5. La Route des Découvertes.

Paris ! Quelle belle ville ! Laurie l'avait toujours pensé. Ses monuments, ses édifices, ses preuves du passé, de son histoire qui se mêlaient avec un présent plus qu'actif. Cette ancienne cité qui, jadis Lutèce pour ceux qui voulaient bien le croire, avait traversé le temps et était devenue ce qu'elle était maintenant : Paris, ville lumière, capitale de la France. C'était selon Laurie, la plus belle ville de son pays qu'elle ait visitée, sa préférée.

Ginny emmena Laurie à travers les rues. Elle avait l'air de connaître l'itinéraire par cœur. En effet, elle ne prit pas la peine de s'arrêter devant le plan de la ville qui était affiché au sortir de la gare et fonça directement dans une ruelle encombrée de touristes. Au bout de cette ruelle, elle se retrouva dans une rue piétonne, deux fois plus encombrée, et continua sa marche sans prendre la peine de s'arrêter pour admirer quelque vitrine.

Les gens étaient comme fous. Pour eux, il ne fallait certainement pas perdre un instant pour admirer toutes les boutiques et les vitrines qu'offraient les rues de Paris. Bousculades, injures, tout pour passer le premier et gagner ne fut-ce qu'une demi minute. On aurait cru que les magasins allaient s'envoler et qu'il fallait absolument les visiter avant qu'ils ne disparaissent. Certains touristes se mettaient même à courir pour joindre un magasin à l'autre.

Laurie les observait. Elle se demandait si dans tous ces gens, dans cette foule impressionnante de personnes venues de beaucoup de pays différents, elle se demandait s'il y avait des sorciers. Qui sait, peut-être que celui- là qui venait de passer devant elle ou bien celle-ci qui regardait un magasin de vêtements ou encore cette commerçante qui attendait sur le pas de sa porte. Ou, dans le meilleur des cas, étaient-ils tous des sorciers.

Et Ginny emmenait Laurie sans prendre la peine de s'arrêter. Elle arpentait les rues et traversait une partie de la ville comme si elle la connaissait par cœur. Elle quittait peu à peu les rues animées, les devantures de commerces attrayantes pour entrer dans un quartier relativement moins peuplé, un quartier aux apparences beaucoup plus pauvres. Elle empruntait maintenant une rue bordée de maisons pour lesquelles un rafraîchissement n'aurait guère été superflu. Des sacs poubelle traînaient ça et là aux abords des maisons. Des fenêtres brisées donnaient sur la rue, même si la plupart de ses fenêtres étaient barrées de bois. Des chats venaient renifler les poubelles quand ce n'était pas des rats.

Laurie ne se sentait pas à l'aise et Ginny dut le remarquer car elle lui serra la main qu'elle tenait d'un air de dire « Ne t'inquiète pas, je suis avec toi ! » mais elle ne dit rien et continua à s'enfoncer dans ce quartier des plus étrange. Bientôt, après quelques bifurcations, les deux demoiselles se retrouvèrent dans une ruelle qui avait tous les aspects d'une impasse. Laurie se demanda où Ginny voulait arriver. Connaissait-elle quelqu'un qui habitait dans ce quartier spécial ? Etait-ce un quartier sorcier ? Tous les sorciers étaient-ils ainsi ?

Ginny continua à s'enfoncer dans la rue en passant devant toutes les maisons et les immeubles relativement peu luxueux pour arriver enfin devant le dernier immeuble de la rue. Celui-ci bouchait le reste de la rue. C'était un bâtiment de quatre étages qui avait l'air d'abriter des appartements sociaux. A l'entrée, deux marches donnaient sur une porte vitrée avec du verre tinté. Un bouton de sonnette unique et un parlophone se présentaient à côté de la poignée de porte. Personne n'était en vue, la rue semblait vraiment déserte. Et ce bâtiment paraissait, lui, vraiment étrange et mal approprié à un quartier si pauvre et si désordonné.

-« Voilà, dit Ginny, c'est ici ! »

Laurie se demandait ce qu'elles allaient bien fabriquer dans un building de Paris. Elle en venait à espérer que le quartier sorcier de Paris ne se résume pas à cette bâtisse dans lequel cas elle aurait été très déçue et aurait préféré de loin être moldue que sorcière. Elle ne savait trop quoi penser mais elle était bien décidée de tirer cette affaire au clair en suivant Ginny en qui elle avait une confiance grandissante.

Ginny s'approcha du parlophone, appuya sur le bouton. Une voix, dont on ne savait si elle était électronique ou si réellement quelqu'un répondait de l'autre côté, leur demanda :

-« Qui veut entrer dans cette demeure ? »

-« Laurie Mercury et Virginia Wesley. » répondit Ginny.

-« Entrez ! »

Il y eut alors une courte sonnerie qui déverrouilla la porte. Laurie ne s'attendait pas à trouver cela à l'intérieur : bien au contraire de la rue et du quartier, l'intérieur du bâtiment était des plus luxueux : les murs étaient tapissé d'un papier doux au regard et garni de fresques en relief, couleur or le plafond était sculpté et peint de mille couleurs en représentant des scènes que Laurie ne connaissait pas le sol était recouvert d'un marbre brillant dans lequel Laurie pouvait voir son reflet et des lustres très chics donnaient une lumière blanche.

C'était très étonnant, pensait Laurie, qu'un si luxueux bâtiment se trouve dans un quartier aussi reculé et aussi, disons vétuste. Il n'avait pas sa place et son extérieur contrastait fortement avec son intérieur. Qui avait donc eu l'idée de faire construire ou rénover un bâtiment dans un endroit pareil. Dans le couloir principal, dans lequel elles se tenaient, il y avait plusieurs portes munies d'inscriptions du genre 'appartements A01 jusque A40' et des ascenseurs à disposition de qui voulait s'y rendre.

-« A qui appartiennent ces appartements ? » demanda Laurie.

-« Aux sorciers qui les louent. »

-« Mais tout le monde saurait entrer dans ce bâtiment. »

-« Pas du tout, il faut que le bâtiment te reconnaisse comme sorcier ou sorcière sinon la porte d'entrée ne s'ouvre pas. »

C'était donc ça le truc, les non sorciers n'y avaient pas accès. Mais il restait une question qui se posait : pourquoi ce bâtiment était-il dans ce genre de quartier ? Probablement pour ne pas attirer l'attention des curieux. Le stratagème était heureux : d'extérieur on aurait dit un simple bâtiment à peine entretenu mais d'intérieur, la réalité donnait une toute autre impression !

Ginny ne prit pas la peine de s'arrêter pour visiter le bâtiment ou pour donner des détails à Laurie. Elle traversa le bâtiment de part en part par le grand hall qui s'offrait à elles. Suivie de Laurie, elle atteignit bientôt la deuxième porte extérieure qui se trouvait à l'autre bout du hall. Cette porte en bois massif semblait pouvoir résister aux assauts les plus costauds. Elle n'avait ni poignée, ni verrou, rien pour la saisir. Ginny sortit alors sa baguette magique et donna des coups selon un certain rythme à certains endroits de la porte qui, à un moment donné, s'ouvrit. Ce qu'elle vit alors, elle ne l'avait jamais vu.

Un chemin en pierres s'offrait à elle comme la continuité de la route qu'elle venait de quitter mais, chose étonnante, ce chemin était des plus fréquenté de piétons. Aucune voiture, aucun vélo, aucune moto, seulement des piétons. De part et d'autre de ce chemin, des magasins d'aspect rustiques mais très luxueux. On se demandait comment ces murs, qui n'étaient même pas bâtis à niveau, pouvaient soutenir les toits en double pente. Les magasins s'étendaient à perte de vue. Il y a avait de tout. De là où elle se tenait, Laurie pouvait voir des étalages de chaudrons, de balais, de magazines, de hiboux et bien d'autres choses encore.

-« Bienvenue sur la Route des Découvertes, Laurie ! » lui annonça fièrement Ginny.

Laurie aurait voulu sauter de joie tellement ce qu'elle voyait lui plaisait et puis surtout ce calme et cette paix qui semblait découler de tout. Quel bonheur de se trouver là en ce moment, au milieu de ce lieu inconnu des moldus. Elle regardait dans toutes les directions, tournant la tête dans tous les sens pour voir tout ce qu'il y avait. Elle avait l'impression de se trouver dans un rêve ou mieux, dans un conte de fée. Il y avait une foule impressionnante de gens venus acheter ou simplement regarder. Cette fois, pas de doute, c'était bien tous des sorciers. Jamais elle n'aurait pensé qu'un tel endroit puisse exister.

-« Viens, nous allons dîner à La Baguette Magique, une table nous y est réservée. »

Elle se mirent donc en marche et commencèrent à arpenter le chemin de pierres. Tous les magasins étaient exceptionnels : ceux de vêtements vendaient des robes particulières qui avaient l'air de convenir aussi bien aux garçons qu'aux filles un autre magasin qui ressemblait à une pharmacie arborait l'enseigne 'Le coin des médico-mages'. Laurie s'étonna même devant un magasin de farce et attrapes.

-« Ce magasin est tenu par deux amies à moi. On y fera un tour ce soir. »

Jamais on aurait pu confondre ces magasins à des magasins 'ordinaires'. Ou alors, si on l'avait fait, c'eût été avec une ville du Texas de jadis. En effet, pas une enseigne lumineuse, pas une affiche publicitaire. Mais, il fallait bien le remarquer, cette rue commerçante était beaucoup plus agréable que les classique rues piétonnes des villes moldues car beaucoup plus chaleureuses et beaucoup plus propres. Laurie commençait à aimer sa condition et se disait que ce voyage commençait agréablement.

Elles arrivèrent enfin devant un établissement qui arborait une grande baguette magique sur laquelle était gravée en lettres dorées l'inscription 'La Baguette Magique'. Cet établissement présentait, exactement comme un établissement moldu, des tables disposées sur une terrasse de pavés, une large vitrine qui découvrait des tables intérieures aux banquettes confortables. Quand elles entrèrent, Laurie put apercevoir l'immense comptoir et l'immensité de la salle qui s'offrait à elle.

-« C'est ici que nous allons manger ! Une table est retenue pour nous ! »

Elles se dirigèrent donc vers une table placée près d'une cheminée ouverte dans laquelle ne brûlait qu'un feu léger qui n'avait d'ailleurs pas sa place en plein été. Elle s'assirent confortablement et ouvrirent la carte du menu. Ginny aida sa protégée à choisir car les menus étaient sensiblement différents des choses qu'elle était habituée à manger. Comme apéritif, bien que cela ne soit pas confectionné avec de l'alcool, Ginny conseilla une 'bierraubeurre'. Laurie se laissa tenter.

-« Alors, lui demanda Ginny, que penses-tu du monde sorcier ? »

-« Ça a l'air pas mal mais je suis certaine que je n'ai pas tout vu et qu'il y a des côtés moins bien que ce chemin ! »

-« Oui, tu as raison. Comme pour le monde ou tu vis, il y a en effet des endroits plus sombres mais je pense que on peut imaginer n'importe quel monde, il y aura toujours des côtés plus sombres. »

-« Malheureusement oui ! »

Et puis le repas arriva. Comme prévu, Laurie fit bonne chaire avec la bierraubeurre et avec tout le reste du repas d'ailleurs. Les ingrédients n'étaient pas tellement différents de ce qu'elle connaissait : des tomates, des poivrons, d'autres légumes mais ce qui était différent, c'était la manière de préparer et de cuire. Le gâteau au chocolat qui fut servi comme dessert n'avait rien à envier aux gâteaux de Anne-Charlotte car il était aussi bon et aussi léger.

Ginny proposa ensuite à Laurie de s'intéresser d'un peu plus près aux magasins et l'emmena en premier lieu dans une des librairies de la Route des Découvertes. C'était gigantesque. La pièce était immense et remplie d'étagères qui montaient jusqu'au plafond. Des étiquettes simplifiaient les recherches des clients : 'histoire moldue', 'histoire magique', 'romans et nouvelles moldues', 'essais sorciers' et bien d'autres encore. Laurie fut attirée par un livre dont le titre était 'Les grands personnages de l'histoire' par Colin Crivey, journaliste pour la Gazette du sorcier.

Déjà la couverture de ce livre était spéciale : elle montrait une dizaine de photographies de personnages mais, chose étonnante, au lieu de se tenir immobiles comme il se doit sur une photos, ceux-ci levaient la main et saluaient à tout va ceux qui les regardaient. Ginny qui vit l'étonnement de Laurie lui expliqua alors que les photos des sorciers étaient sensiblement différentes de celles moldues.

Ce livre était très récent, il était sorti l'année précédente et présentait des centaines de personnages classés par année. C'est ainsi que Laurie découvrit que l'ancien directeur de Poudlard était Albus Dumbledore et que tous les critiques s'accordaient pour le qualifier de 'plus grand directeur que Poudlard ait connu'. Elle lu qu'il avait passé le relais à l'actuelle directrice de Poudlard : Minerva McGonagall. Cet Albus Dumbledore était également reconnu pour avoir longtemps été le plus grand sorcier de tous les temps jusqu'à ce que le Survivant ne vainque Celui-dont-le-nom-ne- devait-pas-être-prononcé. Tous ces personnages étaient inconnus de Laurie et elle découvrait ensuite d'autres personnalités du monde des sorciers qui s'étaient illustrés pour d'autres raisons telles que ministre de la magie de tel ou tel pays, numéro un en quidditch, et cetera.

Ce livre lui plaisait vraiment et Ginny sembla le remarquer.

-« C'est un ancien de Poudlard qui a écrit ce livre. Il te plaît ? »

-« Oui, beaucoup. Tu penses que je pourrais me le procurer ? »

-« Si tu veux, je veux bien te le payer car tu n'as pas d'argent sorcier ! »

-« Mais je ne veux pas que vous dépensiez de l'argent pour moi. »

-« Ne t'inquiète pas de ça, je peux bien faire un petit cadeau à ma protégée ! »

Laurie la remercia promptement et continua son petit tour dans la librairie. Elle vit alors des livres entiers consacrés à celui que tous les sorciers appelaient 'Le Survivant'. Ce devait être un sorcier très important et, selon le livre que Laurie tenait, il n'était pas encore mort et il était même assez jeune, il devait avoir l'âge de Ginny. En feuilletant les livres, elle découvrit que c'était un des aurors les plus puissants si pas le plus puissant. Elle apprit aussi qu'il vivait maintenant au calme avec sa fille et sa femme dans sa demeure.

Dans un autre livre appelé 'Histoire de la magie et de son évolution' par Gémy Tandetan, elle découvrit que la magie n'avait pas toujours été ce qu'elle est maintenant et qu'il y avait plein de formes de magies différentes mais que la plupart des sorciers et sorcières actuelles utilisaient la magie avec baguette qui était la plus simple et la plus pratique. Celle-ci se basait sur des formules et l'esprit du sorcier ou de la sorcière.

La jeune fille aurait voulu rester dans cette librairie des jours entier. Elle avait tellement de choses à apprendre. Mais il fallait bien continuer le voyage. Après tout, il n'y avait pas que dans les livres que l'on apprenait, il fallait voyager et acquérir de l'expérience.

La prochaine étape était le magasin de farces et attrapes tenues par deux amies à Ginny : les jumelles Capone. Quand elles entrèrent dans le magasin, les deux sœurs sautèrent au cou de Ginny.

-ANGLAIS- « Virginia, dit l'une, nous sommes bien contentes de te voir ! »

-ANGLAIS- « Bonjour, répondit Ginny, mais parlons en français parce que ma protégée ne comprend pas l'anglais. »

-« Oh, excusez-moi. J'ai l'habitude de parler anglais avec Virginia. Je suis désolée. Je m'appelle Samantha et voici ma sœur Alexandra. Tu peux essayer tout ce que tu veux sur cet étalage. Je suppose que si tu es sous la tutelle de Virginia c'est que tu dois découvrir le monde sorcier. Mais, pourquoi est-ce toi qui lui fait découvrir, Virginia ? »

-« Simplement parce que Laurie doit rentrer prochainement à Poudlard ! »

-« A Poudlard ! Comment est-ce possible ? »

-« C'est à la fois très simple et très compliqué ! »

-« Venez prendre du thé, vous nous expliquerez tout ça. » proposa Alexandra.

Elles entrèrent alors dans une petite pièce attenante au magasin et s'assirent autour de la table. Alexandra servi du thé et Ginny commença à expliquer comment une élève française allait exceptionnellement se retrouver à Poudlard en Angleterre. Elles restèrent là à discuter et à prendre le thé pendant une petite heure puis Ginny et Laurie les saluèrent pour continuer leur promenade. Il y avait encore plein de magasins à découvrir. Ensuite, Laurie ne savait pas pourquoi, Ginny voulait absolument retourner à 'La Baguette Magisue'...