6. Albus Dumbledore et Harry Potter.

Laurie n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé. En tous cas, une chose était certaine, c'est qu'elle était à Londres, même si cela paraissait pour le moins invraisemblable. En effet, pour un esprit cartésien comme le sien, ce voyage n'avait rien de réel à savoir que la distance entre Paris et Londres était de plus de 400 km, réaliser ce voyage en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire était vraiment très impressionnant. Le moyen même qu'elles avaient utilisé était encore plus spectaculaire. Elles étaient retournées à La Baguette Magique où elles étaient allées quelques heures plus tôt pour déjeuner. Là, Ginny avait demandé au serveur une communication vers un endroit appelé 'Le Chaudron Baveur', elle lui avait payé ce qu'il réclamait et celui-ci leur avait remis deux sachets de poudre. Ginny avait alors invité Laurie à s'approcher de la cheminée. Là, elle lui avait tendu un sachet de poudre et lui avait demandé de verser le contenu dans sa main tandis que le serveur allumait un feu dans la cheminée à l'aide de sa baguette magique.

-« Quand je te le dirai, avait dit Ginny, tu t'approcheras du feu, tu lanceras la poudre et tu prononceras bien haut, bien fort et très distinctement 'Chemin de Traverse'.

Elle s'assura alors que Laurie avait compris en lui demandant de répéter ce qu'elle devait prononcer après avoir lancé la poudre. Bien qu'un peu réticente, c'est ce que Laurie fit. Elle s'approcha de la cheminée, y entra, ouvrit le sachet, jeta la poudre et cria presque 'Chemin de Traverse'. Tout commença alors à tourner, elle se sentit comme paralysée. Elle vit défiler devant elle une centaine de cheminées dans une centaine de pièces différentes. A un moment, sans prévenir, elle se sentit expulsée de la cheminée pour atterrir, couchée sur le ventre, dans un bar qui ressemblait à La Baguette Magique' mais en beaucoup moins chic.

Elle se releva alors, frotta un peu la suie de ses habits et regarda autour d'elle. Tout le monde était assis à table, soit en train de manger ou simplement en train de consommer. Personne ne semblait avoir remarqué son arrivée. Même le serveur continuait à prendre la commande de la table de laquelle il s'occupait sans se soucier de cette étrange apparition. Tout à coup, il y eut comme un souffle dans la cheminée et une grande flamme verdâtre se mit à crépiter. Laurie se retourna et eut juste le temps de se retourner pour voir Ginny apparaître. Celle-ci se dépoussiéra un peu et invita Laurie à la suivre. Au passage, elle salua le serveur d'un simple 'Bonjour Tom !' et poussa alors une porte qui donnait sur une minuscule cour intérieure.

Là, elle sortit sa baguette magique et toucha certaines briques du mur qui délimitait cette cour. C'est alors que les briques se mirent à tourner et à s'écarter pour faire place à une ouverture en voûte. Ceci fait, les deux voyageuses entrèrent. Le spectacle qui s'offrait à Laurie était particulièrement semblable à celui qu'elle avait vu au sortir du building à Paris. Un chemin bordé de magasins sorciers. Ceux-ci avaient l'air encore plus anciens que ceux qu'elle avait vus sur La Route des Découvertes.

-« Bienvenue sur le Chemin de Traverse, Laurie. Un des plus anciens chemins commerciaux sorciers. » lui expliqua Ginny.

Laurie était bien contente de le savoir mais elle ne tarda pas à poser la question qui lui brûlait les lèvres.

-« Ginny ? Dans quelle ville sommes-nous ? »

-« A Londres ! » lui annonça Ginny avec un grand sourire.

-« A Londres ? Comment est-ce possible ? » demanda Laurie intriguée.

-« Nous avons utilisé un moyen de transport sorcier appelé 'La poudre de cheminette'. Cela permet de voyager d'une cheminée à une autre de manière ultra rapide. Il faut néanmoins que les deux cheminées soient connectées au réseau sorcier. C'est ainsi que nous pouvons voyager de Londres à Paris aussi rapidement. D'ailleurs, normalement dans peu de temps, la cheminée de ta maison sera raccordée et tu pourras ainsi joindre Le Chaudron Baveur en évitant de perdre du temps. Ne fais pas cette tête-là, si tu reste si cartésienne, tu vas souvent être étonnée dans le monde sorcier. Encore une chose, on va se rendre dans un magasin pas loin, je suis désolée mais je vais parler en anglais, ainsi tu commenceras à t'habituer à cette langue. »

-« D'accord. »

Elles commencèrent alors à arpenter Le Chemin de Traverse. Elles passèrent devant des magasins de toute sorte : baguettes, balais, habits, livres, ... Ginny avait l'air de connaître ce lieu encore mieux que La Route des Découvertes. Elle se dirigea alors vers un magasin dont l'inscription était « Farces pour sorciers Facétieux ».

-« Voilà, nous sommes arrivées ! Entre. »

-ANGLAIS-« Bonjour, bienvenue Mademoiselle ! Oh, Ginny ! Comment vas-tu ? Je pensais que tu était partie en France. »

-ANGLAIS-« Bonjour Fred, j'y étais mais je suis de retour. Je dois initier cette demoiselle au monde sorcier. »

-ANGLAIS-« Oh, une novice. Bonjour, moi c'est Fred. Comment vous appelez- vous ? »

Laurie se retourna vers Ginny en faisant une figure de totale incompréhension. En effet, il fallait attendre le collège pour commencer l'anglais. Elle n'avait donc absolument aucune notion d'anglais.

-ANGLAIS-« Désolée Fred mais Laurie ne connaît pas seul mot d'anglais. Elle est française ! C'est pour cela que McGonagall m'a demandé d'être sa tutrice.

-ANGLAIS-« Française ? Mais je suis capable de parler français ! »

-ANGLAIS-« Ah ? Et depuis quand ? » demanda Ginny avec un sourire narquois.

-ANGLAIS-« Depuis longtemps. C'est important pour le commerce d'être polyglotte. Regarde ! »

-« Bon-jour ma-de-moi-zel ! Je m'épel Fred et vous comment vous appelles- tu ? »

Alors Laurie fit un grand sourire car elle appréciait énormément cet effort de la part d'un anglais. Malheureusement, elle était tout à fait incapable de lui rendre la pareille.

-« Je m'appelle Laurie Mercury, je suis française ! »

-ANGLAIS-« Tu vois que je parle français. Et je pense qu'on ne pourrais pas dire que je ne suis pas français en m'écoutant ! »

-ANGLAIS-« A peine. » ironisa Ginny.

-ANGLAIS-« Pourquoi une française est-elle attendue à Poudlard ? »

Ginny lui raconta alors l'histoire de Laurie que les sorciers suivaient depuis quelques années. Elle lui raconta comment on avait découvert chez cette fille des qualités et des prédispositions importantes.

Une fois cette visite terminée, Ginny embrassa son frère et sortit avec Laurie à qui Fred fit un sourire complice. Décidément il avait vraiment l'air sympathique ce commerçant.

-« C'est un ami à toi ce marchand ? » demanda Laurie.

-« En fait, c'est un de mes frères. »

-« Ton frère ? »

-« Oui. »

Elles continuèrent leur route. Ginny avait proposé de passer le reste de la journée dans le chemin de traverse afin que Laurie puisse une nouvelle fois se familiariser avec les magasins sorciers. Puis, vers la fin de la journée, elles retournèrent au Chaudron Baveur, y mangèrent et louèrent une chambre pour y passer la nuit. Le lendemain, elles avaient rendez-vous à Poudlard avec la directrice, le professeur Minerva McGonagall.

Levée de bonne heure, Laurie ouvrit son livre 'Les grands personnages de l'histoire' par Colin Crivey. Elle décida de lire entièrement le passage consacré au Professeur Dumbledore, avant-dernier directeur de Poudlard. Elle découvrit qu'il vivait encore, même s'il était très vieux et que ce n'était que l'année d'avant qu'il avait passé le relais et que, par corollaire, c'était la première année de direction du Professeur McGonagall. Elle vit même qu'il était encore directeur d'honneur de Poudlard tandis que Minerva McGonagall en était la directrice faisant fonction. Cet homme était, selon Colin Crivey, un fou mais un fou génial. Il avait consacré sa vie à la formation des jeunes sorciers d'abord comme professeur de métamorphose puis comme directeur. Il était d'une puissance sans précédent mais n'en faisait usage que très rarement. Il désirait que chaque sorcier, de sang pur ou pas, ait les mêmes chances et, durant toute sa carrière, s'y était appliqué. L'auteur du livre semblait énormément l'apprécier.

Toutefois, un chapitre encore plus important dans le livre était consacré au Survivant que Colin Crivey présentait comme le plus grand sorcier de tous les temps. Il avouait même aussi, sans complexe aucun, qu'il avait un faible pour ce sorcier et que, déjà plus jeune, à l'époque où ils étaient tous deux à Poudlard, il le poursuivait régulièrement, muni d'un appareil photo afin de décocher une icône d'admiration. Harry Potter était la seule personne qui avait survécu à tant d'attaques du Seigneur des Ténèbres, ce grand sorcier dont le seul nom, Voldemort, faisait peur à tous les autres. Harry Potter avait, dès sa première année, de manière très mystérieuse, survécu à une attaque qui avait tué ses parents. Du même coup, il avait réduit le Seigneur des Ténèbres à l'impuissance pendant plus de dix ans. Ensuite, durant la scolarité du jeune sorcier, il y avait eu plusieurs rencontres avec le mage noir et, à chaque fois, Harry Potter en était sorti indemne. Il avait toutefois, aux grands regrets de tous, perdu quelques de ses amis ainsi que Sirius Black, son parrain qui avait été accusé à tort, quelques années auparavant, d'avoir tué plus de dix moldus. C'est finalement huit ans après la fin de ses études que Harry Potter, accompagné d'Albus Dumbledore, avait vaincu Voldemort. Il exerçait maintenant le métier d'auror et s'occupait d'une jeune fille de 6 ans qui répondait au joli prénom de Chloé. De plus, il était prévu qu'il enseigne à Poudlard, dès la rentrée prochaine, le cours de défence contre les forces du mal aux étudiants les plus jeunes.

Tandis que Laurie tournait les quelques pages consacrées à ce phénomène, elle eut la terrible surprise de lire le nom de Virginia Wesley à la fin du récit de Crivey. Il la présentait en quelques mots, annonçant entre autres choses qu'elle était veuve d'un mari qu'elle avait épousée très jeune et qui avait été tué par Voldemort. Mais ce qui surprit encore plus Laurie, c'est la raison même pour laquelle Ginny se trouvait dans ce livre : elle vivait avec Harry Potter, ils étaient mariés depuis l'année précédente. Ginny s'était bien gardée de lui dire tout ça. D'ailleurs, elle n'avait pas beaucoup parlé de sa vie. Elle semblait tout connaître de Laurie mais le contraire n'était pas forcément vrai.

Ginny finit par se réveiller. Elle ouvrit un œil et vit que Laurie la regardait.

-« Bonjour, tu as bien dormi ? » lui demanda-t-elle en bâillant.

-« Oui, je me suis réveillée il y a une demie heure. Je peux te poser une question ? » demanda-t-elle timidement.

-« Oui, vas-y, on verra si je peux y répondre. »

-« Qui est Harry Potter ? »

-« Tu ne l'as pas trouvé dans ton livre ? Harry Potter est le plus grand sorcier de tous les temps, c'est un auror très puissant, c'est lui qui...

-« a vaincu le Seigneur des Ténèbres. » continua Laurie en même temps qu'elle. « Oui, je sais tout ça mais ce que je veux savoir, c'est pourquoi tu te trouves dans le chapitre qui lui est concerné. »

La question, bien que très franche, avait le mérite d'être claire et précise. Ginny devint rapidement toute rouge et regarda le sol. Par où devait-elle commencer ?

-« Il y a huit ans, commença-t-elle, je suis sortie de Poudlard. Très vite, je me suis mariée avec un garçon dont la gentillesse était aussi grande que celle de Harry. Un jour, il s'est fait tuer par le mage noire Voldemort. »

-« Oui, j'ai lu ça dans le livre, il paraît que ce Voldemort était terrible et que personne n'osait prononcer son nom. »

-« Oui, il a tué mon mari ! » dit Ginny les larmes aux yeux.

-« Je suis désolée. Tu sais, je suis curieuse parce que je ne connais rien de ce monde mais si c'est trop douloureux, tu n'es pas obligée de répondre à ma question. »

-« Non, tu ne dois pas t'excuser. Tu n'as rien à voir avec ces événements. Donc mon mari est mort après bien trop peu d'années de mariage. Et puis, je me suis réfugiée dans mon métier, je suis professeur pour les jeunes sorciers. Et c'est Harry qui m'a un peu sortie de cet isolement et peu à peu nous nous sommes rapprochés. Ce n'est que l'année dernière qu'il m'a avouée ses sentiments et nous habitons ensembles depuis un peu plus de six mois, juste après notre mariage. »

-« Lui aussi il a été marié avant ? »

-« Non, pourquoi ? »

-« Il a une fille, je pense. »

-« En fait, c'est une fille qu'il a recueillie. Elle a été abandonnée par ses parents. Mais tu auras l'occasion de voir que c'est comme si c'était vraiment la sienne. »

-« Pourquoi aurais-je l'occasion de le voir ? »

-« Parce que, si tu veux bien, la nuit prochaine, c'est chez lui enfin chez nous que nous la passerons ! »

-« C'est vrai ? Je serais enchantée de faire la connaissance de Harry Potter. »

-« Eh bien je suis contente que ça te fasse plaisir. En attendant, il faut se préparer car tu as rendez-vous à 10 heures avec le Professeur McGonagall à Poudlard. Va prendre ta douche et t'habiller puis nous irons déjeuner en bas. Je vais demander à Tom de préparer ce qu'il faut ! »

Elle firent ainsi et quittèrent le Chaudron Baveur pour se rendre dans la boutique des jumeaux Wesley.

-« Ginny, comment allons-nous nous rendre à Poudlard, c'est loin ? »

-« Oui, c'est assez loin. Nous allons aller chez mes frères, là il y a un portoloin qui mène dans le hall de Poudlard. »

-« C'est quoi un portoloin ? C'est encore une cheminée bizarre ? »

-« Non, c'est un objet qui permet, en quelque sorte, de se téléporter d'un lieu à un autre. »

Elles parcoururent donc encore une fois le Chemin de Traverse afin de rejoindre le magasin « Farces pour sorciers facétieux » qui se trouvait quasiment à l'autre bout. Là, elles entrèrent dans le magasin et Ginny s'entretint avec l'un de ses frères pendant un moment. Ensuite, après qu'ils aient parlé un moment, en anglais, il alla chercher dans l'arrière boutique une vieille boîte en carton déchiré. Il l'ouvrit et il y avait dedans un faux serpent.

-ANGLAIS-« Fred, tu ne pouvais pas trouver un objet plus classique ? »

-ANGLAIS-« Ce n'est pas moi, c'est Dumbledore qui a voulu que ce soit cet objet. » se défendit Fred.

-ANGLAIS-« Ce n'est pas étonnant. C'est un génie mais il est aussi insouciant que vous deux ! »

-ANGLAIS-« Ça veut dire quoi ? »

-ANGLAIS-«Rien ! » soupira Ginny. Puis elle s'adressa à Laurie.

-« Nous allons devoir toucher cet objet en même temps toutes les deux. A trois, d'accord ? »

-« OK. »

Elle compta. Puis, dès qu'elle eut touché le serpent, la pièce s'évanouit pour faire place à un immense hall muni de rampes d'escaliers et d'autres portes. Le hall était richement décoré dans les tons rouges et les escaliers étaient recouverts de tapis de velours. L'endroit semblait désert. Rien n'aurait pu faire croire qu'il s'agissait d'une école, car Laurie ne connaissait que les écoles moldues. Ginny l'invita à la suivre à travers les couloirs.