Une douleur sourde s'insinuait dans sa tête. La voix d'Hermione lui sembla lointaine, vaseuse, brouillée. Pourtant, elle tint bon, se releva à grand peine et tenta quelques secondes de combattre sa sœur des enfers, son âme noire, son pire cauchemar. Elle essaya de parler. Il fallait qu'elle prévienne Hermione. Vite. Mais une troisième attaque, plus violente et sournoise que les précédentes, lui coupa le souffle. Elle se sentit sombrer dans les ténèbres, happée par une main puissante et froide. Elle ne pouvait plus lutter, le noir embrouillait ses idées, pervertissait son âme, la tuait et la rendait plus puissante à chaque seconde. Une voix, sifflante, chuchota à son oreille :
« - Bienvenue chez vous, ma Noire Princesse. Vous et Moi allons accomplir de grandes choses… »
Puisant dans les dernières forces vitales qui lui restait, Willow se releva et, dans un souffle, murmura à l'adolescente qui était restée pétrifiée de peur à quelques pas de là :
« - Courez Hermione, allez chercher le directeur Dumbledore, vite !
- Mais, professeur Rosenberg, qu'est ce qui se passe ? »
Willow ne pouvait plus lutter contre elle-même : la sorcière noire reprenait le dessus. Elle tomba à genoux, terrassée par la douleur et la peur. Comme son âme, ses cheveux commençaient à noircir, et ses ongles, et jusqu'à la plus petite parcelle de son être intérieur. Elle releva violemment la tête et hurla à Hermione dans un cri de haine et de désespoir :
« - Maintenant ! »
La jeune fille sursauta quand elle découvrit le regard perçant, mauvais de son professeur. Poussée par la peur, elle brandit sa baguette et hurla :
« - Stupéfix ! »
Puis elle s'enfuit aussi vite que ses jambes tremblantes le lui permettaient, vers le bureau du directeur. Dans sa course folle, aveuglée par les larmes, elle heurta quelque chose de plein fouet. Ou plutôt quelqu'un.
« - Bon sang Granger, vous ne pouvez pas faire un peu attention et regarder devant vous ? ! »
Le professeur Rogue.
« - Professeur ! C'est le professeur Rosenberg Il lui est arrivé quelque chose. Dans la salle d'études des runes.
- Qu'est ce que vous racontez ?
- Ses yeux » Implora-t-elle «Il y avait des flammes noires dans ses yeux ! »
Le sorcier sursauta. Son sang se glaça. C'était impossible… Il dit d'un ton vif à la jeune fille qui lui lançait des regards désespérés et remplis de larmes :
« - Allez chercher le directeur Dumbledore, Dépêchez-vous ! »
Hermione acquiesça et repartit en courant. De son côté, le professeur Rogue se hâta vers la salle d'étude des Mythes. Il sortit sa baguette et entra comme un fou dans la pièce étrangement sombre et calme. Ses yeux s'accoutumèrent peu à peu à la pénombre, et là, il la vit. La sorcière se relevait, encore assommée par le sort d'Hermione. Une violente douleur à l'avant bras fit tituber le professeur Rogue, comme si on lui appliquait sur la peau un fer rougis à vif : Le signe distinctif des mangemorts venait de se réactiver, et la tête de mort, ainsi que le serpent qui sortait de la bouche de celle-ci se tintèrent peu à peu en noir. Il pointa avec difficulté sa baguette vers la sorcière et hurla :
« - Locomotor mortis ! »
Le sort jaillit de la longue baguette noire pour aller se briser tout simplement sur les jambes de la sorcière qui éclata d'un rire sarcastique :
« - Et vous pensez m'arrêter avec votre sortilège tout droit sorti d'un conte pour enfants ? »
Elle s'approcha de lui en souriant méchamment. Son bras le faisait tellement souffrir. Il avait l'impression que le feu lui rongeait la chair et les os, et plus elle s'approchait de lui, plus la douleur devenait insupportable. Elle vit la souffrance dans ses grands yeux noirs et ne put s'empêcher de le narguer en lui chuchotant à l'oreille :
« - Le Mage Noir n'est pas content de vous, Severus Rogue. Il a envoyé sa bien-aimée pour vous punir… »
Elle sourit en voyant l'expression de peur se mêler à la douleur dans son regard. Se reculant un peu, elle dit encore, d'une vois mielleuse :
« - Allez, Severus, je dois d'abord m'occuper de votre petit protégé, mais c'est promis : dès que le balafré aura rendu l'âme, je reviens pour m'occuper de vous. » A l'aide d'un sort d'impédimenta, elle le cloua au sol. Mais au moment où elle allait sortir de la pièce, Hermione arriva. Elle lui barrait le chemin, sa baguette bravement brandie en avant. Willow la regarda et lui dit d'une voix qui se voulait doucereuse :
« - Poussez-vous Miss Granger, je n'ai pas l'intention de vous faire du mal, je veux juste tuer votre meilleur ami. Je reviens.
- Non, vous n'allez nulle part, le directeur Dumbledore va arriver !
- Ne soyez pas têtue Hermione, sinon je vais m'énerv… »
Elle fut stoppée par la jeune fille qui, dans un élan de courage et de lucidité, lança presque contre sa volonté, et dans un éclair de lumière rouge :
« - Endoloris !
Willow ne put esquiver ce sort trop violent. Elle se plia en deux de douleur et lâcha sa baguette en tombant lourdement sur le sol. Hermione lança un Accio ! et récupéra la baguette de son professeur, alors que celle-ci se tordait comme un ver sur le sol à côté d'elle. A cet instant, le directeur Dumbledore entra dans la pièce, immédiatement suivi de madame Pomfresh, l'infirmière.
Cette dernière réveilla le professeur Rogue à l'aide d'une bonne paire de claques. Tout laissait d'ailleurs à penser qu'elle lui administrait cette raclée monumentale avec une joie indicible…
Pendant ce temps, le directeur traversa la pièce à pas de course, il ramassa un petit objet qui brillait, là, dans un coin, puis il s'agenouilla près de la sorcière qui gémissait misérablement sur le sol, et il glissa à grand peine cet objet brillant à son doigt. Une bague. Plus précisément l'anneau de renaissance. Un anneau divin et jusqu'à présent légendaire, qui permettait de brider les pouvoirs maléfiques d'une personne. Même quand cette personne se révélait être La Magie Noire incarnée. Enfin, il se releva lentement, comme se serait relevé un vieil homme fatigué par les années, puis, brandissant sa baguette, il murmura une formule ancienne et puissante que ni Hermione, ni madame Pomfresh, ni même le professeur Rogue ne connaissaient.
Alors, la sorcière noire s'immobilisa complètement, et peu à peu, elle redevint Willow.
« - Emmenons-la à l'infirmerie. » Dumbledore et madame Pomfresh sortirent de la pièce sans bruit, la jeune femme inconsciente dans leurs bras.
Le professeur Rogue, qui se frottait frénétiquement la joue et l'avant bras se releva à grand peine. Puis il sembla se souvenir de la présence d'Hermione qui pleurait, assise dans un coin sombre de la pièce. Il se rapprocha d'elle et vit qu'elle était pétrifiée. Il lui tendit la main et la releva en murmurant presque gentiment :
« - Venez Miss Granger, je vais vous raccompagner. »
L'adolescente essuya ses larmes en acquiesçant. Mais alors qu'elle s'apprêtait à le suivre, ses jambes se dérobèrent sous elle. Le professeur Rogue la rattrapa, passa un bras autour de sa taille et murmura encore :
« - Je vous emmène dans mon bureau, vous allez voir Miss Granger, tout va aller mieux maintenant. »
Elle voulut protester, mais elle se sentait trop faible pour cela. Elle se laissa entraîner par son meilleur ennemi dans les profondeurs de Poudlard, sans oser le regarder en face, ni prononcer une seule parole. La descente jusqu'au cachot de Rogue parut durer une éternité à Hermione. Elle se sentait vide de toute force et lorsqu'ils arrivèrent enfin dans son bureau et qu'il la déposa dans un vieux fauteuil râpé, elle fondit en larmes à nouveau, terrifiée par tout ce qui l'entourait et par ce qu'elle venait de faire.
« - Ne pleurez pas Miss Granger. Si vous n'aviez pas lancé ce sortilège, nous serions tous morts à l'heure actuelle. »
Il se rapprocha d'elle et, ne pouvant décemment pas la prendre dans ses bras pour la consoler, vint s'asseoir en face d'elle. Elle affronta ce regard d'ordinaire si froid et cruel qui, ce soir, paraissait compréhensif et soucieux. Elle murmura, dans un souffle :
« - Qui est-elle ?
- Seul le directeur Dumbledore pourrait répondre à votre question. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est l'unique personne au monde, avec le directeur Dumbledore à pouvoir protéger Potter de Vous-Savez-Qui.
- Mais ce soir, elle voulait le tuer !
- Ecoutez Miss Granger, je ne sais rien de plus que vous. La seule chose que je puisse vous certifier, c'est que notre directeur sait ce qu'il fait, et que ce qui est arrivé ce soir, personne n'aurait pu le prévoir. Tenez, buvez ça, c'est une potion qui vous aidera à vous sentir mieux. »
Elle prit le verre et but d'une traite le liquide rosâtre.
« - C'est bien. Maintenant, montez vous reposer. Je vous ferais apporter un repas dans votre dortoir.
- Merci professeur, mais je n'ai pas vraiment faim. Je crois que je vais juste aller dormir un peu.
- D'accord, allez dormir, et demain, retrouvez-moi à l'infirmerie dès que vous vous réveillerez. Je pense qu'il est inutile de vous demander de garder cela pour vous.
- Bien sûr, je ne dirais rien. Mais, j'aimerai vous poser une dernière question.
- Laquelle ?
- Pourquoi… Mon sort ne l'a-t-il pas tuée ?
- Ca reste un mystère pour moi aussi. Je crois que le directeur Dumbledore a des talents de magiciens qui nous dépassent tous.
- Oui. Merci professeur, merci beaucoup. »
Elle quitta le bureau du professeur Rogue avec soulagement, sans l'entendre murmurer à son intention un imperceptible «Merci à vous, Hermione ». Elle lui était extrêmement reconnaissante pour cette pseudo gentillesse dont il avait fait preuve. Elle monta à toute vitesse se coucher et sombra, dès que sa tête eut frôlé l'oreiller, dans un très profond sommeil.
De son côté, le professeur Rogue se hâta de rejoindre l'infirmerie où le directeur Dumbledore et le professeur MacGonagall – prévenue de toute urgence par hibou postal – l'attendaient pour débattre, une fois de plus, de la protection du jeune Potter. De cette même protection qui lui était indispensable pour survivre, et qui avait pourtant bien faillit le tuer, quelques secondes auparavant.
