Merci à Titedoph pour son review :-) !

Wen

Avant toutes choses, et malgré son mal de tête carabiné, elle se concentra et scanna l'Institut par télépathie pour s'assurer que tout le monde était dans la salle à manger, tout cela en prenant garde à ce que le Professeur ne repère pas son inspection. Une fois sûre que personne ne risquait d'avoir terminé de dîner avant une vingtaine de minutes, elle se leva, enfila des pantoufles, attendit quelques instants pour être certaine de ne pas être prise d'assaut par des nausées plus fortes que celles qui l'assaillaient déjà, et sortit en direction des sous-sols.

Jean rejoignit rapidement l'infirmerie, scanna une nouvelle fois douloureusement les environs, prépara l'échographe et s'installa sur une des tables d'auscultation, l'écran tourné vers elle. Elle releva son tee-shirt, appliqua du gel sur la surface de son ventre et s'arrêta de bouger pour pousser un profond soupir. Elle avait peur de ce qu'elle risquait de découvrir, mais si elle voulait en avoir le cœur net, elle devait le faire maintenant.

Résolue, Jean régla l'appareil et le mis en route avant d'appliquer la sonde sur son ventre. Avant même de le voir apparaître sur l'écran, elle l'entendit …ce petit rythme rapide, les battements de cœurs de son bébé. Ce qu'elle ressentit à ce moment fut inexprimable. L'embryon ne mesurait qu'un peu plus de trois centimètres et n'avait encore que la silhouette du stade primitif de sa formation, mais il vivait, et son statut de médecin permit à Jean de s'assurer qu'il allait bien et de confirmer qu'elle devait être enceinte de plus de deux mois et demi.

Elle resta un moment les yeux rivés sur ce petit être. Elle devrait être heureuse et elle l'était, mais pourtant elle pleurait, elle pleurait de soulagement de voir que sa grossesse ne semblait pas avoir souffert de sa consommation d'alcool, mais aussi de devoir vivre ce moment seule alors qu'elle avait toujours rêvé de le partager avec Scott …il lui manquait tellement. Jean fut sortie de ses pensées douloureuses par un bruit provenant du couloir. Elle n'avait pas vu le temps passer ! Rapidement, elle éteignit l'appareil, essuya le gel de son ventre et remit tout en place. Puis, elle alla chercher une boite de médicaments pour son mal de tête dans la pharmacie et s'apprêtait à sortir lorsque Hank entra dans le local.

- « Jean ? qu'est-ce que tu fais l ? » s'étonna-t-il.

Comme elle le faisait depuis le drame, la jeune femme ne leva pas vraiment le regard vers lui.

- « …Je…je suis venue prendre une boite d'Efferalgan… » répondit-elle en la lui montrant par automatisme.

Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement lui dire la vérit ? Elle n'en avait même pas été capable auprès de sa meilleure amie le matin même, elle ne pouvait pas s'y résoudre.

- « Oh » fit le Fauve avant de remarquer qu'elle avait pleuré.

Désolé de la voir aussi mal, mais sachant que ça n'allait pas s'arranger de sitôt, il sortit un paquet de kleenex de sa poche et lui en tendit un. Jean l'accepta et s'essuya lentement les joues puis –encore sous l'émotion de cette première échographie– elle repartit en silence vers sa chambre et ne croisa personne d'autre.

Trois autres semaines s'écoulèrent, trois semaines durant lesquelles la vie reprit doucement son cours dans l'Institut Xavier, les étudiants recommençant à chahuter et les professeurs à les rappeler à l'ordre. Un nouvel élève était arrivé, il avait 12 ans et s'appelait Bryan. Le pouvoir engendré par sa mutation n'était pas encore clairement défini, mais il semblait qu'il était capable d'avoir des visions du passé, de l'avenir ou simplement des flashs d'évènements en train de se dérouler sans qu'il en soit directement témoin. Quoiqu'il en soit, Bryan fut très bien accueilli par les autres élèves et s'intégra rapidement au groupe. Les cours étaient assurés et avaient repris leur rythme habituel –les devoirs aussi au plus grand désolément des jeunes mutants– mais ce n'était rien comparé à la reprise des séances d'entraînement dans la salle des dangers assurées par Wolverine…

Depuis quelques temps, le Docteur Grey ne restait plus cloîtrée dans sa chambre et passait la plupart de ses journées dans le parc ou dans le salon, assise dans un des fauteuils près des fenêtres, restant perdues dans ses pensées, le regard vide, ou sommeillante, recherchant la compagnie sans vraiment en vouloir, souhaitait visiblement ne pas rester seule. Lorsque Malicia avait demandé au Professeur Xavier comment elle allait, celui-ci lui avait répondu que la jeune femme se remettait très doucement mais que ce serait long et que le fait qu'elle accepte de nouveau de se nourrir le rassurait. Malgré cela, il était visible que Jean avait le cœur brisé, elle ne parlait presque plus, ne souriait plus, ne levait quasiment plus son regard vers qui que ce soit. Elle semblait se trouver parmi-eux tout en étant ailleurs, elle pouvait rester des heures à la même place sans prêter attention aux mouvements ou aux discussions des personnes se trouvant dans la même pièce qu'elle. Contrairement aux autres professeurs et amis de Jean, les élèves ne l'avaient pas revue éclater en sanglots depuis le jour de la mort de Scott, mais il n'était pas rare de voir des larmes s'écouler silencieusement le long des joues de la télépathe, et si elle venait à quitter la pièce pour s'isoler, ils ne doutaient pas des raisons. Elle ne s'était toujours pas résolue retirer les affaires de Scott de la chambre et les avaient laissées à leur place aucun de ses amis ne fit de commentaires à ce sujet, pour le moment elle en avait besoin, elle s'en séparerait le jour où elle sera prête.

Logan parcourait les couloirs de l'Institut pour s'assurer qu'aucun des élèves ne préparait un mauvais coup la veille de vacances, ceux-ci avaient toujours tendance à laisser de côté leur discipline. Cela dit, cette fois-ci, il n'eut aucune remontrance à faire, si ce n'est de demander à Kurt de cesser d'effrayer Kitty en se télé-portant volontairement aux moments les plus inattendus, ou à Evan de ne plus 'épingler' ses posters aux plafonds que ce soit dans sa chambre ou ailleurs. La plupart des autres jeunes mutants étaient déjà allés se coucher surtout après la journée que Logan leur avait fait passer et il faut dire que lui-même n'allait pas tarder à faire de même.

Alors qu'il descendait au rez-de-chaussée, il croisa une Jean toujours aussi pâle qu'à l'accoutumée et ne put s'empêcher d'en faire la remarque :

- « Jean, je pense vraiment que tu devrais demander à Hank de t'ausculter, tu as mauvaise mine et cela même avec les circonstances »

- « …Logan, je suis médecin ne l'oublie pas… » répondit Jean d'un ton éteint avant de ne dire que ce qui était la vérit : «…ne t'inquiète pas, je ne suis pas malade, ça va passer… »

- « Mmm » fit Logan semblant peu convaincu, mais il devait reconnaître qu'elle avait raison, elle était médecin et était la mieux placée pour parler de son état de santé. « Tu allais te coucher ? »

Jean acquiesça sans grande conviction, mais Wolverine savait qu'il était difficile à la jeune femme de retourner chaque soir dans cette chambre vide où elle se retrouvait à nouveau seule face à l'absence de Scott. Il lui souhaita malgré tout une bonne nuit et la laissa poursuivre son chemin, la suivant tristement du regard jusqu'à ce qu'il la perde de vue.

Ororo ne parvenait pas à dormir c'était une nuit de pleine lune et cela avait toujours eu une incidence sur son sommeil…peut-être était-ce en rapport avec la nature de sa mutation ? Après tout, les éléments naturels fonctionnaient souvent en rapport avec les cycles lunaires, comme c'était le cas pour les marées par exemple. Tornade n'y avait jamais vraiment songé car après tout cela ne concernait qu'une nuit par mois et jamais à la même échelle rien de bien handicapant.

Dans la chambre de Jean –adjacente à la sienne– tout semblait calme, mais Tornade savait que son amie ne devait dormir que d'un sommeil léger et mouvement demain, Scott serait mort depuis un mois et la sorcière du temps se doutait que ce jour allait être particulièrement dur pour Jean.

Ororo l'avait entendu se lever il y a de cela une heure, son amie semblait encore avoir été malade. Tout comme les autres instructeurs de l'Institut, la santé de la jeune femme la préoccupait le temps s'écoulait mais Jean n'était toujours que l'ombre d'elle-même, ne parlant que rarement, les sentiments à fleur de peau. Au moins, depuis le jour où elle s'était enfuie, elle remangeait à peu-près normalement, mais toujours à contrecœur, et il était exceptionnel de la voir tourner autour de la cuisine surtout si un plat était en préparation et cela même si les odeurs étaient alléchantes et attiraient tous les élèves.

Tornade poussa un soupir et se tourna dans son lit. Malgré que la chambre de Wolverine ne se situe pas à côté de la sienne, quelques puissants ronflements résonnaient il faut dire qu'il avait eu du fil à retordre en organisant cette séance d'entraînement en plein air la veille impliquant tous les élèves de l'Institut et sans Cyclope…

C'est au fil de ses pensées que Ororo finit par fermer l'œil quelques heures.

A suivre….

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