2. La foire.
Les deux mois de vacances bien mérités furent heureux. Un séjour à la mer, un week-end à Paris, quelques visites, quelques sorties, bref des congés comme on les aime. La tranquillité et le repos aussi bien physique que mental. Laurie se sentait libre comme l'air, échappée de tout soucis, sereine et joyeuse. La question du chois n'était pas encore revenue et il était bien temps d'y penser... plus tard, bien plus tard. Une fois sa mère lui avait demandé si elle y avait réfléchi mais Laurie lui avait répliqué qu'elle ne désirait pas se torturer l'esprit pendant les vacances et qu'elle règlerait ce problème dans les deux dernières semaines du mois d'août. Quoiqu'un peu inquiète, Anne-Charlotte avait accepté sa requête et s'était promise de ne plus lui en parler.
Et, comme tout congé, comme toute interruption, la reprise s'annonçait par un mois d'août qui avançait et qui courait vers sa fin. Le vingt sonnait déjà. Il ne restait plus beaucoup d'activités prévues : le vingt et un, Laurie et son frère allaient à la foire avec leur mère le vingt-huit, c'était un repas familial qui était prévu à Caen et puis, il faudrait penser doucement à la rentrée et nous en revenions donc au point de départ. Comme toujours, les problèmes ne se résolvent pas en les repoussant ils s'échangent contre une solution de qualité. Et ça, même si Laurie connaissait la solution la plus logique, la seule qui devait être retenue, celle dont les conséquence étaient les plus attendues, elle ne voulait pas encore y penser. Il ne fallait surtout pas gâcher les événements qui restaient à vivre ces vacances. Elle y penserait quand elle n'aurait plus que ça à penser !
Le vingt et un août, Valentin se leva de bonne heure. Il n'était pas question de rester au lit le seul jour de l'année où l'on se rendait à la foire. Un événement annuel, ça ne se ratait pas. Il fallait en profiter au maximum ! C'est pourquoi, sans plus attendre, il décida d'aller réveiller sa sœur. Il se dirigea rapidement vers la chambre de Laurie, ouvrit la porte et ne fit qu'un bond jusqu'au lit de la jeune fille qui dormait paisiblement. Mais la question était la suivante : comment réveiller une marmotte qui a encore allongé sa soirée par la lecture de je-ne-sais-quel- livre-qu'elle-avait-sous-la-main ? Le meilleur moyen, après réflexion, était certainement de la chatouiller.
-« Hé ! Mais que... Valentin ! Attends un peu que je t'attrape ! »
D'un bond, Laurie se leva de son lit, courut vers son frère, un oreiller à la main, tandis que le petit chenapan descendait l'escalier à toute vitesse. Arrivé dans la cuisine, le fugitif se sentit pris au piège. La seule retraite possible était la porte extérieure. Mais, dehors en pyjama, maman n'allait être contente. Que fallait-il alors faire. Laurie n'allait pas tarder à arriver, il lui semblait même qu'il l'entendait descendre les escaliers. Oui, c'était bien son pas précipité. Plus le choix, il fallait absolument sortir. La fuite, il n'y avait que ça de vrai ! A moins que... De son côté, Laurie arriva comme une bombe dans la cuisine. Tenant toujours son oreiller dans sa main gauche, elle embrassa la pièce du regard. La porte était restée entrouverte. Pas de doute, ce petit coquin était sur la pelouse ! Il ne perdait rien pour attendre ! Il n'en réchapperait pas !
Dans le jardin, tout semblait trop calme. Laurie tourna la tête à gauche, à droite, rien. Il n'avait pu se cacher derrière la haie de sapin. En effet, la haie avait juste été plantée l'année précédente et était encore clairsemées et même transparente par endroits. Où alors, peut-être était-il dans la cabane à outils. Mais non, en si peu de temps, il n'aurait jamais eu le loisir d'ouvrir la serrure avec la clef pendue dans la cuisine et de refermer la porte en s'enfermant dans le noir. Il n'était sûrement pas non plus dans la piscine en pyjama. D'autant plus que la surface de l'eau était lisse comme l'ouvrage d'un plâtrier. Quant aux arbustes à fruits, ils n'auraient jamais pu camoufler un enfant de 7 ans.
Et tout à coup, le raisonnement se construisit dans la tête de la jeune fille comme des engrenages qui se mettent à tourner et gagnent de la vitesse. La porte de la cuisine était entrouverte mais Valentin n'était pas sorti, soit par peur des représailles de maman, soit par sursaut d'intelligence. Et il avait été intelligent ! Dans sa course, Laurie n'avait pas correctement analysé la situation. Une porte entrouverte ne signifiait pas forcément un passage mais plutôt un piège, un appât.
En un seul mouvement, elle se retourna, tint sa longue robe de nuit qui l'empêchait de se mouvoir rapidement et se mis à courir vers la porte de la cuisine qu'elle venait de quitter. Mais son frère fut plus rapide qu'elle, il se releva de derrière la table de travail, ferma la porte et donna un tour de clef. Laurie était prise au piège ! En robe de nuit, dehors. Quel petit vermisseau ! Comment avait-il osé la faire tomber dans un piège si ridicule.
-« Valentin, ouvre-moi ! Sinon, tu vas voir ! »
-« Essaie toujours de m'attraper, maintenant ! »
-« Espèce de petit... Tu vas voir ! »
-« Que j'aie peur ! Maman ! »
La colère, non pas celle d'être enfermée dehors par son frère, mais bien celle d'être tombée dans un piège aussi facile, monta au nez de Laurie. Elle se sentait toute tremblante. Elle n'avait jamais connu ça auparavant. Elle sentait comme une puissance qui habitait son corps. Il ne perdait rien pour attendre.
Et ce fut aussi rapide que soudain, aussi inattendu qu'improbable. Alors qu'elle bouillonnait à l'extérieur et que son frère se moquait à l'intérieur, les places furent inversées. Valentin qui était appuyé contre la table tomba par terre sur le sol humide du matin et Laurie se retrouva debout près de la table de la cuisine. Tout s'était passé en un éclair, ils avaient changé de place. Laurie mit un moment avant de réaliser. Ce qu'elle venait de voir n'avait aucune explication logique, ce n'était pas possible. Alors, soit elle rêvait, soit elle devenait folle. Il n'y avait pas d'autre explication rationnelle possible !
C'est ce moment que Anne-Charlotte choisit pour descendre. Ignorante de tout ce qui venait de se passer, elle embrassa sa fille visiblement plongée dans une intense réflexion.
-« Bonjour, ma chérie, ça va ? »
Elle sembla ne pas l'entendre et ne pas s'apercevoir de la présence de sa mère.
-« Hé, Laurie, tu dors encore ? »
La jeune fille ne répondit pas. En détournant la tête au hasard, Anne- Charlotte vit Valentin dehors, en pyjama.
-« Ben, qu'est-ce qu'il fait dehors ? Et en pyjama en plus ! Rentre, tu vas prendre froid ! » lui dit-elle à travers la porte.
-« Je ne peux pas, la porte est fermée ! » répondit l'enfant en criant assez fort pour que sa mère l'entende.
-« Comment ça la porte est fermée ? Mais... mais c'est vrai ! Laurie, pourquoi as-tu enfermé ton frère ? »
La jeune fille sortit lentement de sa torpeur, elle commença à relever la tête dans un mouvement ralenti, comme si la simple question de sa mère lui demandait un temps de réflexion inouï.
-« Je ne l'ai pas enfermé. » répondit simplement la jeune fille. »
-« Non ! » confirma son frère en entrant, « C'est moi qui l'ai enfermée ! ».
Anne-Charlotte ne semblait pas comprendre. Que racontaient-ils ? Etaient- ils en train de lui jouer une blague, de la mener en bateau ? Si c'était Laurie qui avait été enfermée, il eût été logique de retrouver Valentin à l'intérieur et Laurie à l'extérieur et pas le contraire. C'est alors que Valentin lui raconta toute l'histoire, son idée pour réveiller sa sœur, la course-poursuite, la porte fermée à clef et cet événement bizarre qui s'était produit.
-« Et vous êtes bien certains tous les deux que ça s'est passé comme ça ? »
-« Oui ! » répondirent en chœur les enfants.
-« Encore un événement bizarre. Dans cette maison, c'est fréquent ! »
La jeune femme n'était pas d'avis de donner plus d'importance à cet événement. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'une chose spéciale se passait au sein de la maison. Toutefois, il fallait bien l'admettre, c'était toujours en rapport avec Laurie. Chaque fois qu'un événement fort peu ordinaire, voire même relativement étrange, se produisait, Laurie y était mêlée d'une manière ou d'une autre. Et cela se passait de manière épisodique depuis la naissance de Laurie. Elle se souvenait du décès de sa mère, de la chute de Valentin, de la naissance de Valentin. Et voilà maintenant que, par un procédé qu'aucun des trois ne comprenait, Laurie venait de changer de place avec Valentin qui l'avait enfermée dehors, dans le jardin. De tous, c'était peut-être encore cet événement le plus étrange de tous.
Mais cette mésaventure fut bien vite oubliée dans les sommets des « montagnes russes » ou dans le labyrinthe de glaces ou même dans le train fantôme. Cachés derrière leur barbe à papa, Laurie, sa mère et son frère, avaient retrouvé le sourire et étaient décidés à passer une bonne journée. Le nombre d'attractions ouvertes était des plus impressionnant et les files d'attente n'étaient pas trop longues, ce qui permettait de profiter au maximum de la présence de la foire. Valentin était aux anges, ils couraient d'un stand à l'autre. Il aurait fallu que sa mère et sa sœur le suivent d'un endroit à l'autre sans jamais s'arrêter pour souffler, de peur que les forains ne s'envolent avec leurs roulottes, leurs jeux et tout le reste.
Et il y avait là, coincé entre un vendeur de frites, hamburgers et autres friandises et un rallie d'automobiles sur rails, une petite tente des plus insignifiante. Cette habitation ne semblait guère plus étendue qu'un hall d'entrée d'appartement et pourtant, une foule de gens impressionnante faisaient la file et attendaient sagement leur tour. Laurie les vit et se demanda rapidement ce qui pouvait bien attirer ces gens dans un endroit aussi petit et aussi peu attrayant. En effet, la modeste toile de tente rouge n'était garnie d'aucune enseigne, d'aucune fresque, d'aucune publicité. Il était seulement écrit :
CHEZ IRMA, TENTE TA CHANCE AVEC LES CARTES.
On se serait cru dans un cercle de jeux ça n'avait pas vraiment sa place à la foire. Pourtant, malgré la simplicité du stand, Laurie eut simplement envie d'y aller, de se rendre compte d'elle-même de la valeur de cette attraction. Après tout, même si elle était nulle, l'on ne perdait rien à essayer. C'est ainsi que Laurie se mit dans la fille tandis que Anne- Charlotte accompagnait Valentin aux chevaux de bois. La file était longue mais les gens passaient rapidement auprès de 'Irma'. Bientôt ça serait son tour. Les gens qui ressortaient n'avaient pas l'air très contents. On en entendit même un murmurer que c'était de l'arnaque et qu'il allait se plaindre.
Les quelques autres personnes passèrent à leur tour et ce fut alors le tour de Laurie. Elle entra dans la tente qui semblait plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il y faisait assez sombre, seules deux bougies posées sous globe de part et d'autre de la porte donnaient de faibles lueurs et une, un peu plus importante était posée sur la table derrière laquelle se trouvait Irma.
-« Entre, jeune fille. Alors, tu es venue défier la Grande Irma ? »
-« Pourquoi changez-vous votre prénom ? » demanda Laurie sans plus de manières.
-« Qu'est-ce qui te fais dire que je change mon nom ? »
-« Une intuition. »
-« Disons que c'est un nom de scène, si on peut dire comme ça. »
-« En quoi consiste le jeu ? »
-« C'est simple, tu me paies 2 euros, je mets un euro dans la cagnotte. Si tu gagnes, tu gagnes le contenu de la cagnotte ! ».
-« Et quel est le jeu ? »
-« Retrouver la carte noire parmi deux rouges. »
-« Beaucoup de gens ont déjà gagné ? »
-« Aucun cette saison-ci, la cagnotte est de 803 euros ! »
Laurie comprit aisément pourquoi tant de gens se pressaient près de la tente afin d'essayer de gagner la somme considérable. Comment se faisait- il, d'autre part, que personne ne gagne. Y avait-il un truc ?
-« D'accord, je veux bien essayer ! »
-« A la bonne heure, tu vas voir, ce n'est pas difficile ! »
La voyante présenta les trois cartes à Laurie : l'as de cœur, la carte rouge et les deux cartes noires : l'as de trèfle et l'as de pique.
-« Il te suffit de retrouver l'as de cœur ! Simple, non ? »
-« Enfantin ! » lui répondit Laurie.
La sorcière prit les cartes dans sa main et commença à les mélanger. Et Laurie ne détachait pas son regard des mouvements qui n'étaient d'ailleurs pas très rapides. Bien vite, apparemment très sûre d'elle, Irma redéposa les cartes sur la table.
-« Alors, quelle est la carte qui te fera gagner 804 euros ? » demanda-t- elle sur un ton de défi.
-« C'est simple, c'est celle du milieu ! » répondit Laurie.
-« Celle du milieu, tu es certaine ? »
-« Absolument ! »
La sorcière retourna la carte qui représentait... un as de cœur.
*************************************************************************
Bonjour à tous, je suis très heureux d'écrire, pour la première fois sur ce site. J'ai vingt-trois ans, un très bel âge, vous savez. C'est un âge où on a assez d'expérience pour apprécier la vie et où on a encore trop peu de responsabilités que pour en être incommodé.
A part cela, je vous présente une de mes histoires, celle que je suis en train d'écrire en ce moment. Elle s'appelle 'Une étrangère à Poudlard'. Il ne se passe pas encore grand-chose pour le moment mais vous verrez que les deux prochains chapitres seront un grand tournant pour la vie de mon héroïne.
J'attends bien sûr avec impatience tous vos commentaires, vos avis, vos remarques, vos questions et vos suggestions.
A bientôt.
Léo-Kirin.
Les deux mois de vacances bien mérités furent heureux. Un séjour à la mer, un week-end à Paris, quelques visites, quelques sorties, bref des congés comme on les aime. La tranquillité et le repos aussi bien physique que mental. Laurie se sentait libre comme l'air, échappée de tout soucis, sereine et joyeuse. La question du chois n'était pas encore revenue et il était bien temps d'y penser... plus tard, bien plus tard. Une fois sa mère lui avait demandé si elle y avait réfléchi mais Laurie lui avait répliqué qu'elle ne désirait pas se torturer l'esprit pendant les vacances et qu'elle règlerait ce problème dans les deux dernières semaines du mois d'août. Quoiqu'un peu inquiète, Anne-Charlotte avait accepté sa requête et s'était promise de ne plus lui en parler.
Et, comme tout congé, comme toute interruption, la reprise s'annonçait par un mois d'août qui avançait et qui courait vers sa fin. Le vingt sonnait déjà. Il ne restait plus beaucoup d'activités prévues : le vingt et un, Laurie et son frère allaient à la foire avec leur mère le vingt-huit, c'était un repas familial qui était prévu à Caen et puis, il faudrait penser doucement à la rentrée et nous en revenions donc au point de départ. Comme toujours, les problèmes ne se résolvent pas en les repoussant ils s'échangent contre une solution de qualité. Et ça, même si Laurie connaissait la solution la plus logique, la seule qui devait être retenue, celle dont les conséquence étaient les plus attendues, elle ne voulait pas encore y penser. Il ne fallait surtout pas gâcher les événements qui restaient à vivre ces vacances. Elle y penserait quand elle n'aurait plus que ça à penser !
Le vingt et un août, Valentin se leva de bonne heure. Il n'était pas question de rester au lit le seul jour de l'année où l'on se rendait à la foire. Un événement annuel, ça ne se ratait pas. Il fallait en profiter au maximum ! C'est pourquoi, sans plus attendre, il décida d'aller réveiller sa sœur. Il se dirigea rapidement vers la chambre de Laurie, ouvrit la porte et ne fit qu'un bond jusqu'au lit de la jeune fille qui dormait paisiblement. Mais la question était la suivante : comment réveiller une marmotte qui a encore allongé sa soirée par la lecture de je-ne-sais-quel- livre-qu'elle-avait-sous-la-main ? Le meilleur moyen, après réflexion, était certainement de la chatouiller.
-« Hé ! Mais que... Valentin ! Attends un peu que je t'attrape ! »
D'un bond, Laurie se leva de son lit, courut vers son frère, un oreiller à la main, tandis que le petit chenapan descendait l'escalier à toute vitesse. Arrivé dans la cuisine, le fugitif se sentit pris au piège. La seule retraite possible était la porte extérieure. Mais, dehors en pyjama, maman n'allait être contente. Que fallait-il alors faire. Laurie n'allait pas tarder à arriver, il lui semblait même qu'il l'entendait descendre les escaliers. Oui, c'était bien son pas précipité. Plus le choix, il fallait absolument sortir. La fuite, il n'y avait que ça de vrai ! A moins que... De son côté, Laurie arriva comme une bombe dans la cuisine. Tenant toujours son oreiller dans sa main gauche, elle embrassa la pièce du regard. La porte était restée entrouverte. Pas de doute, ce petit coquin était sur la pelouse ! Il ne perdait rien pour attendre ! Il n'en réchapperait pas !
Dans le jardin, tout semblait trop calme. Laurie tourna la tête à gauche, à droite, rien. Il n'avait pu se cacher derrière la haie de sapin. En effet, la haie avait juste été plantée l'année précédente et était encore clairsemées et même transparente par endroits. Où alors, peut-être était-il dans la cabane à outils. Mais non, en si peu de temps, il n'aurait jamais eu le loisir d'ouvrir la serrure avec la clef pendue dans la cuisine et de refermer la porte en s'enfermant dans le noir. Il n'était sûrement pas non plus dans la piscine en pyjama. D'autant plus que la surface de l'eau était lisse comme l'ouvrage d'un plâtrier. Quant aux arbustes à fruits, ils n'auraient jamais pu camoufler un enfant de 7 ans.
Et tout à coup, le raisonnement se construisit dans la tête de la jeune fille comme des engrenages qui se mettent à tourner et gagnent de la vitesse. La porte de la cuisine était entrouverte mais Valentin n'était pas sorti, soit par peur des représailles de maman, soit par sursaut d'intelligence. Et il avait été intelligent ! Dans sa course, Laurie n'avait pas correctement analysé la situation. Une porte entrouverte ne signifiait pas forcément un passage mais plutôt un piège, un appât.
En un seul mouvement, elle se retourna, tint sa longue robe de nuit qui l'empêchait de se mouvoir rapidement et se mis à courir vers la porte de la cuisine qu'elle venait de quitter. Mais son frère fut plus rapide qu'elle, il se releva de derrière la table de travail, ferma la porte et donna un tour de clef. Laurie était prise au piège ! En robe de nuit, dehors. Quel petit vermisseau ! Comment avait-il osé la faire tomber dans un piège si ridicule.
-« Valentin, ouvre-moi ! Sinon, tu vas voir ! »
-« Essaie toujours de m'attraper, maintenant ! »
-« Espèce de petit... Tu vas voir ! »
-« Que j'aie peur ! Maman ! »
La colère, non pas celle d'être enfermée dehors par son frère, mais bien celle d'être tombée dans un piège aussi facile, monta au nez de Laurie. Elle se sentait toute tremblante. Elle n'avait jamais connu ça auparavant. Elle sentait comme une puissance qui habitait son corps. Il ne perdait rien pour attendre.
Et ce fut aussi rapide que soudain, aussi inattendu qu'improbable. Alors qu'elle bouillonnait à l'extérieur et que son frère se moquait à l'intérieur, les places furent inversées. Valentin qui était appuyé contre la table tomba par terre sur le sol humide du matin et Laurie se retrouva debout près de la table de la cuisine. Tout s'était passé en un éclair, ils avaient changé de place. Laurie mit un moment avant de réaliser. Ce qu'elle venait de voir n'avait aucune explication logique, ce n'était pas possible. Alors, soit elle rêvait, soit elle devenait folle. Il n'y avait pas d'autre explication rationnelle possible !
C'est ce moment que Anne-Charlotte choisit pour descendre. Ignorante de tout ce qui venait de se passer, elle embrassa sa fille visiblement plongée dans une intense réflexion.
-« Bonjour, ma chérie, ça va ? »
Elle sembla ne pas l'entendre et ne pas s'apercevoir de la présence de sa mère.
-« Hé, Laurie, tu dors encore ? »
La jeune fille ne répondit pas. En détournant la tête au hasard, Anne- Charlotte vit Valentin dehors, en pyjama.
-« Ben, qu'est-ce qu'il fait dehors ? Et en pyjama en plus ! Rentre, tu vas prendre froid ! » lui dit-elle à travers la porte.
-« Je ne peux pas, la porte est fermée ! » répondit l'enfant en criant assez fort pour que sa mère l'entende.
-« Comment ça la porte est fermée ? Mais... mais c'est vrai ! Laurie, pourquoi as-tu enfermé ton frère ? »
La jeune fille sortit lentement de sa torpeur, elle commença à relever la tête dans un mouvement ralenti, comme si la simple question de sa mère lui demandait un temps de réflexion inouï.
-« Je ne l'ai pas enfermé. » répondit simplement la jeune fille. »
-« Non ! » confirma son frère en entrant, « C'est moi qui l'ai enfermée ! ».
Anne-Charlotte ne semblait pas comprendre. Que racontaient-ils ? Etaient- ils en train de lui jouer une blague, de la mener en bateau ? Si c'était Laurie qui avait été enfermée, il eût été logique de retrouver Valentin à l'intérieur et Laurie à l'extérieur et pas le contraire. C'est alors que Valentin lui raconta toute l'histoire, son idée pour réveiller sa sœur, la course-poursuite, la porte fermée à clef et cet événement bizarre qui s'était produit.
-« Et vous êtes bien certains tous les deux que ça s'est passé comme ça ? »
-« Oui ! » répondirent en chœur les enfants.
-« Encore un événement bizarre. Dans cette maison, c'est fréquent ! »
La jeune femme n'était pas d'avis de donner plus d'importance à cet événement. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'une chose spéciale se passait au sein de la maison. Toutefois, il fallait bien l'admettre, c'était toujours en rapport avec Laurie. Chaque fois qu'un événement fort peu ordinaire, voire même relativement étrange, se produisait, Laurie y était mêlée d'une manière ou d'une autre. Et cela se passait de manière épisodique depuis la naissance de Laurie. Elle se souvenait du décès de sa mère, de la chute de Valentin, de la naissance de Valentin. Et voilà maintenant que, par un procédé qu'aucun des trois ne comprenait, Laurie venait de changer de place avec Valentin qui l'avait enfermée dehors, dans le jardin. De tous, c'était peut-être encore cet événement le plus étrange de tous.
Mais cette mésaventure fut bien vite oubliée dans les sommets des « montagnes russes » ou dans le labyrinthe de glaces ou même dans le train fantôme. Cachés derrière leur barbe à papa, Laurie, sa mère et son frère, avaient retrouvé le sourire et étaient décidés à passer une bonne journée. Le nombre d'attractions ouvertes était des plus impressionnant et les files d'attente n'étaient pas trop longues, ce qui permettait de profiter au maximum de la présence de la foire. Valentin était aux anges, ils couraient d'un stand à l'autre. Il aurait fallu que sa mère et sa sœur le suivent d'un endroit à l'autre sans jamais s'arrêter pour souffler, de peur que les forains ne s'envolent avec leurs roulottes, leurs jeux et tout le reste.
Et il y avait là, coincé entre un vendeur de frites, hamburgers et autres friandises et un rallie d'automobiles sur rails, une petite tente des plus insignifiante. Cette habitation ne semblait guère plus étendue qu'un hall d'entrée d'appartement et pourtant, une foule de gens impressionnante faisaient la file et attendaient sagement leur tour. Laurie les vit et se demanda rapidement ce qui pouvait bien attirer ces gens dans un endroit aussi petit et aussi peu attrayant. En effet, la modeste toile de tente rouge n'était garnie d'aucune enseigne, d'aucune fresque, d'aucune publicité. Il était seulement écrit :
CHEZ IRMA, TENTE TA CHANCE AVEC LES CARTES.
On se serait cru dans un cercle de jeux ça n'avait pas vraiment sa place à la foire. Pourtant, malgré la simplicité du stand, Laurie eut simplement envie d'y aller, de se rendre compte d'elle-même de la valeur de cette attraction. Après tout, même si elle était nulle, l'on ne perdait rien à essayer. C'est ainsi que Laurie se mit dans la fille tandis que Anne- Charlotte accompagnait Valentin aux chevaux de bois. La file était longue mais les gens passaient rapidement auprès de 'Irma'. Bientôt ça serait son tour. Les gens qui ressortaient n'avaient pas l'air très contents. On en entendit même un murmurer que c'était de l'arnaque et qu'il allait se plaindre.
Les quelques autres personnes passèrent à leur tour et ce fut alors le tour de Laurie. Elle entra dans la tente qui semblait plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il y faisait assez sombre, seules deux bougies posées sous globe de part et d'autre de la porte donnaient de faibles lueurs et une, un peu plus importante était posée sur la table derrière laquelle se trouvait Irma.
-« Entre, jeune fille. Alors, tu es venue défier la Grande Irma ? »
-« Pourquoi changez-vous votre prénom ? » demanda Laurie sans plus de manières.
-« Qu'est-ce qui te fais dire que je change mon nom ? »
-« Une intuition. »
-« Disons que c'est un nom de scène, si on peut dire comme ça. »
-« En quoi consiste le jeu ? »
-« C'est simple, tu me paies 2 euros, je mets un euro dans la cagnotte. Si tu gagnes, tu gagnes le contenu de la cagnotte ! ».
-« Et quel est le jeu ? »
-« Retrouver la carte noire parmi deux rouges. »
-« Beaucoup de gens ont déjà gagné ? »
-« Aucun cette saison-ci, la cagnotte est de 803 euros ! »
Laurie comprit aisément pourquoi tant de gens se pressaient près de la tente afin d'essayer de gagner la somme considérable. Comment se faisait- il, d'autre part, que personne ne gagne. Y avait-il un truc ?
-« D'accord, je veux bien essayer ! »
-« A la bonne heure, tu vas voir, ce n'est pas difficile ! »
La voyante présenta les trois cartes à Laurie : l'as de cœur, la carte rouge et les deux cartes noires : l'as de trèfle et l'as de pique.
-« Il te suffit de retrouver l'as de cœur ! Simple, non ? »
-« Enfantin ! » lui répondit Laurie.
La sorcière prit les cartes dans sa main et commença à les mélanger. Et Laurie ne détachait pas son regard des mouvements qui n'étaient d'ailleurs pas très rapides. Bien vite, apparemment très sûre d'elle, Irma redéposa les cartes sur la table.
-« Alors, quelle est la carte qui te fera gagner 804 euros ? » demanda-t- elle sur un ton de défi.
-« C'est simple, c'est celle du milieu ! » répondit Laurie.
-« Celle du milieu, tu es certaine ? »
-« Absolument ! »
La sorcière retourna la carte qui représentait... un as de cœur.
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Bonjour à tous, je suis très heureux d'écrire, pour la première fois sur ce site. J'ai vingt-trois ans, un très bel âge, vous savez. C'est un âge où on a assez d'expérience pour apprécier la vie et où on a encore trop peu de responsabilités que pour en être incommodé.
A part cela, je vous présente une de mes histoires, celle que je suis en train d'écrire en ce moment. Elle s'appelle 'Une étrangère à Poudlard'. Il ne se passe pas encore grand-chose pour le moment mais vous verrez que les deux prochains chapitres seront un grand tournant pour la vie de mon héroïne.
J'attends bien sûr avec impatience tous vos commentaires, vos avis, vos remarques, vos questions et vos suggestions.
A bientôt.
Léo-Kirin.
