Disclaimer : les  personnages et les lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent malheureusement pas... Mais l'histoire, et tout ce que vous ne reconnaissez pas, vient de ma petite tête !! Bonne lecture...

CHAPITRE 14 : MODIFICATION D'IDENTITE

            Van hésitait devant les trois portes. Laquelle choisir ? De toutes façons, cela n'avait aucune espèce d'importance. Elles étaient toutes les trois en tous points semblables. Et puis, chacune le conduirait dans un endroit qu'il ne connaîtrait certainement pas…Sans grande conviction, il opta pour la première porte, celle qui conduisait au jardin.

C'était un jardin minuscule, sombre et triste à mourir. Il y avait quelques arbres grisâtres et à moitié morts qui végétaient, las, des allées symétriques et monotones, recouvertes de pavés sales et grossièrement taillés, et qui semblaient avoir été usés par des années de marche intempestive.

En quelques pas, Van arriva au centre du jardin. C'était à cet endroit que se rencontraient les quatre allées, aussi lugubres les unes que les autres. Une fontaine semblait avoir été posée là pour égayait ce jardin, qui ressemblait plus à un cimetière qu'à un parc. En vain…

            Le désespoir. Ce jardin ne respirait que le désespoir. Rien d'autre que cela…

            Van tentait de faire abstraction chacune des questions qu'il pourrait se poser sur son identité, comme si elles avaient le pouvoir de détruire son esprit, de l'absoudre jusqu'à le réduire à l'état de cadavre abandonné à la mort et à l'enfer.

            Qu'allait-il devenir ? C'était son unique pensée. Quelque part, il y avait peut-être quelqu'un que se posait cette même question. Mais, qui ? Il ne pouvait dissoudre ces interrogations ; elles semblaient s'unir les unes aux autres afin de montrer qu'elles étaient bien plus fortes que lui, cet être insignifiant et sans personnalité.

            Soudain, il sentit une goutte d'eau tomber sur son visage. Il leva la tête et regarda vers le ciel. Il était d'un gris plus triste que celui des pavés du jardin. Il n'allait pas tarder à y avoir une bonne averse…

            Van s'assit à côté de la fontaine et se mit à pleurer. Même la sensation de la pluie sur sa peau lui semblait nouvelle. Il avait l'impression de ne jamais l'avoir ressentie auparavant. Et pourtant, là où il vivait avant, il devait pleuvoir quelquefois. Ou alors, il avait peut-être vécu dans un désert. Le mot désert lui était venu subitement à l'esprit. Il chercha à imaginer ce qu'était un désert, mais il n'y parvint pas. Un désert…Est-ce que c'était comme ce jardin ? Ou bien, ça ressemblait à autre chose ? Mais à quoi ? Il n'avait pas d'autres images dans son esprit que celles de ce jardin, du couloir et de son visage reflété dans la fenêtre tout à l'heure.

            Le tonnerre retentit et le fit frissonner. Il eut tout à coup la vision d'un robot métallique, immense et effrayant. La vision s'effaça aussi rapidement qu'elle était survenue.

            Van se releva et écarquilla les yeux. Le robot avait bel et bien disparu. Il se tourna et se retourna sur lui-même, déchaîné.

Van ! entendit-il.

            En entendant cette voix, Van s'arrêta brusquement et tendit l'oreille.

Est-ce que tu as vu Van ?

Non, seigneur. Il n'est plus dans la galerie ?

Idiot ! S'il y était, tu crois que je viendrais te demander si tu l'avais vu ?

Pardon, seigneur. Veuillez m'excuser…

Si je devais pardonner à tous les imbéciles dans ton genre, je n'aurais pas le temps pour autre chose. Comment est-ce que je réussis à m'en sortir avec de pareils associés…Fiche-moi le camp !

Oui, seigneur.

Où est-ce qu'il a bien pu passer ?

            Van s'était détourné de la conversation. Ces deux hommes lui importaient peu. Il lui semblait qu'ils parlaient d'un domestique peu soumis, qui devait se nommer Van.

Van !

            Le premier homme continuait d'appeler le domestique. Van entreprit de rentrer dans la galerie car il pleuvait de plus en plus.

Van ! Voilà  de bien longues minutes que je vous appelle. Pourquoi ne répondiez-vous pas ?

            Van continua d'avancer, sans penser que l'homme s'adressait à lui.

Van, répéta l'homme en l'attrapant par l'épaule.

            Van se retourna, l'air agressif, prêt à frapper cet homme.

Allons, Van. Qu'est-ce qui vous prend ? D'abord, vous ne me répondez pas, puis vous faites mine de me frapper ! Vous auriez donc oublié tout ce que j'ai fait pour vous ?

Ce qu'il a fait pour moi…pensa Van. J'ai…perdu la mémoire et il ne le sait pas ! Dois-je lui dire ?

Van ? Vous n'allez pas bien ?

Euh…si. Je vais très bien.

Vous me rassurez. Pendant un moment, j'ai cru que vous aviez perdu la mémoire !

            L'homme rit gaiement. Van restait abasourdi par cette rencontre.

Qu'est-ce qui vous a pris ? Je vous laisse seul une petite minute, et je vous retrouve dans le jardin, trempé jusqu'aux os ! Il ne faudrait pas que notre meilleur soldat ne prenne froid…

Votre meilleur soldat ? s'écria Van.

Oui, notre meilleur soldat. Ne jouez pas au modeste ; vous savez très bien ce que vous valez, n'est-ce pas ?

Oui, bien sûr, répondit-il en souriant, mais terrifié par l'allure étrange de cet homme.

Venez donc. J'ai à vous parler sérieusement d'une affaire de la plus haute importance.

            Il l'entraîna vers la porte par laquelle Van était sorti. Ils montèrent l'escalier qu'il avait vu auparavant. L'un des murs de la cage d'escaliers était recouvert d'un immense miroir. Quand Van y vit son image, il fut moins surpris que la première fois ; peut-être commençait-il à s'habituer à sa nouvelle apparence…

            Le premier étage était constitué d'un long couloir étroit et sinueux. Le parquet était si poussiéreux qu'il semblait ne pas avoir été ciré depuis des années. L'homme entra dans une pièce et fit signe à Van de le suivre, puis il lui offrit un siège.

Van…J'ai un service à vous demander. Puis-je vous en donner connaissance ?

Aurais-je tort de considérer votre silence comme une approbation ?

Non, non. Continuez, je vous prie.

Sachant votre reconnaissance dévouée envers notre groupuscule, je suis certain que vous n'avez en aucun cas oublié ce que j'ai fait pour vous, il y a quelque mois…

Euh…non. Bien sûr que non.

            Van n'avait pas la moindre idée de ce dont il parlait.

C'est pourquoi, vous accepterez sans aucun doute de me rendre ce minuscule service, d'autant plus qu'il pourrait contribuer à votre vengeance personnelle aussi qu'à celle du pays tout entier.

Ma vengeance…personnelle ?

Oui. N'aviez-vous pas formulé le vœu, en arrivant ici, de venger votre famille ?

Si, c'est vrai…

En ce cas, ceci vous serait rendu possible par cet acte.

Pardon ?

Eh bien, il s'agirait en fait d'une affaire d'espionnage très poussé à Fanélia.

Quel est le rapport avec ma famille ?

Allons, vous n'ignorez pas que la famille royale de Fanélia est responsable de l'assassinat de toute votre famille. Si je ne vous avais pas sauvé in extremis de cet attentat, vous y seriez mort, vous aussi.

            Van sursauta.

Ma famille a été tuée par ces gens ! pensa-t-il.

Qu'y a-t-il ? Aurais-je fait resurgir de douloureux souvenirs ? Si c'est le cas, je m'en excuse sincèrement.

C'est que…je…Ce n'est pas grave.

            Il avait failli avouer son amnésie à cet homme. Cependant, ce dernier lui offrait la possibilité de venger sa famille. Il ne pouvait laisser passer cette occasion. Si l'homme apprenait qu'il avait perdu la mémoire, il l'écarterait certainement de cette affaire. Malgré qu'il ne se souvienne plus d'elle, sa famille méritait sûrement une vengeance, si ce que l'homme lui avait raconté était vrai. Il n'avait pas les moyens de mettre en doute les paroles de cet homme, qui semblait le considérer comme son disciple favori.

De quoi s'agit exactement ? demanda-t-il.

Il suffirait que vous preniez la place du Roi.

Que je…Mais, c'est impossible !

Rien n'est impossible, mon cher Van. Votre ressemblance avec le Roi est troublante. Il est fort probable que la famille royale elle-même s'y méprenne. En outre, vous avez le même âge, vous portez le même prénom et vous êtes tous deux très doués en ce qui concerne le maniement du sabre. Cela me paraît par conséquent très faisable. Qu'en pensez-vous ?

Je…je ne sais pas.

Il faudrait que vous donniez votre réponse rapidement car un plan chargé nous attend, vous comprenez ? Cependant, je sais à quel point vous estimez notre système de vendetta collective. Et le Cercle de l'Iris est là pour cela…

Oui, le Cercle de l'Iris est mon…

            Il hésitait.

Votre sauveur, c'est cela ? Vous avez raison. Après tout, vous nous devez bien cela. Mais, je ne voudrais pour rien au monde influer sur votre décision.

Vous ne m'influencez pas. Ma décision est déjà prise : j'accepte.

Quelle bonne parole vous avez eu là ! Je vous en félicite ! Vous ne le regretterez pas, et vos feux parents non plus…