Chapitre 11

« Alors Isumette ! Tu viens voir le match de ta dulcinée à lunettes ? » l'interpella Mashiba, fort satisfait de sa rime, alors qu'il passait dans le couloir de l'Institut de go.

Isumi lui adressa un regard meurtrier, cherchant quoi répondre. Mashiba n'avait finalement pas été dupe bien longtemps... Devait-il maintenant continuer à nier ou alors changer de stratégie et chercher à le faire taire ?

« Ca te coupe le sifflet, hein ? Ton petit numéro de l'autre fois ne m'a pas du tout impressionn ! Ca serait bête que d'autres l'apprennent, non ? »

« Tais-toi ! Tais-toi ! Qu'est-ce que tu veux ? »

« Je vais réfléchir… Ca m'amuse assez de te faire un peu marcher ! Qui aurait cru que le gentil Isumi avait des choses à cacher ?! »

Akira Toya interrompit soudain leur conversation en sortant de la salle où se disputait son match. Les deux jeunes hommes de retournèrent vers lui d'un même geste et le garçon s'immobilisa, surpris.

« Et Toya ! Ton match est fini ? » l'apostropha Mashiba « Tu vas en apprendre une bien belle sur ton adversaire ! »

« Attends ! »

Isumi l'attrapa pour l'empêcher de se rapprocher d'Akira mais Mashiba, se méprenant sur ses intentions et se sentant agressé, se dégagea brutalement.

« Lâche-moi ! »

Déséquilibré, Isumi manqua de perdre l'équilibre. C'est à ce moment là que Waya sortit de la pièce où se trouvait le moniteur qui permettait d'assister au match, imité de près par Hikaru. Voyant son ami Isumi malmené, le jeune garçon aux cheveux en bataille se jeta à son tour sur Mashiba.

« Sale con ! Laisse Isumi tranquille ! »

Comprenant que la situation allait rapidement dégénérer, Akira s'interposa courageusement mais lorsque Mashiba voulut repousser Waya qui lui avait déjà envoyé un coup de poing dans l'estomac, il frappa accidentellement Akira qui recula en gémissant.

« Akira ! » s'écria Hikaru en voyant le jeune homme qui commençait à saigner de la lèvre. « Enfoir ! » lança-t-il furieux, à Mashiba, voulant se joindre à Waya pour le rosser.

Akira le retint par le bras :

« Laisse tomber ! »

Mais attirés par les cris, le journaliste Amano et un de ses adjoints accouraient déjà pour les séparer.

« Mashiba ! Waya ! Vous n'avez pas honte ? Vous vous conduisez comme des gamins ! Battez-vous sur le goban ! Pas en dehors ! »

Mashiba leur jeta un regard de mépris et s'engouffra dans l'ascenseur, suivi par tous les regards.

« Ah ces jeunes ! » soupira le journaliste en repartant aussi vite qu'il était venu dans sa Salle de presse.

Waya, toujours très en colère, balança un coup de pied dans une poubelle qu'il envoya valser à quelques mètres dans un grand bruit de ferraille.

« J'aurais bien aimé lui régler son compte à celui-l ! Mais pour qui il se prend à la fin ? »

« Oublie ça ! » le calma Isumi.

Hikaru avait tendu un mouchoir à Akira et le regardait avec un peu d'inquiétude.

« Ca va ? » demanda-t-il gentiment.

« Oui. Ce n'est pas grand chose. » répondit Akira en esquissant un léger sourire, heureux au fond de lui qu'Hikaru ait voulu prendre sa défense.

Waya se retourna vers eux et jeta un regard mauvais au jeune Toya :

« De quoi je me mêle aussi ? T'avais pas besoin d'intervenir ! Tu l'as bien cherch ! »

« Waya ! » grondèrent Hikaru et Isumi d'une même voix.

Mais des employés de l'Institut de go qui arrivait, l'air mécontent, les interrompit.

« C'est vous qui faites tout ce raffut ? Vous troublez la concentration des autres joueurs ! Suivez-nous ! Et vous, Maître Toya, vous ne devriez pas rester ici ! Votre match continue, vous perdez beaucoup de temps ! »

Akira eut un petit rire qui surpris tout le monde :

« Oui ! Je crois que je me suis suffisamment changé les idées ! »

*****

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda Koyo Toya en se tournant vers Amano qui rentrait dans la pièce.

« Oh rien de grave ! Un début de bagarre entre de jeunes joueurs mais c'est réglé. »

« Une bagarre ? » demanda le Maître surpris.

« Mashiba-kun a l'art de se créer des ennuis. Même votre fils n'a pas l'air de trop l'aimer, on dirait ! Ha ha ha ! »

« Akira était impliqu ? » demanda à nouveau le Meijin, de plus en plus étonné. « Akira, se battre ? Je ne peux pas le croire ! »

« Oui, c'est le seul qui a reçu un coup sérieux on dirait. Il y avait aussi le jeune Waya, Isumi et Shindo. »

Le Maître resta songeur. Si Hikaru était là aussi, il comprenait un peu mieux. Quel enfant étrange ! Il semblait qu'il ait été placé sur le chemin bien calme de leur famille pour les contrarier, venant troubler son fils Akira et semant Sai sur sa route à lui….

« On dirait qu'Ogata-sensei va remporter le match… » fit remarquer Amano, le tirant de ses pensées.

« Oui. C'est encore un peu tôt pour Akira. Mais je ne doute pas qu'il le battra très bientôt ! Il reste encore quatre matchs….»

*****

« Akira ! Akira ! »

Hikaru dut se mettre à courir pour rattraper le jeune homme brun car celui-ci, ne semblant pas l'entendre, se dirigeait d'un pas rapide vers la station de métro. Le jeune garçon aux mèches décolorées posa sa main sur son épaule et l'arrêta.

« Eh Akira ! Tu ne vas pas au salon de go ce soir? » demanda-t-il.

« Non, je rentre. » répondit Akira, calmement.

Hikaru devina qu'il devait-être un peu vexé par sa défaite et qu'il avait besoin de méditer là-dessus, seul.

« Et demain ? Tu viendras au salon demain ? »

« Non. Je vais à mes cours de coréen. »

Hikaru le lâcha et le regarda faire quelques pas.

« Eh ! Tu ne veux pas me montrer la fin de ta partie d'aujourd'hui ? Je n'ai pas pu la voir comme nous nous sommes fait disputer ! »

Akira se retourna et sourit malicieusement :

« Tu sais où j'habite, non ? Si tu veux vraiment savoir, tu peux toujours passer ! »

*****

Ogata jeta une dernière fois un œil ravi sur le goban. Il s'était inquiété pour rien ces derniers jours. Certes, Akira progressait mais lui, était pour le moment plus fort.

Maintenant qu'il se sentait soulagé, il avait moins d'animosité envers le jeune homme. C'était un bon garçon, en fin de compte. Lui le fuyait mais Akira ne semblait pas dégoûté par ce qu'il avait appris mais plutôt peiné qu'Ogata l'évite.

Finalement, Akira était peut-être quand même un peu attaché à lui… Il le voyait peut-être comme une sorte de grand frère et non pas seulement comme une des pièces du groupe d'étude du Meijin.

Akira le fils prodigue… Ogata l'avait trouvé beaucoup plus touchant lorsque ce dernier se sentait un peu perdu après ses premiers matchs concédés contre Hikaru. Il y avait des années de cela maintenant… Akira n'avait pas parlé de ses inquiétudes à son père mais à lui, Ogata. Et cette période les avait rapprochés.

Il aimait bien Akira mais il avait eu jusqu'à présent l'impression que le garçon n'avait pour lui que du respect. Peut-être s'était-il tromp

*****

Hikaru serra le poing. Koyo Toya le terrifiait. Il craignait que celui-ci lui pose des questions ou lui redemande de jouer avec Sai. S'il allait chez Akira, il risquait de le croiser également….

Mais il avait aussi envie de savoir, de voir Akira. Le jeune garçon l'avait un peu mis au défi et puisqu'il était déjà venu jusque là, autant aller jusqu'au bout !

Il inspira un grand coup et appuya sur le bouton de la sonnette. Il attendit qu'on vienne lui ouvrir avec appréhension, se demandant s'il pouvait partir en courant si Koyo Toya se trouvait derrière le portail. Mais se fut le visage souriant d'Akira qui apparut.

« Hikaru ! Tu t'es décidé à venir ? »

« Oui. Tu es disposé à me montrer ta partie, tout de suite ? »

« D'accord ! Entre ! »

Un peu plus rassuré, Hikaru suivit Akira à l'intérieur de la maison, jetant des coups d'œil anxieux, craignant de voir apparaître à tout moment l'imposante silhouette du Meijin.

« Allons dans ma chambre ! » proposa Akira.

Hikaru poussa un soupir de soulagement lorsque le jeune homme referma la porte derrière eux.

Akira alla chercher un goban et commença à placer des pierres dessus, expliquant ses propres coups et ceux de son adversaire. Hikaru l'écouta avec passion.

*****

Comme ils s'étaient mis à disputer une nouvelle partie, le visage souriant d'Akiko Toya passa par l'entrebâillement de la porte.

« Les garçons ? Vous voulez du thé et des gâteaux ? »

Akira et Hikaru se regardèrent et le jeune garçon aux mèches décolorées approuva d'un signe de tête.

« Finissez votre partie, je vous attends dans la cuisine. »

« Qu'est-ce qu'on fait ? On continue ? » demanda Hikaru.

« Rangeons les pierres. » trancha Akira en commençant à désorganiser le jeu.

Hikaru l'aida et le suivit, regardant de tous les côtés de peur de se retrouver face à face avec le Meijin mais celui-ci n'était visiblement pas là. Il se sentit soulagé.

Une alléchante odeur de pâtisserie chaude s'échappait de la cuisine et les deux jeunes garçons ne se firent pas prier pour s'asseoir et commencer à goûter.

Akiko regarda en souriant le jeune garçon aux mèches blondes engloutir une première part de gâteau.

C'était l'une des rares fois où Akira invitait enfin quelqu'un de son âge. Elle en était heureuse même s'il s'agissait encore d'un joueur de go. Mais l'adolescent aux cheveux décolorés avait tout de même l'air moins sérieux, plus marrant, vivant et enfantin que les autres. Cela la rassurait. Elle était toujours inquiète qu'Akira ne se soit jamais comporté comme les enfants 'normaux', n'ai jamais joué à des jeux idiots, et s'amuse encore si peu souvent….

« Hikaru ? C'est bien comme ça que tu t'appelles ? » demanda-t-elle.

L'intéressé avait la bouche pleine et acquiesça simplement d'un signe de tête.

« Est-ce que tu es bon élève à l'école ? Tu continues tes études, toi aussi ? »

« Ah non ! Je déteste les cours ! Ecouter les profs parler toute la journée… Ca m'endort ! Je préfère jouer au go ! »

« Mais tu t'intéresses quand même à d'autres choses qu'au go, non ? »

« Maman ! Tu l'embêtes avec tes questions ! » intervint Akira.

« Mais non ! Ca ne me dérange pas ! » protesta Hikaru « Oui, je fais plein d'autres choses ! J'aime aller au cinéma, jouer à la console vidéo, lire des mangas… »

« Ah… » fit Akiko Toya, un peu déçue. Elle venait de comprendre que vu les centres d'intérêt du garçon, lui et Akira ne devait partager que le go. C'est vrai qu'ils semblaient tellement différents…

« C'est drôlement bon ces gâteaux ! Vous cuisinez vachement bien ! » la complimenta Hikaru.

Akira tiqua un peu sur le 'vachement' et resta figé une demi-seconde, craignant que sa mère trouve Hikaru un peu trop gamin ou mal poli. La tenue décontractée du garçon tranchait déjà tellement avec le look des personnes qu'ils avaient l'habitude de recevoir !

Mais Akiko eut un petit rire : « Merci, c'est gentil ! Ce sont les préférés de Kurata-san, aussi. Il en réclame toujours quand il vient ici. »

« Ah ? Il vient souvent ? » questionna Hikaru, surpris.

« Oui, quelque fois, pour jouer avec mon père. Mais je pense que ce n'est pas l'unique but de ses visites. Les gâteaux de Maman y sont sûrement pour quelque chose… » expliqua Akira en souriant.

Hikaru soupira, se remémorant la fixation que Kurata faisait sur la nourriture.

« Il est lourd ce mec. » lâcha-t-il.

Il mit la main devant sa bouche, voyant Akira et sa mère le fixer avec de grands yeux et ne soudain plus battre des paupières.

« Oups ! Gomen ! Je ne devrais pas parler comme ça !»

Il s'était encore laissé emporté comme la mère d'Akira se montrait gentille avec lui ! Elle devait être choquée par son langage…. Décidément, il ne savait pas se tenir. Il rougit légèrement, rentrant la tête dans les épaules.

Mais Akiko se mit soudain à rire, bientôt imitée par son fils. Hikaru se sentit encore plus gêné mais il finit par se mettre à rire avec eux.

« On retourne faire une partie ? » proposa Akira en se levant.

« Oui ! Allons-y ! » répondit Hikaru, l'imitant.

Lorsqu'ils furent dans le couloir, le jeune garçon aux mèches décolorées fit remarquer :

« Elle est sympa ta mère ! »

« Sympa ? Comme le salon de go ? C'est le seul mot que tu connais ? »

« Grrr !! Pourquoi tu fais toujours des remarques comme ça ? »

Mais avant qu'ils aient pu commencer à se disputer sérieusement selon leurs bonnes vieilles habitudes, Hikaru aperçut une imposante silhouette qui se détachait à contre-jour dans le salon.

« Au secours ! Meijin à tribord ! »

Aussitôt, il attrapa Akira par les épaules et le força à reculer dans un recoin du couloir pour que l'homme ne les aperçoive pas.

« Mais… ? » commença Akira, surpris, avant qu'Hikaru ne plaque sa main sur sa bouche pour le faire taire.

Akira sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine et ses jambes mollir comme Hikaru le tenait contre lui. Des pas pesants résonnèrent et l'homme passa près d'eux sans les remarquer.

« Ouf ! » soupira Hikaru lorsque Koyo Toya fut hors de vue.

« A quoi tu joues ? » demanda Akira, un peu énervé et toujours un peu déstabilisé. « Tu es bizarre par moment ! »

« Bizarre ? Moi ? » se fâcha Hikaru « Je crois que ce n'est pas moi qui agis le plus bizarrement d'entre nous deux ! Quand à la gare tu t'es mis à me toucher les cheveux, est-ce que je t'ai demandé ce qui te prenait ? »

Akira rougit subitement et pour garder la face, se mit à crier lui aussi :

« Quoi ? Mais ce n'est pas moi qui joue génialement bien un jour puis comme un débutant le lendemain ! Et pourquoi tu m'as entraîné dans ce coin ? Pour éviter mon père ? Qu'est-ce que tu essaies de cacher ? »

« Je ne cache r… » commença Hikaru, criant lui aussi.

Mais attiré par les bruits de dispute insolites dans leur maison d'habitude si calme, Koyo Toya avait fait demi-tour et regardait à présent les deux adolescents qui se chamaillaient.

« Qu'est-ce qui se passe ici ?! » gronda-t-il.

Hikaru se retourna et poussa un cri de surprise en apercevant le Meijin.

« Bon finalement, je vais y aller ! Au revoir Akira ! » dit-il très vite avant de s'enfuir quasiment en courant, bousculant presque l'homme au passage.

Koyo Toya le regarda faire, l'air intrigué, sans chercher à le retenir.

« Décidément, il est étrange ! » dit-il a voix basse. Il se tourna ensuite vers son fils « Mais vous avez l'air de bien vous entendre, finalement. »

Akira rougit légèrement : « Euh…. »

« Moi, je l'aime bien ! Il est amusant ! » intervint Akiko qui venait de sortir de sa cuisine.

Akira lui sourit, heureux qu'Hikaru plaise déjà à sa mère.

*****

Isumi était resté sans parler une partie de la soirée. Il avait l'air d'humeur morose et Ogata ne savait pas trop quoi faire ou dire pour lui changer les idées. Il n'avait guère l'habitude de devoir s'occuper de quelqu'un d'autre que de lui-même.

Le jeune garçon avait même refusé de disputer une partie de go.

« Ne pense plus à tes erreurs ! Tu verras, la semaine prochaine tout sera certainement différent ! Tu gagneras à nouveau et tu seras rassuré. »

Isumi hocha la tête, visiblement peu convaincu.

« Et si nous allions dans la chambre ? Je vois que le film ne te passionne pas. »

Isumi se leva et suivit docilement l'homme qui commença à lui ôter sa chemise dès qu'ils furent assis sur le lit.

Il laissa Ogata le caresser, embrasser son torse, le faisant frémir de plaisir. Au moins, ces moments-là étaient les seuls où il pouvait penser à autre chose qu'à ses défaites !

Il gémit en sentant la langue venir titiller un de ses mamelons tandis que l'homme le privait déjà de son pantalon.

Ogata sourit quand il sentit les mains du jeune homme descendre dans son dos, s'attardant sur ses reins. Il lui passa les jambes de chaque côté de son corps pour être plus près de lui. Il sentit son pantalon devenir trop étroit lorsque la peau douce, chaude et nue d'Isumi se colla à la sienne. Son sexe se tendit contre la toile et le jeune garçon, le devinant, commença à déboutonner sa braguette.

Même s'il commençait à manquer d'imagination pour varier les plaisirs, ses étreintes avec Isumi étaient toujours quelque chose de spécial.

Quand Isumi s'abandonnait à lui, quand il venait en criant, la bouche grande ouverte, les yeux fermés, l'expression même de l'extase sur le visage, des gouttes de sueurs perlant sur ses tempes, il était magnifique. Et malgré son corps apaisé, son cœur se mettait à battre plus vite à ce spectacle. Isumi… Son corps si chaud, si doux…

Il embrassa à pleine bouche l'arrondi de l'épaule de son amant tout en le plaquant de plus en plus contre lui. Il avait besoin de sentir toute la surface de sa peau, d'entendre les battements de son cœur à travers leurs poitrines collées, qu'Isumi l'étreigne complètement.

Mais alors que ses doigts s'immisçaient entre les fesses du jeune homme, Isumi ouvrit les yeux, recula son visage et le regarda en face. L'homme s'arrêta, devinant qu'il allait se passer quelque chose d'important.

« Est-ce que…. Est-ce que je compte pour toi ? » demanda avec anxiété le jeune garçon brun.

Ogata s'immobilisa puis se frotta les yeux, ne le regardant plus, gêné.

Pourquoi fallait-il qu'il lui demande ça ?

Il savait pourtant qu'en agissant ainsi, le jeune homme finirait par lui demander plus. Comme jusqu'à présent Isumi semblait accepter leur relation étrange sans qu'il ait besoin de clarifier la situation, il l'avait poursuivi. Alors qu'il savait pertinemment que c'était une erreur. Mais il fallait bien qu'un jour, les explications viennent… Il s'était trompé en pensant que cela pourra durer encore ainsi.

Isumi semblait attendre sa réponse avec angoisse.

Il le fixa à nouveau, sentant une certaine colère monter en lui.

« C'était convenu que ce ne soit qu'un amusement, non ? » dit-il sèchement.

Il s'attendait à ce que le jeune garçon réplique quelque chose, lui demande pourquoi ils passaient tout leur temps ensemble et pas que pour coucher si cela ne signifiait rien pour lui mais Isumi baissa la tête et garda le silence.

Ogata se maudit intérieurement. C'était un peu comme une partie qu'il savait déjà avoir perdue mais qu'il ne voulait malgré tout pas abandonner.

Il avait perdu. Contre Isumi. Mais il s'obstinait à ne pas reconnaître sa défaite.

Il sentait son cœur fondre à la vue d'Isumi si triste mais sa colère contre lui-même lui permettait de résister et de ne pas le prendre dans ses bras pour l'embrasser avec tendresse.

« Bon allez ! A genoux ! » ordonna-t-il.

Son cœur se serra lorsque le jeune garçon s'exécuta, se mettant à quatre pattes, lui tournant le dos, gardant la tête basse.

Ogata leva les yeux au ciel.

« Mais pourquoi il obéit ?!! »

Ogata s'en sentait chagriné. Il avait mal lui aussi mais son désir se faisait plus violent à la vue du jeune homme aussi offert.

Il le prépara à peine, le faisant crier lorsqu'il le pénétra.

Une frange de cheveux retombait sur son visage, cachant les yeux d'Isumi, qui semblait tout à coup seulement subir sans être réellement là, gémissant à chaque nouveau coup de rein.

Ogata lui saisit le menton, l'obligeant à tourner la tête vers lui pour l'embrasser. Le jeune homme résista lorsqu'il voulut introduire sa langue entre ses lèvres.

Il le voulait complètement ! C'était excitant de savoir que dans ce joli corps, un cœur battait pour lui.

Isumi renonça finalement à l'empêcher de l'embrasser et Ogata lui donna un baiser passionné.

Ses gestes étaient en contradiction avec ses mots mais le jeune homme ne le remarquait pas.

Il allait se laisser humilier parce qu'il l'aimait… L'homme aux cheveux châtain clair n'était plus tout à fait sûr que le jeune homme se trompe à présent. Ses sentiments devaient être forts pour qu'il accepte cela. Il méprisait d'ordinaire les filles qui continuaient à espérer lorsqu'il les traitait comme des moins que rien mais Isumi gagnait son respect. Lui, au moins, ne se mettait pas à l'insulter, à le supplier. Il se laissait juste faire, acceptant son refus, retenant sa peine… parce qu'il l'aimait. Et pourtant, s'il avait dit quelque chose… Peut-être que lui, Ogata, n'aurait pas pu continuer à nier ses sentiments plus longtemps…

C'était la seule de ses conquêtes homme ou femme pour qui il ait jamais éprouvé quelque chose d'aussi fort. Et c'était celui qui exigeait le moins de lui…

Non ! Il ne pouvait pas lui dire ! C'était un gamin ! Ce serait ridicule de sa part ! Quel idiot il était de s'être entiché d'un si jeune garçon !

Son cœur se serrait de plus en plus mais le plaisir montait paradoxalement toujours dans ses veines. L'urgence était pour l'instant de satisfaire son désir.

Isumi eut soudain comme un sanglot étouffé et Ogata eut un pincement au cœur en l'entendant. Il passa sa main sur la joue du garçon et sentit qu'elle était humide. Il pleurait.

Etait-ce parce qu'il l'avait blessé comme il était plus brutal que d'habitude ? Oui, c'était lui qui lui avait fait du mal… mal au cœur.

« Isumi, Isumi… » murmura-t-il sans pouvoir dire autre chose.

C'était une torture de le voir ainsi. Il avait envie de le serrer contre lui, de le réconforter, de lui avouer qu'il avait menti. Son corps se tendit complètement et il se libéra. Il éprouvait un plaisir intense mais singulièrement, aussi une grande tristesse d'agir ainsi.

Isumi se releva immédiatement après qu'il se soit retiré et ramassa ses vêtements. Il se rhabilla en silence, sans lui adresser un regard puis quitta la pièce. Il ne restait donc pas dormir avec lui comme il en avait l'habitude ?

« Il est tout de même un peu fâché, on dirait… » remarqua Ogata qui ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou non.

Il entendit la porte claquer. Il ferma les yeux, rejetant la tête en arrière, l'appuyant contre le mur et resta plusieurs minutes immobile ainsi.

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Merci Yu-chan, Alana et gentille Mimi pour vos commentaires ! Je me répète mais à chaque fois, ça fait très plaisir J