Chapitre 11

Entretien avec Mme Esméralda Pyvert-Percevault. (extrait)

- L'auteur : « Pouvez-vous expliquer comment se sont passées les semaines qui suivirent l'affaire des talismans Phénatétiques ? »

- Esméralda Pyvert-Percevault : « Horrible ! Tout le monde suspectait tout le monde. Cela a tournée à la psychose. On se méfiait de tous le monde. Vous vous rendiez compte que votre voisin de table, votre binôme en classe, la personne que vous croisiez dans le couloir pouvait à tout moment s'en prendre à vous et essayer de vous tuer ! Et puis il y avait les élèves qui continuaient d'essayer de s'en procurer en se moquant éperdument des conséquences.

Les agents du ministère sont restés des mois à l'école avant de juger la situation satisfaisante. Il a été confisqué 78 talismans Phénatétiques au cours de cette campagne de lutte et pourtant les professeurs disent en avoir confisqué d'autres. »

- A. : « Le rapport du service de régulation des objets magiques confirme ce chiffre. Sur les 79 cas recensés, n'oublions pas celui d'Armelle Sciont, il n'y avait que très peu d'atteinte psychologique grave.

Mais revenons à Mlle Poissondoret, comment s'est passée la cohabitation ? »

- E. P-P. : « Silencieuse ! A l'époque Alice me détestait à cause de l'article du début de l'année, et après ce qu'elle venait de subir, elle regardait tous le monde comme s'il s'agissait de criminels. Elle a mis près de deux mois avant de m'adresser la parole ! »

- A. : « Avez vous beaucoup souffert de ce silence ? »

-E. P-P. : « A l'époque, oui, car, par ailleurs, on nous traitait comme des pestiférés. Alice car elle était au centre de toute cette affaire, et moi car j'avais pris parti pour elle et que mes articles faisaient peur. Il est vrai qu'a cette époque là, je trempais facilement ma plume dans le vitriole et beaucoup de mes camarades en ont souffert.

Maintenant, avec le recul des années, je me dit que ce fut une chance. Sans cela je n'aurais sans doute jamais put connaître aussi bien ma collègue d'isolement forcé., ni devenir amie avec. »

- A. : « C'est à ce moment là que vous êtes devenues amies ? »

- E. P-P. : « Enfin à partir de ce moment là. A cette époque, Alice était tellement repliée sur elle-même que je suis incapable dire à partir de quand elle a commencé à se méfier un peu moins de moi. »

- A. : « Comment était-elle à cette époque ? »

-E. P-P. : « Seule... Très seule ! »

- A. : « C'est à dire ? »

- E. P-P. : « Hé bien, très introvertie, Elle vivait toute seule avec elle-même. Elle considérait le monde extérieur comme quelque chose d'extrêmement dangereux. Elle n'avait pas tout à fait tort car elle attirait les accidents comme un aimant. Cette fille attirait la foudre ! »

- A. : « La foudre ? »

-E. P-P. : « Façon de parler... Par exemple, si un sort ratait en cours d'enchantement, c'était elle qui se le prenait de plein fouet. Pendant les tournois de duel sorcier, si l'un des duellistes visait mal son adversaire vous pouviez être sûr que c'était elle qui allait recevoir le sortilège. Pendant les matchs de quidditch, si l'un des batteurs déviait le cognard en direction de la foule, vous pouviez être sûr qu'il allait percuter Alice...Remarquez, elle n'attirait que les accidents d'ordre magique.

A part cette malchance pathologique, j'ai pus constater dans les mois qui ont suivit qu'Alice était un rat de bibliothèque. Elle lisait tout et n'importe quoi, livres sorciers ou moldus, grimoires antiques ou romans à la mode... Pour lire tranquillement et s'entraîner, elle s'enfermait des heures et des heures dans l'une des salles de travail. A voir le temps qu'elle passait à travailler, il était impossible d'imaginer à quel point elle était nulle en sortilège.

Sinon, Alice était quelqu'un de très discret et donnait l'impression de disparaître totalement par moment. »

-A. : « Et comment, vous-même, étiez-vous à cette époque ? Dans l'une de ses lettres à sa tante, Mlle Poissondoret vous surnomme " Radio-Esmé ", d'où vous vient ce surnom ? »

- E. P-P. : « Hé bien, cela vient du fait que si Alice était capable de passer des jours et des jours sans parler à personne, moi pas ! J'ai toujours eu besoin de verbaliser pour mettre mes idées au clair. Comme tous le monde nous fuyait, je m'adressais à Alice pour ne pas avoir trop l'impression de parler toute seule. Je faisais ainsi d'interminable monologue sans me soucier le moins du monde qu'elle ne m'adressait pas la parole.

Sinon je suis bien incapable de dire quel genre de personne j'étais à l'époque, onze années se sont écoulées depuis. La seule personne qui aurait pu vous renseigner, c'était Alice. (une ombre passe dans le regard de Mme Pyvert-Percevault)... Mais c'est trop tard maintenant. »

-A. (après avoir respecté quelques instants de silence) : « Dans votre article " Elle était mon amie", paru en septembre dernier dans Magie-hedbo, vous dites que, quand vous êtes devenue amie avec Mlle Poissondoret, vous avez découvert quelqu'un de très attachant avec un sens de l'humour extraordinaire. Ce personnage ne cadre pas avec celui que vous venez de nous décrire. »

-E. P-P. : « C'est normal ! Tout d'abord car j'ai parlé, tout à l'heure, de l'Alice que j'ai découvert après l'affaire des talismans, à une époque où nous n'étions pas encore amies. Il s'agit de la personne que l'on découvrait en vivant avec elle. Mais quand on devient ami avec quelqu'un, on découvre des facettes que l'on ne soupçonnait pas. »

- A. : « A partir de quand considérez-vous être devenue amie avec Mlle Poissondoret? Et quelles sont les facettes que vous avez découvert ? »

-E. P-P. : « Il n'y a pas de date exacte, nous sommes devenues amies peu à peu, mais je peux dire que nous l'étions pour la grande kermesse de fin d'année*. Quand aux facettes que j'ai découvert : Ses pouvoirs hyper-sensoriels, grâce auxquels elle devait m'apporter beaucoup d'aide pour certaine de mes enquêtes, et puis il y avait sa vision du monde. Elle était d'un cynisme à peine croyable. Certaine de ses remarques m'ont inspiré un certain nombres d'article. »

-A. : « Et son sens de l'humour ? »

-E. P-P. : « Son sens de l'humour s'est développé au fil des années, après l'accident d'invocation, pour venir remplacer son cynisme. »

-A. : « A vous entendre, on dirait que vous êtes devenue amie avec Mlle Poissondoret dans l'unique but de vous servir d'elle. »

-E. P-P. : « Oui, peut-être au début. A l'époque, ma seule ambition était de devenir une journaliste reconnue, et j'étais un peu sans foi ni loi. Quelque part sans cette ambition je n'aurais pas été mêlé à cette histoire. Je n'aurais pas vécu ce drame aux premières loges... Je n'aurais pas, maintenant, à affronter le regard d'Alexandre, qui vient comme un reproche perpétuel à mon impuissance à enrayer le cours des événements.

(elle marque une pause)

Pourtant, quoiqu'on en dise, Alice était mon amie et j'ai été la sienne. Et cette amitié date de la fin de notre première année à Beauxbâtons. »



* * Chaque année, à Beauxbâtons, après les conseils de classe, il est organisé une grande kermesse qui dure près de trois jours. Pendant celle-ci, les élèves organisent des stands, des spectacles, un tournois de duel sorcier à lieu, ainsi qu'un match de quidditch inter-loge. Pendant ces jours,  les élèves d'avant dernière année présentent leurs chef-d'œuvre magiques et un grand bal est organisé le dernier soir.

Seuls les dernières années ne profitent pas des réjouissances car, pendant ces trois jours, ils participent au Grand-Jeu (Pendant trois jours les participants au Grand-Jeu s'éparpillent sur l'île, la consigne étant d'éliminer les autres participants sans se faire éliminer soi-même avant le troisième soir. Ce jeu est soumis à des règles très strictes pour éviter les accidents)