Les deux premiers jours sans Scott passèrent relativement rapidement et Jean n'eut guère de moment à elle pour s'échapper en ville. Il lui manquait –même s'il l'avait appelé chaque soir– mais cela n'allait que rendre leurs retrouvailles plus fortes.

Dimanche en début d'après-midi, Ororo apparue à l'infirmerie accompagnée de Amara, Tabitha, Kitty et Jubilée.

- « Ecoutez les filles, je suis sûre que nous allons trouver une solution » faisait Tornade à l'intention des quatre jeunes mutantes.

- « Une solution à quoi ? » s'enquit Jean, occupée à observer des échantillons sanguins au microscope.

Terminant l'examen, elle nota quelques chiffres et observations sur une feuille avant de reporter son attention vers le petit groupe.

- « J'avais promis aux filles de les amener au centre-commercial qui est ouvert exceptionnellement cet après-midi, » expliqua Ororo « mais j'ai un empêchement de dernière minute et elles ne sont guères tentées à l'idée d'y être conduites par Logan… »

Boom-Boom prit la parole avec l'intention d'essayer de se faire comprendre à demi-mot :

- « C'est à dire que…c'est un homme et nous n'avons pas trop envie qu'il nous chaperonne pour le genre d'articles que nous voulons voir entre autres choses » fit Tabitha en se demandant soudainement si elle n'avait pas été trop subtile, mais la télépathe sembla avoir parfaitement saisi…

- « Sous-vêtements ? » demanda Jean à Ororo, un sourire aux lèvres.

- « Sous-vêtements » confirma la sorcière du temps.

Elles échangèrent un regard complice, se retenant visiblement de rire.

- « Quoi ? » demandèrent les jeunes élèves.

- « Nous avons eu votre âge » fit Tornade « Et il se trouve que nous –malgré le fait que j'étais plus âgée que Jean– nous n'avons pas eu le choix et avons dû être accompagnées de Logan »

Jean rassembla ses feuilles d'analyses tout en se remémora de cette journée :

- « Il n'arrêtait pas de grogner et de râler sur tout et n'importe quoi, horrifié à l'idée que l'on puisse s'acheter tel ou tel modèle, c'était quelque chose »

- « Oui, vraiment mémorable, nous étions revenues bredouilles tellement il nous avait gâchée l'envie de faire du shopping » rajouta Ororo, en souriant.

Hank fit son apparition et s'arrêta net en voyant le monde présent dans l'infirmerie.

- « Un meeting féministe ? » demanda-t-il.

- « Non, une mission de sauvetage » fit Jean.

Tornade reprit son sérieux et demanda à sa meilleure amie :

- « Alors, tu penses que tu pourrais te dévouer pour les y emmener ? »

Jean jeta un coup d'œil sur le travail qu'il lui restait à faire, puis sur les quatre élèves qui lui adressaient un regard suppliant.

- « Oui, je vais leur épargner notre triste expérience » sourit Jean.

Quatre soupirs de soulagement se firent entendre.

- « Quoi donc ? » s'enquit le Fauve.

- « Logan et le shopping féminin » répondit Ororo.

- « Ah oui, effectivement » admit Hank avant de demander, « Dis-moi Jean, si tu vas en ville, tu pourrais passer chercher les médicaments génériques que j'ai commandé à la pharmacie du centre-commercial ?»

Une pharmacie, un prétexte, la jeune femme ne demandait rien de mieux pour l'achat qu'elle devait effectuer.

- « Oui aucun problème, ça donnera un peu de liberté aux filles » accepta-t-elle avant de s'adresser au petit groupe « dans 5 minutes au garage, ça vous va ? »

Toutes les quatre sourirent avec reconnaissance.

- « Merci Docteur Grey !» firent-elle avant de s'éclipser.

- « Je te revaudrais ça Jean » déclara Ororo.

- « Oh, ça me donne l'occasion de faire une pause » répondit la jeune femme.

Jean accompagna donc les quatre adolescentes au centre-commercial et leur laissa du temps libre –après leur avoir fait promettre de bien se tenir– pendant qu'elle se rendait à la pharmacie. Elle récupéra la commande de l'Institut et acheta un test de grossesse (qu'elle ne fit pas figurer sur la même facture) avant d'aller déposer le carton de médicaments en tous genres dans son 4x4. Puis elle alla faire un tour dans les boutiques jusqu'à l'heure de rendez-vous qu'elle avait fixé avec les filles lesquelles semblèrent satisfaites de leur après-midi à en juger par les sacs qu'elles transportaient et les nombreux remerciements qu'elles adressèrent de nouveau à Jean.

De retour à L'Institut, la télépathe se retint de faire le test immédiatement, sachant très bien que, s'il s'averrait positif, elle aurait du mal à contenir son impatience de le dire à Scott, et si elle voulait qu'il soit le premier à l'apprendre…Bref, elle décida donc de se replonger dans son travail et alla se coucher relativement tôt pensant que c'était le dernier soir qu'elle dormait sans lui, le lendemain, il lui tiendrait à nouveau chaud…


Le lendemain matin, Jean se réveilla nauséeuse, comme les autres jours, mais avec désormais l'intention d'effectuer ce test de grossesse. Histoire de ne pas rester devant pendant dix minutes, la bouche ouverte, elle décida de faire comme si de rien n'était et prit sa douche en se retenant d'en sortir prématurément pour voir si le résultat s'était affiché. Lorsque le délai d'attente se fut écoulé, Jean se retrouva face à un dilemme : une partie d'elle-même mourrait d'envie de voir ce qu'il avait donné, l'autre craignait de n'être déçue et préférait demeurer dans le doute. Cela dit, le premier penchant finit par remporter et elle utilisa sa télékinésie pour attirer le test jusqu'à elle, trop nerveuse pour faire un pas vers lui. Lorsqu'elle le sentit atterrir dans ses mains, elle poussa un soupir et décida d'en avoir le cœur net.

- « Oh mon dieu… »

Elle n'en croyait pas ses yeux et recula à l'aveuglette pour s'asseoir sur le rebord de la baignoire. Positif, il était positif, elle était enceinte, elle allait être maman. Elle sourit largement alors que des larmes de joies faisaient leur apparition. Oui, elle l'avait soupçonné mais, là, ce n'était plus une supposition, c'était réel, elle en avait la confirmation inutile de faire une prise de sang en plus, elle savait ce qu'elle donnerait, elle n'en avait plus aucun doute, elle attendait un bébé.

Elle laissa passer quelques instants le temps de se remettre de ses émotions, se leva et se rendit dans la chambre avec l'intention d'appeler Scott pour lui annoncer la nouvelle, mais se ravisa. Il devait en ce moment se trouver dans un avion entre ici et Hawaii et avait sûrement éteint son portable. Et puis, voulait-elle le lui apprendre par téléphone ? Non, elle voulait le faire dans les règles de l'art et leur dîner prévu le soir même serait parfait. Elle se résolut donc à attendre son retour et décida de n'en parler à personne tant qu'elle ne le lui aurait pas annoncé, elle voulait vraiment que Scott soit le premier à l'apprendre. Par précaution, Jean enroula le test de grossesse dans la moitié d'un rouleau de papier toilette avant de le jeter, bien qu'il n'y avait aucun risque que quelqu'un vienne fouiller dans leur poubelle.


Avez-vous déjà remarqué que lorsque vous attendez quelque chose avec impatience, le temps semble s'écouler plus lentement ? Et bien Scott en faisait l'expérience.

Il était parti de Westchester trois jours plus tôt par une belle matinée ensoleillée pour aller rendre visite à Alex. Avant cela il avait dit au-revoir à Jean, sermonné Kurt pour lui rappeler de demander lorsqu'il voulait que quelqu'un lui fasse passer un plat, et avait prit son avion. Ce qui, en fait, était aussi ce qu'il avait fait le matin même : Il avait salué Alex et sa nouvelle petite copine (Il ne savait pas pourquoi, mais Scott donnait deux semaines maximum à cette relation), dit à son frère de surfer prudemment et de ne pas hésiter à l'appeler ou à passer à l'Institut, et était monté dans l'avion de ligne reliant Hawaï à Los-Angeles. Quarante-cinq minutes plus tôt, après une escale d'une heure, il avait embarqué pour un vol intérieur qui le ramenait maintenant à Weschester et à Jean.

Cela faisait seulement trois jours, juste un week-end prolongé, alors pourquoi lui manquait-elle autant ?

Question stupide pensa-t-il, il l'aimait plus que sa propre vie, elle était une partie de lui-même sans laquelle il ne pouvait vivre, voilà pourquoi.

Il mit sa main dans sa poche pour y trouver une petite boite de velours qu'il avait acheté. Il la sortit, passa ses doigts sur la douce matière noire de l'écrin avant de l'ouvrir pour révéler un anneau d'or blanc sur lequel était monté trois diamants fins et clairs comme le jour. Il sourit, fier d'avoir trouvé exactement ce qu'il cherchait, un bijou discret et harmonieux à la fois Jean devait être loin de s'imaginer que lors de leur soirée, il allait la demander en mariage.

Scott fut sortit de ses pensées par un tressautement de l'avion, qu'il mit sur le compte de turbulences tout à fait normales. Cela dit, la secousse se reproduit d'une manière plus prononcée avant que l'habitacle ne se mette à trembler. Les plateaux repas, le jouet avec lequel jouait un petit garçon installé dans un des sièges de l'autre côté de l'allée centrale, et les lecteurs-cd portables que les passagers avaient emmenés avec eux chutèrent sur le sol. A peine avaient-ils eu le temps de reprendre leurs esprits que l'avion tressauta de nouveau, suivit d'une autre secousse fortement ressentie, comme si l'appareil venait de perdre soudainement plusieurs mètres d'altitude.

Scott avait un mauvais pressentiment, lequel se révéla fondé lorsque le signal lumineux indiquant qu'il fallait attacher les ceintures s'alluma et qu'il vit les deux hôtesses venir calmer les passagers devenus nerveux –alors qu'elles mêmes ne semblaient pas rassurées– et expliquer la situation :

- « Mesdames et messieurs, une avarie des moteurs vient d'avoir lieu et… » commença l'une des jeunes femmes.

Une vague de panique se fit entendre et l'hôtesse poursuivit en haussant un peu plus la voix :

- « Mesdames et messieurs, s'il vous plait, je vous prie de garder votre calme » fit-elle.

Les mères avaient pris leurs enfants contre elle et leur disaient que tout allait bien se passer. Scott pouvait sentir l'attraction terrestre agissant sur l'appareil, ce n'étant pas la première fois qu'il vivait ce genre d'événement, le jour où ses parents avaient trouvé la mort était gravé dans sa mémoire.

La voix du pilote retentit par les hauts parleurs :

- « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous nous préparons pour un atterrissage d'urgence, veuillez adopter la position de sécurité que les hôtesses vont vous remontrer, ne détachez votre ceinture et ne quittez votre siège en aucun cas… »

Le jugement venait de tomber et Scott ne put même pas écouter le reste du message, il savait ce qui allait arriver. Jetant un coup d'œil sur les visages terrifiés des passagers, il fit quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps : il pria pas pour sa propre vie, mais pour celle des enfants et des parents de ce vol, et pour Jean, il pria pour que Jean soit capable d'entendre sa déclaration d'amour.

Quelqu'un laissa échapper un cri de frayeur qui fut répercuté par d'autres passagers. Scott ferma les yeux, revivant le jour où lui et Alex avait dû sauter de l'avion en flammes de leurs parents il se souvenait de l'expression du visage de sa mère et de l'unique larme que son père avait versé, ne voulant pas leur laisser comprendre qu'ils ne se reverraient plus dans cette vie. Il se rappelait à quel point Alex était effrayé. Tout cela lui revenait en mémoire et, à cet instant, Scott était sûr d'une chose : il allait mourir.

A suivre….

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