Chapitre 18
C'est avec un rapidité déconcertante qu'Esmé rassembla toutes les indications nécessaires à la réalisation de l'invocation d'un esprit. Elle passa même plusieurs soirées enfermée dans l'une des salles d'invocation pour tester les différents rituels. Face aux difficultés techniques, la jeune fille alla demander de l'aide à Mme Monsoveur, le nouveau professeur d'invocation, en justifiant ses demandes par un prétexte inventé pour l'occasion.
La semaine précédent le départ pour les vacances de Noël, Esmé jugea qu'il était temps de tester l'invocation pour interroger l'esprit de l'ancien Gardien de la Source. Elle réserva l'une des salles d'invocation pour le mercredi soir.
Quand le mercredi arriva, Esmé prépara soigneusement tout le matériel dont elle aurait besoin. Elle savait qu'elle ne pourrait pas compter sur l'aide d'Alice car celle-ci condamnait ce projet et de toutes façons Alice était vraiment trop nulle en magie… Pourtant, si elle avait été là, Esmé se serait sentie un peu moins seule.
Après le dîner, la jeune journaliste se dirigea vers la salle d'invocation B. (Tout au bout du couloir ouest, au rez-de-chaussée). Elle commençait juste à tracer le cercle à la craie rouge quand quelqu'un frappa à la porte. Esmé fut étonnée d'être déranger car il est de notoriété public qu'il est dangereux de déranger l'officiant au cours d'une invocation. Comme elle n'avait pas commencé les rituels, la jeune fille alla voir qui cela pouvait bien être, après tout c'était peut-être important.
C'était Alice.
- J'espère que je te dérange pas…
- Heu … Non, j'avais pas commencé de toute façon. Vas-y entre !
Esmé laissa le passage pour que son amie puisse entrer. Quand celle-ci fut à l'intérieur, Esmé ferma consciencieusement la porte.
- Tu es venue m'aider ? Questionna la jeune journaliste.
- Ben j'me suis dit que t'aurais peut-être besoin d'aide.
- En faite, je devrais pouvoir me débrouiller seule.
Esmé se méfiait de l'aide que pouvait apporter Alice avec elle, la jeune fille aux cheveux blancs et bleus n'était-elle pas la plus mauvaise élève de la classe en sortilège ? A la mine déconfite de son amie, Esmé se rattrapa en lui disant qu'elle pouvait rester si elle voulait, après tout, elle n'était pas contre un peu de compagnie.
Alice s'installa dans un coin de manière à ne pas gêner au cours de l'invocation.
Avec le manque d'habitude, Esmé mit un temps fou à faire les rituels préparatoires. Elle lança avec une lenteur excessive les arcanes nécessaires aux invocations de niveau 4 tellement elle avait peur de commettre une erreur dans cette liste de 53 noms compliqués. Cette lenteur allongea copieusement la durée d'invocation et au bout de 2 heures elle marqua une petite pause avant de se lancer dans l'incantation invocatoire. Elle jeta un coup d'œil à Alice qui depuis le début s'ingéniait à faire oublier sa présence. D'habitude c'était à ce moment là que la jeune fille donnait des signes de malaise. Cette fois-ci, Alice fit un petit sourire encourageant à son amie. Esmé en fut légèrement étonnée mais elle n'avait pas le temps de se poser de question la-dessus pour le moment, il fallait qu'elle finisse rapidement l'invocation car elle commençait à être fatiguée.
Elle recommença plusieurs fois mais le cercle resta désespérément vide. A la quatrième fois où le cercle resta totalement inerte Esmé voulut baisser les bras, elle n'y arrivait pas. Elle était pourtant trop têtue pour déclarer forfait et essaya encore une fois au cas où. Cette tentative fut un peu moins un échec que les autres, un vague halot se forma mais disparut très vite. Faisant fi de sa fatigue, Esmé s'obstina une sixième fois. Cette fois le halot prit une couleur argenté et une vague forme humaine. L'officiante répéta une dernière fois les incantations, elle était au bord de l'épuisement. Le nuage argenté apparut et au prix d'un effort suprême Esmé réussit à lui faire prendre sa forme originelle. Hélas, Esmé était trop fatigué pour garder l'esprit sous son contrôle et l'apparition ne dura que quelques secondes, juste assez longtemps pour que la jeune fille comprenne qu'elle n'aurait pas besoin de poser de question, le visage de l'esprit lui avait suffi pour avoir la réponse qu'elle recherchait depuis des mois.
Epuisée, Esmé s'assit sur le sol. Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer de sa découverte. Alice ne bougea pas, elle attendait la réaction de son amie, pourtant après plusieurs minutes de silence, c'est Alice qui prit la décision de parler la première. Sa voix était atone.
- Je suis désolée, je ne pensais pas que tu réussirais. Je ne…
- C'était ta mère hein ?! J'ai toujours eu la mémoire des visages, c'était elle… Je ne savait pas qu'elle était… que tu …
Au fur et à mesure qu'elle parlait, les idées se mettaient en ordre dans sa tête. Arrivée à la conclusion, elle se redressa et fixa Alice avec des yeux où se mêlaient surprise et incompréhension.
- c'est toi ! C'est toi le Gardien ! J'ai mis 4 mois pour découvrire que le gardien est ma meilleure amie ! Esmé eut un petit rire consterné. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Comme j'ai dû te sembler ridicule…
Des larmes d'épuisement coulèrent le long de ses joues- 5 jours…
- Quoi 5 jours ?
- En fait, tu as mis 5 jours à trouver la première fois…
Alice s'était levée et était allée s'adosser à la porte. Le ton de sa voix était froid mais Esmé ne s'en rendit pas compte tout de suite.
- 5 jours ? La première fois ? Répéta Esmé avec incrédulité, elle avait peur de comprendre.
- La première fois tu as compris en découvrant les livres sur la Source dans mes affaires, tu as tout de suite fait le rapprochement. La deuxième fois, c'était après ce qui c'est passé au réfectoire, tu as pris aux sérieux l'hypothèse que le fameux gardien ne contrôlait pas toute la puissance de la Source et tu t'es rappelé tout les accidents que j'ai eu en première année. Si ça peut te consoler, cette fois là tu n'étais pas ls seule à avoir trouver, Galonnez aussi avait fait le rapprochement. La troisième fois c'est quand tu as réussi à traduire les premiers paragraphes sur les Chevaliers d'Eole et comme tu as une mémoire fabuleuse, tu t'es souvenu en avoir rencontrer. La première fois l'un d'eux accompagnait ma mère lors de l'affaire de l'article. La fois suivante il accompagnait ma tante pour le Grand-Conseil lors de l'affaire des talismans… Après j'ai décidé de t'« aidé » à traduire ton fichu livre, comme ça, il m'était facile de cacher les informations que je ne voulais pas que tu sache… Et maintenant … c'est la 4ème fois que tu trouve, je pensais pas que tu arriverais à faire apparaître quelque chose… Si seulement tu pouvais pour une fois te mêler de tes affaires… Si tu savais comme j'en ai marre … tellement marre….
Alice parlait rapidement, pour elle-même, sa voix était aiguë. Elle riait et pleurait en même temps. La jeune fille avait l'air à bout de nerf, sur le point de craquer… Non, en faite, elle était en train de craquer.
Esmé la regardait totalement horrifiée. La première ? La deuxième ? La troisième ? Elle n'en avait aucun souvenir. Comment avait-elle pu oublier ? La réponse lui déplut fortement. Un sort d'oubliette ?! C'était la seule chose efficace pour effacer aussi bien un souvenir. Comment Alice avait-elle pu faire une chose pareil ?
Esmé fixait la fille aux cheveux bleus qui lui faisait face. Non, cette fille n'était pas Alice… non ce n'était pas elle, pas l'Alice avec qui elle partageait sa chambre, sa vie, ses secrets… Non cette fille là ce n'était pas Alice. Ce n'était pas son amie. La vrai Alice parlait peu, était calme, nulle en magie, gentille…
« Qui est tu ? »
Esmé aurait voulu pouvoir rattraper ses mots mais c'était trop tard, la question lui avait échapper.
« Qui je suis ? » La jeune fille aux cheveux blancs et bleus sembla réfléchire à la question. Qui était-elle ? L'expression de la jeune fille changea. Elle sembla se refermer sur elle-même. Elle avait l'air fatigué et terriblement triste.
« Peu importe, dans une heure tu auras tout oublié de toutes façon. »
Alice esquissa un geste de la main mais Esmé ne la laissa pas faire. La jeune journaliste avait très bien compris ce qui allait ce passer. Si elle laissait faire Alice, demain elle aurait tout oublié et, ça, elle ne le voulait pas. Elle saisit sa baguette avec la ferme attention de répliquer si c'était nécessaire.
Alice la regarda d'une manière un peu incrédule. Esmé avait l'air parfaitement sérieuse. Revenue de sa surprise Alice s'adressa à Esmé.
« Cette situation est stupide… triste et stupide. As tu la moindre idée de ce qui se passera si je te laisse ce souvenir ? Crois-tu que c'est le genre de secret que tu peux publier entre les heures d'entraînement de l'équipe de quidditch et la liste de profs absents ? »
Esmé comprenait très bien où voulait en venir son interlocutrice, elle aurait voulu nier mais un éclair de lucidité l'en empêcha. Pourquoi s'était-elle autant investit dans ses recherches si ce n'est pour le plaisir de divulguer un secret aussi fabuleux ? Elle baissa sa baguette, Alice avait tout à fait raison, quelle confiance pouvait-elle avoir envers une journaliste qui publie des ragots et qui avait la réputation d'être incapable de garder un secret ? Encore une fois elle parla avant d'avoir réfléchit.
« Et que se passera-t-il si tu me fais oublier ? Je chercherais encore et toujours, jusqu'à ce que je trouve encore une fois et que tu me fasse oublier …encore et toujours. Inlassablement… Et si tu essayais de me faire confiance, ce secret serait moins lourd si tu le partageais ! »
Alice prit le temps de réfléchir à l'argument.
- Tu sais Esmé tu n'as pas la moindre idée de ce que peut être ce secret…
- Et bien raconte moi ! Même si je dois oublier après, ça te fera du bien de parler.
Savoir ! Voilà ce que voulait Esmé, Savoir même si après elle devait oublier après … Alice réfléchit longtemps à la proposition, en silence.
« On devrait pas rester là ! Il est tard et Lebarge ne va pas tarder à faire sa ronde. » Finit par dire Alice. Elle avait besoin d'un peu de temps pour prendre une décision et elle savait d'expérience qu'elles risquaient de s'attirer des ennuies si on les trouvait là au beau milieu de la nuit.
Esmé fut un peu surprise par ce changement de sujet. Ce qu'elle voulait c'était des réponses et si possible garder ses souvenirs. Elle se fichait de Lebarge comme elle se fichait du reste du monde. Pourtant elle rassembla ses affaires et, en silence, elle suivit Alice jusqu'à la chambre qu'elles partageaient.
La lumière bleuté de la lune éclairait la pièce et recouvrait les meubles d'une fine pellicule argenté. On entendait le vent qui remontait de la mer et qui agitait les arbres. Pas un bruit ne venait des autres chambres. Esmé eut l'impression d'être seule au monde… seule avec une inconnue. Jusqu'à cette soirée, elle avait cru bien connaître Alice, elles étaient amies depuis presque deux ans. Mais en quelques minutes, elle s'était rendu compte que, en faite, la vie d'Alice était un vrai mystère. Ce qu'elle savait sur l'étrange fille aux cheveux bleus n'était-il qu'illusion ?
Esmé se sentait déchirée entre son envie de savoir et celle d'oublier pour que tout redevienne comme avant… Pourtant quelque chose lui disait que même si elle oubliait tout ne reviendrait pas comme avant, Alice n'oublierait pas, elle… Esmé se demandait aussi comment c'était passé les autres fois, celles qu'avait effacé Alice de sa mémoire. Qu'avait-elle pensé ? Qu'avait-elle dit ? Qu'avait-elle fait ? Alice lui avait-elle voler ses souvenirs avant qu'elle n'ai le temps de réagir ? Et puis Alice avait-elle effacé d'autres souvenirs ?… Mais quelle importance de savoir tout ça puisque dans quelques heures elle aurait tout oublié.
La nuit était bien avancée quand Alice se décida enfin.
« Dis moi, Esmé ? Tu ne t'es jamais demandé quel sorte d'accident peu laisser comme séquelles des cheveux bleus ou pourquoi je vivais chez ma tante ? »
En faite, Esmé s'était posée une multitude de questions au sujet de sa camarade. Mais Alice était peu loquace et Esmé n'avait jamais trouvé le courage de l'interroger depuis l'histoire de l'article en première année. Esmé se rendit compte qu'elle savait très peu de chose sur la vie d'Alice en dehors de Beauxbâtons.
« Dis moi Esmé, que crois-tu que je suis ? »
De toutes évidences, Alice avait décidé de tout raconter mais ne savait pas par quoi commencer. Il y avait tellement de chose à dire…
« Ma mère est morte le 7 avril dernier… Le transfère de la Source à été immédiat… »
Le 7 avril ?! C'était le jour de l'accident d'invocation ! Se rappela Esmé qui avait une très bonne mémoire. Mais alors…
« … ce n'était pas un accident d'invocation. On aurait été en cours de latin ou d'herbologie le résultat aurait été le même. Le hasard a voulu que ce soit en invocation et L'Arolette était tellement horrible comme prof que personne n'a vraiment chercher à savoir ce qui s'était passé. Sans le savoir vous avez tous vu passer la Source. S'en est presque drôle, depuis des mois vous cherchez à savoir ce que c'est alors que vous faites partis des rares personnes à l'avoir vu devant eux. »
Alice eut un petit rire triste.
« Pourquoi moi ?… Je ne me suis même pas posé la question car je savais qu'un jour ça m'arriverait… Que ça me re-arriverait. »
Re-arriverait ? S'étonna Esmé. Le livre disait pourtant que le transfère se faisait une fois pour toute, il était impossible qu'une même personne l'ai subie deux fois.
« La première fois ce n'était pas moi la cible mais ma mère. Je n'étais pas encore née à cette époque mais j'étais là car ça s'est passé 3 mois avant ma naissance. Je n'étais pas la cible mais le transfère m'a beaucoup affecté et j'en ai gardé des séquelles comme mes cheveux blancs et bleus. On m'a aussi expliqué que j'avais dû garder des petits bouts de la Source et que c'était ça qui perturbait ma magie et qui attirait les accidents… »
Esmé n'était pas sûr de très bien comprendre, comment des petits bouts de la Source pouvaient attirer les accidents ? Et en quoi pouvaient-ils perturber sa magie ?
« En fait, ces petits morceaux étaient comme des aimants à magie… »
Mais oui, en fait ces morceaux attiraient à eux toute la magie qui les entourait. Esmé imagina les particules de la Source ressemblant à des petits lutins grincheux qui attrapaient la magie pour la garder pour eux… Elle eut honte de la comparaison mais elle comprenait mieux comme ça.
De son côté, Alice avait marqué une pause. Esmé voyait la silhouette de son amie se découper dans le clair de lune. Au loin un hibou hulula. Le vent s'était tu. Quelque part, dans l'étage, quelqu'un toussa. Esmé attendait, le sommeil la guettait mais elle savait qu'Alice n'avait pas fini.
La voix douce et triste de la jeune fille aux cheveux blancs et bleus reprit.
« …Un jour les Manges-morts sont venus. Ils cherchaient la Source. Quel beau cadeau pour leur Maître, la puissance absolue… On ne sait pas comment ils nous ont trouvé, le secret était pourtant bien gardé mais on n'est jamais à l'abri d'une trahison… C'était en été, il faisait une chaleur insupportable … avec maman on était allé au lac… Quand…quand on est revenu …la maison … les gens… la tête de mort dans le ciel… Papa avait refusé de dire où on était avec maman… Ils l'ont torturé pour ça … Ils l'ont tué pour ça … »
La voix de la jeune fille était saccadée et finit par se briser sur les récifs de ses souvenirs.
Esmé comprit qu'Alice ne faisait pas que raconter, elle revivait chaque instant. Esmé se rendait compte qu'elle venait d'ouvrir la boite de Pandore et n'y voyait que de la souffrance. La pensée que le lendemain elle aurait tout oublié ne l'apaisait pas. Elle voyait dans les rayons du clair de lune Alice qui s'était recroquevillée. Elle devinait sans peine les larmes de son amie… Les larmes silencieuses des grandes douleurs.
Même si elle-même oubliait tout de cette nuit, Alice garderait ses propres souffrances en elle, condamnée à les porter seule. Et dire que, depuis deux ans, elles vivaient ensemble à l'école. Elle ne s'était jamais doutée de rien. Quel genre d'amie était-elle donc ?
La voix d'Alice, à peine plus forte que le murmure du vent, reprit son histoire.
« Après la mort de papa, on a fui. On ne restait jamais plus d'une semaine au même endroit. Parfois nous vivions chez des sorciers, d'autres fois chez des moldus. Nous avons croisé des centaines de personnes, vu des milliers d'endroit différents… En France… en Allemagne …. En Italie … Plusieurs des personnes qui nous ont aidées l'ont payé de leur vie… Un jour, on est allé vivre dans une famille de sorciers là-bas en Angleterre. C'était un jeune couple avec un bébé. Maman connaissait la femme par l'intermédiaire du groupe de sorcier qui luttait activement contre le Dark Lord. Maman, à ce moment là, avait compris qu'elle ne pouvait pas fuir éternellement et avait décidé d'entrer dans la lutte. Nous sommes restés plusieurs mois chez eux. C'était bien là-bas… Lily et James étaient gentils avec moi. Harry lui n'était qu'un bébé qui passait le plus clair de son temps à dormir et dont le jeu préféré était de faire des bulles avec son nez… Nous sommes parties juste une semaine avant que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ne les trouve… »
Harry ? LE Harry ? Celui qui était célèbre dans tout le monde sorcier pour avoir détruit le Dark Lord? Esmé n'en croyait pas ses oreilles. Comme tous les sorciers, elle connaissait la fabuleuse et triste histoire de Harry Potter. Tous le monde savait que Vous-savez-qui cherchait les Potter mais personne ne savait pourquoi… Que venait faire la Source là-dedans ?… Et si tout était lié ? Esmé se rendit compte qu'Alice avait continué de parler pendant qu'elle-même se livrait à ses réflexions….
« … alors je suis allée vivre chez ma tante. Je ne l'avais vu que deux fois auparavant. Je savais juste qu'elle était là sœur de ma mère, qu'elle vivait comme une moldue en tenant une petite librairie et que ma mère et elle étaient fâchées depuis de nombreuses années. A l'époque je ne savait pas pourquoi… Mais la vie est un éternel recommencement … j'aurais aimé ne jamais à avoir à vivre la même chose… Il a fallut que j'aille à l'école dans une de ces maudites écoles moldus. C'était un cauchemar quotidien. Puis, un jour, je suis venue ici, à l'école de sorcellerie. »
Alice se tut. Elle tourna la tête vers la fenêtre, un rayon de lumière bleuté éclaira son visage. Celui-ci reflétait une immense fatigue et une infinie tristesse.
Esmé comprit que son amie n'en dirait pas plus. Alice lui avait dit beaucoup de choses mais Esmé sentait qu'elle ne lui avait pas tout dit. Mais ce qu'elle avait dit suffisait à faire regretter à la jeune journaliste de s'être mêler à cette affaire. Elle avait ouvert une porte sur un monde dont elle n'avait même pas soupçonner l'existence. Un monde de silence, de solitude et de douleur. Le monde d'Alice.
L'esprit de la jeune fille se raccrocha à l'idée que le lendemain elle aurait tout oublié, comme quelqu'un qui se noie se raccroche à une bouée.
***
Esmé se rendit compte qu'elle s'était endormie au moment où elle fut réveillée par le bruit tonitruant de son réveil matin. Avec un réflexe que l'on acquière au fil des années, elle l'éteignit sans y prêter attention. Le manque de sommeil lui donnait mal à la tête.
La jeune fille s'assit sur son lit. Des bruits de pas et de voix provenaient du couloir, un petit rire cristallin se fit entendre. Dehors il faisait encore nuit. On entendait le vent siffler à l'extérieur ce qui n'annonçait pas du beau temps pour le reste de la journée.
Assise sur le rebord de son lit, Esmé émergeait peu à peu des brumes du sommeil. Elle sentait que la journée allait être dure car elle n'avait pas assez dormi. Elle fit le tour de la pièce du regard. Elle était seule, Alice s'était déjà levé.
Cette simple constatation lui fit l'effet d'un électrochoc qui acheva de la réveiller.
Alice !
Les souvenirs de la nuit précédente déferlèrent dans sa tête. Elle se souvenait de tout. De l'invocation. De ses suites. D'Alice parlant dans la pénombre lunaire… Elle se souvenait du moindre mot. Du moindre geste. Pourquoi Alice n'avait-elle pas effacé cette partie de sa mémoire ? Pourquoi ?
La réponse était pourtant évidente. Elle avait voulu savoir, alors maintenant qu'elle savait il allait falloir qu'elle fasse avec, même si ce qu'elle avait trouvé ne lui plaisait pas. Ainsi était la punition que lui infligeait Alice.
Il faut toujours se méfier de ce que l'on veut car on pourrait bien l'avoir !
