Chapitre 13 : Anciennes cicatrices

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Brusquement, Severus plongea dans le parchemin.

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6 juin 19**

C'était un samedi chaud et ensoleillé. Le match avait été très disputé comme à l'habitude et les Gryffondor avaient battu les Serpentard de seulement dix points. L'affrontement des deux attrapeurs avait été violent mais sans blessures. Potter avait gagné, évidement. Il avait saisi le vif quasiment sur l'épaule de son adversaire qui avait tout d'abord cru à une tentative de désarçonnement. Ce qui avait bien failli arriver. Finalement, Potter avait atterri avec la petite balle d'or serrée dans la main et la maison Gryffondor avait envahi le terrain. Chaque étudiant souhaitait congratuler son attrapeur pour leur avoir encore fait gagner la coupe.

Les Serpentard partirent déçus et lorsqu'elle passa devant Potter ce dernier, fier de lui, lui envoya un clin d'œil qui eu pour effet d'augmenter sa rage d'autant que l'air de Potter était radieux. Quand elle rentra dans son vestiaire, elle jeta son balai à travers la pièce qui passa très près des oreilles de son capitaine.

- Si nous avons perdu, c'est entièrement de ta faute. Lui cracha t il. Il est inutile de te venger sur moi.

- Flint, tu es un balourd stupide et ingrat qui plus est ! Si tu croyais mieux faire, il ne fallait pas te gêner et prendre ma place. Siffla la jeune Serpentard.

Ensuite, les mains tremblantes, elle essaya de se déshabiller. Mais ses mains tremblaient trop, s'était peine perdue. Elle arriva à peine à sortir ses protections et sa robe de Quidditch au bout de dix minutes. Ensuite elle se tempéra suffisamment pour délacer ses bottes et ôter ses vêtements trempés de sueur. Elle regarda ses bottes, ses lacets étaient usés, elle les retira.

Les lacets en main, elle les tendit de ses dix doigts et les regarda avec une lueur de folie dans les yeux. Peut être que ces lacets lui permettraient d'étrangler Potter lentement, en le regardant paniquer et se vider de ses forces et de sa vie.

Elle haïssait Potter, mais lui ne se méfiait pas. Il ne savait qu'elle pouvait être dangereuse. A vrai dire, il l'ignorait et s'en moquai sûrement, tant il était persuadé d'être le meilleur. Rageuse, elle jeta ses lacets en se demandant comment les filles, même de sa maison, pouvaient se pâmer à ce point face à lui. Il était quelconque, en plus d'être idiot.

Elle passa de longues minutes sous la douche brûlante, enfin accessible aux filles. Elle revêtit son uniforme de classe sans mettre le pull-over et retroussa ses manches, dieu qu'il faisait chaud. Elle fut éblouie par le soleil éclatant qui illuminait tant ses yeux que son bronzage doré.

Paf !

- Hey, regarde un peu où tu vas ! Dit elle les jambes un peu trop découvertes par sa chute.

Elle était assise sur ses fesses et remettait sa jupe en place en espérant que l'humiliation de la chute ne soit pas offerte au regard de Potter.

- Ce serait le bouquet, grommela t elle pour elle-même.

Son camarade de maison, ainsi interpellé, se figea. Colère, se serait difficile de lui demander quelque chose.

- Je te cherchais, commença t il prudemment en tendant la main.

- Et bien tu m'as trouvée, lâcha t elle en prenant la main qu'on lui tendait. Qu'est ce que tu me veux ?

Ce soleil dans les yeux, ces regards accusateurs attribuant la perte de la coupe à sa seule responsabilité, tout ça avait amplifié sa rage qui augmentait déjà tandis que la fin de l'année approchait. Brusquement, elle leva la tête et dégagea ses cheveux de son visage qui avait extraordinairement poussé pendant deux ans. Elle le reconnu. L'air devint difficilement respirable et le soleil semblait cogner plus fort.

- Je voulais savoir si tu pourrais me consacrer un peu de temps ce soir. Dit il doucement, pour ne pas ajouter à son agressivité. J'ai toujours un peu de mal avec les magies ancestrales et je ne comprends rien à la sorcellerie égyptienne.

- Heu, oui. Je veux bien. (Un prétexte un peu foireux pour me retrouver, c'est sûr, il est largement meilleur que moi en magie rituelle) Mais pourquoi attendre ce soir alors qu'il reste trois heures avant le dîner ? Autant s'y mettre tout de suite, je vais poser mes affaires et je prends mon sac. On se retrouve à la bibliothèque dans dix minutes, ça te va ?

- Oui, merci. Je t'attends là-bas. Répondit il le visage illuminé.

Il repartit d'un pas rapide vers le château.

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Il se souvenait parfaitement bien de ce qui s'était passé en suite.

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Elle resta interdite et figée, heureuse, sur le terrain de Quidditch, pendant au moins cinq minutes.

Elle était si surprise ! Elle pensait que jamais il ne lui demanderait. Elle retourna au château le pas léger et le sourire aux lèvres. Dans le grand hall, sa cape frôla un petit morceau de parchemin déchiré qu'elle ne remarqua pas.

Elle posa ses affaires dans sa chambre et attrapa son sac de cours au vol et se dirigea vers la bibliothèque en grimpa les escalier quatre à quatre. Brusquement, elle se figea. Elle entendait sa voix.

Ca ne pouvait pas être lui, il devait être à la bibliothèque à l'attendre. Pourtant, c'était bien sa voix près des toilettes des filles du deuxième étage. Elle se logea dans une cachette près du mur d'où elle pouvait voir sans être vue. Il fallait qu'elle vérifie.

- Je croyais que tu appréciais Krismann ? La fille avait aussi une voix connue.

- Krismann est une petite idiote qui ne m'intéresse que pour ses connaissances. Dit il d'une voix étrangement rauque et sensuelle.

- Alors, on se retrouve à quelle heure ? Ajouta Cecilia Mc Enley.

Elle n'entendit pas la suite du dialogue. La rancœur enserra son cerveau. La garce ! Fionna serra les points de rage. Comment celle qui osait se dire sa meilleure amie pouvait être là, à minauder avec son unique amour.

Bien sûr ils n'étaient pas ensemble. Severus n'était pas facile à aborder et ils étaient amis depuis si longtemps. C'était difficile d'avouer son affection quand on a grandi ensemble. Mais elle le lui avait volé. Soufflé, là, juste sous son nez.

Le bruit humide d'un baiser passionné parvint à ses oreilles. Elle se risqua à sortir de sa cachette pour regarder. Le spectacle brisa son cœur ainsi que ses espoirs. Severus les deux mains appuyées contre le mur échangeait un baiser langoureux avec elle, l'autre, pendant que cette dernière fondait littéralement de plaisir.

Elle retint les sanglots et le cri de désespoir qui montât de sa gorge en plaquant ses mains devant sa bouche et partit en courant retrouver la sécurité et la tranquillité de son lit. Elle aurait sa vengeance. Ce soir, elle se vengerai de ces deux soi-disant amis qui l'avaient trahie et trompée.

Elle rédigea une lettre rapide de quatre mots. « Je suis à vous. ». Elle sortit son hibou de sa cage et lui dit en attachant la lettre :

- Va, retrouve Tom Jedusor et donne lui ma lettre. Et reviens vite !

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Alors c'était donc ça ! C'était Potter qui était responsable de l'enrôlement de la cousine de Lily au sein des Mangemorts. Il secoua la tête, pour reprendre ses esprits. Il n'aimait pas du tout vivre les souvenirs ainsi. C'était très perturbant.

D'autant qu'il avait été Fionna tout le long de sa « lecture » et donc qu'il avait ressenti ses sentiments comme si c'étaient les seins propres. C'était plus dur de se rappeler maintenant qu'il était hanté par le ressentiment de son amie.

Il se souvenait très bien ce qu'il s'était passé ensuite. Le dîner avait été froid. Distant. Elle ne les avait pas regardé et n'avait jamais su ce qui s'était vraiment passé. Ensuite elle s'était levée et les avait attendus. Ils étaient sortis l'un après l'autre, Cécilia lui courait après et lui, mortifié, n'osait la regarder ou lui parler.

Brusquement, des liens les avaient attachés ensemble et Fionna avait transplané près du saule cogneur. Elle les avait attachés à l'arbre. C'étaient les hurlements d'horreur et de souffrance de Cécilia qui avaient alerté les professeurs et le directeur.

Malgré cela seule Lily aurait pu la calmer. Elle avait même cloué à terre le professeur Mc Gonnagall d'un « Doloris » dans lequel elle avait mit toute sa rage. Enfin, elle s'était enfuie et avait quitté le collège avant même la remise des diplômes.

Officiellement, ses parents avaient été tués dans un accident de bateau et l'agression envers ses meilleurs amis avait été une réaction exagérée conséquente à la nouvelle. Mais Severus savait ce qui était responsable de cette mémorable soirée.

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Lorsque Fionna entra dans sa chambre, Severus dormait dans un fauteuil, un parchemin à ses pieds. Il semblait serein.

- Depuis combien de temps n'as tu pas vraiment dormi, Severus ? Dit elle en le couvrant d'une couverture.

Elle écarta les mèches de cheveux qui barraient le front de son ami. Elle l'avait toujours trouvé touchant, charmant, séduisant. Pas vraiment beau mais séduisant, oui. S'il n'y avait pas eu ce maudit jour. Finalement peut être est-ce mieux ainsi, elle était libre et son amour serait à jamais pur. Sans taches, tout comme elle.

Elle déposa un baiser léger sur ses lèvres. Profitant de son sommeil pour oser ce que jamais elle ne lui demanderait éveillé. Elle ferma les yeux pour mieux profiter de ce geste. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Severus la regardait.

- Je… Pardon, je n'aurais jamais dû. Souffla t elle en reculant.

Elle devait s'éloigner de lui, de ses colères autrefois quasi légendaires. Elle se retourna pour s'écarter. Il la saisit vivement par a main.

- Pourquoi ? Cracha t il. Pourquoi un baiser. Pourquoi maintenant ?

- Parce que… Parce que tu ne me l'aurais jamais donné. Parce que tu n'as pas pardonné ce que ma jalousie m'a fait faire en septième année à ta petite amie et à toi !!! Dit elle d'un ton désespéré.

Le rictus de colère que Rogue afficha la fit reculer de frayeur. Il sortit vivement sa baguette.

- Je te l'ai déjà dit plusieurs fois Krismann, tu ne sais de quoi tu parles.

Il pointa sa baguette vers Fionna. Elle respira un grand coup. S'attendant à une punition digne du « Doloris » que Mc Gonnagall avait subi des années plus tôt. Elle trouvait cela justifié, normal. Après tout son aveuglement avait fait souffrir celui qu'elle aimait plus que tout.

« Legilimens »

Le sort la frappa sans qu'elle ne se défende.

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6 juin 19**

Severus rentrait au château satisfait de son entrevue. Dans quelques minutes il serait avec elle. Il était radieux. Il laissa tomber une feuille de parchemin. Il se retourna pour le ramasser. Un pied était posé dessus. Il tira et déchira un coin du papier. Il se leva. Evidement, comment pouvait il en être autrement !

- Alors, Servilus, on se promène ? La vois glacée et moqueuse de Potter.

- Allez voir ailleurs si j'y suis et laissez moi tranquille. Je ne vous ai rien demandé. Cracha t il tentant de ne pas se mettre en colère.

- Trop facile, si tu veux mon avis. Ce ne serait pas aussi amusant ! riposta Black.

- Alors, si j'ai bien compris, on va retrouver sa petite amie ? Lança Pettigrow.

- Fichez nous la paix. Cria Rogue en se demandant comment ils savaient.

Il sorti sa baguette trop tard.

« Expelliarmus »

Désarmé et sonné, Rogue atterri sur l'escalier quelques mètres plus loin. Groggy, il tenta de se relever trop tard. Black et Lupin le maintenaient déjà fermement. Potter arracha quelques cheveux et les tendit à Pettigrow qui les posa dans un verre qu'il couvrit d'un mouchoir. Il avait la baguette de Rogue à la main.

Remus et Sirius le traînèrent jusqu'à un chaudron bouillonnant qui trônait dans la salle de bain des préfets. Une odeur âcre l'accueillit. Remus prit une louche de la potion et la versa dans le verre que tenait Pettigrow.

- Polynectar, constata le jeune Serpentard.

- On sait déjà tous que tu auras tes ASPICs, Rogue, se moquait Pettigrow, c'est pas la peine d'étaler ta science !

Ils partirent d'un rire gras. Potter avala la potion et remplit une flasque du reste du verre.

- Si d'aventure elle était en retard. Dit il en adressant un clin d'oeil à Severus.

- Bien, révisons notre plan d'attaque, dit Potter pendant qu'il enfilait une tenue aux couleurs des Serpentard.

- Queudver, tu te placeras devant la gargouille aux ailes brisées, tu feras le guet. Prends ma cape, dit il en la lançant.

- Lunard et Patmol, vous vous cacherez dans l'alcôve de l'armure du XII siècle. Celle à la hallebarde.

- Moi, je serai devant les toilettes des filles avec Cécilia Mc Enley. Quand à toi, cher Servilus, tu vas venir assister au spectacle. Et tu seras aux premières loges.

- Vous êtes immondes, dit Severus. Vous allez trop loin cette fois. Vous payerez très cher cette mesquinerie.

- ARHG ! J'ai peur, arrête. Dit Potter amusé.

- Allez tous en place, elle va arriver dans deux minutes.

La suite avait eu l'allure d'un mauvais film. Severus assistait impuissant au moment ou Potter embrassait Cécilia sous son apparence. Il avait vu la réaction de Fionna qui s'était sentie trahie, flouée.

Il avait vu sa colère s'afficher sur son visage et n'avait rien pou faire ou dire caché dans cette maudite alcôve il n'avait pas pu bouger ou parler. Lupin et Black le tenait trop fermement et lui avaient jeté un sort de silence, pour éviter qu'il parle. Quand elle fut repartie, ils levèrent le sort et le laissèrent sur place meurtri et désespéré.

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Fionna tomba à terre, les larmes lui ruisselaient des yeux. Elle haletait, ne trouvant pas ses mots devant le souvenir de son ami. Vingt ans passés dans le silence.

Elle aurait dû se méfier de Potter. Mais Lily lui avait assuré qu'elle ne subirait jamais les mauvais tours des Maraudeurs. Elle avait toujours eu confiance en sa cousine. Peut être était ce pour cela que James avait fini par accepter qu'elle devienne la marraine de Harry. Maintenant qu'il était mort, qu'est ce que ça changeait ?

Elle se leva, nauséeuse et moralement brisée par ces vingt années perdues et l'erreur de son allégeance envers Voldemort. Pourquoi ? Pourquoi la vie s'acharnait tant à vouloir la briser ? Il fallait absolument qu'elle s'excuse auprès de lui. Qu'elle lui dise que tout cela n'était qu'un malentendu. Accepterait il de lui pardonner, alors qu'elle connaissait la haine aveugle qu'il vouait à un mort pour avoir osé les mêmes tourments ?

- Severus, je… Tenta t elle en s'avançant vers lui. Je suis désolée. Je ne peux pas réparer le passé mais, s'il plaît aux dieux, peut être me pardonneras tu ?

Elle sanglotait. C'était si dur mais en même temps si pathétique. Pleurer sur un passé qui avait fait d'elle une femme forte et grande. Un des meilleur théoricien magique au monde. Le chercheur le plus obstiné du monde magique.

Fionna, ressaisit toi nom de dieu ! Se morigénât elle. Une prêtresse comme toi, se laisser submerger par ses émotions. C'est vraiment n'importe quoi. Tu vieillis ma fille !

- J'ai rien à pardonner Krismann, dit Severus d'une voix froide. Ceux qui auraient du s'excuser ne le feront jamais ou ne peuvent plus le faire de toutes façons ça change quoi, tu peux me le dire ?

- Tu crois qu'on aurait eu un avenir nous deux, nous n'étions que des enfants, des mômes stupides et insouciants.

- Relève toi et sèche ces larmes, tu es pathétique. Dit il plus froidement encore.

- Severus, je…

La porte retentit de trois coups secs. Severus rentra sa baguette et Fionna essuya ses larmes avec ses dentelles immaculées. Elle reprit contenance et se promit de ne plus se laisser aller si facilement à des sentiments tels que ceux-là. Ils étaient trop dangereux et l'écartaient de sa mission.

- Entrez, dit elle durement.

La porte s'ouvrit sur Harry Potter et Draco Malfoy. Visiblement, ils ne comprenaient pas se qu'ils faisaient là et pourquoi l'autre s'y trouvait aussi.

- Potter et Malfoy ! Cracha le professeur de potions. C'est le bouquet ! Sincèrement Krismann, tu avais vraiment décidé de me pourrir la soirée c'est ça ?

- Severus, tu vas commencer par t'asseoir et te taire, répondit elle d'un ton sec. Ensuite, ces deux garçons sont ici parce qu'ils sont ton dernier espoir de vivre. Tu avais dit être prêt à faire tout ce qu'il faudrait. Ils sont ta dernière chance. Toujours partant ou as-tu trop peur pour poursuivre ta quête ?

- Professeur, se risqua Harry, peut être devrions nous revenir plus tard.

- Non ! Dit elle vivement. Vous allez rester ici et m'écouter attentivement. Ensuite vous devrez prendre une décision. Cette décision sera irrévocable. Considérons cela comme un pacte. Une fois que vous serez décidés, le pacte sera validé et rien ne pourra en changer les termes. Est-ce clair ?

- Oui, professeur dirent Harry et Draco en même temps.

- Bien ! Maintenant on s'assoit et on m'écoute attentivement.

Au loin dans la forêt interdite, retentirent les cris d'un jaguar affamé et d'un aigle royal repus.