Le crépuscule d'une Ombre
10- Epilogue
Minute après minute, heure après heure, jours… Mois… Années… se sont écoulées depuis cette nuit où il m'a dit « au-revoir ».
Quatre longues années depuis cette nuit de novembre où il est parti…
Quatre années depuis ce triste matin d'automne où je me suis réveillée pour la première fois avec cette sensation de vide et d'absence.
Quatre ans depuis ce premier jour d'oublie, depuis ce jour où le monde s'est mis à tourner sans lui.
Je me souviendrais toujours des semaines qui suivirent, elles sont gravées au fer rouge dans mon cœur et mon esprit, avec le procès d'Andrew. Celui où les autorités sorcières ont plaidé, celui où des moldus sont intervenus au nom des preuves scientifiques, celui où j'ai été exhibée comme une bête curieuse… moi, ma honte, ma solitude et ma souffrance.
Et puis tous ces jours, tous ces mois qui suivirent. Affronter les autres, être seule face aux regards et aux murmures. Vivre encore… vivre toujours…
… Seule…
… Si Seule…
Mon unique et piètre consolation est que je sais que le monstre qui s'en ait pris à moi à sombrer dans une inexplicable folie sans fond et sans limite, que chaque jour des démons innommables tourmentent son esprit sans relâche, que chaque instant de sa vie il souffre, il crie, il supplie après la mort. Pourtant jamais sa souffrance ne pourra payer la dette de ce que j'ai perdu et je trouve cette vengeance bien fade.
Le temps passe…
Alex a tenu sa promesse, cette nuit là il n'a pas effacé son souvenir de nos tête mais c'est comme si par moment nous l'oublions. Si les gens n'y font pas attention il disparaît totalement… comme un ami que l'on aurait perdu de vu depuis longtemps, on n'y pense pas mais au détour d'une photo ou d'une conversation on ce demande où il est, et, aussi rapidement qu'elle est venu, cette pensée s'efface et on n'y pense plus à nouveau… C'est vraiment étrange.
Pourtant moi je n'oublie pas, je sens ce vide qu'il a laissé, mais aussi sa présence quand mes souvenirs me font mal, quand le regard des autres devient trop lourd, quand mon esprit s'égard…
Il a tenu sa promesse et il revient de temps en temps. Alors c'est comme s'il était toujours là, comme s'il n'était jamais parti. Les gens lui parle comme s'ils le voyaient tous les jours… Il ne reste jamais longtemps mais ce temps là il le passe avec moi, rien d'autre ne compte alors.
A ces moments là, je me plonge dans ses yeux noir et j'oublie tous ce que je lis encore dans les regards qui m'entoure, tout ce dégoût et cette pitié qui ne s'efface pas. Comme si la marque qu'Andrew avait laissé sur moi ne s'effaçait pas, comme si tout cela était ma faute. Je sombre alors dans le regard plus sombre à chaque visite de la seul personne qui m'ait aidé et j'oublie.
A ce moment là, parfois il me raconte le monde où il vit. Ce monde qu'il a de plus en plus de mal à quitter. C'est un monde étrange et fascinant. Il me dit qu'il existe une université, la-bas, où l'on apprend comment on devient Dieu. Qu'il y a des gens qui ont un pouvoir inconnu des sorciers, des gens qui on plus de mille ans… Il me dit que là-bas il n'a plus de nom et qu'on le désigne comme Le Créateur.
Mage créateur il l'a toujours été, cela à même été un gros problème lors de son entrée à Beauxbâtons, le médaillon de Loge, n'ayant jamais voulu afficher quoique soit, était resté lisse de toute inscription. Il est le douzième mage créateur recensé… Il porte toujours le médaillon, c'est la seul trace du passé qu'il garde.
Il a vingt ans maintenant et il n'a plus rien du garçon que l'on surnommait le Corbeau… sauf peut-être ce quelque chose d'inquiétant que lui confère ses yeux devenus noirs comme le néant et l'absence d'ombre autour de lui. Il émane de lui maintenant une force tranquille qui rassure et apaise. Quand on est auprès de lui on a l'impression que rien de grave ne peut arriver… c'est comme une drogue, et chaque fois c'est plus dure de le voir partir…
… Je ne veux plus être séparer de lui.
… Je veux, de mon âme errante, le suivre.
Demain ce sera Noël et je sais qu'il viendra… Demain il sera là comme si de rien était… Il sera là de toute la présence de la promesse qu'il a tenu…
… Et demain je sais que je partirais avec lui
… je sais qu'il m'emmènera dans son monde…
… il me l'a promis.
*****
FIN
*****
