Titre : Enfants de la Guerre
Auteur : Calingus
Beta-reader : Angharrad
Genre : aventure/drame/action
Personnages : Harry, Voldemort, Ron, Hermione, Draco, et plein de petits nouveaux
Spoilers : tomes 1 à 5
Résum : où en sommes-nous quatre ans après la fin de la guerre contre Lord Voldemort ? Sommes-nous réellement en paix ? Bon retour dans le monde de la magie.
Disclaimer : les personnages et l'univers de Harry Potter sont la propriété de JK Rowling et ses éditeurs. Seules les nouveautés m'appartiennent.
Chapitre 3 : Audience et Histoire
Publié le : 15/07/2004
Rating : PG
Résum : Harry va maintenant devoir fournir quelques explications sur son absence ; retour sur cette terrible nuit du 21 juin, quatre ans auparavant.
Chapitre 3
Audience et Histoire
"Vous croyez que c'est bien lui ?"
"Difficile à dire... C'est ce qu'affirment les jeunes Malfoy et Weasley."
"Kingsley, si c'est effectivement lui, vous savez ce que cela veut dire."
"Je le sais, Arthur. Et j'ai peur de ce que nous pourrions découvrir."
Kingsley Shacklebolt et Arthur Weasley observaient le détenu derrière les murs ensorcelés de la cellule. Ceux-ci permettaient de voir l'intérieur depuis l'extérieur, sans autoriser l'inverse. Le jeune homme était assis sur la chaise en bois, les coudes posés sur la table devant lui, le menton sur les mains. Il n'avait pas l'air angoissé mais plutôt soucieux, quelque chose le tracassait.
"Fascinant cette coiffure !" dit Arthur admiratif.
"Original tout du moins" répondit Kingsley. "Les moldus se coiffent-il toujours comme ça ?"
Arthur se gratta le menton. "Mes observations ne m'ont pas emmenées jusqu'aux habitudes capillaires. Mais je compte bien lui poser la question si j'en ai l'occasion."
Après une pause, Kingsley reprit la parole. "Et de votre côté, qu'est ce que cela a donné ?"
"Rien à signaler" commença Athur. "Mes hommes ont retrouvé le chauffard. Il s'avère que celui-ci n'avait même pas remarqué l'enfant. Aucun besoin de modification de mémoire, donc. De même que dans l'immeuble : une majorité de personnes âgées qui n'ont rien entendu de l'intervention des Aurors."
"Très bien." Nota Kingsley. Puis, se tournant vers Percy Weasley qui était arrivé entre-temps : "Oui ?"
"Tout est prêt, monsieur" informa-t-il.
"Très bien, allons-y."
Les trois hommes confièrent leurs baguettes à un garde qui resterait à l'extérieur, et d'un pas décidé, ils entrèrent dans la salle d'interrogatoire précédé d'un Auror armé.
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Harry n'aimait pas cette pièce. Trop froide avec ces murs nus en pierre, trop vide avec seulement une table et une chaise comme mobilier. Mais il ne fallait pas en attendre plus d'une salle d'interrogatoire du ministère.
En temps normal il aurait été anxieux de ce qui l'attendait. Il savait depuis sa cinquième année à Poudlard que le Ministère de la Magie ne plaisantait pas avec le protocole. Mais il avait la tête ailleurs. Il repensait sans cesse à ce que lui avait dit Josh : notre grand-père lui a dit qu'il y avait déjà eu une sorcière chez les Evans. Est-ce qu'il pouvait s'agir de sa mère ? Mais alors Josh et Mark Evans seraient de sa famille. Dumbledore ne lui avait-il pas dit qu'il n'avait pas d'autre famille que les Dursley ? Non, il lui avait simplement dit que Petunia était du sang le plus proche de sa mère, le seul qui puisse le protéger...
Sur ces pensées, la porte de la cellule s'ouvrit sur un Auror qui se posta à côté de celle-ci, prêt à intervenir en cas de besoin. Trois hommes entrèrent. Harry n'eut aucun mal à les reconnaître malgré les années.
"Bonjour Arthur. Bonjour Percy. Bonjour monsieur le ministre," dit Harry poliment face à l'air sévère et officiel qu'ils arboraient. "Vous êtes bien toujours ministre, Kingsley ?"
"Toujours depuis que ce cher vieux Fudge a décidé de se faire sauter la cervelle" répondit l'homme sans émotion. "Vous étiez encore parmi nous à l'époque je crois."
"Ma sixième année à Poudlard... Comment l'oublier ?" rétorqua Harry songeur. Devant son incapacité à agir face au retour de Voldemort, le ministre Cornélius Fudge avait choisi de se suicider. Il avait été remplacé par Kingsley Shacklebolt. Un Auror confirmé comme ministre, en temps de guerre, semblait judicieux, et la suite leur avait donné raison.
"Bien," reprit Kingsley, "vous comprendrez que nous devons nous assurer de votre identité. Après tout, vous avez visiblement tout fait pour faire croire à votre mort."
"Je comprends," répondit sérieusement Harry. "Que dois-je faire ?"
Percy prit la parole : "Albus Dumbledore a laissé une lettre magiquement scellée que seul Harry Potter peut ouvrir."
Le détenu avait sursauté en entendant le nom de son ancien directeur. Percy lui tendit une grande enveloppe en parchemin doré que Harry prit avec précaution dans ses mains. Devant était écrit à l'encre noir 'Harry James Potter'. Au dos, au dessus du sceau à la cire de Poudlard, était inscrit en lettres rouge sang 'Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore'.
Comme s'il lisait les pensées de Harry, Kingsley dit "elle est signée de son sang ; elle a été authentifiée. Ouvrez-la."
Harry s'exécuta. Il glissa un doigt à l'intérieur du rabat de l'enveloppe et rompit le sceau sans aucune difficulté. Alors Arthur Weasley se jeta dans les bras de celui qui avait survécu, et pour la première fois, il prit la parole entre deux sanglots.
"Harry, c'est bien toi ! Je suis si content, si tu savais !"
"Arthur, s'il vous plait," interrompit Kingsley qui semblait s'être détendu quelque peu. M. Weasley s'écarta de Harry les yeux rouges. "Que contient-elle ?" demanda le ministre désignant l'enveloppe.
Harry sortit de la première enveloppe deux nouvelles enveloppes. "Celle-ci," dit-il, "m'est adressée personnellement : 'a l'attention de M. Potter et personne d'autre'. Sur l'autre est écrit 'à lire pendant l'audience'. De quel audience peut-il bien s'agir ?"
Kingsley éclata de rire. "Ce vieux fou avait vraiment tout prévu. Il s'agit de votre audience M. Potter. Elle aurait dû avoir lieu il y a quatre ans, mais elle aura lieu demain."
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Le lendemain matin, Harry était agité dans sa cellule. Il n'avait bien sûr pas dormi de la nuit. Il s'était tourné et retourné inlassablement dans le lit de camp de la petite pièce. Il allait comparaître dans quelques minutes devant la cour du Magenmagot. Qu'il soit accusé ou non, l'audience serait un moment difficile. Il devait des explications. Il marchait en rond, essayant vainement d'arranger ses cheveux en passant devant la glace et soupirant à la vue de ses vêtements. Comment pouvait-il être crédible avec cette coiffure jamais vue dans le monde de la magie et ce polo moldu marqué "The Mayhew" ?
The Mayhew... Il n'avait pas pu mettre Greg au courant de son absence. Ce soir son ami s'inquièterait s'il n'allait pas travailler.
Sur cette pensée la porte s'ouvrit dans un grincement et un garde fit signe à Harry de le suivre. Ce dernier s'exécuta et suivit l'homme dans les couloirs qui lui semblaient familiers depuis sa cinquième année. Le garde s'arrêta devant la porte de la salle d'audience numéro un, frappa, et fit signe à Harry d'entrer.
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En entrant sous ce silence pesant, tous regards tournés vers lui, Harry pouvait sentir que les conversations agitées s'étaient tues au moment ou le garde avait frappé à la porte. Sachant ce qu'il avait à faire, il s'avança dans l'amphithéâtre et s'installa dans le grand fauteuil faisant face au conseil.
Jamais cette pièce n'avait due être aussi pleine. Tous les bancs étaient occupés par des sorciers et sorcières vêtus d'une longue robe couleur prune arborant un 'W' sur la poitrine. Harry reconnut quelques personnes parmi lesquelles Minerva McGonagall, Amelia Bones, Percy Weasley et bien sûr Kingsley Shacklebolt. D'autres lui étaient familières car elles étaient présentes à la première audition de Harry, mais lorsqu'il chercha du regard un signe de soutien dans la salle, il n'en trouva aucun.
"Pouvons-nous commencer M. Weasley ?" demanda Kingsley.
"Absolument monsieur le ministre" répondit Percy se levant et se rasseyant aussitôt.
"Audience du 1er août," cita Kingsley. "dont l'objet est l'exposition au Magenmagot par Harry James Potter, dont le lieu de résidence restera confidentiel, des faits de la nuit du 21 juin, il y a de cela quatre ans, marqués par sa propre disparition, la disparition de Lord Voldemort, et le décès d'Albus Dumbledore."
A ces mots, Harry sentit comme un poignard s'enfoncer dans son estomac. Il savait exactement pourquoi il était là, mais l'entendre cité officiellement était pire que l'anticipation. Cette audience était en train de rouvrir la blessure de la nuit la plus terrible de sa vie d'adolescent.
"Interrogateurs : Kingsley Lee Shacklebolt, Ministre de la Magie, Amelia Susan Bones, Chef du Département de Transgression des Lois Magiques. Scripte : Percy Ignatius Weasley. Témoin additionnel : Minerva Felicity McGonagall."
Harry regarda son ancienne directrice de maison. Ainsi elle allait témoigner ? Qu'avait-elle à dire sur le déroulement de la soirée ?
"M. Potter," continua le ministre. "Voulez-vous s'il vous plait nous exposer les événements de la nuit de votre point de vue ? Nous vous écoutons."
Et Harry commença pour la première fois le récit des faits qui l'avaient poussé à fuir du monde auquel il avait toujours appartenu.
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La bataille faisait rage depuis le début de la soirée sur les terres de Poudlard. Les détraqueurs, les géants, des serpents et des dragons soutenaient les mangemorts qui avaient donné l'assaut sur l'école. C'est Bellatrix Lestrange qui commandait les armées du Seigneur des Ténèbres. Les effectifs des mangemorts avaient grossi et ne semblaient en rien affectés par les arrestations massives des deux dernières années. Volontaires ou résignés, parfois contraints, beaucoup de sorciers et sorcières s'étaient mis au service du Mage Noir.
Face à eux, défendant Poudlard, l'Ordre du Phénix au complet, les Aurors du ministère, les professeurs et leurs élèves de sixième et septième année. Bien entendu l'Armée de Dumbledore était au cœur de l'action. Les centaures avaient accepté de donner leur aide, ainsi que quelques géants et les araignées de la forêt. Hagrid y était pour beaucoup dans ces alliances et avait donc pris la tête de ce bataillon de créatures magiques. Charlie Weasley commandait quant à lui une formation de quatre dragons qu'il chevauchait avec trois de ses collègues roumains, faisant face à la dizaine de dragons de l'armée ennemie.
Au centre de la bataille, Albus Dumbledore rayonnait de puissance. Il repoussait inlassablement toutes les attaques. Pas un sort n'était parvenu à l'atteindre, et il avait neutralisé plus d'une vingtaine de mangemorts à lui tout seul. Du coin de l'œil cependant, il surveillait attentivement Harry Potter, à qui il avait demandé de rester le plus possible en arrière. Sa destiné ne lui permettait en aucun cas de périr au combat, et il n'aurait pas été en sécurité ailleurs que parmi les siens.
Dumbledore vit Harry froncer les sourcils et fermer les yeux un instant. Puis il s'éclipsa discrètement en direction du château, après avoir jeté un regard autour de lui pour ne pas être suivi.
"Nous y voilà," murmura Dumbledore pour lui-même. "Que Merlin nous protège tous."
Et jetant un dernier mangemort à terre, le directeur s'effaça à son tour de la bataille dans un flash argenté.
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En retrait de la mêlée, Harry s'ennuyait presque. Il aurait tellement voulu être au cœur de l'action, côte à côte avec ses amis, peut-être pour la dernière fois. Mais ce n'était pas ce à quoi il était destiné, et il le savait bien. Il avait parfaitement compris les raisons de Dumbledore pour lui demander de rester à l'écart.
Une douleur violente dans sa cicatrice résonna comme le signal que Harry attendait depuis deux ans. Voldemort venait d'arriver. 'Où êtes-vous Tom Jédusor ?' pensa Harry. Fermant les yeux, il reçut une vision : les serres, de l'autre côté du château. Comme s'il avait entendu sa demande, le Mage Noir répondait à l'adolescent.
'Très bien', pensa Harry, 'je suis prêt.'
Et après s'être assuré que personne ne remarquerait son départ, il se dirigea d'un pas résolu vers le château.
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Voyant son jeune ennemi tourner au coin du bâtiment et s'approcher des serres, Voldemort sortit de l'ombre qui le cachait.
"Bonsoir, Harry Potter," dit-il dans un sifflement.
"C'est toujours un plaisir de vous revoir chaque année," rétorqua Harry sur un ton de défi.
"Je t'ai marqué comme mon égal, je t'affronterai donc comme mon égal," continua le Mage Noir. "Mais il y a ici beaucoup trop de monde, tu ne trouves pas ? Que dirais-tu de terminer là où tout a commencé ?"
"Je vous écoute," répondit Harry méfiant.
"Je te propose un voyage en portoloin," dit Voldemort en sortant de sa cape un petit bouclier d'argent, "à Godric's Hollow."
Pendant un instant, Harry laissa transparaître sur son visage ses émotions. De la surprise bien sûr, et de l'appréhension. Il n'avait jamais vu le village de ses parents depuis qu'il avait un an. Depuis qu'ils étaient morts. Mais il ne devait pas se laisser déstabiliser par son adversaire. Il remit son masque impassible sur son visage, et pour toute réponse, il s'avança, et posa la main sur le bouclier que tenait Voldemort devant lui.
Les deux hommes s'observèrent avec le même regard de haine, vert contre rouge. Alors le décor se mit à tourner derrière eux et le sol s'effaça.
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Dissimulé à l'entrée de la forêt interdite, Dumbledore n'avait rien perdu de la discussion. Les deux hommes partis, il se dirigea à l'intérieur du château vers son bureau.
Il écrivit une note à l'attention de McGonagall qu'il déposa sur son bureau, à côté de l'enveloppe dorée qui s'y trouvait déjà.
"Godric's Hollow, j'aurais dû m'en douter," dit le vieil homme en sortant une bouilloire d'un placard. "Portus" ajouta-t-il la baguette pointée sur l'objet.
Sans un mot de plus, Albus Dumbledore disparut de son bureau.
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Projeté à terre par l'arrivée, Harry sentait une brique lui creuser le dos. Voldemort, lui, s'était déjà relevé. Il semblait admirer le décor autour de lui. Un tas de gravas, des briques, du plâtre, du bois...
"Amusant," dit l'homme, "de penser que personne n'a eu le courage de revenir ici depuis cette triste nuit d'Halloween. Sauf bien sûr ton cher ami Sirius. Ca devait être très émouvant de le voir fouiner dans les gravas à ta recherche avec sa truffe."
Harry s'était levé entre-temps et observait la demeure de sa famille. Il ne restait rien qui tenait debout dans le cottage des Potter. Un tas de ruines au milieu d'un jardin d'herbe folle. Au-delà, la rue semblait tranquille et propre, des petites maisons anglaises presque identiques la bordant, quelques unes avaient de la lumière aux fenêtres.
"Bien entendu ces idiots de moldus ne voient pas cette adresse," indiqua Voldemort semblant lire une fois de plus dans l'esprit de Harry. "Ils n'entendent rien non plus de ce qui s'y passe. Nous ne seront pas dérangés rassure toi."
"Je te trouve bien silencieux," s'inquiéta le Mage Noir. "Où est donc passé ton côté désopilant et ton ironie cinglante ?"
"Vous parlez trop, Tom," répliqua Harry. "On dirait un vieux cracmol gâteux."
"Ah Harry, je te préfère ainsi ! Tu as le même humour que ton père. Lui aussi faisait de l'esprit lorsqu'il se savait perdu d'avance."
"Fermez-la ! Et finissons-en !"
Harry leva sa baguette, imité par Voldemort. Les deux adversaires se saluèrent avant d'entamer le duel à mort prédit depuis dix-huit ans.
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Depuis la rue, Albus Dumbledore observait le combat sous une cape d'invisibilité. Les deux hommes enchaînaient les sorts sans relâche, transplanant sans cesse pour éviter les attaques. Harry avait atteint un niveau de puissance et d'agilité exceptionnels, fruits de l'enseignement du vieux directeur. Face à lui, Voldemort avait retrouvé toute sa force du passé.
Le combat durait depuis plusieurs heures déjà lorsque, pris par surprise, Harry fut touché par un 'Expelliarmus'. Sa baguette vola de sa main et atterrit à terre dans un bruit de bois contre pierre. Voyant son adversaire sans défense face à lui, le Mage noir éclata de rire.
"Quelle triste fin, mon cher Harry. Mais en même temps, les traditions perdurent : tu vas mourir au même endroit que ton père. Pousserais-tu la célébration jusqu'à te mettre à genoux ? C'est ainsi qu'il est mort, tu sais."
En parlant, Voldemort avait légèrement abaissé sa baguette. Harry profita de cette inattention et de la vague de haine qui l'envahissait. Il pointa deux doigts de sa main en direction de l'homme et laissa son désir de vengeance hurler "CRUCIO !"
Le rayon frappa le Mage Noir avec force. A genoux, il criait et se tordait de douleur, mais il parvint finalement à repousser le sort. Le regard plein de rancune, il s'adressa de nouveau à Harry.
"Ainsi tu utilises la magie sans baguette. C'est une technique que je n'ai jamais pu maîtriser moi-même."
"Tu me tiens à ta merci Harry," reprit-il en écartant les bras, sa baguette toujours dans sa main droite, "mais auras-tu le courage de me tuer ? Vas-tu devenir un meurtrier comme moi, ici, sur la terre de tes parents ?"
Harry se tenait immobile le bras toujours tendu vers son adversaire. Il semblait hésiter.
"Es-tu prêt à tuer et ainsi devenir ce que tu as toujours détesté et combattu ?"
Harry pensa alors à voix haute, comme pour essayer de se convaincre : "je n'ai pas le choix, c'est mon--"
Mais il n'eût pas le temps de terminer sa phrase. Profitant de l'instant, Voldemort leva sa baguette en un éclair et récita presque machinalement : "Avada Kedavra".
Les yeux de Harry s'écarquillèrent d'horreur alors que le jet vert semblait se former au ralenti à une dizaine de mètres de lui.
Dumbledore quant à lui n'avait pas relâché son attention. Il avait observé consciemment la tentative de Voldemort pour déstabiliser Harry, et aussitôt qu'il leva sa baguette, le directeur lâcha sa cape d'invisibilité et transplana. Il apparût exactement à mi-chemin entre les deux adversaires, face au mage noir, dos à Harry. Ses bras écartés laissaient sa robe de sorcier bleu-ciel voler avec le vent.
Dans un flash vert qui illumina la nuit sans étoile, le sort atteint Albus Dumbledore en pleine poitrine. Celui-ci demeura debout un court instant, puis sans un bruit, le vieil homme s'effondra, mort.
"NON !" hurla Harry. "Professeur, non !"
Puis sans un instant de réflexion, il transplana et réapparut devant Voldemort, toujours à genoux. Celui-ci avait laissé paraître sur son visage une immense surprise à l'apparition de Dumbledore. Son expression ne changea en rien quand Harry lui fit face.
Le jeune homme était méconnaissable. Le visage crispé par la douleur et la haine, il saisit Voldemort au cou d'une main, et appliqua l'autre sur son visage.
Le mage noir hurla de douleur au contact de cette chair qu'il ne pouvait supporter. Se débattant furieusement, il tenta d'arracher les mains de Harry de son visage.
Mais il n'y avait rien à faire, celui-ci tenait bon. Au fur et à mesure du contact, il sentait la peau de Voldemort devenir sèche, poussiéreuse ; elle s'effritait. Le mage noir faiblit, puis dans un dernier hurlement, son corps entier devint un amas de terre séchée qui se désintégra sous la pression de Harry, et s'amassa sur le sol.
Harry regarda le tas de poussière se disperser avec le vent violent qui s'était levé. Puis il se retourna et courut s'agenouiller auprès de Dumbledore.
"Professeur," dit-il en sanglotant, "pourquoi avez-vous fait ça ? Vous étiez comme un père pour moi. C'est ma faute si vous êtes mort, j'ai été faible !"
Puis se relevant, il continua : "Maintenant je suis un meurtrier, j'ai tué deux personnes cette nuit. Deux morts que j'ai sur la conscience. Je refuse de continuer dans ce monde. Je ne veux plus être un sorcier !"
Et sans même ramasser sa baguette, Harry Potter quitta les ruines du cottage de Godric's Hollow à pied, sous les lueurs de l'aube qui commençaient à se dessiner à l'horizon.
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"Je suis responsable de la mort d'Albus Dumbledore," ajouta Harry pour conclure son récit, son émotion laissant paraître dans sa voix. "C'est à cause de ma faiblesse qu'il est mort."
"C'est pourquoi vous avez fui cette nuit-là ?" demanda Kingsley.
"Oui, c'est pour cette raison et pour la culpabilité que je ressentais à avoir tué, même un être aussi inhumain que Voldemort, qui plus est sur la terre de la maison de mes parents. Comment aurais-je pu supporter le regard des sorciers et sorcières quand je ne pouvais plus supporter le mien ?"
Harry observait les membres de la cour. Beaucoup avaient été visiblement émus par son récit. Après un long silence, Amelia Bones prit la parole.
"La cour aimerait à présent entendre le témoignage de Minerva McGonagall. Minerva, si vous voulez bien descendre pour nous apporter vos lumières."
McGonagall descendit les marches aidée d'une canne et s'assis sur un nouveau fauteuil que Percy avait fait apparaître.
"Bien, Minerva, pourriez vous nous expliquer, s'il vous plaît, les circonstances de la découverte du corps d'Albus Dumbledore ?" demanda la femme.
"A la fin de la bataille, à l'aube," commença la sorcière, "personne n'avait revu Albus ni Harry depuis plusieurs heures. Certaines personnes ont donc fouillé le parc à leur recherche, pendant que je suis allé à tous hasard dans le bureau du directeur. J'y ai trouvé sur le bureau deux lettres. Une enveloppe dorée ne pouvait être ouverte que par le jeune Potter lui-même. L'autre m'était adressée. Elle disait que son aide allait être requise auprès de Harry à Godric's Hollow, et que l'on pourrait les y trouver tous les deux à l'aube."
"Nous avons rassemblé au plus vite les Aurors et... autres sorciers expérimentés et valides, et nous avons transplané à Godric's Hollow. Sur les ruines de l'ancienne maison de James et Lily Potter, nous avons trouvé le corps sans vie d'Albus Dumbledore." McGonagall s'interrompit et déglutit difficilement. "Aucune autre personne n'était présente sur les lieux. Nous avons également trouvé deux baguettes magiques identiques correspondant au signalement de celle de Harry Potter et Lord Voldemort. Cette information a été certifiée par M. Ollivander."
"Merci Minerva," dit Amelia Bones. "J'ajouterai que l'examen des baguettes n'a pas permis de les différencier, mais il a été formellement démontré par les mages légistes qu'une des deux avait causé la mort d'Albus Dumbledore par l'Avada Kedavra."
McGonagall repris sa place sur l'un des bancs.
"M. Potter," commença Kingsley, "vous avez été identifié hier soir en ouvrant l'enveloppe dorée qu'Albus vous avait laissée, et dont Minerva nous a parlé il y a un instant. Celle-ci contenait une lettre à lire devant la présente cour. Voulez-vous nous la lire, s'il vous plait ?"
Harry ouvrit la lettre que Percy lui avait tendue et commença la lecture.
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Messieurs les membres du Magenmagot, Harry,
Cette lettre intervient après des événements tristes mais nécessaires pour sauver le monde sorcier, mais également le monde moldu.
Une prophétie m'avait annoncé peu avant la naissance de Harry son destin. Celui d'être le seul à pouvoir vaincre Lord Voldemort, ou être vaincu par lui. Peu de gens connaissaient cette prophétie. Une autre prophétie m'a été faite, celle-ci connue de moi seul. Elle m'annonçait que je devrais payer de ma vie la victoire du jeune Harry sur le seigneur des ténèbres.
C'est donc en pleine conscience de mes actes que j'ai assisté au combat entre ces deux sorciers, et que j'ai donné ma vie pour permettre notre victoire sur les ténèbres.
Ma dernière volonté serait qu'Harry Potter ne soit en rien inquiété de ma mort, puisqu'il n'en est aucunement responsable.
En espérant que cette lettre aura permis d'éclaircir l'audience, je vous adresse mes meilleurs souvenirs.
Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore.
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Harry avait les larmes aux yeux en terminant la lettre. Alors qu'il s'essuyait le visage du revers de sa manche, le ministre se leva pour s'adresser à la cour.
"Bien, à la lumière des information recueillies pendant cette audience, je propose l'acquittement de Harry James Potter sans autre poursuites. Que ceux qui sont en faveur lèvent la main."
Harry leva les yeux avec anxiété et constata avec soulagement qu'une large majorité de membres de la cour avaient levé la main.
"Très bien Harry, vous êtes libre," annonça Kingsley lui adressant un large sourire. Et s'adressant à Percy qui prenait note : "Je déclare également officiellement Lord Voldemort vaincu et Harry Potter vivant."
La salle éclata alors dans un tonnerre d'applaudissements et d'exclamations de joie.
Fin du troisième chapitre, le contexte de l'histoire commence à être posé et on continuera dans le prochain chapitre, avec tout plein de Weasleys.
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Réponses aux reviews précédentes (sur FFdotNet et TWWO) :
Merci à Tete de Nœud, Nee Chan et Chana, Blue Helios, Angharrad, Lulu la Fantasque, Divergood, Aste, Céline402 et Bibize !
Nee Chan et Chana : pas de slash prévu dans cette fiction, désolé. Quant à savoir pourquoi Harry se cachait, j'espère que ce chapitre y a répondu.
Blue Helios : les explications sur Draco attendront encore quelques chapitres, mais ça sera dit.
Divergood : ravi de t'avoir étonné ; tu n'attendais sans doute pas une fiction sérieuse d'un clown comme moi ? ;o)
