Disclaimer : les
personnages et les lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent
malheureusement pas... Mais l'histoire, et tout ce que vous ne reconnaissez
pas, vient de ma petite tête !! Bonne lecture...
CHAPITRE 26 : TOUS LES ESPOIRS SONT (TOUJOURS) PERMIS
Je ne dois pas céder…Je ne dois pas céder…Je ne dois pas céder…
Ellia ressassait inlassablement les mots que sa mère avait prononcés. La pupille était si dilatée qu'elle occupait toute la partie colorée de l'œil, comme si elle avait été hypnotisée.
Je ne dois pas céder…Je ne dois pas céder…Je ne dois pas céder…
Ses yeux étaient perdus dans le vide. Son visage entier semblait ailleurs.
Je ne dois pas céder…Je ne dois pas céder…Je ne dois pas céder…
Elle répétait, répétait, répétait les mêmes mots depuis plusieurs minutes. Son visage n'affichait plus aucune expression.
Soudain, sa pupille se contracta jusqu'à retrouver une taille normale. Ellia sursauta et émit un petit gémissement, surprise.
Mais pourquoi ? Pourquoi ?
Elle prit son visage dans ses mains et se mit à pleurer. Puis elle sentit une main se poser sur ses cheveux. Elle releva la tête. Yaïto était assise à ses côtés et lui souriait.
Pourquoi ? répéta-t-elle.
Je n'en sais rien, répondit Yaïto. Je n'en sais rien…C'est…notre destin.
Mais pourquoi ?
Les Dieux ne sont là que pour le bien des humains. Peut-être sommes-nous devenus incapables de créer un monde de paix pour eux. Si c'est le cas, il vaut mieux que nous disparaissions à jamais…Etre tuées par les rebelles est un moyen comme un autre pour parvenir à cette fin.
Que m'a-t-il fait ?
Rien. Il n'est pas responsable de ses actes ; pas plus que toi. Vous n'êtes que des enfants. Vous n'êtes que les jouets d'une tragédie inévitable qui fut mise en place il y a fort longtemps par…
Par qui ?
Je ne sais pas. Peu importe. Je sais seulement qu'il est trop tard pour éviter cette fin. Tu dois lutter contre les rebelles. C'est tout.
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Ne réfléchis pas. Seuls les humains ont la capacité de réfléchir. Nous ne sommes pas de véritables humains. Nous ne sommes que des esprits inertes dans des corps d'humains, des parcelles de néants dotées d'une intelligence minimale, des protons à l'état libre qui se déguisent en hommes. Rien de plus. Nous ne sommes pas de véritables humains. Nous ne savons pas. Nous ne savons pas…
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Nous en savons pas. Ne réfléchis pas ; ce n'est pas dans nos cordes. Nous sommes là pour créer, puis mourir, abandonnés de tous, comme une mère qui sacrifie sa vie pour ses enfants qui finissent par la quitter, tôt ou tard. Les rebelles, les Dieux, nous faisons partie de la même caste, une caste d'oubliés, d'opprimés, pour qui l'on éprouve qu'une pitié dédaigneuse et hautaine. Nous devons mourir. Nous allons mourir.
Qui est cet homme ?
Je ne sais pas. Un rebelle, c'est-à-dire un Dieu déchu. Il nous ressemble en fait. Lui aussi est victime de ses ancêtres. Lui aussi va mourir.
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Nous nous battons les uns contre les autres, amis nous ne le faisons pas par plaisir. Ce sont les humains qui nous y poussent. Mais bientôt, tout sera terminé. Nous allons mourir, tous mourir, il n'en restera pas un. Les humains seront seuls ; ils seront enfin libres, enfin heureux…
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Ne réfléchis pas. Il ne faut pas penser ; c'est réserver aux humains. Il faut juste agir.
Pourquoi ? Je ne veux pas…mourir. Je veux…vivre…
Non, tu ne veux pas vivre. Tu n'as jamais vécu. Tu ne sais pas ce qu'est la vie. Sinon, tu ne voudrais plus vivre…
Je veux…vivre…
N'y pense plus. Ne pense plus. Il faut juste agir.
Agir ?
Oui.
Comment ?
Relève-toi.
Ellia obéit et se leva. Yaïto resta assise. Elle fouilla dans sa poche et en retira un couteau. Elle s'agenouilla devant sa fille et la regarda.
N'aies pas peur, dit-elle.
Elle approcha le couteau du ventre d'Ellia et fit mine de le planter là. Ellia recula précipitamment.
Mais…fit-elle.
N'aies pas peur, répéta Yaïto. Je suis désolée. Moi non plus je ne veux pas que tu meurs, mais je n'ai pas le choix. C'est la seule façon d'accélérer les événements. Si on ne se dépêche pas, les humains souffriront trop. Ils ne doivent pas souffrir. Ils ne le méritent pas. Alors, il faut se dépêcher. Et donc, il faut trouver cette dague.
Une…dague ?
Oui. Il faut combattre, bon gré, mal gré. Il fut tuer les rebelles. Ensuite nous pourrons mourir et libérer les humains.
Elle se rapprocha d'Ellia et tenta à nouveau de planter le couteau dans sa chair. Ellia recula.
Non, n'aies pas peur. Tu ne mourras pas, pas maintenant. Tu dois d'abord te battre.
Je vais avoir mal ?
Oui, je crois que oui. Il faut que les Dieux souffrent pour effacer la douleur des Humains ; ils doivent avoir mal à leur place. Alors, oui, tu auras mal.
Je ne veux pas avoir mal !
Je suis désolée…Je suis désolée…Nous n'avons pas le choix.
Elle saisit le couteau à deux mains et le planta avec vigueur dans le ventre de sa fille. Ellia laissa échapper un petit cri de douleur.
Je suis désolée…répéta Yaïto.
Elle se releva. Ses yeux étaient humides de larmes. Son visage s'assombrit soudain et elle baissa les yeux.
Je suis désolée…
Et elle se volatilisa.
Ellia, seule dans la pièce, était immobile. La douleur l'empêchait d'exécuter le moindre mouvement. Elle s'attendait à ce que des flots de sang s'échappent de sa blessure, mais ses mains, posées sur son ventre, ne ressentaient pas la sensation d'humidité. Elle baissa la tête. Pas une goutte de sang ne coulait.
Je n'ai pas de sang, murmura-t-elle. Je ne suis pas…humaine !
Pas de sang…Mais une lumière pure irradiait de la lésion. Elle plongea une de ses mains dans la blessure béante. L'intérieur de son corps paraissait vide. Il n'y avait aucun organe en elle. Il n'y avait qu'un objet métallique, froid et coupant. Elle retira cet objet et l'observa minutieusement.
C'est ça, la dague ? dit-elle.
C'était un poignard banal, qui ne portait en aucun cas quelque preuve de son origine divine.
Cette histoire touche à sa fin…gémit-elle, alors qu'elle s'écroulait sur le sol, cédant à l'intense douleur qui l'envahissait.
Les premiers rayons du soleil traversèrent les vitres de la fenêtre, et vinrent se poser sur la dague qui scintillait sur le sol, immaculée, scintillante et flamboyante, comme si elle sortait d'un écrin de soie.
