10. Sur le quai de la voie 9¾.

Le 1er septembre, Laurie se leva de bonne heure. Même s'il n'y avait pas beaucoup à faire, le voyage allait être très long et la journée bien remplie. Il y avait d'abord cet interminable voyage en train, au départ de King Cross ensuite, selon les dires de Ginny, il y avait la traversée du lac. Une fois à Poudlard, une cérémonie de répartition des nouveaux aurait lieu juste avant le repas et enfin, le discours de la directrice. Ginny n'avait pas voulu lui en dire davantage car il fallait bien qu'elle découvre des choses par elle-même. Déjà qu'elle avait eu l'occasion de visiter certains bâtiments lors de sa première visite à Poudlard pour rencontrer la directrice. Il fallait qu'elle apprenne un peu à voler de ses propres ailes. Elle en avait d'ailleurs les capacités.

Chloé était un peu triste de devoir déjà quitter sa nouvelle amie mais Ginny promit qu'on la réinviterait dès que l'occasion se présenterait. Laurie était d'ailleurs enchantée à la perspective de revenir dans cette demeure parmi ces gens si accueillants. Elle s'était fait de nouveaux amis, des gens qu'elle aimait autant que sa propre famille. Ginny avait demandé à Dobby de préparer avec un pique-nique et quelques friandises pour la route. Laurie s'était habillée de manière très pratique d'un jeans et d'une blouse. Elle avait, en outre, mis une robe de sorcière dans sons sac de voyage afin de se changer dans le train pour revêtir l'uniforme de Poudlard. Elle voulait impérativement respecter les règles et se présenter comme tout autre étudiante, ce qu'elle voulait être.

Les trois se rendirent à la gare en utilisant les transports en commun. Il fallut un peu de temps pour monter dans le bus avec autant de bagages et les gens se retournèrent parfois en voyant une jeune demoiselle se promener avec ce qui semblait être une grande casserole à confiture mais, en général, le voyage se passa bien et les trois arrivèrent bien à l'avance.

La gare King Cross était bondée et, selon les dires de Ginny, il en était tous les jours pareil. Il fallait presque se frayer un chemin entre les gens en les écartant du bras. Chaque partie de la gare était remplie : les guichets étaient envahis de gens qui s'y étaient pris à la dernière minute et qui voulaient absolument leur billet avant même de l'avoir demandé. Le tabac ne pouvait plus respirer tellement il était envahi de monde. La serveuse ne savait d'ailleurs visiblement plus qui servir. Les bancs de la partie du hall qui était consacrée aux voyageurs qui attendent étaient surpeuplés. Si les gens avaient pu s'asseoir sur les genoux des autres, ils l'auraient probablement fait. Le magasin de bonbons était envahi d'enfants mais aussi d'adultes qui désiraient probablement rompre la monotonie du voyage en marchant l'une ou l'autre sucrerie. Et au milieu de tout cette cohue, il y avait quelques voyageurs qui semblaient un peu perdu ne sachant pas vers quel endroit se diriger.

Ginny savait très bien, elle, où aller. N'ayant pas besoin de titre de transport, elle se dirigea directement vers les portes qui donnaient sur les voies. Elles étaient bien en avance, le train ne partait que vingt minutes plus tard. Elles arrivèrent donc sur la passerelle au-dessus des voies et se munirent d'un chariot pour transporter les bagages. Il fallait naturellement descendre sur le quai qui se trouvait entre les voies 9 et 10. Mathématiquement, la voie 9¾ se trouvait entre les deux, c'était logique ! Laurie aperçut d'ailleurs assez bien de jeunes qui descendaient sur ce quai et qui portaient, eux aussi, pas mal de bagages. Peut-être étaient-ce de jeunes sorciers qui se rendaient aussi à Poudlard.

Laurie regardait de partout : à droite la voie 10, à gauche la voie 9 mais nulle part, elle ne voyait la trace de la voie 9¾. Où l'avait-on mise ? Cette question, elle n'aurait jamais osé la poser à qui que ce soit. En effet, on l'aurait certainement prise pour une folle de fractionner ainsi le numéro des voies de gare. Mais heureusement, elle n'était pas seule, elle était accompagnée d'une personne qui avait déjà rejoint cette voie plusieurs fois dans sa vie. Ginny emmena Laurie le long du quai jusqu'à près d'une barrière semblable aux autres. Personne n'aurait d'ailleurs pu dire pourquoi elle s'était arrêtée là et pas à la barrière suivante ou même à celle d'après. C'est pourtant à cet endroit qu'elle déclara :

-« C'est ici, prépare-toi. »

C'était peut-être là mais Laurie ne voyait absolument aucune voie arborant le numéro 9¾. Elle se retourna pour voir si, par hasard cette voie ne s'était pas cachée derrière. Mais non, ni devant, ni derrière. Cette voie était décidément invisible. C'était peut-être à l'astuce, ce ne serait pas étonnant d'un transport sorcier. Pour bannir toutes les possibilités, Laurie regarda même en l'air, ce qui fit rire Ginny.

-« Non, ne t'inquiète pas, la voie 9¾ n'est pas suspendue ! Elle est cachée derrière cette barrière. Quand je te le dirai, tu vas prendre une grande inspiration et foncer sur cette barrière ! Ne t'inquiète pas, tu vas passer au travers et arriver sur le quai de la voie 9¾ ! Si tu as peur, le mieux c'est encore de courir très vite et de fermer les yeux ! D'accord ? »

Laurie n'était pas très rassurée. Il n'était pas vraiment rationnel de courir à toute vitesse vers un mur en poussant un chariot. Mais, depuis quelques jours, elle n'avait pas vu que des choses rationnelles et, de plus, elle avait confiance en Ginny, même quand elle lui demandait des choses aussi spéciales.

-« D'accord, je suis prête ! »

-« Ne t'inquiète pas, une fois que tu seras de l'autre côté, je te rejoindrai très vite ! »

Laurie prit donc son chariot et commença à le pousser de plus en plus vite. Elle avait l'impression de vivre une scène d'action au ralenti où l'on sait que le pire va arriver mais que personne ne sait rien faire contre, simplement regarder le héros qui se lance tête baissée dans un dernier espoir. Elle était maintenant en train de courir et, au lieu de cette sensation de déplacement, elle avait l'impression que la barrière avançait et allait bientôt la percuter avec une force et une violence incroyable. Plus que quelques pas et... elle passa à travers la barrière comme ci cette dernière n'était qu'une image synthétique.

Quand elle releva la tête, elle fut pour le moins impressionnée du décor qui s'offrait à elle. Aucun rapport avec la gare King Cross qui était bondée et dans laquelle il fallait presque utiliser la force pour se frayer un passage. Le quai, dans un décor qui ressemblait au style du début du 19e siècle, bordait une voie unique sur laquelle stationnait une locomotive rouge tirant une série de wagon. Le train fonctionnait à la vapeur et il n'y avait pas de fils au-dessus de la voie. Beaucoup d'adolescents de 11 à 18 ou 19 ans étaient sur le quai discutant entre eux ou avec leurs parents.

Tout à coup, quelque chose bouscula Laurie et la fit presque tomber sur son chariot. Elle se retourna et vit un jeune homme de son âge qui poussait un autre chariot à bagages. Il l'aida à se relever et s'excusa.

-ANGLAIS-« Pardonne-moi, je ne pouvais pas savoir que tu était restée derrière le passage. »

-ANGLAIS-« Ce n'est pas grave ! »

L'adolescent continua son chemin et fondit sur un petit groupe d'étudiants qu'il semblait connaître. Ensuite Laurie fut une nouvelle fois bousculée mais cette fois Par Ginny qui sortait de la barrière.

-« Oh, désolée ! Mais tu sais, il ne faut pas rester près de la barrière. On a mis un peu de temps mais Chloé ne voulait pas franchir la barrière. Elle n'a accepté de le faire que parce que je lui ai dit que sinon elle ne saurait pas te dire au revoir ! »

-ANGLAIS-« Oh, merci d'être venue pour moi, Chloé ! »

Et elle prit la petite fille dans ses bras pour une accolade très amicale. Chloé souriait mais était en même temps triste de laisser partir sa nouvelle amie mais elle se dit qu'elle aurait des nouvelles par son père qui donnerait cours à Laurie. Tandis que Laurie tenait encore Chloé dans ses bras, elle fut une nouvelle fois bousculée par un homme d'une quarantaine d'années bien passée et qui s'empressa de tendre son bras pour aider Laurie à se relever.

-ANGLAIS-« Pardonnez-moi, jeune fille, mais ne vous a-t-on jamais dit qu'il ne fallait pas rester derrière la barrière ? »

-ANGLAIS-« Ce ne sera jamais que la troisième fois en cinq minutes ! Et cette fois, je vais me reculer ! » répondit Laurie dans un très bon anglais.

-ANGLAIS-« Professeur Lupin ! » s'écria Ginny.

-ANGLAIS-« Virginia Wesley, comment allez-vous ? »

-ANGLAIS-« Bien, merci ! Vous vous rendez à Poudlard ? »

-ANGLAIS-« Oui, je vais y assurer les cours de défense contre les forces du mal à partir de la troisième année ! Je vais travailler en collaboration avec votre mari ! »

-ANGLAIS-« Oh, je ne savais pas. Pourquoi n'avez-vous pas pris toutes les années en charge ? »

-ANGLAIS-« Parce que l'on m'a demandé de faire autre chose. Je dois m'occuper d'une étudiante qui est, paraît-il, très douée et qui devrait recevoir des cours particuliers pour cultiver ses capacités ! »

-ANGLAIS-« Je vous la présente ! » dit Ginny en désignant Laurie.

-ANGLAIS-« Oh, enchanté. Bien, je pense que nous aurons alors l'occasion de nous revoir ! Je suis désigné pour être votre tuteur d'études, non pas parce que vous éprouvez des difficultés mais parce que nous désirons développer votre potentiel au maximum. Enfin, le moment viendra pour vous expliquer tout cela en détails. Encore désolé de vous avoir bousculé, demoiselle. »

Laurie s'apprêtait à répondre que ce n'était pas grave quand un adolescent sortit de la barrière très rapidement et bouscula au passage le professeur Lupin qui faillit tombre dans le chariot de Laurie. Celle-ci ne put retenir un rire.

-« Excusez-moi, Monsieur, mais vous savez, il vaut mieux s'éloigner de la barrière. » dit-il sur un ton sincère d'excuses.

Sur cette réflexion, Ginny, Chloé, Laurie et le professeur Lupin éclatèrent de rire. Décidément, ça commençait vraiment bien.

Arriva alors, par la barrière, une jeune fille que Laurie connaissait déjà, la seule sorcière qu'elle connaissait déjà : Frederiks. Elle poussait un chariot sur lequel il y avait au moins autant de bagages que sur celui de Laurie et, au-dessus de ceux-ci, il y avait une cage contenant une chouette blanche. Laurie l'observa un moment. Frederiks la salua et se dirigea rapidement vers le train pour embarquer très vite.

-« Tu la connais ? » demanda Ginny ?

-« Non, on s'est juste parlé un moment sur le chemin de traverse, à la librairie. »

La locomotive commença à siffler, ce qui voulait annoncer aux élèves qu'il était temps de faire leurs adieux et de se précipiter vers les portes du train. En effet, le Poudlard Express ne partait jamais en retard et, que tout le monde soit présent ou pas, il ne s'en occupait pas.

Laurie sentit son cœur sauter un battement. D'accord elle s'était préparée à ce départ et savait qu'il arriverait finalement très vite mais elle ne réalisait finalement que trop tard qu'elle allait être plongée dans un univers de gens qu'elle ne connaissait pas au milieu d'une langue qu'elle connaissait à maîtriser. Elle tourna vers Ginny un visage quelque peu inquiet.

-« Oh, je vois sur ton visage que si tu pouvais repousser ce moment, tu le ferais. Je me trompe ? »

Laurie fit non de la tête. C'était un peu puéril mais elle sentait les larmes lui monter. Elle ne regrettait pas son choix mais, à ce moment précis, elle aurait aimé que le temps ne s'arrête pour qu'elle puisse respirer à son aise avant de partir. Comme si Ginny l'avait senti, l'instinct maternel sûrement, elle prit Laurie dans ses bras. Là, la jeune fille ne put se retenir et pleura sur l'épaule de sa tutrice.

-« Allez, je sais que c'est plus difficile pour toi mais tout va bien se passer. Ne t'en fais pas, il y a des milliers d'enfants qui sont passés par Poudlard avant toi. De plus, je demanderai à Harry de passer te voir afin de s'assurer que ton immersion se passe bien, d'accord ? »

Elle hocha la tête. Elle n'aurait pu parler. Sa gorge était nouée et le moindre effort aurait probablement décroché un sanglot. Elle resta encore un moment dans les bras de Ginny profitant de ce dernier instant.

-« Allez, pas de panique ! Tout va bien aller. Vas-y maintenant, sinon tu n'auras pas de place assise ! »

Et elle entraîna Laurie et l'aida à mettre ses bagages dans le compartiment adéquat. Laurie monta dans le train mais resta près de la porte et salua ses amies jusqu'à ce que le train ne démarre. Chloé courut un moment le long du quai en agitant un mouchoir. Cette fois, pas de doute, elle était bien en route pour le collège. Ce n'était pas vraiment celui qu'elle avait prévu l'année précédente mais c'était un collège quand même, un grand collège. Elle se força un sourire avant de prendre son sac et de se diriger vers les compartiments.

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Bonjour à tous,

Voici un nouveau chapitre des aventures de mon héroïne. Je n'ai que deux choses à vous dire : d'abord bonne lecture et puis, comme tous les auteurs, je vous prie de penser aux reviews, c'est important pour nous. Votre avis compte beaucoup pour moi. Et puis, c'est très vite fait !

A bientôt !