7. Un collège et un jeu sorcier.

Laurie et Ginny parcouraient les couloirs de Poudlard en direction du bureau de la directrice. Les couloirs étaient éclairés par des torches fixées régulièrement de part et d'autre des murs. Laurie remarqua que cet endroit sorcier, pas plus que tous ceux qu'elle visitait depuis la veille, ne disposait d'électricité. Les sorciers semblaient pouvoir se passer des énergies quelles qu'elles soient. La seule qu'ils utilisaient était l'énergie physique... et la magie, bien sûr. Tout au long des murs, il y avait d'énormes tableaux qui représentaient des personnages aussi farfelus les uns que les autres. Comme toutes les peintures et les photographies de sorciers, ceux-ci étaient animés. Laurie regardait sans cesse à droite et à gauche pour voir l'étrangeté de ces lieux.

A un moment donné, alors qu'elle longeait un mur décoré par une fresque représentant une scène d'attaque de défense d'aurors très célèbres (selon l'inscription), Laurie entendit un crac et vit sortir du mur un humain... non, ce n'était pas un humain : son corps était translucide. Il fonçait vers elle en montrant les dents. Laurie prit peur et courut vers Ginny en poussant un cri. En un seul mouvement, celle-ci se retourna, la baguette à la main.

-« Que se p... Peeve ! Dégage de là ! » hurla-t-elle.

-« Oh, s'étonna le fantôme, on parle en français, maintenant ? Pas de problème ! Je suis capable de vous défier en français, s'il le faut ! »

Et le monstre transparent lui tira la langue. Alors Ginny se mit à courir à travers le couloir pour le rattraper en lui lançant un regard meurtrier. Celui-ci attendit que son adversaire soit presque à sa hauteur et qu'elle se jette sur lui pour se retirer et Ginny atterrit lourdement au sol.

-« Tu ne perds rien pour attendre ! Espèce d'esprit frappeur à la noix ! » lança Ginny furieuse.

C'est alors que quelqu'un apparu dans l'ombre. Ginny ne sembla pas l'apercevoir directement mais le fantôme bien.

-« Allez-vous en, voulez-vous ! » dit-elle dans un français des plus impeccable.

-« Bien, Professeur, Madame ! » répondit sagement le fantôme avant de s'en aller à travers le mur d'où il était apparu.

-« Professeur McGonagall ! » dit Ginny.

Laurie sentit, dans l'attitude de Ginny, un respect absolu. La femme qui se tenait devant elle avait l'air d'une sorcière (sans blague !) avec son chapeau pointu et ses petites lunettes. Elle attendit que Ginny se lève et la salue poliment. Puis, chose inattendue –et Ginny n'avait vraiment pas l'air de s'y attendre– elle prit Ginny dans ses bras pour une accolade des plus chaleureuse.

-« C'est si bon de vous revoir. Dire que, comme Monsieur Potter, il a fallu huit ans avant que vous vous décidiez à revenir nous voir ! »

-« Excusez-moi, Professeur, ça n'a pas été facile. Il s'est passé tant de choses ! »

-« Oui, je sais, j'ai appris les malheurs qui vous avaient frappé ! J'ai pensé à vous bien souvent. J'aurais tellement aimé que ce genre d'atrocité ne se passe jamais, que nous puissions les éviter toutes. » dit-elle en essuyant une larme.

-« Vous n'y êtes pour rien, Professeur. Comme tout le monde, vous avez fait votre possible. » lui répondit Ginny.

Laurie ne savait pas de quoi les deux femmes parlaient mais elle se doutait qu'il y avait un lien avec le Survivant, Voldemort et très probablement le mari de Ginny qui avait été tué quelques années plus tôt. Elle sentit alors une tout autre Ginny, une Ginny qu'elle ne connaissait pas, une Ginny très fragile qu'elle aurait voulu prendre dans ses bras pour la consoler.

-« Et comment va Monsieur Potter ? » demanda le professeur, visiblement pour changer de sujet.

-« Très bien, il prépare le Congrès International des Aurors. »

-« Oui, j'en ai entendu parler. Cette fois, je pense que ça se passe à Paris, non ? » s'informa le professeur.

-« C'est exact. Dans la grande salle de la Route des Découvertes, à proximité du ministère français de la magie. »

-« Mademoiselle Mercury, approchez, je ne vais pas vous manger. Je suis très heureuse de faire votre connaissance ! »

Laurie s'approcha selon l'invitation du Professeur McGonagall. Assez bizarrement, alors qu'elle ne connaissait pas du tout cette femme, elle sentit naître, au plus profond d'elle-même, une confiance croissante envers son interlocutrice. Ce professeur inspirait un respect incroyable.

-« Bonjour Madame ! » réussit à bredouiller Laurie.

-« Allons dans mon bureau. »

Ginny prit alors Laurie par la main et toutes deux suivirent le Professeur McGonagall à travers les couloirs interminables de ce vaste domaine qui allait devenir le lieu d'études de Laurie pendant plus de sept ans. Elles passèrent dans un couloir éclairé par des vitraux richement colorés ensuite, elles s'arrêtèrent un instant devant une statue représentant une gargouille. Là, le professeur McGonagall dit la formule si peu magique 'Celui qui vainc ne gagne pas toujours !' et la gargouille se mit à tourner, laissant place à un escalier en colimaçon.

Toutes trois entrèrent dans le grand bureau de la directrice de Poudlard. C'était une très vaste pièce chaude et agréable à qui y pénétrait. Les murs étaient décorés de tableaux de nombreux personnages d'apparence assez âgés. Sur un perchoir, un tout jeune oiseau au pelage rouge se tenait fièrement. Sur une étagère haute, une quantité incroyable de bibelots traînaient.

Le professeur McGonagall passa derrière son bureau et, avant de s'asseoir, présenta d'un geste les fauteuils à ses deux invitées. Ginny et Laurie s'assirent de manière très confortable et Minerva McGonagall parla tout de suite.

-« Je suis la nouvelle directrice de Poudlard, je suis le Professeur McGonagall. Je pense que vous avez rencontré la nouvelle directrice de Gryffondor, Hermione Granger qui assurera également, à partir de la rentrée, les cours de métamorphose. »

-« De métamorphose ? » s'étonna Ginny.

-« Oui, mademoiselle, les cours d'arithmancie seront désormais donnés par un nouveau professeur ainsi que les cours de défense contre les forces du mal mais ça, vous le savez déjà. » lui dit-elle avec un sourire complice.

Laurie ne comprenait pas la moitié des mots prononcés –en français, pourtant-. De plus, elle remarquait que les intitulés de cours étaient sensiblement différents des cours donnés dans les collèges 'normaux'. Arithmancie, défense contre les forces du mal, vol, ... et puis quoi encore ? Potion magique ?

-« Si j'ai tenu à vous voir avant la rentrée, mademoiselle, c'est d'abord pour vous souhaiter la bienvenue et ensuite pour vous définir clairement les règles puisque, au début, vous aurez probablement du mal à les comprendre. »

Elle dit cela sur un ton grave. En effet, dès la rentrée, Laurie allait être plongée dans un univers qu'elle ne connaissait pas et, qui plus est, dans une langue qu'elle ne maîtrisait pas. Il fallait donc que les bases soient claires d'entrée de jeu.

-« Peut-être, sûrement, allez-vous être étonnée de tout ceci, des cours, des habitudes, etc. Mais sachez que vous ne serez pas la seule à venir du monde moldu et que, dès lors, vous serez moins perdue. Nous accueillons, chaque année, des centaines de nouveaux et il n'y a jamais, à ma connaissance, eu quelques problèmes. »

Malgré son air grave, elle se voulait être rassurante. Elle parlait lentement afin d'être certaine que chaque parole soit bue par la jeune fille qui ne disait rien et qui écoutait très attentivement.

-« Vous devez savoir, en premier lieu, que cette école est un internat et que l'on n'y sort que pour les vacances de Noël ou de Pâques, si on le désire. Vous aurez donc une maison qui vous sera attribuée dès le premier jour et vous vous y tiendrez durant 7 ans. A vous de mettre tout en œuvre pour y vivre agréablement. En première année, normalement, tous les cours sont obligatoires mais nous verrons à adapter votre programme selon vos aptitudes. Est-ce que vous avez des questions ? »

Bien sûr, il y avait encore beaucoup de choses que Laurie ne savait pas mais, dans l'immédiat, ce que lui avait présenté le Professeur McGonagall était clair et elle découvrirait le reste plus tard.

-« Non, Professeur. »

-« Bien, alors continuons ! »

Et elle lui parla encore longuement de l'école, des habitudes et même des sorciers et de leur monde. Vers midi, le professeur les invita à manger dans une petite salle de Poudlard où le repas fut servi. Pendant celui-ci, Minerva McGonagall s'entretint encore avec Ginny concernant Harry Potter. C'est ainsi que Laurie apprit qu'il allait arriver quelques jours avant la rentrée en qualité de professeur de défense contre les forces du mal, une place apparemment très importante.

Après le repas, Laurie et Ginny retournèrent au Chemin de traverse de la même manière qu'elles étaient venues à Poudlard. Dans le magasin des frères de Ginny, Laurie eut l'occasion de découvrir toute une série de choses bizarres comme une baguette qui devient molle quand on la tient ou un livre qui retourne les écritures quand on le lit ou plein d'autres choses encore.

C'est après un bon moment que Ginny proposa à Laurie de rentrer à la maison. Elle allait enfin faire la connaissance de Harry Potter qui semblait aussi célèbre dans le monde sorcier. Pour cela, George leur sortit une espèce de vieille casserole qu'il confia à Ginny en lui disant que c'était ce portoloin-là qu'il fallait employer. Et, de manière aussi surprenante qu'elles étaient arrivées à Poudlard, elles se retrouvèrent dans une espèce de grande pièce d'entrée. Là, Ginny déposa la vieille casserole en cuivre parmi d'autres bibelots sur une étagère.

Au fur et à mesure de ce voyage, Laurie se sentait de plus en plus sorcière. Elle pensait que, si sa place était un peu particulière dans le monde 'normal', du côté sorcier, elle avait encore plein de choses à découvrir. Et là, quitter ceux qu'elle aime pour plusieurs mois ne lui faisait pas aussi peur. Elle avait la conviction qu'elle pourrait s'intégrer rapidement dans ce monde qui s'offrait à elle, dans SON monde. Et puis, en fin de compte, elle remarquait qu'elle pouvait bien trouver des gens avec qui elle s'entendait, comme Ginny. Ce voyage lui plaisait et, en fin de compte, aussi impressionnée qu'admirative, elle tenait à entrer dans ce monde dont elle ignorait l'existance dis jours auparavent.

La maison de Ginny, enfin celle d'Harry Potter, était une grande demeure aux nombreuses pièces. L'endroit où elles se trouvaient semblait être la pièce d'entrée.

-« Bonjour, lui dit un sorcier qui venait d'entrer dans la pièce, je m'appelle Harry Potter. Je suis content de t'accueillir ici et j'espère que tu as fait un bon voyage en compagnie de ma femme, Ginny. »

Il parlait sans accent, dans un français impeccable et sur un ton de politesse remarquable.

-« Oui, merci. Nous avons fait un très beau voyage. ».

Ils se dirigèrent alors tous les quatre dans une autre pièce un peu plus grande et munie, en son milieu d'une table dressée pour prendre le thé. Il y a avait notamment des gateaux, diverses pâtisseries, etc. Harry s'installa en bout de table et Ginny vint s'asseoir à proximité. Chloé, la fille adoptive d'Harry Potter, vint près de son papa et la famille était au complet. Laurie s'assit aussi. Une sorte de créature entra dans la pièce, ce qui provoqua chez Laurie un tremblement et son visage devint tout blanc. Harry le remarqua tout de suite.

-« Oh, c'est juste, tu n'es pas habituée ! Dans le monde magique, il y a des êtres dont tu ignores encore l'existence. Dobby est un elfe de maison, il travaille ici et s'occupe du ménage et de préparer les repas. Je te le dis tout de suitre pour ne pas révolter ton futur professeur de métamorphose, il est payé et est un travailleur libre. » il dit cela avec un petit clin d'œil complice pour Ginny qui le regarda et comprit qu'il faisait allusion à Hermione et à son projet de S.A.L.E.

-« Il... il n'est pas méchant ? » demanda Laurie sur un ton hésiatnt.

A la grande surprise de Laurie, c'est 'la créature' qui répondit en français.

-« Non mademoiselle, Dobby n'est pas méchant, il ne veut de mal à personne. Il ne cherche qu'à servir Harry Potter, Monsieur, sa famille et son invitée. »

Il avait parlé sur un ton de respect infini. Laurie se sentit un moment coupable d'avoir posé cette question, comme si elle avait à faire à un vulgaire animal dont on ignore s'il est féroce ou pas.

-« Désolé, Monsieur Dobby. » dit-elle.

-« Oh, mademoiselle ne doit pas être désolée et ne doit pas appeler Dobby 'Monsieur'. Dobby est là pour servir mademoiselle. »

-« D'accord mais alors, tu m'appelles Laurie, sinon je continue à t'appeler Monsieur ! »

Harry eut un sourire et hocha la tête en direction de l'elfe de maison qui ne savait pas trop ce qu'il devait faire.

-« Entendu, Laurie, Dobby vous appellera par votre prénom et vous remercie pour cet honneur. »

Laurie eut un sourire et commença à se sentir plus à l'aise. Ginny semblait satisfaite de la manière dont se passaient les choses. Dobby servit le thé et s'éclipsa de la pièce, laissant ses occupants à l'aise pour le goûter.

Après le goûter, Ginny montra à Laurie sa chambre et lui proposa de s'y installer confortablement et ensuite de prendre une douche. Ce que Laurie accepta tout de suite. D'abord parce que tant se déplacer et tant d'émotions l'avaient fait passablement transpirer et qu'une bonne douche lui ferait le plus grand bien et ensuite parce que se retrouver seule un moment lui permettrait de mettre un peu d'ordre dans les événements qui s'étaient passés depuis le début de ce voyage plutôt étrange et même depuis le début, depuis qu'Hermione lui avait annoncé qu'elle était une sorcière.

Tandis qu'elle se rhabillait dans sa chambre, Laurie entendit frapper à sa porte. Comme elle terminait de se vêtir, elle invita la personne à entrer. C'était Chloé, la fille d'Harry. Elle était jolie et ressemblait, avec sa mignone petite robe, à une véritable petite princesse.

-« Bonjour, dit-elle, bonne douche ? »

-« Oui, ça m'a fait du bien. »

-« Jeu de l'oie ? » demanda-t-elle en montrant un jeu de société qu'elle tenait.

Laurie fut un peu étonnée qu'un jeu aussi classique se retrouve dans une maison sorcière. Mais, pour faire plaisir à la jeune fille et pour la remercier de l'effort qu'elle faisait à prononcer quelques mots en français, elle accepta sa proposition. Toutefois, très vite, Laurie remarqua que ce jeu n'était pas aussi 'classique' qu'il n'en avait l'air. Premièrement, après avoir ouvert le tablier de jeu, deux pions se placèrent automatiquement sur la case départ et les dés furent jetés devant Chloé.

-« Tu commences ? » demanda Chloé en indiquant Laurie.

-« Non, je préfère que tu commences, comme ça je verrai comment ça se passe. »

-« Entendu ! »

Elle jeta les deux dés devant elle et marqua un deux et un cinq. Aussitôt les dés ayant terminé leur mouvement, le pion de Chloé se mit à bouger tout seul et avança jusque la case numéro sept. Là, comme il n'y avait pas de spécialité à cette case, le pion resta immobile. Les dés firent alors un bon jusque devant Laurie pour lui indiquer que c'était à elle à jouer. Un peu hésitante, elle jeta les dés et, quand ils se furent arrêtés, l'un sur quatre et l'autre sur cinq, son pion avança d'abord jusque neuf puis fit un bon jusque cinquante-quatre.

-« Oh, tu chance ! » s'exclama la jeune fille. A son tour, la petite fille relança les dés et avança encore une fois « normalement ». Laurie fit de même et avança de quelques cases. A un moment donné, le sol de la case, sur laquelle se arrivait le pion de Laurie, se déroba et le pion tomba dans un puit et ne réapparu pas. -« Que se passe-t-il ? » demanda celle-ci étonnée. -« Puits ! Dois attendre ! » Et leur partie continua avec encore quelques surprises. C'est finalement Chloé qui gagna. Avant de ranger le jeu en place, Chloé lui promit une revanche. Et les deux filles restèrent ensemble jusqu'au repas. Quand elles ne se comprenaient pas par leurs quelques mots en français ou en anglais, elles se mimaient les choses ou les dessinaient. Ce qui prouvait bien qu'il y avait toujours moyen de se faire comprendre. La panique de Laurie s'en allait de plus en plus.