Chapitre 2 : Le départ
Pendant tout ce temps, Kyo ne s'était pas douté une seule seconde de ce que tramaient Lundar et Padelius dans son dos. Il était bien trop occupé par le bal et toutes les divines créatures qui s'y trouvaient pour cela. Il avait déjà repéré une ou deux jeunes filles à son goût lorsque Jin, son meilleur ami et compagnon en tant que homme-chat, lui murmura à l'oreille :
« Regarde qui arrive… »
Kyo suivit le regard de son ami et pouffa :
« Mais c'est ce cher Hetan !
_ Exactement. Jette un œil sur ses habits.
_ Oh ! Il a toujours aussi mauvais goût, à ce que je vois.
_ Bon sang, on dirait un homme-lézard avec cet horrible pourpoint vert. »
Kyo éclata de rire. Hetan dut le remarquer car il lui lança un regard furibond mais, cela provoquant de la part de Kyo un redoublement de son fou rire, le jeune homme se sentit probablement blessé dans sa fierté de mâle, et avança dans la direction de Kyo et Jin. Celui-ci fit des reproches, quoique peu convaincants car il avait ri aussi, à son ami :
« Bien joué mon vieux, tu t'es fait repéré.
_ Désolé, j'ai pas pu m'en empêcher. Quand j'ai entendu ta réplique, je me suis mis à imaginer Hetan dans la peau d'un homme-lézard et c'était vraiment irrésistible. »
Hetan arriva alors devant les deux garçons et se planta devant eux, accompagné par la même troupe de jeunes gens qui le suivait tout le temps. Ces jeunes gens étaient, de l'avis de Kyo, de pauvres idiots qui collaient Hetan et approuvaient la moindre de ses paroles soit parce qu'ils le craignaient, soit parce qu'ils cherchaient à obtenir ensuite des faveurs de sa part, ou bien encore parce qu'ils étaient réellement stupides. Cette petite cour entourait donc Hetan continuellement, c'est pourquoi aucun de ses membres ne manqua à l'appel lorsqu' Hetan vint se placer en face de Jin et de Kyo.
« Tu as un problème ? demanda-t-il à Kyo. Pourquoi riais-tu bêtement, tout à l'heure ? »
Au lieu de répondre à Hetan, Kyo se contenta de se tourner vers Jin et de dire à celui-ci, une moue dégoûtée sur le visage :
« Mon dieu, de prêt, c'est encore plus laid. Ca fait presque peur à voir, tu ne trouves pas ? »
Le visage d'Hetan, déjà rouge à cause sans doute du fait qu'il supportait mal la chaleur de cette soirée, vira au rouge écrevisse.
« C'est à toi que je m'adresse, crétin, alors réponds quand je te parle, s'énerva-t-il.
_ Bien sûr, Hetan, excuse-moi, je ne t'avais pas vu. C'est étrange, tu ne trouves pas ? Tu te fais pourtant très remarquer avec cet affreux truc vert. Où l'as-tu trouvé ? Hmm… Dans une décharge, peut-être ? A moins que tu ne l'ais volé à une pauvre grand-mère ? Ce serait en effet plus dans ton genre… Oh non ! J'y suis ! Tu l'as cousu toi-même, pas vrai ? Mon dieu, Hetan, alors c'est ça, tu t'es mis à la couture ? Et toi qui disais que c'était un truc de fille… Quel cachottier tu fais, mon Hetan ! »
A présent, celui-ci était sur le point d'exploser sous les provocations de Kyo. Voyant la situation s'envenimée dangereusement, Jin tenta d'intervenir.
« Hé ! Calmez-vous, vous deux. Je vous rappelle qu'on est à un bal, organisé en faveur de nos invités d'Astria. Alors un peu de tenue, ok ? D'ailleurs, je suis sûr que Kyo ne pensait pas ce qu'il disait. C'était juste pour rire, pas vrai Kyo ?
_ Pas du tout. Je pense tout ce que j'ai dit. Et je suis navré si Hetan se sent à présent touché dans sa précieuse virilité. Ne t'en fais pas, Hetanou. Il n'y a rien de mal à vouloir faire de la couture, je t'assure.
_ Bon sang ! Espèce de sale petit vaurien… Tu ne perds rien pour attendre, toi et ta grande gueule ! Retire immédiatement ce que tu viens de dire, ou bien je…
_ Du calme, du calme, coupa Jin qui, connaissant Hetan, savait qu'il était capable d'aller jusqu'au duel. Ne nous énervons pas. Je…
_ De quoi tu te mêles, le matou ? lâcha Hetan avec dédain. On t'a rien demandé, alors reste à ta place de sale petit chat domestique. Moi, je m'occupe de ton imbécile de maître. »
Kyo, Jin, ou les deux, allai(en)t répliquer, quand un homme arriva et se chargea d'étouffer la querelle.
« Qu'est-ce que tu fabriques, Lundar ? souffla Kyo entre ses dents. On se débrouille très bien tout seul, laisse-nous.
_ Il a raison, fit Hetan de son côté. Inutile d'intervenir pour aider votre petit protégé. Il m'a insulté, il doit payer, c'est aussi simple que ça. »
Lundar ne prêta aucune attention à leurs protestations et déclara avec une fermeté et une autorité qui ne laissaient aucune place à l'objection :
« Cessez cette querelle stupide. Hetan, Kyo, vous n'êtes plus des enfants. D'ailleurs, ce n'est ni le lieu, ni le moment. Je vous rappelle que vous avez des responsabilités en tant qu'hôtes. Nous avons des invités, tenez votre rôle, que diable ! Quelle honte vous faîtes pour Fanelia ! Et dire qu'un de vous deux représente le futur roi de Fanelia ! Si cela ne tenait qu'à moi, je vous démettrai aussitôt de vos fonctions, afin qu'aucun de vous deux ne puisse accéder au trône ! Vous êtes ridicules ! Toi, Hetan, je t'aurais cru plus mature, malgré tes vingt ans. Tu es toujours aussi sensible aux provocations de Kyo et quoi qu'on en dise, tu tombes immanquablement dans son jeu. A l'avenir, tu l'ignoreras comme il se doit, compris ? Quant à toi, Kyo, tu te conduis comme un vrai gamin ! Tu prends plaisir à insulter et ridiculiser les autres, je me trompe ? Ton attitude est décevante pour quelqu'un qui ne cesse de vanter ses mérites. Présente tes excuses à Hetan immédiatement. Vu la situation, c'est le moins que tu puisses faire.
_ Comment ?! Mais, je…
_ Tout de suite. Excuse-toi ou pars. Tu as le choix. »
Un silence pesant et un grand froid animèrent soudain la salle de bal. Toutes les conversations qui auparavant allaient bon train s'étaient tues, et chacun retenait son souffle. Chaque personne n'aurait manqué pour rien au monde la suite de cet épisode.
Kyo, quant à lui, sentait tous les yeux braqués sur lui. Si, d'habitude, il aimait se donner en spectacle, il n'appréciait pas vraiment ce qui se passait en ce moment. Bon sang, pourquoi devait-il s'excuser ? Pourquoi Lundar cherchait-il à l'humilier ainsi ? Oui, qu'est-ce qu'il lui prenait à la fin ? Il était du côté d'Hetan ou quoi ?!
Kyo n'était pas vraiment étonné que Lundar lui parle sur ce ton. Depuis la mort de Van Fanel, le Conseiller était devenu son tuteur et de toute façon, même quand il était tout petit, Lundar agissait déjà avec lui comme tel. Ainsi, Kyo avait toujours considéré Lundar, après Van, comme son deuxième père. Il n'était pas non plus étonnant que Lundar jouisse aussi d'une certaine autorité sur Hetan, bien qu'il n'en use que rarement. A vrai dire, cela s'expliquait du fait que Lundar étant l'ancien conseiller de Van Fanel, il jouissait d'une importante influence dans le royaume et, étant très respecté, il avait le pouvoir d'agir ainsi et de réprimander Hetan sans qu'on le lui reproche trop. La dispute qui venait de se dérouler étant vraiment déplacée, Lundar pouvait donc se permettre de faire rentrer les choses dans l'ordre et de remettre les deux causeurs de trouble à leur place.
Non, Kyo n'était pas vraiment surpris que Lundar lui parle sur ce ton. Ce qui l'étonnait pour de bon et le peinait, c'était qu'il lui demande de présenter des excuses. Là, il dépassait les bornes. Kyo ne comprenait pas. Pourquoi devrait-il s'excuser, merde ?! Il n'avait rien fait de mal. Ce n'était pas sa faute si cette bonne poire d'Hetan s'énervait aussi facilement et prenait tellement au sérieux ses provocations. Et puis, c'était bel et bien l'humiliation qui l'attendait s'il avait le malheur de s'excuser. Oui, c'était même l'humiliation suprême. Car présenter ses excuses à Hetan signifiait pour lui se rendre à l'ennemi, s'abaisser devant lui… Non, il ne pouvait pas faire ça. Il avait sa fierté, et il ne le supporterait pas. Plutôt mourir, songea-t-il.
« Alors ? demanda à nouveau Lundar. Nous attendons ta réponse, Kyo. Sois raisonnable et présente tes excuses. C'est toi qui as commencé, alors prends tes responsabilités, pour une fois. »
Kyo serrait les poings. Que devait-il faire, bon sang ? Il ne savait plus. Il ne voulait pas s'excuser auprès d'Hetan mais... Il hésitait encore, lorsqu'il croisa le regard d'Hetan. Un regard ironique, et triomphant. A cet instant, il se décida et sut ce qu'il allait faire. Désolé, Lundar, songea-t-il, mais je ne peux vraiment pas présenter mes excuses à cet enfoiré. Je préférerais autrement mieux lui envoyer mon poing dans la figure, mais j'ai bien peur que ça ne te plaise pas du tout…
Le jeune homme s'avança, de façon à être bien en vue de toute la salle, et déclara avec emphase :
« Moi, Kyo Fanel, qui ai hérité du nom de notre roi bien aimé, je déclare haut et fort que… jamais je ne m'excuserai devant cet individu !! »
Une partie de l'assemblée présente poussa un « oh ! » d'indignation devant tant d'insolence, tandis qu'une autre partie un « oh ! » d'admiration pour ce jeune homme si fier. Celui-ci, dès qu'il eut prononcé sa phrase, se retourna et, devant les yeux effarés de la foule, il traversa l'immense salle de bal jusqu'à la porte de sortie.
Toutefois, Hetan, qui avait attendu ses excuses avec impatience et une intense satisfaction, se sentit à la fois déçu, mortifié, mais aussi quelque peu humilié, et il lança avec hargne :
« Tu ne m'as pas fait d'excuses, tout le monde ici présent en est témoin. Et tout le monde ici présent peut donc par conséquent te juger et voir que tu ne réponds pas aux qualifications pour être roi de Fanelia. Car si tel avait été le cas, tu aurais dû me présenter des excuses comme toute personne sensée, raisonnable et honnête. »
Tous les admirateurs d' Hetan ainsi que la plupart des vieux ministres approuvèrent son discours, tout en jetant des regards courroucés à Kyo qui s'était arrêté en entendant les remarques d'Hetan. Finalement, le jeune homme se retourna pour faire face à son adversaire, et répliqua d'une voix étonnamment calme et contrôlée comparé au ton qu'il avait employé auparavant.
« Mon cher Hetan, c'est là que tu trompes. Pour être roi, il ne suffit pas d'avoir les bonnes « qualifications », comme tu dis, car si c'était le cas, n'importe quel imbécile doté d'un soupçon d'intelligence pourrait le devenir. Non, je n'aime pas le mot que tu emploies. Pour moi, vois-tu, pour être roi, il faut avoir l'âme d'un roi. Et l'âme d'un roi ne se limite pas à des « qualifications », c'est quelque chose d'inné, et que même après des années d'expérience, on ne peut pas acquérir aussi facilement. Et si je ne t'ai pas présenté des excuses tout à l'heure, c'est parce que pour moi, être roi signifie avant tout être fier de son pays et de son peuple et te considérant comme mon adversaire, je me voyais mal m'agenouiller devant toi et renier ainsi mes principes de fierté. »
Kyo, assez satisfait d'avoir pu se justifier, allait quitter définitivement la salle, lorsqu'il croisa le regard de la princesse Fiona. Après qu'il eut prononcé son discours, il avait vu d'après leurs visages qu'un certain nombre de personnes l'approuvaient, et, il le sentait, la princesse faisait peut-être bien partie de cette catégorie de personnes. Ainsi, en croisant son regard, il eut une idée qui lui permettrait peut-être de réparer son erreur. En effet, il n'avait pas bien rempli son rôle d'hôte, c'était le moins qu'on puisse dire, et, il venait de s'en souvenir, il n'allait même pas pouvoir danser avec la princesse puisqu'il devait s'en aller. Il fallait donc qu'il se rattrape et il avait bien une petite idée sur la question. Sous les yeux de l'assistance muette, il alla donc parler à la princesse et lui dit avec retenue :
« Princesse, je regrette profondément que vous ayez assisté à cette scène pénible et ridicule, je l'avoue, c'est pourquoi j'espère que vous me pardonnerez si j'ai été un piètre hôte. Je…
_ Vous êtes tout pardonné, coupa la princesse avec un grand sourire. Même si je n'ai pas l'habitude de voir ce genre de spectacle, j'ai apprécié votre franchise et votre fierté qui vous font honneur.
_ Merci, princesse, répondit Kyo en lui rendant son sourire.
Et j'espère, ajouta-t-il en murmurant de façon à ce qu'elle seule puisse entendre, que vous me réserverez une danse pour votre prochaine visite, car j'ai bien peur que notre danse de ce soir ne soit quelque peu compromise… »
Elle ne répondit rien, mais Kyo lut dans son regard qu'elle était on ne peut plus d'accord pour la danse. Satisfait, il quitta la salle la tête haute, et les yeux débordants de fierté, devant une assistance ébahie, et un Hetan contrarié.
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Kyo reposait sur son lit, dans ses appartements. Regardant le plafond, il réfléchissait. A ce qu'il venait de faire, entre autres. Etait-ce bien ? Avait-il fait ce qu'il fallait ? Il se mit à douter encore plus lorsqu'un domestique entra dans sa chambre pour le prévenir que le Conseiller Lundar le demandait. A cet instant, Kyo ne put s'empêcher de frissonner. Il connaissait Lundar : celui-ci n'était pas du genre à tempêter et hurler quand il était en colère, non, ( ça c'était plutôt le genre de Padelius ), il avait plutôt des colères froides, mais qui étaient tout aussi effrayantes que s'il s'était mis à crier ou à frapper dans quelque chose. Et ce soir-là, Kyo avait comme l'impression qu'il aurait droit à une morale plutôt corsée.
Résigné, il descendit de son lit et se mit à suivre le domestique, traînant les pieds comme s'il s'apprêtait à se rendre devant l'échafaud. Le domestique le fit traverser plusieurs couloirs, jusqu'à le faire sortir du château, et de son enceinte. Là, le domestique s'arrêta et dit :
« Mon chemin s'arrête ici. Pas le vôtre. Vous devez continuez seul jusqu'à la tombe du seigneur Folken.
_ Quoi ?! Mais… Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi tous ces mystères ? Pourquoi Lundar n'est-il pas là ?
_ Il vous attend là-bas. Ce sont les ordres. »
Sur ce, le domestique s'en alla, laissant Kyo seul et interloqué. Décidément, la journée était riche en émotions aujourd'hui. En tout cas, il n'y comprenait plus rien. Soupirant, il se mit en route. De toute façon, il n'avait pas vraiment le choix. Et puis, sa curiosité commençait à être sérieusement piquée, et le seul moyen de la satisfaire, c'était bien de se rendre au lieu indiqué.
Se mettant à courir, il traversa la forêt qui le conduirait jusqu'à la tombe du frère de Van. Il était un des seuls, hormis Lundar, Padelius, Hetan et quelques autres, à connaître l'emplacement de la sépulture, car c'était aussi là que reposait le célèbre Guymelef Escaflowne, c'est pourquoi seules les personnes importantes de Fanelia étaient au courant du lieu où elle se trouvait. C'était Van lui-même qui lui avait montré l'emplacement lorsqu'il était gamin. Kyo s'en souvenait parfaitement. Il avait été si fier et heureux que Van s'intéresse à lui et lui fasse confiance en lui montrant l'endroit où reposait son frère et Escaflowne…
A présent, Kyo s'enfonçait de plus en plus dans la forêt et savait qu'il n'était plus très loin. Quelques mètres plus tard, il était arrivé. Apercevant l'ombre d'un homme un peu plus loin devant lui, il devina qu'il s'agissait de Lundar. Une autre silhouette se trouvait à côté de lui. Padelius, probablement.
« C'est moi… murmura-t-il en avançant vers eux. »
Les deux ombres se retournèrent en même temps, et Kyo put voir grâce à la faible clarté de la Lune qui les éclairait maintenant qu'il ne s'était pas trompé quant à l'identité des deux personnes.
« Lundar, Padelius, fit-il. Qu'est-ce que vous voulez, au juste ? Si vous vouliez m'engueulez, je vois pas pourquoi vous faîtes ça ici… »
Les deux amis se mirent à rire.
« Rassure-toi, répondit Lundar, nous ne sommes pas là pour te gronder. Enfin… Pas tout à fait.
_ Vraiment ? demanda Kyo, visiblement étonné.
_ Pour sûr. A vrai dire, nous sommes plutôt content de toi. N'est-ce pas, Padelius ?
_ Oui, oui… bougonna celui-ci, peu habitué à donner des compliments, surtout à Kyo.
_ Mais pourtant…
_ Attends. Nous allons tout t'expliquer, coupa Lundar. Premièrement, si nous avons choisi cet endroit, c'est parce que ce que nous avons à te dire est confidentiel, et ce lieu est idéal pour être loin des oreilles indiscrètes… Alors écoute et ne pose pas trop de questions, nous avons d'importantes choses à te dire. C'est essentiel et pour toi et pour l'avenir de Fanelia, alors ouvre grand tes oreilles, Kyo. C'est capital. »
Celui-ci se contenta de hocher la tête, quoiqu' abasourdi. Lundar et Padelius avaient-ils perdu la tête ?
« Bien. Pour commencer, dit Lundar, je voudrais te parler de ce qu'il s'est passé tout à l'heure, avec Hetan. Vous parliez tellement fort tous les deux, que j'ai entendu toute votre conversation, et ce depuis le début. Et, ne le nie pas, c'est vraiment toi qui as commencé, Kyo. Oui, tu l'as bel et bien insulté. D'abord avec cette histoire idiote de vêtement où tu t'es délibérément moqué de lui, et ensuite avec cette histoire ridicule de couture. Kyo, écoute-moi bien. Même si, je l'avoue, c'était très drôle, tu ne peux pas provoquer ainsi les gens où tu veux et quand tu veux. Cela ne se fait pas, pour quelqu'un de ton rang, c'est aussi simple que ça. Hetan avait parfaitement raison de s'énerver contre toi, car reconnais-le, tu étais allé trop loin. Il aurait très bien pu provoquer un duel si je n'étais pas intervenu. Est-ce que tu te rends compte ? De plus, le pire, c'est que cette dispute s'est déroulée devant des invités d'Astria. Si cela se reproduit à chacune de leurs visites chez nous, j'espère que tu imagines ce qu'ils vont penser de nous. Alors ? Me suis-je bien fait comprendre ? Les seules fois où tu pourras insulter Hetan, ce sera la fois où il aura lui-même commencé, ou bien la fois où il aura insulté quelqu'un à qui tu tiens et que tu veux protéger. Uniquement dans ces moments-là, d'accord ? C'est important que tu saches cela. Car imagine un peu, si tu étais roi, qu'un roi voisin vienne te rendre visite, et que toi, tu détestes ce roi et le provoques. Rien qu'une petite querelle pourrait provoquer une guerre entre vos royaumes, tu réalises ? C'est pour cette raison que j'ai été dur avec toi et que je t'ai demandé de t'excuser devant Hetan. Je voulais te faire réaliser tout ça.
_ Justement… je ne me suis pas excusé…
_ Je sais bien. Mais cela ne m'énerve pas autant que tu semblais t'y attendre, mon garçon. C'est pour la simple raison que tu as malgré tout très bien agi… Eh oui. Je vais t'expliquer. Lorsque tu as refusé de t'excuser, j'ai eu un peu peur, mais j'ai été rassuré lorsque tu as répondu ensuite à Hetan, tu t'en souviens ? Il avait parlé de qualifications pour être roi et toi tu as parlé non pas de qualifications mais de l'âme d'un roi. J'ai été très fier de toi à ce moment. Tu as dit exactement ce qu'il fallait. Tu as justifié pourquoi tu ne voulais pas t'excuser et même si c'était un peu maladroit, c'était tout à fait plausible. Tu as montré à tout le monde combien la fierté d'un roi pouvait être importante et à cet instant-là, tu avais vraiment toi-même l'âme d'un souverain. Oui, j'étais très fier de toi. »
Kyo en resta bouche bée durant quelques secondes. Ce n'était pas souvent que Lundar le félicitait, et l'entendre lui dire tout ça le remplit de joie et de fierté.
« Cependant, poursuivit Lundar, ne te gonfle pas trop d'orgueil. La fierté, pour un roi, est très importante, mais elle n'est pas tout. C'est le peuple qui compte avant tout. C'est toujours lui qui prime. C'est très important. C'est pour cela qu'un roi, malgré sa fierté, doit parfois être capable de mettre de côté cette fierté et son orgueil pour le bien de son peuple. Pour éviter une guerre inutile par exemple, ou dans d'autres circonstances… C'est cela que tu dois comprendre, Kyo, car ta fierté n'est pas tout, souviens t'en. Tu devras aussi parfois ranger ta fierté pour protéger un ami… Tu comprends ?
_ Oui. Mais alors… si je m'étais excusé, tu n'aurais pas été satisfait ?
_ Cela dépend. Cela dépend de la façon dont tu te serais excusé. Car évidemment, si tu t'étais agenouillé devant Hetan et l'avait imploré qu'il te donne son pardon, là, je n'aurais pas donné cher de ta peau. Mais tu aurais pu très bien agir autrement en lui présentant des excuses convenables, sans exagérer et en sachant garder ton honneur. C'est ça que je cherche à te faire comprendre. Tout est une question d'honneur. Tout dépend de la manière dont tu agiras et répondras. C'est par tes actes que l'on pourra juger de ta qualité de roi… Bien. A présent que cet épisode est clair, parlons d'autre chose d'autrement plus important… Padelius, je te laisse la parole.
_ Très bien, Lundar. Kyo, écoute bien ce que je vais te dire… Je suppose que tu sais à quelle date est située la réunion des ministres qui décidera de notre nouveau roi.
_ Oui, bien sûr. Elle est dans un mois environ.
_ Parfait. J'espère aussi que tu sais que pour l'instant, c'est Hetan qui a l'avantage.
_ Peut-être mais ça ne va pas durer ! Je suis sûr que…
_ Stop. Tu n'es sûr de rien du tout. Si on ne fait rien, Hetan va être roi. Nous avons donc sérieusement réfléchi, Lundar et moi, et nous avons peut-être trouvé un moyen de te faire prendre l'avantage… As-tu déjà entendu parler d'une Hitomi Kanzaki, Kyo ?
_ Evidemment. C'est la fille qui accompagnait Van. Ils s'aimaient. Elle venait de la Lune des Illusions.
_ Exactement. Grâce au lien qui l'unissait à Van, nous avons pu vaincre les Zaïbacher, tout le monde à Fanelia le sait…
_ Je ne vois pas le rapport avec moi.
_ Tu vas vite comprendre… Ce que nous voulons, Lundar et moi, c'est que tu te rendes là-bas.
_ Où ça ?
_ Sur la Lune des Illusions. »
Kyo regarda Padelius avec d'énormes yeux.
« T'es sérieux ?
_ On ne peut plus sérieux.
_ Cette fois, j'en suis sûr. Vous avez complètement perdu la tête, toi et Lundar !
_ Ecoute-moi au moins jusqu'au bout, je n'ai pas fini. Tu vas aller là-bas pour aller la chercher.
_ Qui ça ?
_ La fille de la Lune des Illusions.
_ Ecoute, Padelius, je crois que tu as besoin de te reposer…
_ Laisse-moi finir, bon sang ! s'exclama le guerrier, exaspéré. J'essaye de t'expliquer notre plan… A certaines générations, il arrive qu'une fille de la famille Kanzaki vienne sur Gaïa. Ce n'est parfois que pour un temps très court qui n'altère en rien notre avenir, comme ce fut le cas pour la grand-mère d'Hitomi… Ou bien, cela peut être essentiel, comme ce fut le cas pour Hitomi Kanzaki… Et aujourd'hui, nous avons besoin d'une d'entre elles… pour toi, Kyo. Réfléchis un peu, et imagine la réaction des ministres de Fanelia et de la population aussi d'ailleurs, s'ils apprenaient que la nouvelle fille de la Lune des Illusions est de ton côté, comme Hitomi l'était avec Van. Cela représenterait pour eux comme un signe des Dieux, et on verrait à travers toi et la fille Van et Hitomi. Oui, ce serait un moyen excellent de faire réfléchir les ministres et de ranger ceux pour l'instant récalcitrants de ton côté. Tu n'aurais alors plus aucun mal à devenir roi de Fanelia.
_ C'est bien beau tout ça mais… je ne vois pas comment je pourrais aller chercher cette fille.
_ C'est très simple. Hitomi possédait un pendentif en Energist capable de réaliser les rêves et qui répondait à Escaflowne. Avec ce pendentif et sa propre volonté, elle pouvait créer une colonne de lumière bleue capable de la téléporter… Avant de retourner sur la Lune des Illusions, elle a donné son pendentif à Van, qui l'a transmis à Lundar avant de mourir. Van voulait que ce pendentif te revienne. Et pour nous, ce n'est peut-être pas qu'une coïncidence. Peut-être voulait-il lui aussi que tu rencontres la fille de la Lune des Illusions ? En tout cas, à présent, nous détenons ce pendentif et nous allons te le donner pour que tu y ailles…
_ Où ça ? demanda Kyo bien qu'il connaisse parfaitement la réponse.
_ … chercher la fille de la Lune des Illusions. »
Kyo se tut, refusant d'y croire. C'était tout bonnement incroyable. Lui, aller sur la Lune des Illusions ? C'était impossible. Le simple nom « Lune des Illusions » évoquait pour lui quelque chose d'inaccessible alors y aller…
« Je ne peux pas, protesta-t-il. J'en suis incapable. Je ne sais pas me servir de ce pendentif…
_ Alors tu vas apprendre, l'interrompit Lundar en souriant. Tu peux y arriver, Kyo, j'en suis sûr. Tu es l'héritier de Van, alors je sais que tu peux y arriver.
_ Mais…
_ Kyo, coupa le Conseiller brutalement. Regarde-moi dans les yeux et réponds-moi franchement : veux-tu devenir roi de Fanelia ? »
Kyo soutint son regard sans ciller et répondit immédiatement.
« Oui. Je veux devenir roi. »
Lundar sourit.
« Alors pourquoi hésites-tu, idiot ? C'est ton unique espoir de te faire accepter par les ministres. Tu dois le faire, Kyo. Saisis ta chance, tu n'en auras pas deux. Vas-y.
_ … bon. Très bien, murmura le jeune homme.
_ Tu prends la bonne décision, approuva Padelius. Au fait, il faut que tu restes là-bas juste un peu moins d'un mois, afin d'arriver juste avant la réunion des ministres. Ne reviens ni trop tôt ni trop tard, compris ? »
Kyo approuva d'un hochement de tête.
« Et lorsque tu reviendras, ne dis à personne que tu es allé là-bas. En fait, personne à part nous ne doit le savoir, car sinon les ministres croiront à une sorte de complot destiné à les tromper et à les influencer dans leur choix. Il faut qu'ils pensent que la fille de la Lune des Illusions est arrivée d'elle-même à Gaïa et qu'elle apparut devant toi, pour toi. C'est pour cela qu'ils ne doivent pas savoir que c'est toi qui est allé la chercher. Pendant ton absence, nous dirons que tu es parti dans un voyage d'initiation, car tu as besoin d'être au calme en ce moment et de méditer. Ce ne sera pas vraiment étonnant, car tout Fanelien royal qui se respecte doit faire un de ces voyages au moins une fois dans sa vie. Nous dirons que tu es parti chez le vieux Luum. Personne n'aura l'idée ni l'audace d'aller vérifier de peur de te déranger car de toute façon, il est interdit de troubler un voyage initiatique.
_ Je ne peux rien dire à personne… pas même à Jin ? Il me connaît, il ne croira jamais à un voyage d'initiation de ma part, vu d'ailleurs que je ne lui en ai même pas parler. C'est mon meilleur ami, je l'aurais mis au courant. Il va donc trouver ça bizarre…
_ C'est vrai. Nous le mettrons donc au courant, mais tout ça restera dans le plus grand secret. Bien. Il faut que tu partes. Dès maintenant.
_ Mais comment voulez-vous que je reconnaisse cette fille de la Lune des Illusions ? Je suppose qu'il y a des milliers de fille là-bas et je ne sais pas à quoi ressemble celle de la famille des Kanzaki.
_ Ne crains rien. La colonne de lumière que tu vas créer va sûrement t'emmener près d'elle.
_ Comment pouvez-vous en être sûr ?
_ C'est vrai. Il y a un risque, mais si tu crois très fort au souhait de la voir, je suis sûr que tu y arriveras.
_ Formidable… »
Kyo n'était vraiment pas rassuré. Comment Lundar et Padelius pouvaient-ils paraître si serein ? Enfin, il n'avait pas le choix s'il voulait devenir roi. Ils avaient raison, les ministres ne le portaient pas dans son cœur, et c'était le seul moyen de changer leur opinion sur lui. Prenant le pendentif que Lundar lui tendait, Kyo commença à se concentrer. Personnellement, il avait du mal à croire que cela allait marcher, mais bon, autant essayer. Il s'en remettait au destin.
Au bout de plusieurs minutes, rien ne se passait toujours pas. Découragé, Kyo renonça.
« Désolé, ça ne marche pas…
_ Concentre-toi ! conseilla Lundar. Ressaisis-toi ! Tu peux y arriver, Kyo, je le sais. J'ai confiance en toi. »
Kyo secoua la tête.
« Non, je… »
Soudain, tout se troubla autour de lui. Lundar et Padelius disparurent, et il se retrouva seul, au milieu d'un décor sombre qui semblait surnaturel.
« Qu'est-ce que…
_ Kyo, fit une voix qu'il connaissait bien. Tu dois croire en toi. Tu en es tout à fait capable, alors cesse de baisser les bras et fonce !
_ Van ! murmura Kyo, le cœur battant. Je ne sais pas si…
_ Crois en tes rêves, fit une autre voix, inconnue cette fois. Si tu y crois très fort, tes vœux se réaliseront. Ne te dis pas « je vais essayer », mais « je vais y arriver ». Tu dois croire en tes rêves, Kyo… »
Celui-ci, bien que ne la connaissant pas, n'eut aucun mal à deviner qu'il s'agissait là d' Hitomi Kanzaki. A peine celle-ci eut prononcé ses dernières paroles, que le décor changea et Kyo se retrouva devant Lundar et Padelius qui le regardaient avec inquiétude.
« Kyo, ça va ? Que se passe-t-il ? Tu as l'air bizarre… »
Kyo retrouva ses esprits. Bon sang, Van et Hitomi lui avaient parlé ! Il était heureux d'avoir pu réentendre la voix de Van, et de connaître celle d'Hitomi. Cependant, il était temps qu'il se reprenne en main. Leurs paroles l'avaient fait réfléchir. Il était stupide. A force de se poser des questions et d'hésiter, il n'avait pas compris que ce n'était pas ainsi qu'il pourrait créer cette colonne de lumière. Non, il fallait qu'il ait confiance en lui, qu'il y croit.
« C'est bon, déclara-t-il à Lundar et Padelius. Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Bon, cette fois, j'y vais. On se retrouve dans un mois, d'accord ? D'ici là, rassurez Jin et dites-lui que je m'occupe de ramener une fille intéressante… »
Lundar et Padelius le regardaient, surpris et ravis de ce revirement de comportement. Les deux amis se doutaient que quelque chose s'était passé, mais ils ne posèrent aucune question.
Kyo ferma les yeux et se concentra. Il tenait fermement dans son poing le pendentif. Levant le bras en haut, vers le ciel, il pria très fort pour son souhait : il voulait devenir roi, et pour cela, il devait aller chercher la fille de la Lune des Illusions. Oui, il voulait la voir, la trouver et l'emmener avec lui.
Une faible lumière commença à se dégager du pendentif en Energist. Puis, il se mit à briller de plus en plus fort, et une colonne de lumière déchira le ciel étoilé. Kyo ouvrit les yeux, serrant toujours le pendentif au creux de sa main, et se sentit décoller du sol. Au fur et à mesure qu'il s'élevait dans les airs, il entendait les voix de Lundar et Padelius :
« Fais attention à toi, Kyo !
_ Oui, reviens-nous sain et sauf !
_ Prends soin de toi ! »
Kyo sentit son cœur se serrer. Les silhouettes de Lundar et Padelius devenaient de plus en plus petites, pour finalement devenir deux minuscules points noirs dans la nuit.
Soudain, la colonne de lumière s'éteignit, en même temps que Kyo, qui s'évanouit dans la nature.
« Il est parti, souffla Lundar. Il est parti pour de bon. »
Notes de l'auteur :
Et voilà ! déjà le chapitre 2 ! Ms kelle productivité !
Je sais, parfois je m'impressionne moi meme vs savez…
Ms keske je raconte moi ?!
Bref, si vs aimez, alors allez voir le chapitre 3, c le meilleur pour l'instant ke g écris ( enfin je trouve ).
Je vous donne un indice : c paske le 2ème perso principal apparaît ds ce chapitre…
Et la rencontre entre les 2 persos va être… explosive !
Ça vous fait envie ?
Non ?Ca vous fait plutôt pitié ? ben allez vous faire f***** ! lol.
( je rigole !). Si vs aimez pas, ben j'en suis désolé ms je peux rien faire
de + ^^.
Et si vous aimez ( vous, je vous adore ! ^__^), ben alors grouillez vous
Et arrêtez de lire ce ke je suis en train de dire ^^ !
Bizous à tous. Leera.
