L'endroit était plutôt sordide. Beaucoup trop enfumé et malsain pour qu'il veuille l'y emmener mais Isumi avait insisté pour qu'il lui montre les lieux où il se rendait habituellement le soir.
A leur arrivée dans le bar, tous les regards avaient convergé vers le jeune garçon. D'autres clients, le trouvant eux aussi visiblement à leur goût l'avaient sifflé et Isumi, décontenancé de se voir traiter comme s'il était une jolie fille s'était senti rougir.
Ils ne devaient pas être habitués à voir un si jeune et si mignon garçon… Il se sentait assez fier de se montrer avec lui. Il passa son bras autour de la taille du jeune homme pour le rassurer et surtout pour bien montrer aux autres qu'il lui appartenait.
Ils s'assirent côte à côte à une table isolée et Ogata commanda pour eux avant d'entreprendre de l'embrasser longuement et langoureusement.
« Je t'invite à boire quelque chose, fillette ? » demanda au bout de quelques temps un grand homme blond, s'accoudant à leur table en s'adressant à Isumi, nullement découragé par la présence d'Ogata.
« Non-merci. » déclina Isumi visiblement très mal à l'aise.
« Je te rappelle que c'est toi qui as voulu venir… » lui remémora Ogata, ironique.
« Je voulais voir… » expliqua Isumi.
« Et ? »
« Ca ne me plait pas du tout. »
« Tu ne trouves personne à ton goût ? Pourtant ce ne sont pas les propositions qui manquent… »
« Ce n'est pas drôle ! Je ne suis pas une fille ! Ca me fait bizarre de me faire draguer par des mecs. Partons ! »
« Comme tu veux ! » répondit Ogata, se levant. « Je connais un endroit que tu aimeras sûrement davantage. Mais là, nous devrons être discrets… »
« Oui… »
L'homme sortit un billet pour régler leurs consommations et prit à nouveau Isumi par le bras pour l'amener vers la sortie, essayant d'éviter qu'il ne se fasse aborder par quelqu'un d'autre.
Isumi plaisait. Cela flattait plutôt son ego d'autant que le jeune homme ne semblait pas du tout réceptif aux avances des autres. Mais une nouvelle inquiétude commençait à grandir en lui : hormis lui, le petit ne semblait pas attiré par la gente masculine plus que ça… Mais les femmes ? Isumi aimait-il les femmes ?
Sa leçon avait été éreintante ! Certains clients avaient décidément la tête dure ! Et même la partie finie, il avait dû rester près d'une demi-heure à donner d'autres explications. Bilan des courses : un énorme mal de crâne, le dernier bus raté et la perspective d'un frigo vide qui l'attendait chez lui malgré son estomac qui criait famine.
Il se mit en quête d'un combini mais le quartier dans lequel il se trouvait semblait plutôt réservé aux discothèques et bars en tout genre.
Waya soupira profondément, rentrant le ventre pour réprimer les grondements de protestation de son estomac.
Alors qu'il tournait la tête de gauche à droite pour essayer de s'orienter, il reconnut un blouson qui lui semblait familier sur le trottoir en face. Il plissa les yeux. La longue silhouette se déplaça jusqu'à s'arrêter sous un lampadaire et Waya se mit à crier en agitant la main pour attirer son attention.
« Isumi ! Isumi ! »
Mais son ami ne semblant pas l'entendre en raison du bruit de la circulation ne tourna même pas la tête vers lui.
Waya courut jusqu'au passage piéton où il dut patienter.
Que faisait Isumi dans un endroit pareil à une heure aussi tardive et seul, en plus ? Avait-il lui aussi une leçon dans le coin ? Bizarre… Il n'avait même pas l'air press
Et soudain, Waya aperçut un autre visage familier parmi les badauds.
Ogata-sensei !
Dans une tenue plus décontractée que son habituel costume. Etait-ce une coïncidence que lui aussi se trouve ici ? Où y'avait-il quelque chose de spécial dans le quartier ? Les deux hommes s'étaient-ils rencontrés par hasard ? Ogata l'avait-il reconnut ? Ou alors connaissait-il Isumi ? Il ne fréquentait pas le club des neuf étoiles… A ce qu'il en savait, Ogata avait toujours était l'élève du Meijin et n'avait suivi que son instruction…
Waya le suivit du regard et l'homme avança droit vers Isumi.
« Tiens ? Il daigne lui parler ? » constata-t-il tout haut.
Mais maintenant qu'il y réfléchissait, il se rappelait bien avoir vu Ogata sortir de chez Isumi, un jour, il y avait plusieurs mois de ça… Ils devaient donc se connaître par un moyen ou un autre… Etrange qu'Isumi n'ait jamais mentionné cela…
Ogata se pencha sur Isumi, coupant court à ses réflexions et il crut un instant que l'attrapant par la nuque, il lui voulait du mal mais l'homme attira le jeune homme à lui et à la plus grande stupéfaction de Waya…
« Merde alors ! Il l'embrasse ! »
Le jeune homme aux cheveux hirsutes en oublia de traverser la rue, restant cloué sur place par le spectacle.
« Argh ! Beurk ! Avec la langue en plus ! Eh mais il est taré ce mec !»
Et le pire de tout était que son ami se laissait faire… ! Il ne lui balançait même pas la claque que l'homme méritait et que lui, Waya, n'aurait pas hésité à lui mettre s'il avait été confronté à une telle situation.
Le baiser cessa rapidement et les deux hommes reprirent leur chemin comme si de rien n'était. Isumi n'avait l'air ni fâché ni embarrassé, comme si ce qui venait de se passer était le plus naturel du monde.
Pas mécontent finalement qu'ils ne l'aient aperçu, Waya renonça à traverser, ne se sentant plus le courage d'aller aborder Isumi.
Les jambes coupées par l'émotion et la crise d'hypoglycémie le guettant, il avisa un banc sur lequel il se laissa tomber, se prenant la tête entre les mains.
« Isumi avec Ogata…. » murmura-t-il en secouant la tête, incrédule « Non, j'ai dû avoir une hallucination ! Isumi avec Ogata… Isumi avec Ogata…. »
Il aurait dû lui parler de ses choses-là il y a bien longtemps, déjà…. Peut-être avait-il pensé qu'il pourrait y échapper ? Il était plutôt pudique, cela le gênait horriblement mais c'était sûrement un tort. Son fils était grand à présent. Il n'avait pas pris ses responsabilités de père et Akira était visiblement allé s'informer auprès de personnes moins embarrassées par ces considérations mais pas forcément de bon conseil…
Il avait réfléchi à la façon d'aborder le sujet et avait renoncé à la métaphore de l'abeille et la fleur qu'on lui avait servie dans sa jeunesse, trouvant cela trop naïf au stade où en étaient les choses. Il était cependant très mal à l'aise d'aborder ces sujets directement.
« Entre. Assieds-toi. » ordonna-t-il, le recevant très solennellement en tête-à-tête dans leur salon.
Akira, docile comme toujours, s'exécuta en baissant les yeux.
« Akira, j'ai parlé avec Ogata-kun au sujet de… de ce qu'il t'a donné. » finit-il très vite.
Le Meijin sentit bien malgré lui le rouge lui monter aux joues, n'arrivant même pas à prononcer tout haut le mot.
« Ce n'est pas forcément une mauvaise chose qu'il t'ait donné cela, mais avant tu dois savoir qu'il y a certaines règles à respecter quand on tombe amoureux d'une femme. »
Akira releva les yeux, l'interrompant timidement.
« Et d'un garçon ? »
« Un homme tombe toujours amoureux d'une femme.» affirma Koyo Toya, un peu agacé, n'ayant pas envie d'évoquer tous les cas possibles des relations amoureuses.
« Mais… Et Ogata-san ? » objecta Akira, naïvement.
« Bon… Ou d'un autre homme, comme Ogata-kun. » concéda le Meijin. « Mais ce n'est pas un exemple à suivre ! »
Akira ouvrit de grands yeux innocents.
« Pourquoi ? »
Koyo Toya eut un geste d'énervement, ne souhaitant pas s'éterniser sur la sexualité particulière de son élève.
« De toute façon, ça ne t'intéresse pas, tu aimes la compagnie des filles, n'est-ce pas ? » demanda-t-il en élevant le ton.
« Euh…. »
« J'imagine que si Ogata-kun t'a donné ce genre de choses, c'est parce que tu as une petite amie ? »
Akira baissa la tête, ne répondant pas. Son père ne semblait pas prêt à entendre pour Hikaru et lui et il s'en sentait triste. Il n'avait pas pensé que cela poserait tellement problème avant l'épisode chez Hikaru. En fait, il n'y avait même jamais trop réfléchi, concentré qu'il était sur sa relation.
« Tu as quelqu'un en vue, n'est-ce pas ? » répéta l'homme.
« Oui… » avoua l'adolescent avec une petite voix.
« Qui ? »
Akira resta muet, la tête baissée. Son père le rappela à l'ordre comme il ne répondait pas.
« Akira ! Qui ?! » insista-t-il, exigeant une réponse.
« …Hikaru Shindo… » souffla le garçon de façon presque inaudible après plusieurs secondes, ne pouvant s'opposer à la volonté de son père.
L'homme se leva d'un seul coup, le dominant de toute sa hauteur, le foudroyant du regard et Akira, qui était resté à genoux, cru que pour la première fois de sa vie, son père, visiblement dans une grande colère, allait lever la main sur lui. Mais l'homme ne fit rien et se dirigea vers la sortie.
« C'est Ogata qui t'a mis des idées comme ça dans la tête ? » demanda-t-il, sèchement.
Il n'attendit pas la réponse et la porte claqua derrière lui, laissant Akira dans un désarroi total.
Le jeune garçon sentit une boule douloureuse se former dans sa gorge et quelque chose de chaud et d'humide glissa rapidement sur sa joue. Une larme ! Il l'essuya sur sa manche mais bientôt d'autres suivirent, mouillant abondamment son visage sans qu'il puisse les retenir.
Il avait déçu son père ! Pourtant, il n'avait fait que poursuivre la voie qui lui était tracée et en travers de laquelle Hikaru Shindo s'était dressé bien malgré lui….
Que devait-il faire maintenant ? Comment se racheter aux yeux de son père ? Que dire à Hikaru ?
Il se sentait complètement perdu et resta assis à pleurer sans trouver la force de gagner sa chambre et de s'y enfermer pour être tranquille.
D'un geste brusque, il repoussa la porte qui vint claquer contre le mur. Son épouse se retourna un peu surprise de le voir agir ainsi, lui qui était d'ordinaire si calme.
« Je vais au jardin un moment. » annonça-t-il. « Akira est consigné chez nous jusqu'à nouvel ordre, jusqu'à ce que j'ai pris une décision le concernant. »
« Hein ? »
Akiko le regarda s'éloigner un peu surprise, n'osant pas lui demander la raison d'une punition si sévère. Akira était toujours si sage… Qu'avait-il pu se produire ?
Elle se dirigea vers le salon d'où semblaient à présent provenir des sanglots tandis que son mari sortait.
Akira ne leva pas même pas la tête lorsque sa mère entra. Restant silencieuse, elle le prit dans ses bras pour le consoler.
« Ne pleure plus… » dit-elle d'une voix douce « Je suis sûre que tout va s'arranger. »
Le jeune garçon se laissa faire et essuya ses larmes. Même si son réconfort était appréciable,
il savait malgré tout qu'elle prendrait toujours le parti de son père…
A qui pouvait-il parler ? Qui pourrait comprendre ce qu'il ressentait ?
Maudit Hikaru Shindo !
Il trouvait ce gamin plutôt amusant jusqu'alors… Imbécile qu'il était ! Il n'avait pas compris qu'il tournait autour de son fils ! Une émulation saine, il pensait ! S'il avait su !
Ce sale petit morveux déluré qui osait poser ses mains sur son fils, son petit Akira, et qui le traitait comme une fille !
Et Akira qui marchait là-dedans… Akira d'ordinaire si combatif, si intelligent, si clairvoyant… qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? Etait-ce la mauvaise influence d'Ogata ?
Il secoua la tête, désabusé. Il avait soudain l'impression de ne plus du tout comprendre ceux qui l'entouraient… Où était-ce lui qui se trompait ?
Saeki tourna le bouton du son de la télévision pour le baisser et retourna s'asseoir sur le canapé, s'y recroquevillant.
Il avait besoin de silence pour réfléchir.
« Mon compagnon, vous savez très bien…. »
Pourquoi est-ce que la conversation que lui et Kurata avaient surprise l'avant-veille lui revenait sans arrêt à l'esprit ? Après tout, Ogata ne faisait pas partie de ses amis, loin de là, et il aurait dû se moquer éperdument de sa vie sexuelle. Mais c'était la réflexion qu'avait eue Kurata ensuite qui le faisait cogiter.
« Il est peut-être avec un autre joueur… »
Immédiatement il avait pensé à lui…
Ashiwara !
Ogata et lui faisaient partie du même groupe d'études. Ils étaient même assez proches. Ils aimaient tous les deux les hommes… Le rapprochement qu'avait fait son cerveau était d'une logique implacable : Si Ogata était avec quelqu'un du monde du go, c'était très sûrement avec Ashiwara.
Son ami s'était-il consolé de son refus avec le détenteur du titre de Gosei ?
A cette pensée, en les imaginant ensemble, il ne put s'empêcher de serrer le poing et de se sentir en colère.
Il avait dit non à Ashiwara et il ne s'attendait ni ne souhaitait que le jeune homme passe sa vie à pleurer sur ce rejet mais tout de même ! Se faire remplacer par Ogata… Par cet homme froid, austère, orgueilleux… Même physiquement, il se trouvait quand même bien mieux !
Il secoua la tête, rejetant les images qu'il venait de créer mentalement d'Ogata embrassant Ashiwara.
Non ! C'était inconcevable ! Il avait dû mal entendre ! Il n'imaginait pas du tout l'homme avec quelqu'un d'autre.
Ashiwara aurait fait preuve de manque de goût en se mettant avec lui…
Mais s'ils étaient ensemble, est-ce qu'Ashiwara pensait toujours à lui ? Etait-il avec son collègue par dépit ou était-il tombé amoureux ?
Saeki soupira, se levant pour remettre le son de la télévision. Il valait mieux qu'il se concentre sur l'émission qui passait. A force de ressasser, il commençait à devenir jaloux.
« Toya is not here ? Why? » demanda Yongha à Yashiro en guise de salut.
« Qu'est-ce que j'en sais ? Il avait sûrement mieux à faire ! » répliqua le jeune homme aux cheveux hirsutes, haussant les épaules.
Il ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à Hikaru qui semblait lui aussi préoccupé par l'absence de son rival préféré.
« No matter… » continua avec un grand sourire le Coréen qui semblait à présent comprendre ce que disait Yashiro sans avoir besoin d'une traduction. « You are here ! »
Yashiro eut un gros soupir et s'éloigna de lui, faisant mine de s'intéresser au tableau devant lequel le petit groupe s'était arrêté. Il prêta une oreille distraite aux explications du guide, son anglais étant de toute façon trop limité pour qu'il puisse saisir tout l'intérêt de cette œuvre étrange avec des explications dans cette langue.
Il garda un œil sur le Coréen qui se rapprochait encore imperceptiblement de lui.
« Do you like Museum ? » demanda le jeune homme roux.
Yashiro put répondre spontanément.
« Not at all… »
«Come on! »
L'attrapant par le poignet, le jeune homme aux cheveux cuivrés l'entraîna à part alors que le petit groupe passait dans une salle adjacente.
« Eh ! Qu'est-ce tu fous ? » demanda Yashiro, se rebellant. « On va les perdre ! »
« I prefer coming back and play ! »
Le Japonais fit mine de réfléchir quelques secondes. Il convenait que la visite de cette galerie d'art moderne était pour lui ennuyeuse au possible. Il n'aurait pas été mécontent d'y échapper mais qui pouvait savoir ce que ce tordu de Yongha allait encore inventer ?
Sa mésaventure lors de leur dernière entrevue lui était sûrement restée en mémoire et lui avait certainement servi de leçon. Et Yashiro commençait finalement à trouver amusant d'être en sa compagnie. Il se décida donc à l'imiter pour fausser compagnie au petit groupe, rasant le mur pour gagner l'issue de secours.
Yongha poussa la porte sans hésiter et ils se mirent à courir dans le couloir pour ne pas être repérés.
Ils s'arrêtèrent un peu plus loin, essoufflés et se mirent à rire du bon tour qu'ils venaient de jouer à Maître Shinoda.
« Do you have a goban in your room ? » demanda Yongha, redevenant sérieux.
« Yes! »
« Let's go ! »
D'un pas rapide, Yongha prit la direction de l'hôtel et Yashiro, ouvrit des yeux incrédules en constatant que le Coréen était bien informé pour savoir où il logeait.
La conversation restant difficile entre eux, ils n'échangèrent que quelques mots avant d'arriver à l'hôtel.
Yongha stoppa devant les ascenseurs et Yashiro hésita, voulant lui proposer de prendre plutôt les escaliers mais ne retrouvant pas le mot anglais pour désigner ce chemin vers sa chambre qui lui paraissait beaucoup plus sûr de son point de vue.
L'ascenseur. Espace clos et exigu d'environ 1m50 sur 1m50 où il devrait cohabiter avec ce cinglé durant au moins 45 secondes sans que personne ne puisse lui venir en aide même s'il se mettait à hurler…
Mais il aimait le risque et il suivit le jeune coréen à l'intérieur de la cabine lorsque celle-ci stoppa et s'ouvrit devant eux.
Comme il le redoutait, le Coréen qui avait décidément de la suite dans les idées passa à l'action dès que les portes furent refermées, glissant une main dans ses cheveux tout en lui souriant. Yashiro le repoussa sans ménagement.
« T'es un peu borné toi comme gars ! Quand t'as quelque chose dans la tête… »
Ils sortirent de l'ascenseur et se dirigèrent vers la porte de la chambre qu'occupait le Japonais.
« You really love boys ? » ne put-il s'empêcher de demander.
Si c'était un jeu, cela devenait réellement ridicule….
«Gorgeous girls or boys…» répondit le Coréen, nullement embarrassé. « And you ? »
« Only girls ! » affirma Yashiro.
Le Coréen lui répondit par un petit rire qui semblait signifier qu'il n'en croyait rien et pour confirmer ce qu'il pensait, il saisit le Japonais par le menton et posa brièvement ses lèvres sur les siennes.
« You don't like this ? »
Yashiro ne répondit pas, cherchant son passe dans sa poche et ouvrant la porte. Yongha, toujours très à l'aise, le suivit à l'intérieur.
« You have never doing this even with a girl, haven't you? »
Yashiro grinça des dents en guise de réponse devant le sourire moqueur de son vis-à-vis.
Il avait vu juste ! Il ne savait pas s'il préférait les filles ou pas vu qu'il n'avait jamais essayé. Il ne s'était jamais posé la question, à vrai dire. Il lui paraissait à première vue logique qu'il aime les filles et il ne se sentait pas spécialement attiré par les hommes.
« You don't want to try ? » demanda le Coréen avec un sourire séducteur.
Spontanément, le Japonais avait envie de répondre 'non'. De surcroît, cela ne lui aurait pas déplu d'envoyer bouler ce trop sûr de lui Yongha. Mais à bien y réfléchir… la proposition méritait d'être étudiée.
A dire vrai, il était assez curieux à l'idée de vivre sa première expérience sexuelle. Si une fille lui avait tenu les même propos, pour peu qu'elle ne soit pas trop repoussante, il aurait accepté sans se poser autant de question. Il devait reconnaître que Yongha était plutôt pas mal dans son genre plus masculin. L'idée de le toucher ne le dégoûtait pas. En fait, il ressemblait un peu à une fille : des traits fins, des longs cils mais avec un corps aux formes plus familières pour Yashiro.
Mais il se doutait aussi que le Coréen ne manquerait pas de le railler s'il s'y prenait mal…
Et puis non. S'il faisait ça, il aura tout un tas de problème et c'était tout de même un mec lui aussi !
« No. » répondit-il, décidé.
« Ok ! Good child ! » répondit Yongha, nullement vexé par son refus, ébouriffant ses cheveux gris comme un adulte aurait fait à un enfant. « You're just a kid. Excuse-me. »
Yashiro s'énerva et explosa à cette nouvelle moquerie.
« Ok ! Enfoir ! Amène-toi ! Je vais te montrer ! »
Se jetant sur le Coréen, il le plaqua sur le lit sur lequel ils s'étaient assis côte à côte. Il tira sur la chemise du jeune homme roux qui s'ouvrit sous la pression, dénudant le haut de son corps et une épaule.
Yongha se mit à rire, se moquant visiblement de lui qui cédait à la provocation, finissant par faire ce qu'il attendait de lui. Yashiro toujours en colère hésita à le frapper mais colla finalement ses lèvres aux siennes pour le faire taire.
Tandis que le Coréen lui rendait son baiser, il sentit que ses mains se glissaient sous son T-Shirt, se posant sur sa taille puis remontant le long de ses côtes. Il frissonna à ce tiède contact, trouvant cela agréable et renonçant définitivement à vouloir le frapper.
Yongha, son éternel sourire ironique sur les lèvres, se sépara de lui. Le regardant dans les yeux, il dégrafa les dernières attaches de sa chemise et la fit glisser élégamment sur ses épaules puis le long de son dos, dévoilant une peau lisse, claire, uniforme, parfaite. Conscient de sa beauté il plissa les yeux de plaisir en voyant le japonais déglutir plus difficilement à ce spectacle.
La nudité du Coréen le troublait et il se sentait réellement excité pour la première fois. Il ôta lui-même son T-shirt sans se soucier en revanche d'user du même stratagème que le jeune homme roux et de faire un strip tease sensuel. Il le lança au hasard dans la pièce.
Sa peau à la couleur de pèche lui semblait appétissante et il hésitait presque à présent à oser le toucher alors qu'il en avait profondément envie. Mais le Coréen se tenait droit, offert, semblant attendre ses attentions.
Timidement, Yashiro posa sa main sur sa poitrine, la laissant glisser sur le torse imberbe, constatant à quel point sa peau était douce. Le jeune homme roux lui saisit le poignet et guida sa caresse, amenant ses doigts jusqu'à son ventre.
Il sentait l'abdomen du garçon se gonfler puis désenfler au rythme de sa respiration de plus en plus rapide.
Il se colla à lui pour la première fois, sentant la caresse de sa peau délicate contre la sienne lorsque leurs poitrines se frôlèrent. Il bougea légèrement, prolongeant la caresse.
Yongha, plus expérimenté et donc moins inhibé, voulut accélérer les choses et déboutonnant le pantalon du japonais, le fit glisser sur ses hanches ainsi que son caleçon. Il baissa les yeux pour vérifier que le jeune homme le désirait bien et satisfait, il se déshabilla lui-même, savourant ce moment où ce regard enflammé était posé sur son corps.
« Come on ! »
Il attira le jeune japonais à lui et prit sa main dans la sienne, la guidant vers son entrejambe en même temps qu'il posait sa main libre sur la virilité du jeune homme.
Yashiro se laissa faire avec un peu d'appréhension mais lorsqu'il sentit la main chaude entourer son membre et commencer à le caresser, il se décida à lui rendre le change.
Yongha se pencha sur lui, embrassant son cou tout en accélérant le mouvement et sans plus réfléchir à ce qu'il faisait, le japonais enfouit son visage dans les cheveux flamboyants à la couleur si attirante pour le regard, les respirant puis les prenant dans sa bouche pour les mordiller comme il avait l'impression de perdre la tête.
Yongha haletait. Dans le silence de la chambre, ils n'entendait plus que leurs souffles de plus en plus courts et les gémissements qu'ils tentaient de réprimer.
Le Coréen le lâcha tout à coup et le repoussant, l'allongea sur le lit. Il plaça ses mains sur ses genoux, tentant de lui faire écarter les jambes pour se placer entre elle.
« Oh ! No ! No ! » s'opposa Yashiro, comprenant ce qu'il voulait faire.
Il rampa sur le dos pour se dégager mais revint vers son partenaire, son désir exacerbé par le sentiment de manque provoqué par l'absence de sa peau contre la sienne.
Yongha, un peu surpris par son refus, reprit ses caresses, insistant sur ses reins. Il tenta de manœuvrer autrement, ses mains descendant sur ses fesses puis tentant de s'immiscer entre ses cuisses.
« No ! » l'arrêta à nouveau Yashiro.
Il renversa le Coréen sur le lit et se plaça sur lui.
« You ! » annonça-t-il.
Yongha eut un regard mécontent, il l'enlaça et tenta de renverser la situation pour se placer sur lui mais le Japonais lui échappa à nouveau.
La boule de chaleur dans son bas ventre semblait enfler douloureusement et il devina qu'il ne supporterait pas cette petite lutte pour la domination bien longtemps. Il se redressa sur le lit.
« Ok ! Nigiri ! » proposa-t-il, un peu agacé.
Yashiro n'eut aucun mal à comprendre et saisit une poignée de pierres blanches. Yongha avança deux pierres noires et jura en comptant les pierres blanches.
Le Japonais eut un petit sourire triomphant.
Yongha s'allongea sur le dos et bon perdant, écarta les cuisses. Et tandis que le jeune homme aux cheveux couleur cendre le regardait, il humidifia son index et son majeur, les introduisant dans son intimité avec un gémissement pour se préparer lui-même.
« Hurry up ! » exigea-t-il, lui faisait signe de s'approcher.
Yashiro, encore plus excité par ce spectacle ne se fit pas prier et se plaça au-dessus de lui. La main du jeune homme roux se saisit de son membre et le guida jusqu'à son orifice.
Son cœur battait fort dans sa poitrine, tout son corps semblait être en feu et celui du Coréen si chaud lui aussi lui semblait magnifique. D'un coup de rein, il fut en lui, le faisant crier.
Au lieu de l'apaiser, la chaleur qui entourait son membre l'enflamma davantage. D'instinct, il ondula des hanches, allant et venant en lui. L'expression de souffrance sur le visage du Coréen disparut, laissant place à une expression de plaisir. Presque aussitôt, le jeune homme aux cheveux cuivrés posa ses mains sur ses fesses l'attirant à lui, le forçant à venir plus profondément en lui, décidant du rythme.
Leurs gémissements semblaient résonner dans ces murs.
Il sourit tout à coup, se souvenant la raison pour laquelle, la veille, il avait eu du mal à s'endormir. Un couple s'ébattait bruyamment dans la chambre à côté, ne lui épargnant ni cris de plaisir, ni grincements de sommier. Il s'était demandé quand lui-même connaîtrait ce genre de sensation et avait calculé rapidement que le temps de rencontrer une fille de son âge, de faire connaissance et de lui faire la cour, ça lui prendrait bien encore plusieurs années….
Sûrement que ce qu'il avait pensé à ce moment là n'était pas sans rapport à ce qu'il se passait en ce moment. Il avait eu envie de connaître les plaisirs sexuels et le lendemain, ça lui arrivait… Peut-être était-ce pour cela qu'il s'était enfui avec Yongha… Une partie de son esprit se doutait certainement où cela allait le conduire….
Il avait des pensées étranges, complètement en décalage avec ce qu'il vivait tandis qu'il s'activait entre les cuisses du jeune homme.
Il avait de plus en plus chaud et son corps devenait luisant de sueur, lui permettant de glisser sur le corps du jeune homme roux dans un rythme de plus en plus rapide. Il avait l'impression que l'orgasme était maintenant imminent.
Les doigts du Coréen se refermèrent sur ses mèches courtes et hirsutes, tirant presque ses cheveux. Il gémit plus longuement, se contractant autour de son membre. Yashiro sentit une vague de plaisir plus intense le secouer entièrement, le soulageant. Tous ses muscles se détendirent et comme Yongha lâchait ses cheveux, il se laissa retomber sur lui, satisfait, souriant béatement.
Il se tourna vers son partenaire qui souriait lui aussi. Ils échangèrent des regards rieurs.
Il était encore tout essoufflé mais déjà le Coréen se relevait, attrapant un mouchoir en papier et s'essuyant avec. Il passa rapidement son sous-vêtement puis son pantalon et sa chemise.
« Not too bad for a first time ! » dit-il en se dirigeant vers la porte et lui envoyant un baiser du bout des doigts.
La porte claqua derrière lui et Yashiro, se demandant comment il pouvait déjà être remis d'une expérience aussi intense se retourna dans son lit, décidé à dormir.
Il se sentait malgré tout un peu déçu par l'issue, par le départ si rapide du Coréen. Il aurait espéré…. Non pas vivre une histoire d'amour mais un peu plus de considération. Après tout le mal qu'il s'était donné pour l'avoir… Justement ! S'il avait voulu le garder, il aurait fallu qu'il le fasse encore courir.
Même s'il y avait pris beaucoup de plaisir, il avait l'impression qu'on s'était bien servi de lui.
«Encore heureux que je n'étais pas dessous ! J'aurai doublement eu l'impression de me faire enc ! »
Une tornade brune s'engouffra dans son appartement lorsqu'il ouvrit la porte et il crut un instant qu'il s'agissait de Tamiko qui, malgré ses consignes claires de ne plus mettre les pieds chez lui, venait trouver son frère pour lui demander 2 deux yens, les clés de son studio, un chewing gum ou encore un chargeur pour son portable. Mais il se rendit vite compte que la tornade en question était plus grande, avec les cheveux plus longs et ne tarda pas à lever vers lui des yeux désespérés et rougis par les larmes.
« Ogata-san ! »
« Akira ? Qu'est-ce qui t'arrive ? » demanda-t-il, étonné de trouver le fils du Meijin dans un tel état.
« Mon père est furieux contre moi depuis qu'il est au courant pour Hikaru et moi !
Isumi, qui avait entendu la sonnette de la porte d'entrée depuis un moment, jeta un coup d'œil discret dans la pièce principale, se demandant s'il devait se montrer. Il reconnut Akira et rassuré, poussa totalement la porte. Le fils du Meijin ne sembla même pas l'apercevoir et s'assit à côté d'Ogata pour lui parler.
Un peu vexé d'être ignoré et mis à l'écart, il s'adossa au mur pour écouter malgré tout la suite de leur conversation.
« Qu'est-ce que je dois faire, Ogata-san ? Je ne dois plus voir Hikaru ? Même si je n'en ai pas envie ? Est-ce que mon père m'aimera à nouveau si je fais ça ? » demanda Akira, se remettant à pleurer.
Ogata sentit son cœur fondre en le voyant ainsi, si vulnérable, si enfant.
« Idiot ! Il t'aime toujours malgré cet épisode ! Allez ne pleure plus ! Ca ne sert à rien !»
Il posa sa main sur l'épaule de l'adolescent qui vint nicher son visage contre sa large poitrine. Il referma ses bras sur lui pour le serrer dans ses bras afin de le réconforter malgré le regard furieux que lui adressait Isumi à l'autre bout de la pièce.
Il se sentait assez flatté, plutôt heureux qu'Akira vienne le trouver lui quand il avait un problème, des secrets à confier. Et il ressentait pour lui une tendresse assez similaire à celle qu'il avait pour son petit Isumi. Et comme Akira avait besoin de lui…
Ce n'était pas du tout son genre de se mêler des affaires des autres, il n'avait aucune envie de se mettre à dos le Meijin mais la détresse d'Akira le touchait.
« J'irai parler à ton père… » promit-il.
