Le lendemain matin, Hermione se réveilla de bonne heure. Elle s'habilla en silence afin de ne pas réveiller Ginny, Parvati et Lavande qui dormaient encore, et afin d'éviter à avoir à répondre à toutes sortes de questions pour lesquelles elle n'avait aucune réponse. Elle se rendit à l'infirmerie et y trouva les professeurs Rogue et MacGonagall, en grande discussion avec le directeur Dumbledore et un autre homme – Hermione constata que ce n'était pas un sorcier, vue sa tenue et qu'il était probablement anglais, vue sa tenue… – A en juger par leurs mines défaites, par les poches noires sous leurs yeux, et par la fréquence de leurs bâillements, ils n'avaient pas dû dormir beaucoup. Le directeur Dumbledore fit signe à Hermione d'approcher :
« - Bonjour Miss Granger, venez donc boire une tasse de thé. »
La jeune fille s'avança timidement et s'assit sur le bord d'une chaise entre l'Anglais et le professeur MacGonagall.
« - Avez-vous bien dormi ?
- … Très bien, merci professeur. » Murmura-t-elle, le nez dans le bol de thé que Dumbledore venait de lui tendre.
- Hermione, je vous présente Rupert Giles, c'est un ami du professeur Rosenberg. Une sorte de protecteur. » Dit-il en esquissant un sourire à l'Anglais. Celui-ci émit un léger gloussement amusé et dit à la jeune fille en posant sur elle, par delà de petite lunettes rondes, un regard bienveillant :
« - Je suis ravi de faire votre connaissance jeune fille, même si j'aurai préféré vous rencontrer dans des circonstances plus joyeuses. Willow je veux dire, le professeur Rosenberg m'a beaucoup parlé de vous.
- Vraiment ?
- Oui, vraiment. » il marqua une courte pause et reprit, de la même voix paternelle et profonde :
- Est-ce que cela vous ennuie si nous discutons un peu tous les deux ?
- Non, pas du tout.
- Bien, venez avec moi, nous allons nous installer dans la pièce voisine ? »
Il posa sur son épaule une main protectrice et tous deux se dirigèrent vers une petite chambre contiguë à celle du professeur Rosenberg. L'Anglais prit soin de bien refermer la porte derrière lui. Par précaution.
« - Mademoiselle Granger, puis-je avoir confiance en vous ? Je veux dire, une confiance totale et aveugle ?
- Je…je crois, oui.
- Je m'apprête à vous révéler un secret qui, s'il vient à se faire connaître, mettrait en danger un grand nombre de personne. Seuls le directeur Dumbledore et le professeur MacGonagall sont au courant.
- Alors pourquoi me dire ça à moi ?
- Parce que cela concerne votre meilleur ami.
- Ha…Harry ?
- Oui, Le professeur Rosenberg est ici pour le protéger de Lord Voldem… Vous – Savez – Qui.
- Mais, pourquoi elle ? Je veux dire, hier, elle a failli le tuer.
- Non. Hier, elle était possédée.
- Mais, je ne comprends pas, comment est-ce possible ?
- Je ne sais pas comment c'est arrivé, je sais juste pourquoi on a pu s'introduire dans son esprit et en prendre le contrôle. En fait, Willow a développé un pouvoir immense il y a quelques mois, suite à la mort de sa petite amie. La douleur, le désir de vengeance et la haine se sont mêlés à sa magie – à l'origine blanche - et l'ont transformée en une sorcière noire redoutable et extrêmement puissante. Elle est devenue une sorte d'aimant à magie noire. Tous les flux d'énergie mystique ont convergé vers elle, faisant d'elle la sorcière la plus puissante du monde elle est l'incarnation de LA Magie. Son meilleur ami a réussi un tour de passe-passe extraordinaire : en lui prouvant son amour éternel, il a inversé les flux d'énergie et Willow est redevenue Willow Cependant, elle n'a pas perdu son don. Elle est désormais La Magie. Mais la magie a deux visages, le blanc. Et le noir. C'est le revers de la médaille, car son corps est à présent un portail d'énergies par lequel passe toutes les formes de magie, des plus pures, aux plus obscures.
- C'est très dangereux !
- Non, car l'Anneau de Renaissance qu'elle porte au doigt ferme le portail aux flux d'énergie noire.
- Mais… hier…
- L'anneau a glissé de son doigt. Ou quelqu'un le lui a délibérément retiré.
- Oui, je me souviens maintenant qu'elle semblait scruter la salle des yeux. Il devait y avoir quelqu'un, rendu invisible par je ne sais quelle formule…
- Vos professeurs font des recherches à ce sujet, ne vous faites pas de souci.
- Et le professeur Rosenberg, comment va-t-elle ?
- Mal. De toutes façons, elle n'allait déjà pas bien avant l'incident d'hier soir.
- C'est à cause de sa petite amie ?
- Oui. Elle ne se remet pas de la mort de Tara. Elle a perdu goût à la vie et c'est aussi pour cela qu'elle est ici.
- Pour reprendre goût à la vie ? Ici, à Poudlard. Je crois que si j'étais à sa place, je la comprendrais. Pourquoi ne pas l'avoir envoyé aux Antilles ou dans les Bermudes, le climat est bien plus propice… »
L'Anglais lui adressa un sourire amusé, tandis qu'Hermione se détendait un peu.
« - Croyez-moi Miss Granger, cela marche mieux que vous ne le pensez. Avant d'arriver ici, elle n'était plus qu'une jeune femme désorientée et désenchantée (p'tit clin d'œil à Myléne Farmer, mon idole…) qui avait tout perdu. Maintenant, elle a cette mission qui lui tient à cœur, et puis elle vous a vous.
- Moi ?
- Oui, elle vous aime bien. En fait, elle se voit à quinze ans à travers vous. Elle m'a beaucoup parlé de vous dans ses lettres, et je dois dire que c'est vrai : vous ressemblez à Willow, vous avez cette même passion pour les études et la lecture, cette même attitude timide, polie, brillante. Je crois qu'elle compte beaucoup sur vos séances de baguettes magiques du jeudi soir. En quelques sortes, vous l'aidez à reprendre goût à la vie et confiance en elle.
- Je pense que c'est réciproque, je veux dire, elle m'aide aussi à me sentir fière de ce que je suis : une véritable sorcière.
- C'est cela qui est important, que vous puissiez compter l'une sur l'autre. Même si vous n'êtes qu'une élève et qu'elle est votre professeur, vous avez chacune à apprendre de l'autre.
- Je…je veux bien l'aider alors, mais comment ?
- En restant comme vous êtes, et en passant du temps avec elle. Après tout, elle n'a que quelques années de plus que vous.
- Oui, c'est d'accord. Dès qu'elle sortira, je l'emmènerais à un entraînement de Quidditch, je crois qu'elle avait envie de découvrir notre sport international.
- C'est très bien, je vous remercie pour l'aide précieuse que vous nous apportez Miss Granger. Je pense que Willow sera sur pieds dès demain soir, mais si vous voulez la voir avant, passez ce soir après vos cours, elle sera je pense en était de discuter un peu avec vous.
- Je passerai vers 18 heures. Merci beaucoup M. Giles.
- Merci à vous Hermione. »
La jeune fille rejoignit la pièce où se trouvaient toujours les professeurs MacGonagall et Rogue, ainsi que le directeur Dumbledore. Ce dernier prit Hermione à part pour lui parler :
« - Je m'excuse Hermione pour hier, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'occuper de vous, mais je crois que le professeur Rogue a parfaitement su me remplacer. Si vous avez besoin de me parler, n'hésitez pas à passer me voir dans mon bureau.
- Bien professeur.
- Aujourd'hui, je vous dispense de cours, il vaut mieux que vous vous reposiez. Messieurs Potter et Weasley prendront vos devoirs.
- D'accord, mais je n'ai vraiment pas sommeil. Puis-je à la place aller voir Hagrid ?
- … Si vous voulez, je n'y vois pas d'inconvénients, a conditions que vous soyez rentrée avant 18 heures 30 dans votre salle commune : c'est le nouveau règlement à partir d'aujourd'hui.
- Bien professeur.
- Et soyez discrète s'il vous plaît en ce qui concerne les événements d'hier soir, je compte sur vous pour que votre ami ne se doute de rien.
- Bien sûr, je n'en parlerais à personne.
- Très bien, alors, allez rejoindre Hagrid et à ce soir, au dîner. »
Elle allait quitter l'infirmerie quand le professeur MacGonagall la retint :
« - Mademoiselle Granger, je peux vous parler un instant ?
- Oui.
- Voilà, étant données les circonstances, l'ensemble des professeurs à décidé de vous nommer Préfète en chef.
- P…préfète en chef ?
- Oui, vous êtes au courant de la situation, et de plus, vous êtes amie avec Potter, ce qui vous permettra de toujours avoir un œil sur lui sans qu'il se doute de quelque chose.
- Oh, merci beaucoup professeur !
- Je vous préviens, ce n'est pas un cadeau que je vous fais là, désormais, il faudra que vous fassiez des gardes dans la tour Gryffondor deux fois par semaine. Nous nous relayerons, bien entendu, mais c'est nécessaire pour la protection de votre ami.
- D'accord, je ferai des veilles, il n'y a aucun problème. J'en profiterai pour travailler un peu.
- Je savais que vous répondriez cela. Merci Miss Granger, à ce soir alors.
- A ce soir professeur. »
Hermione partit en sautillant de joie vers la cabane d'Hagrid, sous le regard bienveillant de Minerva MacGonagall et Albus Dumbledore. Soudain, une porte s'ouvrit dans l'infirmerie, et une Willow pâle comme la mort, tremblante et fiévreuse apparut sur le pas de la porte, les yeux pleins de larmes et de peine. L'Anglais qui sortait à cet instant du petit bureau, se précipita vers elle. Elle le regarda de ses grands yeux verts et murmura, la voix brisée par les sanglots :
« - Monsieur Giles, qu'est ce qu'il s'est passé ? »
Il s'approcha d'elle et doucement l'attira contre lui. Elle fondit en larmes, sous les yeux impuissants des trois spectateurs muets.
« - Ce n'est rien Willow, ça va aller maintenant, ne t'inquiète pas.
- C'est faux Giles, vous savez que ça n'ira jamais bien ! Je veux rentrer chez moi, s'il vous plaît, c'est trop dur.
- Chut, calme toi Willow, ce n'était qu'un accident, tout va bien.
- Non, je vous en supplie, laissez-moi rentrer à Sunnydale. Je veux être près de mes amis et de Tara. »
Doucement, il la reconduisit dans sa chambre et referma la porte. Puis il l'assit sur le bord du lit sans relâcher son étreinte et murmura dans un souffle :
« - Tara n'est plus là Willow, et tu ne peux pas rentrer à Sunnydale maintenant, tu as une mission à accomplir d'abord.
- Je suis prise au piège ici, j'ai trop mal Giles, je n'y arriverais pas…
- Tu y arriveras, mon ange. Allez, calme toi maintenant, c'est fini. »
Elle sanglota encore longtemps dans les bras de l'Anglais, puis elle finit par s'endormir profondément, le médaillon qu'elle portait autour du cou, et qui renfermait une photo d'elle et Tara, serré dans sa main. Giles la recoucha et sortit de la petite chambre sur la pointe des pieds. Le directeur Dumbledore l'attendait, assis dans un petit fauteuil. Il lui adressa un sourire las et demanda :
« - Alors ?
- Elle s'en sortira. » Répondit l'Anglais avec une petite voix qui trahissait ses émotions. Il ajouta, dans un murmure
- Elle doit s'en sortir. »
Les deux hommes sortirent de l'infirmerie d'un pas lourd, le regard soucieux, les yeux fatigués, les joues blanches. Ils ne dirent rien, mais tous deux pensaient la même chose : Elle devait s'en sortir…
