4. Virginia Wesley.

COLLEGE POUDLARD, ECOLE DE SORCELLERIE

Directrice faisant fonction : Minerva McGonagall

Tutrice du Grand-Ordre de Merlin

Docteur ès Sorcellerie

Chère Melle Mercury,

Nous avons le plaisir de vous informer que, en conséquence de l'impossibilité de vous accueillir au collège de Beauxbattons, vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard.

Vous trouverez, ci-joint, la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité. Cette liste sera complétée au cours de l'année suivant le programme de vos exceptionnelles options.

La rentrée est fixée au 1er septembre. Toutefois, vu votre voyage d'imprégnation en compagnie de Melle Virginia Wesley, qui se rendra à votre domicile en fin de matinée, nous n'attendons pas de réponse de votre part.

Veuillez croire, Melle Mercury, en l'expression de mes sentiments distingués.

Mme Chourave,

Directrice-adjointe.

C'est cette lettre bizarre qui était arrivée chez Laurie en ce vendredi 25 août, au déjeuner. Mais, chose encore plus bizarre, cette lettre n'était pas arrivée par le facteur car celui-ci était passé près d'une heure plus tard. C'était un oiseau, qui ressemblait étrangement à un hibou, qui s'était introduit dans la maison, aux grandes frayeurs de Mme Mercury et qui avait laché la lettre sur la tête de Laurie. Bien qu'étonnée, celle-ci avait regardé la lettre et l'adresse n'était pas moins particulière :

Melle Laurie Mercury

Dans la chambre au tapis bleu du

7, Av. des Etoiles Filantes,

35 410 Domlou, France

Elle avait lu attentivement cette lettre et se demandait quand cette étrangère, au nom de Virginia, viendrait frapper à leur porte et viendrait la chercher pour ce voyage de 'reconnaissance' en Angleterre. Elle en avait longuement parlé à ses parents et, contre toute attente, après mille réflexions, l'explication, même si très inattendue, n'était pas si dépourvue de bon sens et expliquait certaines choses. Elle s'était donc préparée pour ce voyage et avait promis à ses parents de rester prudente en quelque occasion que ce soit.

Jusqu'ici, elle n'en connaissait pas grand-chose de ce que Madame Granger appelait 'son' monde et cette dernière était disparue avant de lui donner plus d'informations. Pourtant, si elle était vraiment une sorcière et qu'elle ne l'apprenait que maintenant, la jeune fille avait alors une centaine, non, un millier de questions à poser. Peut-être que la tutrice qui lui avait été désignée aurait de quoi nourrir sa curiosité.

Tandis que Valentin était allé promener avec son père, suite à cette lettre annonçant la venue de Virginia Wesley, Laurie était restée à la maison avec sa mère. Elle regardait celle-ci préparer le repas en lisant un roman des plus intéressant : une histoire de magiciens et d'illusionnistes. L'auteur du livre déclarait avec une certitude qui se rapprochait de l'affirmation 'qu'il y avait toujours un truc' dans les tours de cartes, ceux de disparition ou de transformation d'objets. Aurait-il écrit ce livre s'il avait vécu ce que vivait Laurie en ce moment ? Laurie avait beau être douée pour découvrir les mécanismes et les solutions, elle n'avait toujours pas expliqué comment elle avait échangé sa place avec celle de son petit frère, ni comment, devant les yeux de quatre personnes, cette étrangère avait subitement disparu après avoir salué ses hôtes.

Dix heures sonnaient. Le soleil d'été, déjà bien haut dans le ciel, propageait déjà une chaleur importante à l'extérieur et la ventilation de la maison n'était pas un luxe dans ce temps de canicule. La radio annonçait que cet été était un des plus chauds depuis plus de dix ans. Et la chaleur était présente aussi bien en France que dans les pays voisins. Comment devaient se sentir les gens qui étaient descendus en Espagne ou au Portugal ? Là, il n'y avait pas la moindre espérance d'un coin de fraîcheur. Vraiment, des fois, il valait bien mieux rester chez soi !

-« Hum, hum ! Je peux entrer ? »

Une jeune femme était apparue à la porte ouverte de la cuisine. Laurie, perdue dans ses pensées une fois de plus n'avait rien entendu. Et pourtant, quelqu'un se tenait là, debout, dans l'embrasure et demandait, sur un ton de politesse infini, comme s'il était normal, et même obligé, de demander à entrer dans la cuisine.

-« Comment êtes-vous entrée ? » demanda Anne-Charlotte interloquée.

-« En fait, je suis apparue dans le salon et j'ai entendu du bruit dans cette pièce alors je me suis permise. » expliqua la sorcière sur un air désolé.

Laurie et sa mère la fixèrent un moment. Elles s'attendaient pourtant bien à ce genre d'apparition mais, malgré tout, cela restait très impressionnant. Anne-Charlotte ne savait plus trop si elle devait accueillir cette nouvelle venue ou la rejeter. Etait-ce bien elle qui était envoyée par le collège dont avait parlé Miss Granger ? Autant de questions que la jeune femme parut lire sur les lèvres d'Anne-Charlotte.

-« Laissez-moi me présenter. Je m'appelle Virginia Wesley et je suis envoyée ici en qualité de tutrice de Melle Laurie Mercury. Je dois l'accompagner pour un voyage d'agréments et d'imprégnation. »

-« C'est donc vous qui êtes envoyée... »

-« Oui, c'est moi. Je suis désolée d'être entrée comme une voleuse mais on ne m'a pas donné beaucoup de détails sur la manière de transplaner ici et votre cheminée n'est pas raccordée au réseau, je ne pouvais donc pas employer la poudre de cheminette. »

Elle restait très polie mais utilisait des mots que Anne-Charlotte n'avait jamais entendus. 'La poudre de cheminette', 'transplaner', qu'est-ce que cela pouvait désigner. Toutefois, outre ces bizarreries, la jeune femme ne sembla pas 'hors normes' à la critique sévère d'une mère qui allait devoir confier sa fille et ça serait dès lors plus facile. Anne-Charlotte ne savait pas pourquoi mais elle avait confiance.

De son côté, Laurie avait aussi examiné la fille sous toutes ses coutures et commençait à se dire que le voyage ne serait probablement pas désagréable et que ses questions pourraient probablement trouver des réponses. Après tout, il valait mieux éclairer les mystères au plus vite.

-« Est-ce que tu es prête à me suivre ? » lui demanda Virginia.

-« Oui, je vais chercher mon sac. »

-« Dois-je lui prévoir un pique-nique ? » demanda Anne-Charlotte.

-« Non, ça ne sera pas nécessaire. »

Laurie monta dans sa chambre en laissant l'étrangère en compagnie de sa mère. A présent, elle devenait impatiente de partir. Il fallait qu'elle découvre, il fallait qu'elle sache pourquoi et comment elle était une sorcière, ce qu'était le monde des sorciers, 'son' monde. Qu'allait-elle découvrir ? Serait-ce des choses extraordinaires loin de la portée de l'imagination 'classique' ? Elle prépara donc rapidement quelques affaires qu'elle mit dans un sac à dos et redescendit dans la cuisine. Sa mère s'entretenait d'une manière moins inquiète avec Virginia Wesley.

-« Na vous en faites pas, Madame Mercury, je prendrai soin de Laurie ! » conclut Virginia.

-« J'y compte bien ! »

Et elle se tourna pour embrasser sa fille. Laurie sentit bien à travers dans cette étreinte qu'il restait une somme d'inquiétude que sa mère n'avait pas voulu montrer. Et après tout, pensait-elle, toutes ces choses étaient relativement soudaines : la découverte qu'elle était une sorcière, l'idée qu'elle devrait faire ses études en Angleterre, la décision de faire un voyage d'étude, ce n'était pas simple à assimiler rapidement. Surtout de la part d'une mère qui ne vivait que pour ses deux enfants.

Et c'est ainsi qu'ils se séparèrent. Laurie partit en compagnie de Virginia. A la plus grande surprise de la jeune fille, ils ne s'amusèrent pas à disparaître pour apparaître dans un autre endroit, ils n'utilisèrent si tapis, ni balais volant mais simplement le train, comme toute personne qui se respecte.

Il faisait bon ce jour-là et les trains étaient relativement bondés. Virginia et sa protégée se dirigèrent vers une cabine du train qui leur était réservée. Là, Virginia s'assit sur un des fauteuils et invita sa protégée à en faire de même. Ce qu'elle fit. Rapidement, une dame passa avec un chariot, des friandises et des rafraîchissements et Virginia et Laurie prirent un soda.

-« Je peux vous poser une question ? » demanda poliment Laurie.

-« Bien sûr, tout ce que tu veux ! ».

-« Pourquoi nous rendons-nous à Paris ? »

-« Minerva McGonagall a pensé qu'il serait bien que tu découvres le monde sorcier français avant de découvrir celui anglais. »

Il y avait donc un monde sorcier dans chaque pays. Cela devenait de plus en plus mystérieux. Laurie se posait de plus en plus de questions. Mais on aurait dit que Virginia avait lu sur les lèvres de son amie.

-« En fait, les subdivisions du monde sorcier se rapprochent de celles du monde moldu. Chaque pays a une école de sorcellerie, un ministère de la magie et des unités de magie, des villes magiques, des commerces etc. »

-« Il y a des commerces magiques ? »

-« Evidemment. Penses-tu que l'on puisse vendre des baguettes magiques et des chaudrons dans un supermarché ? »

En effet, cela aurait été étonnant de trouver dans les grands magasins un rayon consacré aux sorciers. Elle imaginait déjà l'étalage : des baguettes, des grimoires, des potions et d'autres choses pour sorciers et sorcières. En effet, ce n'était pas possible.

-« Si tu as d'autres questions à me poser, je peux essayer d'y répondre. Je ne promets pas de satisfaire l'entièreté de ta curiosité mais je peux essayer. »

En effet, Laurie avait mille questions à poser. Elle essaya alors de faire un tri et de les classer par ordre d'importance. Et elle formula alors la question qui pour elle avait le plus d'importance :

-« Est-ce que les sorciers vivent cachés des non sorciers et de leur famille ? »

-« Les sorciers sont cachés des moldus car les moldus ne se débrouilleraient jamais seuls et les sorciers deviendraient alors rapidement les esclaves des moldus pour tout ce qu'ils ne voudraient plus faire. Il est donc très important de ne pas révéler aux moldus l'existence des sorciers. »

-« Et ma famille alors ? » demanda Laurie intriguée.

-« Ce n'est pas la même chose. Je pense que tes parents et ton frère ont le droit de connaître la vérité. Je suis également persuadée qu'ils ne nous créerons pas de problème. Pour le reste de ta famille, peut-être que c'est mieux de ne pas leur préciser le type d'études que tu fais. »

Laurie pensait en effet que le reste de sa famille serait fortement étonné de découvrir qu'elle était en fait une sorcière. Elle se promit donc de ne rien raconter et comprenait aussi que les sorciers devaient être cachés auprès des moldus.

-« C'est déjà arrivé que des moldus découvrent l'existence des sorciers ? » demanda la jeune fille.

-« Oui. Beaucoup de fois. Mais, heureusement, il y a des sorciers dont le métier est de s'occuper de ce genre de problèmes. »

-« Que font-ils ? »

-« Ils effacent ou modifient une partie de la mémoire des moldus. »

La réponse avait le mérite d'être précise. Laurie ne savait pas si elle devait s'en indigner ou bien si elle devait trouver cela normal pour protéger le monde sorcier dont elle faisait désormais partie. En fait, elle donna plutôt raison aux sorciers. Raison tant que les sorciers ne profitaient pas de cet avantage pour manipuler les moldus.

-« Mademoiselle, vous travaillez aussi à Poudlard ? »

-« Tout d'abord, appelle-moi Ginny comme tout le monde. Ensuite, pour répondre à ta question, non je ne travaille pas à Poudlard. Hermione Granger m'a demandé d'être ta tutrice parce qu'elle n'avait pas le temps et j'ai accepté. En fait, je suis professeurs pour les petits enfants sorciers. »

-« Il y a des écoles pour petits enfants sorciers ? »

-« Oui, pour ceux qui naissent dans une famille de sorciers. Ceux qui voient la magie au quotidien depuis leur naissance. »

-« Et ils apprennent quoi à l'école ? »

-« La même chose que toi : lire, écrire, calculer. »

-« Ils n'apprennent pas la magie ? »

-« Non, il faut avoir onze ans pour ça. »

Et leur discussion dura une bonne partie du voyage. Laurie en apprit beaucoup. Elle sut alors que les sorciers n'étaient ni supérieurs ni inférieurs aux moldus mais qu'ils étaient différents et que tous deux étaient censés cohabiter sur terre comme deux espèces d'un même animal mais que le secret de rester caché était absolument indispensable suite à la nature même des humains sorciers ou non.

En ce qui la concernait, Laurie eut la confirmation de ce que pensaient ses parents et ses professeurs depuis bien longtemps : elle était un enfant surdoué et ce n'était pas le fait d'être sorcière qui causait cela. Elle avait des capacités et un pouvoir de réflexion qui était très impressionnant. A Poudlard, elle suivrait le programme normal plus des options qui lui permettraient d'en connaître davantage sur l'utilisation de la magie, sur l'histoire de la magie et sur le monde magique. Elle serait plongée, dès le premier jour, dans un monde dont elle ne comprenait même pas la langue. Car, même si Ginny et le professeur Granger avait fait l'effort de parler en Français, les élèves et professeurs de Poudlard parleraient anglais et elle devrait apprendre sur le tas, en immersion totale. Ginny lui avait prévenu que les premiers jours se raient durs, voire pénibles mais que très vite, elle parlerait aussi anglais. C'était bien connu, le meilleur moyen d'apprendre une langue étrangère était, pour les sorciers comme pour les moldus, de se rendre dans un pays où on parlait cette langue.

Et le voyage se poursuivait. Ginny s'était installée confortablement contre son dossier et s'était endormie. Laurie regardait par la fenêtre et observait le paysage qu'elle connaissait pour avoir déjà fait le voyage. Elle s'imaginait dans la partie 'sorcier' de la ville de Paris. En quoi cela pouvait-il bien différer ? Y avait-il des gens bizarres ? Les maisons et les magasins étaient-ils plus grands, plus petits ou tenaient-ils les uns aux autres par magie. Le jeune fille imaginait plein de choses possibles ou impossibles et que la magie aurait rendues possibles. Après tout, à partir du moment où on acceptait que la magie existe, le domaine du possible croissait rapidement en empiétant sur son contraire.

Comme presque tous les jours depuis le début des vacances, le temps était particulièrement chaud et le soleil brillait de tous ses rayons. Si bien que la dame qui vendait des rafraîchissements repassa une fois dans le couloir, ce qui réveilla Ginny.

-« Tu veux encore un rafraîchissement ? « lui demanda-t-elle gentiment.

-« Oui mais je peux le payer, ma maman m'a donné de l'argent avant de partir. »

-« Non, tu es mon invitée, c'est moi qui paie ! » affirma-t-elle.

Elles reprirent alors toutes deux un soda qu'elles accompagnèrent de bonbons au chocolat que Ginny sembla apprécier particulièrement.

-« Pffff ! Le temps ne passe pas dans ces transports moldus ! » se plaignit Ginny.

-« Alors pourquoi voyageons-nous de cette manière ? »

-« Simplement parce que tu n'as pas l'âge de transplaner. Quand nous serons à Paris, nous utiliserons un portoloin jusque Londres. Je t'expliquerai le moment venu mais tu verras que c'est bien plus rapide que ce train. »

-« C'est quoi un portoloin ? »

-« Je te montrerai prochainement mais ici, nous arrivons à Paris !

-« Où devons-nous nous rendre à Paris ? »

-« Dans un café appelé 'La baguette magique'.

Elles descendirent du train, passèrent devant le contrôleur qui leur fit à toutes les deux un beau sourire et sortirent de la gare du Nord. La ville lumière s'offrait à elles, il était 3 heures de l'après-midi.

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Voilà pour cette fois. Le prochain chapitre suivra bientôt. Bonne lecture et au plaisir de lire vos reviews !