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Chapitre 1 : Le pendentif
« Kyo ! Kyoooooooooo ! Bon sang ! Où est encore passé ce foutu gamin ! »
Padelius pesta.
« Jamais là quand on a besoin de lui… bougonna-t-il entre ses dents. Si je lui mets la main dessus, je… »
Une main amicale se posa sur son épaule droite. Il s'interrompit en voyant Lundar.
_ Ah, te voilà ! reprit-il. Alors ? Est-ce que toi au moins tu sais où se trouve Kyo ?
_ Je n'en ai pas la moindre idée, répondit le Conseiller en souriant.
_ C'est pas vrai ! Où a-t-il bien pu aller ? Comme par hasard, il disparaît juste lorsque l'on a le plus besoin de lui ! Comment ose-t-il être absent lors de la visite de la princesse Fiona d'Astria ? C'est une honte ! Espérons qu'elle ne s'en soit pas rendu compte… Ah ! Ce sale gosse ! Si je l'attrape, Lundar, tu peux être sûr que je…
_ Que tu quoi, mon cher Padelius ? »
Le guerrier se pétrifia en voyant s'approcher Kyo. Le jeune garçon avançait avec aisance et assurance, et souriait à toutes les personnes qu'il rencontrait comme s'il les avait toujours connues. Il réserva toutefois un sourire spécialement impertinent lorsqu'il se trouva face à Padelius.
« Tu disais ? insista-t-il, moqueur. Continue, je ne voudrais surtout pas t'interrompre. »
Padelius crut qu'il allait étouffer de rage.
« Je vais prendre plaisir à te transpercer le ventre de ma lame, puis je t'arracherai le…
_ Calme-toi, voyons… coupa Lundar. Ce n'est pas le moment, nous ne sommes pas seuls ici. Quant à toi, Kyo, cesse de provoquer tout le monde comme tu le fais. Surtout que ce n'est ni l'endroit, ni le moment. Et je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais ce n'est pas une heure pour accueillir des invités. D'autant plus qu'il s'agit là de la princesse Fiona. J'espère que tu as une bonne excuse.
_ Vous en faites pas pour moi, je gère la situation. Mais, vous avez raison, je vais de ce pas faire mes excuses à la princesse pour ce malencontreux retard…
_ Non, surtout pas ! Kyo, reviens ! Tu ne peux pas aller la voir sans t'être fait annoncer ! »
Sourd aux protestations de Lundar et Padelius, le jeune homme se fraya un chemin parmi les invités en saluant ceux-ci d'un petit signe de la main, jusqu'à ce qu'il se retrouve près de la princesse Fiona, la fille cadette de Mirana et d'Allen Schezar. La princesse était jeune et avait hérité de la beauté de ses deux parents. Blonde comme les blés et avec de grands yeux bleus, elle attirait les regards de tous les hommes de la salle. A cet instant, elle était en grande discussion avec le ministre Lloyd, et il aurait été déplacé de la déranger. Mais Kyo, ne reculant devant rien comme à son habitude, s'avança encore un peu de façon à se tenir face à la princesse. Le sourire aux lèvres, il déclara :
« Bonjour, princesse. Votre visite est un honneur pour moi, et m'enchante plus que vous ne pouvez l'imaginer. C'est la première fois que je vous vois et je puis dire que je ne suis pas déçu. Votre beauté est telle que je…
_ C'est assez, jeune homme ! s'écria le ministre, courroucé d'être ainsi dérangé. Pour qui vous prenez-vous ?
_ Calmez-vous, mon cher. Je ne faisais que me présenter à la princesse. D'ailleurs, je n'ai pas encore tout à fait terminé. Pourriez-vous patienter encore quelques minutes ? Merci.
_ Espèce de…
_ Attendez, Lloyd. Il est vrai que ce garçon est effronté mais je ne l'ai encore jamais vu… Qui êtes-vous ? »
La princesse avait posé cette question d'une voix impatiente. Kyo crut qu'elle était en colère et qu'elle allait le renvoyer, mais il put lire dans ses yeux de la curiosité et un certain intérêt. Il lui offrit son plus beau sourire et s'inclina :
« Mon nom est Kyo Fanel, je suis celui qui porte le nom de notre défunt roi. A votre service, princesse. »
L'étonnement se lut sur le visage de la jeune fille.
« C'est donc vous, le protégé de feu roi Van de Fanelia ? J'ai beaucoup entendu parler de vous, et je ne m'étonne donc plus de votre conduite. On raconte que vous êtes le concurrent d'Hetan à la couronne. Est-ce vrai ?
_ C'est exact. Mais, sans vouloir offenser mon très cher adversaire, il n'a pas une chance contre moi !
_ Vous êtes bien arrogant pour votre âge…
_ Peu importe. De toute façon, princesse, je ne suis pas venu pour parler de cela avec vous. Je tiens d'abord à m'excuser pour mon retard. J'espère que vous me pardonnerez si je vous offre ceci. »
Kyo sortit de sous sa manche une magnifique rose rouge, éclatante et dégageant un parfum délicat. Les joues de la princesse se colorèrent et prirent la même teinte que la fleur.
« Merci, ce… c'est très gentil à vous, dit-elle en prenant la rose dans ses mains.
_ C'était la moindre des choses… Tiens, nous qui parlions à l'instant de ce cher Hetan, voilà qu'il arrive. Je vous laisse avec lui, princesse. Je crains qu'il ne soit pas très heureux de me voir. Cependant, promettez-moi que vous me donnerez votre première danse, ce soir.
_ Mais… c'est que…
_ Je vous en prie, insista-t-il avec un sourire plein de charme. Ce serait un tel honneur pour moi que de danser avec la perle de la soirée.
_ Eh bien… je… oui, souffla la princesse en rougissant.
_ Merci, princesse. Vous ne le regretterez pas. Je suis le meilleur danseur de Fanelia. »
La princesse se mit à rire.
« Vous êtes trop sûr de vous, dit-elle en souriant.
_ Vous croyez ? demanda-t-il tout en se penchant pour lui faire un baise-main, comme le demandait l'usage. A tout à l'heure, princesse. Ce fut un plaisir que de discuter avec vous. »
Il la quitta sur ces derniers mots, laissant la place à Hetan qui arrivait. Il se faufila à travers les invités pour rejoindre Lundar et Padelius, mais se retourna une dernière fois. Il aperçut la princesse discutant avec Hetan, mais il aurait juré qu'elle avait vivement détourné la tête au moment où lui-même s'était retourné pour la regarder. Il se sentit animé d'un sentiment de victoire. Il était presque sûr de l'avoir séduite. Triomphant, il alla à la rencontre des deux amis.
« Alors ? leur dit-il. Vous voyez qu'il fallait me faire confiance. La princesse est déjà folle de moi.
_ Je te reconnais bien là, Kyo, déclara Lundar en riant. Je ne sais pas si tu as raison, mais le fait est qu'elle ne t'a pas ignorée. Malheureusement, je crains que ton petit numéro n'ait pas été apprécié par tout le monde. Il suffit de regarder Lloyd pour le comprendre !
_ Bah, il s'en remettra ! Bon, je vous laisse là, je vais saluer des amis. A tout à l'heure ! »
Kyo partit, laissant Lundar et Padelius seuls.
« Ce garçon m'étonnera toujours… dit le Conseiller lorsqu'il se fut assez éloigné.
_ C'est vrai, mais il est bien trop fier, affirma Padelius. Il va falloir qu'il mette de côté son orgueil, ou j'ai bien peur qu'un jour, cela ne lui retombe dessus.
_ Tu as raison, mais il n'y a rien à faire. Il est comme ça et tous nos efforts pour le rendre plus raisonnable n'y changeront rien. Il est bien trop têtu.
_ Oui, et je me demande ce que nous allons faire. S'il continue à provoquer tout le monde, Hetan va finir par devenir roi.
_ Ce serait la pire chose qui puisse arriver à Fanelia. Non, je crois que Kyo a encore toutes ses chances. Mais il va falloir que nous lui fassions prendre conscience qu'il n'a plus 12 ans et qu'il faut qu'il devienne plus responsable. Il a eu 17 ans il y a quelques mois et il faut maintenant qu'il se prenne en main.
_ Oui, mais malheureusement, j'ai l'impression que c'est sans espoir. D'ailleurs, rappelle-toi ce que je t'avais dit il y a 5 ans. Je disais de Kyo qu'il était un vrai petit monstre. Il n'a pas ou peu changé. Il accumule toujours les bêtises ainsi que les conquêtes féminines, maintenant qu'il a grandi.
_ Je suis au courant, Padelius, dit Lundar en riant. Mais, reconnais-le, cette dernière chose que tu lui reproches n'est pas forcément un défaut. Il suffit de voir la façon avec laquelle il a charmé la princesse Fiona pour le comprendre ! Avoue que ça peut beaucoup lui servir.
_ Tout dépend de la manière d'où l'on voit les choses…
_ C'est vrai que Kyo a encore beaucoup de choses à apprendre mais, tu devrais aussi voir ses qualités au lieu de te focaliser sur ses défauts. Regarde par exemple avec quelle assurance et quelle aisance il a agi aujourd'hui. Il n'était pas le moins du monde intimidé par tous les invités qui étaient présents, bien qu'ils fussent pour la plupart importants. C'est une grande qualité pour un roi, non ? De plus, il est intelligent et a le sens de la justice. De ce côté-là, il ressemble beaucoup à Van…
_ Oui… Cinq années ont passé depuis sa mort, mais je me souviens et me souviendrai toujours de son magnifique règne. C'est vrai que parfois, Kyo me fait penser à Van, mais cela ne dure jamais bien longtemps…
_ Pour sûr ! Il est bien plus agité que l'était feu notre roi ! Enfin, revenons aux choses sérieuses… J'ai bien réfléchi ces temps-ci, et comme tu le sais, la réunion finale organisée par les ministres de Fanelia et qui décidera enfin de qui sera notre prochain roi est dans un mois exactement. Cette réunion sera décisive pour l'avenir de notre royaume et ses habitants, il ne faut donc rien négliger pour que Kyo devienne roi. Je sais qu'environ un peu plus de la moitié des ministres n'approuvent pas la candidature de Kyo au trône et sont, pour l'instant, du côté d'Hetan. Et la seule raison qui les poussent à être contre lui, c'est qu'ils le trouvent un peu trop… turbulent, mais surtout parce qu'il n'est pas de sang royal. A cause de ça, Hetan a deux gros atouts de son côté. Cependant, Kyo a encore des chances… J'ai trouvé une solution pour faire changer d'avis au moins plusieurs ministres. Ecoute bien ça : il faut que Kyo trouve la fille de la Lune des Illusions.
_ Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?
_ C'est évident ! Te souviens-tu de cette Hitomi Kanzaki qui accompagnait Van ? Elle venait de là-bas et c'est en partie grâce à elle que nous avons gagné la guerre contre l'empire Zaïbacher. Van m'a longuement parlé d'elle. Comme tu le sais, ils étaient très amoureux l'un de l'autre, et il m'a expliqué que c'est grâce à la puissance de leur amour que Gaïa a survécu. D'après lui, à chaque génération, une fille de la Lune des illusions apparaît sur Gaïa… Toutes ces filles font partie de la famille des Kanzaki et se font transmettre le pendentif en Energist qui répond à Escaflowne. Cependant, je ne peux pas prévoir où et quand apparaîtra cette fille. C'est pourquoi il faut aller la chercher nous-mêmes.
_ Tu n'y penses pas ! C'est de la folie !
_ Non, laisse-moi finir. Quand les ministres apprendront que Kyo est accompagné par la fille de la Lune des Illusions, ils le regarderont d'un autre œil, j'en suis certain. Car je suis aussi sûr qu'ils n'ont pas oublié cette Hitomi et le couple qu'elle formait avec notre roi. Tout le monde sait qu'ensemble avec Escaflowne, ils devenaient invincibles. Alors si nous racontons aux ministres qu'elle est apparue à Kyo et reste à ses côtés, comme pour Van et Hitomi, ils verront cela comme un symbole, un cadeau ou un signe des Dieux. Kyo aura alors toutes les chances de devenir roi, crois-moi. »
Padelius, réfléchissant, resta silencieux. Les sourcils froncés, il paraissait soucieux. Puis, il se dérida brusquement et son visage s'illumina.
« Tu as raison ! Ton idée est extraordinaire ! D'autant plus que je viens de penser qu'en partant chercher cette fille, Kyo ne sera alors plus au château et n'ennuiera par la même occasion plus personne. Pendant toute cette période où il sera absent, on ne pourra donc plus le critiquer sur ses manières et ce sera une bonne occasion pour lui de se faire oublier.
_ C'est vrai. Tu vois, mon idée est excellente. Reste à en parler et à convaincre Kyo. De toute façon, pour une fois, il n'aura pas son mot à dire. Pendant ces cinq ans, il a vécu comme un prince, comme s'il se croyait tout permis. Il va falloir qu'il fasse preuve de plus de discipline.
_ Tout à fait d'accord. Seulement, un problème persiste : comment comptes-tu l'envoyer là-bas ? »
Lundar sourit et prit un air mystérieux.
« Je vais te montrer quelque chose d'intéressant… Viens, suis-moi. »
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Curieux, Padelius suivait Lundar à travers de longs et étroits couloirs situés dans la partie la plus reculée du château de Fanelia. C'était le soir, et heureusement, pratiquement plus personne ne se déplaçait dans les couloirs de cette partie du palais, car tout le monde pour ainsi dire se trouvait au bal donné en faveur des convives. Les domestiques devaient également être surchargés de travail, aucun d'entre eux ne viendrait donc déranger les deux vieux amis.
Lundar s'arrêta devant une vieille porte en bois de chêne et sortit une grosse clé de sa poche. Padelius observait attentivement ses moindres faits et gestes, une lueur intriguée dans les yeux. Il semblait curieux de connaître quelle était la nature de la chose si intéressante que Lundar voulait lui montrer.
Enfin, la lourde porte céda et s'ouvrit en grinçant, dévoilant une longue série d'escaliers qui paraissaient monter jusqu'à une des tourelles du château.
« Mais bon sang, vas-tu me dire où tu m'emmènes ? grogna Padelius au bout d'une trentaine de marches passées. »
Les escaliers semblaient effectivement ne devoir jamais cesser et le guerrier se demandait avec agacement quand il en verrait le bout. Enfin, Lundar finit par s'arrêter. Mais au grand étonnement de Padelius, le Conseiller stoppa sa marche en plein milieu des escaliers et non au bout.
« Qu'est-ce que tu fabriques, Lundar ? Déjà fatigué ?
_ Non !
_ Alors pourquoi ne continue-t-on pas de monter jusqu'en haut ?
_ Cesse de parler et regarde ce qui va suivre… Tu ne vas pas tarder à comprendre… »
Intrigué, Padelius se mit à observer les moindres faits et gestes de son ami, à l'affût d'une quelconque information qui pourrait l'éclairer sur la situation. Lundar, approchant la lanterne qu'il transportait depuis le début de leur montée des escaliers près du mur, scrutait celui-ci avec attention. Pour finir, il passa la torche à Padelius en lui demandant d'éclairer la partie du mur qu'il lui désignait avec soin. Le guerrier obéit, sans poser de questions cette fois-ci. Lundar commença alors à toucher de ses mains le mur de briques qui leur faisait face, tâtonnant légèrement le mur comme s'il espérait y découvrir un passage secret.
C'est d'ailleurs ce qui arriva.
A peine le Conseiller eut effleuré une certaine aspérité du mur, que celui-ci se mit à trembler en émettant un bruit sourd, pour finir par laisser passer une entrée béante.
« Après toi, se contenta de dire Lundar à Padelius en souriant. »
Le guerrier, bouche bée, mit quelques temps avant de réagir.
« Comment… comment est-ce que t'as fait ça ?
_ Ce n'est qu'un passage secret. Je le connais grâce à Van, c'est lui qui m'en avait parlé avant sa mort. Il l'a découvert petit, lorsqu'il jouait avec Folken.
_ Incroyable… Je ne connaissais pas du tout l'existence de ce passage… Et… Que renferme-t-il ? Que t'a dit Van là-dessus ?
_ Ca, tu vas bientôt le découvrir… Entre là-dedans. »
Padelius s'exécuta et enjamba le passage. Suivi de près par Lundar, il arriva alors dans une pièce exiguë et poussiéreuse. Cela devait faire de nombreuses années que personne ne l'avait entretenue. Quelques meubles constituaient la pièce. On trouvait ainsi une vieille table bancale dans un coin de la pièce, recouverte d'une nappe d'un état douteux. Sur la gauche, une bibliothèque ancienne remplie de vieux livres poussiéreux et recouvrant le sol, des tapis aux rebords déchirés par l'usure.
Immédiatement, Lundar se dirigea vers le coin le plus sombre de la pièce, au fond à gauche, près de la bibliothèque. S'aidant de ses deux mains, le Conseiller commença à retirer tous les livres de la rangée du bas du meuble. Padelius le regardait faire sans broncher. Il sentait que le dénouement était proche et que tous les mystères que faisait Lundar allaient enfin être résolus. Lorsque celui-ci enleva le dernier livre de la rangée, il s'agenouilla et, tout comme il l'avait fait pour les pierres du mur qui décelaient un passage secret, il se mit à tâtonner, à frôler les grosses pierres qui recouvraient cette partie du mur. Un déclic se fit soudain entendre lorsque Lundar déclencha le mécanisme attendu. Cette fois-ci, ce ne fut pas tout le mur qui s'ouvrit, mais seulement une des briques qui s'enfonça, dévoilant ainsi un trou de petite taille, laissant tout juste la place à une petite boîte d'y reposer. Avec d'infimes précautions, Lundar prit la boîte en question et la sortit de son antre. En bois finement ciselé, incrustée de pierreries qui ressortaient du fait de l'obscurité de la pièce, la boîte semblait magnifique, tout autant qu'elle semblait renfermer un lourd secret. Padelius en était lui-même certain à présent, cette boîte n'était pas ordinaire ou renfermait tout du moins quelque chose à caractère important. Très important, même, car sinon, Lundar n'en prendrait pas autant soin et puis, sans trop savoir pourquoi, Padelius pressentait que le contenu de cette petite boîte contribuerait sûrement à l'avenir de Gaïa.
C'est pourquoi, lorsque Lundar la tendit à son ami pour le laisser ouvrir lui-même la boîte, Padelius la saisit avec une infime précaution et souleva doucement le couvercle, cœur battant.
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Padelius avait du mal à en croire ses yeux. Comment était-ce possible… ? L'objet ne devrait pas être ici, entre ses mains. Il devrait se trouver en possession de sa propriétaire… Pourquoi donc n'était-ce pas le cas ?
Le guerrier adressa à Lundar un regard interrogateur.
« Que signifie tout ceci ? Pourquoi le pendentif d'Energist d'Hitomi Kanzaki se trouve-t-il ici ?
_ C'est compliqué… Mais je vais tout t'expliquer, tu mérites bien ça… »
Lundar s'assit sur une dalle en pierre qui se trouvait là et commença son récit. Padelius écoutait attentivement, les yeux rivés sur son compagnon.
« Alors voilà… débuta celui-ci. Avant de retourner dans son monde, la Lune des Illusions, Hitomi a donné son pendentif à Van. Van l'a toujours gardé précieusement, qu'il le porte sur lui ou qu'il le range quelque part, peu importe. Mais, lorsque cette stupide maladie a commencé à ronger notre roi, et quand il fut persuadé qu'il allait mourir, Van me fit promettre de donner ce pendentif à Kyo, lorsqu'il serait temps. Van savait qu'il ne lui restait plus longtemps à vivre, c'est pourquoi il prit cette décision. Mais en attendant de confier le pendentif à Kyo, je devais le mettre en sûreté. Van me conseilla de le ranger ici, dans ce lieu même où nous nous trouvons, et il m'indiqua donc cet endroit.
_ Quand as-tu appris tout ça ?
_ Au chevet de Van. J'étais son conseiller et, sans vouloir me vanter, il avait confiance en moi, tout comme moi je croyais profondément en lui. Il m'a tout raconté lui-même. Lui aussi avait peur pour l'avenir de Fanelia… »
Un long silence suivit l'explication de Lundar. En évoquant le nom de leur roi, les pénibles souvenirs de sa mort injuste et douloureuse resurgissaient en eux. Enfin, ce fut Padelius qui brisa le silence.
« Ce pendentif n'explique pas tout… murmura-t-il. Comment comptes-tu envoyer Kyo sur la Lune des Illusions ? Je ne comprends pas.
_ C'est simple, pourtant. Si tu te souviens bien, Hitomi s'en servait pour créer une colonne de lumière pour se téléporter. Nous allons faire la même chose avec Kyo.
_ C'est vrai mais… es-tu sûr que cela va marcher ? Le pendentif appartenait à Hitomi, non ? Peut-être qu'il ne marche qu'avec sa propriétaire et puis… je suis sûr que ce ne doit pas être aussi facile que ça de réussir à créer cette colonne d'énergie.
_ Je sais. C'est bien pour ça que le temps presse. Je me doute bien que cela ne marchera pas du premier coup, mais en revanche, je suis certain qu'au bout du moment, nous réussirons à envoyer Kyo sur la Lune des Illusions.
_ Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
_ Je ne sais pas… un pressentiment, peut-être. J'ai comme l'impression que de là-haut, Van et ses ancêtres nous regardent et nous protègent. Je sais qu'ils voudraient que Kyo aille là-bas, alors je ne m'inquiète pas : ils nous aideront à leur façon…
_ Voilà que tu te mets à parler croyance maintenant ! Enfin, pour ma part, je ne sais que penser de tes histoires d'ancêtres protecteurs, mais en tout cas, ce dont je suis sûr, c'est qu'il va falloir nous y mettre tout de suite. Allons chercher Kyo, qu'en dis-tu ?
_ Excellente idée. D'ailleurs, il faut nous dépêcher de partir d'ici et de rejoindre les autres invités, ou bien notre absence va paraître louche.
_ Dans ce cas, allons-y.
_ Oui, en route. »
Les deux amis remirent tout en place en partant, n'omettant ni de renfoncer la brique contenant la boîte, ni de replacer les livres sur l'étagère, et encore moins de refaire coulisser le mur à son état initial. Lundar tenant fermement le pendentif en Energist dans sa main, il descendit les escaliers de la tour Est en vitesse, suivit d'un Padelius à l'air sérieux et déterminé, jurant de faire tout son possible pour contribuer à un avenir meilleur pour Fanelia, et donc par conséquent, à envoyer le jeune et fougueux Kyo sur la Lune des Illusions…
