Chapitre 16

Yashiro poussa un petit soupir de soulagement en passant les portes automatiques de l'aéroport, la première étape sur la route qui le ramenait enfin au Japon. Il se sentit un peu plus détendu maintenant qu'il se trouvait hors de portée, loin de ce diable de Coréen.

Pendant tout le trajet, il avait ruminé leurs 'adieux'. Le jeune homme aux cheveux cuivrés avait trouvé le moyen de lui crier un : « See you soon, darling ! » devant une assemblée d'Insei aux yeux grands écarquillés.

D'ici un mois, heureusement, il avait le temps de se casser une jambe, de se trouver un vieil oncle malade à veiller ou d'émigrer en Patagonie. Tout valait mieux que de se retrouver à nouveau face à ce dégénéré de Coréen qui semblait en vouloir à son corps!

Comme il marchait en tête du petit groupe, il jeta un regard derrière lui à ses coéquipiers. Il n'était pas le seul à être resté silencieux durant le trajet jusqu'à l'aéroport. A la plus grande satisfaction de Maître Shinoda, bien qu'ils se soient assis côte à côte dans le bus, aucune dispute n'avait encore éclaté entre Akira Toya et Hikaru Shindo. Mais Yashiro se montrait moins optimiste que le directeur des Insei qui souriait en pensant certainement que son sermon de la veille les avaient conduit sur la voie de la sagesse. Cela ressemblait trop au calme avant la tempête et le jeune Japonais guettait d'éventuels signes avant-coureurs pour s'enfuir loin de cet orage qui promettait d'être dévastateur.

Mais pour le moment, les deux adolescents suivaient Kurata sans échanger un mot.

Alors qu'ils s'approchaient de la zone d'embarquement, une voix au micro résonna dans tout le hall :

« Votre attention s'il vous plait ! En raison des mauvaises conditions météorologiques au-dessus de la mer du Japon, le vol 6875 à destination de Tokyo est retardé. Pour de plus amples informations, veuillez vous adresser au guichet de la compagnie. »

« Oh non ! » s'exclama en cœur le groupe des insei, s'immobilisant au milieu du hall.

« Quoiiiiii ? » s'écria Yashiro en entendant l'annonce « Mais c'est notre avion ! Ne me dites pas qu'on va rester bloqués ici ? »

Tous poussèrent de gros soupirs découragés tandis que Maître Shinoda tentait de les rassurer.

« Allons ! Pas d'énervement ! Kurata-kun va aller aux renseignements. »

Et tandis que le gros garçon se dirigeait vers les guichets, Yashiro s'assit sur son sac qui eut un craquement inquiétant.

« Je suis maudit ! Je suis maudit ! » s'écria l'adolescent aux cheveux hirsutes en se relevant aussitôt et ouvrant son sac pour constater que sa bouteille de shampoing avait implosée sous son poids et se rependait, poissant tous ses vêtements.

Komiya se mit à rire et Yashiro lui jeta un regard mauvais qui le fit immédiatement taire.

« Bonne nouvelle ! » annonça de loin Kurata en revenant vers eux.

« Ah ! Le retard ne va pas être très important ? » demanda Shinoda soulagé. Il n'avait guère envie d'avoir à jouer plus longtemps les baby-sitter pour ce groupe d'adolescent pas toujours très discipliné.

« Ca, je ne sais pas ! » avoua le joueur « Ils n'ont pas pu me dire quand l'avion pourrait décoller mais la compagnie m'a promis de nous offrir des sandwichs et des boissons en dédommagement pendant que nous patientons. »

Maître Shinoda soupira profondément, découragé, mais se ressaisit en voyant des petits groupes se former et ses insei s'éparpiller dans le hall.

« H ! Où vous allez tous comme ça ? ! » les rappela-t-il.

« J'avais dit à ma mère de venir me chercher à l'aéroport ! Faut que je l'appelle pour la prévenir. » s'excusa l'un des Insei.

« Et moi je vais acheter un magazine ! » dit un autre.

« Ne commencez pas à vous disperser et à partir n'importe où que je ne vous retrouve plus ! » cria en vain Shinoda.

Bientôt, il ne se retrouva plus qu'en compagnie de Kurata, d'Akira Toya qui avait obéit bien sagement et de Yashiro toujours occupé à sortir ses affaires de son sac en râlant contre le manque de solidité des bouteilles de shampoing.

« Eh ! Tu ne suis plus Toya comme un petit toutou ? » demanda Komiya à Hikaru avec un sourire moqueur.

L'adolescent leva les yeux du magazine coréen qu'il était en train de consulter malgré sa méconnaissance de cette langue étrange pour jeter un regard derrière son épaule.

« Pas du tout ! Je ne le suis pas ! » répliqua-t-il un peu mécontent.

« Il est bizarre n'empêche comme mec ! »

« Bizarre ? Comment ça bizarre ? » demanda le jeune homme aux mèches blondes, étonné.

« Je ne sais pas… On dirait qu'il n'a pas notre âge, qu'il est vraiment différent de nous tous. Regarde par exemple. Hier quand on est allé jouer à des jeux vidéos, il est resté dans sa chambre pour lire… »

« Bah, Yashiro non plus n'est pas venu. Et puis il n'est peut-être pas très fort aux jeux vidéos ! Hé hé h ! Et comme il déteste perdre… »

« Ha ha ha ! C'est vrai ! Et puis en fait, j'imagine mal Toya Meijin lui offrir une console de jeux pour son anniversaire…. »

Ils rirent un moment ensemble mais virent rapidement que la vendeuse les regardait avec de moins en moins de bienveillance.

« Bon, je crois que soit on achète, soit on s'en va… » fit remarquer Komiya.

Hikaru reposa sa revue :

« Allons-y ! »

« Dis donc en parlant d'Akira Toya, tu sais qu'Oka est super fan de lui ! » Komiya se pencha vers Hikaru pour chuchoter : « Je crois même qu'elle en est un peu amoureuse… ! »

Le jeune homme aux mèches décolorées haussa les épaules :

« Et alors ? »

« Ben je ne sais pas ! Il joue tellement les mecs hautains qu'à mon avis, elle n'ose pas aller lui parler. Il a pas de petite amie, non ? On pourrait arranger un plan pour les laisser tous les deux… »

« Pas question ! » hurla Hikaru.

Komiya ouvrit de grands yeux et plaqua sa main sur la bouche de l'adolescent.

« Eh ! Du calme ! Crie pas comme ça, tout le monde nous regarde ! Qu'est-ce qu'il te prend ? »

« Rien, c'est bon ! Lâche-moi ! Mais Akira ne s'intéresse qu'au go ! C'est pas une bonne idée ! »

« Pfff ! » fit Komiya, le regardant bizarrement « Quand même… »

Hikaru, surpris lui-même de sa réaction excessive, s'isola un moment pour y réfléchir, collant son nez à une vitre qui donnait sur l'extérieur. Le ciel était complément gris, la dépression arrivait sur eux.

Pourquoi avait-il senti une telle jalousie lorsque l'adolescent aux cheveux châtain avait évoqué la possibilité de présenter Akira à quelqu'un qui s'intéressait à lui ?

La mauvaise humeur commençait à gagner tout le monde. Les passagers perdaient patience à mesure que l'attente se prolongeait.

Shinoda, fatigué et désespéré par le manque d'information avait délacé sa cravate et attendait assis dans une position de moins en moins correcte sur un des bancs dans la salle d'attente, surveillant les allées et venues des jeunes dont il avait la charge.

Non loin de lui, Kurata entamait sa cinquième part de pizza et il semblait être le seul à rester philosophe sur leur mésaventure.

A ses côtés, Akira lisait, gardant un visage renfrogné et comme l'attente commençait également à lui peser, il perdait peu à peu ses bonnes manières, jetant des regards en coin agacés de moins en moins discrets à son voisin dont les bruits de mastication incessants lui portaient sur les nerfs.

Hikaru, toujours collé à la vitre regardait la pluie qui tombait drue dehors.

Yashiro restait zen en discutant avec Nase mais il priait intérieurement pour qu'ils ne soient pas obligés de revenir à leur hôtel pour y passer la nuit.

Le journaliste Kosemura était pendu au téléphone, laissant une longue file d'attente mécontente derrière lui à la cabine téléphonique.

Certains insei disputaient des parties de go sur des gobans magnétiques et des altercations éclataient entre eux de plus en plus fréquemment.

Ce dans ce contexte que Fuku arriva soudain vers Shinoda en pleurnichant :

« Ouiiiiin ! J'ai perdu mon sac ! »

Le directeur des insei se redressa et prit un air sévère.

« Comment tu t'es débrouillé encore ? Comment ça s'est produit ? »

« Je l'ai laissé là avec tous les autres, je crois, et il n'y est plus ! »

« Allons demander si quelqu'un l'a vu ! »

Pendant ce temps, une énième dispute plus bruyante encore que les autres avait éclaté entre Shouji et Oka, tirant Hikaru de sa rêverie. Il revint s'asseoir parmi ses amis.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda-t-il.

« C'est deux là sont encore en train de s'engueuler ! » lui signala Komiya. « Ils ne s'arrêtent jamais, c'est pénible ! Il n'y a que toi et l'autre pour être encore plus gamins ! »

L'autre en question leva les yeux de son livre pour lui jeter un regard noir :

« Je ne suis pas gamin ! » répliqua Akira « C'est lui qui fait toujours des remarques idiotes et qui croit avoir raison quand ce n'est pas le cas ! »

« Quoi ? » s'écria Hikaru « Tu es d'une mauvaise fois ! Ce n'est pas croyable ! Tu es le seul avec qui je me dispute tout le temps je te signale alors que toi, tu ne t'entends avec personne ! »

« Et c'est reparti… » constata Komiya, désabusé.

« Qu'est-ce que tu sous-entends ? » demanda Akira, énervé, se levant « Que je n'ai pas d'amis ? »

« Du calme les jeunes ! Prenez plutôt un soda, il en reste plein ! » proposa Kurata pour les calmer.

Mais l'intervention du gros joueur ne les arrêta pas. Hikaru se leva à son tour pour être à la hauteur d'Akira et ils se dévisagèrent avec haine.

« Non, tu n'as pas d'amis. Tout le monde te déteste car tu es insupportable ! » répéta Hikaru avec froideur.

Akira le fusilla un instant du regard et ne trouva rien à répondre.

Hikaru n'avait pas tort. Hormis peut-être Ashiwara, il n'avait pas véritablement d'amis ni même de camarades…

« Tout le monde te déteste… »

Ces mots-là venant de cette bouche lui faisaient mal.

Il se sentit triste mais n'en laissa rien paraître. Il se rassit simplement comme si, par sagesse, il décidait de ne pas répliquer à l'affront.

Yashiro adressa un regard désapprobateur à Hikaru qui resta un moment debout tout seul au milieu du passage. Après ce bref intermède qui avait mobilisé l'attention générale, chacun reprit le cours de ses activités et Oka et Shouji leur querelle.

Hikaru se laissa tomber sur le banc à côté de Komiya, vaguement triste lui aussi, regrettant ses paroles.

« Ces deux là, ils ne pourront jamais s'entendre…. Ah la rivalit ! » lâcha l'Insei à la chevelure châtain.

« … Je répète, un sac de sport de couleur bleu marine a été trouvé près des toilettes. Si vous en êtes le propriétaire, prière de vous adresser au guichet numéro 5. »

« Il doit s'agir du sac de Fuku ! » dit Nase en souriant. « Ils l'ont finalement retrouv ! Quel étourdi celui-l ! »

La salle d'attente était de plus en plus encombrée à mesure que les vols étaient annulés. Certains Insei étaient même assis par terre tandis qu'Hikaru s'était retrouvé assis sur un banc juste à côté d'Akira mais pour le moment, ils s'ignoraient.

La fatigue les avait tous gagnés. Kurata squattait un banc à lui tout seul et ses ronflements résonnaient dans le silence de la  pièce. Beaucoup de passagers s'étaient endormis et ceux qui restaient éveillés se parlaient en chuchotant pour ne pas les réveiller.

La lumière fut soudain baissée et Akira referma son livre. Ses yeux le piquaient trop pour continuer.

Hikaru se retourna vers lui et se décida finalement à lui parler :

« Qu'est-ce que tu lis ? »

« Rien. » répondit Akira, boudant encore.

« Tu es toujours fâch ? »

« Pourquoi tu te soucies de ça puisque je suis insupportable ? »

« Ce n'est pas ce que je voulais dire… Excuse-moi. Mais c'est vrai que par moment, tu es un peu dur à supporter. Mais c'est comme pour Oka et Shouji ! » continua Hikaru en souriant « Si nous sommes rivaux dans le go, c'est normal que nous soyons ennemis dans la vie…. »

« Ennemis… ? » répéta Akira, les yeux dans le vague.

Il resta songeur plusieurs minutes et Hikaru le regarda, se demandant pourquoi ses propos avaient semblé laisser si perplexe le jeune garçon aux cheveux bruns.

Il le dévisagea sans rien dire, trouvant étrange mais agréable ce moment où il pouvait rester près d'Akira, le contempler presque à son insu. Le jeune homme brun ne semblait plus prêter attention à lui. Hikaru admira les yeux verts fixés sur quelque chose d'invisible et les longues mèches sombres qui retombaient masquant partiellement des joues à la peau si lisse.

Cela faisait si longtemps qu'il le poursuivait, le voyant toujours de loin, toujours brièvement… Il n'avait peut-être jamais eu l'occasion de se trouver à ses côtés dans le calme.

Akira tourna son visage vers lui et les grands yeux verts lui parurent tristes. Hikaru s'en étonna et sentit comme une douleur dans sa poitrine.

« Tu me détestes toi aussi ? » demanda Akira avec douceur, le regardant dans les yeux.

« Hein ? »

« Tu as dit que nous étions rivaux, que nous ne pouvions nous apprécier. Tu me détestes vraiment ? »

Hikaru le fixa étonné. Il avait davantage dit cela parce qu'il pensait que c'était ce qu'Akira songeait mais il n'y avait pas réellement réfléchi. Cela attristait donc le jeune Toya qu'il le déteste ? Il aurait plutôt cru qu'il s'en moquerait. Il le reconnaissait donc comme son rival, comme quelqu'un de spécial ? Il s'en sentait heureux.

« Non, je ne te déteste pas du tout. Enfin, pas vraiment… » se reprit-il.

Il ne voulait pas non plus dire combien tout ce qu'Akira faisait comptait pour lui depuis qu'il l'avait rencontré, qu'il se sentait avec lui à chaque match auquel le jeune garçon brun participait, qu'il le suivrait pas à pas aussi loin qu'Akira pourrait le mener.

Akira sourit à cette remarque.

« Et toi ? Tu me détestes ? » ne put s'empêcher de demander Hikaru en retour, se remémorant comme Akira Toya semblait désapprouver presque chacune de ses conduites.

« Pas vraiment… » dit aussi Akira, regardant soudain ailleurs comme si cette réponse n'avait pas tellement d'importance et que le sujet l'ennuyait à présent.

Hikaru serra les dents.

« Il est terrible ! » pensa-t-il « Une fois rassuré sur ce qu'il est pour moi, il m'ignore comme si je n'étais rien ! »

Plusieurs minutes se passèrent sans que l'un d'entre eux ne disent un mot.

Kosemura téléphonait toujours, Kurata continuait à ronfler et Shinoda après avoir sermonné Fuku sur son manque de vigilance avait regagné sa place. Komiya s'était endormi lui aussi, se recroquevillant sur lui-même. La salle d'attente se faisait de plus en plus silencieuse.

« Je suis fatigu » soupira Akira, se frottant les yeux.

« Tu n'as qu'à dormir ! » lui fit remarquer Hikaru.

Les yeux verts balayèrent l'espace tout autour d'eux, remarquant qu'il devrait soit s'allonger sur le sol soit se résoudre à s'assoupir assis.

Le jeune garçon aux mèches décolorées fit la même constatation au même moment.

« Tu peux poser ta tête sur mes genoux si tu veux, ça sera plus facile pour te reposer… » proposa-t-il gentiment.

Akira ouvrit de grands yeux à la façon d'un chat pris dans les phares d'une voiture et Hikaru regretta immédiatement sa proposition. Mais le jeune brun accepta finalement après quelques secondes de réflexions.

« Merci, c'est gentil. Et toi, tu ne vas pas dormir ? »

« Non, moi ça va ! J'ai pas tellement sommeil ! »

Akira eut un léger sourire et avec précaution, s'allongea à moitié sur le coin du banc qu'il lui restait pour poser sa tête sur les cuisses du jeune garçon.

Il se sentait tout à coup beaucoup moins endormi qu'un instant auparavant, son cœur battant à toute vitesse. Il lui fallut quelques minutes pour s'habituer à la chaleur de son nouvel oreiller et se détendre totalement mais le sommeil le gagna à nouveau et il ferma les yeux.

Hikaru sourit en entendant la respiration du jeune garçon devenir plus régulière et il regarda avec tendresse les mèches sombres qui s'étalaient sur son jean.

Elles paraissaient si soyeuses ! Cela faisait des années qu'il avait envie de les toucher et elles se trouvaient si près… Il ne résista pas et du bout des doigts pour ne pas réveiller Akira si celui-ci s'était déjà endormi, il caressa les cheveux de l'adolescent.

Akira avait l'impression de tomber, de s'enliser dans quelque chose de moelleux. Les bruits de la salle d'attente lui parvenaient atténués et il avait de plus en plus de mal à faire la différence entre ce qui était réel et ce qui venait de son rêve. La main d'Hikaru caressant avec douceur ses cheveux… pouvait-il ressentir cette chaleur, ses frissons agréables si ce n'était qu'un rêve ?

Il se sentait en tout cas heureux, apaisé.

Un bruit soudain le tira un peu de son sommeil. Doucement, il glissa sa main dans celle, embarrassée, que le jeune garçon aux mèches décolorées avait posée sur son genou et la serra.

Hikaru le regarda faire, le cœur léger en constatant que le jeune garçon, dans son sommeil, avait un léger sourire.

Ogata baissa les yeux vers le planning des matchs que le réceptionniste de l'Institut de go venait de lui remettre. Son emploi du temps n'allait pas être très chargé dans les semaines à venir. Il fit semblant de s'y intéresser dans le détail afin de regarder quels allaient être les adversaires d'Isumi sans que cela paraisse suspect.

« L'agenda sera expédié demain. Vous devriez le recevoir dans quelques jours. » l'avertit le toujours mignon réceptionniste.

« Merci. » répondit l'homme, ôtant ses lunettes pour les essuyer sur un des pans de sa veste. « Bonne soirée. A mardi prochain ! »

Le réceptionniste sourit :

« Je suis également invité à la soirée de demain soir. Nous nous y croiserons sûrement ! »

Ogata se figea une demi-seconde. Il avait complètement oublié cette soirée ! Ces derniers temps, il avait eu d'autres préoccupations, il est vrai…

Un grand industriel, Mr Yamamoto, envisageait de créer un nouveau tournoi dont son entreprise serait le sponsor. Il avait contacté l'Institut de go puis Toya-sensei qui allait en devenir le parain. La plupart des joueurs de go étaient conviés à ce gala où les dates, le montant plutôt attractif des gains et tout un tas d'autres choses leur seraient présentés.

Isumi devrait certainement s'y rendre également.

Il tritura nerveusement les clés de sa voiture dans sa poche.

Il ne pouvait pas s'y montrer en compagnie d'Isumi. Et même s'il convenait à l'avance avec le garçon de feindre de ne pas se connaître, il savait qu'inévitablement, ils échangeraient des regards… Or, Mashiba veillait toujours, guettant la moindre de leurs réactions…

Toya-sensei serait furieux contre lui s'il ne s'y rendait pas. Il ne voyait pas comment se défiler.

Il inspira une grande bouffée de l'air du dehors, se rendant compte qu'il n'avait plus que quelques heures pour trouver une solution ou pour briefer longuement Isumi sur l'attitude à avoir.

« Et ça, ce sont les matchs du lendemain ? Irufhan et Toya ? » demanda Amano en remettant ses lunettes sur son nez et jetant un œil à la nouvelle photo.

« Oui. Deux victoires à une ! » répondit Kosemura « Si seulement on pouvait avoir les mêmes résultats lors de la prochaine coupe Hokuto ! Battre la Corée, ce serait incroyable ! »

« Tiens ? Et cella-l ? Tu l'as prise quand ? » interrogea le journaliste, désignant un nouveau cliché.

« Ah ! celle-ci ? A l'aéroport ! Je n'ai pas pu résister. Elle est amusante, non ? Les deux rivaux qui ne se disputent plus… »

« Oui, ils font si jeunes…. C'est plutôt mignon et c'est original. Et si on la mettait en couleur sur une page entière ? »

« Shindo est encore absent !?! » gronda Morishita en recomptant ses ouailles.

Les sessions d'études du mardi était un moment quasiment sacré et il n'appréciait pas qu'on manque à moins d'avoir 40 de fièvre ou les deux jambes dans le plâtre.

« Il doit être encore fatigué par son voyage en Corée ! » l'excusa Waya.

« Ah oui, c'est vrai, ce voyage…. J'avais oubli ! Peu importe…. C'est surtout  Saeki que je voulais voir ce soir ! Saeki !»

Le jeune homme sursauta en entendant son nom et rentra la tête dans les épaules, se crispant en attendant que la tempête ne fonde sur lui.

« Oui… ? » demanda-t-il presque timidement.

« Tu as perdu ton dernier match ! Il faut absolument que tu gagnes le suivant pour remporter ton cinquième dan ! »

« Oui. »

Morishita le pointa de l'index.

« Ashiwara du groupe Toya sera dans le même cas que toi alors plus d'erreur comme la dernière fois ! Joue sans te presser ! »

« Oui. » promit à nouveau le jeune homme aux cheveux blond cendré.

« Bien. Maintenant je voudrais savoir qui d'entre vous compte se rendre à cette mascarade de demain soir ? »

« Euh… » fit Waya qui avait dit à Isumi au téléphone un peu plus tôt qu'il y serait mais se rendait compte à présent que son professeur n'allait pas apprécier.

« Je n'irai pas assister à ça ! » trancha le Maître « Voir Koyo Toya toujours très imbu de lui-même jouer les bons samaritains, très peu pour moi ! Je croyais d'ailleurs qu'il s'était retiré du monde professionnel, celui-l ! Faudrait savoir ! »

« Je n'irais pas non plus, Maître. » l'apaisa Saeki.

« Moi non plus. » décida Shirakawa.

« Dans ce cas…. » dit Waya en baissant la tête. « Isumi va être déçu… Il risque de se retrouver tout seul…. »

Encore un grand merci pour vos reviews !

Mimi, tous les personnages employés appartiennent à Hikaru no go (Yashiro, Yongha, Suyon, les coréens, le journaliste…. et même les insei) même si parfois ce ne sont que des personnages très secondaires.