Notes et reviews au chapitre suivant, qui arrive bientôt.
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Le cachot était glacé. Merlin, qu'il s'y sentait bien.

Rogue avança jusqu'à ses appartements, la main crispée sur son avant-bras gauche, attendant le signal de la Marque. Il n'eût pas recours à son mot de passe habituel, ouvrit la porte déjà entrouverte. Il ne fut pas surpris de voir qu'il n'était pas seul.

"Severus, enfin," sourit Lucius Malefoy. Il était à moitié assit contre le bureau couvert de parchements d'élèves, regardant Rogue du coin de l'oeil. "Halloween semble grandement célébrée, cette année." L'ombre d'une grimace sur son visage. "À la Moldue, certes, mais je ne peux pas dire que l'idée des costumes ne m'ait pas aidé à venir ici incognito..."

"Le portoloin?" demanda Rogue brusquement.

Lucius pointa distraitement une pièce d'échec antique posée à sa droite, fixant toujours Rogue. "Tu n'as jamais apprécié les soirées, c'est vrai..." fit-il à voix basse. "La musique forte n'est pas ton fort." Lucius se redressa, son regard plus persistant. "La danse, par contre..." Une étincelle dans ses yeux.

"Lucius. Ce n'est pas du tout le moment." Rogue remarqua qu'il tenait toujours la Marque et la relâcha. La voix dure et contrôlée, il continua. "Le Seigneur des Ténèbres nous attend dans moins d'une heure."

"Alors quelques verres ne feront aucun mal." Lucius se redressa et attrapa la dispendieuse bouteille d'alcool qui se trouvait à ses pieds. Les paupières apparement lourdes, Lucius fit un sourire séducteur et sa voix se fit rauque. "Ton préféré, Sev. Apporte-nous deux coupes."

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La Grande Salle était encore baignée de quelque musique entraînante, de joie et de complicité. Une tête blonde marchait entre les danseurs, sans destination visible.

Drago était divisé. Deux forces contraires, déchirant son crâne. Le besoin de se retrouver seul pour assimiler toutes ses pensées effrayantes combattait l'envie de voir Potter immédiatement. Les yeux verts sortirent gagnants et, impulsivement, Drago se dirigea vers la scène où se trouvait Granger.

Elle savait sûrement où Potter se trouvait. En quoi il était costumé, avec qui il était -- un grognement s'échappa de sa gorge. Son propre comportement commençait à l'inquiéter, mais il continua tout de même à marcher rapidement. Un cri lui vint d'une partie de son esprit qui, étonnament, gardait quelque bon sens: 'Ne te fais pas reconnaître par Granger!'

Se raclant la gorge pour tenter sa voix la plus grave, sentant un peu le ridicule dans son océan de sentiments intérieurs, il essaya une approche directe.

"Hermione," le nom était horrible sur ses lèvres, mais elle s'était retournée vers lui, surprise mais attentive. Je ne suis pas reconnaissable, se répétait-il, je ne le suis pas. "Saurais-tu où je pourrais trouver..." Ah merde. "Harry?"

Elle l'observa d'un air incrédule. Il tourna un peu la tête pour lui cacher le plus possible son visage, puis se rappela soudainement du numéro 57 affiché sur sa poitrine. Il le couvrit violemment avec sa main, inspirant ensuite bizarrement.

"Hum." Granger le fixa intensément deux secondes avant de froncer les sourcils vers les autres élèves. Elle semblait réfléchir et Drago baissa les yeux pour tenter de contrôler son impatience. "Je ne sais pas," fit-elle lentement. Son ton changea un peu. "Il n'est pas du tout venu à la danse."

Drago sentit une vague de soulagement. "D'accord. Me-" Il avala. "Merci."

Et il sortit de la salle en coup de vent, faisant son chemin sans porter aucune attention aux autres élèves.

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Les talons hauts claquaient sur le plancher, le bruit résonnant contre les murs de pierre. Finalement, Harry en eu assez et s'arrêta pour les enlever gauchement. Il leva la main et la frotta contre ses yeux brûlants.

Ce qu'il devait avoir l'air pathétique! Heureusement qu'il n'avait aucun mirior. Il sortit sa baguette de sa manche et enleva tout le maquillage de son visage. Il pointa ensuite ses cheveux. "Finite Incantatem!" Sa main libre passa dans les courtes mèches foncées.

Harry arracha les verres de contacts et les lança avec rancoeur. Il plongea dans son décolté pour en sortir ses lunettes et plusieurs mouchoirs, replaça sa baguette. Il s'adossa finalement au mur froid et se laissa glisser lentement jusqu'à ce qu'il fut assis. Ses respirations rapides et creuses, sa peau refusant de se refroidir. Il n'était plus certain de grand chose, toute pensée s'effaçant avant qu'il ne s'y concentre. Les yeux fermés, il serra un morceau de dentelle de la robe et tira avec de petits coups secs. Son coeur se remit à battre, progressivement.

Il tenta de rendre son visage impassif, de détendre ses sourcils, ses lèvres. Un long soupir presque féroce. Lorsque les larmes ne menaçèrent plus de couler, il ouvrit les yeux.

La dentelle s'arracha avec un bruit brutal, satisfaisant.

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Ses souliers heurtaient bruyamment le sol, résonnant contre les murs.

Drago adorait cela.

Il enleva son costume morceau par morceau, sans arrêter de marcher, découvrant le pantalon et la chemise noirs qu'il portait dessous. Les Elfes s'occuperaient sûrement de tout ramasser plus tard. Drago avait plus important à faire que d'aller dans sa Maison replacer un costume volé.

Potter était sûrement dans la tour des Gryffondors, seul. Avec un sourire rusé, Drago se rappela qu'il connaissait le mot de passe que Granger avait utilisé la dernière fois. Peut-être que, avec toutes ces préoccupations des derniers jours, personne n'avait pensé à le changer?

Son sourire devenant définitivement diabolique, Drago avança vers le portrait de la Grosse Dame.

"Mot de passe?"

"«Trevor est fort», chère dame." Tout en douceur.

Elle fronça un peu les sourcils en le voyant, puis réfléta son sourire. "Votre visage ne m'est pas familier, jeune homme, mais il devrait vraiment y avoir plus de jeunes aussi polis que vous! C'est toujours, «Vite, ouvre», parfois même injurieux..." Elle semblait prête à continuer, mais fit à Drago une expression radieuse. "Entrez, je vous en prie." Le portrait bascula pour Drago, dont les épaules tremblaient avec un rire silencieux.

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Après quelques minutes, Harry se redressa. Il enleva les restes de sa robe déchirée, se retrouvant en vêtements trop larges. Rester dans les cachots à broyer du noir ne ferait rien pour l'aider à se débarrasser de cette-

(obsession)

- attirance superficielle. Drago ne valait pas toute la torture émotionnelle subie par Harry, personne ne méritait tant de douleur.

Il ne fallait pas continuer à nourrir ces espoirs sûrement faux.

-n'est-ce pas?

'Non.'

(Oui)

Peut-être... Non. Non, non, non. Dra- Malefoy ne valait pas toute cette douleur! C'était sans espoir, Drago Malefoy n'était pas intéressé à Harry, ne le serait jamais.

(Non...?)

Harry tenta d'arrêter son cerveau, s'enfonçant davantage dans les cachots. Il n'était pas certain de l'emplacement des appartements de Rogue alors il se dirigea vers la classe de Potions et vérifia les portes des alentours. Rien, jusqu'à ce que Harry n'entende un murmure. Il se fit plus discret et se dirigea vers le son. Après avoir tourné un virage, il vit une porte entrouverte d'où sortait un filet de lumière.

"-n'avons pas le temps. Dans quelques minutes-" La voix, Rogue, s'arrêta sans prévenir. Sa curiosité surpassant soudainement ses autres sentiments, Harry s'approcha de la porte en douceur. Il regarda par l'ouverture, ses yeux s'habituant à la lumière.

Il se figea.

"Tu parles trop, Sev." Lucius Malefoy, du miel dans la voix, s'accrochait à Rogue de vraiment très près. Une main sur la bouche du professeur, caressante, l'autre--- 'Ne pas regarder l'autre main!' pensa Harry avec horreur. "C'est dommage, parce que tu es un excellent danseur..."

Il relâcha la bouche, posant plutôt cette main sur le cou de Rogue.

"Je ne te croirais pas même si ton haleine n'empestait pas l'alcool, Luc."

Malefoy grimaça, forçant Rogue à tourner lentement, cachant ainsi à Harry le visage du professeur. "Ne m'appelle pas Luc, je déteste ça."

"Ne m'appelle pas Sev."

Pas de réponse, mais Harry vit une moue sur le visage du blond.

Malefoy se colla- eww- encore plus sur Rogue, mit sa tête sur son épaule et lui murmura quelque chose avec un sourire.

"Non," fit Rogue, la voix rauque, moins contrôlée. "Définitivement pas le temps."

Les yeux d'Harry s'ouvrèrent soudainement en réalisant ce que Malefoy avait probablement murmuré. Avoir le temps de-- Le choc le prit à la gorge et il s'étouffa bruyamment. Un bruit de verre se brisant, quelques pas brusques et lourds se dirigeant vers lui. Sa toux s'arrêta et il eut à peine le temps de reculer un peu avant que la porte ne s'ouvre devant lui.

"...POTTER!" Ça, c'était beaucoup trop fort... Les yeux noirs fixaient Harry avec toute leur haine. "Malefoy, tu n'as pas jeté de Silentium!" accusa Rogue.

Harry, assis sur le plancher, un genou sous lui, resta immobile devant le professeur. Malefoy arriva tout de suite après, une expression nerveuse sur le visage. "Il a vu? Est-ce qu'il a vu? Il ne faut pas- Narcissa-" Une forte odeur d'alcool prit les narines d'Harry.

"Potter, expliquez-vous! Vous devriez être au Bal, avec vos camarades, sous surveillance."

"Je-" Le reste lui resta coincé dans la gorge.

"Je m'en occupe," Les yeux d'Harry s'agrandirent en voyant une baguette à quelques centimètres de son visage. Lucius lui sourit haineusement."Oubli-"

Malefoy tomba subitement sur le sol, ses longs cheveux éparpillés. Rogue était debout, baguette en main. Il regarda l'homme avant de poser un regard froid sur Harry. "Lucius Malefoy," commença-t-il, sa voix un mélange de colère, d'autorité et d'empressement. "résiste bien à Stupéfix, même sous l'effet de l'alcool. Vous profiteriez bien du même sort si j'en avais le pouvoir, Potter. Explications, rapidement. Puis vous retournez à Gryffondor."

Harry sentit un peu de force, d'arrogance monter en lui. Pour qui Rogue se prenait-il? C'est Harry qui avait l'avantage! "Je suis venu pour vous parlez, mais vous sembliez déjà occupé à danser et à coucher avec Malefoy!"

Rogue tressaillit, perdant pour une seconde son expression autoritaire. Il serra ensuite les dents et Harry regretta un peu sa remarque. "Quarante points de moins à Gryffondor pour manque de respect FLAGRANT à un professeur!" gronda-t-il. "Partez tout de suite, et revenez à onze heures à mon bureau pour votre retenue. Si le grand, le fameux Harry Potter veut parlez, alors il sera servi." Ses lèvres se refermèrent avec dégoût.

Il prit la robe de Malefoy pour le traîner à l'intérieur puis fixa Harry une dernière fois. Il paraissait furieux, mais, juste avant d'entendre la porte claquer, Harry remarqua que les joues du professeur portaient un joli rose. Il pouffa silencieusement, nerveusement.

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Lorsque Drago s'aperçu qu'il sifflait «Incendio, je fonds» des Bizarr' Sisters, une chanson à l'eau de rose, il grimaça. Urg. Cette chanson avait sûrement été jouée au Bal, c'était tout, et son inconscient en avait malheureusement retenu l'air... Ce n'est pas qu'il aimait cette chanson. Il. la. détestait. Oui. Ce n'est pas comme s'il se souvenait des paroles et tout.

Les couleurs de la salle commune lui faisaient mal aux yeux, mais tout semblait bien mieux que chez les Serpentards. Avec le favoritisme de Dumbledore, c'était normal... Sales Gryffondors! Potter et ses amis avaient tout ça pour eux seuls? Il faisait plus chaud ici l'hiver qu'aux cachots et pourtant il y avait un foyer plus grand?

Il essaya les escaliers qui, il l'espérait, montaient aux chambres des garçons. Aucune alarme; il soupira de soulagement. Potter était sûrement là-haut. Sans costume ridicule, sans numéro, sans partenaire accrochée à lui comme une sangsue... L'attendant peut-être, palpite, se glace, se précipite... tu m'as jeté un sort, Incendio je fonds, Incendio..."

Drago monta, ses lèvres bougeant de leur propre volonté, sa voix un murmure doux, sans qu'il ne s'en aperçoive.

"...l'amour brûlant dans mes veines, je fonds..."

Il arriva devant une rangée de portes, puis arrêta tout mouvement. À travers la porte marquée «Première Année», deux ou trois voix se faisaient entendre. Son coeur résonnant dans ses tympans comme une pluie déchaînée contre une fenêtre, Drago risqua quelques pas pour s'éloigner. Il n'avait pas songé aux élèves qui n'étaient pas au Bal d'Halloween. Il avait été chanceux que personne n'ait été dans la salle commune.

Ses pas se firent de plus en plus silencieux, jusqu'à ce qu'il n'arrive à la porte où serait Potter. Et si... Si celui-ci, en le voyant entrer, avertissait les autres Gryffondors de sa présence? Si Potter n'était pas là, qu'il n'y avait que ses affreux amis? Que ferait Drago? Merde, pourquoi est-ce qu'il n'avait pas apporté la cape de Potter! S'il en eue jamais besoin, c'était maintenant!

Drago colla son oreille à la porte. Silence total. Son expression sérieuse, il prit la poignée. Elle s'ouvrit sans un grincement.

Woa. Il allait tuer Dumbledore. Serpentard n'avait définitivement pas cet espace, ce luxe... C'étaient même des lits doubles! Les rideaux étaient épais et totalement opaques...

Laissant la décoration de côté, Drago commença à refermer la porte derrière lui, lentement.

"Dean! Attend un peu!" Un ton trop joyeux, enfantin, que Drago associa à Finnigan, camarade de Potter. Son souffle se coinça dans sa gorge. Il laissa la porte entrouverte et chercha le dortoir des yeux pour finalement se glisser sous du lit le plus près.

À plat ventre, Drago observa son étroit refuge. Il n'y avait heureusement pas de poussière (les Elfes de Maison peuvent avoir un certain mérite, quelques fois...), la seule chose qui traînait étant un emballage vide de Chocogrenouille. Un filament de lumière passait entre le sol et le voile du lit, mais ce n'était pas assez pour éclairer ou pour laisser une chance à Drago de voir discrètement ce qui se passait à l'extérieur. Il entendit deux personnes entrer.

"Tu est sûr que tu n'y retournes pas pour retrouver ta belle, numéro 271? Grr... une licorne comme ça, on ne lui dit pas-"

"Seamus, s'il te plaît, j'ai mal à la tête."

"Okay, okay..." Grognements. "J'ai mon manteau, je t'attendrai devant le foyer en bas."

"J'arrive..."

Une minute plus tard, quand il fut certain que personne ne reviendrait, Drago se glissa hors de sa cachette. Il se sentit un peu stupide, mais ce sentiment ne fit pas long feu. 'Potter n'est pas là, et alors? Mon plan reste génial. Je peux l'attendre. Mieux, je peux fouiller.'

Un sourire mesquin sur le visage, Drago s'assit sur le lit qu'il venait de quitter.

"...fonds, tum tum tum... je fonds devant tes yeux, il ne reste que nous deux, Incendi-o..."

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Sauf pour les quelques couples qui s'étaient quittés avec inconfort et les rares élèves qui s'étaient reconnus et s'étaient séparés trop vite (malheureusement, Seamus et Ginny étaient de ceux là...), Hermione était contente du résultat. La chanson, celle d'un groupe sorcier que Dumbledore lui avait recommendé, s'arrêta et une chanson moldue rythmée prit sa place. Elle sourit en voyant que personne ne s'arrêtait pour autant. Hermione allait peut-être réussir à changer certaines opinions sur les Moldus... Wow. La soirée était une réussite!

L'air ennuyé, Ron observait aussi les danseurs en battant légèremement le rythme avec le pied. Il siffla un peu, puis se tourna vers elle.

"Est-ce que tu vois Harry? J'ai beau cherché..." Et il plissa les yeux vers la salle, soupira. "Zéro."

Elle fronça les sourcils. N'avait-il pas reconnu Malefoy tout à l'heure? "Ron. Le loup qui est venu me demander où était Harry, c'était Malefoy."

Une grimace aux bords des lèvres, le rouquin ne changea pas de ton. "Je sais ça, Herm. Mais si la fouine a quitté Harry, où est-ce qu'il est lui?"

Elle le considéra. "Je ne sais pas."

Ron se leva alors, brusquement. "Dans ce cas, je vais le chercher. J'ai vraiment rien d'autre à faire, après tout." Il semblait un peu amer, mais Hermione ne voulait pas y penser. Elle ne pouvait pas vraiment discuter avec lui après tout, non? C'était son agence, le Bal si attendu...

Elle était une horrible hôtesse, se dit-elle plus tard.

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En attendant sa retenue, Harry décida de traîner près des cachots, en restant à l'écart des appartements de Rogue. La tour des Gryffondors lui semblait trop loin, et onze heures seraient sûrement vite arrivées de toute façon. De plus, l'air frais et humide l'aidait à réfléchir.

Sans oublier que, s'il sortait de cet endroit, son cerveau réaliserait sûrement que ce qu'il venait de voir était totalement réel.

Arg. Et il avait vu... Lucius Malefoy et Rogue... Qui étaient beaucoup trop vieux! Il avait bien penser à Rogue bizarrement ces derniers jours, mais... Harry n'avait définitivement pas été prêt à ce qu'il avait vu ce soir.

Il fallait être aveugle pour ne pas reconnaître la grande ressemblance entre Drago et son père, mais Harry ne voulait pas voir ce dernier dans une- telle position- pour autant. Si ça aurait été Drago à la place de son père... ça aurait été-

Il avait besoin de mettre une bonne distance entre lui et Drag-Malefoy. Malefoy. Il lui fallait reconnaitre maintenant qu'il n'était pas voulu, qu'il n'avait aucune chance. Sans oublier qu'il avait suivi, déranger, même harceler Malefoy pendant plus d'un mois. Il l'avait embrassé sans permission, lui avait volé jusqu'au droit d'avoir la chance de rencontrer quelqu'un d'autre au Bal! Harry devait le laisser tranquille. Malefoy, aussi méchant, narquois... intense et- stop- lui aussi avait le droit de vivre et s'il ne voulait pas voir Harry, ce serait d'accord. Et Harry se sentirait certainement mieux en retrouvant ses anciennes préoccupations, en se concentrant sur ses amis, le Quidditch et Voldemort...

Soupir. Plus il tentait de se convaincre, plus il se souvenait des bons moments. Embrasser Drago avait été... atrocement doux, une perte totale de ses moyens... le goût aussi surprenant et fort qu'une douche froide, l'impression aussi vive qu'une chute de trente étages...

Il y avait eu quelque chose. Ce n'avait pas été que deux bouches l'une contre l'autre, ou... Non, Harry ne devrait pas penser à tout cela, pas maintenant qu'il comprenait toutes ces raisons pour ne pas continuer. Rogue l'aiderait à être de glace, non? Sauf que...

Rogue n'avait pas réellement semblé si froid, il y a quelques minutes.

'Bravo, excellente idée que de suivre ta curiosité, Harry. Félicitations; tu as maintenant une retenue, quarante points en moins, une image traumatisante dans la tête et plus rien à demander à Rogue. Magnifique.'

Et il n'était que neuf heures...

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Cho se tenait dans le même coin depuis le début de la soirée, seule. Cachée dans l'ombre, un simple masque noir aux contours d'argent sur les yeux, elle avait gardée sa robe de sorcier noire, mais enlevé son badge de Serdaigle.

Elle n'avait pas eu le courage de glisser un mot à Hermione Granger pour ne pas faire partie du jumelage, et, bien qu'elle n'était pas allée retrouver son partenaire assigné, elle n'avait pas pu s'empêcher un coup d'oeil masochiste aux danseurs amoureux. Son soi-disant partenaire de rêve l'avait attendu avant d'hôcher les épaules et de partir avec ses amis. Elle le voyait d'ici, dansant avec un large sourire, criant pour se faire comprendre par-dessus la musique. Elle sentit un frisson, cligna répétivement des yeux pour empêcher les larmes. Il était temps de partir... elle n'en pouvait plus et laisser les larmes sortir ne lui ferait du bien que si elle était seule. S'humilier en public, encore; non.

Elle longea la pièce en tentant de se changer les idées, fixant vainement sa concentration sur les si nombreux costumes.

En s'approchant de la porte, Cho apperçu un garçon et une sensation féroce sembla soudainement attaquer son estomac. Familier. Si, familier... C'était comme si elle se voyait, quelques minutes plutôt, alors qu'elle sombrait de l'intérieur. Ça aurait pu être elle, ce garçon adossé dans un coin d'ombre, immobile, regardant l'humeur des autres contraster douleureusement avec la sienne. Il pensait les mêmes choses qu'elle; elle le devinait, sentait sa tristesse. Lui aussi portait sa tenue d'école et un large masque usé qui ne laissait deviner de son visage que des yeux clairs. Cho se sentit comme attirée, et s'apperçut soudainement qu'elle se tenait devant lui.

Comme une fleur s'épanouissant dans sa poitrine, Cho sentit enfin la magie de cette soirée. Les yeux du garçon s'agrandissèrent lorsqu'elle posa sa main sur son épaule. Cela semblait irréel, mais la chaleur rencontrée par ce contact, l'odeur de savon qui l'entourait... Réel. Sa propre voix se fit douce et les mots lui virent naturellement. "Veux-tu danser?"

Le monde continuait à tourner, personne d'autre que lui ne prêtait attention à cette timide Chang et elle se sentait une autre personne. Il la fixa longtemps, sans enlever la main. Il hôcha finalement la tête avec de petits coups nerveux, timides. Cho inspira profondément, ferma les paupières et prit le garçon dans ses bras en accueillant cette deuxième bouffée de chaleur. Un souffle sucré se glissait sur sa nuque par intervales de plus en plus distancés. Une main, quelques minutes plus tard, se posa très légèrement sur le milieu de son dos.

C'est ainsi que, l'esprit vide de toute pensée, sa nervosité disparue, Cho se laissa mener doucement par cet inconnu. C'était trop beau pour être vrai, mais... trop beau pour n'être qu'un rêve.

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La porte du dortoir était fermée. Drago l'avait enchantée pour qu'elle soit impossible à ouvrir du premier coup, ce qui lui laisserait le temps de se cacher à la moindre intrusion. La bloquer aurait été trop suspect. Par contre, en ce moment, tout cela était bien loin dans son esprit.

Il ouvra le quatrième coffre avec un Alohomora, vidant furieusement son contenu. Grogna. Le premier avait contenu des cahiers identifiés au nom de Thomas, le deuxième, des photos d'une famille blonde et apparement irlandaise, le troisième, un journal intime au nom de Neville Londubat (et il ne lirait pas ça même s'il s'était ennuyé à en mourir... «Cher journal,» imagina-t-il, «aujourd'hui je suis tombé, j'ai déboulé vingt marches, agi comme un parfait imbécile en Potions devant le grand méchant Rogue qui m'a fait brailler et patati patata...»). Et maintenant, ce coffre-ci était plein de quelques pièces de la merveilleuse collection vestimentaire Weasley. Drago remit les objets n'importe comment et ferma d'un coup sec.

Le cinquième lit, le cinquième coffre serait donc celui de Potter. Il s'en approcha, prit le coffre d'une main et...

'Potter?' s'arrêta.

Son cerveau semblait vouloir se remettre en marche.

'Mais pourquoi Potter?'

L'environnement sembla s'effacer tandis qu'il se laissait tomber à côté du dernier coffre.

'J'ai besoin de quelqu'un, la fille du bal n'allait pas, mais pourquoi Potter? Je ne suis pas... pas attiré par lui, par les garçons en général, non?' Les yeux de Potter, perçants, les... la proximité, toutes les fois où ils s'étaient effleurés, où ils avaient été proches... 'Non?' La vision du Mirior de Erised...

Ce serait Potter. Pas qu'il était homo ou rien; Potter était différent. Il était le Survivant, le sauveur... Ne devrait-il pas l'appeler par son prénom? Peu importe, et de toute façon cet intérêt envers Potter lui passerait rapidement... C'était normal que Drago soit intéressé à lui, non? Potter était influent, même s'il ne le savait peut-être pas, et il avait hum, un certain attrait physique. Err. Pas que Drago... euh.... Les yeux auraient pu aussi bien obtenir à une fille, après tout, il en avait eu la preuve au Bal avec cette princesse...

Et avait-il vraiment aimé se faire embrasser par Potter? ...N'avait jamais duré longtemps, c'était surtout, choquant, surprenant. Est-ce qu'embrasser un garçon, c'était la même chose qu'avec une fille? Est-ce que... est-ce que Drago était doué?

Potter. D'accord, alors Drago voulait Potter. Qu'est-ce qu'il devait faire, maintenant? Il ne le laisserait pas filer, il l'aurait.

Leur deuxième rencontre, dans le train... Il avait refusé de lui serrer la main, l'avait totalement rejeté. On ne rejette pas Drago Malefoy. Jamais. Et surtout pas cette fois-ci. Drago aurait Potter car c'était lui qu'il voulait. Peu importe les raisons, il l'aurait.

Le bruit de la poignée tournée une première fois fit sursauter Drago. Il resta immobile une demi-seconde avant de filer derrière le lit de Potter. Il se glissait en dessous tandis que la porte s'ouvrait.

Cette fois, songea-t-il, le lit était assez éloigné de la porte pour risquer un coup d'oeil.

Aucun bruit de pas: peut-être que le Gryffondor était parti aussitôt? Drago se traîna sur le ventre jusqu'à ce qu'il soit assez près du bord. Il souleva doucement le rideau.

Quelqu'un se tenait, immobile, dans l'encadrement de la porte: Drago pouvait le voir jusqu'aux genoux. Le Serpentard prit une grande respiration pour tenter de se calmer et un peu de poussière entra dans sa narine, chatouillante. Sales Elfes! Dire qu'il les avait presque complimentés tout à l'heure! Un frisson tandis que la poussière tentait de sortir. Il ne fallait pas éternuer!

"A-a-" Non non non... Drago se plaqua la main sur le visage, couvrant son nez et sa bouche. Les pieds du Gryffondor avaient fait un petit mouvement brusque, surpris. Ils s'avancèrent vers lui. La porte se referma.

"Harry?"

Weasley. Weasley le mendiant, qui avait refusé de dire où était Potter, qui l'avait embusqué pour l'agresser sexuellement lundi, que Potter avait préféré à lui la première année. Oh, Drago voulait tellement lui jeter un sort ou sortir de sous ce lit pour l'abattre à mains nues...

"Harry?" La voix même l'irritait. Comment Potter pouvait-il le supporter, voire le considérer comme son meilleur ami? Aucun goût pour rien, aucun talent... Du moins, aucun talent que Drago connaissait...

Et si...

Et s'il était doué au lit et que c'était pour cette raison que Potter le supportait? S'ils étaient- ensemb--

Tuer. Weasley. MAINTENANT.

Un grognement résonnait dans le dortoir tandis que Drago s'avançait assez pour prendre la cheville qui se tenait devant lui. Une exclamation de Weasley tandis qu'il tombait sur les fesses. Drago sentait un sourire sadique lui tirer le visage. Il sortit de sa cachette, Weasley le regardant avec la bouche ouverte. 'Tu te crois meilleur que moi, hein Weasley? Tu ne l'auras pas, tu n'auras jamais mon Potter!' Il se leva et écrasa la main du rouquin avec le pied. Ce cri fut de la musique à ses oreilles.

Weasley retira sa main, releva un genou. Il leva les yeux vers Drago, ceux-ci pleins de surprise et de haine, avant d'allonger ses grands bras pour le pousser. Drago, occupé à le cogner de toutes les façons possibles, bascula vers l'arrière et atterrit sur le lit. Il se rendit compte, dans un coin reculé de sa tête, qu'il se trouvait dans le lit où Potter dormait tous les soirs. Ici, Weasley et lui... avaient sûrement... ARR!

Une nouvelle vague de haine le fit s'avancer et prendre à deux mains les cheveux de Weasley qui venait de se relever. Celui-ci perdit à nouveau l'équilibre et se cogna la tête contre l'un des montants du lit. Le bruit sembla irréel. Drago tira vivement sur le bras devant lui, amenant Weasley sur le lit avant de faire pleuvoir d'autres coups.

Aucune parole des sorciers; le bruit de leurs coups, les battements de coeur et les protestations du lit comme seule musique. Drago devait l'admettre, Weasley était plus fort et plus grand que lui (À peine, bien sûr, et de toute façon ça ne voulait rien dire. Et Drago était de loin le plus beau, le plus agile...). Sans l'avantage de la surprise, le Serpentard fut trop rapidement maîtrisé. Couché sur le côté, un bras coincé par le genou de Weasley et l'autre tordu par le rouquin, il se démenait vainement. Mais il refusait d'abandonner et commença à utiliser les mots comme dernier moyen d'attaque. Il sortit les injures les plus imaginatives du moment, les menaces les plus horribles.

"-Acide, puis- puis les orteils unes par unes, coupées avec un couteau rouillé, puis- obligé de regarder McGonagall et Rusard nus- Elfes de Maison- strip-tease-"

Il vit la grimace de Weasley, tenta à nouveau de s'échapper, sans succès. Il ne fit que sentir son bras droit se faire tordre davantage, la chaleur étouffante et la sueur sur son visage. "Malefoy, la ferme!"

Étrangement, cela fit taire le flot irréfléchi de paroles. De toute façon, Drago lui-même n'était plus très sûr de se qu'il disait.

Drago remarqua soudainement que Weasley ne portait plus ni maquillage ni costume de clown, que son visage était aussi rouge que ses cheveux et que des gouttes de sueur y perlaient. 'Il doit être comme ça pendant le sexe avec Potter,' pensa-t-il avec un frisson qu'il attribua au dégoût. 'Comment est-ce que Potter fait? Au- aucun intérêt! Je- Je ne suis PAS gay!' Weasley le fixait, les sourcils froncés, ses lèvres rosées s'entrouvrant pour sûrement crier autre chose... 'Et je ne viens pas de remarquer que ses lèvres- PAS gay, je--' Dans une impulsion, Drago leva la tête vers Weasley, posant sa bouche sur celle du rouquin. Un cri de protestation, mais les lèvres ne s'étaient pas refermées à temps pour empêcher à Drago d'y entrer.

C'était différent. Il... Manquait quelque chose...

Drago reprit possession du bras que Weasley avait relâché sous le choc. Il s'en servi pour lui frapper le crâne, s'éloignant ensuite du Gryffondor. Weasley tomba sur le lit avec un grognement. Drago le regarda, sa respiration rapide, avant de s'essuyer la bouche et de quitter le matelas.

Mon Dieu. Il venait d'embrasser Weasley. Ce n'était pas comme quand Potter l'avait embrasser, cette fois c'était lui qui avait commencé...

Par Merlin...

Mais après tout, pensa-t-il pour se justifier, Weasley l'avait confronté pour ça lundi! L'aurait forcé, l'avait coincé et tout- menaçant...

...Il n'avait pas tout à fait détesté ce baiser.

'Je suis,' Inspiration profonde, forcée, ce poids sur sa poitrine... 'Gay.'

Mais Weasley n'était définitivement pas son genre, et jamais au grand jamais il ne devait se souvenir de ce qui venait de se passer. Il faudrait faire tout oublier au rouquin.

(Gay?)

Il sortit sa baguette, lévita Wealey jusqu'au lit voisin, Drago n'ayant même pas à bouger. Il se força pour ne pas se rappeler ce baiser, ni ce corps qu'il avait martelé de coup, qu'il avait sentit sur lui...

(Merlin. Gay.)

Il n'y penserait pas. Et Weasley s'en souviendrait encore moins. "Oub-"

La poignée. Quelqu'un tentait de la tourner.

Drago sursauta, échappant sa baguette. Il se laissa tomber à genoux, la prit et entendit la porte s'ouvrir, puis des pas. Nerveux, il hésita une seconde avant d'aller sous le lit où se trouvait Weasley. Il aurait peut-être la chance de lancer son sort en douce si jamais Weasley-- Il entendit un grognement et le matelas au-dessus de lui remua.

Fantastique. Le rouquin qui se réveillait en n'ayant pas encore reçu le sortilège de mémoire. Salement magnifique.

"Ron? Qu'est-ce que tu fais là?"

Son coeur s'arrêta. Potter maintenant. Parfait. Juste... parfait. Merlin.

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Une heure avant la retenue fatidique, il en eu assez de l'humidité et de la noirceur. Il n'avait pas envie de parler avec personne, avait été chanceux: seul un groupe de deuxième année avait été dans la salle commune et aucun ne lui avait adressé la parole. Son cerveau, miséricordieux, l'avait laissé tranquille pendant le chemin du retour, mais son corps était fatigué.

Son lit: le seul bon moment de la journée.

...son lit avait été sauvagement défait. Harry cligna ses yeux fatigués mais n'obtint aucune réponse. Il s'avança. Il n'y avait personne-

Un grognement amena son intention au lit voisin du sien, dont les rideaux tirés avaient caché son ami jusqu'à maintenant.

"Ron? Qu'est-ce que tu fais là?"

Adieu le relaxant, merveilleux sommeil si désiré...

Un gémissement sortit de Ron. Il était plus pâle qu'à l'habitude et ses tâches de rousseur semblaient plus prononcées. Il referma la bouche lentement, avant d'entrouvrir les yeux.

"Ron?"

Le rouquin ouvrit les yeux davantage, tournant progressivement la tête vers Harry... puis s'arrêta à mi-chemin. Les yeux ronds, il fixait le lit d'Harry. Son visage paraissait alarmé, son regard dur. Il grommela ensuite quelque chose qu'Harry ne comprit pas immédiatement.

"Ma-mal--" Il bégaillait?

"Tu as... mal?" Harry ne savait pas comment réagir. Mal... Malade? Maladroit, malaria, ma-?

"M-MALEFOY!"

Harry sursauta et ramena brusquement son regard sur Ron, dont les sourcils étaient froncés et les dents serrées. Harry répèta le prénom du rouquin. Sans avertir, celui-ci se releva pour s'asseoir au bord du lit, encore pâle. Comme s'il voyait Harry pour la première fois, il lui jeta un air interrogateur avant de se lever de peine et de misère. Il retourna son regard sur le lit voisin et ses traits se tordirent étrangement. Il pâlit davantage.

Un mouvement brusque et Ron se lança sur le lit d'Harry, déplaçant les oreillers, soulevant les couvertures. Harry le regarda faire, déconcerté. Et... Malefoy? Qu'est-ce qu'il avait à voir là-dedans?

Lorsque Ron se jeta à terre, glissant sous le lit en tâtant le sol d'une façon démente, Harry s'avança vers lui pour le retenir. "Ron? Ron!" Il lui prit le bras et l'interpelé, semblant avoir finalement abandonné cette étrange recherche, laissa Harry le tirer à la lumière du dortoir. "Qu'est-ce que-"

"Malefoy- Il était là- Il m'a--" Son teint devint plus verdâtre, le haut de ses oreilles rosé. "Je-" Une exclamation, et la pâleur revint sur son visage. Une décoration de Noël, blanche verte et rouge, pensa Harry, dégoûté de sa propre comparaison. "Malefoy était ici il y a quelques secondes! Il- Il m'a frappé! Il-"

"Ron, calme-toi!" Harry commençait à perdre patience. "Malefoy était ici?"

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Ce même Malefoy, en ce moment, entendait à peine les Gryffondors tant son coeur battait fort. Il comprenait suffisament, par contre.

'Weasley, ferme-la!' Il essuya à nouveau la sueur de son front. 'Deux douches ce soir, plus le sort de nettoyage habituel...' pensa-t-il distraitement.

"Il m'a- Malefoy m'a--"

NON! 'Weasley,' continua-t-il mentalement, 'si tu dis ce mot-là, tu n'auras plus jamais d'amygdales! Couper la gorge- vais t'arracher- arracher les cheveux- t'obliger à voir Ru-Rusard nu- ou- Miss Teigne et... épilation à la cire- jeter dans la Forêt Interdite couvert de miel--'

"Je ne pense pas que D-" Respiration. "Malefoy. Il n'aurait pas le mot de passe. Et puis, vraiment," Le ton de Potter devint, étrangement, amer. "Qu'est-ce qu'il viendrait faire dans notre dortoir durant le Bal?"

"Voyons Harry, c'est justement une occasion parfaite pour piller sa Maison ennemie, pour attaquer des Gryffondors et les- eurrg... hum..." Merde, Weasley ne pouvait-t-il pas l'oublier? Drago avait déjà du mal à s'empêcher de penser à sa nouvelle sexualité...

Des pas, se rapprochant de sa sombre cachette.

"...Tu sais quoi? Je pense que ce n'était qu'un rêve." Un début de protestation. "Non, c'est vrai, tu t'es endormi dans ton lit et tu as tout imaginé. Ça m'ait déjà arrivé, Ron, alors tu n'as pas à avoir hon--"

"Il est là, je te jure! Re-regarde, j'ai encore les marques de ses ongles sur mon bras! Et- et qui d'autre aurait défait ton lit, hein? Ah-ha! Tu vois bien que j'ai raison! Je sais que Malefoy se cache ici, aide-moi seulement à chercher!"

Les yeux ronds, Drago se glissa le plus loin possible. Pourquoi n'avait-il pas apportée cette foutue cape d'invisibilité! Il aurait fallu être prêt à tout! Vigilance constante, comme avait dit ce retardé de professeur défiguré...

"Ron... Il faut que j'y aille. J'ai une retenue avec Rogue." D'après le ton, Potter était loin d'afficher un sourire.

Surprise: "Comment t'as réussi ça? On a pas eu de Potions depuis mercredi. Qu'est-ce que tu-"

"Je ne veux pas en parler, s'il te plaît."

Un soupir. "D'accord... En tous cas, tu me crois pour Malefoy, non? Je te le JURE! Il était sous ton lit, m'a attrapé la cheville, m'a donné des coups de pi-"

"RON! J'ai mal à la tête alors arrête!" Ouh, Potter semblait fâché... Pourquoi est-ce Drago n'avait pas envie de rire de lui ? Er, sûrement le stress...

En vérité il avait surtout envie que Weasley se taise, que ça aide Potter ou non...

Ah, dieux, ce qu'il se sentait mélangé...

Potter continua: "Désolé, mais je ne me sens pas assez bien pour considérer quoi que ce soit en ce moment." La voix était difficilement contrôlée et semblait prête à éclater à tout moment. "Même si tu dis vrai, je n'ai pas envie d'en parler et il est sûrement parti avec ma cape de toute façon... Bon! Alors j'y vais. Bye, Ron. Désolé." Drago entendit le départ de Potter, tandis que Weasley bafouillait un 'ça va'.

En attendant la porte se refermer, Drago eu l'impression d'être dans une cellule, prisonnier à jamais du dortoir. Son estomac se noua. Il devait survivre jusqu'à ce que la nuit ne lui vienne en aide. Merlin...

Il n'aurait jamais dû se lever, ce matin.

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