Le crépuscule d'une Ombre
8- Vole de Nuit
A la grande surprise de la directrice, le jeudi s'écoula dans le calme et la matinée du vendredi aussi. Certes il s'agissait d'un calme artificiel obtenu grâce à des mesures tout à fait dissuasives envers toutes personnes qui s'autoproclameraient héros justicier, mais le calme tout de même. Mme Pinsèke n'était pourtant pas aveugle, elle savait qu'au premier mot, au premier geste de travers de la part du Corbeau, ça serait l'émeute. C'était l'ambiance parfaite pour avoir l'occasion de tester la toute nouvelle potion contre les ulcères à l'estomac.
Mais bon, avec un peu de chance, ce calme apparent durerait suffisamment longtemps pour que les autorisations du ministère arrivent ou pour que Mlle Pyvert-Percevault se réveille (Car elle ne l'avait toujours pas fait, ce qui était inquiétant.) et que l'on ce débarrasse enfin de la cause de tous ces tracas.
La directrice eut tout de même la franchise, malgré ce qu'elle pensait de lui, de reconnaître qu'Alexandre Beaufils avait su se faire discret depuis sa sortie de la bibliothèque, la veille au matin.
Il ne sortait de sa loge que pour se rendre au réfectoire, aux moments où il y avait le moins de monde, et pour se rendre aux cours qu'il avait été autorisé à suivre (français, latin, symbolistique… toutes matières nécessitant l'emploi de la magie en public lui étaient interdites). Entre ces périodes là, Mme Pinsèke avait appris par le Maître de Loge de la Roseraie que le l'adolescent se cloîtrait dans l'une des salles d'invocation. D'ailleurs ses collègues de chambré lui ayant refusé l'accès à sa chambre, il y avait passé la nuit. Personne ne savait ce qu'il fabriquait là-dedans, et personne ne tenait à le savoir. Il était fort probable qu'il ai récupéré son matériel de potion, d'invocation ou de voult, alors il fallait être suicidaire pour aller y mettre son nez… et puis les salles de travail des loges étaient pourvues de protections magiques qui empêchaient toutes choses créées dans le but de nuire à autrui d'en sortir.
D'ailleurs cela faisait penser à Mme Pinsèke que les professeurs d'invocation et de voult s'étaient lancés dans l'analysé des feuilles récupérées dans le chambre d'isolement. Leur première constatation fut qu'il s'agissait de plusieurs dizaines de sortilèges, charmes et voults imbriqués des uns dans les autres. La complexité de la chose était telle que les professeurs se demandaient si Alexandre n'avait pas tout simplement écrit n'importe quoi dans le but de leur pourrir l'existence… Pourtant, quelque chose leur disait que ce n'était pas ça et que ce qu'il avait sous les yeux contenait un secret fabuleux.
La seule solution qui leur restait était d'activer ce réseau magique. Solution, légèrement suicidaire soit dit en passant, qui leur permettrait de savoir à quoi tout ce charabia servait. Le truc étant de trouver quel protocole utiliser, le cercle qu'avait tracé le jeune homme ayant été effacé, ne restait plus qu'à tous les tester les uns après les autres.
Après un nombre impressionnant d'échec, les deux professeurs découvrirent que l'une des feuilles ne fonctionnait pas avec les autres. Une étude minutieuse de son contenu leur appris qu'il s'agissait de deux charmes différents, un pour arroser des plantes au point A, l'autre pour faire transplaner un pot de fleur du point A au point B. La difficulté étant de savoir où étaient les points A et B car le système de coordonnés utilisé leur était inconnu et, de plus, un partie de l'écriture de la localisation du point A était effacée. Comme ils ne comprenaient pas l'intérêt de cette feuille, les professeurs la mirent de côté et reprirent leur expérimentations sur les autres.
Vous allez me demander pourquoi ils n'allaient pas directement demander à Alexandre ce qu'il avait fabriqué… Et bien je ne le sais pas moi-même, la curiosité scientifique peut-être, ou alors la joie de jouer aux énigmes, il se pouvait même qu'ils n'y aient pas pensé. Vous savez, il y a bien longtemps que je n'essaye plus de comprendre les motivations profondes des profs.
Durant le déjeuner du vendredi, à 12h 17 (ou 19, je crois que ma montre retarde un peu), un hibou Grand-Duc fit une entrée remarquée dans le réfectoire. Il alla déposer la lettre aux armes du Ministère de la Magie qu'il transportait devant la directrice et s'en alla aussi majestueusement qu'il était venu.
Mme Pinsèke ouvrit l'enveloppe d'un geste nerveux en se servant de son couteau comme coupe papier. Ce courrier contenait les autorisations que l'on attendait depuis trois jours. Elle se leva d'un bond (geste qui fut repris en cœur par tous les élèves présents à cause d'un règlement à la con), il n'y avait pas une minute à perdre. D'un pas pressé, elle rejoignit son bureau.
A 14h52 … heu non … à 20h22 (je sais plus lire l'heure, j'ai regardé la pendule à l'envers…). Deux représentants de la police scientifique moldue firent une arrivée remarquée dans l'école de Sorcellerie de Beauxbâtons. Il s'agissait de deux femmes. L'une était agent de terrain, l'autre médecin. Elles étaient aussi abasourdies l'une que l'autre, la découverte du monde sorcier leur faisait un sacré choc.
Mme Pinsèke les accompagnait.
Le groupe traversa l'atrium sous les regard curieux des élèves et des deux moldus qui ouvraient des yeux de chouette avec l'air de se demander se qu'elles faisaient là.
Elles arrivèrent finalement à l'infirmerie. Là les deux femmes reprirent un peu d'assurance et d'autorité. Elle prirent la direction des opérations. Un long lapse de temps s'était écoulé entre le moment de l'agression et celui où elles arrivaient, elles n'étaient pas sûr de pouvoir faire quelque chose mais elles allaient essayer.
C'est l'agent de terrain qui remarqua la plante un peu passé fleur posée sur le rebord de la fenêtre à côté du lit de la victime. Elle ne connaissait pas ce genre de fleur bleu et or. Elle s'en approcha pour en sentir le parfum. L'odeur était enivrante. La femme eut un vertige et fut rattrapée de justesse par l'infirmière de l'école qui était de garde ce soir là. La pauvre femme dut s'asseoir quelques instants.
L'infirmière fut incapable de dire de quelle plante il s'agissait, ni de dire par qui et quand elle avait été mise là. Une chose était sûr, cette chose dégageait un parfum aux effets narcotiques. Le lien entre l'étrange léthargie d'Halléndra et cette chose fut rapide.
On plaça la plante dans une boite et on l'envoya aux serres pour identification. La cause supprimée on espérait que l'effet s'estomperait rapidement.
Les deux femmes moldues repartirent un peu plus tard, emportant avec elles les affaires que portait la jeune fille le soir de son agression ainsi qu'un certain nombre d'objet lui appartenant, le tout soigneusement emballer dans divers sachets, sac et autres boites. Elles emmenaient tous ça pour une analyse en laboratoire. Comme elles avaient l'air de savoir ce qu'elles faisaient, on les laissa faire.
Après le départ des deux moldues, la directrice revint à l'infirmerie, il fallait éclaircir cette histoire de plante. Là-bas, elle retrouva l'infirmière et la mère d'Halléndra qui venait veiller sa fille comme elle le faisait tous les jours depuis l'agression. Aucune des deux femmes n'avait fait attention à la présence de cette chose. C'était vraiment étrange… Néanmoins une chose était sûr, elle n'avait pas été mise là par hasard, le parfum qu'elle émanait avait servi à garder la jeune fille endormit…
Qui avait intérêt à ce qu'elle ne se réveille pas ?
Question idiote, seul l'agresseur avait tout à gagner là-dedans…
Mais comment avait-il fait ? Il avait été soit en isolement soit sous surveillance. Et où s'était-il procuré cette plante ?
Il fallut encore un bonne heure (désolée, j'ai pas le temps exacte car j'avais pas mon chronomètre sur moi) avant qu'Halléndra ouvre les yeux.
*******
Laïla n'en croyait pas ses oreilles. Elle avait appris la nouvelle en sortant du cours d'Astronomie. Le professeur n'avait pas vu l'heure passer et les avait libérés bien plus tard que prévus, mais c'était souvent comme ça avec Mr Denlalune, les séances d'observation finissaient toujours avec trois quart d'heure de retard minimum. Bref il était presque 22 heures quand Laïla avait été mise au courant.
Comme la plupart de ses camarades, elle retourna illico presto à sa Loge. Mieux valait ne pas traîner dans les couloirs.
Les élèves du groupe de travaux pratique n°3 de la classe 6A (huit élèves) furent accueillis par la mine soulagée du maître de loge. Dans la grande salle de la Loge, régnait un brouhaha monstre de conversation. Tous le monde parlait en même temps.
Laïla finit par trouver quelqu'un qui semblait avoir assister à toute la scène. C'était une troisième année qui répondait au nom de Camille Villiers-en-Bois. Cette dernière fut ravis de répéter pour la vingtième fois consécutive, en enrobant un peu (beaucoup même) ce qu'elle avait vu. Laïla qui n'était pas d'humeur à entendre tout le verbiage de son interlocutrice, la coupa un peu sèchement et alla droit au but.
- Que s'est-il passé exactement ? Qu'a-t-il fait ?
- … Hé bien, reprit Camille mécontente d'avoir été ainsi coupée, il y a presque trois quart d'heure, il a voulu sortir de la loge. Marotin et Festitier (ndla : un surveillant et le maître de loge) s'y sont opposés. Alors il a levé les mains et les a mises comme ça… (Camille plaça l'une de ses mains paume ouverte face au visage de son interlocutrice) … et alors il y a eu une odeur métallique et Marotin et Festitier sont devenus très pâle. Il leur a ordonné de le laisser passer et ils se sont poussés comme des marionnettes. Alors il est sorti. Quand ils ont voulu le rattraper, il avait disparu.
- Et vous n'avez rien fait ? s'exclama Laïla abasourdie.
- Ben on a eu peur et …
Mais Laïla n'écoutait plus. Elle était perdue dans ses pensées. C'était de la folie. Comment avait-il pu tenir en respect deux sorciers alors qu'il n'avait pas de baguette, comme ça, juste avec les mains … Mais plus inquiétant, il était lâché dans l'école sans surveillance.
Le Corbeau s'était envolé et personne ne savait où il était passé, ni ce qu'il allait faire.
La jeune fille eut un frisson d'appréhension.
*******
Halléndra fixa le plafond en restant parfaitement immobile. Son regard était totalement vide.
Sa mère lui prit la main et l'appela doucement.
Halléndra continua à fixer ce qu'il y avait au-dessus d'elle sans bouger. Au bout de quelques secondes ses lèvres s'animèrent, d'une voix pas plus épaisse qu'un souffle, elle se mit à parler.
- Où est-il ? Demanda-t-elle d'une voix sans timbre.
- Ne t'inquiète pas, il n'est pas là. Lui répondit doucement Esmé.
- Où est-il ? Redemanda Hall sur le même ton. Où est Alex ?
Esmé regarda plus attentivement sa fille. Il y avait quelque chose qui clochait.
- Il ne faut pas le laisser faire… Reprit la voix atone de la jeune fille.
- Faire quoi ? Interrogea Esmé de plus en plus inquiète.
Halléndra ne bougeait pas, ses yeux fixes étaient vides de toute expression. La jeune fille parlait comme une somnambule.
- Il va se venger…
- Hall, est-ce que ça va ?
- Il va l'utiliser..
- Hall ?
Esmé appela l'infirmière. Celle-ci sembla comprendre ce qui se passait et se précipita vers le lit.
- Il a la Source…
L'infirmière plaça ses mains de chaque côté du visage de la jeune fille et claqua les doigts en prononçant « Spirito aparae ». Halléndra eut un sursaut et cligna des yeux..
« Ca arrive quand on se réveille trop vite d'un sommeil provoqué par une drogue, le corps se réveille mais l'esprit reste dans une sorte de rêve hypnotique. Ne vous inquiétez pas, cette fois-ci elle est vraiment réveillée. » Expliqua l'infirmière avec un sourire rassurant.
Esmé tremblait… autant par ce qu'il venait de ce passer que par ce que venait de dire Halléndra…
Il a la Source…
Une vague de souvenir la heurta de plein fouet, des souvenirs douloureux qu'elle avait enterrés loin au fond d'elle. Elle n'aurait jamais cru en entendre parler à nouveau… Comment ? Comment l'avait-il eu ?
Il va l'utiliser… Il va se venger…
Cette phrase lui glaça le sang.
*******
Laïla se fraya un passage dans la foule à la recherche d'un coin plus tranquille. Sa tête était en ébullition. Autour d'elle, elle sentait le monde devenir fou. Les dernières années étaient parties à la recherche du fugitif. Dans leurs yeux la haine et la rancune accumulées depuis le début de la semaine étaient telle qu'il n'était pas difficile de deviner qu'il n'y aurait pas de prisonnier.
Dans un coin le Maître de Loge cherchait plusieurs élèves que personne ne semblait avoir vu. Il était blême. Cinq élèves étaient introuvables… cinq élèves que personne n'avait prévenu… cinq victimes potentiels.
Laïla se réfugia au fond de la salle, loin de l'entrée. D'où elle était, elle pouvait voir tous le monde.
Le spectacle de cette foule qui menaçait de sombrer dans la folie meurtrière à tous moment lui faisait froid dans le dos
Quelque chose… ou plutôt quelqu'un attira son regard. Il était assis dans un fauteuil le long du mur, seul. Lui aussi regardait la foule. La jeune fille n'avait pas fait attention à lui en entrant, mais c'est vrai qu'il n'avait rien d'extraordinaire. Il portait un uniforme bleu-ciel impeccable et avait un peu l'air d'un premier communiant tellement il était propre sur lui et bien coiffé. Bref, un élève model du genre auquel on ne fait jamais attention.
La jeune fille sentit son cœur faire le grand plongeon dans sa poitrine et se briser en touchant le sol. Elle eut envie de crier mais le son resta coincé dans sa gorge.
Le garçon se tourna vers elle. Son visage n'exprimait ni colère ni joie. Il attendait, c'était tout.
Il retourna à sa contemplation de la foule.
Laïla sursauta quand Cloé lui posa la main sur le bras.
« Ca va, demanda celle-ci à sa sœur aînée, tu es livide ! ».
Laïla bafouilla quelque chose d'inintelligible. Sa sœur lui lança un regard inquiet. N'arrivant pas à articuler, la jeune fille désigna du doigt le garçon qui était assis dans le fauteuil. (je sais, c'est pas poli)
Cloé regarda dans la direction indiquée, plissa les yeux et devint blême à son tour.
L'entrée de la loge s'ouvrit à la volée. Quelqu'un se mit à crier.
« Il a essayé de s'en prendre à une fille de la Chapelle mais nous l'avons coincé dans l'étage d'invocation. Cette fois, le Corbeau ne va pas s'en sortir comme ça ! »
*******
« Hall ? Ca va ? » Questionna le mère de la jeune fille
Celle-ci le regard encore un peu dans le vide reprenait peu à peu contact avec le monde.
Esmé vit le corps de sa fille se contracter violemment sous l'effet du retour à la réalité et des souvenirs qui reviennent.
« Du calme, c'est fini, tu es en sécurité maintenant. » Intervint Esmé pour rassurer sa fille.
Halléndra se détendit et tourna son visage à l'expression encore un peu endormi vers sa mère.
- Maman… Murmura-t-elle.
- Oui je suis là, répondit Esmé d'une voix douce.
- Maman … j'ai fait un rêve… Il y avait un jardin avec des fleurs, il faisait beau…
- Oui ma chérie, dit Esmé qui n'avait pas envie de contrarier sa fille, comment te sens-tu ?
- J'ai mal…Pourquoi ? Il m'avait dit que quand je me réveillerais je n'aurai plus mal…
- Il ?
- Il m'a dit que je me réveillerais quand le Mangeur-de-chagrin fanerait et que je n'aurais plus mal…
- Il ? Le mangeur-de chagrin ? Mais de quoi est-ce que tu parle ?
- Il a créé un rêve juste pour moi… Il est venu me voir là-bas et m'a dit que la plante aux fleurs bleus et or allait me soigner mais qu'il fallait que je dorme… Il m'a dit que la plante apaiserait le souvenir…
- Hall ! De quoi tu parle ?
- Il m'a dit adieu car il m'a dit que quand je me réveillerais il serait déjà parti.
- Qui ça « il » ? Je ne comprend rien à ce que tu raconte… S'écria Esmé dont les nerfs étaient sur le point de se rompre.
- Alexandre… Il était dans mon rêve… Il en a fait un jardin… Il est souvent venu me voir alors que j'étais toute seule là-bas. Il m'a dit que sa plante effacerait la douleur du souvenir, c'est son projet pour son chef d'œuvre, comme elle est pas encore au point il m'a dit que ça allait mettre du temps et qu'il fallait que je dorme… Pourquoi j'ai encore mal ? Il m'avait promis…
Esmé écoutait Halléndra et avait peur de comprendre… Son sang se glaça dans ses veines. Elle sentit son cœur faire le grand plongeon dans sa poitrine et se briser en touchant le sol… Mon Dieu…
Pendant ce temps Halléndra continuait de parler.
- Il m'a dit adieu… Il est parti n'est ce pas ?
- Parti ?
- Il m'a dit que quand je me réveillerais, il ne serait plus là, qu'il aurait rejoint les Ombres… Il est parti n'est-ce pas ?
Quelqu'un frappa à la porte et l'ouvrit sans attendre la réponse. C'était l'infirmière. Elle avait une expression étrange sur le visage.
« Les élèves ont coincé le Corbeau dans l'étage d'invocation, nous avons besoin de toute l'aide possible pour éviter le massacre. Vous joindrez vous à nous ? »
*******
Dans le grande salle de la Roseraie, la foule fut parcourut par un frisson d'excitation. L'heure de la vengeance avait sonné.
Laïla et Cloé se tassèrent dans un coin, elles avaient peur de ce qui allait se passer maintenant.
Elles virent le garçon qui était assis dans le fauteuil se lever doucement, personne d'autre ne le remarqua.
Bien droit devant son siège il prit une inspiration.
« Comme ça quoi ? »
La voix si reconnaissable recouvrit le bruit de la foule et jeta un froid sur l'assemblée. Les élèves se retournèrent vers l'endroit d'où elle venait. Ils ne reconnurent pas du premier coup d'œil le garçon en uniforme bleu-ciel impeccable, propre sur lui et bien coiffé.
Peu à peu la lumière se fit dans leur esprit. Sans la veste, les bottes, la coiffure et les boucles d'oreilles, Alexandre était méconnaissable.
Les élèves s'écartèrent de lui.
Alex balaya la foule de son regard bleu si sombre que ses pupilles étaient presque noir. L'assemblée était pétrifiée.
- Si … Si tu… es là… alors… alors qui est… Bafouilla le garçon qui venait de faire l'annonce de la prise au piège du Corbeau.
- Quelqu'un qui joue sur les apparences ! Répondit Alex. Quelqu'un qui s'est servi de mon image. Quelqu'un qui a fait une erreur et qui va la payer cher.
Il avait parler avec calme et froideur.
La foule frissonna de la prise de conscience terrible à laquelle elle était confrontée. Ils avaient cru les apparences mais celles-ci les avait trahi.
Alexandre se fendit un passage dans la foule et se dirigea vers la sortie.
Les premiers moments de stupeur passés, plusieurs élèves le suivirent pour voir ce qu'il allait faire. A la tête de ce groupe d'élèves venaient Laïla et Cloé.
A la suite du jeune homme, ils croisèrent d'autres groupes qui se rendaient à l'étage d'invocation pour assister à la mise à mort du fléau de l'école. A chaque fois ce fut la même scène, les adolescents voyaient Alexandre s'approcher d'eux sans le reconnaître puis ils se rendaient compte de leur erreur et c'était le silence incrédule.
Au deuxième étage du bâtiment B, les 7ème année avaient contraint leur proie à trouver refuge dans la salle B 217 et essayaient de l'en faire sortir. Mais voilà, celui-ci avait trouvé une baguette et avec l'habileté d'un duelliste, il défendait violemment l'accès de la salle.
Le groupe chargé de l'asseau fut alerté par la vague de silence qui déferlait dans le couloir et qui se rapprochait d'eux. Détournant momentanément leur attention de la porte désespérément close qui leur faisait face, les élèves se tournèrent vers l'origine de cet étrange phénomène.
Quand ils reconnurent Alexandre, leurs regards allèrent de la porte au jeune homme avec une expression d'incrédulité. Ils levèrent leur baguette quand celui-ci s'approcha d'eux.
D'un geste de la main, Alex leur fit dégager le passage en leur faisant faire un jolie vole plané. Cette action finit de jeter un froid sur la foule. Comment avait-il fait ça ? On s'écarta la plus possible du jeune homme de peur de subir le même sort.
La porte de la salle vola en éclat sans que nul ne la touche. De nombreux débris retombèrent sur le sol en faisant voler de la poussière.
« SORTS ! »
La voix d'Alexandre retentit comme un coup de tonnerre.
Un long silence suivit.
Finalement une silhouette sombre se découpa dans l'embrasure de la porte. Avec nonchalance celle-ci s'appuya à ce qu'il restait du chambranle. En apparaissant il savait qu'il signait son arrête de mort, mais de toute façon il était perdu… il n'avait rien à perdre.
Un murmure de surprise parcourut la foule des élèves amassés là.
Andrew… Andrew Piroxicam
Il y eut un mouvement de masse vers l'arrière. Andrew était un élève de septième année de la Roseraie, il faisait parti de l'équipe de duel sorcier, il avait obtenu un certain nombre de récompense en compétions d'ailleurs. Et là il tenait sa baguette bien serrée dans sa main, une lueur démente dansait dans ses yeux. Nul ne se sentait suffisamment fort pour lever la mains sur lui. Il y a un gouffre entre lyncher un élève désarmé et devoir affronter un champion de duel armé et parfaitement entraîné.
Visiblement Andrew se savait en position de force, face à lui il n'y avait que des élèves tétanisés qui attendaient anxieusement ce qui allait se passer, et Alexandre qui le regardait d'une lueur assassine mais qui n'était pas armé, sa baguette lui ayant été confisqué. La seule chose qu'il redoutait c'était l'arrivée des professeurs.
La garçon eut un sourire dément.
« Comme c'est drôle, ce soir je suis devenu toi et toi tu es devenu moi. » Dit-il d'une voix sarcastique en dévisageant Alexandre. De toute évidence, le garçon pérorait.
« Alors qu'attends tu pour faire ce que tes yeux m'annonce ? Mais c'est vrai tu ne peux pas, il te faudrait une baguette pour ça… Quelqu'un ici pourrait-il lui prêter la sienne ? »
Seul le silence lui répondit
« Tu vois, mon cher Alex, même maintenant ils te croient encore coupable. Je serais toujours l'élève model et toi de dangereux pervers ! C'était si facile de tout te mettre sur le dos… juste un peu de mise en scène..»
Il eut un petit rire de sarcasme. Alexandre serra les poings. Les élèves des premiers rangs auraient bien voulu reculer mais ne le purent pas.
« Mais alors vas-y passe à l'attaque tu en meures d'envie… Qu'attends-tu ? Aurais-tu encore des doutes ? Si c'est cela je peux t'aider… »
la foule reteint son souffle, les élèves ne comprenaient pas ce que cherchait à faire Andrew. Il jouait avec le feu.
« Elle avait la peau si douce…Savais-tu qu'elle a un grain de beauté sur le sein gauche. »
Il contempla les réactions des personnes autour de lui avec un plaisir non dissimulé, son masque de premier de la classe venait de tomber et laissait apparaître l'être monstrueux qui était en dessous.
« Alors ? Te faut-il d'autre détail ? … Aimerais-tu savoir qu'elle s'est débattu comme une tigresse, dit-il en contemplant sa main bandé, Aimerais-tu savoir qu'elle a crié, qu'elle a pleuré quand j'étais sur elle. »
Alex avait à peine esquissé un geste de la main qu'Andrew le tenait en joug avec sa baguette. Celle-ci explosa littéralement dans la main de son propriétaire. Des éclats de bois et des étincelles volèrent de toutes parts.
Une odeur de sang et de brûlé emplit l'air.
Andrew tomba à genou en se tenant la main… ou du moins se qu'il en restait. Les élèves qui assistaient en spectateur passif à la scène étaient hypnotisés par ce qu'ils voyaient. L'expression de fureur d'Alexandre leur disait que le spectacle ne faisait que commencer. Andrew allait payer… il allait souffrir.
Alex s'approcha du garçon, l'attrapa par les cheveux et le força à se redresser.
Il lui posa la main sur le front d'Andrew.
Des dizaines de petits éclaires se propagèrent sur le corps du garçon, brûlant la peau sur leur passage. Il se tordit de douleur en hurlant. Une odeur de chair brûlée s'éleva.
Les spectateurs étaient tétanisés d'horreur… d'une horreur que chaque fibre d'eux approuvait.
Une voix aiguë se fit entendre.
« ALEXANDRE ! »
Reconnaissant cette voix Alex lâcha le supplicié. Celui-ci retomba sur le sol recroquevillé comme une larve.
Alexandre se retourna pour faire face à Halléndra.
Personne ne savait depuis quand elle était là, elle s'était frayée un chemin dans la foule sans qu'on la remarque, toute l'attention des élèves était alors tourné vers la scène de torture qui avait lieu sous leurs yeux. D'un pas mal assuré, elle se dirigea vers Alexandre. Elle s'arrêta à ses côtés et observa la forme sur le sol qui gémissait encore.
Alex passa ses bras autour des épaules de la jeune fille et l'éloigna d'Andrew. Elle réagit à ce contact, tout d'abord par un mouvement de rejet, mais elle finit par se rapprocher et passa ses bras autour du torse du jeune homme. Il referma ses bras sur elle en signe protecteur.
« Mon dieu… ils t'ont réveillée beaucoup trop tôt. La plante ne peut pas avoir fini son travail d'oublie… Ho Hall… je ne voulais pas que tu assiste à ça… Pardonne moi tout est de ma faute… » La voix d'Alexandre n'était qu'un fin murmure que seule la jeune fille pouvait entendre.
La foule s'agita et un groupe de professeur émergea. à leur tête, la directrice affichait une expression d'incrédulité. En chemin, elle avait été mise au courant de la terrible méprise… Un affreux sentiment de culpabilité lui serrait le cœur.
Alex redressa la tête et la regarda droit dans les yeux. Ses pupilles étaient à présent totalement noir et sans vie. Son regard n'était plus qu'une ombre sans font… un reflet du néant.
Elle frissonna.
La foule commença lentement à réaliser que le spectacle était fini. Qu'il ne se passerait plus rien cette nuit.
Laïla et Cloé s'échangèrent un regard lourd, au fond de leur cœur elles savaient… elles savaient que ce soir Alex avait effectué sa dernière mise en scène…
A présent les deux jeunes filles comprenaient ce qu'elles avaient vu lorsque l'épouvantar s'était transformé… la peur du rejet… la peur de l'abandon… La culpabilité leur faisait mal…
Elles savaient que la vie ne reprendrait jamais son cours comme avant. Quelque chose s'était brisée à tout jamais…
Ce soir le Corbeau avait effectué son dernier vole.
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Note de l'auteur.
Voilà donc un chapitre plein d'action… les trois quarts de l'intrigue sont bouclés… OUF !
C'était un peu long, je m'excuse.
Comme vous l'avez constaté, je vous ai bien baladé depuis le début, je suis très méchante quand je m'y mets. Mais bon voilà, mon petit Alex adoré était innocent mais avouez que vous avez douté de lui… ha ha ha…
Pour que tt le monde puisse comprendre une des private-joke contenue dans ce chapitre et dans le chap 6 : regarder la série TV « les Experts ». En France, ça passe sur TF1 le samedi soir vers 23h 30… pour le Québec je sais pas… Je suis une très grande fan de cette série, je ne rate pas un épisode…
Voilà…
Suite jeudi prochain…
Reve@nne
A Niort, le mercredi 15 mai 2003.- Rewriter en Mars 2004
