Chapitre 23

(NdA : La deuxième partie de ce chapitre, les événements qui se déroulent sur le Chemin de Traverse, est un crossing-over avec la fanfic de Mahée : « Harry Potter et le Cercle maudit » et le personnage d'Isaanne est ©Mahée. Donc courrez lire sa ff   -_^ )

Bastien regarda d'un air désespéré les deux cartons de photographies qu'il venait de déposer sur le tapis du salon. Comment pouvait-on prendre autant de photos ? Il y avait là, au bas mot, 10 kg de cliché en tous genre, moldus et sorciers mélangés. Et dire qu'il avait promis de trier, classer et ranger tout ça. Il commençait à regretter cette promesse faite à la légère.

Tout d'abord faire de la place. Le jeune homme ramassa tous les jouets qui traînaient (ce n'était plus un salon mais un magasin de jouet), il poussa les meubles pour obtenir un large espace vide au milieu de la pièce.

Ceci fait, il s'assit sur le sol face aux deux grandes caisses. Il jeta un coup d'œil à la pendule qui trônait sur le manteau de la cheminée. 3h26. Il avait quelques heures de tranquillité pour faire ça. Il était pourtant réaliste même dans le calme de la nuit, il aurait sans doute juste le temps de remettre tout ça dans un ordre chronologique.

Il ouvrit le premier carton.

Zut, c'est vrai, les photos les plus anciennes se trouvaient tout au fond… Le jeune homme retourna la caisse et vida son contenu sur le sol. Maintenant, les vieilles se trouvaient dessus et les récentes dessous. Il attrapa une poignée de cliché. Mon dieu depuis quand personne n'avait mit le nez là-dedans, il y avait des photos super vieilles, certaines dataient de quand ils étaient à Beauxbâtons … Bastien fit une pile de ces photos là car il était bien en peine de dire dans quelles circonstances elles avaient été prises (sauf pour les photos de classe car il avait les mêmes chez lui … soigneusement rangées dans un album). Il feuilleta ainsi des photos d'Alice, d'Esmé, de l'école, de divers fêtes…

Dans les poignées de photos suivantes, de toute évidence, le temps était passé. Bastien contempla ces clichés. Ils dataient  des deux années entre leur sortit de Beauxbâtons et le jour de décembre où il était arrivé au 15 rue de la Petite-Paix. Il contempla un long moment ces images avec un pincement au cœur. Elles représentaient tout ces instants volés, tout ces événements ratés…. Alexandre tout bébé… Alexandre au milieu d'une montagne de peluche…  Son premier sourire… ses premiers pas… son premier anniversaire… son premier Noël… A la campagne en train de chercher des œufs de pâque…. des vacances à la mer… la rentrée à l'école… déguisé pour Halloween ou pour le carnaval… le deuxième anniversaire…

Ensuite vinrent les photos des débuts de cohabitation difficile… Noël, le jour de l'an… le mardi gras (avec une splendide photo de Martha, avec les cheveux oranges, déguisée pour le carnaval ), l'inauguration du rayon magie de la librairie, la chasse aux œufs de Pâque dans le jardin de chez Esmé… Les premiers clichés sur lesquels apparaissait Bastien étaient ceux de son propre anniversaire, le 16 mai.  A cette époque l'ambiance avait beaucoup changé, sa relation avec Alice était en pleine reconstruction.

Dans le paquet de photos suivantes, Bastien se replongea dans la folie du mariage d'Esmé. Magnifique mariage sorcier soit dit en passant, mais la famille du marié étant constituée uniquement de moldus, la cérémonie avait été émaillée de divers incidents farfelu (par exemple la grand-mère Percevault s'était retrouvée accrochée à un arbre après avoir voulu faire un peu de ménage avec un balai de course….)

Vinrent ensuite les clichés de divers événements… l'anniversaire d'Alice… les fêtes de la Saint-Jean… la fête de l'école d'Alexandre… une sortie à la base nautique… Le 14 juillet… et entre chaque raison valable de photographie, des dizaines et des dizaines de photos de la vie de tout les jours (Alexandre en pleine activité créatrice, Alice en train de lire, Martha regardant par la fenêtre, lui-même faisant la cuisine….) Dans cette famille on prenait des photos  presque tout les jours comme si on avait peur d'oublier, comme si chaque instant était le dernier…

Vers la fin de la pile de photographie, Bastien tomba sur celles prises dans le jardin familial de la famille Beaufils à côté de Bordeaux. Un cliché où il vit ses parents totalement gâteux avec Alexandre, leur petit fils, rappela à Bastien le jours où il leur avait annoncé qu'ils étaient grands parents d'un petit garçon de 2 ans et demi. Ils avaient été profondément choqués de ne l'apprendre que si tard mais dés la première rencontre avec le gamin ils avaient totalement craqué. Par contre ils gardaient rancune à Alice de n'avoir rien dit plus tôt.

Bastien trouva tout un filon de cliché sur les vacances à Bordeaux… Alex avec ses cousins (Laïla, Sigfrid et Cloé), avec ses grands-parents (Arnold et Camille Beaufils), avec son oncle (Geoffrey Beaufils) et Anya la femme de celui-ci, avec sa mère, avec Martha, avec lui-même… des photos des matchs de quiddich intra familial sur le terrain sorcier de Trouvère ( lieu incartable à environ 10km de Bordeaux). Bastien pouffa de rire en tombant sur un cliché de lui-même agrippé par une main à son balai après une fausse manœuvre. Il y avait aussi de photographie de toute la  famille regroupée autour d'une table bien garnie.

C'est sur une photo de famille où tout le monde prenait la pose (du moins à l'origine car s'agissant d'un cliché sorcier, à l'instant où Bastien la regardait les personnages de l'image jouaient à se lancer une balle) que se termina la pile.

Bastien soupira. Il étira ses muscles endolorie. La pendule indiquait 5h02. Il était temps d'aller faire une ronde.

A 5h20, Le jeune homme vida le contenu du deuxième carton sur le tapis du salon. Les premières photographies qu'il retira du monticule étaient celles d'Alexandre faisant sa rentrée en petite section de maternelle… Maintenant le petit garçon allait à l'école en journée complète, mangeait à la cantine et ne revenait qu'à 16h30 le soir.  La maison semblait vide tout l'après midi sans lui.

Suivirent des clichés de l'anniversaire de Martha (26 septembre), puis ceux de l'anniversaire d'Esmé (4 octobre), suivit de ceux de  balades en forêt… de week-end à Bordeaux… de visite d'Esmé et d'Alan… d'Halloween… de l'anniversaire d'Alexandre (29 novembre) pour lequel ses grands-parents avaient fait le voyage depuis Bordeaux. Puis vint noël avec la décoration de la maison, de la boutique, du sapin, la rédaction de la lettre à Papa noël, le calendrier de l'Avent, le réveillon en famille avec le clan Beaufils au grand complet, l'ouverture des cadeaux…. 

En toute logique venait ensuite le jour de l'an avec son réveillon de la Saint Sylvestre  durant lequel Esmé et Alan avaient annoncé que les cigognes feraient un petit tour par chez eux dans le courant du mois de mai.

La pile d'image souvenir continua sur des clichés de la fête des Rois (Martha avait faillit se casser une dent sur la fève) puis venait celle de la semaine où la ville s'était retrouvée immobilisée sous une épaisse couche de neige, suivit par celles de la célébration du nouvelle an chinois et de la chandeleur (dont une avec Alexandre faisant des crêpes).

Venait ensuite une seule et unique photo marquant la Saint-Valentin. … ce n'était pas la seul à avoir été prise mais toutes les autres avaient été mises dans des cadres ou envoyées à la famille pour annoncer leur fiançailles ( et oui Bastien s'était enfin décidé à demander la main d'Alice).

Un épais paquet de cliché suivait pour illustré toutes les fêtes et invitations qui avaient été lancé pour célébrer cette heureuse nouvelle.

La pile continuait sur des images de Mardi-Gras et du carnaval (avec des photos adorable où Alex était déguisé en Pierrot lunaire) venait ensuite les vacances à la neige avec les cousins l'anniversaire de mariage des parents Beaufils  ( 35 ans de vie commune ça se fête !) la fête organisée pour le 1er avril où les voisins avaient porté plainte pour tapage nocturne les balades à la campagne avec Esmé qui ne voyait plus ses pieds et râlait contre l'in-adaptabilité du monde pour une femme enceinte. Un peu plus loin venait les images du dîner qui avait été donné pour l'annonce officiel que les cigognes passerait aussi au 15 rue de la Petite Paix courant octobre. Si tout le monde prit cela à la fête, Alexandre, lui, le prit mal il n'avait pas du tout envie d'un petit frère ou d'une petite sœur qui venait lui voler ses parents. Même maintenant, le petit garçon y était encore hostile. Alice et Bastien étaient totalement démunis.

Le mois de mai était représenté par une série de photos de Mlle Halléndra Pyvert-Percevault qui était née le 4 mai vers 2h du matin. Le bébé joufflu et pleurnicheur était la fierté de ses parents.

Les clichés suivants montraient l'anniversaire de Bastien, la fête de l'école d'Alex et les travaux pour installer la chambre des jumelles (et oui, ce n'était pas un mais deux enfants qu'attendait Alice, deux filles en plus.)

La pile qui avait semblé inépuisable s'acheva, à 6h 53, sur une photo d'Alice où elle était assise dans un fauteuil du salon, le visage tourné vers la fenêtre, un main sur son ventre déjà très arrondi et les yeux dans le vague. Cette image était belle, la lumière était douce. Elle donnait aussi une inquiétante impression de nostalgie et de tristesse.  Mais Bastien commençait à avoir l'habitude de la voir comme ça, totalement perdue dans ses pensées. Elle passait des heures ainsi à réfléchir… Quelque part, c'était mieux que la période où elle méditait et qu'elle restait inerte pendant des heures… Mais bon, depuis qu'elle avait cessé ses recherches bibliographiques et ses méditations, elle réfléchissait. De toute évidence, elle avait trouvé ce qu'elle cherchait et réfléchissait à ce qu'elle allait en faire.

Bastien aurait bien aimé savoir de quoi il s'agissait mais la dernière fois qu'il avait eu ce genre d'interrogation cela s'était soldée par une longue et fastidieuse explication au sujet de la Source et de sa Gardienne qui lui avait rappelé sa troisième année à Beauxbâtons et le mystère qui avait tourné autour de ce fameux Gardien.  Depuis, la vie d'Alice lui semblait un peu comme un gouffre insondable, il y avait ce qu'on voyait et tout ce dont on ne soupçonnaient même pas l'existence.

Et puis il y avait cette ombre qui quelques mois plus tôt était apparue dans le champ magique Anglais et qui n'avait cesser  de croître jusqu'au jours où la nouvelle était tombée : Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom était revenu.

Un Chevalier était venu en personne l'annoncer car un certain nombre de mesures devaient être prises pour la sécurité de la Gardienne de la Source. Celle-ci refusa tout changement et renvoya le messager comme il était venu, dans un simple claquement de doigt. Bastien avait horreur qu'elle utilise ses pouvoirs de la sorte,  sans baguette, sans parole, juste un geste et hop… Comment pouvait-il la protéger de quoique ce soit vu qu'elle était mille fois plus puissante que lui ?  Bon, c'est vrai qu'avec sa grossesse elle maîtrisait mal ses pouvoirs et avait besoin maintenant plus que jamais d'être protéger.

La récente réapparition de Voldemort (il ne faut pas avoir peur des noms) avait  profondément bouleversée Alice et Martha, Bastien aussi était sous le choc mais pas autant. On aurait dit que ce retour les avait replongées dans un horrible cauchemar… sombre… plein d'une souffrance sans fond… sans borne…  Après une période de profond abattement Alice avait pris une profonde inspiration, avait rassemblé son courage, s'était redressée et avait décidée de lutter…

***

Il faisait une chaleur étouffante sur le chemin de Traverse et il n'était que 9h30 du matin. Décidément Alice n'aimait pas Londres. En plus il y avait un monde fou en ce matin de juillet.

Le voyage avait été éprouvant, son état ne lui permettant pas d'utilisé les moyens de transport sorcier, elle avait dû prendre le train, puis un taxis (aucune compagnie aérienne ne désire avoir une femme enceinte jusqu'au yeux à son bord, les accouchements en plein ciel c'est pas tellement leur truc.) Mais une bonne nuit de sommeil au Chaudron-Baveur l'avait à peu près remise sur pied.

La tenue à la toute dernière mode moldue que portait Alice (tunique écrue à col djellaba et broderie ethnique assortie d'une large ceinture en coton bordeaux, portée avec un pantacourt  camaïeu lacé sous le genou et des sandales beiges)  ne passait pas inaperçue dans ce monde peuplé de sorcier et de sorcière aux tenues classiques et hors du temps. Elle se fraya un chemin dans la foule pour se rendre chez Fleury&Botts (la fameuse librairie) où elle avait une livraison à effectuer. A quelques pas derrière elle, Bastien la suivait aussi discrètement que l'obligeait sa fonction de Chevalier. (Même s'ils étaient fiancés, il y a des impératifs à respecter.)

Elle fut soulagée de trouver un peu de fraîcheur dans la boutique, mais là aussi c'était l'heure de pointe. Elle  alla aussitôt s'adresser au patron pour lui remettre le fameux exemplaire du « Daes dracolae » que celui-ci recherchait depuis des mois et que la jeune femme tenait à remettre en mains propres car il s'agissait d'un codex très ancien, très rare et surtout très cher.

Cela fait, elle alla se promener dans les rayonnages, elle cherchait quelques livres en langue anglaise pour sa librairie, elle avait vendu le dernier la semaine précédente.

Alors qu'elle feuilletait un nouvelle publication de manuel d'initiation à la magie («le petit livre de magie… le livre indispensable pour votre rentrée à Hogwarts ») un homme d'une impolitesse inouïe la bouscula, elle et la jeune fille qui se trouvait à côté d'elle, sans s'excuser.

« Non mais vraiment ! » S'exclama la jeune fille à qui une partie de la pile de livres qu'elle tenait venait de s'écrouler sur le sol. (ndlr : tous les dialogues sont traduit pour une meilleure lisibilité)

Alice se tourna vers elle. D'un geste de la main, elle utilisa sa magie pour ramasser les livres qui jonchaient le sol. Les livres firent un bond et atterrirent dans ses mains. (Sort très pratique quand on fait plus d'un mètre de tour de taille et que l'on ne peut plus se pencher.) Alice avec une curiosité toute professionnelle, jeta un coup d'œil aux fameux ouvrages. Il s'agissait pour la plupart de livres d'initiation. Etrange, que faisait une adolescente de 15 ou 16 ans avec des livres d'initiation ?

- Si je peux me permettre, vous êtes en 4 ou 5ème année à Hogwart… S'hasarda à demander Alice en rendant les livres à leur propriétaire.

(il ne pouvait s'agir que d'une élève d'Hogwart, les élèves de Beauxbâtons faisant leur course Rue Bon-Cœur (Paris), Chemin des Tulipes (Montpellier) où dans l'une des nombreuses boutiques sorcières qui étaient disséminées dans tout l'hexagone).

- Heu… 5ème ! Répondit la jeune fille qui regardait la jeune femme avec des yeux un peu interloqués.  Mais c'est pour approfondir mes sorts de base… Ajouta-t-elle en réponse à la question implicite.

- Alors laissez moi vous aider, je suis libraire et je peux vous dire que vous n'arriverez à rien avec ces livres là.

L'adolescente jeta un regard piteux à ses livres.

- Vous me conseilleriez quoi ? Demanda-t-elle avec une petite voix.

Alice balaya le rayonnage du regard. D'un léger geste de la main, elle fit se projeter un ouvrage en dehors de la troisième étagère au-dessus d'elle. Le livre lui atterrie directement dans la main.  L'adolescente la regarda faire en faisant des yeux grands comme des soucoupes. Alice se rendit compte de la totale anormalité de ce qu'elle venait de faire. En théorie, elle aurait dû utiliser sa baguette et prononcer de vive voix le sort, seul les grands et vieux mages sont capables de se passer de leur baguette… (ce qu'elle n'était pas).

 Tant pis, c'était trop tard, ce qui est fait est fait. Le plus naturellement du monde, Alice continua comme si de rien n'était.

- Je te conseille ce livre. Dit-elle en tendant l'ouvrage.  Tu y trouvera des sorts que l'on apprend plus à l'école de nos jour mais qui peuvent être utile. Bon, c'est un peu difficile parfois mais cette version et très bonne. Ce sont essentiellement des sort qui date du début du XVIIIe et d'avant. Des sorts de défenses et de protections pour la plupart…

L'adolescente regarda le livre ( « Sortilèges élémentaires » par Brigitte Malancolé, 53ème édition), le prit et le feuilleta. Au bout de quelques pages elle eut l'air ravi.

- Merci madame…

- Mademoiselle… Mademoiselle Poissondoret, mais appelle moi Alice.

La jeune fille jeta un coup d'œil un peu choqué, en bonne petite anglaise élevée dans le respect des conventions qu'elle était, sur le ventre arrondi de son interlocutrice. Alice surprit ce regard et loin d'en être gêner eut un large sourire.

-  J'ai même un petit garçon de 3 ans et demi et un futur mari. Ajouta Alice radieuse.

La jeune femme se tourna vers Bastien qui se tenait juste derrière elle, le plus discrètement possible, comme seul les Chevaliers savent le faire. Celui-ci fit un pas en avant pour bien faire comprendre que c'était lui le futur mari en question.

A la tête que fit l'adolescente, il était facile de dire qu'elle n'avait pas remarquer le jeune homme avant.

- Excusez moi, je voulais pas… Bégaya la jeune fille qui devint cramoisie.

- Ne t'inquiète pas j'ai l'habitude. A ton âge j'avais des préjugés bien pire. La réconforta Alice. Au fait si tu veux d'autre conseil sur des livres contacte moi.

Alice lui tendit une carte avec ses coordonnées.

- Par contre les hiboux ne peuvent pas trouver l'adresse alors passe par la poste moldue. Continua la jeune femme. Je serais ravis de t'aider.

- Merci. … Excuser moi mais Heu… Alice… Vous êtes française et …

- Oui je suis française, mon accent ne trompe personne. Mais dans le monde sorcier les distances ne comptes pas vraiment. Et si tu t'inquiète pour mes compétences quand j'étais à Beauxbâtons  j'ai été bénévole à la bibliothèque pendant deux ans.

Au regard entre l'admiration et l'envie que lança l'adolescente, il était claire qu'elle connaissait la réputation de la bibliothèque de l'école française de magie. 

- Désolée, je ne voulais pas être impolie… En plus je ne me suis pas présentée, je m'appelle Hermione… Hermione Granger. Ajouta la jeune fille qui venait de penser que les connaissances d'Alice en livre pourraient lui être très utile.

- Hermione… la Hermione dont parlait Skiter dans ses articles ?

Le visage de l'adolescente s'assombrit. Elle n'aimait pas qu'on lui rappelle ces articles.

- Mais tu  connais bien Harry alors…

La mine de la jeune fille s'assombrit d'avantage, elle jeta un regard inquiet à son interlocutrice. Alice intercepta ce regard.

- Je me suis inquiétée quand j'ai appris pour le retour de Tu-sais-qui… Comment va le petit Harry?

- Bien… Répondit prudemment Hermione.

- Mon dieu, il a ton age et je le traite de petit… Alice eut un petit rire. Ha la la que le temps passe vite, la dernière fois que je l'ai vu il n'avait pas encore un an et j'en avait même pas sept…

Hermione qui était très bonne en calcul mentale estima rapidement l'âge de son interlocutrice. Alice fut plus rapide qu'elle.

- J'ai 21 ans. Dit-elle avec un petit rire amusé.

L'adolescente se lança dans un autre calcul. Alice se demanda bien de quoi.

- Mais alors vous connaissez Fleur ! S'exclama la jeune fille.

Le sourire d'Alice se crispa un peu et son cœur beaucoup. Comment pourrait-elle oublier Fleur. A la mention de ce nom, Bastien aussi avait tressailli. Mais cette fille ne pouvait pas savoir.

Hermione sentit qu'elle avait encore dit quelque chose qu'il ne fallait pas, bien qu'elle ne comprenait pas en quoi la mention de Fleur pouvait être répréhensible. Décidément c'était pas son jour. La jeune fille voulut s'excuser sans vraiment savoir de quoi mais elle était polie. Alice la devança d'un quart de seconde.

- Oui j'ai un peu connu Fleur, nous avons 5 ans de différences et nous n'étions pas dans la même loge…(ndlr : « loge » : en français dans le texte)

- Loge ?

- A Hogwarts vous appelez ça des maisons je crois… La dernier fois que j'ai vu mlle Delacours, elle devait avoir à peine 13 ans, était d'un puérilité inimaginable et attirait les garçons comme un aimant. J'espère pour elle qu'elle a changé. Mais tu dois la connaître mieux que moi, elle est restée presque toute l'année chez vous…

Alice se souvint du jour où avait été annoncé le nom de l'élève qui représenterait Beauxbâtons pour la coupe. Esmé en était devenu presque hystérique. Elle qui avait monté un groupe de supporters pour l'équipe de Beauxbâtons, elle s'était retrouvée à devoir encourager une fille qu'elle avait haï dés leur première rencontre. Il ne faut pas jeter entièrement la pierre à Esmé car au 15 Rue de la Petite Paix, on ne peut pas dire que la nouvelle avait été accueillie avec enthousiasme.

Tout à coup Alice ce rendit compte qu'elle avait perdu le fils de ce que lui racontait son interlocutrice.

- … garçon, ça n'a pas chang ! Disait l'adolescente avec une pointe d'acidité.

Une jeune fille s'était approchée du groupe. Intimidé, elle n'osait pas s'approcher d'avantage. Alice l'aperçut.

- Hermione, je crois que l'on te cherche !

Hermione se retourna. Son visage se fendit d'un sourire et elle fit signe à l'autre jeune fille  de venir.

- Isaanne je te présente Alice. Elle est libraire. Elle a étudié à Beauxbâtons, l'école française dont je t'ai parlé. Elle connaît Fleur…

-… Elle a les cheveux bleus, elle est enceinte jusqu'au yeux … Intervint Alice. Et qui est accompagnée par un type bizarre à la mine de croque-mort. Ajouta-t-elle en désignant Bastien. Acheva Alice, riant de bon cœur en se moquant un peu de la manière dont la présentait Hermione.

La jeune fille qu'Hermione avait appelée Isaanne  tourna un regard un peu surpris vers le jeune homme. Elle n'avait pas fait attention qu'il était là. Alice détailla la nouvelle arrivante avant de s'adresser à elle.

- Tu es moldue, je crois et de toute évidence tu découvres tout juste notre monde. Tu as l'air totalement perdu…

- Oui… Comment le savez vous ? confirma la jeune fille un peu inquiète.

- C'est mon petit doigt qui me le dit… Répondit Alice d'une voix mystérieuse. (En fait le pouvoir de la Source réagissait à la magie, il était très facile pour Alice de savoir ce genre de chose)…. Donc tu n'es pas une camarade de classe d'Hermione. Comme vous devez avoir le même age vous n'êtes pas sœur…

- On est cousine ! Bégaya Isaanne. Ca fait que deux jours que je connais votre monde. Ajouta-t-elle avec une lueur d'admiration dans le regard. J'aimerais tellement avoir moi aussi un peu de magie…

Alice eut une idée. Elle savait que si quelqu'un l'apprenait elle aurait des problèmes avec le ministère, mais il y avait tellement de sorciers qui l'étaient  sans le vouloir et de moldus qui rêvaient toute leur vie d'avoir juste un peu de magie, qu'elle pouvait bien faire plaisir à une jeune fille de 15 ans. Et puis comme ça, dans cette époque tourmenté, elle ne serait pas totalement démunie.

- Donne moi ta main. Dit la jeune femme en tendant la sienne à Isaanne.

La jeune fille jeta un regard interrogateur à Hermione. Celle-ci finit mine qu'elle ne comprenait pas plus.

Isaanne plaça timidement sa main dans celle d'Alice. La jeune femme plaça son autre main sur celle de la jeune fille. Cette dernière sentit comme une sorte de picotement et retira prestement sa main. Elle agita ses doigts sous ses yeux en essayant de comprendre ce que lui avait fait la jeune femme.

Alice eut un sourire radieux.

- Je ne crois pas que tu sois aussi dénuer de magie que tu le pense. Je ne dis pas que tu serais capable de jeter des sorts, mais je suis sûr que tu peux réussir quelques très bon envoûtement. Tu devrais demander à ta cousine de t'expliquer.

La jeune fille jeta un regard mi-figue mi-raisin à sa cousine. Devait-elle croire ce que lui disait cette étrange femme ?

Bastien, voyant que cette longue station debout, immobile, fatiguait beaucoup Alice, décida de mettre fin à l'entretien. Et puis ce qu'elle venait de faire lui déplaisait au plus haut point.

- Si tu veux faire quelques courses avant le rendez-vous, il faut y aller. Murmura-t-il à l'oreille de sa fiancée.

Alice réagit aussitôt et jeta un coup d'œil  à sa montre (model tout à fait courant et qui ne donne que l'heure)

- Veuillez m'excusez les filles mais l'heure tourne et je dois vous laisser maintenant. Nous nous croiserons sans doute plus tard, vous allez faire les boutiques si je ne me trompe… Et si ce n'est pas le cas, peut-être serons nous amenés à nous revoir. Bonne journée.

- Bonne journée à vous aussi et encore merci pour le livre. Répondit Hermione.

- Au-revoir. Murmura Isaanne.

Alice et Bastien se faufilèrent à l'extérieur de la boutique. Dehors c'était la cohue et la chaleur était écrasante. Là, tout de suite, maintenant, Ce dont Alice avait le plus envie, c'était d'allée s'allonger un peu, dans un endroit frais de préférence. Les jumelles lui pesaient terriblement.

Quelque part, au loin, une horloge sonna 10h30.

Il fallait qu'elle se presse, pas le temps de se reposer maintenant. Elle avait promis à Martha, Esmé et Alexandre de leurs ramener un certain nombre de chose. Et si elle  voulait avoir le temps de se reposer avant son rendez-vous, il était grand temps de s'y mettre.

En effet si elle avait fait le voyage depuis si loin ce n'était pas pour seulement livrer un livre (Martha aurait très bien pu le faire) mais elle avait rendez vous avec le Professeur Dumbledore en début d'après midi. Celui-ci avait accepté de la rencontrer lors de l'un de ses courants déplacements au Ministère anglais de la Magie.

Alice s'était adressée directement à lui quelques semaines plus tôt quand elle avait décidé de lutter contre le Mage Noir. En effet, seule, aussi puissante qu'elle pouvait être, elle ne pouvait rien faire. En toute logique, elle s'était adressée à l'une des rares personnes à avoir toujours lutté ouvertement contre le Dark Lord. S'il devait y avoir une personne au courant de l'organisation de la résistance contre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, c'était bien lui.

Alice sortit de sa poche la liste des choses qu'elle avait promis de ramener du Chemin de Traverse. Mon dieu quelle horreur, il devait y en avoir au moins une centaine. Comment allait-elle rapporter tout ça ?

Avec Logique et méthode, elle attaqua sa liste. Commencer par les petits objets peu encombrants et légers et finir par ceux qui étaient lourds et encombrants. Et en faisant le boutique de manière à marcher le moins possible. Bref, tout ce qu'elle n'arriva pas à faire.

Ils durent faire quatre boutiques avant de trouver les pierres qu'Esmé lui avait demandé, deux marchants de potion pour trouver un seul et unique flacon d'Elixir Belle-Lune pour Martha, deux papeteries pour de l'encre Dora-Tora… etc. un cauchemar !

Au bout d'une heure, Alice et Bastien sortirent, chargés comme des mules, de la dernière boutique qu'ils avaient à visiter en tenant un exemplaire flambant neuf de balai magique pour enfant (Alex devrait pourtant attendre son anniversaire pour l'avoir). Ils prirent la direction du Chaudron Baveur où ils avaient loué une chambre, pour se débarrasser de tout ce bazar.

En chemin, ils rencontrèrent Hermione et Isaanne qui eurent pitié d'eux et vinrent les aider à transporter leurs paquets jusqu'à destination. Pour leurs peine Alice leur proposa de venir manger une glace un peu plus tard. Les deux jeunes filles acceptèrent avec joie. (Qui refuserait une crème glacée un jour de canicule ?) Rendez-vous fut pris pour 13h, après le déjeuner. (Celui avec Dumbledore n'étant prévus qu'à 14h, ils avaient tout leur temps)

Les deux adolescentes s'éloignèrent en direction de Gringotts. Alice  s'installa à une table  dans un coin ombragé de la terrasse pendant que Bastien allait chercher des rafraîchissements. La jeune femme étendit les jambes et posa les pieds sur une chaise. Ce n'était pas très bien élevé mais cela soulageait tellement ses pauvres pieds qui devaient supporter à eux seul trois personnes. Le patron, plein d'attention pour la futur maman, vint même lui apporter un coussin.

Bastien mettait un peu de temps à revenir, mais Alice ne s'inquiéta pas outre mesure, il faisait un chaleur écrasante et le bar devait être plein de clients assoiffés. Et puis tout était tranquille, que pouvait-il lui arriver ici ? En plein Chemin de Traverse ?

Alice, qui commençait à somnoler un peu, sursauta en sentant apparaître une forte concentration de magie noir. Cela semblait venir de partout en même temps. La jeune femme remarqua aussitôt les taches grises qui se déplaçaient à vive allure, formant de sinistres traînées dernière elles.

La jeune femme savait que ce qu'elle voyait n'était pas des choses matérielles mais des déplacements. L'aura des taches grises lui indiqua qu'ils s'agissaient d'humain, mais pas que ça, il y avait aussi des choses nettement moins humaines comme des loups de Pasenghorof (sorte de loups garous qui peuvent se déplacer en plein jour) et des Détraqueurs. 

Si elle pouvait les voir ainsi c'était en partie grâce à l'hypertrophie de ses sens et en partie grâce aux pouvoirs que lui donnait la Source. Autour d'elle personne d'autre  ne pouvait les voir.

Sous ses yeux, le paysage se maculait de ces taches grises. Il y en avait partout. Il ne restait qu'une poignée de seconde avant que ces êtres de malheur ne se matérialisent.

Bastien apparut à ses côtés, lui aussi avait senti l'aura maléfique apparaître et se propager autour d'eux, même si lui ne pouvait pas en voir l'origine.

Les gens les prirent pour des fous quand ils leur crièrent d'aller se mettre à l'abris. Les gens alentours comprirent leur erreur quand un sinistre hurlement de Pasenghorof déchira le bruissement de la foule. Les taches grises se matérialisèrent.

Les Manges-Morts, les loups, les détraqueurs étaient partout.

Un immense mouvement de panique transforma la foule en une mer déchaînée. Les gens se bousculèrent, se piétinèrent même, dans l'espoir infime de se mettre à l'abris. Des familles furent séparés. Des personnes criaient . Des enfants pleuraient.

Le ciel se zébra d'éclair d'octarine. Et comme si tous n'avaient attendu que ce signal, ils attaquèrent.

Alice et Bastien avaient réussi à rester ensemble malgré les violents mouvements de foule.

Le premier geste de la jeune femme fut de lancer un sort de protection sur  le lieu où elle se trouvait. Sur un périmètre, trop petit à son goût, les gens seraient à l'abri des attaques d'ordre magique. Elle ne pouvait pas faire mieux pour eux, en plus ça ne les protégerait pas des loups. 

Elle savait pertinemment que dans son état de grossesse avancée,  elle n'était pas en mesure de se lancer dans la bataille. Elle avait pourtant assez de force pour garder un périmètre sécurisé  où les gens seraient en sûreté. Les gens et elle-même… S'il y avait bien une chose qu'elle avait appris pendant les longs et pénibles entraînements que lui avaient fait subir les Chevaliers depuis qu'elle était devenue Gardienne de la Sources, c'était qu'en tous lieux et toutes circonstances elle devait toujours songer en priorité à sa propre sécurité.  C'est ce qu'elle allait faire… Pour Elle… Pour les jumelles…Ppour Bastien … Et pour tous les gens qui se trouvaient là.

Alice aperçut en lisière du périmètre deux détraqueurs qui essayaient vainement de traverser le mur invisible elle avait édifié. Plusieurs sorts frappèrent le mur de protection en même temps. Il s'y écrasèrent et formèrent un dôme composé d'éclair d'octarine au-dessus de la foule. Il y eut un immense mouvement de panique, car cette foule ne comprenait ni pourquoi on l'attaquait de la sorte, ni pourquoi les sorts ne l'atteignait pas.

Une vague humaine sépara Alice de Bastien et projeta la jeune femme hors du périmètre sécurisé qu'elle avait édifié elle-même pour les protéger. Bien que gêner par son tour de taille, elle réussit à ce rattraper et à ne pas tomber. Il se retrouva nez à nez avec un Mange-Mort dont les yeux, seuls partie visible de la physionomie du sorcier, exprimaient une cruauté sans fond. D'un geste de la main, elle l'envoya s'écraser contre la façade de l'autre côté de la rue. C'était-elle juste débarrassée de celui-là qu'un autre apparu à quelques mètres de là. Alice eut tout juste le temps de dévier un sort, qu'un autre  Mange-Mort les rejoignit.

Seule, fatiguée et gênée par sa grossesse, elle savait que, Gardienne de la Source ou non, elle ne tiendrait pas longtemps à deux contre un. Sa seule chance : retourner dans le périmètre qu'elle avait sécurisé.

Détournant les sortilèges que lui lançaient les deux Manges-Morts qui lui faisait face, elle voulut effectuer une retraite éclair. C'est là , qu'au milieu des sorts qui s'entrecroisaient, elle aperçut la lueur trop proche d'un maléfice… beaucoup trop proche. Elle esquissa un sort de protection mais le maléfice était trop près et les deux sortilèges s'heurtèrent violemment. L'onde de choc la projeta dans la devanture de la boutique voisine où elle percuta une étale de journaux

Alice était mal au point, vivante mais mal au point. Son corps n'était plus qu'une immense douleur. Elle essaya de se redresser, d'instinct elle se savait en très grand danger si elle ne trouvait pas rapidement un abri.

Elle réussit à redresser péniblement la tête, sa vu était trouble mais elle distingua, non loin d'elle, les éclairs formés par les sorts qui venaient s'écraser sur la protection qu'elle avait créé, dans la foule elle aperçut Bastien qui tentait de se frayer un passage dans la populace terrorisée.

Alice voulut se remettre debout mais s'effondra sous le coup d'une douleur atroce qui lui donna l'impression que son corps s'était déchiré en deux. Un maléfice ? … une autre onde de douleur lui déchira le corps et l'âme comme si on était en train de lui arraché une partie d'elle-même… Une troisième vague de douleur la laissa recroquevillée sur elle-même en larme… Non ce n'était pas là le fait d'un sort, elle connaissait ce genre de douleur, elle l'avait déjà rencontré plus de trois ans plus tôt, lors  d'une interminable nuit de novembre. Cette douleur venait du plus profond de son être… C'était ses enfants qui lui étaient arrachés.

Entre deux ondes de douleur, la jeune femme sentit une présence près d'elle. Entre ses larme elle distingua une haute silhouette immobile. L'aura maléfique qui s'en dégageait lui annonça que ce n'était pas des secours… Si cela avait été un sorcier elle serait déjà morte et les loups ne reste pas immobile de la sorte…

La jeune femme vit le détraqueur s'approcher d'elle. Elle essaya de rassembler ses forces pour lancer un Patronus. Elle était trop mal au point et n'y parvint pas. Alice sentit le premier assaut de l'attaque mental de son assaillant et une vague glacé de désespoir l'envahit.

Vite lutter… fixer une image positive dans sa tête… se concentrer… mais toutes les images heureuses de son passé tournèrent au carnage… la mort de son père… sa mère qui l'avait abandonnée… Martha qui l'avait forcé à vivre… Esmé qui risquait toujours de la trahir… Bastien dans les bras de Fleur… A ces images là se superposaient d'autres souvenirs qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle… L'image d'Alexandre lui apparut. Son âme entière s'y accrocha comme un noyer s'accroche à une bouée. Mais cette bouée finit, elle aussi, par coulée comme les autres…

Submergé par un intense désespoir, l'esprit d'Alice sombra dans les confins du néant.

***

Alice ouvrit les yeux, sa vision était un peu trouble mais elle distingua le plafond au-dessus d'elle. Elle ne connaissait pas ces poutres de bois sombre. Où était-elle ?

Elle referma les yeux.

Sa tête était pleine de coton, son cerveau refusait le moindre effort, symptôme caractéristique de l'utilisation d'une potion de pavot fortement concentrée.

Elle resta là, sans bouger, à attendre que les brumes qui l'entouraient se dissipent. Son corps était totalement engourdi par la solution d'opium. … Elle ne sentait rien, ni en bien, ni en mal… Elle ne voyait rien… n'entendait rien… ne se souvenait de rien. Quelque part, là-bas derrière les brumes de son esprit, en limite des limbes qu'elle venait de quitter, des formes mouvantes s'agitaient, dernières traces du cauchemar sans nom qui avait tourmenté son esprit.

Les formes s'évanouirent au fur et à mesure que les sens de la jeune femme revenaient.  Elle sentit la texture du drap sur sa peau… la chaleur douce des fins d'après midi de juillet… Elle sentit la lumière triste qui filtre au travers des rideaux. Les bruits revinrent, étouffés comme par un épaisse couche de coton … Un odeur de pluie remplissait la pièce. Son corps perdait son engourdissement et elle sentait le spectre de la douleur qui attendait son heure pour revenir à la charge.  Une nouvelle fois elle ouvrit les yeux.

Elle distingua un visage qui lui souriait… Elle le reconnut… Un ras de marée de souvenir l'assaillit.

La potion ne faisait plus d'effet.

***

Bastien avait veillé Alice pendant plus de deux jours et deux nuit. Il sentait en permanence sa total impuissance à l'aider. La voyant tour à tour plongée dans un sommeil calme provoqué par les doses de potion de pavot, et dans un sommeil agité où la jeune femme se débattait contre des ennemis invisibles quand la potion ne faisait plus d'effet.

Deux jours et deux nuits à revoir ces quelques minutes durant lesquelles la vie avait basculé dans l'horreur… quelques minutes où il n'avait rien pu faire et avait vu le sortilège la frapper… quelques minutes où il avait vu le détraqueur s'approché… Quelques minutes où il n'était pas là… où il ne l'avait pas protégée.

Deux jours et deux nuits pour faire son deuil des jumelles qui étaient mortes avant d'être nées et pour  tenter de sauver Alice.

Deux jours et deux nuits bloqués au Chaudron Baveur car Alice n'était pas transportable. Loin de tout… seul.

Seul, non ce n'est pas vrai. Dés la nouvelle de l'attaque et de l'état de la jeune femme, Martha était arrivée, amenant Alexandre avec elle.  C'est deux là n'avaient pas fait le déplacement pour Londres, leur présence n'y étant pas nécessaire. Ils furent suivit par Esmé qui transplana dans le quart d'heure suivant.

Un peu plus tard dans l'après-midi, Alan rejoignit sa femme, il avait laissé Halléndra au soin de l'une de ses grands-mères. La mère de Bastien arriva en fin d'après midi accompagné par Geoffrey, son autre fils.

Mais on est toujours très seul dans ce genre de situation.

Tous arrivèrent sur un Chemin de Traverse qui oscillait entre le chaos et la folie. Les dégâts étaient importants. Divers foyers d'incendie s'étaient déclarés  autour de Gringotts. Les secours s'organisaient tant bien que mal pour soigner les blessés et répertorier les morts. Des personnes sous le choc erraient dans la rue en quête de leur propre esprit.

Il fallut attendre le lendemain pour qu'un calme sinistre retombe sur le Chemin. La rue déserte, les magasins fermés. Les gens se terraient chez eux sous le choc. La rue gardait de profonde cicatrices, les devantures détruites donnaient une impression de plaie béante. L'air était chargé d'une odeur acre de fumé. Des cendres volaient dans les décombres calcinés de la gazette.  Des débris jonchaient le sol. Par endroit des taches sombres indiquaient où s'étaient effondrés ceux qui étaient tombés au cours de l'attaque. Avec un curiosité sinistre, des gens firent le déplacement pour voir le résultat du carnage.

En fin d'après-midi d'épais nuage firent leur apparition. Cachant le soleil. Il faisait nuit quand la première goutte de pluie tomba. Cette pluie noya les esprits sous des trombes d'eau et lava les traces de l'horreur. Il ne s'arrêta de pleuvoir qu'au moment où le soleil chassaient l'obscurité nocturne.

A l'aube de ce nouveau jour, la vie commença à reprendre ses droits. C'est avec la volonté de tourner la page que les gens s'activèrent à effacer les traces que la pluie n'avait pas emporté. Certaines boutiques re-ouvrirent. Des clients revinrent… Mais tout semblait être engourdie, irréel… il faudrait du temps avant que le souvenir de ce qui s'était passé en ce matin de juillet s'estompe.

Ce jour là, quand les horloges indiquèrent l'heure exact où avait eu lieu l'attaque, un silence pesant s'abattit, l'écho des cris de l'attaque résonna durement dans la tête des gens. Une femme accompagnée de deux jeunes enfants remonta la rue. Le son de ses pas sur les pavés sonnèrent étrangement, comme si cela était le seul bruit audible à des kilomètres à la ronde. Elle était droite et fière dans sa robe noire. Elle marchait d'un pas un peu raide, ses yeux cernés regardaient dans le lointain. L'un des enfants s'accrochait à un pan de la robe noire, tandis que l'autre, un peu plus âgé, marchait à ses côtés. Dans un silence absolu, le trio s'immobilisa. Il n'y avait aucun signe distinctif à cette endroit… aucune trace… La femme déposa sur les pavés, encore luisants de pluie, les fleurs qu'elle tenait précieusement. Les enfants firent de même avec celles qu'ils portaient. La femme joignit les mains. Le plus grand des enfants en fit autant, le plus petit n'en comprenant pas le sens se contenta s'enfouir son visage dans la jupe de la femme. Dans une prière muette, ils s'adressèrent à l'être cher qui était tombé là, deux jours plus tôt, et ne s'était jamais relevé.

Les personnes qui assistèrent à la scène adressèrent une prière à tous ceux qui étaient partis ce jour là.

Un peu plus tard, non loin de là, une jeune femme aux cheveux bleus re-ouvrit les yeux sur le monde.

***

Il  fallut attendre encore quatre jours pour qu'Alice soit en état de voyager.

C'est un peu groggy par la potion de pavot qu'elle  retourna au numéro 15 de la rue de la Petite Paix. Là, sous les soins attentifs de Bastien, les blessures guérissaient vite, pourtant Alice demeurait dans un état d'abattement et de fatigue extrême.

Il y a des blessures qu'aucune potion, qu'aucun sort ne peut soigner, ce sont les blessures de l'âme et celle d'Alice s'était brisée.

Depuis qu'elle s'était réveillée, elle  portait un regard triste sur le monde qui l'entourait … Un regard que Martha et Esmé reconnurent et qu'elles avaient tellement espéré ne jamais revoir… Ce regard qui neuf ans auparavant leur avait dit qu'un jour elle partirait et que ce jour là personne ne la retiendrait.

Néanmoins les deux femmes gardèrent espoir, la vie d'Alice n'était plus celle qu'elle avait quand elle avait 12 ans. Il y avait Bastien… Il y avait Alexandre… Elle ne pouvait pas les abandonner comme ça…

Pourtant, et malgré l'envie qu'elles avaient de se raccrocher à cet espoir,  les deux femmes se préparèrent au pire, laissant Bastien dans la plus totale ignorance de ce qui risquait de se produire.

Dans la chaleur du mois de juillet l'attente commença.