Merci à Titedoph pour son review :-) !

Wen

Comme chaque matin depuis la mort de Scott, Jean s'était réveillée dans ce lit devenu trop grand, froid et hostile. Le parfum de l'homme qu'elle aimait commençait à disparaître et ce sentiment de solitude ne faisait que s'accroître. Seule une chose l'aidait à tenir : l'enfant qu'elle portait, l'enfant de Scott, le fruit de leur amour.

Sa grossesse ne se faisait pas oublier et ne lui épargnait pas ses perpétuelles nausées qui n'avaient de 'matinales' que le nom. Jean se rattachait à ce bébé, il l'aidait à accepter l'idée de devoir se lever le matin pour passer une nouvelle journée et cela malgré l'absence de son âme-sœur.

Jean commençait à voir un léger renflement se dessiner sous sa taille sa poitrine avait elle aussi gonflée, mais des vêtements amples suffisaient à camoufler ces métamorphoses. Petit à petit, son futur enfant se développait et la télépathe qu'elle était ne rendait que plus forts les liens se tissant entre elle et lui. Pourtant, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à annoncer sa grossesse à ses amis, elle ne s'en sentait pas capable même si elle était consciente qu'elle ne pourrait plus le cacher bien longtemps. Malgré cela, elle ne parvenait qu'à survive et ne pouvait que prendre ses responsabilités vis à vis de cet enfant qui n'avait pas à payer du drame qui avait coûté la vie de son père. Jean devait s'efforcer de construire une vie sans Scott, chaque jour valait sa peine, chaque jour était un combat, mais elle devait le faire pour leur enfant.

Jean procéda comme d'habitude et avala quelque chose avant de se lever –une vingtaine de minutes plus tard– pour éviter d'avoir l'estomac retourné en se mettant sur ses pieds. Cela dit, malgré cette précaution, après s'être rapidement lavée et avoir enfilé quelque chose d'ample, c'est toujours aussi nauséeuse qu'elle quitta sa chambre, ne voulant pas y rester seule.

Il n'était pas encore 8h, mais elle pouvait entendre du bruit provenant de la cuisine. Malgré le mal-être redoublant à l'odeur des pan-cakes ou pire, à celle des œufs, elle se résolut à s'y rendre lentement elle ne resterait pas seule dans le salon, pas aujourd'hui.

C'était Ororo. Ecoutant d'une oreille distraite le programme passant sur la télé, elle préparait le petit déjeuner pour les instructeurs.

- « Jean…. ! » sursauta Tornade lorsqu'elle s'aperçut de sa présence « Tu m'as fait peur Tu veux manger quelque chose ? »

La télépathe fit un signe de tête négatif, refoulant la nausée engendrée à cette simple suggestion. Elle s'assit silencieusement à la table, portant son regard sur l'émission télé sans vraiment la voir, tout en écoutant Ororo qui faisait de son mieux pour engager la conversation.

- « Aujourd'hui c'est le premier jour des vacances des élèves alors je pense que nous sommes tranquilles pour un moment, ils vont tous faire la grasse matinée, surtout après la journée d'hier »

Jean ne put s'empêcher de se rappeler qu'à cette période de l'année, elle et Scott profitaient toujours de ces jours de liberté pour s'éloigner un peu de l'Institut et se retrouver tous les deux…

Ororo, remarquant que son amie venait de se perdre dans ses souvenirs, lui laissa quelques instants, s'occupant du café jusqu'à ce qu'elle l'entende pousser un léger soupir. Tornade lui jeta alors un regard compréhensif et déclara :

- « Je ne sais pas si tu l'as remarqué –ou bien si Hank ou Logan t'en ont parlé– mais Malicia fait de gros progrès et devrait bientôt parvenir à contrôler ses pouvoirs »

Jean détourna momentanément les yeux de l'écran de télévision, sans lever le regard vers son amie pour autant, et dit d'une voix neutre :

- « …c'est bien pour elle, je savais qu'elle y arriverait…grâce à ça elle n'aura plus peur d'elle-même… »

Ororo savait que le manque d'enthousiasme de Jean n'était pas à prendre à la lettre et que la phrase complète qu'elle venait de formuler prouvait qu'elle était contente pour la jeune mutante. En plus, un jour comme celui-ci, un mois après la mort de Scott, l'état émotionnel de Jean était au plus bas, et depuis le drame elle était toujours plus renfermée les lundi.

- « Je t'ai entendue te lever cette nuit » fit la sorcière du temps en éteignant la cafetière avant de s'approcher un peu de son amie « Tu as encore été malade ? »

La télépathe acquiesça d'un mouvement de tête.

- « …ce n'est rien …» fit-elle dans l'espoir de clore la discussion.

- « Mais il n'empêche que ça dure » fit remarquer la mutante d'une voix posée « Jean, je me fais du souci pour toi, pas seulement émotionnellement mais aussi physiquement. Tu ne manges presque rien et ce que tu acceptes d'avaler en plus tu ne le gardes pas toujours Tu ne supportes plus certaines odeurs, tu es blanche comme un linge, tu passes ton temps à dormir –pourtant tu sembles toujours aussi fatiguée– tu… » Ororo s'interrompit la bouche ouverte. En associant tous ces symptômes quelque chose venait de lui traverser l'esprit, quelque chose de tellement évident qu'elle se demanda pourquoi elle ne l'avait pas compris plus tôt… « …Oh mon dieu Jean, tu es enceinte c'est ça ? » s'enquit en espérant ne pas se méprendre.

La jeune mutant se tendit à ses mots sans pour autant quitter la télé des yeux, mais Tornade n'avait pas l'intention de lâcher le morceau surtout que la réaction de Jean ne faisait qu'accentuer ses présomptions.

- « C'est ça n'est-ce pas ? Jean, s'il te plait regarde-moi » demanda-t-elle d'une voix douce « Jean, regarde-moi »

La télépathe ferma les yeux quelques instants, poussa un léger soupir pour se donner du courage, avant de tourner lentement la tête vers Ororo et de lever son regard vers elle pour la première fois depuis des semaines.

- « J'ai raison n'est-ce pas ? Tu es enceinte ? »

Jean baissa de nouveau les yeux, se mordit légèrement la lèvre inférieure et acquiesça :

- «…d'environ trois mois et demis… » dit-elle avant même que Ororo ne lui pose la question « …je le sais depuis un mois, jour pour jour… » ajouta-t-elle alors qu'une larme, bientôt suivie par une autre, échappait à son contrôle et se frayait un chemin le long de sa joue.

Tornade venait de se laisser doucement tomber sur une chaise à côté d'elle et mit quelques instants à se remettre de ses émotions.

- « Un mois jour pour jour…mais alors….oh mon dieu, le jour où tu étais si radieuse sans que nous ne sachions pourquoi, le jour o »

Jean ne chercha même plus à retenir ses larmes qui s'étaient mises à silencieusement s'écouler Tornade y vit la réponse à sa question, mais une autre se présenta :

- « Pourquoi ne nous l'as-tu pas dis Jean ? » s'enquit-elle en posant une main sur celle de son amie.

- «… je….je ne sais pas, je ne pouvais pas... » articula Jean en passant son autre main sur ses joues, ne balayant les larmes que momentanément « …quelque chose m'en empêchait…j'avais peur...peur qu'en le rendant officiel je ne risque de le perdre lui aussi…. » dit-elle avant d'étouffer un sanglot « …ce bébé…c'est tout ce qu'il me reste de lui…c'est tout ce qu'il me reste de Scott… »

Tornade sentit les larmes lui monter aux yeux.

- « Est-ce que…est-ce qu'IL le savait ? » s'enquit-elle avec tact.

A suivre….

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