la tragédie qui vous a touchés il y a quelques jours. Je pleure avec vous les victimes injustes de cette violence aveugle. Nous avons tous été profondément blessés dans notre chair et dans nos âmes mais il faut continuer à aller de l'avant, la vie doit continuer et poursuivre son cours. Cependant lorsque l'on a été blessé, il faut toujours de l'aide pour se relever et repartir, c'est dans ce but que notre ministère nous a envoyé un psychiatre spécialisé dans les problèmes post-traumatiques. Je vous demande donc d'accueillir comme il se doit Monsieur Rimhell.

Dumbledore montra d'un signe du bras, un homme qui se tenait à sa droite. L'homme resta assis, les coudes posés sur la table et les mains jointes au niveau du visage. La tête posée sur ses mains, il scrutait la salle derrière de petites lunettes rondes.

Monsieur Rimhell, vous ne souhaitez pas vous présenter aux élèves ? insista Dumbledore.

L'homme se redressa de son siège, il était grande et maigre, le visage émacié. Ses cheveux noirs était tiré vers l'arrière, il portait un petit bouc fin qui lui donnait un air très calculateur. Il lustra un instant son bouc avec le bout de ses doigts en continuant à scruter la salle.

Jeunes gens, durant toute cette année je vais être votre psychiatre. Je vous recevrais tous une fois durant les deux premières semaines afin de mettre au point avec chacun d'entre vous la durée et la fréquence des séances que nous aurons à passer ensemble au cours de l'année à venir. Je sais ce que nombreux d'entre vous pensent : voir un psychiatre c'est quant on est fou et moi je suis pas fou. Mais c'est totalement faux, aller voir un psychiatre n'est pas réservé aux malades mentaux. Vous avez tous subit un terrible traumatisme qui vous a tous marqué, à diffèrent degré c'est évident. C'est pour cela que je dois vous aider.

Monsieur Rimhell se rassit sans dire un mot de plus et ce dans le plus grand silence. Les élèves se regardaient entre eux, perplexe pour la plupart. Dumbledore toussota en ne sachant pas trop comment réagir devant la déclaration de Monsieur Rimhell, puis il reprit la parole.

Merci Monsieur Rimhell, maintenant je tiens à vous présenter votre nouveau professeur de Défenses contre les forces du mal. Je vous présente Monsieur Boggles.

L'homme assis à la gauche de Dumbledore se leva et salua rapidement les élèves d'un signe de la main, de taille moyenne légèrement bedonnant et le visage bouffi, il rappelait l'oncle Vernon à Harry. Aussitôt l'assistance saluée, il se rassit sans rien dire. Dumbledore le regarda avec des yeux écarquillés par la surprise, surprise largement partagé par les élèves qui attendaient un petit discours d'arrivée.

Euh et bien maintenant que les présentations sont faites, je vous souhaite un excellent appétit, que le banquet commence. Dumbledore claqua dans ses mains et les mets apparurent dans les assiettes des élèves.

Dès que le repas commença les langues se délièrent et un brouhaha de discussion s'éleva dans la salle du banquet. Doucement l'ambiance habituelle de Poudlard revenait, Harry s'en sentit soulagé, il regarda un instant Neuville pour voir comment il se débrouillait avec son handicap. Neuville avait un peu de mal à trouver l'emplacement des aliments dans son assiette mais Lavande l'aidait en lui dirigeant les mains, Harry pensa qu'elle devait se sentir fautive après ce qu'elle lui avait dit et qu'elle tentait de se racheter en l'aidant de la sorte. Puis Harry se mit alors à manger et vit qu'Hermione était toujours prostrée la tête entre les mains face à lui.

Hermione ? Qu'est-ce qui ne va pas ? tu n'as pas dit un mot depuis tout à l'heure ?

Mais la jeune préfète de Gryffondor ne releva pas la tête pour autant et ne lui répondit pas. L'attitude de sa camarade affola vraiment Harry, qui insista en lui saisissant le poignet. Hermione sursauta au contact de la main d'Harry.

Hermione mais enfin qu'est-ce qui se passe, on dirait que tu es complètement ailleurs depuis que nous nous sommes séparés dans le hangar. Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ?

Hermione regarda Harry pendant un petit moment sans rien dire, le regard perdu dans le vague, puis elle se mit à raconter toute l'histoire avec une telle véhémence qu'Harry n'arrivait pas à tout suivre. Il semblait que les paroles d'Hermione s'écoulaient avec autant de puissance que le flot d'une rivière qui venait de briser un barrage. Ron écoutait tout en continuant à manger une cuisse de poulet. Hermione termina son récit au moment où elle toucha le portoloin.

Voilà Harry, voilà toute l'histoire ! Maintenant tu comprends pourquoi je ne sais plus où j'en suis ? Mais bien sûr Hermione, c'est un terrible choc pour toi. Te retrouver ainsi partager entre sauver tes parents de la détention et poursuivre tes études ! Je compatis Hermione pour la première fois depuis que je suis avec vous à Poudlard j'ai l'impression d'être le moins touché par les drames qui se jouent. Détention, il ne faut tout de même pas exagérer Harry. Les parents d'Hermione ont juste été mis à l'écart le temps que l'affaire des Répurgateurs soit résolue. Pas de quoi en faire un fromage, en plus ça va être un peu comme des vacances pour eux, il y aura des Dopplegangers pour travailler à leur place pendant qu'ils se reposeront aux frais du Ministère. Tu vois Hermione, pas de quoi s'inquiéter.

Harry qui regardait Hermione, vit alors le visage de son amie exprimer un violent dégoût en regardant dans la direction de Ron. Pour Harry, cette situation lui paraissait plus explosive que jamais entre Ron et Hermione, mais il ne savait pas comment gérer le problème.

Ron, tu es donc aussi naïf que ça ! Tu ne vois pas que le Ministère est en train de mettre les parents des enfants de moldus à l'écart. Tu crois vraiment que cela va changer quelque chose aux actions des Répurgateurs ? C'est de la ségrégation que fait le ministère, en plus il double cela d'un chantage ignoble pour forcer les parents à s'exiler, s'écria Hermione. Oh ça va, pas la peine de t'énerver ! Qu'est-ce que tu reproches au Ministère ! Il faut bien qu'il prenne des mesures pour contrecarrer les Répurgateurs ! Il est évident que les gens comme tes parents sont sûrement les plus aptes à leur fournir des informations. Je ne dis pas qu'ils le font consciemment, mais c'est très intelligent ce que fait le Ministère. Ainsi il va pouvoir contrôler totalement les fréquentations des moldus qui ont connaissance de notre monde. Mais tu ne vois pas que plus les événements s'enchaînent et plus les idées de Tu-Sais-Qui deviennent populaire. Maintenant on enferme mes parents simplement parce qu'ils sont moldus. Hermione avait retrouvé un peu de son calme et sa voix devenait plus douce. Mais Hermione arrête de dire que tes parents ont été enfermés, ils ont juste été mis à l'écart par le Ministère pour éviter tout problème de contact avec les Répurgateurs. Si tu tiens vraiment à dire que tes parents sont détenus, c'est pour leur bien, c'est de la détention préventive. Ah voilà je l'attendais celle-là ! La détention préventive, mais c'est pas vrai, vous vous êtes donnés le mot ! Le Sorcier de Sécurité, Mc Gonagall et maintenant toi, vous me donnez le même terme. Et bien au moins, tu vois que je ne suis pas le seul à penser que c'est une bonne idée de notre Ministère, s'esclaffa Ron. Détention préventive, ça commence comme ça et puis après ça finit... Hermione parut nauséeuse et ne termina pas sa phrase. Vas-y, explique-toi un peu Hermione au lieu de faire la cultivée, s'énerva Ron. Ça finit comment ? Dans l'histoire des moldus, il existe une situation similaire où des gens furent enfermés en détention préventive simplement à cause de leur provenance ethnique et cela s'est terminé en massacre. L'histoire des moldus n'est pas la notre, je ne vois pas pourquoi nous ferions les mêmes erreurs que les moldus. Si tu ne me crois pas, je te conseille de te plonger dans un livre d'histoire moldus et de chercher le terme Shoah ! Tu comprendras peut-être un peu mieux pourquoi je suis aussi inquiète. Mais enfin calmez-vous ! Tout le monde vous regarde. Harry tenta de temporiser. Ron essaye un peu de comprendre l'inquiétude d'Hermione. Ses parents ont accepté de tout quitter pour elle, maintenant elle craint le pire. Mais Harry, tu prends sa défense maintenant ! Pourquoi t'inquiètes-tu pour les parents Hermione ? Ce ne sont pas des sorciers, ils n'ont rien à craindre des Répurgateurs. Je sais bien Ron, mais ce n'est pas d'eux que j'ai peur mais des mesures du Ministère. Elles sont de plus en plus anti-moldus, tu ne le vois pas ? Après avoir refusé les enfants de moldus en première année, maintenant il veut que les parents d'enfants déjà scolarisés soient mis en détention préventive. Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois ? Harry sentait que son amie était au bord des larmes. Très bien Hermione, tu as raison comme toujours. Mais alors toi qui est si intelligente, dis-moi ce que doivent faire les gens du ministère pour arrêter la vague de violence des Répurgateurs, demanda calmement Ron en croisant les bras. Mais j'en sais rien, mais s'en prendre aux moldus n'est pas la solution. C'est risquer de faire un amalgame entre les Répurgateurs et les moldus. Ce serait la pire des choses. Hermione semblait souffler devant le calme de Ron. Si tu n'as pas d'idée plus intelligente que ça à proposer au Ministère, tu n'as qu'à demander son avis à ... Ron semblait chercher une personne à la table des Gryffondor. Harry et Hermione le regardèrent surpris, lorsque Ron reprit sa phrase. Oui, Hermione demande donc son avis à Seamus, lança-t- il avec hargne. RON ! NON ! intervint Harry.

Hermione, regarda Ron un instant sans réagir, les yeux écarquillés, elle semblait voir en Ron le troll le plus monstrueux que la terre ait porté. Ses lèvres commençaient à tressauter sous l'effet de la colère contenue.

Hermione, calme-toi, tenta d'intervenir Harry. Ron ne pensait pas ce qu'il disait.

Ron toujours les bras croisés regardait Hermione avec un rictus de fierté sur le visage. C'en était trop pour Hermione, qui saisit son verre plein de jus de citrouille et le projeta sur le visage de Ron puis elle quitta la salle principale sans se retourner.