Disclaimer : les
personnages et les lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent
malheureusement pas... Mais l'histoire, et tout ce que vous ne reconnaissez
pas, vient de ma petite tête !! Bonne lecture...
CHAPITRE 16 : RELATIONS DE CAUSE A EFFETS
Van était remonté dans la pièce qui devait lui servir de chambre. Ce qu'il venait d'apprendre sur sa vie passée l'avait complètement bouleversé. Sa vie était une vie de misère, mais son unique souhait était d'en retrouver tous les souvenirs, même les plus sanglants et les plus horribles. C'était absurde, paradoxal de vouloir retrouver la mémoire d'une vie de sang et de crimes mais il pensait que le seul moyen pour y parvenir était de venger sa famille. Ce geste aurait peut-être un effet bénéfique sur sa mémoire…
Atao, le moine qui avait recueilli Van était resté seul dans son bureau. Toute l'histoire qu'il avait racontée à Van, sa famille tuée pendant la guerre, n'était pas un pur produit de son imagination. C'était SON histoire. En faisant croire à quelqu'un que ces événements lui appartenaient, il avait l'impression d'avoir trahi la mémoire de sa famille.
C'est vrai, ses parents, ses frères et sœurs avaient été tués lors d'une guerre. Mais pas lors de la dernière. Qui les lui avait enlevé ? Quel sans-cœur avait bien pu commettre cette action abominable ? La famille royale de Fanélia ? Pourquoi pas…A cette époque, elle ne représentait qu'une dictature, un régime totalitaire…Mais aujourd'hui, tout devait être différent…C'était du moins ce qu'il espérait.
Cela était arrivé il y a bien longtemps déjà, alors qu'il n'était qu'un enfant. Etant le cadet de la famille, ses parents avaient tout fait pour le protéger. Et ils avaient réussi, car lui seul avait survécu. Atao avait vu toute sa famille périr sous les coups de bandits qui avaient profité de la période de terreur qui régnait à cause de la guerre pour détrousser de nombreuses victimes. Il était resté pendant des jours seul dans cette maison où il avait grandi et qui empestait désormais le sang et la pourriture, sans boire, sans manger, sans bouger. Les corps de ses parents avaient commencé leur lente décomposition devant lui. Un jour, des moines étaient entrés dans la maison pour bénir les corps. Ils avaient trouvé le jeune garçon, affreusement maigre, presque mort, et l'avaient recueilli. Ils l'avaient élevé dans leur temple, et lui avaient donné une éducation digne d'un futur moine. Au fur et à mesure des années, il s'était ouvert à ces moines, tout en restant suffisamment distant, solitaire. Lorsqu'il fut en âge de choisir sa voie, il devint moine.
Puis la guerre, cette guerre terrible, cette guerre monstrueuse, qui avait fait tant de victimes, avait éclaté. Atao avait vu les corps s'éteindre et les âmes s'envoler autour de lui, sans pouvoir agir. Les souvenirs de la mort de sa famille lui revenaient immanquablement chaque fois qu'il devait bénir des cadavres. Cette religion, dans laquelle il avait tant espéré trouver un moyen d'oublier cette enfance qui l'avait détruit, n'avait dorénavant plus aucun sens pour lui. Il ne servait à rien de bénir les morts. Il fallait protéger les vivants des affres de la guerre, lutter pour la survie des victimes, éduquer les enfants afin qu'ils ne sombrent pas dans cette folie destructrice et pugnace. Mais il lui semblait que personne ne se préoccupait de ces gens qui mourraient les uns après les autres. Alors il s'était échappé du temple, il avait fui ces rites dénués de sens. Il avait aidé clandestinement des médecins, des ouvriers de la paix qui avaient le même but que lui.
A la fin de la guerre, Atao n'avait plus eu qu'une seule idée en tête : construire un monde nouveau dans lequel chacun pouvait vivre en paix, en harmonie avec les autres et avec eux-mêmes. Mais pour cela il fallait de l'argent, beaucoup d'argent. La guerre avait appauvri le peuple et enrichi les dirigeants. Cette guerre si atroce avait laissé place à la famine, aux épidémies. Il avait créé une organisation qui devait aider les pauvres et les oubliés. Ils étaient si nombreux…Son organisation cherchait désespérément l'argent nécessaire à son fonctionnement. C'est alors qu'il avait eu l'idée de se servir du Roi de Fanélia. Le royaume de Fanélia était un des héros de la paix retrouvée, et avait par conséquent acquis de nombreuses richesses dont le peuple ne profitait pas assez, selon Atao.
Il connaissait l'histoire de Van, cet amour qui ne demandait qu'à s'exprimer. Il avait conçu un plan très élaboré qui lui permettrait de gagner énormément d'argent pour son association. Il avait réussi à s'introduire dans le palais royal et à modifier la mémoire de Van en l'effaçant. Van regagnerait son palais, pensant qu'il ne serait qu'un imposteur. Atao l'inciterait à débourser un maximum d'argent pour les habitants de son pays les plus démunis. Ensuite, il n'aurait plus qu'à effacer cette période de la mémoire de Van et à la remplacer par une autre, qu'il aurait inventée de toute part, mais qui lui semblerait réelle. Le peuple vivrait mieux, la pauvreté serait enrayée et tout se finirait bien grâce à ces pilules qu'il avait découvertes quand les bandits qui avaient tué sa famille les avaient laissé tomber dans sa maison. C'était peut-être un signe…Ceux qui avaient tué sa famille allaient peut-être sauver son pays…
Cela semblait si facile…Mais, il se méprisait malgré tout d'utiliser ainsi les sentiments d'un homme qui n'avait peut-être même pas conscience des malheurs de son peuple.
Maître Atao !
Une voix retentit, suivi de coups discrets à la porte.
Oui. Entrez !
La porte s'ouvrit pour laisser entrer un jeune homme d'allure simple et banale.
Maître. Quelqu'un demande à vous voir…
Qui donc ?
Je ne sais pas. Il…il prétend venir de la…Lune des Illusions…
De la…répéta-t-il, en ouvrant de grands yeux. Faites-le entrer immédiatement.
Le jeune homme s'effaça. Un autre homme prit sa place. Il était vêtu d'un long manteau gris et portait au cou un collier des plus étranges.
Bonjour, dit-il.
Bonjour. Qui êtes-vous ?
Je me nomme Liniriel.
Vous venez vraiment de la Terre ?
Comme je vous l'ai fait dire !
Que me voulez-vous ?
Ce n'est pas la première fois que je viens ici.
Vous ne répondez pas à ma question. Que me voulez-vous ?
Vous ? Rien. Votre personne ne m'intéresse pas le moins du monde.
Alors ?
Ce sont vos plans qui m'intéressent. Ils pourraient bien m'être utiles…
Mes plans ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
Je parle de vos projets concernant le Roi de Fanélia…
Le Roi de Fanélia ? Expliquez-vous, je ne comprends pas.
Vous savez très bien de quoi je souhaite vous entretenir. Je connais vos intentions, à propos de ce jeune homme, vos besoins d'argent et les moyens que vous avez inventés pour y parvenir…
Comment…comment ?
Je sais beaucoup de choses que vous ignorez. N'oubliez pas que je viens de la Terre et que là-bas les choses sont différentes de ce qu'elles sont ici.
Pardon ?
Nos deux planètes n'évoluent pas dans la même dimension. C'est pourquoi j'ai ici des pouvoirs inexplicables que je n'ai pas chez moi. Ces pouvoirs me permettent de voir clair en vous. Je vous connais mieux que vous vous connaissez vous-même. Je sais ce qui vous est arrivé, il y a des années de cela…
Atao pâlit de frayeur.
Comment est-ce possible ? demanda-t-il.
Il se trouve que j'étais sur Gaïa à cette époque et mes pouvoirs m'ont été bien utiles. Si vous acceptez mon offre, ils le seront à nouveau pour vous…
…
Je connais les sans-cœur qui ont lâchement assassiné votre famille devant vos yeux d'enfant. Je peux vous aider à les retrouver et ainsi participer à votre désir de vengeance. Je sais que ce désir brûle en vous depuis cette nuit où vos parents, vos frères, vos sœurs sont morts avec votre espoir et vos rêves. Ces rêves peuvent renaître grâce à moi. Il ne tient qu'à vous…
Que voulez-vous ?
Rien de bien étonnant. Je veux m'associer avec vous.
Pourquoi ?
Je suis un homme bon. La paix qui existe sur Gaïa n'est qu'un lointain rêve sur la Terre. Je veux participer à ce rêve. Et le seul moyen d'y parvenir est de contribuer à la paix des âmes et des corps sur cette planète.
Je ne comprends pas…Vous auriez fait tout ce chemin de la Lune des Illusions jusqu'ici, uniquement pour le bonheur des pauvres ?
Oui, c'est cela. Comme je vous l'ai dit, je suis un homme bon. Et c'est ce seul but qui m'a conduit jusqu'à vous…
Dans ce cas, je ne vois aucun inconvénient à notre alliance.
Vous m'acceptez donc au sein de votre organisation charitable ?
Avec grand plaisir !
Contrairement à ses habitudes, Atao n'éprouvait aucune méfiance face à cet individu.
Ca vous a plu ? N'oubliez de reviewer !A bientôt !!
