Disclaimer : les personnages et les lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent malheureusement pas... Mais l'histoire, et tout ce que vous ne reconnaissez pas, vient de ma petite tête !! Bonne lecture...
CHAPITRE 24 : DOUTE ET PEUR
Depuis quelques heures, l'air s'était empreint d'une lourdeur malveillante. Ellia était effrayée par cette sensation étrange. Peut-être n'était-elle due qu'au climat humide et chaud ? Malgré ses efforts pour se rassurer elle-même, son esprit restait alerte, prêt à bondir à la moindre alerte. Mais, quelle alerte ? Et qui pourrait sonner cette alerte ? Personne, exceptée elle et Hitomi, ne paraissait inquiété par cette atmosphère de doute et de peur.
Hitomi n'avait pas paru au dîner. Van aussi s'était absenté. Au début, Ellia avait pensé qu'ils prenaient encore certainement encore le temps de se retrouver, de rattraper ses longs mois d'absence. Mais, plus tard dans la soirée, elle avait trouvé Hitomi seul dans sa chambre, les larmes aux yeux. Elle avait tenté de savoir ce qui la chagrinait tant, mais Hitomi lui avait intimé l'ordre de la laisser seule. Ellia n'avait pas insisté.
Elle le regrettait désormais…
La nuit était bien plus claire que les autres nuits qu'elle avait passées ici. Il lui semblait qu'une étrange lumière cherchait à éclairer un dangereux secret.
Maman…Qu'est-ce que tu peux bien être en train de faire, en ce moment ?
Elle avait l'impression, de ne pas avoir vu sa mère depuis des mois. Cette absence se faisait sans cesse ressentir, plus forte et plus insurmontable chaque jour.
Ellia s'allongea sur son lit et ferma les yeux. L'image de Yaïto apparut derrière ses paupières. Elle avait une expression rassurante, pleine de bonté et de générosité. Ellia sourit.
Maman…Tu penses à moi…dit-elle à voix haute.
Vous me faites trop pitié avec votre amour et vos sentiments !
Ellia se releva brusquement.
Qui…qui…balbutia-t-elle.
Vous cherchez mon nom, peut-être ?
Ellia entendait une voix, mais ne voyait rien de nouveau dans la chambre qu'elle occupait.
Les rebelles…pensa-t-elle. Il sont là…Ils sont arrivés…
Ne pensez pas ! Parlez ! Agissez ! Laissez la réflexion aux humains. Vous n'êtes pas capables de penser ; seuls les humains le peuvent. Et puis, ne savez-vous pas que je peux lire en vous ?
Montrez-vous ! hurla Ellia.
Dans un éclat de lumière, un homme apparut.
Il suffit de demander ! dit-il.
Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.
Liniriel, pour vous servir ! Enfin, c'est une façon de parler ! Vous devez deviner ce qui m'envoie ici ?
Vous êtes…un des rebelles ?
On ne peut rien vous cacher ! Je suis effectivement un rebelle, mais pas un des rebelles. Mais pourquoi pensez-vous que les rebelles sont plusieurs ? Qu'est-ce qui vous fait penser cela ? Est-ce écrit quelque part ?
Vous êtes…seul ?
Décidément, votre intelligence dépasse tout entendement ! Je suis bel et bien seul. Je n'ai plus envie de faire confiance à quiconque. Alors, je suis seul, seul depuis des millénaires…
Pourquoi ? Pourquoi ? Qu'est-ce que nous vous avons fait pour que vous…
Qu'est-ce que vous m'avez fait pour que je…veuille vous détruire à tout jamais ? QU'EST-CE QUE VOUS M'AVEZ FAIT POUR QUE JE VEUILLE VOUS DETRUIRE ?
Liniriel s'était soudain mis à hurler. Sa voix résonnait à l'intérieur du corps d'Ellia, ce corps d'humain frêle et mal conçu pour l'esprit qui l'habitait.
Arrêtez…Arrêtez de crier…Je vous en prie…
Elle suppliait la plus petite once d'humanisme qui aurait pu exister dans cet être. Elle n'osait le regarder mais sa voix faisait ressentir toute l'imploration que son cœur voulait extérioriser.
COMMENT OSEZ-VOUS ME DEMANDER CELA ?
Arrêtez…
Sa voix se faisait plus faible, plus infime, plus insignifiante parmi les cris de Liniriel. Ses dernières forces, les plus traîtresses de toutes, semblaient la quitter pour le rejoindre et s'unir à l'esprit démoniaque de cet homme dont elle ignorait tout, pour mieux l'abattre.
Maman…Aide-moi…Je ne pourrais pas y arriver si tu me laisses…
La vois de Liniriel continuait à faire écho dans la pièce. Pourtant, personne n'était au secours d'Ellia. Etait-ce un rêve ? Ca n'y ressemblait pas le moins du monde…
Maman…J'ai besoin de toi !
Ellia tentait désespérément d'appeler Yaïto par la force de sa pensée, la seule force qu'on ne pouvait lui ôter. Liniriel ne paraissait pas réagir aux pensées d'Ellia. Pouvait-il réellement lire dans les pensées ? Ellia commençait à en douter.
J'ai besoin de ta force !
Tu ne dois pas céder…
Cette voix…c'était celle de sa mère ! Ellia releva la tête. Où était-elle ? Sa chambre était baignée d'une lumière extraordinaire, une lumière presque…divine.
Maman ?
Ne t'inquiète pas. Tu y parviendras.
Maman…Où suis-je ? Tout est si…lumineux…
Tu es en moi. Je te protégerais jusqu'à la fin, même si je dois mourir pour cela.
Maman ! Non ! Tu ne dois pas mourir ! Les humains ont besoin de toi !
Quelle importance a l'humanité aux yeux d'un autre humain ? Je suis humaine. Les sentiments humains ont pris le dessus sur les sentiments divins. Toi seule compte désormais pour moi. Les humains ont oublié les Dieux. Les Dieux eux aussi doivent oublier les humains. Le temps est venu de séparer ces deux mondes…
Maman…
Un jour viendra où les hommes seront totalement libres. Ni les Dieux, ni les rebelles n'auront plus d'emprise sur leur subconscient. Ce jour est proche…Mais avant d'atteindre cette délivrance, tu dois libérer les humains des forces qui agissent sur eux. Nous représentons une de ses forces. Nous devons mourir pour les humains. C'est notre sort et nous le savons depuis toujours. Mais…
Sa vois s'éteignit peu à peu.
Maman ! Maman ! Que dois-je faire ! Aide-moi ! Je t'en prie…
Tu es une force à l'état pur. N'aie pas peur d'agir. Tu ne dois pas céder. Je te protégerais…
A nouveau, la voix de Yaïto s'était tue.
Ne m'abandonne pas ! Non ! Non ! NON ! NON !
Ellia rassembla toutes ses forces. Ses poumons se contactèrent pour éjecter un son assourdissant. Liniriel fut surpris par la puissance de la voix d'Ellia, inaudible jusqu'ici. Il se tut ; la voix d'Ellia avait été la plus forte.
Vous avez retrouvé votre langue ?
Pourquoi ? Tout est de votre faute ! Tout est de votre faute…
Ellia regardait Liniriel, les larmes aux yeux, comme pour attirer sa pitié.
Non ! Tout est de votre faute ! Savez-vous qui je suis exactement ?
Ellia secoua la tête.
Les Dieux ne savent donc que ce qui leur importe, et rien d'autre ?
A bientôt !!
Thaele Ellia
