Note de l'auteur :
Salut tt le monde !!!!!!!
Ca y est ! fêtons mon grand retour apres une absence… euh… g pas compté les jours ms ça doit faire pas mal de temps, nan ?!
Enfin bref, le principal, c ke je sois là, et avec un nouveau chapitre a la place de l'horrible note ke j'avais laissée…
En plus, ce chapitre est plus long ke les autres, bande de petits veinards…
Bien, avant de répondre aux reviews (ki je le précise, m'ont fait énormément plaisir, merci bcp !!), je tiens à donner une information importante :
Il s'agit en fait d'une très légère et infime modification ds l'histoire…
Ho ho ho ! je vous vois déjà flipper d'ici !!
Nan, en vérité, rassurez-vous, c vraiment rien (ms écoutez kan meme, c important si vous êtes ds le genre pointilleux…^^) :
G ECRIT DS LE CHAPITRE 5 KE MISAO ET NOZOMI ETAIENT DANS LA MEME CLASSE OR, C FAUX FINALEMENT CAR DS CE CHAPITRE CA NE M'ARRANGEAIT PAS DE LES FAIRE DS LA MEME CLASSE DONC AU FINAL, MISAO ET NOZOMI SONT AU MEME NIVEAU SCOLAIRE MS PAS DS LA MEME CLASSE. OK ?
C bon ? c compris pour tt le monde ? Le message a été clair ?
Je pense ke oui, a moins ke je n'ai surestimé votre intelligence…
Je rigole ! allez, place aux pitites reviews !
MJS : merci pour la review ke tu as laissé au chapitre 6 !! (enfin 5, vu ke moi je compte pas le prologue comme un chapitre). J'espère si tu le lis ke tu apprécieras aussi ce chapitre… merci !
Emy : toi tu es la meilleure !! je crois ke je devrai te décerner un prix pour tt la motivation ke tu m'as apportée !!! et oui, prenez-en de la graine les autres : Emy sait se montrer pas avare en reviews et super réconfortante… !!! en plus, je crois ke c en partie grâce a toi si ce chapitre paraît maintenant… enfin bref, un GROS merci à toi emy ! tes encouragements sont un magnifique moteur pour mon inspiration !!!
Amelia Derane : non seulement tu mets une review pour dire ke tu aimes bien ma fic, ms en plus tu ajoutes que tu m'aimes bien, moa ! alors là je ne peux que me sentir toute émue et très flattée, mirchii !!
Yukiko : t'es une fidèle que j'apprécie énormément ! et je suis tres heureuse ke tu m'écrives sur fanfiction aussi. Je crois ke tu aimes bcp cette fic en particulier, nan ? Alors lis bien ce chapitre, tu vas être servie ! Merci, yuki de me motiver à chaque fois ! c'est vachement sympa ^_^
Nouky84 : tt ce ke tu me dis est toujours tellement sympa ke je sais plus où me mettre ! lol nan, franchement, g remarké ke je me portais mieux dès ke je recevais une de tes reviews… bizarre ! je suis contente ke tu apprécies la façon dont je raconte les histoires d'amour… et moi aussi j'aimerais bien kun prince d'un autre monde vienne m'enlever, pas de problèmes pour ça ! si t'en connais un, appelle-moi surtt ! et merci mille fois !!!
Tiens d'ailleurs… en parlant d'histoires d'amour, je tiens à préciser avant ke vous ne passiez à la lecture du chapitre, ke ce chapitre est justement tt plein de sentiments… ce n'est ke le suivant ki mettra plus en scène l'action et l'intrigue de l'histoire je pense… Mais comme Misao et Kyo sont tous les deux sur terre pour le moment, je n'ai pas pu m'empêcher avant que l'histoire ne reprenne sur Gaïa de faire un chapitre entier sur ce qui leur arrive sur terre… ben voui, c plus marrant d'avoir un mec de Gaïa sur Terre, je trouve. Donc d'accord, l'intrigue n'est pas tellement au rendez-vous ds ce chapitre, ms je n'avais pas le choix si je voulais qu'il se passe un peu de choses sur terrre… Tout ce que je peux vous dire, c'est ke j'ai laissé la place aux sentiments de nos deux héros pour ce chapitre, et au fond, je trouve ça pas plus mal, je suis assez contente de ce que j'ai écrit, enfin c a vous de juger pour me dire comment vous aurez trouvé…
Allez, Read & Review please !
Escaflowne : Nouvelle génération
Chapitre 6 : La décision de Misao
Les couloirs du lycée se vidaient, le brouhaha des élèves diminuait pour laisser place à un calme contrastant avec le bruit qui régnait auparavant. En effet, cela s'expliquait du fait que la cloche venait de sonner et que chaque élève devait par conséquent regagner sa classe avant la fin de la deuxième sonnerie qui annonçait le début du troisième cours de la matinée.
Tous les élèves rejoignaient donc leur classe, tous, sauf… Misao. La jeune fille ne tenait pas en place. Elle n'arrivait tout simplement pas à se calmer, et la dernière chose qui lui venait à l'esprit était loin de songer à regagner sa classe. Bien sûr, Kyo était le responsable de ce soudain revirement de comportement chez Misao. La conversation qu'ils venaient d'avoir avait profondément énervé la jeune fille, qui désirait à tout prix savoir comment Kyo avait pu intégrer l'école. C'était pour cette raison qu'elle ne voulait pas aller en classe pour l'instant… pas tout de suite. Pas avant d'avoir compris.
Misao s'était en effet creusée les méninges à fond afin de trouver ce qui se tramait derrière cette horrible nouvelle : la venue de Kyo dans le lycée. Et elle avait peut-être compris qui se cachait derrière tout ça. Yukari. Oui, cela ne faisait aucun doute. Car qui avait assuré sans la moindre hésitation qu'il trouverait une solution pour permettre à Kyo de ne pas rester cloîtré à la maison ? Yukari, bien sûr.
Misao sentit qu'elle était proche de la vérité et, ne voulant pas laisser là l'occasion d'en savoir plus, elle prit son téléphone portable et composa le numéro de celui de la mère de Nozomi. La jeune fille était tellement concentrée sur ce qu'elle faisait et sur son désir de connaître la vérité qu'elle ne se rendait même pas compte qu'à présent, il ne restait plus qu'une dizaine d'élèves à traîner dans le couloir.
Misao attendit, écoutant la sonnerie qui se répétait et se répétait inlassablement. Enfin, au bout de la septième fois, Yukari décrocha.
« Allô ? fit celle-ci à l'appareil.
_ Allô, Yukari ? Ici Misao. Je…
_ Misao ?! Mais enfin, pourquoi m'appelles-tu à cette heure ? Je te signale que je commence mon cours dans deux minutes à peine ! Il est arrivé quelque chose ?
_ Oui et non. Disons que je viens de me rendre compte de quelque chose.
_ Est-ce vraiment urgent ?
_ Plutôt oui ! Pourrais-tu me dire pourquoi Kyo est maintenant élève dans notre lycée ?
_ Oh… je vois que tu es au courant… hum… Tu l'as croisé n'est-ce pas ?
_ Oui ! Et je peux te dire que j'ai été très surprise ! D'ailleurs, ce n'était pas une bonne surprise… ce type est une véritable calamité !
_ Misao ! Kyo est un garçon très sympathique et je t'interdis de dire ainsi du mal de lui derrière son dos ! »
« Kyo, un garçon très sympathique ?! Mais je rêve ! songea Misao, presque choquée ! »
« Dire du mal de lui derrière son dos ?! Tu peux parler ! Ce n'est pas moi qui fait toutes ces cachotteries pour intégrer Kyo dans l'école sans en parler à personne ! s'écria la jeune fille.
_ Ecoute, Misao. Si c'est pour cela que tu m'appelles, alors je t'expliquerai tout en détail ce soir parce que là, tu vois, je n'ai vraiment pas le temps.
_ Mais…
_ Ne discute pas, Misao. D'ailleurs, tu devrais toi-même être en cours à cette heure, non ?
_ Il me reste encore quelques minutes ! Explique-moi, je ne comprends rien Yukari !
_ Pas question. Je n'ai pas envie de tout t'expliquer par téléphone, et puis, je préfère vous mettre au courant, Nozomi, Amano et toi, en même temps. D'ailleurs, si tu ne peux vraiment pas attendre avant ce soir, tu n'as qu'à demander à Kyo. Il sait tout. Il t'expliquera.
_ Tu plaisantes ? Il ne veut rien me…
_ Misao, je vais être en retard et toi aussi ! Allez, je file ma chérie. A ce soir ! »
Yukari coupa la communication. Furieuse de n'être pas plus avancée qu'avant, Misao rangea son téléphone portable avec rage dans la poche de sa veste. C'est alors que la jeune fille comprit que Yukari n'avait peut-être pas tort : elle allait réellement être en retard ! Absorbée par la conversation téléphonique et ne pensant qu'à vouloir en savoir davantage sur l'arrivée de Kyo en tant qu'élève, Misao n'avait pas réalisé que le temps passait…
La jeune fille jeta un coup d'œil autour d'elle. Rien. Pas un chat dans le couloir. Tout était désert et le silence régnait. Prenant enfin conscience de son retard, Misao s'affola. Elle jeta un rapide coup d'œil à sa montre : 10h17. La récréation se terminait exactement à 10h10 et les élèves avaient normalement un délai de cinq minutes maximum pour regagner leur classe respective. Misao avait dépassé ce délai de deux minutes…
La jeune fille essaya de se calmer tout en pressant le pas pour atteindre l'entrée de sa classe. Elle réfléchissait au cours qu'elle devait avoir et avec quel professeur.
« Voyons… en première heure, j'ai eu ce con de Yukimura… ensuite Mlle Yaida et maintenant… je dois avoir physique c'est à dire… encore Yukimura !!!! Naaaaaaaaan !!! »
Misao se rappelait tout juste qu'elle avait deux heures de physique dans la même journée avec ce charmant professeur… celui qu'elle détestait le plus, et qui le lui rendait bien.
« Oh non… gémit-elle, accablée. Arriver en retard au cours de Yukimura… Je suis vraiment stupide. »
Tout en courant presque, Misao cherchait une excuse valable à donner au prof. En vain. Toutes les excuses qu'elle s'ingéniait à trouver étaient soit pitoyables, ou bien elle les avait déjà utilisées bien trop de fois pour qu'elles soient plausibles aux yeux de l'enseignant.
La jeune fille parvint finalement devant la porte de sa classe. Déjà, les intonations sèches et rugueuses de la voix de Yukimura lui parvenaient. Misao inspira profondément puis frappa à la porte.
Le silence se fit derrière celle-ci, puis la jeune fille entendit l'habituel : « Entrez ! » et s'exécuta. Elle ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur de la salle de classe.
« Kanzaki ! fit Yukimura avec un de ses sourires mauvais. Que nous vaut l'honneur de votre visite ? »
Quelques rires fusèrent parmi les élèves, notamment celui très aigu de Momiji Fujimiya, la pimbêche de la classe.
« Et bien… c'est juste que je n'arrivais pas à ouvrir mon casier. La clé bloquait… et comme j'avais toutes mes affaires de cours dedans, je ne pouvais pas venir en classe sans rien… alors j'ai dû forcer et j'ai fini par réussir mais ça m'a pris un peu de temps… répondit Misao en s'efforçant de prendre un ton convaincant. »
Elle venait juste d'avoir l'idée de l'excuse du casier en sentant la clé au fond de sa poche.
« Tiens donc ? Cette fois c'est votre casier qui deviendrait capricieux ? Comme c'est étrange ! Décidément, vous n'avez vraiment pas de chance Kanzaki. La dernière fois, un mal de tête qui vous prend subitement, ensuite votre cartable que quelqu'un prend en croyant qu'il s'agit du sien… mais dites-moi, le sort s'acharne sur vous Kanzaki !
_ On dirait bien… dit Misao sans se démonter malgré l'ironie décelée dans la voix du professeur.
_ Bon, vous avez de la chance que je sois de bonne humeur, Kanzaki. Sans quoi je serai moi-même allé vérifier ce casier à l'ouverture soi-disant si difficile… allez donc à votre place et que je ne vous entende pas. »
Misao hocha la tête et eut un demi-sourire.
« Ouf ! Elle avait eu chaud ! »
Demi-sourire qui s'évanouit complètement de ses lèvres lorsqu'elle distingua qui se trouvait à côté d'elle, dans le fond de la classe.
Kyo Fanel.
****************
Pour une fois, Yukimura avait eu raison : le sort s'acharnait véritablement sur elle. Sa bonne étoile avait dû la quitter, sans quoi toute cette poisse ne se serait pas abattue si soudainement sur elle, et dans un laps de temps record en plus !
Kyo, lui, souriait, d'un sourire sournois et moqueur comme à son habitude. Misao aurait aimé lui effacer son sourire exaspérant d'une bonne vieille gifle, cela lui aurait sûrement fait le plus grand bien. Malheureusement, Yukimura veillait et expliquait déjà à Misao qui était ce nouveau voisin.
« Kanzaki, voici Kyo Kajiura, un nouvel élève. C'est incongru pour la fin de l'année mais comme je l'ai expliqué aux autres élèves, il vient ici pour les deux dernières semaines de cours, afin d'observer comment cela se passe car il risque de venir étudier ici l'année prochaine. J'aurais préféré placer notre nouvel élève à côté de quelqu'un de moins dissipé que vous, Kanzaki, malheureusement, la seule place de libre est celle à côté de vous. Tâchez donc de ne pas importuner notre pauvre Kajiura qui ne demande qu'à étudier sérieusement. Et accueillez-le avec plus de chaleur, ajouta Yukimura en fronçant les sourcils. »
En effet, l'air hagard et d'horreur totale qu'avait arboré Misao n'était pas au goût du professeur qui se demandait bien quelle mouche l'avait piquée.
« Il ne va pas vous manger, Kanzaki. Asseyez-vous donc enfin ! »
Se ressaisissant subitement, Misao s'efforça de prendre un air calme et décontracté et obéit.
« Je compte sur vous pour expliquer à Kajiura toutes les choses nouvelles et qu'il pourrait ne pas connaître, Kanzaki. J'espère aussi que vous ferez des efforts pour vous entendre et que cela ne sera pas aussi catastrophique qu'avec Onitsuka l'année dernière…
_ Je suis sûr que nous allons parfaitement nous entendre, assura Kyo avec détachement. En fait, nous nous connaissons déjà : Je suis le fils d'un ami de la famille de Misao alors… tout ira à merveille.
_ Parfait, conclut alors Yukimura avant de reprendre son cours. »
Oui, tout semblait parfait. Semblait seulement, car pour Misao tout n'était qu'apparence. Pour faire bonne figure et ne pas montrer son trouble et sa rage sourde, elle s'efforçait de paraître tout à fait calme et détendue, mais au fond d'elle-même elle se sentait tout le contraire…
« Je suis très heureux de me trouver à côté de toi, moi, lui chuchota alors Kyo, un sourire au coin des lèvres. C'est formidable, tu ne trouves pas ? Deux vieux amis qui se retrouvent par hasard au lycée… c'est beau, non ? Je me demande si tout le monde va jaser…
_ Qui a parlé de « vieux amis » ? répondit Misao, offusquée. Tu es tout sauf un ami pour moi. Et je ne vois pas en quoi les autres vont jaser… sur quoi d'ailleurs ?
_ Allons… réfléchis un peu. Sur notre relation bien entendu. Deux « vieux amis » habitant ensemble et étant dans la même classe… il y a de quoi se poser des questions, non ?
_ Mais tu délires complètement, mon pauvre ! Et puis… quelle relation s'il te plaît ?! Nous n'avons aucune relation, sauf si tu parles de celle basée sur la haine évidemment !
_ La haine ? Et bien, je ne savais pas que tu me détestais à ce point…
_ Tu l'as bien cherché, non ?
_ Quoi qu'il en soit, je me posais juste cette question tout innocemment, alors inutile de monter sur tes grands chevaux, Misao… à moins que ce ne soit encore ce malheureux Shinji qui te préoccupe ? »
Misao respira un grand coup avant de répondre. « Contrôle-toi, contrôle-toi… il cherche simplement à te faire perdre ton sang-froid, ne rentre pas dans son jeu… Ce type est un sadique, c'est tout ce qu'il y a à comprendre… » se disait la jeune fille.
« Ne me parle plus, ordonna-t-elle. J'essaie de suivre le cours. Tu devrais faire pareil. Tais-toi.
_ Toi, suivre le cours ?! Laisse-moi rire ! D'après ce que j'ai pu entendre de la bouche de ce prof, tu n'es pas une élève modèle… ! répondit Kyo, ironique.
_ Ca suffit. Laisse-moi tranquille, Kyo.
_ Pas question. Tu ne m'as toujours pas répondu au sujet de Shinji je te signale… allez, avoue un peu : je parie que cette histoire de casier, c'était des conneries et qu'en fait, tu étais en train de faire la conversation à Shinji ? C'est pour ça que tu es arrivée en retard, pas vrai ?
_ Tu es ridicule ! Pense ce que tu veux, de toute façon ça m'est bien égal. Et s'il te plaît, ferme-la.
_ Hé ! Tu es méchante ma parole ! Le prof a pourtant dit que tu devais faire des efforts pour que l'on s'entende, je me trompe ? De plus, qui c'est, ce Onitsuka dont il a parlé ?
_ Ca ne te regarde pas et puis… fous-moi la paix, Kyo !
_ Kanzaki ! Répétez ce que je viens de dire ! cria alors Yukimura en interrompant son cours.
_ Euh… eh bien… je…
_ Vous bavardiez, comme vous en avez l'habitude dès que vous vous trouvez un nouveau voisin ! C'est le premier avertissement ! Faites en sorte qu'il n'y en ait pas de deuxième.
_ Bien, monsieur.
_ Bon. Donc comme je disais, l'énergie cinétique et l'énergie potentielle de pesanteur sont…
_ Je ne te savais pas aussi bavarde ! se moqua encore Kyo. C'est un peu énervant pour moi qui cherche à étudier sérieusement… Au fait, c'est qui alors cet Onitsuka ? »
Se contentant de regarder fixement devant elle, Misao ne répondit pas à la question de Kyo ni à toutes les autres qui suivirent d'ailleurs. Elle était déjà écœurée de s'être fait gronder injustement par Yukimura, et la jeune fille comprit donc que la meilleur chose à faire était d'ignorer son ignoble voisin. Ce qu'elle fit avec beaucoup de talent.
Une demi-heure du cours de physique passa donc ainsi, et Kyo, voyant que Misao l'ignorait totalement, finit par arrêter son petit manège qui consistait à agacer sa voisine.
Satisfaite, celle-ci put enfin suivre le cours tranquillement, même si ce que disait Yukimura ne l'intéressait pas plus que ça…
***
De son côté, Kyo s'ennuyait ferme. Enerver Misao était un excellent passe-temps, mais maintenant qu'elle ne réagissait plus à aucune de ses provocations, c'était inutile et il avait dû abandonner. Du coup, le jeune homme avait essayé un temps de suivre le cours, mais il n'avait absolument rien compris aux calculs de variation de l'énergie cinétique, de vitesse de la chute libre et autres choses encore qui selon lui ne servaient à rien du tout. D'ailleurs, plus Kyo avait écouté Yukimura, et plus il en avait conclu que ce que l'on apprenait à l'école terrienne était bien étrange… car franchement, à quoi pouvait bien servir de savoir que la somme des forces d'un objet à l'équilibre était nulle, selon la loi de Newton ?
« Ce n'était pas ainsi qu'ils apprendraient à piloter un Guymelef ! songea le jeune homme avec amusement. »
Puis, il se souvint que les guymelefs n'existaient pas sur la Lune des Illusions, enfin… la Terre, et il se ravisa. Quoique… cela n'empêchait en rien le fait que toutes ces choses que les professeurs leur fourraient dans le crane semblaient bien inutiles…
Kyo soupira une nouvelle fois. L'ennui le gagnait toujours… Finalement, il décida de plutôt s'intéresser aux élèves qu'au professeur, et il se mit à observer les lycéens qui se trouvaient dans la classe. Il aperçut alors une jeune fille qui attira son attention. Elle avait un look assez spécial, qui intrigua Kyo.
Ses cheveux étaient blonds, mais d'une blondeur étrange, qui ne semblait pas naturelle. Elle était également très maquillée, trop à son goût, et semblait plongée à l'instant dans la contemplation de ses ongles… violets ! Kyo secoua la tête puis regarda à nouveau. Non, il ne s'était pas trompé, ses ongles étaient bel et bien peints en violets. Bizarre. Il faudrait qu'il interroge Misao là-dessus, lorsqu'elle accepterait de lui parler.
Soudain, la fille tourna la tête dans sa direction, se sentant observée. Elle croisa alors le regard de Kyo et lui adressa un clin d'œil plutôt coquin. Kyo répondit par un sourire charmeur.
« Et ben, se dit-il. Toutes les filles ne sont pas comme cette tigresse de Misao finalement. Je suis sûr que celle-ci est plutôt du genre à se laisser faire… »
La fille sourit elle aussi, d'un sourire qui ressemblait plus à une grimace de l'avis de Kyo, mais elle ne semblait pas s'en rendre compte et continuait de le fixer d'un air aguicheur qu'elle croyait sans doute irrésistible. Pourtant, elle se trompait lourdement si elle pensait avoir réussi à intéresser Kyo. Celui-ci continuait de lui sourire, par pure politesse, mais il n'en pensait pas moins et ne put s'empêcher de murmurer à voix basse pour lui-même :
« Bon sang, pourquoi est-ce qu'elle me sourit d'un air aussi stupide ? Elle croit que je veux sortir avec elle ?! Ah, ça y est, elle se détourne… pas trop tôt. Oh non ! Elle revient à la charge ! Encore un de ces sourires béats… mais quelle niaise cette fille ! »
Il en était là dans ses réflexions à haute voix lorsqu'il entendit le rire de Misao à côté de lui. Un joli rire d'ailleurs, dût-il admettre. Flûté, musical, et communicatif, si bien qu'il dut se retenir lui aussi pour ne pas commencer à rire. Il se contenta de la regarder en haussant un sourcil étonné, attendant ses explications sur la raison de ce rire soudain. Misao mit quelques secondes à retrouver son sérieux, et pour une raison qu'il ne comprit pas, il se sentit fondre en voyant d'adorables fossettes se dessiner aux coins des lèvres de la jeune fille tandis qu'elle souriait.
« Qu'est-ce qu'il te prend ? demanda-t-il en se ressaisissant.
_ Rien, rien… c'est juste que… je t'ai entendu quand tu as parlé de Momiji et… ça m'a vraiment fait rire parce que ce que tu as dit représente exactement ce que je pense de cette fille… expliqua Misao en riant à nouveau.
_ Tu m'as entendu ? Je ne pensais pas parler aussi fort… espérons qu'elle, elle ne m'ait pas entendu !
_ Aucun risque, elle est bien trop occupée à regarder si elle ne s'est pas cassé un ongle ou je ne sais quelle autre truc dans le genre…
_ A propos d'ongles, quelle est cette mode qui consiste à se peindre les ongles en violet ?
_ Oh… tu veux parler du vernis à ongles ! Bof… c'est assez courant chez nous. Ne cherche pas à comprendre, va !
_ Comment peut-on trouver ça beau ? C'est horrible !
_ Ca dépend des couleurs. Il en existe de plusieurs sortes et parfois, cela peut faire très bien sur une fille… mais c'est sûr que si en matière de goût, tu regardes par rapport à cette chère Momiji, tu risques d'être très déçu !
_ Je prends note, affirma Kyo en souriant. »
A partir de cet instant, il y eut comme une trêve entre les deux jeunes gens et c'est sur un ton aimable et complice qu'ils continuèrent à parler, la conversation axant principalement sur Momiji Fujimiya qui ne cessait de jeter à Kyo des œillades langoureuses, ce qui faisait hurler de rire Misao et Kyo. Ils réussirent à rester discrets pendant un moment, mais le fou rire finit par alerter les gens autour, notamment le professeur Yukimura qui cria immédiatement :
« Kanzaki ! Kajiura ! Calmez-vous tout de suite ou c'est la porte qui vous attend ! »
Aussitôt, les rires des deux « coupables » s'interrompirent et un silence pesant se fit dans la classe, comme à chaque fois que le professeur s'apprêtait à émettre une sentence.
« Kanzaki ! poursuivit Yukimura. Je vous avais pourtant prévenu que je ne voulais pas avoir à vous donner un deuxième avertissement ! Mais c'est le cas… apparemment, vous êtes incapables de rester tranquille plus de deux minutes ! Et vous, Kajiura ! Je ne crois pas que rire et se dissiper soit un bon commencement pour qui veut étudier… D'ailleurs, je me demande quelle chose si spirituelle a pu vous faire rire à ce point tous les deux. Alors ? Veuillez faire profiter à la classe ce moment de rire et de détente, voyons ! Tout le monde meurt d'envie de savoir ce qui est si drôle. »
Kyo et Misao restèrent muets, ce qui ne fut pas apprécié par le professeur.
« Ne soyez pas timides ! Vous m'aviez l'air pourtant bien plus bavards il y a quelques minutes. Alors ? J'exige une réponse ! Je veux savoir quel événement si amusant a perturbé mon cours… »
Encore une fois, Kyo et Misao se contentèrent de baisser les yeux et de se tenir cois. Yukimura fronça les sourcils et conclut :
« Très bien. Puisque Kanzaki et Kajiura se jugent au-dessus de tout le monde et refusent de coopérer, je suis sûr qu'ils se feront une joie de se racheter en restant une heure plus tard ce soir et en en profitant ensuite pour laver et nettoyer toute la salle de classe. Alors ? Vous ne dîtes toujours rien ? Je prends ça pour une approbation. Je suis sûr que demain matin, tous vos camarades de classe vous seront très reconnaissants pour avoir rangé et astiqué la salle, merci d'avance pour votre geste… »
La sentence venait d'être prononcée. Kyo et Misao resteraient ce soir en heure de colle pour travailler puis pour nettoyer la classe. Il n'y avait rien à ajouter, rien à faire pour protester, tout était dit. Cela, les deux jeunes gens l'avaient bien compris, c'est pourquoi ils se tinrent tranquilles jusqu'à la fin du cours, de peur d'aggraver leur punition inutilement.
*************
Après l'heure avec Yukimura restait une dernière heure de cours qui clorerait la matinée : le cours de japonais avec Mr Edogawa. Celui-ci n'était heureusement pas comme son collègue le professeur de physique, et était beaucoup plus apprécié des élèves. Misao l'aimait bien et soupira de soulagement en voyant Edogawa arriver pour prendre la place de Yukimura. L'heure de cours se déroula plutôt bien et aucun incident semblable à celui de l'heure précédente ne vint troubler la quiétude du cours du professeur de japonais. Même Kyo et Misao ne se disputèrent pas une seule fois.
Justement, c'était très étrange… songeait Misao tout en ramassant ses affaires pour quitter la classe et se diriger vers le réfectoire. Sa relation avec Kyo s'était beaucoup améliorée en à peine quelques instants, durant l'épisode du fou rire, et elle se demandait ce qui avait bien pu provoquer cela. Misao espérait en tout cas sincèrement que cela allait continuer dans ce sens. Elle ne se serait pas encore avancée pour dire qu'elle considérait Kyo comme un ami à présent ( il était encore beaucoup trop tôt pour se prononcer là-dessus ), mais au moins ils avaient cessé de se disputer et de s'insulter pendant une heure entière, c'était donc déjà un énorme progrès pour qui savait les rapports tendus qu'ils entretenaient.
En voyant que pour une fois, tout semblait bien se passer entre elle et Kyo, Misao y décela là une occasion de demander au jeune homme comment il avait fait pour intégrer l'école. Cependant, elle ne pouvait pas lui poser cette question devant tout le monde, car personne ne devait savoir que Kyo Kajiura n'existait pas et n'avait aucunement l'intention de s'inscrire dans ce lycée l'année suivante…
« Pour la simple et bonne raison qu'il ne sera plus dans ce monde l'année prochaine… songea alors Misao, pensive. Il sera de retour chez lui, sur Gaïa. »
Sur Gaïa… c'était vraiment étrange de parler ainsi d'un autre monde qui existait au-delà des étoiles, dans l'espace infini, situé entre la Lune et la Terre ou Lune des Illusions… Oui, c'était à la fois étrange et… captivant. Captivant, car qui n'aurait pas rêvé de se rendre dans un autre monde, à la découverte de l'inconnu, à l'aventure ?
« Et toi ma vieille, tu as la possibilité d'y aller… mais une question se pose : le feras-tu ? Iras-tu passer un mois sur cette terre inconnue, ce territoire où l'une des seules terriennes à y avoir posé le pied se prénomme… Hitomi ? »
Le dilemme était rude. Misao ne savait pas vraiment ce qu'elle désirait… mais elle avait encore tout le temps pour y réfléchir, non ? Elle se pencherait sur la question plus tard.
« Que fait-on, le midi ? Où va-t-on manger ? demanda Kyo à Misao. »
Celle-ci sourit. Pour l'instant, elle avait plus urgent à faire que de se poser mille et une questions sur la décision qu'elle avait à prendre : elle devait avant tout guider Kyo à travers le lycée, sans quoi il allait se faire remarquer.
« Le midi, nous nous rendons tous au réfectoire pour déjeuner. Un menu est cuisiné par les cuisiniers et cuisinières du lycée et nous allons au réfectoire appelé aussi self, pour manger.
_ On y va maintenant alors ? Je commence à avoir faim.
_ Oui, mais attendons un peu. Pour manger le midi, on se retrouve toujours à plusieurs pour déjeuner ensemble, c'est plus sympa. Et là, j'ai promis à Akito que je mangerais avec lui. Il va arriver ici d'une minute à l'autre donc attendons-le. »
En effet, quelques secondes plus tard, le dénommé Akito débarquait dans la classe et saluait Misao et Kyo. Misao fit les présentations de Kyo à Akito et inversement, puis les trois jeunes gens se rendirent au réfectoire.
« Tiens, tu ne manges pas avec Nozomi ? s'étonna Kyo.
_ Si bien sûr, mais on s'attend au self, on se retrouve là-bas tous ensemble en fait, c'est plus pratique.
_ Vous êtes combien exactement ?
_ Ca dépend… nous sommes six ou sept en général. Hina, Tohru, Akito, Nozomi, Ryouji, Toya parfois… et moi…
_ Et Shinji ? demanda Kyo. »
Il avait failli dire : « et cet imbécile de Shinji ? » mais il s'était retenu pour ne pas déclencher une nouvelle crise chez Misao. En effet, pour une raison obscure que Kyo ne voulait pas creuser et chercher à comprendre, le jeune homme avait pour la première fois envie d'entretenir une relation aimable avec Misao, au moins pour une journée. Il venait effectivement de se rendre compte que cela pouvait être plutôt agréable, et il avait donc décidé de faire des efforts pour éviter de la mettre hors d'elle pour une fois…
« Shinji vient parfois avec nous, mais pas très souvent car il a d'autres amis avec qui il déjeune, répondit Misao en sentant son ventre se serrer en parlant de Shinji. »
Ils n'avaient toujours pas eu l'occasion de se revoir, elle et lui, depuis la dernière fois, et Misao appréhendait le moment où ils devraient se parler.
Par ailleurs, le déjeuner se déroula parfaitement bien, sans aucun problèmes. Au contraire, tout se passait pour le mieux, surtout entre Kyo et Misao qui se parlaient comme les deux meilleurs amis du monde. Ils étaient tous les deux les premiers surpris de cette nouvelle et si soudaine entente, sachant qu'ils se haïssaient encore quelques heures auparavant.
Misao en était ravie. Finalement, peut-être cela allait-il mieux se passer qu'elle ne l'avait redouté.
De son côté, Kyo était amusé par la nouvelle tournure que prenaient les événements, et il avait bien du mal à s'avouer que cela lui plaisait bien en réalité. Lorsqu'on la connaissait mieux, Misao était en fait une fille très sympathique, mais surtout très drôle, et Kyo en était le premier étonné. C'était la première fois qu'une fille le faisait rire, et il ne savait pas trop s'il aimait cela, surtout qu'il avait du mal à y croire étant donné qu'il s'agissait de cette fille impossible, qui l'avait giflé et griffé sauvagement !
A un moment, durant le repas, sa voisine de droite, la dénommé Hina, s'était tournée vers lui et lui avait demandé discrètement :
« Dis-moi, Kyo… toi et Misao, vous sortez ensemble ? »
Kyo avait failli s'étouffer avec un grain de riz, mais il avait malgré tout recouvert très vite son sang-froid et répondu :
« Non, mais… qu'est-ce qui te fait dire ça ?
_ Et bien… vous vous entendez plutôt bien et… en vous voyant tous les deux… et en voyant comment Misao réagit parfois quand tu lui adresses la parole, je croyais qu'il y avait quelque chose entre vous…
_ Tu trouves que Misao réagit bizarrement lorsque je lui parle ?
_ Je ne sais pas trop… je la connais bien et… parfois j'ai eu l'impression qu'elle fuyait ton regard. Je me trompe peut-être…
_ Tu crois qu'elle est amoureuse de moi ? demanda Kyo qui avait du mal à croire à ce qu'il venait d'entendre.
_ C'est possible. Mais ce n'est pas sûr du tout alors ne t'emballe pas…
_ Pourquoi est-ce que je m'emballerai ? Je n'ai jamais dit que je l'aimais, moi ! »
Kyo avait repris un ton plein de dédain en disant cette phrase, car il ne voulait pas que Hina se fasse des idées et croit que lui aussi était amoureux de Misao… D'accord, il commençait à l'apprécier un peu plus, c'était vrai, mais de là à tomber amoureux d'elle… il y avait de la marge. Misao ne représentait rien pour lui, mis à part une aide précieuse pour Gaïa peut-être…
Voilà les pensées que se répétait Kyo comme pour se convaincre, car depuis qu'il avait appris par Hina qu'il y avait une possibilité pour que Misao ait le béguin pour lui, il ressentait comme une étrange sensation de bien-être lui parcourir le corps, et il n'aimait pas cela. Mais alors pas du tout… Cette sensation était inconnue pour lui et il n'avait pas envie d'en savoir plus quant à son origine…
D'un autre côté, il ne pouvait s'empêcher de penser que la possibilité que Misao puisse l'aimer l'amusait et gonflait un peu son ego. Et bien oui, n'importe quel garçon normalement constitué aurait été flatté d'apprendre qu'une jolie fille éprouvait des sentiments envers lui, non ? Cependant, Kyo ne devait pas oublier que rien n'était encore sûr… Le jeune homme réfléchit alors et pensa qu'il serait intéressant de vérifier si oui ou non Misao l'aimait…
*******
Misao observait Kyo du coin de l'œil. C'était étrange, lui si bavard durant le repas était à présent muet comme une carpe et semblait bien songeur…
« Bah, du moment que ce n'est pas pour inventer un de ses mauvais coups… songea la jeune fille en souriant. »
Bientôt, Misao et ses amis terminèrent leur repas et se levèrent pour aller débarrasser leurs assiettes. Chaque élève devait vider le contenu de son assiette avant de partir, ce que Misao expliqua clairement à Kyo qui ouvrait de grands yeux étonnés à la ronde.
« On est vraiment obligé de faire ça ? demanda celui-ci à Misao avec un air de dépit.
_ Evidemment ! C'est la moindre des choses. Le personnel de ménage et les cuisiniers ont déjà assez de travail comme ça…
_ Sur Gaïa, ce genre de tâches est réservé aux domestiques…
_ Arrête de bougonner et fais-le ! C'est un ordre !
_ Ho ho ho… Tu crois sérieusement que tu peux me donner des ordres ! Sache que c'est toujours moi qui domine Misao… Enfin, ce n'est pas grave, j'aime les filles qui me résistent… »
Kyo s'était rapproché tout près de Misao et avait prononcé ces paroles en murmurant sensuellement à l'oreille de la jeune fille, ce qui eut le don de la faire rougir. Le jeune homme comprit sans peine à la teinte de ses joues que Misao était troublée, et immédiatement, il en fut très content et satisfait.
« Ne dis pas n'importe quoi, répondit Misao en s'éloignant prestement. Arrête ça et va débarrasser ton assiette comme tout le monde… »
Kyo obéit, un sourire de satisfaction et de contentement au coin des lèvres. En effet, faire ce genre de tâches ménagères ne le gênait en fait pas vraiment, et il n'avait protesté que pour tester Misao. C'était un piège pour voir si elle serait troublée par lui ou pas. Et la jeune fille avait sauté dedans à pieds joints. Elle avait rougi comme une tomate, ce qui prouvait aux yeux de Kyo qu'elle éprouvait quelque chose pour lui. Le jeune homme se rappela ensuite de la scène où ils s'étaient embrassés fougueusement et comment Misao avait appuyé le baiser… oui, pas de doute. Misao était follement amoureuse de lui !!
Kyo eut un sourire de jeune loup. Magnifique, Misao ne ressentait en vérité rien pour Shinji et elle était tout à lui. Elle était sienne… Le jeune homme eut un grand sourire à cette pensée et se sentit animé d'un sentiment d'euphorie. Il avait presque envie de chanter ! Il se calma brusquement. Zut ! Qu'est-ce qu'il lui prenait tout à coup ? Voilà qu'il devenait aussi stupide et bébête qu'un garçon tombant amoureux… C'était grotesque.
Kyo se secoua et après avoir débarrassé son assiette, il se rendit vers les toilettes pour aller se passer un coup d'eau sur la figure. Voilà. Il se sentait déjà mieux et pouvait se remettre les idées en place. Misao l'aimait mais ça n'était absolument pas réciproque. Il ne ressentait vraiment rien pour cette fille…
**********
Pendant ce temps, Misao se trouvait toujours avec ses amis, dont Nozomi avec qui elle était en train de discuter. Une fois de plus, leur conversation portait sur leur nouveau locataire qui était maintenant un nouvel élève également, le jeune et beau Kyo Kajiura, alias Kyo Fanel. Misao expliquait à sa meilleure amie comment ses rapports avec le jeune homme s'étaient sensiblement améliorés, et Nozomi s'en réjouissait pour elle.
« Alors ? demanda-t-elle à Misao. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Tu crois que vous allez enfin pouvoir vous entendre ?
_ Je ne sais pas trop… murmura la jeune fille. Tu sais, cela dure depuis quelques heures à peine alors… et puis, avec Kyo, je… j'ai l'impression de ne jamais savoir sur quel pied danser. Il peut passer d'une attitude odieuse à un comportement tout à fait plus aimable, je viens de m'en rendre compte…
_ Mais… est-ce que tu ressens quelque chose pour lui, Misao ?
_ Non ! Enfin… je ne pense pas. En fait, je crois que je n'arrive pas du tout à cerner ce garçon… Tout est si compliqué avec lui ! Alors qu'avec Shinji…
_ Oui ? fit Nozomi en voyant son amie hésiter.
_ Avec Shinji… tout est tellement plus simple… Nous nous connaissons depuis longtemps et nous nous entendons si bien. Quand je suis avec lui, je suis toujours à l'aise, alors qu'avec certains garçons, je suis tout le temps obligée de me surveiller, de peur de dire des idioties… Avec Shinji, je me sens vraiment bien, tu sais.
_ Alors je crois qu'il n'y a plus de problèmes ! conclut Nozomi.
_ Comment cela ?
_ Et bien, tu viens toi-même de donner la réponse au petit dilemme qui te torturait ! Qui préférais-tu, de Kyo ou Shinji ? C'était ça le problème… car sinon, je ne pense pas que cela aurait fait tant d'histoires la dernière fois…
_ Oh. Et alors tu crois que je préfère…
_ Shinji bien sûr ! Vu la façon dont tu en parles, ça me paraît assez évident ! Mais après, évidemment, ce n'est pas à moi de juger, je veux dire, je peux me tromper mais bon… je te donne mon avis, c'est tout.
_ Et tu penses que je devrais… enfin… lui dire quelque chose ?
_ A qui, à Shinji ? Je pense que oui… mais là, c'est toi qui vois. »
Misao acquiesça, songeuse. La discussion avec Nozomi commençait à lui faire prendre conscience qu'il était possible qu'elle ait négligé une personne importante pendant toutes ces années… Shinji. Il l'aimait, mais elle n'avait rien fait pour que leur relation dépasse l'amitié. Car à l'époque, cela lui suffisait… mais maintenant ?
Franchement, la jeune fille n'en savait rien. Pourtant, Nozomi avait l'air de dire qu'entre Shinji et elle… Et peut-être… peut-être avait-elle raison après tout. Elle connaissait parfaitement bien Shinji et ils s'entendaient à merveille alors… pourquoi pas, en effet ? En fait, elle l'aimait sûrement mais elle ne s'en était pas rendue compte et avait confondu amour et amitié… Et puis, si elle ne l'aimait pas, pourquoi alors avait-elle ressenti comme cette cassure en elle, lorsque Shinji l'avait vue en train d'embrasser Kyo ? Oui, c'était la seule explication possible. Elle était amoureuse de Shinji, et Kyo, lui, ne comptait pas là-dedans. Peut-être pourraient-ils devenir amis, mais cela n'irait certainement pas plus loin.
Misao se sentit rassurée. Finalement, elle avait réussi à mettre de l'ordre dans sa tête et dans ses sentiments. Tout était clair à présent…
« Tiens, Misao, quand on parle du loup… chuchota Nozomi en lui donnant un coup de coude. »
C'était Shinji qui avançait dans leur direction. Le ventre noué, Misao se força à garder son sang-froid. Après tout, elle n'avait plus rien à craindre car désormais, elle était capable de dire à Shinji ce qu'elle ressentait pour lui ! Et c'était le moment de le lui dire, dès maintenant.
Sans hésiter plus longtemps, Misao se leva et alla à sa rencontre. Empoignant le bras du jeune garçon, elle l'entraîna à part afin d'avoir une conversation avec lui.
« Shinji, j'ai à te parler… déclara-t-elle.
_ Si cela a à voir entre Kyo et toi, ce n'est pas la peine, répondit-il froidement. J'ai eu du mal à l'avaler mais… c'et bon, je crois que je m'y suis fait. Alors…
_ Tais-toi. D'abord, tu ne sais rien du tout. Il n'y a rien entre Kyo et moi, et il n'y a d'ailleurs jamais rien eu. Je me fiche de Kyo. Je le détestais encore il y a à peine quelques heures… »
Shinji fronça les sourcils.
« Et la scène que j'ai vu alors ? J'ai eu une hallucination, peut-être ?
_ Non, c'est juste que… je… j'ai été séduite, tu comprends. Kyo est beau garçon et tu sais comment il est. Il sait se servir de son charme pour… enfin, ce que j'essaie de te dire, c'est que ce qu'il s'est passé était un incident… Et c'est d'ailleurs grâce à ça que j'ai compris que…
_ Que quoi ? Qu'est-ce que tu as compris ?
_ Que je t'aimais, murmura Misao dans un souffle. »
Le cœur battant, elle attendit la réponse de Shinji. Celui-ci ouvrit tout d'abord des yeux ronds, puis secoua la tête vivement.
« Arrête de me faire marcher, Misao. Ce n'est vraiment pas…
_ Mais je ne mens pas ! C'est la vérité, Shinji.
_ Ecoute, Misao… »
Excédée de voir qu'il doutait encore, la jeune fille décida d'employer les grands moyens. Sur une impulsion soudaine, elle haussa légèrement la pointe des pieds et déposa un léger baiser sur la bouche de Shinji. Celui-ci rougit brusquement et bégaya :
« Tu sais je… je ne sais pas si…
_ Ne dis rien, dit Misao en souriant, heureuse qu'il ne l'ait pas repoussé. »
Puis, ils partirent finalement main dans la main, sous les yeux amusés de Nozomi, ravie pour son cousin et sa meilleure amie, mais également sous les yeux furieux d'un certain jeune homme, qui s'était trouvé là par hasard et qui avait tout suivi de la conversation…
***********
Ainsi, tout le monde semblait satisfait de la tournure que prenaient les choses. Tout le monde… sauf Kyo. Il avait tout vu. Tout entendu, aussi. Et pour la première fois de sa vie, un sentiment inconnu grondait en lui. Un sentiment fort, extrêmement puissant, qui semblait prendre toute la place dans son cœur et son esprit. Le jeune homme ne parvenait pas et ne cherchait d'ailleurs même pas à identifier ce sentiment inconnu. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il se sentait humilié comme jamais, et qu'il avait une envie folle et malsaine de jeter le trouble entre le joli couple…
Shinji et Misao… L'idée même de les voir ensemble et d'associer leurs deux noms pour former un couple le répugnait. Et Misao… l'ignoble petite peste. Comment avait-elle osé lui faire ça ? L'embrasser jusqu'à ce qu'il en perde la tête et ensuite se jeter dans les bras d'un autre ? Le pire, c'était que son amie, Hina, lui avait presque assuré que Misao était amoureuse de lui. Et lui, comme un idiot, il avait été tenté d'aller le vérifier et s'était sans doute ridiculisé… Mais oui, puisque la garce ne l'aimait pas.
Je me fiche de Kyo.
Je le détestais encore il y a à peine quelques heures…
Voilà quelles avaient été ses paroles… Et Kyo ne doutait donc plus qu'elle s'était foutue de lui. Elle avait sûrement manigancé avec Hina pour lui faire croire qu'elle l'aimait alors que c'était complètement faux. Et lorsqu'il s'était approché d'elle au réfectoire avant de débarrasser son assiette pour lui murmurer quelques mots qu'il jugeait maintenant stupides, elle avait simulé de se sentir embarrassée… Comme les deux amies avaient dû rire ensuite de lui !
Bouillonnant de rage, Kyo serra les poings. Misao allait le regretter amèrement…
*************
La pause du midi se termina ensuite rapidement et tous les élèves durent retourner en classe. Misao rejoignit donc la sienne, à l'heure cette fois-ci et quitta Shinji avec qui elle était restée durant tout le reste de la pause-déjeuner. Avec tout ça, elle en avait presque oublié la présence de Kyo, c'est pourquoi elle ne put s'empêcher de sursauter en le voyant s'asseoir à côté d'elle.
« Et bien, qu'est-ce qu'il se passe, Misao ? Tu as l'air surprise de me voir… C'est parce que tu files le grand amour avec Shinji que tu deviens stupide ? »
La jeune fille frissonna. Kyo arborait cet air mauvais et sournois qu'elle redoutait. Et les paroles peu aimables qu'il venait de prononcer ne laissaient rien présager de bon… Mais pourquoi fallait-il qu'il reprenne cet air ironique et moqueur ? Et dire qu'ils commençaient tout juste à avoir une relation amicale. Il n'allait tout de même pas tout gâcher…
« Je vois que tu es déjà au courant pour Shinji et moi… murmura-t-elle en s'efforçant de rester calme pour ne pas envenimer la situation.
_ Et bien oui, comme tu vois, les nouvelles vont vites, n'est-ce pas ? Mais de toute façon, je suppose que ce crétin de Shinji devait être tellement en extase qu'il s'est empressé de raconter à tout le monde votre magnifique idylle… »
Piquée au vif, Misao haussa la voix. Elle ne pouvait pas laisser passer ça…
« Je ne sais pas ce qui te met de si mauvais poil, Kyo, mais arrête ce petit jeu tout de suite. Va passer ta mauvaise humeur et ton sale caractère sur quelqu'un d'autre… j'en ai marre de devoir te supporter, toi et tes caprices.
_ Oh… excuse-moi si je t'ai offensée, Misao… fit Kyo en montant le volume à son tour. Seulement… c'est juste que je m'inquiète pour Shinji, en fait. Car qui sait combien de temps va durer votre si romantique aventure ? Après tout, il est bien possible qu'une fois de plus, tu sautes sur le premier mec venu pour l'embrasser sauvagement, comme tu l'as déjà fait avec moi, tu te souviens ? »
Kyo avait parlé à haute voix et distinctement, si bien que la moitié de la classe au moins avait entendu la conversation, dont les derniers mots du jeune homme qui n'étaient pas vraiment flatteurs concernant Misao. Le visage de celle-ci s'empourpra en réalisant que plusieurs de ses camarades de classe avaient suivi la discussion. Néanmoins, la jeune fille s'efforça de faire abstraction de ce qui se passait autour d'elle pour répondre à Kyo qui avait amplement dépassé les bornes.
« Tu me dégoûtes… grinça-t-elle entre ses dents. Non seulement tu ne peux pas t'empêcher de me persécuter pour assouvir ta dose de méchanceté, mais en plus tu ne t'arrêtes pas là et tu cherches à tout prix à me mettre aussi tout le monde à dos !! Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me détestes à ce point, Kyo, dis-le moi ?! »
Tu ne m'aimes pas, voilà ce que je te reproche !
La réponse avait fusé instantanément dans l'esprit du jeune homme, et un court instant, il sentit une vague d'affolement l'envahir en réalisant qu'il venait d'avoir cette pensée qui ne lui ressemblait pas. De toute façon, il l'oublia aussi vite qu'elle avait traversé son esprit, car la jalousie qui le rongeait était plus forte que tout et dépassait tout le reste.
« Jalousie ? Non, ce n'était pas de la jalousie ! songea-t-il ensuite, voulant se persuader lui-même. Et puis, jaloux de qui ? De Shinji, ce type médiocre ? Et puis quoi encore ! C'était absurde… Il se sentait simplement humilié et tout ça c'était à cause de cette fille et il comptait bien le lui faire payer ! »
Aveuglé par ce sentiment qui l'animait tout entier, Kyo ne mesurait même plus ses paroles et ne songeait plus qu'à une chose : faire aussi mal à Misao qu'il souffrait lui-même, peut-être ainsi sentirait-il moins intensément cette blessure au cœur…
« Mais tu ne m'as rien fait du tout, Misao… Au contraire, je t'adore, je t'assure ! poursuivit-il, narquois. Je te le répète, j'ai simplement peur pour ce pauvre Shinji qui me semble si fragile et que tu vas sûrement jeter dans quelques jours… Mais sinon, tu ne te souviens vraiment pas de ce qu'il s'est passé entre nous, Misao ? Allons bon, je te pardonne. Après tout, il est bien possible qu'avant moi, des dizaines, que dis-je, des vingtaines d'autres soient déjà passés alors… je comprends que tu puisses te mélanger un peu avec tous ces mecs à ton actif… »
A peine Kyo avait-il prononcé ces derniers mots qu'une gifle magistrale de la part de Misao vint l'interrompre. Pétrifié, il en resta sans voix et ne put que fixer la jeune fille, qui semblait au bord des larmes.
« Kyo… pourquoi… ? murmura-t-elle tout bas, si bien qu'il fut le seul à entendre. »
Elle le dévisageait avec ses beaux grands yeux verts, une lueur d'incompréhension et de tristesse dans le regard. Un instant, Kyo fut tenté de se ressaisir et de la prendre dans ses bras pour effacer toutes les paroles affreuses qu'il venait de prononcer, mais il avait bien trop peur de sa réaction pour faire quoi que ce soit.
Finalement, Misao quitta la classe sans un mot, laissant derrière elle un jeune homme à la fois tourmenté et confus.
Parce que c'était la première fois qu'un tel sentiment s'emparait de lui, Kyo avait en effet réagi comme l'exigeait son caractère : emporté, spontané et irréfléchi, il avait agi impulsivement sous le coup de la colère sans songer aux conséquences. Car les conséquences étaient là, bien réelles : il avait profondément blessé Misao, d'une façon des plus cruelles, et la blessure qu'il cachait au fond de son cœur ne s'en portait pas mieux.
Au contraire, il souffrait plus que jamais…
**********
Finalement, Misao réapparut dans la classe une demi-heure après, en expliquant au professeur de mathématiques qu'elle était partie à l'infirmerie car elle ne se sentait pas bien. Heureusement, lorsque la querelle entre Kyo et Misao avait eu lieu, le professeur n'était pas encore arrivé dans la classe, si bien qu'il ne savait rien et se contenta d'inviter la jeune fille à regagner sa place.
Elle obéit et alla s'asseoir, ignorant royalement son voisin qui d'ailleurs, s'appliquait à fuir son regard. Durant tout le reste de l'après-midi, les deux jeunes gens n'échangèrent aucune parole, et c'est dans cette atmosphère glaciale que s'acheva la dernière heure de cours.
Malheureusement, il ne s'agissait pas exactement de la dernière heure pour Kyo et Misao, puisqu'ils devaient rester pour leur punition. Celle-ci s'avérait d'autant plus lourde que tous les deux ne ressentaient pas la moindre envie de se trouver en compagnie de l'autre. Toutefois, ils n'avaient pas le choix, et le cœur lourd, ils regardèrent leurs camarades quitter la classe bruyamment et de bonne humeur, chacun étant satisfait d'avoir terminé la longue et dure journée de cours.
Un surveillant arriva ensuite dans la classe afin de garder les deux lycéens pendant l'heure de colle. Durant une demi-heure environ, le silence fut de mise puis, au bout de trois quarts d'heure, le surveillant quitta la classe sur ces derniers mots :
« A présent, il ne vous reste plus qu'à faire le ménage dans la salle pendant le reste de l'heure. Vous avez à peu près quinze minutes pour ça… Moi, j'ai un autre travail à faire donc je vous laisse seuls. Je vous fais confiance pour ne pas foutre le bordel. De toute façon, je reviendrai à la fin de l'heure voir si vous avez bien nettoyé. Après ça, vous pourrez partir. A tout à l'heure. »
Le surveillant s'en alla, laissant Kyo et Misao seuls dans la classe. La jeune fille était consternée. Qu'allait-elle devenir, seule aux prises de ce méprisable personnage ? A cause de lui et de ses paroles insultantes, toute la classe allait la prendre pour une salope…
Misao vivait un horrible cauchemar, et aurait aimé se réveiller auprès de la présence rassurante de Shinji, le garçon qu'elle aimait vraiment. De toute façon, après ce que lui avait fait Kyo, elle ne pouvait plus en douter…
*********
Kyo avait retrouvé ses esprits. Pour une raison qui restait obscure à ses yeux ( il est aveugle le pauvre petit, pardonnons-lui s'il a du mal… mais je trouve plus marrant de faire comme ça ! car s'il se consumait déjà trop d'amour pour Misao, ce serait pas drôle… ^_^ ), savoir Misao avec Shinji le contrariait et l'irritait au possible. Cela, il n'y pouvait rien mais en réfléchissant un peu, Kyo finit par trouver à ce phénomène étrange qui lui arrivait une interprétation qui lui convenait et le contentait.
C'était très simple finalement : il était attiré physiquement par Misao et ne parvenait pas à se défaire de cette attirance. C'était parfaitement compréhensible étant donné la beauté de la jeune fille… n'importe quel homme aurait eu envie de… enfin bref, ce qui était sûr, c'est que Misao lui plaisait sur le plan de la séduction pure ( non des sentiments… ), et qu'il ne serait pas satisfait et apaisé tant qu'elle n'aurait pas été sienne. Oui, il la voulait, la désirait et le misérable Shinji clochait dans le tableau. Il empiétait sur ses plates-bandes et entravait le souhait qu'avait Kyo de vouloir Misao pour lui. Rien qu'à lui, d'ailleurs. Il ne permettrait pas qu'on la lui prenne. Il la voulait exclusivement, totalement et…
Bon dieu, qu'est-ce qu'il lui prenait de penser à des choses pareilles ?! Mince, il n'était pas un psychopathe tout de même… Le problème, c'est que c'était la première fois qu'une fille lui faisait cet effet-là et il avait du mal à gérer la situation.
Kyo fut interrompu dans ses pensées lorsque Misao lui fourra dans les bras un balai.
« Nous avons un travail à faire, il me semble, déclara-t-elle froidement. Et je ne compte pas m'y coller seule ! Au lieu de te tourner les pouces, commence à balayer dans ce coin, je m'occupe de l'autre.
_ Inutile de prendre ce ton agressif et autoritaire, rétorqua-t-il. Je sais ce que j'ai à faire.
_ Alors fais-le. »
Pendant dix minutes, chacun balaya sagement son côté en silence, en prenant bien soin de rester dans son périmètre. A un moment, ils furent tout de même obligés de réunir la poussière qu'ils avaient chacun amassé dans un coin, et Misao demanda à Kyo de lui donner le ramasse-poussière afin qu'elle jette ensuite le tout à la poubelle.
Le jeune homme s'exécuta et lui tendit l'objet. Lorsqu'elle le prit, leurs mains se frôlèrent et Kyo put sentir celle de Misao trembler. Il en fut profondément ébranlé, surtout une fois qu'il chercha à comprendre la raison de ce tremblement et qu'il en arriva à cette conclusion : Misao avait peur de lui. Cette pensée le tracassa et il fut soudainement pris de remords pour ce qu'il avait pu lui faire subir.
« Je ne veux pas que tu aies peur de moi, dit-il subitement en lui prenant la main et en se surprenant lui-même d'agir ainsi. »
Misao leva sur lui des yeux étonnés, puis eut une moue dubitative.
« Ca ne prend pas, Kyo. Si c'est encore une de tes combines, je…
_ Non ! Je suis sérieux… je veux dire que… enfin… pour tout à l'heure, si je t'ai froissée, alors je…
_ Froissée ?! C'est le seul mot que tu trouves à dire pour qualifier ce que tu m'as fait ? Excuse-moi si le mot me paraît faible ! Tu m'as humiliée devant toute la classe en me faisant passer pour une moins que rien… pour une traînée !! Demain, il faudra encore que j'affronte tous les regards… ils ont sûrement cru à ce que tu as dit. D'ailleurs, pour ça, félicitations : tu as parfaitement su les convaincre… acheva Misao d'une voix éteinte et amer. »
Après ces paroles, Kyo se sentit encore plus coupable et se passa la main dans les cheveux, mal à l'aise.
« Ecoute, je… je suis désolé… pour tout ça, murmura-t-il, l'air embêté.
_ Là par contre, je peux t'assurer que tu es tout, sauf convaincant, répliqua Misao sèchement. Tu pourras t'excuser autant que tu le voudras, le mal est fait et on ne peut plus revenir en arrière… D'ailleurs, même si nous en étions capables, je doute que cela changerait grand chose… Je suis persuadée que tu aurais gardé la même attitude et les mêmes paroles. Tu semblais tellement satisfait de m'humilier ainsi… Je ne comprends toujours pas pourquoi d'ailleurs. Pff… et dire que j'étais tellement contente de sortir avec Shinji ! »
A l'évocation de ce nom, Kyo vit rouge et ne put s'empêcher de s'énerver :
« Shinji ! Toujours et encore Shinji ! Tu n'as que ce mot à la bouche ma parole ! Il te plaît tant que ça, cet imbécile ? Qu'est-ce que tu lui trouves, à la fin !
_ Il est et sera toujours mille fois mieux que toi ! Ce qui est triste, c'est que tu ne t'en rendes pas compte… et lui au moins ne prend pas un malin plaisir à tourmenter les autres !
_ Ce n'est pas mon cas non plus, mais tu ne comprends rien ! Tu ne me connais pas et tu n'as absolument rien compris ! Tu ne vois donc pas que je… enfin de toute façon, c'est de ta faute et tu n'as qu'à t'en prendre qu'à toi-même !
_ Non mais je rêve ! Et qu'est-ce que j'ai fait de mal dans ce cas ? J'aimerais bien le savoir ! Dis-le moi Kyo, je t'en prie, je suis tout ouïe ! »
Tu ne m'aimes pas alors que moi je…
« Merde ! Encore cette pensée idiote ! jura Kyo intérieurement. »
Finalement, pour toute réponse à Misao, le jeune homme se contenta de faire ce qu'il avait envie depuis le début : plaquer ses lèvres contre celles de la jeune fille et savourer l'instant. Et comme il s'en doutait, ce fut un véritable délice. Délice qui ne dura malheureusement que quelques secondes, car Misao le repoussa presque immédiatement.
« Mais tu es complètement fou ! Pourquoi fais-tu tout ça ? Ca aussi ça fait partie de ton plan pour me gâcher la vie ?
_ Non, je voulais simplement voir si tu avais aussi bon goût que tu en avais l'air. »
Misao dévisagea Kyo, incrédule.
« C'est un compliment ou une insulte détournée ? demanda-t-elle, méfiante. »
« Flûte ! pensa le jeune homme, désemparé. »
En effet, les mots avaient franchi ses lèvres sans qu'il ait eu le temps de les retenir et à présent, il ne savait pas vraiment quoi dire.
Le retour soudain du surveillant dans la classe fut donc une bénédiction. Misao s'empressa de vider la poussière et les saletés dans la poubelle et le surveillant inspecta alors le sol de la pièce du regard.
« Hmm… ça m'a l'air propre, jugea-t-il. Allez, c'est bon, vous pouvez partir. »
Misao ne se le fit pas dire deux fois, et elle fut la première à quitter la salle de classe après avoir salué le surveillant. En vérité, la jeune fille préférait se dépêcher afin de semer Kyo et de rentrer seule, car elle ne souhaitait pas ardemment sa présence, loin de là. Elle accéléra donc le pas et se retrouva vite à l'entrée du lycée, sans Kyo.
Celui-ci avait bien compris que Misao le fuyait mais n'avait pas cherché à la rattraper elle avait après tout de bonnes raisons de ne pas vouloir de sa compagnie. Maussade, il traîna donc un peu dans les couloirs puis trouva la sortie et quitta l'établissement scolaire peu après Misao. Ce fut lorsqu'il se retrouva seul dans la rue qu'il réalisa qu'il n'était pas sûr de bien retrouver le chemin de la maison d'Amano et Yukari.
« Foutue Misao ! Elle aurait pu m'attendre finalement… pesta-t-il. »
Kyo décida donc d'essayer de la rattraper, car elle ne devait pas avoir une si longue avance sur lui, à moins d'avoir piqué un sprint jusqu'à chez elle… Heureusement, il se souvenait au moins des premières bifurcations à faire pour accéder à la demeure, et il se dépêcha donc de retrouver Misao.
Au bout de cinq minutes de recherche, toujours pas de trace de la jeune fille. Finalement, peut-être n'allait-il pas retrouver le chemin et allait-il devoir dormir à la belle étoile… Misao avait sûrement fait un détour pour lui échapper…
Kyo commençait à se résigner sur son sort, lorsqu'il entendit des éclats de voix à quelques rues de là où il se trouvait. Curieux, il se dirigea vers l'endroit d'où provenait le bruit et traversa ainsi deux rues. Les bruits de voix cessèrent alors puis reprirent, c'est pourquoi il se rendit dans une dernière petite ruelle, assez sombre d'aspect et discrète, car c'était là l'origine des éclats de voix.
Le jeune homme eut alors la surprise de reconnaître la voix de Misao parmi les autres voix qui semblaient plutôt masculines. Intrigué, Kyo s'avança tout en prenant soin de rester dissimulé, et reconnut alors sans peine Misao, adossée au mur de la ruelle et entourée par une bande de garçons qui avaient l'air tout, sauf bienveillant.
Inquiet pour la jeune fille, il resta néanmoins à couvert afin de voir et de mieux comprendre la situation et pour ainsi juger si oui ou non Misao allait avoir besoin d'aide.
Kyo vit alors un des six garçons s'approcher encore plus près de la jeune fille. A la façon dont les cinq autres le regardaient avec respect, Kyo comprit que ce garçon devait être le chef de la petite bande.
« Alors ma belle, comment ça va depuis la dernière fois ? Ca fait un bail, pas vrai ? Trop longtemps à mon goût, même… Justement, j'avais envie de te revoir. Ca tombe bien, n'est-ce pas ? Et bien, qu'est-ce qu'il se passe, Misao ? On dirait que tu n'es pas contente de me revoir…
_ Lâche-moi, Onitsuka ! Je t'en prie, laisse-moi partir… »
Onitsuka !
Le nom avait « tilté » aux oreilles de Kyo. Il s'agissait en effet de ce garçon avec qui Misao semblait avoir eu des problèmes… Le jeune homme hésita. Devait-il intervenir maintenant, ou bien… ?
En attendant, la scène se poursuivait.
« Ne fais pas ta mijaurée, Misao ! reprit le dénommé Onitsuka. J'ai effectivement entendu dire qu'en fait, tu ne serais pas si difficile que ça…
_ Qu'est-ce que tu veux dire ?
_ A ton avis ? Un pote à moi m'a appris quelque chose d'intéressant sur toi… Il y a dans ta classe un nouvel élève qui aurait, paraît-il, fait d'étonnantes révélations… Il sous-entendait que tu t'étais fait pas mal de mecs… et je le crois complètement ! J'ai toujours su au fond que derrière tes airs de petite sainte-nitouche se cachait une belle petite pute… pas vrai, ma jolie ?
_ Tu débloques complètement ! Ce sont des conneries… ce nouvel élève me déteste et il a cherché à salir ma réputation, c'est tout ! Je… Je dois m'en aller, maintenant… On m'attend chez moi et…
_ Désolé, Misao, mais j'en ai pas encore fini avec toi… répondit Onitsuka avec un rictus méprisant. Tu ne te rappelles plus de l'affront que tu m'as fait ? T'inquiète, je me charge de te rafraîchir la mémoire… »
Terrifiée, la jeune fille chercha une fuite quelconque, mais la bande l'entourait de toute part et il n'y avait aucune issue.
« Ne cherche même pas à appeler de l'aide… gronda Onitsuka en décelant de la peur au fond des yeux de Misao. De toute façon, nous sommes seuls ici… »
La jeune fille se sentit au bord de l'évanouissement.
« Mon dieu… pourquoi moi ? gémit-elle tout bas avec terreur et angoisse. »
Elle allait se faire violer, là, tout de suite, par ce sale porc d'Onitsuka qui la répugnait et l'horrifiait. Elle allait être souillée… souillée à vie.
Non !
Le cri de révolte venait de résonner dans l'esprit de Misao. Non ! C'était trop injuste. Elle ne pouvait pas accepter qu'on lui fasse une telle chose, elle ne devait pas se résigner… ne jamais renoncer. Ne jamais abandonner, ne serait-ce qu'une seule seconde. Il n'était pas encore trop tard, et même si le crime devait être commis, elle se promit de ne pas se laisser faire et de se battre jusqu'à son dernier souffle.
Misao savait déjà ce qu'elle allait faire : dès qu'Onitsuka tenterait de poser une de ses sales pattes sur elle, elle le gratifierait généreusement d'un coup de genou bien placé, en l'occurrence dans les parties délicates de sa petite personne…
Résolue, Misao se mit sur la défensive. En voyant l'air combatif et déterminé de la jeune fille, Onitsuka eut un sourire plein de mépris.
« Je vois qu'on essaie de jouer aux durs, n'est-ce pas Misao ? Tu veux prouver à tout le monde combien tu es courageuse ? Mais à qui veux-tu montrer ça ? Tu es seule ici… seule contre nous tous. Crois-tu avoir une seule chance de nous battre ? »
Pour toute réponse, Misao lui cracha à la figure.
« Tenez-la fermement pendant que je m'occupe de cette sale petite teigne ! cria Onitsuka, le visage déformé par la rage. »
Les cinq autres se hâtèrent d'obéir et bientôt, Misao se retrouva acculée au mur, encadrée par deux garçons qui la plaquaient fortement contre la surface dure et rugueuse du mur de pierre. Du coup, elle ne pouvait même plus bouger ses jambes comme elle le désirait, et la jeune fille comprit sans peine qu'elle ne pourrait déjà pas frapper Onitsuka là où elle l'avait projeté.
« Lâchez-moi !! hurla Misao, saisie de panique. Ne me… »
Une gifle violente de la part d'Onitsuka interrompit ses paroles et la laissa pantelante. Puis, toujours sur l'ordre du chef de la bande, un autre garçon la bâillonna de sa main. Misao le mordit sauvagement et il retira sa paume blessée de la bouche de la jeune fille. Celle-ci en profita pour hurler à l'aide et demander du secours.
« La salope ! jura encore Onitsuka. Prenez un mouchoir pour la faire taire ! Et puisqu'elle continue à se montrer réticente, vous aurez tous le droit de l'essayer une fois que je l'aurai prise… Je veux aussi que trois d'entre vous, vous vous rendiez à l'entrée de la rue pour bien vérifier que personne ne traîne dans les parages, compris ?»
Trois garçons se séparèrent donc du petit groupe. Quant à Misao, elle eut beau crier, tempêter et se débattre comme une forcenée, elle se retrouva malgré tout bâillonnée et impuissante, seule face à trois gaillards méprisables et sans scrupules.
Onitsuka ne tarda pas et elle put bientôt sentir dans son cou son haleine forte et répugnante, tandis qu'il lui embrassait la gorge et posait sa main vile sur sa jambe gauche. Lorsqu'il remonta sa main le long de sa cuisse pour la caresser, Misao frissonna d'horreur et de dégoût. Elle tenta de se débattre une nouvelle fois, en vain. Ils étaient beaucoup trop forts. Onitsuka baissa ensuite légèrement le bâillon pour mieux s'emparer de la bouche de Misao et essayer d'y fourrer sa langue.
Horrifiée, la jeune fille chercha à se démener et à s'agiter dans tous les sens, sans meilleur résultat que d'attiser à la fois la colère et le désir de cette pourriture d'Onitsuka. Celui-ci tenta une fois de plus d'entrouvrir les lèvres de Misao afin de l'embrasser plus profondément. Ecoeurée, désespérée, effrayée au plus haut point, la jeune fille sentait ses forces l'abandonner et ne put empêcher Onitsuka de pénétrer sa bouche et de l'explorer goulûment.
Parcourue de frissons de répulsion, Misao sut à cet instant qu'elle était à leur merci et que le combat tournait à sa fin. Bientôt, Onitsuka, toujours plus avide, déchirerait sa chemise et sa jupe et… Misao arrêta là ses pensées. Il était inutile d'aller plus loin, elle connaissait déjà le dénouement. Et ce qu'elle savait mieux que personne, c'est qu'une fois que tout serait terminé, elle aurait envie de mourir…
***********
Soudain, des cris. De nombreux cris rauques et… des bruits de lutte. Mais surtout… Onitsuka avait cessé son horrible et abjecte besogne… Pourquoi ? Misao ouvrit les yeux. Et le spectacle que perçut son regard la remplit de joie comme jamais dans sa vie elle n'avait pu l'être. Une félicité et un bien-être fou emplissaient la jeune fille, car pour la première fois depuis son arrivée, Misao n'avait jamais été aussi pleinement heureuse de voir Kyo Fanel.
Et le plus étrange dans tout ça, c'est que le Kyo qui se trouvait sous ses yeux ne ressemblait pas du tout à l'idée qu'elle s'était faite de lui. En effet, la scène qu'elle apercevait lui montrait une autre facette du jeune homme, une facette très positive d'ailleurs pour Misao.
Pourquoi la jeune fille était-elle si radieuse ? Tout simplement parce que Kyo était en train de foutre une raclée à Onitsuka et sa bande de connards. Misao avait presque envie d'applaudir devant le spectacle. Voir Onitsuka couvert de bleus et plier sous les coups était en effet un divertissement des plus réjouissants. Devenait-elle sadique ? Sûrement pas. Elle ne faisait que savourer sa vengeance. Une vengeance bien méritée d'ailleurs.
Un moment cependant, son enthousiasme s'atténua lorsqu'elle se rendit compte que Kyo, son sauveur, se trouvait dans une mauvaise posture. En effet, à seul contre trois garçons de son âge, le combat n'était pas équilibré. Et lui aussi se prenait de mauvais coups… Sans hésiter, Misao observa la lutte et guida le jeune homme en le prévenant lorsqu'un garçon arrivait par derrière, et elle l'encouragea de son mieux.
La jeune fille ne s'en rendit pas compte, mais son soutien et ses encouragements décuplèrent le courage et la force de Kyo qui se déchaînait comme un beau diable qu'il était. Un beau diable… la tournure lui seyait parfaitement. Avec ses mèches ténébreuses qui volaient autour de son visage dès qu'il s'agitait, il avait tout l'air d'un dieu de la guerre déchaîné, à la fois sublime et sauvage… Oui, il était vraiment magnifique dans cette lutte, et tous les sentiments négatifs qu'avait pus inspirer Kyo à Misao s'envolèrent, pour laisser place à une admiration et un soulagement sans bornes.
Un autre sentiment, encore plus entier que les autres, s'installa en Misao qui se laissa aller à cette nouvelle sensation qui l'enveloppait doucement. Un sentiment des plus étranges, qu'elle ressentait pour Kyo…
***********
Kyo Fanel frappait, encore et encore, d'abord pour se défendre mais aussi et surtout pour sauver la fille qui lui faisait perdre la tête, Misao Kanzaki. Dès qu'il avait vu ce salaud d'Onitsuka ne serait-ce qu'effleurer la jeune fille, une colère sourde et aveugle s'était emparée de lui et il avait d'abord mis au tapis les trois premiers garçons qui surveillaient la ruelle. Ensuite, il avait dû se battre contre Onitsuka et le deux autres, et cela s'avérait difficile car il pouvait sentir la violence des coups qui s'abattaient parfois sur lui.
Heureusement, ils ne savaient pas vraiment se battre. Pas comme lui, en tout cas. Sur Gaïa, il avait en effet reçu un entraînement quotidien et intensif dès son plus jeune âge, ce qui expliquait son art pour le combat, lui qui avait déjà un sens inné pour la chose. De plus, son maître d'armes, Meyden, était renommé dans tout Fanelia et il ne pouvait donc que progresser et devenir un excellent guerrier avec de tels atouts.
De cette manière, Kyo réussit à vaincre ses adversaires, même s'il n'en ressortit pas indemne, d'abord à cause du nombre des ennemis mais aussi parce qu'il n'avait pas pu combattre avec son arme. Effectivement, l'entraînement qu'avait reçu le jeune homme consistait plus dans le maniement des armes que le combat à mains nues ( même si celui-ci n'était pas exclu ), et l'absence de son épée s'était faite cruellement ressentir. S'il l'avait eue entre les mains, la bataille aurait été vite expédiée…
Alors que la plupart des garçons gisaient à terre, sonnés, Kyo alla relever Misao, la prenant par la main, pour l'entraîner loin de cette sombre et sinistre ruelle. Toutefois, avant de partir définitivement, il s'adressa à Onitsuka, qui gémissait de douleur dans un coin :
« Si jamais tu touches à un seul de ses cheveux, je te tuerai de mes propres mains… »
Après ça, il reprit doucement Misao par la main et l'emporta le plus loin possible de ce lieu oppressant.
************
Côte à côte, Kyo et Misao marchaient seuls et en silence, jusqu'au chemin de la maison d'Amano et Yukari. Misao ne savait pas très bien quoi dire ni quoi faire, car avec le recul, ce qu'il venait de se passer lui paraissait impossible… presque irréel. Parce qu'elle ressentit soudain une fatigue écrasante s'emparer d'elle, la jeune fille s'arrêta.
« Tu veux te reposer un peu ? demanda Kyo, prévenant. »
Misao acquiesça et ils s'assirent sur un banc à proximité. Il y eut un nouveau silence, puis la jeune fille s'adressa à lui.
« Tu sais… je… je tiens vraiment à te remercier pour ce que tu viens de faire… c'était très courageux de ta part, vraiment. Tu t'es battu pour moi et… je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi, acheva-t-elle, les larmes aux yeux en se souvenant des terribles instants qui s'étaient déroulés avant l'intervention du jeune homme. »
Celui-ci regarda Misao et déclara :
« C'était rien… de toute façon, je ne pouvais pas les laisser te faire ça. Cette bande de pourritures… ils ont osé !! Je te jure que si jamais je les croise, je…
_ Arrête, ça ne sert à rien. C'est fini maintenant, murmura Misao doucement.
_ Tu as raison. Tu n'as plus rien à craindre. Je suis là et… je te protège. Je te protégerai toujours, Misao. »
Curieusement, ces simples paroles rassurèrent et apaisèrent la jeune fille mieux que n'importe quel remède, et presque instinctivement, elle posa sa tête contre l'épaule de Kyo et ferma les yeux. Le jeune homme rougit et lui jeta d'abord un regard surpris, puis il passa un bras autour de Misao en un geste rassurant et protecteur. Kyo la serra fort contre lui et elle ne broncha pas au contraire, elle se laissa aller à son étreinte et alla même jusqu'à se pelotonner contre son torse puissant qui lui donnait une telle impression de sécurité… Ce n'était d'ailleurs pas qu'une impression, car la jeune fille y puisa et y savoura le meilleur réconfort possible.
Ils restèrent ainsi sans bouger et sans parler durant plusieurs minutes, laissant le temps à Misao de récupérer. Ils furent troublés dans leur tranquillité par une bande de gamins qui passa devant eux en les montrant du doigt et en ricanant : « Oh-les-amoureux-euh ! Oh-les-amoureux-euh ! »
Misao se leva alors brusquement, comme si elle avait été piquée par un insecte.
« Qu'est-ce qu'il y a ? questionna Kyo, un peu déçu qu'elle quitte ses bras aussi vite. »
La jeune fille ne répondit pas et se détourna. Au passage, Kyo put tout de même voir qu'elle avait l'air bouleversé. Il se dit qu'elle devait encore être traumatisée par ce qui avait failli se passer.
Il n'était pas loin de la réalité, même si en vérité, il y avait autre chose qui chiffonnait Misao. Elle qui se sentait si bien, tellement à l'abri auprès de Kyo, avait sursauté en entendant la troupe de gosses les prendre pour un couple. L'image de Shinji s'était en effet aussitôt imposée à son esprit, et elle s'était dégagée prestement de sa position pourtant si confortable. Elle avait un peu éprouvé une sorte de culpabilité, comme si elle trompait Shinji.
Puis, elle se rassura en se disant qu'ils ne faisaient rien de mal et retourna s'asseoir sur le banc, à une plus longue distance de Kyo toutefois. Là, elle prit la parole :
« Tu dois te demander qui est ce Onitsuka… n'est-ce pas ?
_ Tu n'es pas obligée de me le dire si ça te gêne…
_ Bof, je te dois bien ça ! En fait… il était dans ma classe l'année dernière… il a même été assis à côté de moi pendant une période de l'année. C'était déjà un branleur et un con de première à l'époque. Il ne songeait qu'à se taper des filles et à taper sur les mecs moins forts que lui. Il me draguait à longueur de journée et ça m'énervait vraiment. J'avais beau le repousser, il revenait toujours à la charge et du coup, nous nous disputions beaucoup durant les cours, notamment ceux de physique c'est pour ça que Yukimura, que nous avions aussi l'année dernière, a dit ce que tu as entendu ce matin. Enfin bref, sinon, tant que je ne l'énervais pas trop, ça allait à peu près même s'il me soûlait, mais il y a eu une chose qu'il n'a pas appréciée…
_ Laquelle ?
_ Je me suis mêlée de ses affaires douteuses, et ça ne lui a pas plu. En fait, ce n'était pas intentionnel. Je veux dire, je me fichais pas mal de ce qu'il faisait en dehors des cours et de sa vie toute entière, seulement, je l'ai surpris lui et ses copains en train de racketter et de tyranniser un élève du collège. J'ai été tout de suite scandalisée et… enfin, je ne pouvais pas laisser faire ça. Alors je suis allée le dire au directeur, pour qu'il fasse quelque chose et mette un terme à tous ces trucs dégueulasses. Il est en effet intervenu et ça a bien fonctionné puisque Onitsuka et sa bande de voyous ont été renvoyés et ils ont cessé au moins de racketter et de tabasser les collégiens. Malheureusement… je ne sais pas comment, mais Onitsuka a fini par savoir que c'était moi qui les avait dénoncés, et il est entré dans une colère folle mais il n'a rien pu faire contre moi. Il a effectivement été envoyé par son père en pension loin d'ici, et jusqu'à aujourd'hui, je n'avais pas eu d'ennuis…
_ Jusqu'à aujourd'hui, répéta Kyo d'une voix presque furieuse en songeant à nouveau à ce qui avait failli se passer.
_ Oui… mais ce n'est pas grave, je vais en parler à Amano et Yukari et tout va s'arranger, il ne pourra plus s'approcher de moi…
_ Y a intérêt. Sinon, c'est moi qui lui casserai sa belle petite gueule… »
Misao sourit. Kyo savait être très réconfortant, parfois. Soudain, elle éprouva le besoin de changer de sujet.
« Au fait, dit-elle, comment as-tu fait pour devenir élève au lycée ?
_ Ah oui… c'est une drôle d'histoire. En fait, c'est Yukari qui s'est occupée de tout. Elle connaît très bien la femme du directeur du lycée, m'a-t-elle dit, il s'agit même d'une de ses meilleurs amies.
_ Oui, ça je le sais. Elles se connaissent depuis le collège je crois…
_ Et bien, Yukari s'est servie de cette amitié pour faire pression sur le proviseur, si l'on peut dire ! Elle a raconté à son amie, la femme du directeur, que j'étais le fils d'amis à Amano et que malheureusement, mes parents étaient tombés dans le cercle vicieux et infernal de l'alcoolisme, si bien que ma vie était devenue un calvaire, et que je ne pouvais m'en sortir sans une intervention extérieure. Yukari et Amano auraient donc décidé de s'occuper de moi et de me prendre chez eux, mais il fallait dans ce cas que je change aussi de lycée. Et comme il s'agit de la fin de l'année et que la paperasse pour changer d'établissement risquait d'être longue, Yukari a donc supplié son amie de faire en sorte auprès de son mari que je puisse intégrer l'école comme un élève normal pour deux petites et courtes semaines. Après cela, ce serait de toute façon les grandes vacances et je ne m'engagerai au lycée sérieusement que pour la rentrée. Persuadée que j'irai au lycée m'inscrire de toute manière à la rentrée scolaire, le proviseur a finalement accepté, d'autant plus que sa femme était bouleversée par le récit poignant de mon existence et qu'il fallait donc absolument faire quelque chose pour ce « pauvre garçon qui était complètement paumé et traumatisé »… Ce sont les paroles de Yukari, précisa Kyo en souriant. Elle savait que la femme du directeur était friande de ce genre d'histoires émouvantes sur de « gentils garçons perturbés qui n'ont rien fait et qui pourtant sont si mal gâtés par la vie »… ! Et ça a marché ! Il paraît même que la femme du proviseur aurait versé quelques larmes et se serait prise d'affection pour moi… du coup, elle a harcelé son mari pour qu'il agisse et fasse une bonne action, ce qu'il a accepté de faire, c'est pourquoi je porte ceci… »
Kyo désigna alors son uniforme d'élève et Misao le regarda en souriant. L'uniforme lui allait d'ailleurs très bien. Il faisait très classe sur lui et il était tout simplement craquant dedans… De plus, c'était vraiment vrai que Kyo pouvait être gentil… quand il s'en donnait la peine bien sûr. Malheureusement, Misao se souvint à ce moment précis des paroles insultantes et profondément blessantes qu'il avait aussi sues prononcer devant elle, et cela la refroidit quelque peu : Kyo pouvait se montrer adorable, mais c'était tellement rare que finalement, elle se rappelait plus de lui comme d'un garçon moqueur et arrogant. Il excellait même dans la peau du mec odieux. Dans ce domaine, il aurait pu obtenir une palme, qui sait ?
Bon, certes, il l'avait sauvée d'un viol, voire d'une tournante, et Misao ne l'en remercierait jamais assez pour cela pourtant, d'un autre côté, qui exactement avait terni sa réputation en proclamant haut et fort qu'elle sortait et couchait avec des centaines de types ? Kyo Fanel évidemment. Et à l'instant où la jeune fille tirait toutes ces conclusions, elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était peut-être aussi en partie la faute de Kyo si elle avait failli être violée. Et bien oui, Onitsuka n'avait-il pas affirmé qu'un copain à lui avait entendu par Kyo la fameuse rumeur comme quoi Misao serait une fille facile ? Donc même si Kyo l'avait sortie de leurs griffes, il était d'une certaine façon un peu responsable de ce qui avait failli lui arriver…
Enfin, il était et resterait malgré tout son sauveur… non ?
Mais une question s'imposait : Misao prendrait-elle le risque de partir avec ce soi-disant sauveur au caractère imprévisible, sur une planète inconnue peuplé de gens tout aussi étrangers à ses yeux ?
Ouh la… avec tout ce qu'il venait de se passer, la jeune fille aspirait à tout, sauf à partir à l'aventure… Ce qu'elle désirait pour le moment, c'était le retour à la tranquillité et à une vie tout ce qu'il y a de plus normal, avec son train-train quotidien et sa paisible quiétude…
Peut-être la décision de Misao était-elle donc prise… Car ne valait-il pas mieux préférer la sécurité d'une vie sereine et d'un calme plat, à une existence décousue et riche en émotions ? Franchement, la jeune fille n'avait pas besoin d'émotions pour le moment. Elle avait eu sa dose d'adrénaline, merci bien. Cela lui avait amplement suffi. Si elle ne voulait pas sombrer dans la folie et devenir une déséquilibrée, Misao devait donc se montrer raisonnable. Partir maintenant n'arrangerait rien et quitter ses amis et sa famille non plus, étant donné qu'il lui semblait que c'était à présent qu'elle avait le plus besoin d'eux et de leur soutien.
Ainsi, sa décision était prise…
« Kyo, commença-t-elle, je crois que je te serai éternellement reconnaissante pour ce que tu as fait pour moi tout à l'heure… si tu savais, j'ai eu si peur… »
Elle ne put s'empêcher de frissonner.
« Hé, t'en fais pas. Je suis là, moi… et je ne les laisserai pas te faire du mal, fit Kyo en l'enlaçant soudain par derrière. »
Misao se pétrifia devant son geste, surtout en prenant conscience de la soudaine accélération grand V des battements de son cœur… Ciel ! Pourquoi fallait-il que ce simple geste de la part du jeune homme lui fasse cet effet-là ? Mais surtout, pourquoi était-il devenu si gentil, si attentionné au point de réussir à la faire fondre comme neige au soleil ?
Ce garçon était décidément imprévisible. Malheureusement, ce n'était pas cela que Misao cherchait. Du moins, c'est ce à quoi elle voulait croire dur comme fer. Pour l'instant, à cause de ce regrettable incident assez perturbant, la jeune fille ne recherchait pas l'imprévu symbolisé par Kyo, mais la sûreté. Et cette sûreté était représentée par sa famille : Amano, Yukari, Nozomi. Et aussi par le garçon dont elle était amoureuse… Shinji.
Misao s'arracha donc ( un peu à regrets ) à la nouvelle étreinte de Kyo, puis avança de quelques pas et se retourna, de manière à lui faire face et à le regarder bien dans les yeux pour qu'il comprenne l'importance de ce qu'elle avait à lui dire. Après tout… elle allait lui donner la réponse qu'il attendait tellement, malgré le fait que cette réponse ne le satisferait probablement pas…
« Ecoute-moi, je dois te dire quelque chose d'important… Il est vrai que je te remercie encore et encore pour ce que tu as fait pour moi, mais… je… je ne peux pas partir avec toi. »
Kyo haussa les sourcils, croyant avoir mal entendu.
« Quoi ?
_ Je n'irai pas sur Gaïa. »
Le jeune homme eut l'impression qu'un gouffre sans fin allait s'ouvrir sous ses pieds et l'emporter loin, très loin, jusqu'à l'engloutir entièrement. Pourtant, il encaissa le coup et enchaîna d'un ton cassant :
« Oh. Je vois. Et pourquoi ? »
Misao avait tout de suite perçu le changement de ton et d'attitude. Pourtant, elle comprenait. A sa place, elle aurait sûrement réagi de façon identique…
« La journée a été éprouvante pour moi… plus que je n'aurais pu l'imaginer, expliqua-t-elle lentement. Et pas seulement par rapport à ce qu'il s'est passé tout à l'heure, avec Onitsuka et sa bande de pourris. Avant cela… nous nous sommes disputés, tous les deux, tu te rappelles, hein ? Et cela n'avait rien de drôle pour moi.
_ Je sais… mes paroles ont dépassé ma pensée et je m'excuse si ça peut te…
_ Non, ne m'interromps pas s'il te plaît. Peu importe que tu t'excuses ou non. Ce que je cherche à te démontrer, c'est le contenu navrant de notre relation. Tous les deux, nous ne savons que… nous détester. Depuis le début, à part nous faire du mal l'un l'autre, qu'avons-nous fait de positif, je te le demande ? Non, ne prends même pas la peine de répliquer, tu connais aussi bien que moi la réponse… De plus, ce que tu as dit sur moi aujourd'hui était horrible. Je ne veux pas te blâmer ou quoi que ce soit, de toute façon, je pense t'avoir déjà pardonné étant donné la manière dont tu as massacré tous ces imbéciles, mais… c'était quand même épouvantable et je me suis demandée une seconde si je n'allais pas te trucider sur place ! Tu vois un peu nos rapports ? Le pire, c'est que tout à l'heure, j'ai réalisé autre chose : que c'était peut-être un peu de ta faute si Onitsuka avait voulu me violer, puisque c'était toi qui avais lancé la rumeur sur ma prétendue réputation de pétasse. Et en réalisant ça, j'ai été tentée de t'en vouloir encore, tu te rends compte ! Evidemment, comme tu m'as aussi sauvée, je ne peux pas t'en vouloir finalement, ce serait même plutôt le contraire mais enfin bon… je ne sais pas si j'arrive à être claire, mais ce que je veux te faire comprendre, c'est que je ne peux pas accompagner quelqu'un que je risque de haïr et qui risque de me haïr lui-même encore pour x raison… Kyo, il y a des gens qui sont fait l'un pour l'autre, mais je crois que nous ne faisons pas partie de cette catégorie d'individus. Regardons la vérité en face : si je viens avec toi sur Gaïa, nous ne ferons que nous déchirer inutilement et nous détruire encore et encore… C'est décidé, Kyo : je n'irai pas avec toi. »
Misao s'interrompit pour reprendre son souffle, puis elle ajouta, comme pour se faire pardonner :
« Je suis désolée. »
A suivre…
Note de l'auteur :
Et bien, j'espère que vous avez aimé ce chapitre !
Kyo et Misao sont toujours aussi aveugles concernant leurs sentiments, mais fo bien ke je fasse durer le suspense !
Dites-moi si ça vous plaît que je continue dans cette voie ou pas
Pour ce qui est du chapitre 7, l'attente va être longue je pense… car c'est la rentrée ds qq jours, et je sens ke je v etre occupée en plus avec les autres activités ke je fais ki vont reprendre… et puis, surtout, j'ai d'autres fics en cours, désolé !
Comme j'ai effacé la note où j'en parlais, je vais me répéter (excusez-moi ms c comme ça ^_^) : pour patienter en attendant le prochain chapitre, et pour ceux ke ça intéresse, vous pouvez lire mes autres fanfics que j'ai écrites ( pour ceux ki les ont déjà lues ou que ça n'intéresse pas, ben désolé ms vous n'avez plus qu'à patienter gentiment… ou bien combler votre temps en m'envoyant des reviews, moi je suis jamais contre vous savez !! ). Elles sont publiées sur le site
www.fictionpress.com
voilà vous savez tout !
ah oui, une dernière chose : j'ai changé de pseudo en ajoutant un nom de famille imaginaire (Leera Heartnet) et donc mon adresse e-mail ce n'est plus leera@wanadoo.fr ms Leera_Heartnet@hotmail.com .
Et j'ai également écrit ma bio !
Allez, à plus tout le monde !
Leera H.
