Vacances éclairs

Une pluie fine et glaciale tombait en oblique lorsque les élèves qui partaient de l'école pour les vacances de Noël s'installèrent dans les calèches en direction de la gare. Malgré la destruction du train, Dumbledore avait tout fait afin de ne pas déroger aux traditions de l'école, il prétendait qu'ainsi le monde des sorciers gardait la tête haute devant les menaces des Répurgateurs. A la place du train, le ministère avait fait installer un portoloin qui donnait directement sur le quai 9 ¾. Avant de prendre place dans les calèches, Harry et Ron étaient allés dire au revoir à Hermione qui étudiait dans la grande salle. Elle donna à chacun d'eux un gros paquet qui était celer magiquement jusqu'au jour de Noël puis leur confirma une dernière fois préférer rester à l'école pour les vacances et leur fit une grosse bise à chacun en leur souhaitant de bonnes vacances. Les deux amis se rendirent dans le hall de l'école pour prendre place dans le convoi avec Ginny. Cette dernière les attendaient déjà prête à partir.

Harry, regarde un peu là-bas, murmura Ron à l'oreille de son ami en lui donnant un coup de coude. Qu'est-ce qu'il y a Ron, pourquoi tu me montres Malefoy ? C'est pas vraiment un spectacle intéressant en soit, lui répondit Harry. Mais si regarde bien, il n'a pas fait ses valises, il doit rester à l'école pour Noël cette année, ça fait la deuxième année d'affilée. Ca doit être dur pour le fils à papa de ne pas rentrer et de rester là. Tu sais Ron, on peut pas dire que tu sois vraiment sensible aux problèmes des autres ! Ce ne doit pas être facile pour Drago de devoir rester loin de sa famille alors qu'il vient à peine de perdre sa mère. Ginny venait de couper la parole de son frère comme elle le faisait que très rarement. Allons Ginny, les malheurs d'un type comme Malefoy ne m'importe pas vraiment. Je dois dire que je trouve même cela amusant de voir comme la roue tourne pour lui. Ca lui apprendra peut-être un peu l'humilité. Qu'est- ce que tu en penses Harry. Ron se tournait vers son ami car sa sœur l'ignorait subitement. Même si je déteste Malefoy je dois reconnaître que je ne souhaite pas le voir dans une telle situation. Il n'est jamais facile de se sentir seul aux moments des fêtes lorsque l'on vient de perdre un membre de sa famille. C'est un sort que je ne souhaiterai pas même à mon pire adversaire, je suis bien placé pour savoir ce que l'on ressent dans de tels moments. Mais enfin Harry...

Ron fut coupé par le bruit de la grande porte de l'école qui venait de s'ouvrir, Hagrid demanda de sa grosse voix à tous les élèves de monter dans les calèches. le départ fut assez chaotique, les élèves se ruèrent dans tous les sens pour monter le plus vite possible sans se faire tremper de la tête au pied par cette pluie glaciale. Le voyage parut s'éterniser pour Harry, qui ne cessait d'imaginer nombre de scènes en compagnie de Cho. Il se remémorait les délicieux moments passés pendant le dernier été, parfois la voix de Ron le sortait de ses rêveries mais cela ne durait qu'un court instant. Les souvenirs des douces nuits passés dans la tendresse des bras de sa jeune amie le hantait et le rendait tellement impatient qu'il était presque heureux que le voyage en train soit remplacé par un simple Portoloin. Lorsque la calèche arriva enfin à la gare de Pré-au-lard, Harry ne put s'empêcher de s'exclamer « Pas trop tôt ». Ron regarda Harry avec des yeux exorbités pendant que Ginny pouffait de rire le visage un peu rouge. Ensuite Harry descendit en toute hâte de la calèche pour être dans les premiers dans la file d'attente pour le portoloin. Il en oublia même la présence de Ron et de Ginny qui furent bien plus lent et se retrouvèrent loin dans la file. Pendant qu'Harry s'agaçait de la durée de l'attente, une voix l'interpella :

Regardez un peu les gars, Potter piaffe d'impatience à l'idée de retourner dans les bras de sa petite amie, on dirait ! Quoi ? Harry se retourna surpris par la déclaration qu'il venait d'entendre. Il s'attendait à apercevoir Malefoy mais il se retrouva nez à nez avec Edouard Mordenkainen qui affichait un sourire narquois en le regardant. Impatient, n'est-ce pas Potter ! Je me demande si une aussi jolie fille a pu attendre un binoclard de ton style bien sagement, lança Edouard en éclatant de rire accompagné par tout le petit groupe de Serpentard qui l'entourait. C'est sûr que toi, tu ne risques pas ce problème avec ta copine ! répliqua Harry en voyant Pansy Parkinson qui s'agrippait au bras d'Edouard comme un strangulot au cou de sa victime. L'intérêt de ta petite amie ne faiblira pas tant que ton père sera ministre.

Dès qu'il eut fini sa phrase, le visage de Pansy se déforma de colère. Elle allait sûrement lui craché une longue tirade d'insultes mais Edouard Mordenkainen fit un mouvement de sa main et elle réfréna son envie d'insulter Harry. Le fils du ministre fixa Harry droit dans les yeux, ils restèrent un moment à se regarder ainsi. Puis Mordenkainen sourit étrangement et conclut par un « joyeux Noël » dit d'une étrange façon. Harry voulut lui répondre mais un employé de la gare lui demanda d'avancer car c'était à son tour de toucher le Portoloin, ce qu'il fit avec joie et empressement oubliant complètement les sarcasme du Serpentard. En un rien de temps Harry fut transporté sur le quai 9 ¾ de la gare londonienne, Harry ne fit pas très attention à l'apparence du quai mais ce dernier était des plus sinistres. Il était peu éclairé, quelques feux-follets illuminaient des plaques commémoratives sur lesquels on lisait les noms des victimes, la présence de nombreux Sorciers de Sécurité au garde à vous dans leur uniforme sombre renforçaient l'ambiance macabre de ce lieu. Mais Harry n'en avait que faire, il se précipita hors du quai en attrapant sa malle au passage et sortit de la gare rapidement pour prendre le métro.

Au bout d'un petit quart d'heure, il arriva dans le quartier de Londres où Cho habitait. Le cœur plein d'allégresse il marchait à toute vitesse en direction de l'immeuble. Il prit le vieil ascenseur et arriva sur le palier de la porte puis sans attendre, il sonna à la porte. Celle-ci tardait à s'ouvrir, impatient il se mit à crier.

Cho, c'est moi ! C'est Harry, dépêche-toi de m'ouvrir s'il te plaît.

Mais la porte ne voulait pas s'ouvrir, Harry sonna à nouveau. Soudain la porte s'entrouvrit dans l'interstice du loquet. Une petite voix déraillante en sortit.

Qui êtes vous jeune homme ?

Harry ouvrit grand ses yeux pour tenter de mieux voir la personne qui venait d'ouvrir la porte devant lui. Une petite femme âgée, qui n'avait rien de commun avec la belle jeune fille qu'il espérait revoir, se tenait fermement à la poignée de la porte en regardant Harry l'air surpris.

Et bien jeune homme, qui êtes-vous ? réitéra la vieille femme. Excusez-moi madame mais n'y a-t-il pas quelqu'un d'autre ici ? bafouilla Harry en se dressant sur ses pieds pour voir un peu plus loin dans l'appartement.

Il aperçut des meubles d'ancienne facture qui n'avait rien de comparable avec le mobilier typiquement asiatique que Cho avait choisi. Harry n'arrivait pas très bien à comprendre ce qui pouvait bien se passer. Il tenta de rassembler ses idées et commença à questionner la vieille dame.

Excusez-moi Madame mais j'ai une amie qui est sensée habiter dans votre appartement. Je ne comprend pas comment il se fait que vous viviez ici. Est- ce que vous vivez depuis longtemps ici ? Je suis désolée pour vous jeune homme mais j'ai emménagé ici depuis le mois d'Octobre. Je n'ai jamais vu la dernière personne qui louait l'appartement avant moi. Vous me voyez navrer de vous décevoir mais je ne peux rien pour vous. Ce n'est pas grave... Excusez-moi pour le dérangement Madame, au-revoir. Harry prit sa grosse malle et repartit dans l'ascenseur.

Il entra dans la cabine du vieil ascenseur et marqua un long temps d'arrêt devant le panneau de contrôle. Il réfléchissait en tentant de trouver une explication logique à tout ça mais rien ne lui semblait cohérent. Cho ne lui écrivait plus et en plus elle n'habitait plus dans son petit appartement... mais que diable lui était-il arrivée ? Harry se retrouva rapidement à marcher dans les rues de Londres, ne sachant plus quoi faire ni où aller. Comment Cho avait-elle pu le laisser tomber ainsi sans le prévenir ? Ca il n'arrivait pas à le comprendre. Il marcha ainsi une bonne heure en pensant à cette situation saugrenue. Ce ne fut que lorsque la pluie s'insinua dans ses chaussures et ses vêtements qu'il se rendit compte que la nuit commençait à tomber et prit conscience qu'il ne savait plus où dormir.

Après une rapide réflexion, il décida de se rendre chez les Weasley, il était sûr d'être bien accueilli là-bas, en plus il pourrait parler de cette situation à Ron. Il prit le métro pour se rendre le plus rapidement possible au Chaudron-Baveur. Il entra dans la taverne, l'ambiance était animé et des guirlandes s'agitaient au dessus des têtes des convives. Harry demanda au tenancier s'il pouvait utiliser sa cheminée pour se rendre chez des amis, la réponse fut positive. Un serveur le mena dans une petite salle annexe où se trouvait une cheminée éteinte et lui expliqua que c'était la seule cheminée de l'établissement qui était relié au réseau. Sans attendre Harry entra dans la cheminée avec sa grosse malle et prit un peu de poudre de Cheminette et s'écria « Le terrier » . Comme d'habitude tout se mit à tournoyer autour de lui et soudain il se retrouva dans l'âtre de la cheminée de la cuisine de Madame Weasley, heureusement que celui-ci était éteint se dit-il en arrivant au terrier.

Il aperçut rapidement le dos de Madame Weasley qui faisait la cuisine, il crut percevoir des sanglots étouffés. Comprenant qu'elle était sûrement en train de pleurer, Harry sortit à pas feutrer de la cuisine pour se retrouver dans le couloir, il prit silencieusement la direction de l'escalier pour monter dans la chambre de Ron. Il s'avançait sur la pointe des pieds lorsqu'un éclat de voix le fit sursauter.

Ron, je te déconseille vivement de faire ça ! La voix d'Arthur Weasley était dure et forte. Papa, je me fiche d'avoir ton consentement ou pas, je le ferais et puis c'est tout ! Si je veux devenir un Sorcier de Sécurité, j'ai mes raisons, répliqua Ron en essayant d'avoir une voix aussi forte que son père. Ecoute, je sais que tu n'es pas fait pour ce genre de chose. Tu ne vois pour le moment que le sommet de l'iceberg du travail des Sorciers de Sécurité, mais moi je connais la vérité sur leurs agissements. Oh bien sûr, tu vas encore me dire que ce sont des anciens Mangemorts ou de la graine de Mangemort. Moi, je n'y crois pas, il faut des sorciers efficaces pour protéger notre monde et je veux en faire partie. Je comprends très bien que tu veuilles protéger notre monde Ron, mais je te le répète ce n'est pas avec les Sorciers de Sécurité que tu y arriveras. Je te connais bien Ron et je sais que tu ne pourras pas faire ce métier. Si je pourrais le faire et je te le prouverais ! Tu verras Papa, cette fois je suis sûr de moi. Tu crois cela Ron, tu crois vraiment que tu vas pouvoir devenir un bourreau, un tueur et un manipulateur d'esprit ? Arthur Weasley haussait le ton d'un cran. N'importe quoi ! Pourquoi les Sorciers de Sécurité feraient des choses pareilles alors qu'ils ne sont là que pour protéger notre monde, s'étonna Ron. Réfléchis un peu mon fils, tu crois que le Vox-Magi à voter l'autorisation des trois sortilèges impardonnable pour rien ? Bien sûr que non, il est évident que les Sorciers de Sécurité vont en faire usage ! Ron tu imagines lancer un doloris ou un Avada Kedavra sur quelqu'un ?

Ron marqua un temps de pause avant de répondre. Harry qui espionnait la scène dans l'embrasure de la porte, frémissait en imaginant la réponse qu'allait donner Ron.

Exact Papa, si je dois le faire pour défendre notre monde et bien je lancerais ces sortilèges sur les Répurgateurs ! Après tout, eux n'ont pas hésité à tuer des collégiens innocents, alors pourquoi pas leur rendre la monnaie de leur pièce. Ron parlait avec une voix pleine de détermination. Ron, je t'interdis de faire cela. Tu ne lanceras pas de sortilèges impardonnables, moi vivant je t'en empêcherai. Tu ne dois pas te mettre au même niveau que nos ennemis que ce soit les Répurgateurs ou les Mangemorts. Utiliser les mêmes armes que tes ennemis, c'est accepter leurs méthodes et donc tu seras aussi méprisables qu'eux. De toute façon, je m'en doutais ! Tu as toujours préféré défendre les moldus. Mais maintenant qu'ils sont des terroristes, tu continues à les défendre avec ton association... Ron sache que mon association ne fait que grandir en popularité surtout des gens qui se plaignent d'exaction des Sorciers de Sécurité. Chaque jour nous recevons plusieurs lettres de plaintes et de mécontentements à ce sujet ! Je me moque de ton association ridicule ! Tu défends ceux qui nous attaquent, j'ai honte d'être ton fils, je préfère retourner à Poudlard que de t'entendre prendre partie pour les Répurgateurs. Tu me dégouttes ! Ron tourna le dos et commença à sortir de la salle à manger du terrier. C'est ça Ron, va-t-en, je ne te retiens pas ! Tu n'es qu'un crétin... Faire l'amalgame entre les moldus et les Répurgateurs c'est stupide. Mais écoute bien ce que je vais te dire ! Si tu continues dans cette voie, tu perdras tous tes amis et tu finiras Mangemort.

Ron sortit en trombe de la pièce et percuta Harry qui se tenait en retrait dans le couloir.

Harry ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'es pas avec Cho ? Non Ron, elle a déménagé et je n'ai aucune idée d'où elle peut être, alors je me suis dit que vous pourriez me loger pendant les vacances. Désolé Harry mais je ne reste pas une minute de plus ici, je ne supporte plus mes parents ! Je retourne à Poudlard donc si tu veux rester avec mes parents et Ginny, tu peux aller leur demander moi je prend mes affaires et je m'en vais de suite. En partant maintenant, je serais de retour pour Noël et tenir compagnie à Hermione. Tu décides quoi Harry, tu restes ou tu m'accompagnes ? Je t'accompagnes Ron ! répondit Harry sans hésitation. De toute façon, j'aurais plus la tête à réviser à l'école qu'ici et franchement je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre, j'ai plus vraiment envie de m'amuser. Bien ! Merci de ton soutien Harry. Suis-moi.

Ron et Harry montèrent précipitamment dans la chambre de Ron, ce dernier récupéra sa malle et demanda à Harry d'utiliser sa cape d'invisibilité pour se rendre dans la cheminée sans que ses parents ne l'arrêtent. Malgré le sentiment de faute qu'éprouvait Harry, il aida Ron en partageant la cape pour se rendre jusqu'à la cheminée de la cuisine. En passant devant le salon, Harry remarqua que Monsieur Weasley réconfortait sa femme en pleures dans ses bras. Ron n'eut pas un regard pour ses parents et déclara qu'il fallait en profiter pour se rendre à la cheminée. Ils entrèrent tous les deux dans le foyer de la cheminée et Ron pris un peu de poudre de Cheminette qu'il lança sans hésitation en disant « Pré-au-lard ».

Ils arrivèrent dans la grande cheminée éteinte de la mairie de Préaulard, un petit elfe de maison les accueillit en leur lançant un sortilège pour les épousseter de toute la suie qu'ils avaient sur leurs vêtements. Sans trop traîner, les deux garçons commencèrent à se diriger vers la sortie de la ville, la pluie glacée du matin s'était muée en épaisse neige. Ron et Harry passèrent devant la devanture des Trois Balais d'où provenait des rires et des chants. Ron proposa à Harry d'y passer pour prendre une biereaubeurre, mais Harry lui fit remarquer que le chemin pour Poudlard était long et que la neige tombait à gros flocons. En continuant leur chemin, ils passèrent devant un couple d'amoureux enlacés et emmitouflés dans leur manteau.

Hé Harry regarde, c'est une uniforme de l'école que porte la fille, si on leur faisait tomber cette grosse plaque de neige qui pend du toit sur la tête, ce serait marrant non ? La voix de Ron était redevenu espiègle, elle n'avait plus rien à voir avec celle qu'il avait eu en parlant à son père. Non Ron, laisse les tranquilles s'il te plaît. J'aurai bien aimé vivre la même chose avec Cho ce soir et je n'aurais vraiment pas aimé que l'on rompe la magie de cette instant par une blague douteuse. Harry ne cachait pas la mélancolie dans sa voix et Ron le comprit. D'accord, tu as raison. Laissons donc ces deux tourtereaux roucoulés et dépêchons nous de rentrer à l'école avant de ressembler à des bonhommes de neige.

Ils passèrent à l'écart du couple en rentrant leur tête dans leur manteau pour se protéger de la neige. En passant Harry entendit quelques bribes de la conversation du couple...

Soit prudent et ne fait pas de folie pour moi, s'il te plaît ! Si tu y arrives ce sera le plus beau cadeau de Noël que l'on puisse me faire. Mais si tu as trop de difficulté à le faire, je comprendrais. Je ne prendrais pas de risques, ne te fais pas de soucis ! Mais je tiens à le faire pour toi, je n'aime pas te voir souffrir ainsi. Ce sera mon cadeau de Noël et je n'échouerais pas, répondit la voix masculine. Ta présence est déjà un tel réconfort ! Serre-moi dans tes bras, s'il te plaît ! La voix féminine n'était pas inconnue à Harry mais il n'arriva pas à la reconnaître.

Ron et Harry continuèrent leur chemin dans la neige en direction de l'école. Pour Harry se fut le plus étrange début de vacances qu'il ait vécu depuis son entrée à Poudlard. En moins d'une journée, il était partit de l'école en espérant retrouver Cho et il était revenu le soir même en compagnie de Ron qui s'était fâché avec ses parents. Harry se disait à lui- même « Cette année est vraiment complètement folle, je me demande ce qui nous attend maintenant. »