Bonjour à toutes et à toutes et bienvenus sur le premier chapitre de cette fic qui clôturera les aventures du Crystall !

Pour les nouveaux lecteurs, je vous invite à lire en premier les tomes 1 et 2 parce que l'histoire est remplie d'OC et a suffisamment dérivé du canon (qui devait initialement être respecté, je l'avoue) pour que vous ne vous en sortiez plus. Cependant si vous préférez rattraper l'histoire au vol, libre à vous !

Pour les « anciens » merci de continuer à me suivre sur cette fiction et j'espère qu'elle vous plaira autant que les deux précédentes :)

Au départ il devait y avoir une interruption de quelques années dans le journal de Crystall, mais finalement j'ai décidé que ça ne collait pas. Il n'y a donc pas d'interruption temporelle entre la fin du tome précédent et celui-ci. Malgré ça, Crystall vieillit et vous allez voir qu'elle va commencer à moins écrire. Mais ce n'est pas pour tout de suite, j'en reparlerais le moment venu.

L'image qui illustre la fic est une image de Crystall. Pour ceux qui se sont demandés durant deux tomes à quoi elle pouvait bien ressembler, voilà :) Il faut juste l'imaginer avec une grosse cicatrice sur la joue droite et jusqu'au milieu du nez.

Pour le moment, je vous souhaite une bonne lecture et comme d'habitude n'hésitez pas à reviewer pour me dire si vous avez aimé... ou si vous n'avez pas aimé (et pourquoi aussi, c'est toujours mieux avec une explication =))

Bonne lecture !


Changements

Samedi 2 Janvier 1982 : maison

L'année a commencé avec l'habituelle livraison d'encre à la boutique. Les tatouages n'attendent pas et Dante et Arlem ne semblent jamais prendre de vacances.

- Alors comme ça tu as déménagé ? m'a demandé Dante.

Je me suis figée. Je n'ai informé personne de ce déménagement mis à part les Levis. D'où pouvait –il savoir ça ?

- Tu m'espionnes ? ai – je demandé avec le regard le plus soupçonneux que j'avais en stock.

- Pas du tout ! a t –il souri. Ton adresse a changé sur le contrat que tu as signé avec nous. Et on vérifie toujours avant de t'envoyer le hibou de commande.

J'ai poussé un soupir de soulagement. La plupart des contrats magiques sont dotés de cette propriété. C'est plus facile pour retrouver les deux parties, surtout quand l'un d'eux a essayé de fuir pour y échapper. Je préfère ça. Ça serait quand même effrayant de se faire surveiller par un cracmol aussi bizarre que lui.

- Oui, j'ai déménagé. Je possède une île et j'ai assez vu le reste du monde pour la prochaine décennie.

Je ne plaisantais pas quand je disais à Sirius qu'une fois Voldy et ses Mangemorts disparus je me retirerais. Je ne vais pas aller jusqu'à vivre en autarcie et en ermite, mais ça va y ressembler quand même. Et c'est douloureux de penser à Sirius putain.

- A quoi ressemble ton île ?

- Tu n'as qu'à venir la voir si l'envie te prend, ai – je répondu sur le ton de la plaisanterie. Mais ce n'est pas assuré que tu en ressortes vivant par contre.

- Ne me tente pas !

Ça apporte un peu de… je dirais que passer les voir apporte un peu de vie dans ma vie. C'est bizarre. Mais à la maison j'ai beau avoir Mary qui gigote, crie et me demande toute mon attention, et deux chats qui passent leur temps à se chamailler, j'ai l'impression d'être morte quelque part. Quand je regarde Mary, je suis heureuse, mais mais je suis bien plus triste encore.

Ça m'a déjà pris plusieurs fois maintenant. Parfois, je m'assoie devant le feu et je reste là, sans bouger, sans penser à rien pendant des heures avant de revenir à la réalité et de constater qu'on est au milieu de la nuit. Je m'effraye moi-même quand je suis comme ça. Il faut que je me reprenne en main, mais j'ai l'impression que je n'y arriverais jamais. Ce n'est pourtant pas la première fois...

Lundi 4 Janvier 1982 : maison

La Gazette a annoncé le nom de notre nouveau ministre de la magie ce matin. J'avais complètement oublié le fait que Harold Michum avait plus ou moins été éjecté de sa place juste avant que Voldemort ne disparaisse.

La nouvelle Ministre, car il s'agit d'une femme, est Millicent Bagnol et elle travaillait au département de la coopération magique internationale avant. Elle a l'air plutôt sympathique au premier abord. Reste à voir ce qu'elle va faire de notre chère Angleterre post-Voldemort.

Dimanche 10 Janvier 1982 : maison

Il y a des choses qu'on ne devrait jamais dire. Comme quand j'ai parlé avec Dante au début de mois et que j'ai dit qu'il pourrait toujours me rendre visite si un jour ça le prenait. Apparemment ça l'a rapidement pris. Et il a fallu qu'il choisisse de passer un soir de pleine lune. Et qu'il n'en fasse qu'à sa tête quand mes Elfes de Maison que j'avais laissé au Phare avec Mary pour la nuit lui ont dit de repasser une autre fois.

Il m'a cherchée malgré les consignes de mes Elfes. Et trouvée. Le loup l'a trouvé à son goût. A vrai dire il aurait trouvé n'importe qui à son goût pour satisfaire ses envies. Il ne pouvait pas se contenter de courir et manger, hein ?

Ce qui fait que quand je me suis réveillée ce matin, nue bien entendue, je n'étais pas seule. Mais j'étais certainement horrifiée. J'ai l'impression d'avoir trahi Sirius. Et de m'être trahie moi-même. J'ai engueulé le loup dans ma tête, mais il dormait comme un bienheureux rassasié dans tous les sens du terme et comblé d'avoir pu satisfaire tous ses besoins primaires. Je l'ai détesté. Vraiment.

Je me suis rhabillée, j'ai jeté sur Dante ses vêtements (il est vraiment tatoué partout à peu de chose près) et j'ai entrepris d'attendre qu'il se réveille. Même si ça aurait été bien fait que je le plante là, à poil au milieu de l'île. Mais on avait besoin d'une bonne explication tous les deux et surtout qu'il ne remette plus jamais les pieds ici les nuits de pleine lune. Plus jamais tout court en fait. Ce serait encore mieux.

Il s'est réveillé une demi-heure après moi. Un air bienheureux sur le visage. Ce qui a achevé de m'exaspérer.

- Salut, a t –il grogné en s'étirant sans pudeur.

Je l'ai fusillé du regard avant d'attaquer :

- Qu'est ce que tu foutais ici à me chercher alors que les Elfes ont dit que tu devais partir ?

- Oh là, tu t'es réveillée du mauvais pied on dirait. Pourtant c'est pas faute d'avoir passé une bonne nuit…

- Ta gueule. C'était… Putain ! Ça n'aurait jamais dû arriver.

- Adresse toi à la chose dans ta tête, a t -il dit. Moi, j'ai pas eu mon mot à dire dans l'histoire.

- Tu vas prétendre que je t'ai violé ?

- Non, mais arrivé à un certain point un homme ne peut que céder quand une femme lui saute dessus dans l'optique visible de coucher avec lui. Et tu semblais extrêmement décidée.

- Putain je vais tuer le loup, ai – je gémis en prenant ma tête dans mes mains.

- Tu es quoi au juste ? a t –il demandé.

- Humaine. Je me suis juste retrouvée avec un problème de lycanthropie mineur. J'ai un loup qui prend un malin plaisir à faire des choses que je ne veux pas une fois par mois. Mais je ne me transforme pas.

- Hé ! T'es presque aussi bizarre que moi en fait, a t – il souri mettant en avant sa dent cassée.

Moi, je ne trouvais pas ça drôle du tout. Je me suis levée et je l'ai pointé du doigt :

- Tu vas te rhabiller et virer ton cul de mon île. N'y remets plus jamais les pieds.

- C'est comme ça que tu traites quelqu'un qui t'as rendu service ? J'ai même pas le droit à une douche ?

- Tu ne passeras pas ma porte espèce de… de dévergondé ! Comment tu as pu te laisser faire ?

- De dévergondé ? a t –il rigolé en se redressant mais en ayant au moins la délicatesse de retenir ses vêtements sur ses hanches. Oh allez ! Tu peux fait mieux que ça.

- Tu m'énerves ! lui ai – je crié en me détournant pour m'en aller.

Ce qui l'a à nouveau fait éclater de rire. Bon sang, j'arrive pas à croire que j'ai couché avec Dante. Je trouve ça tellement gênant. Je travaille pour lui merde ! C'est un ami. Comment ça va se passer maintenant ? Sans compter que je viens de tromper Sirius… Volontairement ou pas ça ne change rien.

C'est le moment d'oublier ça. De ne plus y penser. Prétendre que ça n'est jamais arrivé. Je crois que ça vaut mieux et s'il remet l'histoire sur le tapis je lui en ferais passer l'envie. Voyons le côté positif des choses : le loup n'a pas essayé d'entrer dans la maison d'après les elfes. Je me rappelle vaguement qu'il avait conscience que plusieurs personnes s'y trouvaient mais il n'a rien tenté. Je pense qu'il a compris qu'il n'a pas le droit de s'approcher des gens dans le Phare.

Bon sang, je suis mortifiée. Je pourrais plus regarder Dante en face maintenant. Maudit soit le loup !

Mardi 19 Janvier 1982 : maison

Je suis en train de me renseigner à propos des sorts de localisation. Je n'y connais pas grand chose et je vais en avoir besoin pour traquer Peter. Je serais incapable de le reconnaître sous sa forme de rat et je serais même incapable de deviner l'endroit où il pourrait se trouver en ce moment. J'espère qu'il croupit dans un égout quelconque.

Les sorts de localisations sont plus complexes que je le pensais. J'en connaissais les basiques qui sont sommes toute d'une simplicité déconcertante en comparaison. J'aurais bien besoin que quelqu'un m'éclaire un peu. Les seuls que je connaissais et qui auraient sans doute pu ce sont les Maraudeurs. Après tout leur carte magique de Poudlard devaient être bardée de sorts de ce genre.

Mais le premier est mort, le second est en prison, le troisième ne veut toujours pas me parler et je veux tuer le quatrième. Et merde, qu'est ce que cette phrase peut faire mal quand je l'écris.

Vendredi 5 Février 1982 : maison

Oh merlin. Merde. Je suis enceinte. Je viens de faire le test. Je suis enceinte. De Dante. Malgré la potion contraceptive que j'ai pris après. J'avais oublié un léger détail. La magie, les potions, ne marchent pas sur Dante. Sur aucune partie de Dante. Je suis au bord de l'apoplexie là. Et encore, je me suis calmée.

Je suis bien restée figée une heure dans mon labo à regarder la potion troublée qui m'indiquait sans détour que je suis enceinte. Doux Merlin. Qu'est ce que je vais faire ? Je suis dans un état de panique la plus totale.

Samedi 6 Février 1982 : maison

J'ai été incapable de dormir cette nuit. Mon cerveau tournait à plein régime. J'ai fini par prendre une décision. J'avais pris une décision, serait plus juste. J'ai préparé une potion pour avorter. Tout était prêt et rien ne m'empêchait de la prendre. Rien sauf moi et ma conscience qui a soudainement eu envie de se manifester. J'ai été incapable de la boire.

J'avais la boule au ventre et comme l'impression que mon corps était paralysé. Comme si j'étais écrasée par une chape de plomb. J'ai commencé à paniquer sans comprendre vraiment. C'est vrai, ce que je faisais n'était pas "bien" mais c'était le mieux. Je ne pouvais pas assumer un enfant en plus. Un enfant d'un type que je n'aime pas.

Et pourtant j'ai jeté mon verre au loin et j'ai regardé la potion s'étaler sur le sol au milieu des débris. J'ai dû m'asseoir et il a fallu un moment avant que je ne me calme. Un moment pour que je comprenne pourquoi j'avais réagit comme ça.

Je ne veux plus tuer. Je ne veux pas tuer le bébé bordel. J'ai vu et fait suffisamment de morts. J'ai fait pire et pourtant là je n'ai pas pu. Je n'ai pas pu.

Mardi 9 Février 1982 : maison

J'ai débarqué à la boutique de tatouage aujourd'hui. J'ai passé la porte en rugissant pour donner le ton :

- Dante !

Encore heureux qu'il n'y ai eu aucun client. Quand je l'ai vu j'ai été sur lui en deux pas et je l'ai secoué comme un prunier.

- Tu n'es qu'un foutu emmerdeur ! lui ai – je crié. Comment tu as pu me faire ça ?

- Qu'est ce que j'ai encore fait ?

- Tu m'as mise enceinte espèce d'abruti congénital ! Tu ne pouvais pas me rappeler que la contraception sorcière ne marchait pas avec toi !?

- Comment j'aurais pu le savoir ? Je ne couche pas avec les sorcières d'ordinaire… Attends ! Tu as dit ENCEINTE ?

J'ai confirmé d'un mouvement de la tête. Et là, il a fait quelque chose de très mature et censé qui m'a immédiatement rassurée. Il est tombé dans les pommes. Comme ça d'un coup. J'espère qu'il s'est fait mal. Arlem a posé une de ses grosses mains sur mon épaule pendant que j'étais encore ébahie de la réaction.

- Je suis désolé, a t –il dit.

- Merci.

- Que comptes – tu faire ?

C'était bien là la question. Je me suis torturée les méninges à ce propos depuis que je suis au courant. Et j'en reviens toujours à la même conclusion. Je ne veux pas avorter. Quand je pense que pas plus tard que l'an dernier j'ai parlé à Lily d'avorter comme si c'était la décision la plus évidente et la plus facile à prendre ! Maintenant que c'est mon tour, je n'arrive pas à prendre cette décision. Pourtant, j'en ai tué des gens ! Et ce serait la chose la plus rationnelle.

J'ai beau savoir que je ne suis pas faite pour être mère je ne peux pas tuer un gamin qui n'a rien demandé à personne. Ça n'est pas de sa faute s'il est là, pourquoi serait –ce à lui d'en payer le prix ? C'est à moi d'assumer mes erreurs.

- Je vais le garder, ai – je finalement dit à Arlem. Et il me semblait plus juste que Dante soit au courant.

J'ai patienté que le concerné se réveille et il s'est redressé dans un sursaut pour me chercher du regard. Il a semblé embarrassé.

- Désolé, a t –il dit. Je… Je suis un peu pris au dépourvu là.

- Bienvenu au club, ai – je grogné.

- Si tu es venue me le dire, c'est que tu as décidé de le garder, a t –il déduit. Sinon tu t'en serais débarrassée et tu ne m'aurais jamais mis au courant.

J'ai hoché la tête. Il avait tout à fait raison. Si j'avais pu régler le problème seule sans que qui que ce soit ne le sache, je l'aurais fait. Mais je ne pouvais pas.

- Et maintenant ? m'a t –il demandé.

- Maintenant rien, je voulais que tu le saches. C'est tout.

- Pas question, m'a t –il fermement répondu.

- Pardon ?

- Crystall… J'ai été abandonné quand j'étais bébé. Et que j'ai été élevé dans une famille qui m'a toujours aimé et accepté ne change rien à ça. Il est absolument hors que question que mon futur enfant…

- Mon enfant, ai –je corrigé.

- Notre enfant, a t –il repris en insistant sur le "notre", grandisse sans connaître son père. Je ne ferais pas comme mes parents biologiques. Je ne l'abandonnerais pas, pas même pour toi.

- Alors quoi ? ai – je demandé.

- Alors, est ce qu'il te reste une soirée de libre cette semaine ?

- Pourquoi ?

- Parce qu'il faut bien que je te présente à mes parents avant de t'épouser.

Le terme "épouser" m'a fait hyper-ventiler. J'étais incapable d'envisager des fiançailles avec Sirius après trois ans de vie commune, comment pourrais – je accepter le mariage avec Dante, qui a beau être un ami à mes yeux, n'en reste pas moins un étranger ? Arlem m'a installée sur une chaise en me disant de respirer calmement avant que je n'imite Dante et finisse par m'évanouir.

- Je ne crois pas que… ai – je commencé quand j'ai réussi à placer deux pensées cohérentes.

- Tu veux que ce soit un bâtard ? a t –il interrogé en pointant mon ventre.

Ce salopard sait que ce que les Sang-Purs, et par extension moi, pensent des enfants hors mariage. Je ne suis pas aussi puriste que les autres, mais avoir un enfant dans ces conditions me paraît mal. Mais c'est quand même hors de question. Je n'ai pas envie de m'enfermer dans un mariage avec un type que je connais à peine. C'est comme ça qu'on se pourrit la vie et j'estime avoir le droit à une vie à peu près agréable, merde !

- Non, ai – je grogné pour lui répondre honnêtement.

- Tu vois une autre solution ?

- Bon sang Dante, j'ai 22 ans ! Je suis trop jeune pour me marier ! Et je ne veux pas !

- J'en ai 25 et je peux t'assurer que ce n'était pas non plus dans mes plans, a t –il répondu. Mais j'ai des principes et il est hors de question que je les bafoue comme ça. Surtout pour quelque chose d'aussi important.

Je ne l'avais jamais vu aussi sérieux. Au final, je vais écraser mes principes. Ma vision est peut –être archaïque, mais pour moi un enfant ça s'élève à deux et au sein d'un mariage. Et ça se conçoit aussi au sein d'un mariage au départ… Ça ne se passera pas comme ça et ça me désole. Mais j'arrive encore moins à concevoir l'idée de me marier.

- Je refuse, ai – je dit. Je ne me marierais pas avec toi.

- Et moi je refuse que mon enfant grandisse sans me connaître et sans que je sois là pour l'éduquer ! a t –il répliqué. Et aussi qu'on puisse le qualifier de bâtard ! Combien de fois m'a t –on dit que j'ai dû être adopté parce que j'en suis un ?! Il est hors de question que cela se reproduise !

- Et toi tu ne sais pas ce que ça fait de grandir au sein d'une famille dont les deux parents se détestent ! ai – je contré en serrant les poings. Moi, si ! Et je préfère que mon enfant grandisse sans un de ses parents plutôt que dans un environnement pareil ! J'ai déjà une fille à ma charge et elle n'a pas besoin de ça !

Ça aurait continué à s'envenimer si Arlem n'était pas arrivé pour nous faire profiter de son calme et de son expérience. Il a tendu une de ses énormes mains (c'est fou de se dire qu'il peut faire un travail aussi minutieux que ses tatouages avec des battoirs pareilles) entre nous et a dit :

- Vous êtes en train de vous disputer sans raison. Crystall ne veut pas se marier et tu n'as pas le droit de la forcer.

- Mais…

- En revanche, elle n'a pas non plus le droit de t'empêcher de voir votre enfant. Vous pourriez commencer par vivre ensemble quelques mois pendant la grossesse. Tu vas avoir besoin d'aide Crystall, quoi que tu en penses. Si ça ne marche pas vous pourrez toujours vous partager la garde de l'enfant. Mais si vous constatez que tout se passe bien, vous pourrez reparler mariage et vous épouser avant la naissance ainsi il ne sera pas un bâtard. Ça vous laissera le temps de mieux vous connaître. On ne prend jamais de bonne décision dans la précipitation.

Je n'aurais jamais pensé qu'Arlem puisse donner de si bons conseils. Je ne veux pas me marier, mais je peux faire l'effort de vivre avec lui quelques temps pour voir ce que ça donne. Un genre de collocation bizarre. Et même si la solution de repli ne me plaît pas (comment peut –on correctement élever un enfant à deux en étant séparé ?) elle peut –être mise en pratique.

- C'est raisonnable, ai – je finalement dit.

- Ça me va.

- Tu te rends compte, ai – je dit pour m'assurer qu'il comprenait dans quoi il s'engageait et tenter de le décourager, que j'ai très mauvais caractère ?

- Ouais, a t –il répondu avec un petit sourire. Et tu te rends compte que ma famille est extrêmement chiante ?

- Pourquoi je devrais m'en soucier ? me suis – je étonnée.

- Parce que je ne vais pas leur cacher la raison de ce soudain changement de situation et qu'ils ne me laisseront pas partir avant de t'avoir rencontrée.

- Tu te moques de moi ? Tu as 25 ans : prend tes affaires et part.

- Sur le coup, je suis plutôt de leur côté en fait.

- Merlin me préserve, ai – je soufflé.

- Allez. Une fois que tu auras passé cette épreuve, tu auras fait le plus pénible. Je ne suis pas quelqu'un de très difficile à vivre, m'a t –il assuré.

- Et où allez vous vivre ? est intervenu Arlem qui semblait décidé à nous chaperonner jusqu'au bout.

- Il est absolument hors de question que je quitte l'endroit où je vis, ai – je déclaré. Pas alors que je m'échine depuis des semaines à le rendre habitable.

- Ça tombe bien, je me disais justement qu'il serait temps que je parte de chez mes parents, a souri Dante. Mais comme dit, je ne pourrais pas partir tant qu'ils ne t'auront pas vue.

J'ai soupiré. Tout s'enchaînait trop vite. J'étais venue dans l'optique de le lui apprendre avant de partir, ne plus jamais le revoir et élever seule Mary et le bébé. Et là, on allait vraisemblablement vivre ensemble pour quelques semaines au moins. Est-ce que je serais prête à réellement l'installer chez moi si tout se passe bien ? Est-ce que c'est ce qu'il faut faire pour l'enfant ? Et Mary dans cette histoire ? Comment je peux concilier ce qu'il y a de mieux pour eux deux ?

- Le plus tôt sera le mieux, a t –il fait remarquer devant mon silence.

- Demain soir ? ai – je capitulé.

Il a hoché la tête et on s'est donnés rendez-vous devant la boutique de tatouage pour qu'il me ramène avec lui en sortant du travail. J'ai… J'ai du mal à réaliser. Il faut que j'aménage une nouvelle chambre. Ce n'était pas du tout prévu. Et je n'arrive pas à croire qu'on a réussi à s'arranger comme ça.

Mercredi 10 Février 1982 : maison

Je suis nerveuse en fait. Qu'est ce que je suis censée porter pour rencontrer ses parents ? Est-ce qu'il vaut mieux que j'emmène Mary ou que je la laisse à la maison ? J'ai un peu l'impression de l'abandonner régulièrement ces derniers temps. Mais ce serait sans doute mieux que j'y aille sans elle. Ce sera déjà assez compliqué comme ça…

J'ai beau avoir refuser le mariage, j'ai quand même l'impression qu'il va me présenter comme si on étaient fiancés.

*Maison*

Je ne suis pas rentrée seule. Dante est là. J'ai l'impression d'être envahie. Heureusement qu'il n'a fait aucune remarque quand je lui ai montré sa chambre avant de disparaître dans la mienne.

Tout à l'heure je suis arrivée pour la fermeture à La Magie de l'Encre. Au final, j'ai opté pour une robe de sorcière tout ce qu'il y a de plus simple. Je ne voyais aucune raison de ne pas m'habiller normalement. Je pensais, avec raison, que peu importait la façon dont je m'habillerais sa famille n'allait pas aimer que j'embarque leur petit dernier, même si je n'en avais pas la moindre envie.

- Salut ! a t –il lancé.

Il a semblé hésiter. Comment était –on censés se saluer ? En se serrant la main ? En se faisant la bise ? Finalement je me suis contentée d'un signe de la tête. C'est bien ça. Neutre, explicite et sans nécessité de se toucher.

- Vous n'êtes pas arrivés au bout de vos peines les enfants, nous a dit Arlem après avoir observé la scène.

- Dis moi quelque chose que j'ignore, a répliqué Dante avant de se tourner vers moi : je cherche ma veste et on y va.

J'ai attendu qu'il revienne et nous avons remonté le chemin de Traverse en silence. Il a salué le barman du Chaudron Baveur qui lui a demandé s'il prenait quelque chose ce soir. Il a secoué la tête et nous a fait sortir par une porte annexe que je n'avais jamais empruntée. Elle donnait sur un parking.

- Tu as une voiture ? me suis – je étonnée.

- Quand on ne peut utiliser ni le transplanage, ni la cheminette, ni le portoloin, ni le balai on se rabat sur les moyens de transport moldu, a t –il expliqué en déverrouillant la porte d'une voiture bleue. En route.

J'ai grimpé dans la voiture à l'avant et j'ai attaché ma ceinture. Heureusement que ce n'était pas la première fois que je montais dans une voiture. Parce que Dante + circulation londonienne le soir = hurlement de n'importe qui ne comprenant pas qu'une voiture est à peu près sécurisée pour un engin moldu.

- En fait, a t –il dit après s'être engagé sur la route. Je pourrais prendre le MagicoBus. Mais il faut une baguette pour l'appeler et il n'y a personne qui se lève le matin pour le faire à ma place.

- Euh… Tu es au courant que je vis sur une île, non ? Comment tu vas faire pour aller travailler tous les matins ?

- Ça dépend… Tu es matinale ou tu as tendance à la grasse matinée ?

- Plutôt matinale, ai – je lâchée après réflexion.

- Alors tu pourras appeler le MagicoBus pour moi et Arlem le fera le soir. Problème réglé.

Ça me paraît un peu bancal comme technique. Mais on peut toujours essayer. C'est provisoire de toute façon. Je pense qu'on ne pourra pas se supporter et qu'on va vite mettre un terme à notre pseudo vie commune.

- Comment ça se fait que le MagicoBus marche sur toi ? ai – je demande.

- Parce que sa magie n'est pas appliquée directement sur mon corps mais sur le bus. Contrairement au Portoloin, à la Cheminette et au transplanage. Et comme un balai a besoin de la magie d'un sorcier pour fonctionner aucun cracmol ne peut s'en servir pour autre chose que pour le ménage.

On a roulé longtemps en écoutant les Bizarr' Sisters puisque la radio était réglée pour capter les fréquences sorcières. On est sortis de Londres et on a encore roulé une bonne demi-heure dans la campagne environnante avant qu'il ne bifurque sur un petit chemin cahoteux vers une maison perchée sur une petite colline.

Il s'est garé, a coupé le contact. Et aucun de nous n'a bougé. Je me suis dit que j'aurais dû m'habiller comme une moldue vu que sa mère les adore. Il me l'avait dit une fois. Nous sommes restés là, immobiles. Je voyais parfois une silhouette passer derrière l'une des fenêtres. Je n'avais pas envie d'entrer. Je ne voulais pas être là. J'avais l'impression que je faisais quelque chose de mal. J'ai toujours Sirius en tête. Je l'aime et ce n'est pas une grossesse non désirée d'un partenaire non désiré qui va y changer quoi que ce soit.

- Ça va ? m'a t –il demandé.

- Je pense à Sirius, lui ai – je dit avec la plus grande honnêteté.

- Ah. Je suis désolé.

- Tu n'y peux rien.

Mais j'espère qu'il ne l'oublie pas dans l'équation. On a encore attendu là un moment jusqu'à ce que je prenne mon courage à deux mains pour ouvrir ma portière. Nous sommes sortis de la voiture et je l'ai suivi jusqu'à la porte.

- Surtout sois toi-même, a t –il annoncé.

- Tu es sûr de ton coup ?

- Complètement.

Il a levé la main pour ouvrir la porte. Et n'a jamais eu le temps d'atteindre la clenche. La porte s'est ouverte à la volée sur une petite femme blonde. Minuscule. Encore plus petite que moi. C'est rare que je sois obligée de baisser les yeux pour regarder quelqu'un. Elle avait des yeux tellement noirs que s'en était choquant avec ses cheveux blonds.

Silence. Elle m'a regardée de haut en bas comme si j'étais un infâme cafard. Bonne entrée en matière. Elle a examiné mes vêtements, ma cicatrice, la baguette dépassant à ma ceinture. Je l'ai laissée faire parce que je suis quand même bien gentille et que sur le moment j'avais encore tout mon stock de patience en réserve.

- Maman, je te présente Crystall Enwthistle. Crystall, ma mère Léonie White.

- Enchantée, ai – je dit.

- Je ne vous retournerais pas la pareil, a t –elle répliqué.

- Maman, a soupiré Dante.

Mais la petite femme semblait fermement convaincue et elle a fait demi-tour. C'est bien la première fois qu'on me fait ce coup là. Il faudra que je le ressorte à l'occasion. Dante m'a fait signe et nous sommes entrés. Il y avait l'électricité comme chez les moldus. Mais la construction était typiquement sorcière. La maison était entièrement faite de bois sculpté et on voyait bien par endroit que seule la magie faisait tenir tel ou tel mur, poutre ou plafond debout.

Quand je suis arrivée dans le salon, j'ai vu que Monroe et Victor-Hugo étaient là. L'air jovial de Monroe s'est fané quand elle m'a vue et je me suis demandée ce que j'avais bien pu lui faire. Victor-Hugo a en revanche éclaté de rire.

- Je savais bien que ça cachait quelque chose qu'une fille me ramène gentiment jusqu'à ta boutique !

- Ça ne cachait rien du tout Vic'. Je suppose que Maman s'est empressée de tout vous raconter alors ne fait pas l'ignorant.

- Un peu qu'elle nous a tout raconté ! s'est exclamée Monroe qui avait retrouvé sa tchatche. T'es vraiment un irresponsable !

- Venant de toi c'est l'hôpital qui se fou de la charité.

Une cinquième personne est entrée. Je me demandais de qui Victor-Hugo et Monroe tenaient leur albinisme, j'ai eu la réponse. Son père est aussi grand que sa mère est petite, mais il est plutôt filiforme alors que son fils est une vraie armoire à glace. Il a de courts cheveux blanc bouclés comme la laine d'un mouton qui ressemblaient à du duvet sur le haut de son crâne. Son visage était tout aussi inexpressif que ses yeux gris. Il m'a fixée. Je l'ai regardé, le jaugeant, pas intimidée pour un sous. Mais je sentais quelque chose de menaçant émaner de lui. C'est l'aura que dégagent les personnes rompues au combat et qui mettent parfois les gens mal à l'aise alors qu'ils sont proches. Son fils est peut –être garde du corps et sa fille membre du BIAV mais c'était sans doute lui le plus dangereux de la famille et je me suis promis de le tenir à l'œil.

- Bonjour Monsieur White, ai – je dit.

- Bonjour, a-t-il répondu d'une voix sans aucune intonation.

Boooon. Son père semblait aussi inexpressif que sa mère était décidée à me montrer qu'elle ne m'appréciait pas. J'ai visité le reste de la maison escortée par le frère et la sœur de Dante pendant que celui – ci me désignait les différentes pièces. Les chambres de Monroe et Victor-Hugo avaient été reconverties depuis qu'ils étaient partis vivre ailleurs. Celle de Dante portait en revanche sa marque.

Il y avait une machine à tatouer démontée dans un coin. Des dessins, des esquisses, des tableaux signés de son nom de tous les côtés, des cartes postales sorcières et moldues accrochées aux murs. Il y avait aussi des portraits fait main de sa famille et de ses amis dans des cadres à la place des photos.

Au dîner, j'ai été assise à côté de la mère de Dante, en face de Monroe, avec Dante en diagonal. J'avais son frère à ma droite. Silence tendu entrecoupé par les cliquètement des couverts.

- Que faites vous dans la vie Crystall ? a fini par demander son père.

- Je suis Maître des Potions.

- Elle est fournisseur à la boutique, a précisé Dante.

- Je travaille plutôt dans la recherche, mais mon emploi du temps m'a permis de les dépanner quand ils en ont eu besoin.

- Et comme ça marche bien, c'est resté comme ça.

Dante m'a souri et j'ai esquissé ce qui devait plus ressembler à une grimace qu'à autre chose. Le silence s'est réinstallé.

- Vous avez déjà fixé une date pour le mariage ? a demandé Victor-Hugo.

Je me suis tournée vers Dante en l'assassinant du regard. S'il leur avait dit qu'on allait se marier, il allait terminer sa vie découpé en petit morceau dans un caniveau d'ici peu de temps.

- Je vous l'ai déjà dit : on ne se marie pas. On va vivre quelques mois ensemble histoire de voir comment on va s'organiser et si ça pourrait marcher. Parler de mariage est bien trop prématuré.

- Vu que l'enfant doit arriver dans moins de 9 mois, ce n'est pas prématuré du tout, a dit sa mère. Si vous voulez éviter les scandales, vous feriez bien de vous dépêcher.

- Je n'ai cure des scandales. Sans compter que mon ventre ne se verra pas avant quelques mois encore, ai – je dit. Et après je ne compte pas inviter les gens chez moi pour leur faire constater que j'ai accouché alors que je ne suis pas mariée.

- Il aurait fallu penser à cela plus tôt.

- Ce n'était pas prévu, ai – je dit, sûre que Dante le leur avait déjà appris.

- Comment allez vous vous en occuper avec vos recherches ? a t –elle continué. Ça demande du travail un bébé !

- Je sais bien merci. Mais le temps, il faudra bien le trouver. Et ce n'est pas encore à l'ordre du jour.

- C'est que ce vous dites maintenant, mais vous allez vite constater ce que c'est réellement.

- Je sais ce que c'est réellement. J'ai déjà une enfant à charge et j'ai participé à l'éducation de mon petit frère né il y a deux ans.

- Voyez vous ça. Et qu'avez-vous fait du père de cette enfant ? Peut –être était –il votre mari, lui.

- Je n'ai jamais été mariée.

- Oh, un autre enfant hors mariage. Comme c'est étrange. Était – ce vraiment un accident Miss Entwhistle ?

- Si votre fils savait écouter ce qu'on lui dit, je ne serais pas là et votre bébé resterait encore vivre chez vous dix ans.

- Crystall, a soufflé Dante.

- Oh oui ! Accusez le tant que vous y êtes ! Il ne vous a pas forcée jusqu'à preuve du contraire. C'est vous qui êtes en tord dans cette histoire.

- Ben voyons, ai – je ricané. Je suis aussi à l'origine de l'ascension de Voldemort et de la peste dans le monde.

- Ne prononcez pas ce nom !

- Pourquoi pas ? C'était un odieux connard et il a disparu.

- Ça suffit ! Sortez de ma maison avec le bâtard que vous avez dans le ventre et allez rejoindre le bâtard qui vous attend à la maison ! Jamais mon fils ne s'accoquinera une traînée comme vous !

Je peux supporter qu'on m'insulte. Mais là, elle a touché à Mary. Et ça, c'était le mot de trop. J'ai abattu mes mains sur la table et je me suis lentement redressée en l'incendiant du regard.

- Pour votre gouverne, Madame, sachez que Mary n'est pas ma fille. C'est ma filleule et je l'ai prise avec moi après que Voldemort ait tué ses parents et qu'elle soit devenue orpheline. Alors je vous interdis de parler d'elle de quelque manière que ce soit. Si vous recommencez, je vous tue.

- Assez !

Le père de Dante s'est levé en lançant son ordre, j'ai entendu sa chaise racler le sol. J'ai lentement tourné le regard vers lui. Il avait l'air furieux. J'avais enfin réussi à faire apparaître une expression sur ce visage dangereusement neutre.

- Vous savez, moi j'en ai rien à foutre d'avoir de bonnes relations avec vous, ai – je dit. Absolument rien à foutre. Si je suis venue, c'était pour Dante. Que vous m'aimiez ou pas, je m'en balance. Je vivais sans et je continuerais sur la même voie. Cet enfant, j'en voulais pas. Mais il est là, et il faut l'assumer.

J'ai repoussé ma chaise, posé ma serviette. Et je m'en suis allée en leur souhaitant une bonne soirée. J'en avais assez des mondanités, de devoir faire semblant d'être gentille. Ils se prenaient pour qui ces gens qui ne connaissaient même pas la moitié de l'histoire ?

J'allais transplaner chez moi quand Dante m'a attrapée le bras.

- Si tu transplanes quand même tu vas être désartibulée, m'a t –il menacée en resserrant son emprise.

- J'ai pas envie de t'entendre défendre ta famille. Lâche moi.

- Non. Je savais que ça se passerait mal.

- Et alors ?

- Quoi qu'il arrive, je viens avec toi ce soir.

- Au détriment de ta famille ?

- Eux, ils ne m'abandonneront pas. Ils me pardonneront. Toi non. Si je dois choisir, c'est le moment.

Il avait raison. S'il me laissait partir maintenant, c'était terminé avant même que ça ne commence. Je savais que je me débrouillerais sans lui, même si je devais affronter les commérages et m'occuper de tout toute seule. Après ce qui est arrivé à tous mes amis à la fin de la guerre, je n'ai pas du tout envie de faire entrer de nouvelles personnes dans ma vie. Surtout pas de cette façon là.

- Je pars, ai – je dit. Maintenant. Si tu veux vraiment venir, tu n'as qu'à me rejoindre au Phare. Tu connais déjà l'adresse.

- Tu me laisseras entrer cette fois ?

Je l'ai regardé droit dans les yeux. Je pouvais encore dire non et mettre fin à tout. Mais une petite voix dans ma tête me disait que c'était la dernière chose à faire. Qu'il fallait que j'accepte la situation. Que ce serait le mieux pour tout le monde. Et que j'avais toujours une porte de sortie.

- Oui, ai – je dit.

Il m'a jaugée une seconde avant de lâcher mon poignet et de dire qu'il allait chercher ses affaires et viendrait par le MagicoBus. Restait à savoir si l'un des sorcier de sa famille allait bien vouloir l'appeler pour lui.

Il faut croire que oui puisqu'il a débarqué un petit quart d'heure plus tard alors que je descendais après avoir vérifié que tout allait bien avec Mary. Elle dormait à poings fermés. Je l'ai fait entrer. Je ne lui ai pas demandé comment ça s'était passé. Je m'en doutais. Je lui ai fait faire le tour du propriétaire et je l'ai abandonné dans sa chambre. Je n'ai pas réussi à lui dire "fais comme chez toi". J'en ai été incapable.

Je sens que ça va être compliqué dans les prochains temps ici.

Jeudi 11 Février 1982 : maison

Dante m'attendait devant le Phare pour me dire que c'était l'heure pour lui d'aller travailler quand je suis revenue de mon footing. J'ai hoché la tête et j'ai appelé le MagicoBus.

- A ce soir, a t –il dit en montant dedans.

- Oui.

- Ne balance pas mes affaires dehors d'ici là.

- Oui, ai – je soupiré cette fois. Tu me prends pour qui ?

- Je m'assure juste que nous sommes sur la même longueur d'onde.

*Maison*

Je me suis demandée si je devais l'attendre pour dîner. C'est que je faisais avec Sirius la plupart du temps. En tout cas, Mary a mangé avant.

Il est arrivé juste au moment où je me disais que je mangerais dès que j'aurais fini de cuisiner. A lui d'arriver avant.

C'était vraiment… Bizarre. Dante et moi sommes des étrangers l'un pour l'autre ce que Sirius et moi n'étions plus quand nous avons emménagé et ça n'a pas empêché les choses d'être difficiles. Ça va être compliqué. Très compliqué.

Dimanche 14 Février 1982 : maison

Je n'avais même pas réalisé que c'était la Saint-Valentin avant que Dante ne me tende une fleur. Pas une rose, heureusement.

- C'est pour quoi ? ai – je demandé.

- Toutes les femmes devraient recevoir des fleurs le jour de la Saint-Valentin, a t –il répondu avec un visage des plus neutre.

- Je ne savais même pas que c'était aujourd'hui, ai – je répondu.

Le souvenir de ma dernière Saint Valentin avec Sirius m'est revenu. Et ça a fait mal. Je ne voulais qu'une seule chose : qu'il soit là à la place de Dante. J'ai baissé le regard sur la fleur qu'il me tendait et un sourire amer a tordu ma bouche :

- Un Adonis jaune. Tu n'as pas fait ce choix par hasard, n'est ce pas ?

- Tu n'es pas la seule à avoir grandi dans une famille Sang-Pure et à connaître le langage des fleurs, a t –il répondu toujours en me tendant la fleur.

L'adonis de couleur jaune signifie les souvenirs douloureux dont on ne peut se défaire et aussi un amour douloureux. Et j'ai trouvé ça tellement vrai que je l'ai prise. Ce qui a semblé le soulager un peu.

- Dante ? ai – je dit.

- Hum ?

- Ne m'offre jamais de roses.

Il a haussé un sourcil, sans comprendre. Les roses, c'étaient les fleurs que Greg m'offraient toujours quand il était vivant. Sirius m'en a offert et je n'ai rien dit. Mais j'étais amoureuse de Sirius ce qui n'est pas le cas avec Dante. Je le prendrais mal, sans doute.

- Merci, ai – je continué pendant qu'il cherchait encore à comprendre pourquoi j'avais dit ça. Tu n'aurais pas pu toucher plus juste.

- Je sais.

Je vais encore le redire une énième fois : Dante est vraiment bizarre. Il y a quelque chose dérangeant dans la façon dont il devine toutes ces choses sans qu'on lui en parle jamais. C'est presque surréaliste qu'il soit cracmol.

Samedi 27 Février 1982 : maison

Le loup dans ma tête est bien réveillé à présent. La pleine lune arrive bientôt. Et s'il y a une chose qui est sûre, c'est qu'il n'apprécie pas la présence d'un autre mâle sur son territoire. Il ne faut pas oublier que comme il émane directement de Remus le loup dans ma tête est lui-même un mâle et qu'il est aussi territorial qu'un loup lambda. Autant il tolérait Sirius parce que ce dernier était là avant lui et qu'il sentait que je l'aimais, autant Dante le fait grogner.

Si on ajoute ça au fait que je me sens aussi partiellement envahie depuis son arrivée au Phare, ça ne fait pas un très bon cocktail.

*Maison*

J'ai vu Dante assit dehors tout à l'heure et je suis allée voir ce qu'il faisait. Ça m'a permis de sortir un peu Mary du Phare. Il ne faisait pas aussi froid que je le pensais une fois sortie. Il dessinait l'île qui s'étendait en contrebas du promontoire où le Phare a été construit. Il m'a jetée un coup d'œil quand je me suis accroupie près de lui et Mary s'est mise à jouer dans la neige.

- Tu es vraiment doué, lui ai – je dit au bout de quelques minutes de silence.

- Merci. Je ne me rappelle même pas quand j'ai commencé à dessiner. J'en ai besoin comme toi tu dois écrire dans ton journal.

Je ne pensais pas qu'il avait remarqué que je tenais un journal. Je croyais avoir été discrète. Je vais devoir faire deux fois plus attention : s'il t'attrape Journal, toutes les protections que j'ai placé sur toi disparaîtront.

Mercredi 3 Mars 1982 : maison

Aujourd'hui, je constate que le loup agit bien plus sur moi que je ne le pensais. Je venais de dévisager Dante après qu'il soit entré dans la cuisine quand il m'a demandé :

- A quel point es – tu infectée par la lycanthropie ?

- Pourquoi ?

- Parce qu'autant je veux bien que tes yeux se métamorphosent à la pleine lune, autant ça me fait flipper quand ça arrive dès que je rentre dans une pièce, a t –il répondu.

- Pardon ?

- Tu ne t'en rends pas compte ? s'est – il étonné. Ces derniers jours, dès que j'entre dans la pièce où tu es, tes yeux deviennent oranges et j'ai l'impression que tu vas m'arracher la gorge.

Surprise, je me suis cette fois vraiment tournée vers lui et j'ai croisé les bras.

- Je ne savais pas que mes yeux se métamorphosaient que ce soit à la pleine lune ou avant, ai – je répondu en toute honnêteté. Sirius ne me l'a jamais dit.

- Peut –être qu'il n'osait pas. Je peux savoir ce qu'il se passe exactement ? Est-ce que je risque de mourir dans mon sommeil ?

- C'est un risque non négligeable que tout le monde encours, ai – je répondu.

- Crystall, je suis sérieux. Ce n'est pas toi qui te prend ces regards depuis trois jours.

Je suis redevenue plus sérieuse. Je sais que le loup dans ma tête m'a déjà fait attraper et égorger des moutons mêmes si je n'ai ni crocs ni griffes. Que pourrait –il faire à Dante ? J'ai lancé une pensée vers mon loup et j'ai capté une sorte… d'amusement je dirais. En fait, ce n'est pas vraiment qu'il n'aime pas Dante.

- Il ne te fera pas de mal, ai – je finalement répondu. Tu es le père de l'enfant que je porte en moi et j'ai bien l'impression qu'il te considère par conséquent comme m'appartenant et indirectement comme lui appartenant. Tu sais comme la meute qui a son chef, moi en l'occurrence.

- D'accord. Mais dans ce cas, pourquoi te fait – il faire ça ?

- D'abord un peu parce que j'ai l'impression que tu envahis mon territoire déjà en tant qu'humaine. Ensuite parce que tu es un homme et qu'étant lui-même un mâle il se sent obligé de te faire comprendre qui est le chef.

- Ton loup est un mâle ?

- Normalement les loups des lycanthropes sont du même sexe qu'eux, mais j'ai hérité le mien de quelqu'un d'autre et du coup, oui, c'est un mâle, ai – je expliqué.

- Tu es déjà du genre à vouloir tout contrôler en temps normal mais là ça ne doit pas te faciliter la vie.

- C'est une plainte ? Je t'avais prévenu, il me semble.

- Non, une constatation. Après avoir grandi dans ma famille j'ai appris à me soumettre pour ne pas avoir d'ennuis. Ton loup peut –être tranquille : c'est toi qui commande ici. D'autant plus que c'est ta maison, Crystall.

- C'est aussi simple que ça ?

- Pourquoi ça ne le serait pas ?

Jamais Sirius n'aurait accepté ça. Jamais. On se serait battu à ce propos sans trouver d'arrangement, on se serait probablement engueulés et on aurait fini par laisser tomber sans que rien ne soit résolu. On se serait tous les deux braqués. J'ai pris une profonde inspiration en relâchant mes muscles déjà tendus dans l'attente d'un affrontement.

- Tu rends les choses simples, Dante, lui ai – je dit avec toute la franchise que j'avais en réserve.

- Je ne suis pas là pour tout compliquer.

- Mes relations avec les gens sont toujours compliquées.

- C'est parce que tu les impressionnes. Soit ils se sentent obligés d'aboyer plus fort que toi, soit ils se sentent agressés et montrent les crocs pour se défendre.

- Une façon de dire que je suis trop agressive ?

- Les circonstances l'ont voulu, a t –il répondu en haussant les épaules. Tu n'y peux rien, mais tu devrais essayer de travailler dessus

- Et toi ?

- Et moi quoi ?

- Je ne t'impressionne pas ?

- Ta magie ne peut rien contre moi et je te prends bien vingt kilos. Tu ne représentes pas une menace mais comme je te sais capable de me rendre la vie infernale malgré tout, je préfère te suivre plutôt que de te confronter.

Je me suis sentie vexée qu'il ne me voit pas comme une menace. Mais si on doit vivre ensemble, j'imagine que c'est mieux. Il ferait cependant bien de ne pas trop me sous estimer. Avec un professeur comme Andreas, je suis tout à fait capable de le vaincre physiquement aussi. Je n'en doute pas un seul instant.

Le loup dans ma tête a semblé approuver et cette conversation l'a visiblement apaisé vis-à-vis de Dante. Il suffisait apparemment que ce dernier reconnaisse que je suis tout en haut de la hiérarchie pour que ça l'apaise. Bon… Il faut quand même avouer que j'étais aussi moi-même contente de l'apprendre. Je suppose que je ne peux plus nier ma névrose du contrôle maintenant.


Alors, qui avait deviné que c'était Dante ? X)

Pourquoi j'ai fait ça ? Mais parce que Crystall a terriblement besoin de quelqu'un dans sa vie, sinon elle ne s'en sortira jamais (comme le montrera la suite). Et elle n'aurait jamais laissé ce genre de chose arriver si on ne lui avait pas forcé la main. En fait j'ai fait ça pour elle, même si elle ne s'en rend pas (encore) compte. J'espère que ça fait assez crédible.

Pour le moment, je vais poster tous les samedis mais si je vois que je prends suffisamment d'avance je publierais plus souvent. Maintenant que mon concours est passé, je vais pouvoir me remettre à écrire. Après plus d'un mois d'arrêt complet, je suis juste tellement heureuse ! J'ai cru que j'allais crever XD

A suivre...


Réponse à la review de YaelBlack postée sur le tome 2 :

Merci d'avoir laissé une review :) Tu as déjà eu la réponse à ta question si tu as également lu ce chapitre. Dans le tome 2, Crystall ne disait pas qu'elle était enceinte tout simplement parce qu'elle ne l'était pas. J'espère que la suite te plaire également ;)

Réponse à la review de Chloris postée sur le tome 2 :

Je n'aurais jamais envisagé de traiter Crystall de bisounours XD Si elle t'entendais ! Mais dans le fond tu n'as pas tout à fait tord.

En fait Crystall est allée au Culot pour commander les papiers moldus pour Remus. Au Culot ils font de tout : des potions interdites à la préparation de faux papiers. Parce que le Ministère n'aurait pas accepté (normalement, ce sont eux qui s'occupent de ce genre de détails).

Pour moi les propriétés de la potion d'aiguise-méninge dépendent aussi de l'utilisateur et de son niveau de compétence dans les choses qu'il veut apprendre. Elle affûte juste ton intelligence, elle ne dope pas ton cerveau en te rendant tout d'un coup super doué à quelque chose que tu n'as jamais pratiqué. Ce que tu acquiers avec la potion, n'est pas définitif : il faut aussi le travailler sans si tu veux que ça reste gravé dans ton cerveau. La seule différence c'est que tu comprends plus vite et que tu peux compulser plus de données en une seule fois. Mais attention ! Ça a des effets indésirables : dès que tu arrêtes d'en prendre tu ressens une fatigue proportionnelle à la dose de potion que tu as utilisé. C'est pour ça que c'est bien pour des examens, mais pas sur la longue durée.

J'ai adoré écrire le moment où elle gueule sur Dumby (c'est pas la dernière fois d'ailleurs), et sur les profs. J'étais presque en train d'exulter sur mon clavier en lui faisant dire tout ce que je pense.

Voilà, j'espère avoir répondu à toutes tes interrogations !

Merci pour la review ^^