Merci à petitdoph pour son review

Wen


Plus de trois semaines supplémentaires s'écoulèrent. Jean restait l'ombre de celle qu'elle avait été bien que sa grossesse l'aidait vraiment à continuer à avancer. Elle ne parlait guère plus qu'auparavant, se contentant de répondre quand elle était sollicitée, mais le faisait d'une voix un peu moins éteinte depuis quelque temps.

En ce début Octobre le temps était pluvieux et tout le monde était resté à l'intérieur et s'occupait ça et là à leur manière, certains en profitant pour écrire à leurs familles, d'autre pour étudier. La moitié des élèves traînassaient dans le salon où Hank et le Professeur se disputaient une partie d'échec sous le regard de Ororo. Dans un coin, Logan lisait le journal en grommelant de temps en temps alors que Jean était à moitié allongée dans un des canapés et lisait un livre que lui avait offert le Professeur quelques jours auparavant.

Quelques minutes plus tard la télépathe ferma son bouquin et –après avoir attendu quelques instants en position assise pour ne pas avoir de vertige– se leva. Elle s'apprêtait à avancer lorsqu'elle ressentit quelque chose de particulier, quelque chose qu'il lui avait semblé percevoir par moments les jours précédents mais que cette fois-ci elle n'eut aucun doute à identifier, et le calme relatif régnant dans le salon fit que son hoquet de surprise ne passa pas inaperçu…

- « Quoi ? qu'est-ce qu'il y a ? » s'enquirent ses amis en levant leur tête vers elle.

Tous les regards avaient convergés vers elle, mais elle semblait comme dans une sorte de transe et avait posé les mains sur son ventre, un sourire –le plus beau depuis des semaines– éclairant son visage :

- « Je…Je l'ai senti bouger, il m'a donné un coup, il… » répondit-elle avant que son regard ne s'assombrisse tout comme son sourire.

Elle détourna la tête en se mordant légèrement la lèvre inférieure puis sortit de la pièce.

- « Jean, attends ! » fit Ororo, perplexe de ce soudain changement d'humeur alors que l'instant précédent sa meilleure amie arborait un sourire.

La sorcière du temps se leva, mais Logan la retint :

- « Non, laisse-la Ororo, je crois qu'elle a besoin d'être un peu seule »

- « Mais… »

- « Il a raison Tornade » acquiesça le Professeur.

Une des élèves d'environ neuf ans, arrivée récemment et présente dans la pièce lors de l'événement, demanda :

- « Pourquoi est-ce qu'elle est partie ? »

Charles lui offrit un sourire conciliant et déclara :

- « Tu sais Annie, lorsqu'un couple attends un enfant, ils partagent en particulier certains moments. Ta maman par exemple a vraisemblablement dû faire ressentir à ton papa les premiers coups que tu lui as donné en apposant sa main sur son ventre » lui expliqua-t-il d'une voix douce « et Jean…, Jean ne peut pas partager ses moments avec le père de son bébé et c'est très dur pour elle, ça fait peser encore plus son absence, tu comprends ? »

La petite acquiesça avant de froncer les sourcils :

- « Mais pourquoi elle n'est pas restée ? On aurait pu la consoler »

Le Professeur, sensible devant son innocence, lui offrit un nouveau sourire :

- « Quelques fois les adultes ont besoin de se retrouver un peu seuls »

Annie parut partiellement convaincue par cette explication mais reporta de nouveau son attention vers le dessin qui l'occupait jusqu'à présent. Le Professeur, lui, poussa un soupir avant de relever ses boucliers mentaux dont l'accès lui permettait de ressentir la douleur de Jean. Il savait qu'elle était sortie et s'était rendue au bord du lac, mais il devait se retenir de la rejoindre, il devait lui accorder sa volonté implicite de rester seule.


La grande salle de réception n'était jamais aussi remplie que lors de ces journées annuelles de rencontre parents/professeurs données à la mi-octobre. Bien sûr, tous les élèves n'avaient pas gardé de contact avec leurs parents –la plupart d'entre eux ayant été rejetés à la découverte de leur mutation–, mais pour ceux dont les familles étaient restées soudées, il était important d'entretenir des relations de confiance et cette journée s'y prêtait particulièrement. Malgré tout, tous les élèves étaient invités à assister à cette petite réception et aucun ne manquait à l'appel ne serait-ce que pour déguster les mets des buffets.

Un brouhaha emplissait la salle, des frères et sœurs des élèves couraient dans tous les sens, de petits groupes s'étaient formés autour des buffets. Tous avaient fait attention à leurs tenues, surtout en ce qui concernait les membres des familles des élèves. Jean avait fini par accepter d'être présente et avait elle aussi essayé de faire un effort sur son apparence. Elle avait enfilée une robe longue de grossesse en laine que lui avait offert Ororo quelques jours auparavant, et avait attachés ses cheveux en chignon. Enceinte d'environ cinq mois, elle ne pouvait plus camoufler son ventre surtout que la robe chaussette épousait parfaitement ses formes. Ainsi coiffée et habillée, elle était ravissante, mais son regard –souligné par de légers cernes produits par un manque de sommeil dû aux cauchemars et aux mouvements du bébé– trahissait la blessure de son cœur toujours aussi présente.

Depuis le début de la réception, Jean avait reçu des sympathies de la plupart des parents d'élèves et la mère de Kitty n'y fit pas exception lorsque celle-ci vint lui parler :

- « Docteur Grey, j'ai appris pour le professeur Summers et je vous présente toutes mes condoléances les plus sincères »

- « Je vous remercie Madame Pryde »

Comme précédemment, Ororo –se trouvant à quelques pas avec d'autres convives– se tendit imperceptiblement à ces mots, craignant que cela ne secoue son amie mais, malgré que ce soit bien la sixième fois qu'on lui présentait des condoléances, elle semblait tenir le coup et ne pas avoir les émotions trop à fleur de peau. La sorcière du temps reprit donc sa discussion avec les parents de Samuel et ce n'est qu'un quart d'heure plus tard qu'elle vit la jeune mutante s'éloigner rapidement.

- « Excusez-moi » fit-elle auprès de ses interlocuteurs avant de se diriger à sa suite, mais le Professeur Xavier l'arrêta en chemin, répondant à sa question implicite par la même occasion :

- « Je pense que le fait de voir la sœur de Jubilée enceinte aux côtés de son mari la cajolant l'a quelque peu éprouvée » lui dit-il en lui indiquant un couple discutant avec Hank d'un signe de tête.

Tornade regarda dans la direction et vit de quoi il parlait.

- « Oh non… » fit-elle « je vais aller la voir »

- « Non, laisse Ororo, je vais m'en charger » lui dit-il avant de diriger son fauteuil vers la sortie du salon.

Il se retrouva rapidement dans le calme.

- « Jean ? » appela-t-il en parcourant le couloir.

Passant devant une des salles communes, il entendit un sanglot étouffé et dirigea son fauteuil sur sa gauche.

- « Jean ? »

Il parcourut la pièce du regard et finit par l'apercevoir, assise contre le mur une main sur son ventre, les genoux repliés servant de support à un de ses coudes tandis qu'elle soutenait son front de sa main droite.

R&R SVP !!