Tu te sens différente, n'est-ce pas Phil ? Un souffle nouveau et
dévastateur s'enfle désormais dans tes veines. Ils t'attendent depuis si
longtemps ... Je t'attendais depuis si longtemps ...
Es-tu effrayée de ne plus être ce que tu était ? es-tu effrayée par ce
qu'on appelle la Mort ? Non bien sûr, tu es tout comme l'ombre : froide et
insensible. Petite fille, tu vas être de grand secours, mais connais-tu
seulement l'histoire ? Les époques pour moi passent comme du sable mais les
humains se meurent comme des gouttes d'eau dans la poussière des siècles,
le temps clément, annonciateur de sa fin, défile pour toi en arrière. Tu
verras ce que maintes vie d'hommes ont oubliées car ceux qui étaient jadis
là pour le voir, furent perdus ...
Salem, 1313. Il est très tôt, le soleil se fait encore timide. Mademoiselle Waha rentre chez elle, la nuit a été longue et elle a beaucoup travaillé. Depuis la disparition de ses parents, elle est au service de cette femme bizarre. Waha ne l'aime pas, elle est vieille, toute ridée et puis elle sent bizarre mais Waha se dit qu'il faut faire avec, en échange de ses travaux, la vieille la loge et la nourrit chez elle. Au village tout le monde croit que la vieille dame est la grand-mère de Waha. Cela pourrait être un avantage mais personne n'aime la vieille dame, tous la croient folle ... Il faut dire qu'elle est tout de même bizarre et Waha est bien placée pour le dire ! La vieille ne la fait travailler que la nuit, elle l'envoie dans la forêt avec une grosse torche pour aller cueillir des herbes et capturer des lucioles. Elle ne veut pas répondre lorsque Waha lui demande ce qu'elle fait de toutes ces herbes, mais Waha a deviné depuis longtemps, le soir avant de partir, elle l'entend murmurer des incantations au dessus de son gros chaudron. C'est aussi de là que viennent les odeurs pestilentielles que sent la vieille femme. Waha n'est pas stupide, elle sait très bien que la vieille dame est une sorcière mais elle se garde bien de le dire ! Oh non ! Waha n'oublie pas où elle est et ce qui arriverait si jamais la vieille dame était tuée : Waha serait de nouveau seule et il n'y avait rien d'autre qui lui faisait plus peur que cela.
Ce soir-là, la vieille lui dit que c'est un jour important. Waha lui demande comment elle le sait ? La vieille dit que le maître d'argent, le diable lui a parlé, qu'il appelle à la réunion d'esprit, qu'il veut que la lumière devienne nuit : à tout jamais. Quel rapport avec moi ? demande Waha. La vieille se met à rire. Le maître d'argent a besoin de toi ... D'elle ? ? Waha est incrédule. La vieille lui jette un regard noir puis s'approche de son chaudron. Elle prend quelques herbes et se met à psalmodier ...
« Au cœur des marées de haine des vivants, à la croisée des vents de feu et de glace, entre le jour et la nuit, l'ombre et la lumière : vivront les treize ! Mais voici qu'une nouvelle ère se lève, le feu rappelle bien des questions : les treize réussiront-ils ? Ecoute les murmurer dans ton esprit, petite fille. Que disent-il ? Mais c'est toi qui les entends. Chaque nom raconte son histoire. Une histoire au-delà des mots et des chants, faîte de pluie, de cris, de vent glacial et de visiteurs silencieux ... »
La vieille dame regarde Waha et la jeune fille a frissonné en voyant la lueur dans ses yeux. La vieille jette la dernière poignée d'herbes magiques dans son chaudron et puis il y a de la fumée et une lumière aveuglante qui traverse la pièce, éblouissant Waha. Lorsqu'elle se ressaisit, la vieille n'est plus là et elle est à sa place derrière le chaudron qui bouillonne sous son bras, Waha tient un gros livre de sorcellerie. Dans un fracas immense, la porte de la petite maison est défoncée. Un prêtre entre, renversant le chaudron, il attrape Waha par les cheveux et la bat avec le livre de sorcellerie. Waha hurle, se débat mais rien n'y fait ... Puis des gardes arrivent, ils l'emmènent sur la place publique suivit du prêtre qui essaye de conjurer des mauvais sorts. Les gardes l'amènent, sous les cris de la foule, sur un immense bûché de paille et de bois, au milieu duquel est planté un grand piquet. On l'attache là. Elle se débat encore et, criant le nom de la vieille femme, elle comprend le tour qu'elle lui a joué. Elle a cru l'apercevoir, au milieu de la foule furieuse, le sourire aux lèvres mais ce n'est qu'une ombre qui s'est dissipée ... Un homme en noir saisit une torche et embrase la paille sous ses pieds. La chaleur se fait étouffante, la douleur devient insupportable quand les jambes de Waha se mettent à brûler tel est le châtiment réservé aux sorcières.
Mademoiselle Waha a mal. Mademoiselle Waha a peur. Mademoiselle Waha est en pleurs, elle aurait voulu revoir sa mère, son père ... Mademoiselle Waha est surtout en colère, contre tous, elle a bien envie de tous les punir pour leur injustice, pour leur bêtise ! Même si elle doit attendre l'éternité, elle se vengera ! Oh oui ! Une terrible vengeance ! Quel beau triomphe se sera et ce jour-là, dans très longtemps, elle sera toujours là ...
Petite fille, soit en sûre, elle est toujours là ...
Salem, 1313. Il est très tôt, le soleil se fait encore timide. Mademoiselle Waha rentre chez elle, la nuit a été longue et elle a beaucoup travaillé. Depuis la disparition de ses parents, elle est au service de cette femme bizarre. Waha ne l'aime pas, elle est vieille, toute ridée et puis elle sent bizarre mais Waha se dit qu'il faut faire avec, en échange de ses travaux, la vieille la loge et la nourrit chez elle. Au village tout le monde croit que la vieille dame est la grand-mère de Waha. Cela pourrait être un avantage mais personne n'aime la vieille dame, tous la croient folle ... Il faut dire qu'elle est tout de même bizarre et Waha est bien placée pour le dire ! La vieille ne la fait travailler que la nuit, elle l'envoie dans la forêt avec une grosse torche pour aller cueillir des herbes et capturer des lucioles. Elle ne veut pas répondre lorsque Waha lui demande ce qu'elle fait de toutes ces herbes, mais Waha a deviné depuis longtemps, le soir avant de partir, elle l'entend murmurer des incantations au dessus de son gros chaudron. C'est aussi de là que viennent les odeurs pestilentielles que sent la vieille femme. Waha n'est pas stupide, elle sait très bien que la vieille dame est une sorcière mais elle se garde bien de le dire ! Oh non ! Waha n'oublie pas où elle est et ce qui arriverait si jamais la vieille dame était tuée : Waha serait de nouveau seule et il n'y avait rien d'autre qui lui faisait plus peur que cela.
Ce soir-là, la vieille lui dit que c'est un jour important. Waha lui demande comment elle le sait ? La vieille dit que le maître d'argent, le diable lui a parlé, qu'il appelle à la réunion d'esprit, qu'il veut que la lumière devienne nuit : à tout jamais. Quel rapport avec moi ? demande Waha. La vieille se met à rire. Le maître d'argent a besoin de toi ... D'elle ? ? Waha est incrédule. La vieille lui jette un regard noir puis s'approche de son chaudron. Elle prend quelques herbes et se met à psalmodier ...
« Au cœur des marées de haine des vivants, à la croisée des vents de feu et de glace, entre le jour et la nuit, l'ombre et la lumière : vivront les treize ! Mais voici qu'une nouvelle ère se lève, le feu rappelle bien des questions : les treize réussiront-ils ? Ecoute les murmurer dans ton esprit, petite fille. Que disent-il ? Mais c'est toi qui les entends. Chaque nom raconte son histoire. Une histoire au-delà des mots et des chants, faîte de pluie, de cris, de vent glacial et de visiteurs silencieux ... »
La vieille dame regarde Waha et la jeune fille a frissonné en voyant la lueur dans ses yeux. La vieille jette la dernière poignée d'herbes magiques dans son chaudron et puis il y a de la fumée et une lumière aveuglante qui traverse la pièce, éblouissant Waha. Lorsqu'elle se ressaisit, la vieille n'est plus là et elle est à sa place derrière le chaudron qui bouillonne sous son bras, Waha tient un gros livre de sorcellerie. Dans un fracas immense, la porte de la petite maison est défoncée. Un prêtre entre, renversant le chaudron, il attrape Waha par les cheveux et la bat avec le livre de sorcellerie. Waha hurle, se débat mais rien n'y fait ... Puis des gardes arrivent, ils l'emmènent sur la place publique suivit du prêtre qui essaye de conjurer des mauvais sorts. Les gardes l'amènent, sous les cris de la foule, sur un immense bûché de paille et de bois, au milieu duquel est planté un grand piquet. On l'attache là. Elle se débat encore et, criant le nom de la vieille femme, elle comprend le tour qu'elle lui a joué. Elle a cru l'apercevoir, au milieu de la foule furieuse, le sourire aux lèvres mais ce n'est qu'une ombre qui s'est dissipée ... Un homme en noir saisit une torche et embrase la paille sous ses pieds. La chaleur se fait étouffante, la douleur devient insupportable quand les jambes de Waha se mettent à brûler tel est le châtiment réservé aux sorcières.
Mademoiselle Waha a mal. Mademoiselle Waha a peur. Mademoiselle Waha est en pleurs, elle aurait voulu revoir sa mère, son père ... Mademoiselle Waha est surtout en colère, contre tous, elle a bien envie de tous les punir pour leur injustice, pour leur bêtise ! Même si elle doit attendre l'éternité, elle se vengera ! Oh oui ! Une terrible vengeance ! Quel beau triomphe se sera et ce jour-là, dans très longtemps, elle sera toujours là ...
Petite fille, soit en sûre, elle est toujours là ...
