Chapitre 4 : Un nouveau locataire
A présent, tout le monde s'était rassemblé dans le salon, chacun étant assis dans des sièges différents : Yukari occupait un des deux fauteuils en cuir près de la cheminée, le second étant pris par son mari, Amano, mais celui-ci était resté debout, se contentant de poser une main sur son siège. Amano avait l'air soucieux et nerveux, et c'était sans doute pour cette raison qu'il préférait ne pas s'asseoir. Kyo, lui, ne s'était pas prié et avait pris immédiatement le siège qu'on lui avait offert, c'est à dire une chaise confortable, placée juste en face de Misao. Celle-ci était assise dans le grand canapé du salon, entourée par Nozomi et Shinji, faisant office de gardes du corps, avait pensé Kyo en les voyant.
« Bien, commença Amano, puisque tout le monde est là, autant ne pas nous attarder. Commençons. Qui es-tu et que fais-tu ici ?
_ Mon nom est Kyo Fanel. Je viens de Fanelia et je suis ici pour…
_ Attendez une minute, coupa Nozomi. Je ne voudrais pas paraître impolie mais moi, je vous signale que je ne suis au courant de rien.
_ C'est mon cas aussi, approuva Shinji. Je ne comprends pas plus que toi ce que signifie le mot « Fanelia ». Ce n'est pas une ville ou un pays qui existe, que je sache.
_ Très bien. Avant de poursuivre, proposa Yukari, il faudrait que quelqu'un raconte d'abord toute l'histoire d'Hitomi, pour Nozomi et Shinji…
_ Je m'en charge, déclara Misao. Hitomi m'a tout expliqué avant de mourir… »
La jeune fille commença son long récit, entrecoupé parfois par Yukari et Amano qui ajoutaient quelque chose d'oublié ou donnaient leur avis. Kyo, lui, se taisait. Lui aussi connaissait toute l'histoire, et il n'avait rien à rajouter. En fait, il était trop occupé à réfléchir à quelque chose qui l'angoissait. Amano lui avait demandé tout à l'heure ce qu'il venait faire ici. Nozomi l'avait heureusement interrompu, mais il se doutait bien qu'il allait devoir finir sa phrase, et il avait peur de leur réaction quand il leur dirait qu'il était venu chercher Misao. En fait, il commençait à être très pessimiste. A vrai dire, en venant jusqu'ici, il comptait sur Hitomi pour l'aider à convaincre Misao, mais Hitomi était morte… comme Van.
« Voilà, dit Misao qui achevait son histoire. Vous savez tout maintenant sur l'histoire de ma tante.
_ Ca alors… murmura Nozomi. C'est incroyable ! Cette histoire est complètement dingue… Mais en même temps, j'envie Hitomi. Cela a dû être formidable de vivre cette aventure !
_ Moi, je n'arrive pas à y croire… C'est… inimaginable… dit Shinji en secouant la tête.
_ C'est pourtant la vérité. Et ce garçon en est la preuve, déclara Yukari en désignant Kyo. »
Toutes les têtes convergèrent alors vers lui et le dévisagèrent. Un peu gêné, le jeune homme s'efforça néanmoins d'afficher un air sûr de lui. Il sentait que cela allait être le moment de vérité et il n'était pas question de flancher.
« Alors ? questionna Amano. Présente-toi que l'on en sache un peu plus sur toi. D'après ton nom, je suppose que tu es le fils de Van Fanel ?
_ …non. J'aurais bien aimé mais… Van n'a pas eu d'enfants. Moi, je ne suis qu'un… pauvre orphelin qu'il a recueilli et à qui il a donné son nom. »
Kyo sentit une boule se former dans sa gorge. Il avait toujours détesté évoquer cette époque de son enfance. Il avait horreur de parler du passé mais… il y était bien obligé.
« Cela a dû être un grand honneur pour toi… mais pourquoi t'a-t-il donné son nom ? demanda Yukari. »
Kyo hésita. Est-ce qu'il leur dirait la vérité ? Que c'était parce qu'il était lui aussi un descendant du peuple Atlante ? Il se souvint alors de la réaction que certains avaient eu en apprenant son appartenance à ce peuple maudit. « Espèce de monstre ! Sale monstre ! avaient-ils hurlé. » Kyo frissonna. Non, mieux valait ne rien dire.
« Je suppose que ça le regardait… De toute façon, maintenant, on ne peut pas vraiment savoir… Van est mort lui aussi…
_ Kyo, nous sommes désolés… dit Yukari avec compassion. Nous ne voulions pas…
_ Gardez votre pitié pour vous, répondit Kyo, agacé. Je n'en ai pas besoin et puis, Van est mort depuis longtemps maintenant.
_ Inutile de répondre ainsi, coupa Amano sur le même ton. Ma femme voulait juste se montrer gentille. »
Kyo allait répliquer mais quelque chose lui dit qu'il valait mieux ne pas se montrer désagréable. C'est pourquoi il s'excusa :
« Je suis désolé.
_ Bah, aucune importance. Mais en tout cas, nous ne savons toujours pas pourquoi vous êtes ici. »
Le jeune homme eut un instant d'hésitation puis se jeta à l'eau. Autant jouer cartes sur table… pensa-t-il.
« Je suis venu chercher Misao pour l'emmener avec moi, déclara-t-il fermement. »
Un silence de mort s'installa dans la pièce.
« Vous plaisantez ?! s'écria Amano le premier en le fusillant du regard.
_ Non, c'est la vérité. Et c'est aussi mon intention. Je voudrais que Misao vienne avec moi.
_ Tu as perdu la tête ?! approuva Shinji en se levant brusquement de son siège. Misao ne partira jamais avec toi ! »
« Allons donc… songea Kyo avec amusement. Voilà l'autre idiot qui se réveille ! »
« Exactement. Vous pouvez faire une croix sur vos projets, jeune homme. Misao ne viendra en aucun cas avec vous ! déclara Amano sèchement.
_ Calme-toi, chéri… dit Yukari en posant une main sur son épaule. Il me semble que nous devrions l'écoutez jusqu'au bout.
_ Merci, madame, dit Kyo. En effet, je n'avais pas fini. Si je veux que Misao vienne avec moi, c'est parce que… elle est la nièce d'Hitomi et par conséquent, la dernière fille des Kanzaki, n'est-ce pas ? »
Amano grogna en guise d'approbation.
« Depuis la mort de Van, poursuivit Kyo, le royaume de Fanelia ne se porte pas à merveille. Comme Van n'a pas eu d'enfants, aucun successeur légitime n'a pu être désigné… Il a donc fallu chercher autre part un possible successeur. Fanelia a rapidement trouvé en Hetan, un jeune homme de vingt ans étant le petit-fils de l'oncle de Van, un possible futur roi…
_ Et donc ? Où est le problème ? Hetan n'a qu'à devenir roi.
_ C'est justement là le problème. Hetan ne fera jamais un bon roi pour Fanelia. Il est influençable, et ne partage aucune des convictions qu'avait Van. Or, Van était un merveilleux roi et grâce à lui, Fanelia n'a jamais été si prospère. Donc si Hetan arrive à la couronne, il est certain que le royaume court à sa perte. Tout d'abord, Hetan est soutenu par deux ou trois ministres douteux, conservateurs et corrompus, qui souhaitent détruire tout ce que Van avait entrepris. Ils veulent tout d'abord instaurer un Empire et augmenter la part des finances de l'armée, pour se protéger d'éventuelles attaques d'après eux. Mais moi, ainsi que quelques autres, avons un mauvais pressentiment : en effet, lors du règne de Van, celui-ci avait proclamé une loi concernant l'indépendance des peuples mi-animaux comme les hommes-chats, les hommes-loups etc. Ceux-ci réclamaient leur indépendance depuis des lustres, et Van est le seul à la leur avoir accordée. Il leur a donc cédé une parcelle de terre de Fanelia déserte, dans les montagnes, où ils pouvaient s'installer et avoir enfin leur indépendance et la paix, car ce peuple a énormément souffert : depuis des siècles, les humains l'ont persécuté du fait de sa différence et… comme Van, je veux qu'ils obtiennent un havre de paix où ils puissent vivre tranquilles et en toute sérénité… Bien sûr, il y en a qui ne sont pas d'accord, et cela a suscité quelques protestations chez certains, mais jusqu'à sa mort, Van avait réussi à maintenir le calme. Mais maintenant, moi, ainsi que quelques autres, sommes convaincus que Hetan et son parti, en augmentant les finances de l'armée, veulent tout simplement récupérer cette partie de territoire en faisant la guerre à ce peuple totalement pacifique. De plus, comme ils sont pour la plupart racistes, il ne fait aucun doute qu'ils ne prendront pas de gants et que plus il y aura de morts parmi le peuple mi-animal, mieux ce sera.
_ Je vois… Tout ça n'est pas très gai et j'en suis désolé pour toi mais… je ne vois absolument pas ce que Misao a à voir là-dedans, déclara Amano.
_ Eh bien, comme je l'ai déjà dit, Misao est la dernière fille de la famille des Kanzaki, or pour nous, sur Gaïa, cela a une importante signification. Surtout depuis le passage d'Hitomi dans notre monde…
Disons qu'il y a encore une chance pour qu'Hetan ne soit pas roi. Il faudrait que quelqu'un d'autre prenne sa place. Ce quelqu'un d'autre… ce serait moi.
_ Toi ? Eh bien alors, le problème est réglé !
_ Non ! Le problème, c'est que comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne suis pas le fils de Van, ni le petit-fils de son oncle comme Hetan bref, je n'ai aucun lien de parenté avec lui. Et sur Gaïa, pour devenir roi, il faut être de sang royal…
_ Mais tu portes bien le nom de Van, non ? S'il t'a donné son nom, ce n'est pas qu'il te considérait comme son fils ?
_ Peut-être mais… ce n'est pas suffisant aux yeux des ministres du royaume. Il aurait fallu que Van proclame haut et fort qu'il me considérait comme son héritier mais… il n'en a pas eu le temps. Si je veux devenir roi, il faut donc que je trouve autre chose pour être acceptable aux yeux des ministres, quelque chose qui les ferait me choisir moi, et non Hetan…
_ Et ?
_ Et c'est là que Misao entre en jeu. Comme vous devez vous en douter, la venue d'Hitomi sur Gaïa a marqué la mémoire de tous les gens, et tout le monde l'appréciait et l'apprécie encore pour ce qu'elle a accompli et ce à quoi elle a contribué avec Van. Tout le monde sait qu'ensemble avec Escaflowne, ils étaient comme… invincibles, et tous les deux, ils sont presque devenus une légende aux yeux de tous. C'est pourquoi, si Misao, la descendante d'Hitomi et donc la nouvelle fille de la Lune des Illusions, venait avec moi à Fanelia, on nous verrait tous les deux comme les nouveaux… euh… Van et Hitomi, et les ministres changeraient d'avis car ils verraient cela comme un signe du Ciel, vous comprenez ?
_ Peut-être mais cela ne change en rien ma décision ! s'exclama Amano, catégorique. Il n'est pas question que Misao prenne part à cette mascarade ! Depuis que nous l'avons adoptée, je considère Misao au même titre que Nozomi : elle est ma seconde fille ! Et je n'enverrai jamais ma propre fille dans un monde inconnu, avec un inconnu !
_ C'est vrai, renchérit Shinji. Je suis désolé pour ton pays, Kyo, mais la vie de Misao compte aussi ! C'est beaucoup trop dangereux qu'une fille de son âge parte là-bas !
_ Hitomi l'a bien fait, elle ! répliqua Kyo. De plus…
_ Hééé !!! cria Misao. Taisez-vous, tous ! Vous ne croyez pas que j'ai mon mot à dire ? »
Misao reprit son souffle. Si jusque là, elle s'était tue, c'est parce qu'elle était encore sous le choc de la révélation de Kyo, mais à présent, elle ne comptait pas laisser les trois hommes de la pièce décider de son avenir.
« Oncle Amano, Shinji, poursuivit-elle, je vous suis reconnaissante de vous inquiéter pour moi, mais je peux parfaitement répondre moi-même. Après tout, c'est de moi que l'on parle, non ? »
Kyo ne put s'empêcher de sourire. Là, c'était certain, cette fille avait réellement du caractère. Et pour une fois, ça l'arrangeait bien. Il n'avait pas envie d'entendre hurler Amano et Shinji contre lui toute la soirée ! Toutefois, son sourire disparut lorsqu'il entendit les paroles de la jeune fille :
« Quant à toi, Kyo, si j'ai bien compris, tu ne veux m'emmener avec toi uniquement pour m'utiliser ?
_ Qu'est-ce que tu racontes ? Je veux que tu viennes avec moi pour sauver mon pays !
_ D'accord, c'est un but plutôt noble mais… en faisant cela, tu dois mentir à ton pays aussi, non ? Car après tout, si je viens avec toi, cela n'aura en fait rien à voir avec le cas d'Hitomi. Hitomi elle, est allée sur Gaïa par la force du destin, elle a été entraînée par une colonne de lumière avec Van. Elle n'a pas eu le choix, quoiqu'au final, elle a sûrement été plus qu'heureuse… Mais moi, tu me demandes de t'accompagner. Le destin, les Dieux ni même le hasard n'ont donc rien à voir là-dedans… une fois à Fanelia, je suppose donc que, pour que tous croient à un « cadeau du Ciel » comme tu dis, comme ce fut le cas pour Hitomi, tu vas mentir à tous les gens en disant par exemple que je te suis apparue ou je ne sais quoi ? Car c'est bien ce que tu comptes faire, non ? »
Elle était aussi bigrement intelligente, songea Kyo, qui ne savait pas s'il devait en être heureux ou non.
« Oui, acquiesça-t-il à regret, je dirai à tous que tu m'es apparu dans une colonne de lumière sur Gaïa… Mais c'est pour la bonne cause ! Il n'y a aucun mal à mentir. Je ferai n'importe quoi pour Fanelia et… si pour cela, je dois mentir, tant pis. Je préfère ça plutôt que de laisser le trône à Hetan. Je ne veux pas que des gens souffrent, surtout si ce sont des hommes mi-animaux. Je sais que si la guerre éclate, ils seront tous tués sans pitié, massacrés. Je ne veux pas de ça. Mon meilleur ami est un homme-chat. »
Kyo sentit comme un silence empreint de gêne et de compassion s'abattre dans la pièce. Merveilleux, maintenant, ils ont tous pitié de moi, songea-t-il amèrement. Mal à l'aise, le jeune homme se leva soudainement et dit :
« Ecoutez… je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps. Je vais rester un moment dans le coin et… Misao, une fois que tu auras pris ta décision, viens m'avertir. »
Kyo se dirigea vers la porte d'entrée.
« Mais… où allez-vous ? s'écria Yukari, alarmée.
_ Je sors. J'ai besoin de prendre l'air et puis… en restant, je ne fais que…
_ Ne dîtes pas n'importe quoi ! répondit Yukari sévèrement. Nous ne comptons pas vous jeter dehors, si c'est ce que vous aviez l'air de penser. C'est vrai que notre accueil n'a pas été des plus chaleureux mais… il faut nous comprendre. Nous avons tous peur pour Misao. En revanche, pour ma part, votre récit me semble tout aussi important. C'est pourquoi, au lieu de tous nous disputer, je propose une chose : Misao est je crois assez grande pour prendre seule sa décision. En attendant qu'elle choisisse ce qu'elle veut faire, vous resterez ici, avec nous.
_ Comment ?! Mais je… vous ne devez pas vous sentir obligés. En venant ici, je n'avais pas l'intention de…
_ Il n'y a aucun problème. Nous ne sommes pas des monstres, et je trouve ça normal que nous hébergions chez nous un jeune garçon qui est en quelque sorte le fils de Van Fanel, l'homme dont Hitomi nous a tant parlé… N'est-ce pas chéri ? Tu n'es pas d'accord ? »
Yukari se tourna vers son mari, qui avait gardé la bouche ouverte sous le coup de la surprise.
« Hein, quoi ? Euh… oui, bien sûr. Je… je suis tout à fait d'accord.
_ Parfait ! Et toi, Nozomi ? Cela t'embête que Kyo reste un moment avec nous ?
_ Moi ? Bien sûr que non ! Au contraire, j'en suis très contente. Pour une fois qu'il se passe quelque chose ici !
_ Shinji ?
_ Euh… mmhm... non. Ca ne me dérange pas… enfin… pas trop. De toute façon, moi, je ne vis pas ici alors…
_ Et toi, Misao ?
_ Je crois que c'est la meilleure solution…
_ Très bien ! Tout le monde est d'accord alors !
_ Mais… je ne veux pas vous déranger ! Je ne vois pas pourquoi vous feriez ça pour moi, c'est…
_ Taisez-vous, par pitié ! déclara Yukari en levant les yeux au plafond. Il ne vous viendrait pas à l'idée que nous faisons ça parce que nous souhaitons vous aider, tout simplement ?
_ Mais…
_ Il n'y a pas de mais ! D'ailleurs, en partant ainsi, où comptiez-vous aller ? Où alliez-vous dormir ?
_ Je… je ne sais pas mais… je me serais débrouillé. Je me suis toujours débrouillé !
_ Dans votre monde peut-être, mais ici, je me demande comment vous alliez vous y prendre ! C'est simple : je suppose que vous ne connaissez rien de nos habitudes, de notre monnaie, et des choses que nous utilisons. En gros, vous auriez fini par dormir sous les ponts ! Bien. Le sujet est clos. Vous habitez ici à partir de maintenant. Et dans ce cas, autant commencer à se tutoyer. Bon, tu occuperas la chambre d'amis au premier étage. Ca te va ? »
Kyo déglutit avec difficulté. Cette femme était pire que tout, ma parole ! songea-t-il avec admiration. Elle n'était pas très grande, surtout comparé à son mari, mais quand elle s'y mettait, on sentait qu'elle possédait elle aussi une autorité à sa manière et bizarrement, elle possédait une force qui faisait que personne n'osait protester lorsqu'elle décidait quelque chose. Je vois de qui tient Misao, maintenant ! pensa-t-il.
« Eh bien… répondit-il en hésitant. Je crois que oui, ça me va… euh… merci beaucoup.
_ Il n'y a pas de quoi, voyons ! C'est naturel. »
Après cela, étrangement, l'atmosphère se détendit miraculeusement et toute l'ambiance pesante qui régnait auparavant disparut. Yukari avait réussi, grâce à des paroles simples et efficaces, à rétablir l'ordre et à ramener une ambiance plus saine dans la maison.
Ainsi, Amano, qui quelques minutes avant était prêt à sauter à la gorge de Kyo, se détendit et s'adressa à celui-ci d'une voix plus amicale :
« Ecoute, je suis désolé de t'avoir parlé un peu brusquement tout à l'heure, mais sache que, pour ma part, je peux en fait comprendre tes sentiments et ce qui t'a poussé à accomplir cette démarche. Mais, il y a une chose que je voudrais savoir : tu voudrais que Misao vienne avec toi, mais pour combien de temps ?
_ A vrai dire… cela devrait durer au maximum… un mois.
_ Un mois ? Hmm… ce n'est tout de même pas rien. Et pourquoi cette durée ?
_ En fait, je dois déjà ne quitter votre monde que dans un mois exactement, car la réunion des ministres qui décidera l'identité du futur roi est dans un mois précisément.
_ Pourquoi ce sont ces ministres qui choisissent le futur roi et non le peuple ?
_ Chez nous, le peuple élit les ministres qui sont chargés de le représenter. Ensuite, ce sont ces ministres qui élisent le roi de Fanelia. Enfin bref, je ne dois revenir dans mon monde qu'à cette date car ainsi, cela coïncidera avec ce que des amis à moi ont fait croire aux gens et aux ministres de Fanelia pour expliquer mon absence : ils leur ont raconté que j'étais parti en voyage initiatique ( c'est une chose qui se fait chez nous ), pendant un mois, donc… il ne faut que je ne rentre qu'après, théoriquement, il serait terminé. Pour ce qui est ensuite de la durée de l'éventuel séjour de Misao sur Gaïa, il devra durer environ un mois car après la réunion des ministres qui aura élu le futur roi et donc, si Misao vient, ce devrait être moi, dans ce cas, j'aurai un délai de un mois pour prouver que je peux être roi et il faudra donc que j'aille tuer un dragon, comme le veut la tradition… ce n'est qu'après cela que je pourrais me faire couronner, et j'aurai un délai de un mois pour réussir à tuer ce dragon terrestre… donc, il faudra que Misao reste au moins le temps que j'attrape le dragon puis jusqu'au couronnement, d'une part pour être sûr que je sois bien roi et d'autre part, parce que si elle partait à peine être arrivée, cela ternirait un peu l'image du « cadeau des Dieux ».
_ Je comprends… Bien. Tout semble clair, déclara Amano.
_ Moi, je voudrais savoir une chose, interrompit Misao. Comment es-tu arrivé ici, Kyo ? Je veux dire… j'ai bien vu que tu étais arrivé par la colonne de lumière mais… comment as-tu fait ? »
Les autres approuvèrent la question. Kyo fouilla alors dans sa poche et en sortit un pendentif rose relié à une chaîne en argent.
« Grâce à ceci, répondit-il en montrant à tous l'objet qu'il tenait dans sa main.
_ Le pendentif d'Hitomi ! s'écrièrent Amano et Yukari en chœur.
_ Oui, Hitomi, avant de repartir dans son monde, l'avait donné à Van qui me l'a lui-même transmis par l'intermédiaire de son Conseiller…
_ Ainsi, c'est donc ça, le pendentif en Energist… murmura Misao, fascinée par le bijou. Est-ce que je peux… l'essayer ? demanda-t-elle d'une voix tremblante. »
La jeune fille se sentait émue. Hitomi lui avait tant parlé de son pendentif ! Elle lui avait dit le rôle qu'il avait joué dans son aventure, et à quel point elle y tenait. C'était pour cette raison qu'elle l'avait offert à Van, le seul homme qu'elle avait jamais aimé. Et, en voyant le pendentif, Misao avait l'impression de découvrir une partie d'Hitomi, elle avait l'impression de se rapprocher de sa défunte tante adorée par cette occasion.
Kyo sentit tout de suite l'émotion de Misao et répondit en souriant :
« Tiens, je te le donne. De toute façon, il est plus logique qu'il te revienne à toi plutôt qu'à moi. Je suis sûr que tu sauras mieux t'en servir que moi et puis… je présume que c'est ce qu'Hitomi souhaiterait, non ? Qu'il te revienne à toi, la fille de la Lune des Illusions… »
Misao leva la tête et croisa le regard du jeune homme.
« C'est vrai ? Je peux… »
Kyo hocha la tête. Misao lui adressa un sourire lumineux et prit le pendentif. Devant ce sourire, Kyo sentit son estomac se nouer. Mais quel sourire aussi…
« Merci, Kyo ! Je suis si contente ! s'exclama la jeune fille, sans se douter du trouble qui s'était emparé du garçon. »
Kyo, sentant qu'il fallait répondre, se ressaisit.
« Heu… bah tu sais, c'est vraiment rien… Tiens, attache-le, veux-tu ? Je suis sûr qu'il t'ira à merveille.
_ Bonne idée ! Nozomi, tu peux m'aider s'il te plaît ?
_ Avec plaisir ! »
Nozomi se plaça derrière son amie, qui avait relevé ses longs cheveux bouclés, et attacha le pendentif et la chaîne autour de son cou. Tout le monde approuva le bijou sur Misao, puis Amano prit la parole :
« Bien, je ne sais pas pour vous, mais moi, je meurs de faim. Qu'en dîtes-vous, vous autres ?
_ Quel goinfre tu fais ! s'exclama Yukari en riant. Mais bon, le repas est prêt si vous voulez.
_ Magnifique ! J'ai la dalle moi aussi, approuva Shinji en entendant son ventre gargouiller.
_ Moi aussi ! acquiescèrent en chœur Misao et Nozomi. »
Kyo se contenta d'approuver d'un signe de tête et les suivit tous dans la salle à manger. Lorsqu'il pénétra le dernier dans la pièce, il se rendit compte que tout le monde le regardait bizarrement.
« Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fait quelque chose de mal ? demanda-t-il.
_ Non, rassure-toi ! C'est juste que… ta tenue, expliqua Yukari.
_ Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a, ma tenue ? »
Kyo se sentit vexé. D'accord, il n'avait pas la vantardise d'aller jusqu'à dire qu'il avait un goût et un style superbes, mais il ne s'habillait tout de même pas aussi mal qu'Hetan !
« Moi, je trouve que ça lui va bien. Avec ça, il a l'air d'un de ces princes sortis tout droit des contes de fées ! dit Nozomi d'un air rêveur.
_ Peut-être, mais ici, on va le prendre pour un cinglé, dit Misao. A moins qu'on soit en plein carnaval, il va attirer l'attention de tous les gens s'il sort !
_ C'est vrai. Il va falloir te trouver de nouveaux vêtements, plus du style… de garçons de ton âge venant d'ici, si tu vois ce que je veux dire, suggéra Amano. »
Kyo haussa un sourcil étonné et regarda ses propres vêtements. Il avait encore sur lui ses habits de bal qui selon lui, étaient plutôt classes. Il portait ainsi une chemise blanche, un peu bouffante comme c'était la mode, surmontée d'une veste noire à épaulettes, et portant les insignes de Fanelia sur les boutons fermant la veste. Dans le bas, il avait un pantalon beige en toile, et était chaussé de toutes nouvelles bottes noires. En prime, tous ces vêtements avaient bien sûr été faits sur mesure, et lui seyaient donc parfaitement. Ainsi, que vouloir de plus ? Ces vêtements étaient parfaits ! Et il aimait très bien son propre style, merci bien. Le jeune homme regarda alors les vêtements que portaient les cinq personnes devant lui, et réalisa pour la première fois combien la différence était grande entre lui et eux. Il n'y avait pas vraiment prêté attention au début, mais maintenant, en regardant bien, c'était vrai que ses habits semblaient étranges à côté des leurs. Bien qu'il préfère largement les siens…
« Et puis, qu'est-ce que tu portes là ? ajouta Yukari en désignant un long objet sur son côté gauche.
_ Oh… ça ? demanda Kyo en sortant son épée de son fourreau. »
Ils reculèrent d'un pas en apercevant l'arme. Puis, une fois la surprise passée, Shinji s'écria le premier :
« Wah !! Génial ! Une épée de l'ancien temps ! Montre un peu ça ! »
Kyo s'exécuta, flatté. Après que Shinji l'eut examinée sous toutes les coutures et eut cessé de pousser des cris exaltés, ils purent continuer la conversation :
« Bon, je crois que ça aussi, il va falloir le supprimer, dit Yukari en désignant l'épée.
_ Pas question, je ne m'en sépare jamais ! protesta Kyo.
_ Si tu veux rester ici, tu devras pourtant le faire. De toute façon, il ne s'agit pas de s'en débarrasser définitivement, ce n'est que provisoire. »
Kyo capitula. Il n'avait par ailleurs pas vraiment le choix… Ils prirent leur repas ensuite. Le dîner se passa très bien, et le léger malaise qui régnait auparavant était à présent totalement dissipé. Ainsi, l'atmosphère régnante était chaleureuse et à la bonne humeur. Involontairement, Kyo y était pour quelque chose. En effet, tout le monde s'amusait beaucoup de son ignorance sur des choses simples comme un four, un grille-pain, un frigo, un réfrigérateur, la télé, un ordinateur… bref sur toutes ces choses qui étaient banales pour eux mais qui, pour un « extraterrestre », l'étaient beaucoup moins.
Désirant emmagasiner le plus d'informations possibles sur cet étrange endroit qu'était la Lune des Illusions, afin d'une part pour impressionner ses compagnons à son retour et puis, pour assouvir sa curiosité, il harcelait ainsi tout le monde sans répit, ce qui faisait rire les victimes de cet « harcèlement ». De plus, le jeune homme réussit à distraire sa petite assemblée en racontant des anecdotes de son monde souvent amusantes ou parfois plus sérieuses, qui eurent beaucoup de succès. Bref, à la fin de la soirée, Kyo s'était si bien intégré qu'il était presque devenu comme un membre de la famille.
« Au fait, intervint Misao alors qu'ils quittaient la table, il reste un petit problème : comment va-t-on expliquer aux autres gens la présence de Kyo chez nous ?
_ C'est vrai, approuva Nozomi, nous n'y avions pas pensé…
_ Ne vous inquiétez pas, il suffira de le faire passer pour un ami de la famille, suggéra Amano.
_ Peut-être, mais il faudra donner plus de précisions que ça aux gens. Ils ne se contenteront pas uniquement de cette réponse, c'est sûr qu'ils poseront d'autres questions sur lui… dit Shinji.
_ C'est exact, acquiesça Yukari. Je vois d'ici toutes les questions auxquelles on va avoir droit, rien qu'avec Yoko Uchimura, notre vieille voisine. C'est la commère du quartier alors… il va falloir trouver quelque chose de plus costaud à lui raconter.
_ Comme Kyo risque de faire des erreurs et de ne pas tout comprendre étant donné qu'il vient d'un autre monde, nous pourrions dire qu'il vient de la campagne et qu'il n'est pas habitué à la ville comme ça, ça expliquerait qu'il ait un peu l'air d'un « étranger », proposa Misao.
_ Excellente idée, approuva Yukari. Mais il faut nous mettre d'accord. Alors voilà quelle sera la version de l'histoire : Kyo est le fils d'amis de la famille qui sont des paysans vivant à la campagne. Il vient chez nous pendant un mois car il veut voir la ville et la connaître mieux, car il se peut qu'il vienne y faire ses études plus tard. Son nom de famille est Kajiura. Nous connaissons sa famille depuis longtemps, mais nous ne les avons pas vus depuis de longues années, c'est pourquoi personne n'aura vu Kyo chez nous avant. Voilà ce que je crois raisonnable de dire. Qu'en pensez-vous ?
_ C'est parfait, comme d'habitude, dit Amano en enlaçant sa femme tendrement. Tout est merveilleusement pensé, chérie. »
Shinji, Nozomi et Misao approuvèrent à leur tour.
« Bien, alors à partir d'aujourd'hui, Kyo, déclara Yukari, tu ne t'appelles plus Kyo Fanel, mais Kyo Kajiura. D'accord ? »
Le jeune homme hocha la tête, mais sans grand enthousiasme. Yukari s'en rendit compte, s'en étonna d'abord puis sourit en croyant comprendre la raison de son manque d'engouement. Toutefois, elle ne fit aucune remarque à Kyo, et dit à Shinji :
« Shinji, et si tu allais faire visiter la maison à Kyo, en lui montrant sa chambre ? C'est celle que tu prends d'habitude lorsque tu viens dormir chez nous. »
Shinji s'exécuta et entreprit une visite guidée de la maison. Pendant ce temps, Amano, Yukari, Nozomi et Misao débarrassaient la table.
« C'est bizarre, dit Misao, mais j'ai l'impression que Kyo n'était pas très content tout à l'heure…
_ Comment ça ? Je n'ai rien remarqué, moi, fit Nozomi.
_ Moi non plus, dit son père.
_ Moi si, mais je ne pensais pas que quelqu'un d'autre s'en rendrait compte, déclara Yukari en souriant. Je crois en fait que notre cher Kyo a du mal à encaisser le fait qu'il doive devenir… un simple fils de paysan.
_ Et pourquoi pas ?
_ C'est évident, non ? Apparemment, vous ne réalisez pas, mais nous sommes en train d'accueillir dans notre famille un jeune homme d'un statut social plutôt élevé dans son monde, et qui pourrait même être, selon le choix de Misao, un futur roi.
_ Alors tu crois que… le fait de se glisser dans la peau d'un fils de paysan peut… l'énerver ? demanda Amano.
_ L'énerver est un bien grand mot mais… blesser sa fierté, peut-être. Kyo a l'air d'être un garçon ayant beaucoup d'amour-propre alors…
_ Moi, je trouve ça nul de sa part, dit Misao en fronçant les sourcils. Parce qu'il est prétentieux, il répugnerait à devenir un paysan ? C'est plutôt vaniteux…
_ N'exagère pas les choses ! intervint Yukari. Cela n'a rien à voir avec de la vantardise. D'ailleurs, Misao, je te signale que Kyo n'a fait aucune remarque il a accepté sans rien dire, même si son air l'a trahi.
_ C'est vrai, dit Nozomi. Moi, je trouve que Kyo est formidable ! Il est drôle et très gentil. Et c'est plutôt normal qu'il ait réagi ainsi. Après tout, il doit être habitué à être très bien traité là-bas alors… je trouve au contraire plutôt aimable de sa part de n'avoir rien dit.
_ Pourquoi le défends-tu ? Tu as flashé sur lui ? questionna Misao, le regard malicieux.
_ Pas du tout ! De toute façon, je te signale que c'est peut-être toi qui va passer un mois seule avec lui, alors parlons plutôt de ce que toi, tu penses de lui, hein ?
_ Inutile, coupa Amano, Misao n'a probablement pas l'intention d'aller là–bas, de toute façon.
_ Amano ! dit Yukari en fixant son mari sévèrement. Tu n'as pas à influencer Misao dans sa décision. C'est à elle seule de faire son choix.
_ Exactement ! approuva Misao, satisfaite. Oncle Amano, tu dis tout le temps que nous devons prendre nos responsabilités, n'est-ce pas ? Eh bien, je crois que c'est le moment pour moi, à présent.
_ Très bien, très bien… soupira celui-ci. Mais maintenant, je regrette de t'avoir dit un truc pareil ! ajouta-t-il en riant. Bon, je vous laisse entre femmes, moi, j'ai du travail. »
Sur ce, il quitta la cuisine et partit en direction de son bureau.
« Allez-y, les filles, dit Yukari à Misao et Nozomi. Je m'occupe de finir la vaisselle.
_ Tu es sûre ?
_ Oui, il n'y a plus grand chose, je m'en sortirai bien toute seule.
_ Ok. »
Les deux jeunes filles partirent à leur tour, en direction de leurs chambres respectives. Elles n'avaient pas cours le lendemain, étant vendredi soir, et allaient donc pouvoir veiller jusque tard dans la soirée. De son côté, Shinji allait être ramené chez lui en voiture par son oncle, Amano. La mère du jeune homme était en effet la sœur d'Amano, et avec son mari et ses deux enfants, Shinji et Masami, elle n'habitait pas loin de chez son frère.
Kyo, lui, était dans sa chambre, ou plutôt dans la chambre qu'on lui avait « prêtée ». Assis sur son lit, il examinait avec perplexité les objets qui l'entouraient. Il avait été tout d'abord fasciné par l'invention de l'électricité et s'était amusé pendant quelques minutes à appuyer sur l'interrupteur pour faire apparaître la lumière. Mais plusieurs choses encore lui échappaient : à quoi par exemple pouvaient bien servir les trois étranges boîtes rectangulaires, dont l'une était rempli de boutons, et les deux autres parsemées de minuscules trous collés les uns aux autres ? Il se creusait la tête pour trouver une réponse, lorsque les trois boîtes en question se mirent à parler, puis à émettre un bruit infernal qui lui fit hérisser les cheveux sur la tête !!!
« Qu'est-ce que c'est que cette chose ?! cria-t-il en faisant un bond de dix mètres. Ferme-la, engin du diable !! »
La musique hard-rock que faisait la chaîne Hi-Fi ( eh oui, c'était ça, les trois boîtes : deux baffes et le truc principal^^ ), ainsi que les injures que proféraient Kyo, ne tardèrent pas à ameuter toute la maison, c'est pourquoi Misao et Nozomi firent irruption dans la chambre du jeune homme illico.
« Qu'est-ce qui se passe ici ? hurla Misao.
_ Arrête cette chose, je t'en prie ! dit Kyo sur le même ton. C'est ces trois boîtes, elles n'arrêtent pas de…
_ Ne t'inquiètes pas, ce n'est que la chaîne Hi-Fi ! le rassura Nozomi en éclatant de rire et en allant éteindre celle-ci. »
Aussitôt, la musique s'arrêta et Kyo poussa un profond soupir.
« J'ai bien cru que j'allais avoir un arrêt cardiaque, maugréa-t-il entre ses dents. Mais y a pas idée aussi de concevoir des inventions aussi tordues !
_ Mais non, ce n'est qu'un appareil qui permet d'écouter de la musique, expliqua Misao en riant.
_ De la musique ?! Tu appelles ça de la musique, toi ?!
_ Bah, disons que notre style de musique a beaucoup évolué, dans notre monde… La musique classique est révolue ! Bien sûr, elle n'a pas disparue mais maintenant, il y a aussi de la techno, du rap, du RNB, du hip-hop, du heavy metal, du raggae et…
_ D'accord, d'accord, je te crois mais arrête, tu me donnes mal à la tête. Moi, tout ce que je veux savoir, c'est si cette… euh… chêne Hiti va encore se réveiller et…
_ Chaîne Hi-Fi ! Et non, ne t'inquiètes pas, je l'ai éteinte, elle ne s'allumera qu'à moins que quelqu'un n'appuie sur ce bouton, expliqua Nozomi en désignant le bouton POWER. Je pense que Shinji, en venant dormir un soir ici, avait dû la programmer à cette heure et depuis, personne n'y avait touché. C'est pour ça qu'elle s'est allumée à cette heure…
_ Bien, c'est bon, tu es rassuré mon petit ? demanda Misao en regardant Kyo avec un sourire moqueur. »
Pour toute réponse, celui-ci lui fit une grimace. Yukari arriva alors dans la chambre.
« Qu'est-ce qui se passe ? J'ai entendu du bruit… dit-elle.
_ Ce n'était que Kyo qui était effrayé par le bruit de la chaîne Hi-Fi, expliqua Misao en pouffant de rire.
_ Oh, je vois, fit Yukari en souriant, amusée. Ce n'est rien, alors. Kyo, s'il y a encore d'autres choses que tu ne comprends pas et qui t'inquiètes, surtout, ne te gêne pas, viens nous demander une explication.
_ Ouais, mais en tout cas, ce ne sera sûrement pas à ces deux-là que je demanderai quelque chose, marmonna Kyo en regardant d'un œil furieux les deux filles qui riaient ensemble.
_ Ne fais pas attention, dit Yukari en souriant, elles te taquinent, c'est tout. Bon, je vous laisse, moi je suis fatiguée. Je vais me coucher.
_ Bonne nuit, maman.
_ Bonsoir, tante Yukari.
_ Au revoir… madame.
_ Appelle-moi Yukari, voyons. Bonne nuit à vous tous aussi. Et ne vous coucher pas trop tard…
_ Promis, m'man. »
Après que tous l'eurent saluée, Yukari ferma la porte et alla se coucher. Misao, Nozomi et Kyo restèrent seuls. Celui-ci, furieux d'être ainsi la risée des deux filles, ronchonna :
« Bon, moi je voudrais aller me coucher alors si vous n'y voyez pas d'inconvénients… »
Et il leur désigna la porte.
« Qu'y a-t-il ? Tu boudes ?! demanda Misao d'un air moqueur avant de sortir de la chambre, précédée par Nozomi. »
Pour toute réponse, Kyo lui lança un regard noir et referma la porte avec rage. Après quelques minutes seul, son énervement s'estompa et il put trouver le sommeil rapidement, car il était réellement fatigué. Le fait de créer une colonne de lumière et d'être passé dans un autre monde l'avait épuisé ( sans doute ce qu'on peut appeler le « décalage horaire » ^^ ), et il s'endormit comme une souche, songeant avec excitation et émerveillement à toutes les nouveautés qu'il allait découvrir…
Pendant ce temps, Nozomi et Misao étaient retournées dans la chambre de celle-ci. Les deux filles n'avaient pas sommeil et, comme deux sœurs qu'elles étaient devenues, elles se mirent à papoter tranquillement dans la chambre de l'une des deux. Ces moments « entre filles », étaient devenus assez fréquents entre elles, car avant que Misao ne vienne habiter chez son amie, les deux filles étaient toutes les deux filles uniques, et n'avaient donc jamais eu de frères et sœurs à qui parler, rire et se confier. Depuis maintenant plusieurs années, elles en profitaient donc, et même si ces petits moments se ponctuaient parfois de disputes, c'était tout de même très sympa.
En cet instant, Misao était avachie sur son lit et écoutait son amie, assise en tailleur sur le tapis de la chambre, en train d'entretenir des propos très enthousiastes sur un certain garçon qui venait d'emménager chez elles.
« Je le trouve génial ! s'écriait-elle. Je sens qu'on va bien s'amuser pendant la durée de son séjour. Tu te rends compte ? Un prince venu d'un autre monde ! J'ai comme l'impression que sa présence va mettre un peu de piquant dans nos vies !
_ Il n'est pas prince, rectifia Misao, nettement moins enthousiaste. Et je te rappelle qu'il n'est pas venu ici en touriste, mais plutôt pour sauver son pays.
_ Ne joue pas les rabats-joie ! Je le sais très bien, figure-toi, j'étais là moi aussi. Je connais son objectif, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il n'aura pas le droit de s'amuser pendant tout son séjour. Après tout, la seule raison qui fait qu'il est ici, c'est qu'il voudrait t'emmener avec lui, non ? Donc au contraire, en attendant que tu te décides, il va avoir envie de profiter pleinement de sa venue ici pour apprendre et vivre un tas de choses, c'est certain !
_ Probablement…
_ Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air pleine d'entrain, c'est le moins qu'on puisse dire…
_ Non, ce n'est pas ça, c'est juste que contrairement à toi, je ne cherche pas à m'amuser avec lui, je pense à d'autres choses… Comment t'expliquer… Disons que toi, tu n'as pas à te poser de questions ni à prendre de décisions, tandis que moi, depuis que j'ai appris la vérité, je me demande sans cesse ce que je dois faire…
_ Je te comprends. Tu es un peu perturbée, et c'est normal. Mais remarque… dis-toi que si tu pars, tu seras avec Kyo, et je trouve que c'est un mec formidable. Drôle, gentil, intelligent… et, ne me dis pas que tu ne l'as pas remarqué, ce gars est un canon !!
_ Je ne le nie pas… dit Misao en souriant. Mais… je t'assure que pour l'instant, je n'arrive pas à me prononcer sur lui. Je ne suis vraiment pas sûre qu'il soit aussi formidable que ça…
_ Pourquoi tu dis ça ? Il s'est conduit parfaitement depuis qu'il est ici… et même si tout à l'heure il était un peu fâché et vexé, moi, j'ai trouvé ça plutôt mignon de sa part… !
_ Je ne parle pas de ça.
_ Alors quoi ? A moins que… il s'est passé quelque chose avant que vous n'arriviez ? »
Misao hocha lentement la tête.
« Alors raconte !
_ Disons qu'à ce moment, j'ai vu une toute autre facette de ton cher Kyo… »
Nozomi écouta son amie lui raconter son récit avec étonnement.
« Vraiment ? dit-elle lorsque celle-ci eut terminé. »
Puis, à la grande surprise et consternation de Misao, la jeune fille éclata de rire.
« Qu'est-ce qui te prend ? s'offusqua Misao. Je viens de te démontrer que ce Kyo est un type vicieux, qui n'a pas arrêté de se foutre de ma gueule avant qu'on arrive, et toi, tu réagis comme ça !
_ C'est toi qui dramatises tout ! répliqua Nozomi en reprenant son sérieux. D'accord, il a essayé de t'embrasser. Et alors ? Ce n'était qu'un bisou après tout, non ? Ce n'est pas comme s'il avait tenté de te violer…
_ Là n'est pas la question ! On voit bien que ce n'était pas toi qui était avec lui ! Et puis, il n'arrêtait pas de me critiquer, ainsi que Shinji… C'était tellement…
_ Enervant ? Horripilant ? Exaspérant ?
_ Oui, c'est à peu près ce que je ressentais.
_ C'est bien ce que je pensais.
_ Quoi ?
_ En fait, tu souffres d'un complexe d'infériorité vis à vis de lui.
_ Pardon ?!
_ Eh bien… il n'arrête pas de se moquer de toi, et il y arrive si bien que cela t'énerve. Or, te connaissant, je sais qu'avant aujourd'hui, pratiquement personne n'avait réussi à te faire sortir de tes gonds. Tu avais toujours le dernier mot… mais lui, Kyo, il parvient à te toucher… ce qui signifie que tu as peut-être trouvé ton égal, ma chère… »
Misao regarda son amie avec des yeux ronds, puis éclata de rire.
« N'importe quoi, vraiment ! Tu te prends pour mon psy, ou quoi ?! »
Nozomi haussa les épaules d'un geste fataliste.
« Bah, de toute façon, quoique je te dise, tu ne m'écouteras pas, comme toujours. Tu n'en as jamais fait qu'à ta tête…
_ Comment ça ? Tu veux dire que tu étais sérieuse, tout à l'heure ?
_ Peut-être bien… je ne sais pas trop mais franchement… enfin, passons. Autant changer de sujet, je sens que de toute façon, on ne tombera jamais d'accord… Alors dis-moi, il t'a tout de même bien embrassé, non ?
_ Oui, répondit Misao en haussant un sourcil.
_ Alors ? C'était comment ? »
Misao fut prise au dépourvu. A vrai dire, elle n'y avait plus vraiment réfléchi et puis… cela n'avait duré qu'un court instant, étant donné la superbe claque dont elle avait gratifié le jeune homme juste après. Elle essaya de se remémorer la scène pour pouvoir répondre à Nozomi, et ne put s'empêcher de rougir. Bien sûr, cela n'était pas la première fois qu'un garçon l'embrassait, mais elle devait bien avouer que le cadre dans lequel ils s'étaient trouvés ( seuls le soir, assis dans l'herbe et regardant les étoiles… ), était diablement romantique… En revanche, Kyo ayant aussi été diablement énervant, cela ne jouait pas en sa faveur… c'est pourquoi Misao répondit sans plus se poser de questions :
« Mmm… moyen… enfin, tu sais, ça n'a pas duré longtemps alors…
_ Je vois… et sinon, concernant le… »
Les deux filles continuèrent ainsi à bavarder jusqu'à très tard dans la soirée, puis Nozomi finit par quitter la chambre de son amie pour rejoindre la sienne.
Dès le départ de la jeune fille, Misao décida de se coucher, baillant déjà à s'en décrocher la mâchoire. Elle se glissa douillettement dans son lit, et éteignit la lumière. Avant de s'endormir, elle ne put s'empêcher de penser aux multiples événements de cette journée, et à la décision qu'elle allait devoir prendre. Cette décision était importante, et Misao, maintenant seule dans l'obscurité de sa chambre, commençait enfin à réaliser l'ampleur du choix qu'elle allait avoir à faire. Elle prenait conscience de tout ce que cela allait impliquer, si elle décidait d'aller sur Gaïa : il y avait d'abord le danger, un danger bien réel, l'aventure d'Hitomi montrait déjà que celle-ci avait frôlé la mort à plusieurs reprises. Le dépaysement d'un monde inconnu, et le manque ( famille, amis… ) qui se ferait sans aucun doute atrocement ressentir… Misao frissonna. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait de songer à des choses aussi sinistres ? Après tout, il y avait aussi des bons côtés. Epuisée, la jeune fille décida d'arrêter de se torturer ainsi l'esprit et elle s'endormit, le cœur plus léger. De toute façon, elle avait un mois pour y réfléchir…
Note de l'auteur :
Coucou !! voilà la fin du chapitre 4
Keske vous en pensez les amis ?
J'espere ke y a plus d'avis positifs ke négatifs
(on peut toujours rêver… bouuh !)
ms de tt facon j'accepte les 2 (ds les 2 cas, ca me fera
des reviews !!!! lol)
bon, merci a emy, vous pouvez vous aussi la remercier
paske c grace a elle ke je mets le chap4 maintenant
et je mettrai le chapitre 5 kan j'aurais eu qq opinions !!
hin hin hin… koi ? je fais du chantage ? voui!! Et tant pis,
ben c comme ça ! paske on s'en doute pas comme ça, ms les
review c très tres important pour nous autres pitits auteurs novices… ca peut parfois chambouler notre ptit cœur comme on peut pas imaginer… ^__^
d'ailleurs, les reviews pour moi, c comme ma drogue vous
voyez ? j'en ai besoin pour continuer, niark !!
en tt cas, je vous le dis maintenant, le chapitre 5 c mon
préféré a moi. Et il se passe un truc dedans ki… enfin,
vous verrez bien !
bon, @++ tt le monde
Lilou
