Chapitre 20
Le 4 juin de cette année là, Alice avait eu 16 ans (16 ans déj ! Que le temps passe vite tout de même !) Esmé, elle, qui était née en novembre était un peu plus jeune que son amie et n'avait pas encore atteint l'age clef des 16 année passé sur terre. D'ailleurs Mlle Esméralda Pyvert n'était pas seulement plus jeune, mais elle était aussi plus petite et plus grosse que sa chère Alice, ce qui était le motif d'une légère jalousie entre les deux filles.
Cette année là, riche de ses 16 ans et en vertu de la législation du travail, Alice eu la possibilité de faire un petit job d'été. Esmé ne pouvant pas en faire autant, ce fut la première fois depuis bien longtemps que les deux jeunes filles firent quelque chose l'une sans l'autre.
Cette été là, Alice participa à la récolte des feuilles de Chêne Anaphorique sur le domaine de Beauxbâtons. (Au cours des chapitres précédents nous avions appris qu'une partie de l'île était constituée par un domaine recouvert de plantations et possédant un nombre impressionnant de hangars. Maintenant vous savez ce que l'on y cultive. ) Le chêne anaphorique était un petit arbuste d'environ 1,5 mètres de haut et dont les feuilles légèrement gluantes, après un traitement spécial et une fois séchées, entre dans la composition de nombreux filtres et potions.
Malgré de nombreux essais, il n'existant aucune méthodes magiques pour procéder à la récolte et il fallait cueillir les feuilles une à une, à la main. C'est pour cela, et tout à fait traditionnellement d'ailleurs, que l'école employait des élèves volontaires pour procéder à la cueillette. Du point de vu des élèves, c'était une méthode rentable de passer ses vacances. Il ne s'agissait pourtant pas d'un travail aussi facile qu'il y paraît. En effet, si cueillir quelques feuilles ne présente pas de gros problèmes, c'était tout autre chose que d'en cueillir plusieurs milliers par jour pour remplir le quota (infernal) de cueillette, sous un soleil de plomb et dans le vrombissement incessant des insectes. En plus il fallait savoir quoi cueillir exactement car, des feuilles, il y en a plein les arbres. C'était d'autant plus difficile que ordres et contre-ordres se succédaient à une vitesse vertigineuse. Il fallait aussi savoir en cueillir suffisamment pour faire rapidement son quota tout en en laissant assez pour ne pas faire crever l'arbres. Bref il s'agissait d'un job d'été comme tant d'autre.
Cette année là, la cueillette débuta le 12 juillet et s'acheva le 20 août. Sur les 31 élèves qui s'étaient inscrits, seuls 25 furent effectivement embauchés. Des équipes de cinq personnes furent organisées.
Alice se retrouva avec un garçon de sa classe, Bastien, et trois filles de 6ème année de la Chapelle. (Sans qu'on comprenne la raison, il y avait toujours plus de filles que de garçons. Les filles seraient-elles plus courageuse que leur homologue masculin ?) Les filles de la Chapelle, qui avaient déjà fait la saison l'année précédente, donnèrent de nombreux conseils aux deux débutants et mais se désintéressement bien vite de leur sort, elles avaient leur propre quota à faire, pas de temps à perdre. Sur le plan théorique, il n'y avait pas de difficultés insurmontables, il suffisait de cueillir les bonnes feuilles et de les embrocher sur les dents d'un peigne géant en métal. Le peigne était ensorcelé de manière à suivre le cueilleur en lévitant à vingt centimètres au-dessus du sol. Quand le peigne était plein on l'accrochait dans un cadre de séchoir que les elfes venaient chercher deux fois par jour. Ce qui se passait après était un secret de fabrication où les saisonniers n'avaient pas à mettre leur nez.
Alice n'eut pas trop de problème pour repérer le bonnes feuilles mais faillit planter plusieurs fois sa main sur le peigne au lieu d'y planter une feuille. Par ailleurs, tous les insectes du quartier semblaient lui en vouloir personnellement. Au bout de deux heures, elle commençait à prendre le tour de main ce qui libéra un certain nombres de ses fonctions cognitives. Du coin de l'œil, elle observa les autres saisonniers. Les filles de son équipe étaient déjà rendues loin dans leurs rangées d'arbres et bavardaient gaiement. Alice s'intéressa de plus près à son collègue masculin… Bastien… Bien sûr elle le connaissait vu qu'ils étaient dans le même classe depuis cinq ans mais elle était incapable de dire quoi que ce soit à son sujet. Ce mec était le prototype même de l'homme invisible. Pour elle-même, elle fit la constatation qu'il ferait un excellent chevalier d'Eole dont on n'aurait aucun mal à oublier la présence.
Sa réflexion passa alors de son collègue aux chevaliers. Ayant toujours vécus entourée pas eux, elle finissait par oublier leur présence permanente surtout que, quand elle était à l'école, il n'y en avait qu'un… enfin qu'une… et qui était d'une discrétion absolue. Mais bon, Alice n'aimait pas ce Chevalier pour autant, surtout que pour passer incognito elle s'était fait engager comme professeur… Cher chevalier Monsoveur que ferais-tu si je décidais de ne plus t'obéir ? Je ne suis pas comme ma mère, moi…
Alice qui se perdait aux confins de ses pensées en ressortit brutalement quand quelqu'un cria tout près de l'oreille que c'était l'heure de la pause. Pour la première fois depuis deux heures elle put, enfin, s'assoire. Elle commençait à avoir mal aux mains. D'ailleurs celle-ci était recouverte d'une substance gluante, la jeune fille s'amusa à la faire filer entre ses doigts. Assis aux pieds de la rangée d'arbre adjacente à la sienne, son collègue regardait d'un œil désespéré la maigre récolte qu'il avait fait, jamais il ne pourrait faire son quota… Alice et lui échangèrent trois paroles, plus par politesse que par réelle envie de bavarder.
Au bout d'un quart d'heure il fallut reprendre le travail.
La matinée avançait et il faisait déjà très chaud quand la pause de midi arriva. Tous le monde se dirigea en chœur vers les bâtiments où ils étaient logés sur le domaine et où un bon repas les attendait.
Traditionnellement, les saisonniers, bien qu'étant tous élèves dans l'école, étaient logés dans un bâtiment annexe (le manoir) directement sur le domaine et n'avait pas à mettre les pieds dans l'école. Là, il n'y avait plus de loge qui comptait, ni d'âge. L'ambiance était bonne et, malgré la fatigue, on s'y amusait beaucoup.
On retourna travailler après les heures les plus chaudes car la canicule fragilisait les feuilles. (Le confort des travailleurs n'était en rien dans cet emploi du temps).
Avec l'arrivée du soir, les saisonniers retournèrent au manoir. Ils étaient épuisés. Ce qui ne les empêcha pas de faire la fête.
Au bout de plusieurs jours de ce traitement de moins en moins avaient la force de faire la fête le soir et la plupart se couchait le plus tôt possible. Tous furent heureux de l'arrivée du dimanche, le seul jour de repos qu'ils avaient dans la semaine. Pour l'occasion, ils organisèrent un pique-nique sur la plage. (N'oublions pas que Beauxbâtons est une île dans la méditerranée et, que sur cette île, il y a une très belle plage.)
Les jours s'enchaînèrent les uns aux autres et la routine s'installa. L'ambiance du début se dégrada et un certain nombre de petits conflits émergèrent. On se disputait pour des riens. D'après les anciens, c'était normal, c'était toujours comme ça…
Alice fit tout son possible pour être mêler le moins possible à toutes ces histoires et s'isola peu à peu du reste du groupe. Dans cette position de neutralité toute Suisse elle fut rejointe par son collègue de travail qui, lui aussi, ne tenait pas à avoir de problème. Elle et Bastien se contentaient d'observer et de constater la stupidité des conflits.
Au fil des jours, le travail devenant machinal, Alice et Bastien qui faisait toujours équipe ensemble, se permirent de faire comme tous le monde et de bavarder en travaillant. Pas beaucoup car ce n'était pas dans le tempérament de la jeune fille, et pas vraiment dans celui du jeune homme. Et puis le rendement, la chaleur et la fatigue ne sont pas des catalyseurs pour les conversations. Néanmoins Alice parvint à en savoir plus sur son collègue aux superbes yeux bleus. Il était le plus jeune fils d'une vieille famille de sorcier du sud ouest de la France. Ses parents tenaient une petite herboristerie à côté de Bordeaux. Son frère aîné, avec qui Bastien avait 11 ans de différence, était phytothérapeute. Sinon Alice apprit aussi que Bastien était allergique aux chats et adorait le quidditch. D'ailleurs, ça faisait trois ans qu'il était batteur remplaçant dans l'équipe de la Roseraie mais, pour être franc, il avait passé le plus clair de son temps sur le banc de touche et ne jouait que durant les entraînements.
C'est à peu près tout ce qu'Alice appris sur sa personne, leurs sujets de conversation tournant le plus souvent sur des sujets plus généraux comme la météo, les repas, le travail, l'école, le quidditch… Parfois ils ne parlaient pas mais se livraient à des gamineries comme des batailles de cailloux ou attraper les insectes, parfois ils se montraient leurs découvertes respectives de trucs farfelus trouvés dans les arbres, comme des feuilles aux formes bizarres ou une bestiole inconnue…
C'est avec un petit pincement au cœur qu'Alice vit prendre fin la cueillette et dut retourner chez sa tante, dans cette prison qu'était devenue la librairie. Elle était pourtant épuisée, couverte de bleus, de griffures de branche, de piqûres d'insecte et de coups de soleil. Mais c'était la première fois depuis des années qu'elle avait réussi à oublier qui elle était pendant des journées entières. Ici rien ne venait lui rappeler qu'elle n'était pas comme les autres… qu'elle était le Gardien de la Source.
Oublier…. Juste oublier… Non ça ne suffisait pas car il y aurait toujours quelque chose pour venir le lui rappeler. Il fallait qu'elle trouve un moyen de se débarrasser de la Source… S'en débarrasser et retourner là-bas, là où elle n'aurait plus jamais mal. Ho, elle cherchait… Depuis trois ans elle cherchait, c'était presque devenu une habitude, mais elle s'était résignée et avait appris à vivre avec l'idée que les choses sont tel qu'elles sont et rien n'y changerait. Mais elle continuait de chercher…
***
Le 3 septembre, Alice reprit la route pour retourner à l'école. Même si les deux dernières semaines avaient été calmes et que pour une fois on lui avait laissé profiter de ses dernier jours de vacances, elle était heureuse de retourner à Beauxbâtons.
Sur le quai de **** (information toujours censurée par le ministère de la Magie), la jeune fille aux cheveux blancs et bleus retrouva sa chère Esméralda. Se conformant en tout point à sa réputation, la jeune journaliste se lança quasiment instantanément dans l'un de ses traditionnels monologues. Celle-ci se mit alors à raconter par le menu ses vacances.
Alice, qui savait qu'elle ne pourrait pas placer une parole avant au moins trois jours, n'écouta que d'une oreille distraite les milles et une anecdotes qu'avait ramené Esmé dans ses bagages lors de son voyage en Grèce au mois de juillet. Le fait de n'utiliser qu'une seule de ses oreilles lui permettait d'utiliser le reste de ses fonctions cognitives comme bon lui semblait.
Elle scruta la foule du regard le plus discrètement possible (si Esmé se rendait compte qu'elle ne l'écoutait pas elle serait capable de recommencer son discours depuis le début). Au loin, Alice aperçut sa tante à qui elle avait faussé compagnie sans dire un mot quelques instants plus tôt. Même si tante et nièce était un peu moins en froid à présent, Alice avait décidé que leurs échanges verbaux se limiteraient au strict minimum absolument nécessaire, et la politesse ne rentrait pas dans cette catégorie.
A une dizaine de mètres de sa tante, Alice aperçut par la même occasion le chevalier qui allait la surveillé pendant toute la durée de la traversée. Un nouveau… Alice ne savait pas pourquoi mais les chevaliers chargés de sa surveillance restaient, tout au plus, une demi-douzaine de mois. Bien sûr, elle savait qu'on leur retirait le secret à ce moment là mais que devenaient-ils après ? Sans doute retournaient-ils à leur propre vie ou partaient-ils chargés d'une autre mission pour le ministère. Sans nul doute, aussi, devaient-ils être bien content de partir car on ne peut pas dire qu'Alice leur rendait la vie facile. En effet la jeune fille s'ingéniait à leur pourrir la vie tant qu'elle pouvait. Et quand ceux ou celle-ci essayaient de se révolter, une ou deux petite démonstrations de magie suffisaient à les remettre à leur place. Elle méprisait au plus haut point les chevaliers… ces gens qui croyaient pouvoir lui dire ce qu'elle devait faire.
Avaient-ils la moindre idée de la puissance magique qu'elle avait à sa port ?
Et oui, s'il y avait une chose qui avait beaucoup changé depuis qu'elle était Gardienne, c'était le contrôle qu'elle avait sur sa magie, c'était comme si à ce moment là quelque chose s'était débloqué. Pourtant elle préférait resté prudente à l'école et ne faisait pas étalage de ses pouvoirs, après tout, ne serait-il pas louche que l'une des cancres de la promo devienne brusquement le major ? Pour cela, elle faisait tout son possible depuis trois ans pour obtenir une note ni bonne ni mauvaise, toujours la même… Elle avait jeté son dévolu sur le 12 sur 20. Plus que la moyenne sans pour autant être une bonne note. Parfait ! Au début elle avait eu du mal à calibrer ses réponses aux examens, contrôles ou devoirs, les résultats avaient fluctués pendant quelques mois avant de se stabiliser sur la cible. Au début les prof n'avaient rien remarqué mais peu à peu ils avaient trouvé ça bizarre. C'est vrai on peut pas dire qu'une élève qui obtient toujours la même note à tous les contrôles et dans toutes les matières ce soit normal. Certains criaient à la tricherie, surtout pour la fois où elle avait eu douze alors que la moyenne de la classe était de 2 ½ (et oui la méthode avait ses inconvénients). Mais malgré un nombre incroyable de mesure anti-triche sans aucun effet, les profs avaient conclu à la fatalité.
Un processus neuronal compliqué averti Alice que Mlle Pyvert avait changé de sujet de monologue. La jeune fille aux cheveux blancs et bleus consentit à utiliser ses deux oreilles pour essayer de comprendre de quoi elle parlait.
Bon, c'était pas bien difficile car Esmé fusillait du regard Mlle Delacours qui se trouvait un peu plus loin. Comme à son habitude, cette pimbêche était entourée d'un groupe frétillants et bégayants de garçons. La jeune fille tenait dans ses bras une petite fille de 1 ou 2 ans. Si Alice n'aimait pas Fleur, elle lui aurait attribué la maternité du bébé… En fait non elle n'aimait pas cette bêcheuse… mais Esmé fut plus rapide qu'elle.
« Tu crois qu'il est à elle le gamin ? » Prononça distinctement Esmé de manière à être entendu par le plus de gens possible.
Un peu de rationalisme voulait que Fleur n'ayant que 12 ans ne pouvait pas être la mère d'un enfant âgé d'un ou deux ans. Mais le rationalisme et la logique ne sont pas des donnés fondamentales dans la médisance.
Mlle Delacour, qui avait entendu (comme les cinquante personnes alentours), se dirigea d'un pas décidé vers la personne qui avait proféré une telle méchanceté. Elle ne fut pas suivi par sa cour de garçon qui, eux, préférèrent sagement ne pas s'en mêler. Fleur se planta devant Esmé et Alice, tenant toujours le bébé dans ses bras. L'assistance s'écarta instinctivement.
« Regarde p'tite sœur, je te présente Ch'veux bleus et Tête-à-lunette, deux monstres de 6ème année. Des gens que je ne fréquente pas. »
La jeune fille tourna les talons et s'éloigna l'air hautain.
Esmé et Alice éclatèrent de rire devant la puérilité de l'intervention. Cette fille était idiote ou quoi ?
L'assemblée ricana aussi, mais eux c'était pour la témérité suicidaire qui avait poussé cette seconde année à s'en prendre à Mlle Pyvert de front. Aller s'en prendre à la journaliste la plus crainte des l'établissement, la journaliste qui cette année avait été promus au rang de rédacteur en chef de l'Echo de la Roseraie… A présent tous savait de quoi allait parler la célèbre « Chronique Pyvert ».
Le temps avait beau passé tout doucement en ce matin de septembre mais l'heure d'embarqué arriva… beaucoup trop vite au goût d'Esmé. Elle n'aimait pas les bateaux ….. non elle n'aimait pas ça du tout… enfin c'était surtout son estomac qui n'aimait pas…
Rapidement, Alice abandonna sa camarade à son triste sort, si elle restait trop longtemps avec, elle allait aussi être malade.
La jeune fille aux cheveux blancs et bleus se promena dans les coursives. Elle croisa des gens de sa classe, des gens avec qui elle avait travaillé durant l'été et d'autres qu'elle connaissait de vu… Tous lui adressèrent un bonjour poli. S'il avait une chose qui n'avait pas beaucoup changé, c'était sa popularité (toujours aussi mauvaise), quoique maintenant les gens étaient polis envers elle, c'était une nette amélioration…
Elle remonta sur le pont. Il ne faisait pas très beau, un vent humide soufflait, le ciel était gris et l'endroit était presque désert. Alice alla s'accouder au bastingage et regarda la mer en contre-bas qui glissait sur la coque. Il commença à y avoir de la houle et un vil petit crachin se mit à tomber. Vraiment quel temps radieux pour une traversée en mer.
Alice décida qu'elle ferait mieux de regagner l'entrepont avant d'être trempé. Ce fut plus facile à dire qu'à faire. Le bateau commençait à tanguer sévèrement. Les matelots ordonnèrent aux élèves qui se trouvaient encore sur le pont de renter à l'intérieur. Alice parvint après un périlleux numéro d'équilibre à atteindre l'escalier menant aux coursives. Elle loupa la troisième marche et, la force de gravité aidant, elle tomba la tête la première. Sa chute fut amortie par quelqu'un. Il s'agissait d'un élève de troisième année au teint un peu vert. Alice s'excusa.
Elle avait le pied marin et cette houle un peu forte ne la dérangeait que dans la mesure où il était difficile de garder son équilibre.
Après s'être perdue dans les coursives désertes, elle atteint la salle où elle avait abandonné Esmé une heure plus tôt.
Elle ouvrit la porte.
Elle referma la porte et décida de resté dans le couloir, loin des élèves au teint vert qui vivaient dans cet antre du mal de mer.
La jeune fille comprit que ce n'était pas une bonne idée de resté à cet endroit quand un matelot faillit lui marcher dessus. En plus elle commençait à s'ennuyer un peu. Elle se leva et décida de se promener un peu.
C'était rigolo, on se serait cru sur des montagnes russes… ça montait… ça descendait… ça montait… ça descendait … et ça remontait … ça redescendait… ça montait à nouveau… pour mieux descendre juste après…
Alice avait plus le pied marin qu'elle le pensait et au bout de dix minutes elle avait trouvé le truc pour ne pas perdre l'équilibre à chaque mouvement de houle. Un officier de quart, qu'elle croisa au hasard de ses errances dans l'entrepont, lui assura qu'elle serait la bienvenue dans l'équipage si elle voulait faire carrière dans la marine car il connaissait peu de gens capables de se promener tranquillement dans les coursives par forte houle.
Après deux heures de ce traitement, la houle se calma un peu et le soleil fit son apparition. Dés qu'elle le put, Alice monta sur le pont.
Le vent lui faisait du bien, l'intérieur du bateau était une vrai étuve.
Quelques élèves téméraires l'y rejoignirent. Parmi eux un garçon de sa classe… Un garçon aux magnifiques yeux bleus …
Bastien vint s'amarrer au bastingage à côté d'Alice comme une patelle s'accroche à son rocher. Il avait le teint pâle et les yeux rendus un peu brillant par le mal de mer. A lui aussi le vent faisait du bien… Peu à peu il reprit une teinte normale malgré la légère houle qui persistait.
Alice se demanda bien pourquoi il était venu s'installer juste à côté d'elle alors qu'il y avait sans doute plus d'une dizaine de mètres de bastingage libre. D'habitude les gens évitaient de s'approcher trop d'elle.
Ils restèrent ainsi, en silence, tout un moment avant de se mettre à échanger leurs points de vu sur les conditions météorologiques de la traversée. On se mit d'accord sur Affreuse-limite-horrible.
Au loin, ils observèrent le banc de brume qui annonçait l'Ile de Beauxbâtons se rapprocher doucement. Ils échangèrent quelques souvenirs de la cueillette et d'autres banalités.
Finalement le bateau accosta l'île avec seulement une demi heure de retard, ce qui était un exploit pour une traversée dans de telles conditions météo. Les élèves se ruèrent à terre, très heureux de retrouver le planché des vaches.
Dans l'atrium de l'école, Mme Picmal et Mme Malodan, les deux infirmières de l'école, distribuaient des potions pour que les élèves se remettent le plus vite possible de cette horrible traversée.
De l'avis de tous l'année commençait bien…
*******
Les jours succédèrent aux jours. Le premier week-end sur l'île passa à la vitesse de la lumière. Le jour de la rentée arriva, passa et fut vite oublié. Le petit train train quotidien s'installa.
Pendant les deux premières semaines, Esmé n'eut pas une minute à elle. Elle avait été promue au rang de rédacteur en chef du journal et, en tant que tel, elle devait se charger de tout organiser. Il s'agissait d'un travail de titan car il fallait qu'elle nomme un comité de rédaction, qu'elle recrute de nouveaux rédacteurs, qu'elle organise des réunions, qu'elle gère tous les détails pratiques comme l'imprimerie, la casse, l'encre…
Son emploie du temps était tellement chargé que la jeune fille n'avait même pas le temps d'écrire ses propres articles. Dans l'école on s'en voulut de ne pas avoir songé plus tôt à cette solution pour bâillonner Mlle Pyvert. Leur joie fut pourtant de courte durée car dés qu'elle eut réglé les détails techniques, elle eut des problèmes de cases vides dans le journal, cases qu'elle allait remplire avec ses propres articles en attendant d'avoir à y mettre quelque chose de mieux.
Début octobre, des tracts circulèrent au sujet de la recherche de rédacteurs pour le journal, ces tracts disaient : « Faites taire Esméralda Pyvert, Ecrivez pour le journal »
Cette campagne eut un impacte considérable auprès des élèves de la Roseraie et on eut un record du nombre d'article soumis au comité de rédaction.
Pendant ces mêmes semaines, Alice s'inscrivit comme bénévole à la bibliothèque. Là, pendant ses heures libres, elle aidait Mlle Renault, la bibliothécaire, à ranger et classer les livres. Ce n'était pas toujours un travail facile, surtout quand les livres n'avaient pas envie de se laisser faire, mais elle aimait le contact des livres (sauf quand les livres en question la mordaient…)
Il va sans dire que pendant tout ce début d'année scolaire les deux jeunes filles n'eurent pas tellement le temps de se voir en-dehors des cours.
Alice se sentit alors seule car elle n'avait qu'Esmé comme amie et celle-ci travaillait jusque tard dans le nuit pour le journal. Elle passa beaucoup de temps seul avec un livre dans la grande salle de la Roseraie. Parfois, elle ne lisait pas et observait les autres élèves autour d'elle. Elle regardait, mais elle écoutait aussi ce qui se disait, à la recherche du détail croustillant qu'elle pourrait raconter à Esmé.
Au but de quelques jours d'observation de la faune scolaire de la loge, Alice remarqua qu'elle ne prêtait pas la même attention à tous les élèves, elle avait ses stars.
Plusieurs autres jours passèrent et la liste des stars diminua dramatiquement.
Début octobre, quand Esmé eut réglé la plupart de ses problèmes au journal, la liste se résumait à une seule et unique personne. Mais à présent, Alice n'avait plus le temps de l'observer comme elle voulait car Esmé, ayant de nouveaux du temps libre, comptait bien le passer avec son amie. Comble de mal chance, les seuls jours où Esmé était prise toute la soirée par le journal, l'être unique de la liste avait entraînement de quidditch.
La jeune fille aux cheveux blancs et bleus s'hasarda bien à garder un œil sur lui durant les cours mais il était très difficile de rester discret. Que dirait Esmé si elle apprenait ça ? Que dirait les autres ? Et surtout que dirait-il lui ?
Alice essaya de se faire une raison et voulut reprendre sa vie tel qu'elle l'avait laissé. En vain ! Moins elle voulait penser à lui et plus, justement, elle y pensait. Mais ce n'était pas tout, son cas semblait s'aggraver de jour en jour et fin octobre elle ne se sentait bien que quand elle le savait proche d'elle.
Alice n'était pas idiote, elle comprit très bien ce qui lui arrivait. Elle le comprit, certes, mais elle eut du mal à se l'avouer et encore plus de mal à l'accepter. Qu'espérait-elle donc ? Quel garçon voudrait d'une fille comme elle ? Une fille aux cheveux bizarres, pas très jolie, trop grande, taciturne et qui a pour meilleur amie Esméralda Pyvert, la bête noire de l'école ? Mais c'était comme ça. Elle n'y pouvait rien. Elle se dit que la seul chose à faire était d'attendre que ça passe, et surtout ne rien dire à personne …surtout à Esmé.
Esmé remarqua que son amie avait un comportement étrange, elle parlait de moins en moins, semblait plus refermée sur elle-même… Mais si ça avait été important, Alice lui aurait dit, elle en était sûr. La jeune journaliste mit alors se comportement sur le compte de la fatigue.
Pourtant les jours passaient et Alice avait l'air de plus en plus dans la lune, Esmé sentait qu'elle perdait un peu de l'influence qu'elle avait sur son amie. Elle se mit alors à épier Alice pour savoir de quoi il retournait. Mais si il y a bien un petit jeu auquel il est très difficile de piéger un Gardien de la Source, c'est bien l'espionnage. N'ayant rien découvert Esmé finit par croire qu'elle avait trop d'imagination.
Un soir de décembre, une des réunions de rédaction fut annulée pour cause de flemingite aiguë de la part du comité et Esmé retourna à la grande salle plus tôt que d'habitude. Elle fut surprise de ne pas y trouver Alice. Elle alla voir dans leur chambre sans plus de succès. Elle chercha son amie dans toute la loge et alla faire un tour dans les communs de l'école, totalement en vain. Alice s'était volatilisée !
Il faisait nuit depuis un petit moment quand la jeune fille aux cheveux blancs et bleus sembla apparaître de nul part au beau milieu de la chambre. Esmé sursauta en la voyant. La jeune journaliste se ressaisit à merveille, elle savait parfaitement comment Alice avait fait : sort d'invisibilité. C'était horripilant d'être ainsi narguée par sa meilleur amie car les sortilèges d'Invisibilité sont des sorts terriblement difficiles d'utilisation et seul une poignée de grands mages à travers le monde pouvaient les utiliser. C'était rageant pour Esmé de voir Alice utiliser de tel sort comme si c'était le B.A. BA de la magie. Esmé questionna son amie sur le pourquoi du comment de l'utilisation de ce sort et où elle avait été pour revenir parfaitement trempée.
Alice, effectivement trempée jusqu'aux os, était aussi très étonnée de trouver Esmé à cette heure là. Elle eut toutes les peines du monde à trouver des excuses plausibles à cette utilisation du sort d'invisibilité. Bien que la journaliste ne contredit pas se que racontait Alice, le visage de celle-ci exprimait clairement qu'elle n'en croyait pas un mot… Dans quel guêpier s'était-elle fourrée… Esmé ne la laisserait jamais tranquille avant de savoir le fin mot de l'histoire.
Esmé écouta attentivement Alice mais ce qu'elle disait était absurde. De toute évidence il s'agissait d'une excuse inventé pour la cause. Pourquoi Alice lui mentait-elle ? Avait-elle des problèmes ? Etait-ce à cause de la Source ? En tout cas ce devait être grave pour qu'Alice ne lui dise rien, elle ferait donc bien de ne pas s'en mêler… pourtant sa curiosité était piquée et elle savait qu'elle ferait tout ce qui est discrètement possible pour en savoir plus.
Alors qu'elle se changeait pour enfiler des vêtements secs, Alice décida qu'elle ferait mieux que ne plus utiliser ce sort là pendant quelque temps… Elle ferait mieux aussi de rester tranquillement ici au lieu d'aller assisté, comme elle le faisait depuis près d'un mois, au entraînement de quidditch. De toute façon ça ne servait à rien d'aller espionner l'élus de son cœur de la sorte… Et puis il était grand temps qu'elle travaille sérieusement au chef d'œuvre magique qu'elle devrait présenté pour la grande kermesse. Cette décision avait beau être parfaitement raisonnable, elle lui déchirait le cœur.
***
Le mois de décembre passa sans trop se presser et les vacances de Noël arrivèrent à la vitesse d'un escargot souffrant d'asthénie. Du moins se fut l'avis de la majorité des résidants de l'école.
Alice, elle, trouva que ces quelques semaines étaient passées très vite et que les vacances tant redoutées étaient arrivées beaucoup trop vite.
La jeune fille aux cheveux blancs et bleus n'aimait pas les vacances, et surtout pas celle de Noël. Elle était obligée de retourner chez sa tante sous la surveillance de Chevalier. Cette idée ne la replissait pas d'allégresse. Et puis elle n'aimait pas noël… D'ailleurs pourquoi aurait-elle aimé cette fête où tous ses camarades de classe seraient entourés de leurs familles alors qu'elle serait seule avec ses geôliers ?
Ces vacances s'annonçaient encore pire que les autres car cette fois elle serait loin de son cher et tendre vers qui allait tout ses soupires. Mon Dieu ce que ces vacances allaient être longue…
Alice ne fut pas la seule à trouver que le mois de décembre s'était soudainement raccourcie. Esmé fut prise dans le tourbillon d'activité provoqué par la publication du numéros spéciale nouvel an, qui devait être près à imprimer avant les vacances et elle n'eut pas une minute à elle. Malgré un manque de temps certain, elle avait qu'en même gardé un œil sur Alice, mais elle n'avait rien découvert de plus. Pourtant il devait bien se passer quelque chose car la jeune rédactrice en chef avait remarqué quelques changements dans le comportement d'Alice. Elle avait l'air toujours un peu dans la lune et puis elle s'était soudainement mise à aimé les cours de travaux pratiques alors que depuis qu'elle étudiait à Beauxbâtons, elle détestait ça…
Esmé ne savait pas trop si elle était inquiète, triste ou en colère de ne pas savoir… Pourquoi Alice ne lui disait rien ?
Les vacances filèrent plus vite que le vent pour certain et furent plus longues que des jours polaires pour d'autre. ( Tout est une question de point de vu).
Au mois de janvier, la plupart des 6ème année se plongèrent dans la préparation du chef d'œuvre qu'ils présenteraient en juin pendant la grande kermesse de fin d'année.
Pourquoi s'y mettaient-ils tous en même temps et six mois avant la date de la fête, me demanderez-vous… Et bien c'est que pour des raisons d'égalité des chances, l'école fournissait la totalité du matériel désiré mais à condition de fournir la liste complète et détaillé, au gramme d'ingrédients près, avant les vacances d'hiver, soit avant la mi-février.
Quelques élèves plus sérieux, comme Alice, s'y était pris à l'avance, mais d'une manière général ce fut la grande ruée vers la bibliothèque. Alice, qui était toujours bénévole dans cette même bibliothèque, eut l'occasion de parfaire sa connaissance de l'endroit et de découvrir l'existence d'un rayonnage BX22 à l'extrémité sud-sud/ouest du bâtiment.
De son côté, Alice avait trouvé ce qu'elle ferait depuis bien longtemps. Quelque part heureusement car elle avait mis près d'un an et demi pour mettre au point l'envoûtement. Pour ne pas être trop déloyale avec les autres élèves, la jeune fille avait décidé de ne pas utiliser de sortilège autre que ceux que l'on enseigne en classe. Son chef d'œuvre consisterait en un savant envoûtement de feuille de papier avec une incantation de son cru et une potion qu'elle avait mise au point elle même.
Au mois de janvier, elle n'avait réussi à envoûter qu'un seul spécimen mais il était absolument magnifique, avec des couleurs flamboyante et il bougeait tout seul. Elle ne savait pas si elle pourrait mener à bien son projet qui comptait une centaine de ces choses mais c'était souvent comme ça avec les chef d'œuvre, on ne savait ce que ça donnait que le jour de l'épreuve.
De son côté, Esmé avait eu plus de mal à trouver ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Heureusement qu'Alice avait accepté de l'aider un peu dans ses recherches. Elle s'était alors décidé pour un sort pyrotechnique qui, un peu retravaillé, serait du plus magnifique effet.
Le mois de janvier passa dans ce joyeux tumulte bibliophile et février pointa son nez, et avec lui venait la Saint Valentin.
Comme d'habitude l'école s'orna de divers affiche et décoration à l'occasion de la fête la plus détesté des célibataires.
Le 14 février de nombreux hiboux voltigèrent dans toute l'école pour porter les fameuses carte de la saint Valentin. Parmi cette foule épistolaire, il y eut comme d'habitude un certain nombre de carte anonyme. Dans la population qui recevait une carte anonyme il y avait deux clans : ceux qui s'en vantait et ceux qui faisait tout pour que ça ne se sache pas.
Bastien faisait partie de cette dernière catégorie. Et ce pour plusieurs raison, tout d'abord car c'était la toute première fois qu'il en recevait une, ensuite parce que c'était un peu ridicule un garçon de 16 ans qui reçoit une carte de saint Valentin et enfin car cette carte était très étrange. En fait, il ne l'avait même pas reçu par hiboux cette lettre, elle était soudain apparut dans son livre de potion, en plein cours. Il l'avait soigneusement dissimulée pour l'ouvrir plus tard, quand il serait seul.
L'enveloppe ne portait comme inscription que « Pour Bastien ». A l'intérieur il y avait une feuille de papier unis épais plié en deux autour une deuxième feuille qui elle avait vaguement la forme d'un papillon. La première feuille de papier unis portait l'inscription :
« souffle sur ses ailes, puissent mes sentiments être aussi légers. »
Bastien regarda l'autre feuille, l'un des côtés était recouvert d'une petite écriture kabbalistique dont l'encre sentait le caramel brûlé, de toute évidence le papier était ensorcelé. Souffle sur ses ailes ? Sans doute le moyen d'activé le voult…
Bastien hésita …Que risquait-il de lui arriver s'il soufflait effectivement dessus ? Bon ok plein de chose horrible mais son instinct lui disait qu'il ne pourrait pas trouver le repos tant qu'il n'aurait pas suivi l'indication. Il souffla timidement dessus la feuille ensorcelé comme si il avait peur que celle-ci lui explose à la figure. Une onde de couleur parcourut le papier mais disparut très vite. Fort de cette expérience, le jeune homme souffla un peu plus intensément, des motifs colorés apparurent mais ne restèrent visible que quelques secondes. Bon, ben, puisqu'il fallait souffler fort et bien le garçon prit une bonne inspiration et souffla à plein poumon sur cette feuille. De fins motifs aux couleurs brillantes apparurent et le papier prit alors vie. Les ailes de papier se mirent à battre. Bastien, surpris, lâcha l'objet qui s'envola. Devant lui voletait, le plus naturellement du monde, un papillon en papier aux couleurs scintillantes.
Bastien était stupéfait, on aurait dit un bijou volant.
Entendant du bruit tout près, il attrapa l'objet, il ne voulait pas que quelqu'un d'autre le voit. Il fit pourtant bien attention à ne pas l'abîmer. Il dénicha au fond de son armoire un vieux bocal en verre de la bonne taille. Il y mit le papillon de papier et le rangea dans un endroit où lui seul avait accès.
« Puissent mes sentiments être aussi légers. »
Qui avait bien pu envoyer un tel objet ? De toute évidence il ne s'agissait pas d'une carte standard que l'on achète dans le commerce à cette saison. Mais qui pouvait réussir de tel voult, car il s'y connaissait et pouvait dire que seul une sorcière de haut niveau pouvait faire des trucs pareils… Mais qui ?
Bastien tourna et retourna la question dans sa tête sans trouver de réponse. Qui pouvait s'intéresser à lui, le prototype même de l'homme invisible… Il fit le tour de ses connaissances… Il y avait cette fille au jolie sourire qui était dans sa classe, son sourire était d'autant plus beau qu'elle ne l'utilisait pas souvent. Sans trop savoir pourquoi, il avait envie que ce soit elle. Bon, c'est vrai que cette fille ne semblait pas du genre à envoyer des cartes de Saint Valentin et puis on ne peut pas dire qu'elle était très forte en magie… Quoique, le fait qu'elle ait toujours la même notes à tous les devoirs et dans toutes les matières était profondément louche… Oui, en fait, il voulait que se soit elle, pensait-il quand il contemplait le papillon de papier qui s'agitait dans son bocal.
La Saint Valentin fut aussi le moment où Esmé comprit enfin ce qui arrivait à Alice. Elle en fut triste car Alice ne lui avait rien dit… à elle… sa meilleur amie. La jeune fille aborda le sujet avec son amie et celle-ci ne nia pas mais ne dit pas qui était l'heureux élus. Esmé fut blessée par le fait qu'Alice veuille garder le secret. Elle gardait pourtant des secrets bien plus grave que ça sans jamais rien dire. En définitive, Alice était toujours aussi méfiante envers les autres… L'illusion de confiance mutuelle qu'avait Esmé se fissura… Tout ça à cause d'un garçon.
***
Les vacances d'hiver passèrent et furent suivit par le mois de mars durant lequel tout l'établissement fut en effervescence pour fêter Mardi-gras et le carnaval qui va avec.
Le mois d'avril succéda, emmenant avec lui les vacances de Pâques. Les cloches passèrent semant sur leur chemin vers Rome une quantité phénoménal d'œuf en chocolat dans les jardins.
Le mois de mai arriva accompagné des beaux jours. Mais les élèves de 6ème année n'en profitèrent pas car il était dans la dernière ligne droite avant la présentation de leur chef d'œuvre pour la grande kermesse qui aurait lieu les 15, 16 et 17 juin.
Pendant tous ces mois écoulés, tous le monde avait eu beaucoup de travail pour mettre au point le sort le plus impressionnant, celui qui marquerait les mémoires.
En plus de ça certain élèves, comme Esmé, avaient leurs activités extra-scolaires qui leurs prenaient un temps fou.
Alice aussi avait été très surmenée car elle devait aller aider à la bibliothèque deux heures par jour et la préparation de son chef d'œuvre lui avait demander un temps fou, chaque papier lui avait demander près de deux de travail et elle en avait fait plus d'une centaine (bon pour écrire les incantations elle avait fini par ensorceler un plume pour que celle-ci les écrive toute seule…)
Pendant ces quelques mois, Bastien avait effectué un rapprochement amicale avec la fille au si jolie sourire. Esmé, elle, voyait cette relation d'un très mauvais œil. Non, elle n'aimait pas du tout Bastien, comment ce mec pouvait-il ainsi faire vibrer le cœur de son amie ? Elle avait beau savoir qu'elle n'avait pas son mot à dire la-dedans (c'était les affaires d'Alice après tout) mais n'empêchait pas qu'elle le détestait.
***
Le 10 juin passa, suivit par le 11, puis vint le tour du 13. Le 14 ce fut la grande pagaille dans les loges car les 6ème année étaient morts de stress pour la présentation des chefs d'œuvre et car les 7ème année étaient excités comme des puces sous caféine en prévision du grand jeu dont de départ serait donné le lendemain à 9h précise.
Les élèves testèrent leurs sorts jusque tard dans le nuit. Esmé répéta jusqu'à une heure du matin car l'ordre de passage se faisait par tirage au sort, elle pouvait passer à n'importe quel moment. Alice n'échappa pas au stress ambiant et se releva plusieurs fois dans la nuit pour vérifier, sur quelqu'un de ses papiers, que l'incantation fonctionnait bien.
Les premières présentations commencèrent à 15h06 dans l'après midi, Esmé ayant signalé qu'elle ferait de la pyrotechnie avait obtenu une dérogation pour ne passer qu'à la nuit tombante. Elle était donc un peu moins sur les nerfs qu'Alice qui elle pouvait passer à tout moment… Assises dans les gradins qui avaient été dressés dans les jardins de l'école, les deux jeunes filles assistèrent à toutes les présentations de l'après midi… Cette année là, la métamorphose était très à la mode, la palme dans le genre revint à une fille de la Chapelle qui transforma une affreuse vieille bûche en un magnifique fauteuil Louis XV avec son guéridon assortie et une tasse de chocolat posé dessus.
Les élèves qui n'étaient pas encore passés le soir eurent toute les peines du monde à fermer l'œil de la nuit. (Et si ce qu'ils avaient préparé était ridicule par rapport à ce qui était déjà passé…)
Bastien fut le premier à passer le lendemain après midi. Il lança un sort compliqué qui eut pour effet de changer de place toutes les personnes assises dans les gradins. Esmé se retrouva assise à côté de Mme Maxime et Alice à l'autre bout des gradins à coté d'un sorcier obèse. Le sort fit beaucoup rire et il eut un peu de chahut quand les gens retournèrent à leur place d'origine.
D'autre démonstration suivirent, quelqu'un lança un sort raté qui fit tomber des trombes d'eau sur le public…
Esmé passa la troisième pendant les présentations nocturnes. Elle réussit parfaitement sa série de sort et le public fut émerveillé par les petites étoiles scintillantes et multicolores qui se mirent à danser dans le ciel.
Le 17 au matin le grand jeu prit fin. Mlle Suzannita Chazaud l'avait reporté.
Pour le dernier après midi de présentation, le temps se couvrit et à 17h12 quand Alice passa enfin, la lumière était crépusculaire et annonçait un orage très proche. Elle était la dernière.
La jeune fille répandit le contenu de la boite qu'elle promenait avec elle depuis déjà deux jours. On aurait dit des feuilles mortes. Quelques personnes le lui firent remarqués. Alice répartit à peu près équitablement les feuilles sur la pelouse (laquelle avait été malmenée par les différentes présentations). Quand tout fut en place, elle se plaça à peu près au centre et lança un sort de tornade de faible densité (niveau troisième année). Les feuilles furent emportées par le tourbillon de vent. Mais à peine avait-elle atteint deux mètres au-dessus du sol qu'elles changeaient de couleur, elles se mirent à scintiller avant de se mettre à voler avec la légèreté de magnifique papillon. Le spectacle était absolument féerique. Des dizaines et des dizaines de papillons brillants comme des pierres précieuses voletaient dans la lumière triste qui annonce la pluie.
Le public, tout d'abord subjugué essaya d'attraper ces bijoux volants. Un membre du jury demanda à voir l'une des feuilles, il l'observa d'un air admiratif. Plusieurs professeurs, poussés par la curiosité, vinrent demander comment elle avait fait. Ce n'était pas du tout un chef d'œuvre classique, elle avait entièrement inventé ce voult. Les profs n'en croyaient pas leurs yeux.
Alice rayonnait pour la première fois de sa vie on l'admirait, pour la première fois elle était le centre d'attraction sans en être la victime.
Esmé courut à sa rencontre, Elle aussi était radieuse. (« Quand je pense que tu m'avais juste dit que tu allais faire voler des bouts de papier !!!! Vilaine cachottière !!! »)
Quand les gens eurent plus faim qu'envie de chasser les papillons en papier, la foule se dirigea vers les tentes où auraient lieu le grand banquet qui célébrait la fin symbolique de l'année scolaire. Banquet qui serait suivi d'un bal.
Alice resta un peu là, sur la pelouse à présent déserte. Elle avait envoyé Esmé réserver de bonnes places à l'intérieur. Au loin la jeune fille aperçut sa tante. Elle était donc venu et avait assisté aux présentations… C'était normal après tout, elle était sa seule famille, et qu'elle famille ne viendrait pas assisté à la présentation du chef d'œuvre de l'un de ses membres. (ndla : les familles des élèves sont cordialement invitées à assister à la grande Kermesse)
Alice vit quelqu'un se rapprocher d'elle. Sans même le voir elle savait qui s'était et elle savait pertinemment pourquoi il était là.
Bastien tenait précieusement le bocal qui contenait un papillon de papier dont les ailes s'étaient un peu abîmer en se cognant sur les parois et dont les couleurs s'étaient un peu ternies.
Alice fut un peu surprise de voir son papillon enfermé dans un bocal, mais elle l'était bien plus que Bastien l'ai gardé pendant tous ces longs mois.
Alice lui adressa un sourire radieux.
Ils n'eurent pas besoin de long discours. Un sourire, quelques regards et un papillon de papier suffirent.
Ce qui se passa après ne regarde qu'Alice et Bastien…
