Chapitre 9 : Le secret des Malfoy

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Harry dû répondre à une série d'interrogatoires de Sirius, Fionna et d'Albus pendant les trois jours qui suivirent son retour.

La chaleur bienfaitrice du feu de cheminée de la salle commune réchauffait les pieds glacés d'un Harry frigorifié d'avoir passé trop de temps dans la salle sans feu de l'infirmerie. Il caressait les plumes d'Hedwige en réfléchissant à ce qu'il avait vu durant des jours d'absence. Il avait fini, cette dernière semaine, par regarder les choses et les gens comme un spectateur regarde un film pour lequel il ne se passionne pas.

Il analysait tout avec un détachement qui parfois inquiétait son parrain. Comme si plus rien ne pouvait plus le toucher ou le blesser. C'était ce qu'il pensait profondément. Brusquement, ses amis étaient devenus des enfants, ignorants tout de la peur ou de la mort, ignorant même que le seul fait de se lever le matin était une journée de gagnée sur l'avènement inéluctable du seigneur des ténèbres. Et lui, conscient de cela n'avait pas les armes qui les sauveraient tous.

Sauver son parrain qui luttait âprement contre le même ennemi, sauver Ron, Hermione, Ginny, Drago et les autres qui n'avait pas l'idée de la difficulté du combat qui attendait le jeune garçon, pourquoi devait combattre seul ?

Son balai était, ces derniers temps, son unique ami voler lui permettant d'oublier un instant qu'il avait trop de questions et pas assez de réponses. Pourtant il avait refusé ce match alors que, physiquement, il était apte. Il avait laissé son remplaçant, un deuxième année, faire ce second match pour rester tranquille, loin des autres.

Impuissant face à ces réflexions qu'il ne maîtrisait pas, Harry rageait contre lui-même lorsque le bruit des Gryffondor se fit entendre dans le couloir, face à la grosse dame barrant l'entrée. Il se leva précipitamment, et gravit les marches qui menaient à sa chambre. Surtout il lui fallait éviter les autres, ne pas leur parler, pas encore ! Il n'était pas prêt à replonger dans cette insouciance de l'adolescence.

- Harry ! Ca va ? la voix de Ginny l'arrêta à mi chemin de l'escalier.

- Hum, oui ça va merci. Harry parlait d'une voix atone, froide et sans vie.

Ginny effaça un sourire joyeux en voyant le teint blafard et les traits tirés de son ami lorsqu'il se retourna.

- Harry, je voulais… commença Ginny. Elle soupira puis se décida à dire ce qu'elle avait sur le cœur à Harry.

- Harry, tu nous évites depuis que tu t'es réveillé. Je le sais. Tu nous as interdit ton lit à l'infirmerie pendant les trois jours où tu y es resté après ton réveil. Depuis tu suis les cours de loin et tu ne parles à personne, vas-tu me dire ce qui ne va pas ? Ginny s'emportait, ses yeux brillaient autant de colère que d'inquiétude.

- Mais, tout va bien. Et non je ne vous évite pas ! Harry se rendit compte de la brusquerie de sa réponse trop tard, il avait quasiment hurlé sur Ginny deux marches en dessous de lui.

- Puisque tu le prends comme ça ! dit elle furieuse.

Elle grimpa l'escalier précipitamment et bouscula Harry qui dû s'appuyer au mur pour retrouver son équilibre.

- Ginny, attend ! Cria Harry en emboîtant son pas.

- Ginny je suis… commença t il.

- Désolé. Fini t il devant le claquement brusque de la porte du dortoir des filles.

Furieux il se retourna et entra dans son dortoir en claquant aussi furieusement la porte que la jeune Weasley. Il sortit ses chaussures et tira les rideaux de son lit pour s'isoler encore plus. Il s'allongea sur le dos les mains sous la nuque et ferma les yeux, rêvant à sa mère qui lui manquait aussi violemment que lui manquait son père.

- Monsieur Harry Potter ne devrait pas se fâcher contre mademoiselle Weasley.

Harry cria de surprise et recula puis s'assit.

- Dobby, je t'ai déjà dit de ne pas apparaître comme ça devant moi ! Dit Harry en reprenant son souffle.

- Dobby vous demande pardon Monsieur, mais Dobby a raison Monsieur. Il ne faut pas rendre triste Mademoiselle Weasley. Dit il d'une petite voix fluette.

- Pourquoi es-tu ici ? Lui demanda Harry pour changer de sujet.

- Je devais vous amener à Monsieur mon ancien maître. Monsieur Drago Malfoy veut parler à Harry Potter.

- Comment ? Drago ? Ici ? S'exclama Harry. Où ?

- Chut, Harry Potter doit me suivre… Dit Dobby en faisant un signe du doigt pour inciter le jeune Potter à obtempérer.

Dobby toucha du doigt un des tableaux figurant dans le dortoir. Ils passèrent à travers après que Harry ai pris sa baguette, la carte des maraudeurs et la cape de son père. Après une demi-heure de surveillance intensive de sa carte, grâce à laquelle il constata que les effectifs des Aurors avaient été augmentés de certains étrangers et surtout que bizarrement, ils semblaient éviter les couloirs qu'ils empruntaient il arrivèrent devant la porte de ce qui semblait être un placard à balais ou un débarras.

Dobby donna un parchemin à Harry et quitta précipitamment les lieux sans laisser le temps à Harry de lui demander ce qu'il devait faire. Il regarda une dernière fois sa carte et murmura « méfait accompli ». Ensuite il examina le parchemin que lui avait donné Dobby et murmura la phrase qui y était inscrite. « Je sais reconnaître mes ennemis, salle Donjon, ouvre moi je te prie ». Un déclic se fit entendre et Harry poussa doucement la porte du plat de la main

 Il en entra dans ce qui lui apparut comme un débarras sans lumière mais très bien rangé. Rien ne traînait au sol. Ni contre les murs. Il ferma la porte. La lumière des torches s'alluma au fond d'un petit couloir et Harry s'approcha de la source de lumière. Une unique pièce constituait la cache de Drago. C'était une petite pièce très sobre, carrée, avec un sol très clair ressemblant à une moquette tissée en fibres naturelles. Un bruit très léger d'eau attira son attention vers le coin gauche au fond de la salle où coulait une petit fontaine sur un assemblage compliqué de pierres et de plantes d'eau.

Harry se souvenait avoir vu sa tante regarder un documentaire sur le japon et se dit que la pièce ressemblait beaucoup à ce reportage. Un sac de couchage était posé sur le sol sur sa droite et une tache de couleur rouge vif attira son regard vers Drago. Il était assis en tailleur dans un pyjama rouge qui semblait être en soie. Sur la table basse de taille conséquente, était posés des parchemins et des manuels de cours. Quelques plumes traînaient également avec un flacon d'encre. La table était suffisamment grande pour qu'on y mange à quatre au moins.

- Approche, je ne vais pas te manger, dit Drago d'une voix douce.

- Heu, oui. Pardon. Harry, surpris, avança jusqu'à son interlocuteur et s'assit sur ses talons.

- Alors ? Qu'est ce qui t'a prit tant de temps pour venir ? Demanda Drago en souriant.

- Eh bien, heu. Disons que j'ai été prévenu un peu tard, mais comment ça tant de temps ? Harry regardait Drago comme si il avait dit une idiotie.

- Et depuis quand tu es là ? Rajouta Harry pour finir.

- Tu veux dire au collège ou dans cette pièce ? Drago sourit.

- Ne prend pas se ton avec moi Drago, j'ai autre chose à faire qu'à subir tes sarcasmes ! Harry se leva et ajouta : je ne comprends même pas pourquoi tu m'as appelé.

 - Ok Po…, Harry. Assieds toi, je vais répondre à tes questions. Je suis ici depuis que le directeur est venu me chercher la veille de la rentrée. J'étudies et je m'entraîne ici dans cette pièce.

- Attends que je comprennes bien, tu es ici depuis un mois et tout d'un coup tu te dis « je vais faire chercher mon pote Potter qui m'as sorti des ennuis mais que j'ai même pas remercié » et tu réveilles au bout d'un mois. Dit Harry agacé.

- Et comment voulais tu que je m'y prenne ? Drago regardait Harry d'un air déçu.

- J'aurais tendance à te dire : comme ce soir peut être ? Dit Harry ironiquement

- Ce soir, c'est Dobby qui est venu à la place du Professeur Krismann, donc je n'ai pas eu d'entraînement. Dit Drago sur le ton de la conversation.

- Attends, Fio… Le professeur Krismann vient te voir tous les jours ? demanda Harry au comble de l'étonnement. Et elle t'entraîne ? Et à quoi au juste ?

 -Oh là doucement, attends. Elle me donne mes cours, et c'est un sacré professeur en plus. Ensuite après le dîner dans la grande salle elle m'apporte un plateau et elle m'entraîne à détecter et à résister aux intrusions mentales.

Et devant l'air de totale incompréhension de Harry, Drago entreprit d'expliquer à son camarade en quoi consistaient ses entraînements.

- Si j'ai bien compris, dit Harry, cela consiste à résister aux possibilités d'intrusion de ton père dans ton esprit.

- C'est à peu près ça, le professeur Krismann dit que ce sont les liens du sang, les correspondances génétiques qui rendent cela possible. Elle est très cultivée, elle sait autant des choses du monde moldu que de celui des sorciers. Des fois, quand on parle des serpentards elle sourit comme si elle savait que être un serpentard veut dire. Lâcha Drago.

-

 Il paraît qu'elle a étudié à Poudlard, en tout cas elle connaissait mes parents, je l'ai vue sur un tableau au Manoir. Dit Harry.

- Et tu sais pourquoi tu es caché ici ? Lança t il pour changer de sujet.

- Eh bien je suppose que après avoir disparu au mois d'août, il était exclu que je fasse une rentrée comme les autres en sachant quelle menace pour mon esprit représente mon père.

- Tiens, Mallory Malfoy, ça te dis quelque chose je suppose. Il est ici. Dit Harry.

- Oui j'en ai entendu parler, Drago appuya les propos de Harry, il parait que c'est un Gryffondor. Etonnant, non ?

- Ben, oui un peu à vrai dire ! Disons que cette annonce a fait sensation dans la grande salle admis Harry avec étonnement.

- Et si je te disais que moi ça ne m'étonne pas du tout. Je m'explique : Albéric, le père de Mallory, avait épousé une française en deuxième noces. Père avait décrété qu'il s'agissait là d'une hérésie d'autant plus grande que, en plus d'être Française, Marie Béatrice était sang de bourbe. Peu de temps après, mon grand-père mourut et un conseil de famille nomma son successeur en la personne de Albéric. Mon père se senti volé et en voulu à son oncle. Il lui en veut encore car c'est Mallory qui a pris les rennes de la famille. Je suis parti à cause de ça. La ressemblance que j'ai avec son cousin, il voulait l'entretenir pour qu'un jour je prenne sa place et qu'il contrôle la famille et la donne au seigneur des ténèbres ensuite.

Drago fit une pause de quelques secondes et reprit toujours aussi calmement l'exposé qu'il faisait sur sa famille. Harry se surprit à penser que Drago devait se sentir bien seul pour se confier aussi facilement. Certes il avait changé mais de la à ouvrir ses souvenirs et sa vie à celui qui était encore son ennemi trois mois plus tôt. Mais les temps troublés annoncés par le retour de Voldemort étaient propices aux changements, peut être que cette attitude annonçait un renouveau. Peut être Drago était-il en train de changer vraiment.

- Mais Père oublie quelque chose, premièrement je ne suis pas un mangemort, pas encore pour le moins, et Mallory est un sang de bourbe, il a reçu une éducation différente de la mienne. J'ai dis non. C'est la première fois que je disais non à mon père. Mère en a pleuré de honte pendant deux jours. Il n'avait jamais utilisé la force jusque là pour me contraindre à quoi que ce soit, son seul regard était dissuasif de toute désobéissance. Peut être est ce là ce que voulait dire le professeur Krismann quand elle parlait des liens du sang. Peut être que cette nuit là, j'aurais dû me battre, mais j'ai fui.

Une heure plus tard, Harry écoutais toujours son camarade de collège et en venait à détester de plus en plus ce père qui ne pouvait savoir ce qu'était le simple fait d'aimer. Si notre ami comprenait mieux les attitudes du jeune Malfoy, il ne lui faisait pas plus confiance qu'avant, il restait malgré tout un Serpentard. Après deux minutes d'un silence gêné, Harry reposa sa question.

- Pourquoi Mallory est-il un Gryffondor ? Tu ne m'as pas répondu. Insista Harry.

- Sa mère, Marie Béatrice, avait ce que tu pourrais appeler l'âme noble. La véritable mère de Mallory, la première épouse d'Albéric a disparu en mer lors d'une croisière avec des amies quelques mois après la naissance de Mallory. Marie Béatrice aima tout de suite Mallory et lui la considéra comme sa mère, qu'il n'avait jamais connue. Marie Béatrice était généreuse, fidèle, loyale et juste. Albéric l'aimait profondément.

- Aimait ? Demanda Harry surpris. Ils sont séparés ?

- On ne divorce pas chez les Malfoy, Harry. Dit Drago comme si Harry avait tenu des propos blasphématoires.

- Non, elle est morte à la naissance de Marie-Toinette, la sœur de Mallory. Il sombra dans une mélancolie qu'apparemment rien ne parvenait à guérir. Même les meilleurs sorciers de Sainte Mangouste ne purent guérir sa maladie. Il en sortit le jour où sa sœur l'appela par son prénom la première fois.

- Depuis il s'est consacré à l'élever pour ne pas perdre encore une fois l'amour familial. Son père c'est éteint il y a deux ans, dans son sommeil, comme ça. Mallory devint le Chef de notre famille. Il avait été décidé que Mallory et Toinette vivraient chez nous mais Mallory choisit de s'éloigner. Croyant bien faire pour lui et pour sa sœur, il alla en Autriche chez des cousins éloignés. Mais ce fut pire que ce qu'il aurait trouvé chez nous. Et il est revenu cet été. Mais je ne sais pas où il vit avec sa sœur. En tout cas je ne crois pas que ce soit chez moi.

- Sais tu pourquoi il m'a dit que nous sommes amis ? demanda Harry.

- Il a dit ça ? Drago avait l'air surprit autant qu'amusé.

- C'est ce qu'il a dit en effet. On discutait  de mon tat… Harry s'interrompit devant le brusque changement qu'il percevait dans l'atmosphère de la pièce.

- Ton quoi Potter ? La voix de Drago avait quelque chose qu'Harry ne lui connaissait pas du tout bien que l'intonation lui soit familière.

Brusquement, Harry cru voir le visage de Lucius se superposer à celui de son fils et il recula en hurlant. Drago se leva, le regard de son père à travers le sien lui donnait un air de méchanceté absolue, et il attrapa Harry par le col de sa chemise. Devant les yeux effarés de son camarade, Drago sembla reprendre un peu de lui-même et dans un cri, il s'effondra. La vision du visage de Lucius avait disparu. Harry se leva et tendit la main à Drago pour l'aider à se relever. Ce dernier la prit volontiers et sursauta lorsque son camarade posa une main sur son épaule en lui demandant si il allait bien.

Brusquement, l'instinct de Harry l'avertit d'un danger et il laissa Drago pour se réfugier sous sa cape qu'il avait posée dans un coin à l'entrée. Le temps de l'ajuster correctement et le professeur de soins aux créatures magiques entra précipitamment. Elle se dirigea vers Drago, a nouveau assit en tailleur, l'air inquiet. Puis elle sentit une autre présence. Elle ferma les yeux et se releva. Elle se dirigea vers Harry sans hésiter et lui lança d'un ton cinglant :

- J'ignore comment tu es arrivé ici, Harry, et ce que tu es venu y faire mais sort de suite de cette cape, tu me rappelles ton père !

- Comment as-tu su ? Demanda t il, en sortant au professeur Krismann qui l'ignora.

- Drago, c'est arrivé de nouveau ? Demanda t elle au jeune garçon.

- C'était plus intense, j'ai eu l'impression de le sentir prendre place en moi, pas seulement dans mon esprit.

- Qu'est ce que c'était ? Se risqua Harry dont l'inquiétude grandissait.

- Toi, tu sorts d'ici ! Fionna se retourna vers lui et lui parla d'un ton autoritaire qu'il ne lui connaissait pas. Et tu oublies tout ce que tu as vu.

- Sort ! Cria t elle devant l'hésitation de son filleul. Maintenant !

Il obtempéra en reprenant ses affaires et sortit après s'être assuré de ne croiser personne. Il descendit vers la tour des Gryffondor. Arrivé au pied de l'escalier il cligna des yeux et se demanda comment se faisait il qu'il était dehors à cette heure. Il choisit de rentrer se coucher car il faisait nuit noire et qu'il se sentait fatigué.

Dans la salle commune, quelques bouteilles de bièraubeurre traînaient encore sur le sol et des papiers de bonbons signalaient que la fête de la victoire avait pris fin il y a peu de temps. Il resta en bas une heure encore à penser à ce qu'il avait vécu dans son « rêve », comme il l'appelait, puis ses pensées flottèrent vers Ginny. Il l'aimait, il en était sûr mais l'aimait-il comme une amie, une sœur ou même comme il aimait Cho. Cho, la dernière fois qu'il l'avait vue, il l'avait proprement ignorée, elle qui pleurait encore celui qu'elle avait aimé exclusivement pendant un an. Décidément, ses sentiments étaient très embrouillés.

De Cho et Ginny, Harry ne savait pas quoi penser. Toutes deux très jolies, elles avaient déjà un petit ami bien que celui de Cho ne soit plus d'aussi tendre compagnie. Pourquoi fallait il qu'il ai des sentiments pour celles qui justement n'en avait pas pour lui ? Sur ces réflexions, il décida de se coucher. Il monta, épuisé, et écouta attentivement le ronflement des ses camarades. Au moment où il s'endormait, les murmures étranges d'une langue inconnue s'élevaient de la bouche de Mallory dont le sommeil était agité.