Chapitre 4 L'anneau de renaissance.
Traversant l'épaisse brume de novembre, un rayon de soleil pâle réchauffait la fourrure de la petite chatte noire qui s'étirait lascivement sur l'édredon. Il était 6 heures 30. La boule de poils, comme à son habitude, avait faim. Elle se leva, s'avança prudemment vers la jeune fille dissimulée sous les couvertures, lui lécha le bout du nez, frotta son museau contre la joue chaude et blanche, et attendit que sa maîtresse se réveille en douceur. Au bout de quelques minutes, comme la sorcière dormait toujours, Miss Kittie passa au plan de réveil numéro deux : elle se glissa sous les couvertures et entreprit de mordiller l'oreille droite de Willow qui ouvrit bientôt un œil, puis les deux. Elle attrapa la petite chatte et la posa doucement sur son ventre en la caressant. Mais la minette ne voulait pas de câlins, elle fit bien vite comprendre à la jeune femme encore plongée dans une chaude torpeur qu'elle devait se lever.
« - Bon, bon, ça va Kittie, j'ai compris ! »
Elle déposa son petit ''estomac sur pattes'' sur le sol et se leva. Elle s'enferma dans la salle de bain et en ressortit quelques secondes plus tard, vêtue d'un pantalon noir et d'un pull chaud, pardessus lesquels elle enfila sa robe d'uniforme noire. Elle donna à manger au chat qui miaula de contentement, ramassa ses cours, sa baguette, son chapeau pointu, et sortit.
Comme chaque jour depuis maintenant deux mois, elle se fit violemment insulter par l'elfe du tableau – qu'elle avait appris à ne plus écouter -, elle se perdit dans les longs couloirs sombres qui menaient à la grande salle, finalement s'y retrouva, et elle put enfin aller prendre son petit déjeuner. Il était 7 heures. La grande salle était presque vide, seulement quelques élèves prenaient leur petit déjeuner en discutant doucement. Parmi eux, Willow reconnut Hermione et Ginny. Elle leur adressa un sourire chaleureux et se dirigea vers la table des professeurs où Hagrid buvait son café. Il la salua et l'invita à s'asseoir prés de lui :
« - Et bien, vous êtes matinale aujourd'hui professeur Rosenberg !
- C'est Miss Kittie qui m'a réveillée plus tôt ce matin. Et pour une fois j'ai retrouvé mon chemin sans qu'un élève ou un professeur ne vienne à mon secours ! ! !
- Bravo ! Je suis fier de vous » se moqua-t-il gentiment.
Elle se servit son habituel thé nature et remarqua qu'il y avait une lettre pour elle, sous sa serviette. Elle l'ouvrit. C'était Xander.
Salut ma petite Wills,
Voici le hibou hebdomadaire qui t'arrive spécialement de Sunnydale depuis déjà huit semaines chaque jeudi. Tous ici nous nous languissons de te voir pour les fêtes. Dawn a même fabriqué un petit calendrier et chaque soir, tous les trois nous cochons religieusement les vingt-quatre petites heures qui nous rapprochent de toi. La vie est si dure sans notre petite sorcière préférée que tous les week-ends, nous nous retrouvons au Bronze pour nous saouler à la Vodka ou au Whisky. Je plaisante bien sûr, Dawnny n'a pas le droit de boire. Alors nous fumons, faute de mieux. C'est aussi une blague…
Sinon, j'ai beau épier mon placard à balais tous les soirs pendant au moins deux heures, rien ne se passe : je crois être en mesure de t'assurer qu'un balai, ça ne vole pas. Attends confirmation de la sorcière au chapeau biscornu.
Trêve de plaisanteries, hier Anya est venue me voir et nous avons enfin pu parler, après ces longs mois de silence. Je crois que c'est définitivement terminé entre nous, mais ça me fait plaisir de voir qu'elle veut bien de moi comme ami plutôt que pas du tout. Elle a demandé de tes nouvelles, alors je lui ai dit que tu allais bien, que tu portais un chapeau pointu et que tu t'entraînais à lancer de sorts à l'aide d'une baguette magique. Elle m'a demander si tu avais été internée, je lui ai répondu que non, tu étais à Poudlard en mission pour le ministère de la magie.
Voilà, rien de neuf à part ça. Je te redis encore combien tu me manque et combien j'aimerai te serrer dans mes bras. Ce n'est qu'une question de jours…
Je t'embrasse.
Xander.
La jeune sorcière sourit de contentement à l'idée de voir ses amis pour Noël. Pouvoir enfin serrer Xander dans ses bras, discuter avec Buffy, rire avec Dawn, critiquer le costume de Giles. Cette perspective lui mit du baume au cœur elle rangea soigneusement la lettre dans son sac et but son thé d'une traite. Puis elle se leva et, saluant Hagrid, sortit alors que les élèves arrivaient en masse dans la Grande Salle pour prendre leur petit déjeuner. Elle remarqua au passage qu'un grand panneau clignotant placé à la sortie de la grande salle informait les élèves que les noms des nouveaux joueurs des équipes de quidditch seraient rendus publics le dimanche soir. On était jeudi, Il était 7 heures 45, il restait à Willow trois quarts d'heures avant que les cours ne commencent. Elle se dirigea en flânant vers la salle de Défense Contre les Forces Du Mal. Assise à son bureau, elle regarda son emploi du temps de la journée. Ce matin, elle avait deux heures de cours avec les septième année de Poufsouffle, encore deux heures avec les septième année de Gryffondor. Elle adorait ces cours-là, car les élèves étaient quasiment des sorciers accomplis et qu'elle pouvait entreprendre avec eux toutes sortes de travaux plus ou moins périlleux, selon que le trio infernal Weasley - Jordan - Weasley avait décidé ou non de se tenir tranquille.
La matinée se déroula à merveille, et à 14 heures, Willow eut encore deux heures de cours plutôt agréables avec les quatrième année, Gryffondor et Serdaigle confondus.
A la fin du cours, alors que Willow avait déjà le nez plongé dans ses copies, une élève vint la voir. Sentant un regard sur son dos, la jeune femme leva les yeux. L'élève avait des cheveux de la même couleur que les siens, et de petites taches de rousseurs parsemaient son petit nez pointu.
« - Oui, vous désirez quelque chose Ginny ?
- Euh… oui, en fait j'aurais besoin d'une autorisation.
- Une autorisation ?
- Pour utiliser le terrain de Quidditch samedi matin. Le professeur MacGonagall est absente, et vous êtes la seule qui puisse signer mon autorisation.
- D'accord, je vais la signer. Mais qu'est ce que c'est que le…
- Quidditch ? C'est notre sport. Un peu comme le football chez les moldus. Je suis le nouveau gardien de l'équipe des Gryffondor, mais ne le dites à personne ça n'est pas encore officiel.
- Je serai muette comme une carpe.
- Vous n'avez jamais assisté à un match ?
- …Non.
- Venez à l'entraînement samedi, je suis sûre qu'Harry sera d'accord.
- C'est entendu, je viendrai. Tenez Ginny, votre autorisation.
- Merci. » Elle allait partir quand Willow la retint :
- Dites-moi Ginny, ce sport, le Quidditch, je me trompe ou ça se pratique sur un balai volant ?
- C'est bien ça, les joueurs sont sur des balais. »
Willow éclata de rire :
« - Je le savais ! ! ! Oh, excusez-moi Ginny, c'est juste…que j'ai encore du mal à me faire à mon nouveau mode de vie. »
Quand Ginny fut partie, Willow recommença à rire. Elle prit un morceau de parchemin sur lequel elle griffonna seulement, à l'attention de Xander :
Et pourtant, ils volent.
Elle roula le parchemin tout en essayant d'arrêter ce fou-rire. Elle allait sortir pour poster sa lettre quand on frappa.
« - oui ? » Hermione entra.
« - Bonjour professeur Rosenberg.
- Tiens, bonjour Hermione.
- Je suis désolée de passer à l'improviste mais mon cours de transfiguration à été annulé, alors je me suis dit que, si vous n'avez rien d'autre de prévu, nous pourrions travailler sur ce texte que vous m'avez donné à traduire hier.
- Il n'y a aucun problème, je dois juste passer poster ça à la volerie.
- C'est sur le chemin, et moi aussi j'ai une lettre à poster. »
Elles se sourirent. Willow ramassa rapidement ses affaires et suivit Hermione dans les couloirs interminables et tous semblables du château.
« - Vous avez un sacré sens de l'orientation, ça fait deux mois que je suis ici et je suis encore obligée de demander mon chemin à tous les tableaux aimables que je rencontre !
- Vous savez, au bout de cinq ans, on s'habitue ! Vous verrez, dans six mois, ça ira mieux.
Arrivées à la volière, elle postèrent leurs missives rapidement et se rendirent dans leur salle du jeudi soir, à quelques couloirs seulement des escaliers menant au cachot de Rogue. Hermione frissonna à l'idée qu'il puisse surgir à tout instant. Néanmoins, la présence du professeur Rosenberg la rassura. La salle dont elles se servaient pour leurs cours du soir était celle d'étude des runes. Elle était vaste et relativement bien éclairée, ce qui était fort rare ici, à Poudlard.
Les deux premières heures furent studieuses : Hermione traduisit parfaitement deux poèmes sumériens en anglais, et Willow fut épatée de voir à quelle vitesse son élève progressait.
Après seulement deux mois de cours seulement, l'adolescente était capable de lire et écrire plusieurs lignes sans se tromper.
A 18 heures, Willow fit apparaître avec sa baguette un thé au citron, du lait tiède et des galettes au beurre pour le goûter. Hermione était ravie :
« - Vous faites des progrès ! La semaine dernière, le thé était froid, maintenant il est à la bonne température. Et ces biscuits son vraiment délicieux !
- Je me suis entraînée dur ! »
Elles éclatèrent de rire, et Hermione dit :
« - Sincèrement professeur, je crois que vous n'aurez bientôt plus besoin de moi.
- J'espère au contraire que nous allons nous voir encore longtemps. Si je peux vous faire une confidence, j'attends toujours cette petite réunion du jeudi soir avec fébrilité.
- Moi aussi. » Avoua la jeune fille en rougissant.
« - Je suis sûre que vous feriez un excellent professeur Hermione.
- Vous… vous êtes sérieuse ?
- Bien sûr que je suis sérieuse.
- Les joues de la jeune fille avaient désormais viré au rouge pivoine. Willow s'en aperçut et lui dit gentiment :
- Je vous assure que je ne dis pas cela pour vous faire plaisir. Vous n'avez jamais songé à faire carrière dans l'enseignement ?
- Si, mais… je suis une moldue vous savez, je ne pourrais pas…
- Vous êtes une sorcière Hermione ! C'est la seule chose qui compte. Le fait que vous ayez des parents moldus ne change rien quant à la qualité de votre travail. Croyez-moi, cela ne veut rien dire. Et puis, regardez-moi !
- C'est vrai, mais parfois, le regard des autres est blessant.
- Ne pensez pas à tous ce que Malefoy et les autres disent, je vous en prie, n'entrez pas dans son petit jeu. Vous êtes bien au-delà de ces balivernes !
- Oui, vous avez raison. »
Willow lui sourit et lança :
« - Allez, mettons mous au travail, je voudrai pouvoir faire la surprise à mes amis pour Noël : une Willow transformée en sorcière d'halloween ! »
Alors qu'elle se levait pour se placer au centre de la pièce et commencer l'entraînement, elle sentit comme une présence qui l'observait. Une vague glacée la traversa. Elle frissonna. Pendant quelques secondes, elle fixa la pièce silencieuse. Elles étaient seules. Pourtant, elle pouvait presque sentir un regard, puissant, malfaisant, dangereux qui les épiait et qui la transperçait. Alors, un rire glacial retentit dans son esprit, moqueur et terrifiant elle vacilla et là, elle remarqua que sa main était blanche, très blanche, trop blanche : l'anneau de renaissance n'était plus à son doigt. La panique la gagna : sans lui, elle ne pouvait plus contrôler les flux de magie noire qui s'éveillaient lentement en elle. Sans lui, son corps était comme un portail d'énergie mystique malfaisante. Sans lui, elle devenait la sorcière la plus puissante et la plus redoutable du monde. Elle leva la tête et balaya désespérément la salle des yeux, mais un vent glacial s'empara à nouveau d'elle. Elle perdit l'équilibre et tomba rudement sur le sol. Hermione, affolée, se précipita sur Willow :
« - Professeur Rosenberg, qu'est ce qui ne va pas ? »
Lord Voldemort prenait doucement possession de l'âme de la jeune femme…
