Chapitre 7 : The Queen Mione

A cette époque de l'année, l'infirmerie ne désemplissait pas d'élèves grippés et fiévreux, et l'infirmière ne savait plus où donner de la tête. Il n'y avait plus aucun lit de libre et les apprentis sorciers arrivaient encore ce soir par dizaines, se plaignant de violents maux de tête et de fortes poussées de température. Lorsque Hermione entra, la pauvre madame Pomfresh était affalée sur une chaise, le regard dans le vide, les yeux humides et fatigués, elle semblait ne plus prêter attention à rien, pas même à Colin Crivey qui s'était introduit dans le dortoir et qui avait entreprit de photographier les malades dévastés par la grippe à leur insu, afin d'organiser un concours de la plus belle ''tête de vainqueur'' de Poudlard, sous la direction des jumeaux Weasley. Hermione se racla la gorge afin que l'infirmière la remarque. Cette dernière sursauta, fit signe à l'adolescente qu'elle pouvait aller voir son professeur «mais pas plus de dix minutes, elle est encore très faible ! » Dit-elle. Hermione acquiesça et se dirigea vers la petite chambre isolée, tout au bout d'un long couloir mal éclairé, une espèce de grand sac de toile gigotant dissimulé tant bien que mal sous sa robe de sorcière, tandis que madame Pomfresh, que la minute de répit avait remonté à bloc, attrapait Colin par les oreilles et le jetait dehors sans ménagement.

Hermione frappa trois petits coups. Une voix faible répondit au bout de quelques secondes :

« - Entrez. »

Elle s'exécuta et pénétra dans une petite chambre douillettement aménagée, et seulement éclairée par de petites bougies oranges dont les flammes projetaient des ombres bleutées sur les murs blanchis à la chaux.

« - Bonsoir professeur Rosenberg » Dit-elle au petit bout de nez blanc qui dépassait de sous les édredons en plumes.

« - C'est Hermione, et il y a quelqu'un avec moi qui vous a réclamé toute la nuit. »

Alors que Willow repoussait les couvertures et se redressait sur son lit, l'adolescente ouvrit le sac de toile qu'elle avait eu tant de mal à empêcher de miauler, et une Miss Kittie un peu étourdie par le voyage sauta au dehors et alla se lover contre sa maîtresse, visiblement émue de la voir :

« - Oh, merci beaucoup Hermione !

- Ne me remerciez pas, cette canaille a empêché la totalité de la tour Gryffondor de dormir la nuit dernière, alors je me suis dis qu'il valait mieux qu'elle soit avec vous.

- C'est très gentil d'y avoir pensé. Asseyez-vous Hermione, je suis contente de vous voir. »

La jeune fille posa son sac de cours et s'installa sur une chaise près du lit. L'observant à la dérobée, elle trouva son professeur bien pâle bien plus qu'à l'accoutumée. Ses grands yeux verts étaient remplis de sommeil et de peine, et Hermione constata qu'elle avait beaucoup pleuré. De douleur, de désespoir. Elle hésitait à parler, mais devant le mutisme de la malade, et ne pouvant plus supporter le silence pesant, elle se lança :

« - Alors, est ce que madame Pomfresh s'occupe bien de vous ?

- Elle est merveilleuse ! Je crois qu'elle veut bien que je sorte demain.

- Tant mieux, les cours de Défense Contre les Forces Du Mal nous manquent beaucoup ! Et même si vous n'êtes absente que depuis ce matin, je vous assure que vous manquez à tout le monde. Disons, tous les Gryffondor de cinquième année : C'est le professeur rogue qui assure les cours en votre absence…

- Quelle Horreur ! Oh, je suis sincèrement désolée que vous ayez eu à endurer cette espèce de malotru injuste et méchant !

- Ne soyez pas désolée, nous avons l'habitude des humeurs de notre professeur de Potion, et en plus, j'étais dispensée de cours ce matin, j'ai la chance de ne pas me sentir coupable pour cinquante points qu'il a retiré à notre maison…

- Ne vous faites aucun souci pour ça, dès que je sors de cette chambre, je m'en vais mettre les choses au clair avec cet imbécile sadique et…et revêche ! ! !

Elles eurent un sourire complice, mais bien vite, l'euphorie retomba. Une sorte de gêne les empêchait toutes les deux de dire le fond de leur pensée. Hermione perçut dans le regard de son professeur une lueur de désolation. Elle aussi sentait qu'elle allait fondre en larmes. Elles ne pouvaient pas s'exprimer, dire tout haut ce qu'elles avaient envie de hurler. Finalement, Hermione brisa la glace. Elle dit, d'une voix pleine d'excuses :

« - Ecoutez, professeur, je… je voudrais m'excuser pour ce qui s'est passé hier. Je…j'ai paniqué…

- Oh, Hermione, ne dites pas cela, tout, entièrement tout était de ma faute. J'aurais du vous prévenir. Et puis si cela peut vous rassurer, je ne me souviens de rien. J'étais une autre personne, mes souvenirs sur cette soirée sont très embrouillés. En fait, j'ai l'impression qu'un énorme éléphant piétine mes pensées et mon corps. A part ça, rien. Alors ne vous excusez pas, c'est du passé maintenant.

- Oui, du passé… »

Toutes deux se turent un instant. Puis Willow demanda

« - Giles vous a parlé n'est ce pas ?

- Oui.

- Il ne faut pas croire tout ce qu'il a dû vous raconter sur mon état de santé morale précaire et tout le reste. Il est un brin mélodramatique parfois.

- Mais pourtant, j'ai du mal à croire que vous allez bien…

- Bien sûr que je vais bien ! Je vais bien comme une personne qui a perdu sa raison de vivre il y a moins de six mois comme une personne qui se retrouve le garde du corps du jeune garçon le plus haï du monde des ombres comme une personne prise au piège dans un univers qui n'est pas le sien comme une endeuillée forcée à l'exil comme une orpheline qui a tout perdu en l'espace d'une seconde. Giles ne comprend pas tout cela, il voudrait qu'en plus de tout, je redevienne la Willow que j'étais avant, joyeuse, toujours prête à rendre service et à remonter le moral des troupes. Mais c'est fini, j'ai grandi. Et ni Giles ni personne ne semble comprendre cela…

- …

- Excusez-moi Hermione, je…je me suis emportée. Vous n'y êtes pour rien après tout. N'en parlons plus voulez-vous ?

- … D'accord. Mais, professeur, vous savez, je pense qu'il y beaucoup de personnes qui veillent sur Harry dans l'ombre. C'est un peu le rôle de tous ses amis de le protéger. Vous n'êtes pas seule, je vous assure.

- Merci Hermione. »

Elles se turent, toutes deux très confuses et les larmes aux yeux. Willow de s'être énervée contre son si gentil petit professeur en herbe, et Hermione d'avoir provoqué cette pseudo dispute. Finalement, Hermione dit d'une petite voix :

« - Professeur, dimanche a lieu le premier entraînement de Quidditch de la saison. Si vous voulez, nous pourrions y aller ensemble.

- Oui, c'est une très bonne idée !

- Je dois y aller pour supporter Ginny, c'est son premier entraînement. Nous avons rendez-vous tous les trois avec Harry à 7heures dans la Grande Salle.

- Je vous y rejoindrai ! »

A cet instant, Giles entra. Il sourit à Hermione et s'approcha du lit de sa protégée pour déposer sur son front blanc un baiser. Willow grimaça :

« - Giles ! arrêtez de me traiter comme un bébé avec vos bisous magiques… Je dois descendre en flèche dans l'estime de mon élève après ça…

- Je suis sûr que non ! Par contre Miss Granger, je crois que vous feriez mieux de vite sortir d'ici avant que Madame Pomfresh ne vous jette dehors : elle avait dit dix minutes. »

Hermione ramassa en vitesse son sac et sortit en courant. Elle se faufila parmi les malades jusqu'à la sortie en prenant bien soin d'éviter l'infirmière qui était d'une humeur noire. Elle fila vers la volière pour envoyer une lettre à Viktor, son petit ami.

Cher Viktor,

Les vacances arrivent à grands pas, et pour une fois, je m'en réjouis, car au plus vite elles arriveront, au plus vite tu seras là. Comme l'an dernier, Poudlard organise un bal de Noël en l'honneur de Cédric Diggory, et tous les élèves sont invités à rester. Je me suis dit que nous ne pouvions pas manquer ça ! Si tu es d'accord, nous ne partirons pour Londres que le lendemain du bal, dans la matinée. Tiens-moi au courant.

Je t'embrasse tendrement, tu me manque.

Ta petite Mione.

Elle accrocha la lettre à la patte d'un hibou robuste, capable de faire un long voyage jusqu'en Bulgarie, puis, elle monta dans la salle commune avec la ferme intention de recopier sur le champs les cours qu'elle avait manqué. En entrant dans la salle commune, le silence, inhabituel à cette heure de la journée, l'inquiéta. Soudain, tous les Gryffondor surgirent de derrière les canapés en criant :

« - Surprise ! ! ! »

Elle en lâcha son sac de cours et ses livres. Sur la table était posé un immense gâteau en forme de H, et les élèves avaient accroché au mur une longue bannière sur laquelle clignotait, en lettres rouges et jaunes : Hermione Présidente.

Elle éclata de rire et se jeta dans les bras de Ginny, et Harry (Elle se contenta de serrer la main de Ron, qui était rouge comme une pivoine) qui murmura à son oreille :

« - T'es la meilleure Mione ! »

Le professeur MacGonagall fit alors son entrée dans la salle commune, elle se dirigea vers Hermione et elle lui tendit un petit écrin blanc, sans prononcer une parole, très solennellement. L'adolescente ouvrit la petite boîte et accrocha l'insigne de Préfète en chef, non sans verser une petite larme de bonheur. Tous les élèves ovationnèrent leur camarade, sauf Ron qui, comme d'habitude ces derniers temps, bougonnait dans un coin. Le professeur MacGonagall sourit et donna, exceptionnellement, la permission de minuit aux élèves qui la remercièrent en faisant une ''holà !'' du diable.

Après cela, la vieille sorcière quitta la salle commune, tout à fait consciente d'être en trop pour cette petite soirée elle regagna ses appartements et s'endormit en quelques minutes, exténuée par sa nuit blanche forcée de la veille et ne fut nullement dérangée par le tintamarre provoqué par l'ensemble des Gryffondor. Ces derniers firent la fête une bonne partie de la nuit : Hermione, aidée d'Harry, sabra le champagne que les jumeaux Weasley avaient réussit à chaparder dans la réserve personnelle de Dumbledore, on but à la santé de la nouvelle préfète en chef, à la santé du nouveau capitaine de l'équipe de Quidditch, à la santé de chaque Gryffondor, puis quand ils eurent fait le tour des professeurs et des animés, ils passèrent aux tableaux, aux chaises, aux fauteuils, pour finalement ne plus être en état de penser à quoi que se soit hormis boire, Seamus et Neville improvisèrent une Lambada endiablée, Ginny, à la fin de la soirée, frisait le coma éthylique, pliée en deux de rire dans les bras de Lee Jordan, (le meilleur ami des jumeaux Weasley, NDMoi), Ron boudait superbement, assis tout seul dans un fauteuil. L'apothéose fut quand même l'auto sacrement d'Hermione, sur le coup des trois heures du matin – et des dix-sept bouteilles de cuvée des Dieux - : Elle ne se proclama pas présidente mais Reine de l'univers…

A l'aube, Hermione monta se coucher en titubant, accrochée au bras d'Harry. Le monde et la vie lui semblaient tellement amusants au travers des petites bulles de champagne qui coulaient désormais dans ses veines à la place de son sang. Tellement amusant que lorsqu'elle se glissa dans son lit, elle ne fut prise d'un énorme fou rire. Comme ça, pour rien.