* Premier Cours*
Traditionnellement le premier cours que les premières années avaient était celui d'Histoire de la magie de Mr Petsèque. Comme il n'y avait aucune raison pour que cela change cette année là, ce fut effectivement le premier cours qu'eut la classe 1A (Première année groupe A) à 9h le lundi matin.
Quand tous les élèves furent installés dans la salle D 45 (à gauche juste après l'escalier menant aux cryptes). Le professeur commença son long monologue. A charge aux élèves de prendre tant bien que mal en note ce qu'ils pourraient. Mr Petsèque n'aimait pas la matière qu'il enseignait et aimait encore moins la population à laquelle il l'enseignait mais il fallait bien gagner de quoi vivre. C'est avec une voix monocorde qu'il entama le premier chapitre de l'Histoire Officielle de la Magie.
« A l'origine il y avait la magie pure, sauvage. La magie existait avant toute chose et créa toutes choses… »
A peine avait-il commencé que certains élèves étouffaient déjà quelques bâillements. Ce cours s'annonçait soporifique à souhait et les élèves regrettaient de s'être levé pour ça. La voix même du professeur sentait l'ennui. Quelques courageux prenaient des notes sans grande conviction. La majorité s'évertuait à ne pas succomber au chant de Morphée.
« … C'est ainsi que les hommes découvrirent l'existence de la magie et voulurent la domestiquer. C'est ainsi que naquit la première caste de Chamans. Leur rôle premier fut d'étudier ce qu'était la magie et d'essayer … »
Un élève au fond de la salle, caché derrière son manuel, avait préféré se rendormir. Les élèves qui s'en rendirent compte eurent bien envie de suivre son exemple.
« … découvrirent que la magie n'était pas une force diffuse mais qu'elle était émise par des corps astraux appelés Sources. Bien sûr, cette découverte… »
Quelqu'un fit tomber un crayon, réveillant en sursaut le dormeur du dernier rang qui en bouscula le manuel derrière lequel il dormait. Le bruit que fit le livre en touchant le sol attira l'attention du professeur qui jeta un regard noir en signe d'avertissement.
« Comme je le disais les Sources furent le sujet d'étude de nombreux thaumaturges primitifs. Car il ne faut pas l'oublier à cette époque l'Homme sortait tout juste de l'Age de Pierre… »
Assis derrière son bureau le prof, aussi peu passionné que ses élèves par la fabuleuse découverte de la magie par l'homme de Cro-magnon, s'efforçait de ne pas le montrer. Il étouffa un bâillement en maudissant cette stupide tradition du premier cours qui le forçait, tout les ans, à avoir cours le lundi matin. Mais qu'est ce qu'il faisait là à tenter d'inculquer les rudiments de l'Histoire de la magie à des morveux totalement ignares. Bien sûr, il y avait les traites de son nouveau balai de course série limité avec manche chromé …
C'est dans cette ambiance sinistre que se déroula la plus grande partie du cours, seulement rythmé par la voix monotone du professeur.
« …plus de mille ans pour que quelques thaumaturges parviennent à percer le secret du contrôle des Sources ainsi naquit une caste de mage pouvant contrôler le rayonnement magique… »
Les gouttes de pluies vinrent s'écraser sur les vitres de la salle, détournant le peu d'attention qu'avait les élèves pour le cours. Petsèque soupira et reprit. Plus personne ne l'écoutait à présent. Il ferait mieux de se méfier de cette bande de mioches incultes, ses interrogations étaient particulièrement craintes par tous tellement leur sadisme était poussé à son paroxysme .
« … le secret serait perdu de nos jours ! »
Il arrêta sa longue diatribe, se leva et observa la classe. Celle-ci, au bord de la narcolepsie était totalement amorphe. Même les plus studieux avaient arrêté de prendre des notes. Il s'avança vers les élèves.
« Bien sûr, aucune de ces allégations n'a été prouvée ! » Le prof s'anima. « Ce ne sont là que des fables que l'on raconte pour cacher notre ignorance ! »
Il balaya la classe du regard, assez fière du résultat. Les élèves le regardait avec un air ahuri.
« Si vous aviez ne serait-ce qu'un peu réfléchit, vous vous en seriez rendu compte.»
Quelques élèves regardaient tristement les notes qu'ils avaient si laborieusement prises.
« Vous, là-bas, pouvez vous me dire pourquoi ? »
Le professeur désigna du doigt une frêle silhouette près de la fenêtre. Le sort (ou le destin?) fit qu'il s'agissait d'Alice. Celle-ci se recroquevilla avec une envie pressante d'aller se cacher quelque part, très loin d'ici. Elle avait prit pleins de notes mais la contemplation de ses feuilles ne lui donna pas la réponse.
« Alors ? »
Elle devint cramoisie, ses lèvres tremblèrent. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle en quête d'aide mais les autres élèves semblaient aussi dépourvu qu'elle.
« Avez-vous au moins écouté ? Si vous n'écoutez pas, vous ne ferez pas long feu ici et vous feriez mieux de rentrer tout de suite chez vous au lieu de perdre votre temps et de faire perdre celui des autres »
Il dévisagea la jeune fille.
« Et enlevez moi ce foulard, où vous croyez vous ?! »
Alice avait redouté ce moment. Depuis qu'elle était arrivée sur l'île, elle avait réussi à toujours conserver quelque chose sur la tête mais, avec le ton qu'avait employé le professeur, elle avait plutôt intérêt à s'exécuter … Et vite ! C'est d'une main tremblante et sous les regards très intéressés des autres élèves qu'elle dénoua son foulard et le retira. Sa coiffure, déstabilisée, s'effondra. Les réactions ne se firent pas attendre. Le professeur étouffa une exclamation de surprise. Les élèves moins polis y allèrent de bon cœur et quelques rires fusèrent.
Petsèque observa avec perplexité la silhouette aux longs cheveux raides d'un blanc aux reflets surprenants
Alice baissa les yeux. Une mèche glissa le long de sa joue. Une mèche d'un blanc aux reflets bleutés se posa sur sa main. Elle constata tristement que la mèche était un peu plus longue que le matin. Cette couleur lui venait d'un accident de magie quand elle était petite. Ce n'était pas la seul séquelle qu'elle en avait gardé mais c'était la plus voyante.
Le professeur eut un sourire sarcastique
« Je vois, mademoiselle se prend pour un clown. Et bien, mademoiselle, ce n'est pas l'école du cirque ici ! »
La jeune fille, la tête baissée, tremblait de tout son être. Les objets posés sur la table devant elle décolèrent de quelques centimètres, une odeur métallique emplit l'air. Le professeur comprit qu'il était allé trop loin et que ça allait dégénérer. Les autres élèves le comprirent aussi et dans un mouvement de masse s'écartèrent de la jeune fille tout en la fixant du regard de peur de louper le spectacle.
Le professeur se précipita sur Alice. Les objets reprirent leur place avant qu'il ne l'ai atteinte. Les élèves eurent un soupir déçu. Le professeur s'immobilisa à proximité et se rendit compte que, dans l'action, il avait sortit sa baguette. Il la rangea prestement. Il s'adressa d'un ton furieux à la jeune fille.
« Vous, chez la directrice ! Tout de suite ! »
Alice se leva et rassembla ses affaires sans dire un mot.
Le professeur écrivit une brève missive à l'intention due la directrice et alla chercher, dans le couloir, un surveillant qui serait chargé d'escorter la fautive.
Alors qu'elle suivait une silhouette inconnu dans les couloirs déserts elle se demandait combien de temps il allait falloir pour que le nouvelle fasse le tour de l'école. Une heure ? Moins ? En fait, cette école s'annonçait comme toutes les autres. Elle eut envie de disparaître sur le champ.
