Bienvenue dans la version « R » de Révolution. Pour ceux qui ne connaissent pas, cette fic à une version plus soft, sous le nom de révolution .
Je tiens tout d'abord à avertir qu'il s'agit d'un slash, c'est à dire une relation entre deux personnes de même sexe. Si cela vous dérange passez votre chemin (et allez voir la petite sœur de cette fic « Révolution » :P)
Rating: R
L'action se passe huit ans après la chute de Voldemort. Que font nos amis? Qui est mort? Qui a survécu? Grâce à quoi?
Si vous voulez des lemon à tout va vous n'êtes pas dans la bonne fic. Il vous faudra être un peu patient et j'espère que vous trouverez que le jeu en valait la chandelle.
J'espère que cela vous plaira.
Disc: les persos et l'univers appartiennent à JK Rowling, leurs sentiments sont à moi.
Résumé: Harry invité à un mariage y rencontre Drago… Cela finit par une bagarre dans l'eau (dommage que ce ne soit pas dans la boue ;) )
Merci de tout cœur à ceux qui continuent à me lire. Merci à Origine qui est… ben en fait qui représente énormément pour moi et qui voit tout ce que les autres ne voient pas.
Merci à Flack et à Antigone qui m'ont aidé pour ce chapitre. Flackounet, cousine, sans vous ce chapitre serait plus que médiocre.
J'espère vraiment que vous aller aimer ce chapitre qui a été très dur à écrire. Repris et amélioré (j'ose le croire en tous cas). Il fait 16 pages sur mon traitement de texte mais aurait pu en faire bien plus! Si vous avez la moindre remarque, je vous en prie faites m'en part et surtout ne soyez pas tendres!
Je rappelle que c POV de Harry et que par conséquent vous n'avez peut-être pas tous les éléments que vous auriez aimé voir apparaître. Si vous trouver des mots trop familiers c'est pour ajouter à la dureté du propos.
Bon je vous laisse tranquille et je vous laisse lire.
chapitre 10: premières fois
I premiers pas
Harry pensait avoir pris la bonne décision. Il repassait sa main dans ses cheveux pour la troisième fois déjà. Il était nerveux. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Il se rappela avec force ce jour où il avait pris la décision d'arrêter le quidditch. Il avait eu du mal à expliquer ce choix. A son grand étonnement plusieurs personnes semblaient avoir compris cela. Ginny, Hermione, Viktor Krum et Olivier Dubois étaient de ceux-là. Il avait ressenti le besoin de se justifier auprès de Ron pourtant. Il lui avait dit que c'était la seule chose à faire et que cela s'était imposé à lui. Bien sûr cela n'avait pas suffit.
Alors en même temps qu'il s'expliquait, il analysait ce qui s'était déchiré en lui, ce qui avait motivé cet abandon. Il aimait toujours le Quidditch, il aimait voler, il aimait sentir sur son visage le vent glacé, il adorait cette sensation de plénitude quand après avoir cherché, attendu, scruté, il refermait enfin ses doigts sur cette petite balle qui avait obsédé ses pensées pendant plusieurs minutes ou plusieurs heures. Mais il détestait la pression, les responsabilités et tout ce qui n'était pas du Quidditch. Il abhorrait la gestion des emplois du temps, serrer la main de l'autre en face de lui, donner des ordres, surveiller les faits et gestes de chacun. Il aimait l'âme de ce sport et en était venu à détester la compétition. Il finit en disant qu'il jouerait toujours au quidditch mais seulement pour s'amuser dans le jardin des Weasley pour essayer de détendre l'atmosphère. Ron était resté perplexe mais il n'avait rien ajouté.
Puis les pensées de Harry se concentrèrent à nouveau sur ce nouveau départ qu'il s'apprêtait à prendre.
Il se demanda si ses parents seraient fiers de lui. Il pensa que son père non plus comme Ron n'aurait pas compris ce revirement. Sa mère peut-être, Sirius sûrement…
Alors tout énervement le quitta. Il s'en fichait après tout ce n'était qu'un travail, une façon d'occuper ses journées solitaires et d'effacer ses pensées sombres. Il y avait un mal en lui qui refusait de partir. Il l'avait enfin accepté et cessé de le cacher au fond de lui sans y parvenir. Il l'avait accepté mais ne savait pas comment le maîtriser et vivre avec. Il sentait bien que quelque chose pourrait le dompter mais il ignorait quoi. En attendant il l'occuperait.
C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à postuler à l'emploi d'Auror.
La commission d'examen des candidatures avait répondu avec un empressement exagéré que le ministère serait heureux de compter dans ses rangs un héros de guerre tel que lui. Finalement ses références de sauveur planétaire étaient utiles pensa-t-il avec ironie.
Il se dirigea vers la fenêtre, quittant le miroir qui lança un regard exaspéré et lassé qui avait tout l'air d'un « c'est pas trop tôt! »
Harry se tint devant le verre fin, regardant au dehors les moldus qui se rendaient à leur travail, un portable à l'oreille, un journal à la main. Il ne pu s'empêcher de penser que tout cela était bien vain, bien insignifiant et illusoire. BAM
Il avait transplané au deuxième étage du ministère de la magie, devant la salle remplie de boxes que le quartier général des Aurors occupait.
Son visage n'affichait aucune expression quand il entra dans la pièce.
Il fut accueilli par Alastor Maugrey Fol-œil, qui le gratifia d'une tape bourrue dans le dos.
Le vieil homme semblait bien fatigué et usé. Pourtant après ces huit années, traité en héros, on le considérait toujours comme le meilleur Auror depuis la création de la fonction. Harry se demandait si vraiment Maugrey avait bien fait d'accepter de revenir après la guerre, s'il n'aurait pas du continuer à profiter de sa retraite.
Il dirigeait à présent le service et n'était que peu confronté aux dangers mais Harry le trouvait si las…
Le vieil Auror avait été son maître de stage à la fin de ses études et il connaissait donc par cœur la paranoïa qui le caractérisait. Il lui était impossible de l'imaginer assis dans un transat, sirotant un jus de citrouille en profitant du soleil c'était cette activité qui le gardait vivant et le tuait dans le même temps.
Maugrey lui dit de le suivre. Il le menait vers le fond de la salle, vers une petite porte de bois clair. Harry marchait lentement derrière l'homme claudicant. Il tournait ses regards partout spectateur de bribes de vie. Il se sentait bien dans cet endroit. Il captait des conversations légères, d'autres graves, tristes ou sérieuses, des rires, des compliments, des éclats de voix, des disputes. Ici pas de faux semblant, pas de politesse mielleuse, pas de façade.
Les Aurors dans la pièce regardaient les deux hommes avancer doucement. La plupart cessaient alors leurs conversations pour se diriger eux aussi vers le fond de la pièce.
Harry craignait un peu une présentation en bonne et due forme. Il ne voulait pas affronter les regards curieux, implorants des détails, des réponses.
Il suivit Fol-œil. Passa l'encadrement de la porte pour découvrir une salle somme toute assez petite. Des dizaines de chaises hétéroclites faisaient face à une petite table de bois sombre, usée et une chaise de métal gris. A gauche de ce petit meuble, un grand tableau de pierre noire trônait.
Les murs clairs étaient tapissés de papiers, cartes, avis de recherche, listes et autres documents décrivant en détail des instruments étrange.
Maugrey fit signe à Harry de s'asseoir. Ce dernier prit place sur une chaise de bois inconfortable dans un coin.
Peu à peu la pièce se remplit. Des sorciers et des sorcières aussi différents que possible prenaient place sur sièges ou s'appuyaient sur le mur près de la porte.
Quand le « chef » paru estimer que tout le monde était présent, il prit la parole de sa voix forte et tout le monde se tut.
« Bien! Je vous présente Harry Potter qui est des nôtres à partir d'aujourd'hui. »
Tous les regards se tournèrent vers lui. Il reçut ainsi des signes discrets de bienvenue. Un regard, un sourire, un léger geste de la main.
Et Maugrey enchaîna. Il commença à énumérer les affaires en cours et à faire le point sur les progrès réalisés, faisant apparaître à autre toutes sortes de plans et indications sur le tableau, d'un coup de baguette.
Harry se sentit immédiatement soulagé et porta beaucoup d'attention au discours du vieil homme. Il semblait toujours aussi passionné et plein fougue malgré sa dégénérescence physique évidente. Harry ne l'en respecta que plus.
La réunion pris fin environ une demi heure plus tard.
Ne sachant que faire, il resta assis, attendant les instructions d'Alastor Maugrey.
Ce dernier s'avança vers lui quand tout le monde fut presque sorti, une jeune femme à sa suite.
La petite sorcière d'environ trente-cinq ans dont les longs cheveux noirs noués en tresse s'arrêtaient au bas du dos, ses yeux perçants et pétillants couleur de nuit jaugeait Harry avec sympathie et détermination.
« je te présente Alana MacIntire, vous allez faire équipe » déclara Maugrey sans préambule.
« Enchant » bredouilla le jeune homme en serrant la main de la femme. Harry n'y avait pas pensé mais il était évident qu'il ne travaillerait pas seul. Outre le fait qu'il débutait à peine, les aurors étaient souvent regroupés en équipe de deux ou trois.
« Moi de même » rétorqua Alana avec énergie. Puis elle commença à lui exposer les affaires dont elle s'occupait et qui échaient donc aussi à Harry.
Tout en parlant, elle pressait son coéquipier vers la porte et sans même qu'il le réalisa, Harry se retrouva dans la salle des boxes.
Il était impressionné par la vivacité et la douce force qui se dégageaient d'elle. C'était une femme de caractère assurément.
Sans cesser de parler, Alana le mena vers un box vide.
« Voilà donc en gros ce dont nous aurons à nous occuper ces prochains mois! Et voici ton bureau » finit-elle en posant sa main sur le petit meuble de bois qui occupait le compartiment.
« le mien est juste à côt » ajouta-t-elle en désignant l'emplacement voisin de la main. « plus pratique! »
Harry jeta un coup d'œil au-dessus de la mince cloison et vit un espace semblable au sien où trônaient une dizaine de photos qui lui firent de grands sourires et des signes de main.
« Se sont mon fils et mon mari » expliqua Alana en souriant.
A en juger par les photos, elle avait un magnifique petit garçon plein de vie qui souriait largement. Son mari, un homme plutôt grand, musclé, à la peau noire et aux cheveux d'ébène taillés strictement, semblait autoritaire.
Il sortit de ses réflexions quand elle lui précisa qu'elle allait chercher des copies des dossiers pour qu'il les étudies. Puis elle ajouta alors qu'elle s'éloignait déjà:
« Installe-toi en attendant! »
Harry la regarda s'en aller d'un pas décidé. Installe-toi… pourquoi cela le heurtait-il de plein fouet? Parce qu'il n'avait pas de photos à exposer? Parce qu'il n'avait aucune vie à étaler? Parce qu'il n'avait que des morts qui l'attendaient le soir quand il rentrait? Il avait tout et il n'avait rien.
Son visage s'assombri. Il s'assit sur la frêle chaise de bois et écouta l'agitation qui régnait. Chuchotements, rires, discussions sérieuses, personne ici ne jouait.
Être auror serait bien différent d'être joueur de Quidditch. Plus de feinte, plus besoin de se motiver, plus besoin de rentrer dans son rôle. Il pensa avoir pris la bonne décision.
Alana revint vite. Elle posa les dossiers sur un coin de la table, lui conseillant de les ranger dans un des tiroirs. Dossiers et bureau étaient ensorcelés pour ne se révéler qu'à certaines personnes. Elle lui dit de les prendre pour les étudier en détail chez lui. Puis elle lui tendit un dernier dossier et commença à lui exposer l'affaire qui allait les occuper le jour même, en détail.
Harry l'écoutait en regardant les rapports et photos contenus dans la chemise rouge. Il était question d'un mangemort qui avait réussi à se cacher depuis la chute de Voldemort.
Harry avait peine à imaginer que huit ans après la défaite du mage noir il y ait encore des mangemorts en liberté. Il était évident que la plupart avaient plus d'un tour dans leur sac.
Il regarda une photo qui lui rappelait vaguement quelque chose. Il devait avoir déjà vu cet homme. D'une taille moyenne, des cheveux châtain coupés proprement, un air noble et dédaigneux, des yeux marrons pétillants de mépris.
Puis il jeta un œil sur des croquis. Il demanda qui étaient ces gens dessinés au crayon magique. Elle lui répondit que c'était des estimations des apparences que l'homme pouvait revêtir ou avait utilisé.
Les aurors avaient organisé une coopération internationale pour retrouver cet individu. Ils avaient rassemblé contre lui un nombre impressionnant de charges, mais n'avaient pas encore pu l'attraper. Preuve s'il en fallait que l'homme avait des appuis, certainement très puissants.
Harry sourit en voyant un rapport sur le passage du sorcier en Égypte, signé « Tonks ». Il datait de plus de trois mois.
Le fait était que le mage avait été repéré en France prêt à s'embarquer sur un bateau moldu à destination de la Grande-Bretagne. On ne savait pour quelle raison il avait commis cette folie mais si on le découvrait on saurait où il se cachait.
Alana dit à Harry qu'ils devaient au plus vite partir pour l'Écosse, où un homme qui disait avoir des renseignements les attendait. Ainsi, quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans la « réserve », se préparant au départ.
Cet endroit était un lieu mystérieux où étaient entreposés toutes sortes d'objets et de potions. La pièce était sombre, exiguë et étouffante. On s'y serait senti comme dans un placard à balais en dépit du fait qu'il y avait sans aucun doute plus d'espace. Peut-être était-ce du au plafond qui était particulièrement bas.
Harry regardait émerveillé les rayonnages remplis comme un enfant qui a les yeux qui brillent devant un vitrine de noël. Il se dit que quelque temps auparavant c'était devant une boutique de Quidditch qu'on aurait pu le surprendre ainsi.
Donc après avoir emportés plusieurs objets il se dirigèrent vers une cheminée au fond de la salle et plongèrent leurs mains dans une ancienne jarre en cuivre contenant de la poudre de cheminette.
Harry ne pensait pas. Il se laissait porter par le moment et diriger par sa co-équipière. C'était son premier jour, pourtant il se sentait incroyablement à l'aise.
Ils arrivèrent grâce au réseau de cheminées dans l'arrière salle d'un pub miteux de la banlieue de Glasgow. Il entrèrent dans la salle principale où quelques ivrognes cuvaient leur fire-wiskey. Alana et Harry s'approchèrent du bar où la sorcière s'accouda malgré la saleté évidente du comptoir. Le barman à l'air patibulaire ne prit même pas la peine de leur demander ce qu'ils voulaient. Il posa avec vigueur deux verres et les rempli de fire-wiskey. Alana prit le verre en main mais ne but pas. Harry se demanda si Maugrey Fol-œil avait aussi été son tuteur. Vigilance constante…
Harry se dit qu'elle avait raison de ne pas boire. Pas tant parce qu'il avait peur des poisons que parce qu'il doutait sérieusement de la qualité de l'hygiène. Il prit donc lui aussi son verre et suivit Alana qui se dirigeait déjà vers une table occupée par une personne étrange cachée sous un long manteau de cuir noir au col relevé. La tête basse, il regardait un verre à liqueur rempli d'une mixture verdâtre. Harry ne pouvait voir son visage mais ses mains étaient couvertes de bandages.
Personne ne semblait faire attention à eux. Les messes basses continuèrent, le feu crépitait, un bûche craqua. Harry malgré son inexpérience savait pourtant à quoi s'en tenir. Même sans le stage obligatoire à la fin de sa formation d'auror, il savait que dans ce genre d'endroit les murs avaient réellement des oreilles. Il avait retenu la leçon qui lui avait été donnée quand il était en cinquième année à Poudlard. Depuis ce jour il n'avait pas oublié que la discrétion est une des meilleures défense, surtout en terrain inconnu.
D'après ce qu'il savait, ils étaient là pour rencontrer un « contact ». Un malfrat de la pire espèce qui espérait bien obtenir une immunité en Angleterre contre ses informations.
Les aurors s'assirent à sa table. Harry se demanda s'il n'eut pas été plus judicieux de modifier son apparence quand il vit le regard décomposé de leur interlocuteur. Alana y aurai pensé, elle devait espérer cet effet pour le faire parler plus facilement.
« Qu'est-ce qu'il fait là? » lança l'homme en jetant un regard noir à Alana et parlant de Harry comme s'il n'était pas là.
« Il est là pour toi alors je te conseille de bien te tenir. J'espère que tes informations valent le coup. Il ne se déplace pas pour rien. »
Aussi crapule soit-il l'homme semblait décontenancé. Afficher une telle faiblesse pouvait être fatal dans ce milieu et son attitude était donc bien en dessous de ce qu'il ressentait en réalité.
« parle » intima la femme sur un ton ferme et sans appel.
Toujours peu sûr de lui l'autre se risqua tout de même à argumenter.
« tu sais ce que je veux MacIntire! »
Elle esquissa un sourire mauvais. Harry se sentait inutile. Il regarda l'homme avec férocité et dégoût.
Le pupilles du malfrat s'agrandirent.
« tu veux vraiment aller demander à Malfoy ton immunité? » dit-elle en rigolant presque. « parle et je pourrais peut-être le convaincre de t'oublier quelques temps »ajouta-t-elle sur un ton sans appel.
Harry fut surpris à la mention du nom de son ennemi, mais il n'en montra rien. Bien sûr Malfoy était juge d'instruction. Il devait travailler en étroite collaboration avec les aurors. Et apparemment sa réputation ne nécessitait aucune explication. Cela mettait Harry en colère. Et ceci ne fit que durcir encore son regard.
L'homme baissa les yeux. Il marmonna quelques paroles inintelligibles, regarda la porte de sortie puis ses yeux se posèrent sur Harry. Résigné, il commença à raconter tout ce qu'il savait.
Une demi-heure plus tard, ils avaient appris pourquoi l'ancien mangemort britannique avait remis les pieds dans le pays où il était le plus recherché. Pourquoi il avait pris le risque d'être trahi ou découvert.
Harry en était consterné. L'argent. C'était donc bien lui qui faisait tourner le monde et faisait avancer les hommes? Les sorciers n'échappaient apparemment pas à la règle.
Leur « indic » comme disait Alana, leur avait fait part de rumeurs selon lesquelles l'homme avait caché des caisses de Galions dans une région d'Irlande plutôt déserte.
Le mangemort avait été repéré se dirigeant vers Plymouth le soir d'avant. Ils ne devaient pas perdre de temps s'ils voulaient garder un espoir de l'attraper.
« Dégage! » jeta Harry à l'homme qui ouvrait la bouche pour plaider sa cause une fois encore. Celui-ci lui lança un regard haineux mais se leva et prit la porte sans demander son reste.
Ils utilisèrent donc le réseau de cheminées dans l'autre sens et se retrouvèrent en quelques secondes au ministère pour en référer à Maugrey. Une mission fut décidée dans l'urgence. Ils devaient repartir en début d'après-midi, une équipe sur place en Irlande ayant eu vent d'agitations qui pourraient être le fait de l'homme.
Ils se retrouvèrent donc quelques instants plus tard sur une colline verdoyante du Munster. Pour ce qu'en savait Harry ils étaient au Nord de Limerick, mais il n'avait jamais aimé la géographie.
Une fois sur place une équipe de deux aurors que le jeune homme ne connaissait pas commença à lancer des sorts de localisation. Trois autres aurors partirent se renseigner dans les environs alors que Harry et Alana rencontraient des collègues irlandais.
Au bout d'environ une heure ils recoupèrent les informations et purent se faire une bonne idée du lieu où se rendrait leur mangemort.
Harry avait oublié à quel point ce métier était exigeant et passionnant. Il était loin le temps de son stage de fin d'étude, mais tout lui revenait à présent. Les enquêtes, les interrogatoires, les « planques », l'attente, l'excitation, l'action. C'était incroyable.
Tout cela se mélangeait dans sa tête. Il espérait avoir de l'action pure et dure avant la fin de la journée.
Une seconde et un portoloin plus tard, il se retrouvèrent dans une plaine herbeuse. On voyait à quelques dizaines de mètres une cabane de berger délabrée.
Harry sut immédiatement que c'était là. Dans le monde des sorciers il ne fallait jamais se laisser berner par les apparences.
Il se disposèrent tous à moins d'un mètre du bâtiment. Ils se lancèrent tous un sort de désillusion et autres sorts de camouflage et attendirent.
Ils étaient là cachés, silencieux. Les muscles de Harry habitués à des efforts constants commençaient à lui faire mal. L'attente était longue, monotone.
L'herbe grasse gavée de pluie qui faisait entrer en lui un froid presque tranchant, la légère brise glacée qui soufflait sur leurs oreilles rougies, les lourds nuages noirs qui s'amoncelaient au-dessus de leur yeux rivés sur la cabane, l'odeur presque trop pure de terre gorgée d'eau ,a température baissant et l'humidité grandissant au fur et à mesure que les heures passaient, faisaient que l'impatience avait plus d'emprise sur eux.
S'ils n'avaient pas été invisibles aux plus avertis, on aurait pu voir leurs mains prendre une légère teinte violacée et leurs visages devenir plus pâles.
L'immobilité, l'ennui, la hâte.
Harry sentit l'air se charger, se remplir d'électricité. Cela présageait-il l'orage qui menaçait depuis leur arrivée? Le jour déclinait. Il faisait presque nuit déjà. Il ne devait pas être plus de dix-neuf heures pourtant.
Il se tendit. Il dressa l'oreille, plissa les yeux, la bouche légèrement entrouverte. Il sentit quelque chose. Il ne vit rien mais une ombre presque palpable s'apprêtait à entrer dans la cabane. Son cœur se mit à battre plus vite. Il avait l'impression que ses membres engourdis ne répondraient pas à ses désirs. Il retint son souffle et empêcha sa jambe de trembler dans un tic nerveux.
Personne ne bougeait. Les autres l'avaient-ils sentit? Il n'eut pas le temps de se poser réellement la question que la porte bougea de façon imperceptible.
Il bondit alors d'un coup comme un diable de sa boîte. La baguette dressée, les mains crispées. Il lança un « stupéfix » alors que ses coéquipiers bondissaient eux aussi de leurs cachettes à peine une seconde plus tard.
Le sort heurta un bouclier magique et le détruisit. Un homme à peine visible se jeta alors dans le frêle abris, évitant le feu des sorts lancés par les autres Aurors.
Ses poursuivants, Harry en tête le pourchassèrent. Quand ils pénétrèrent dans la pièce ils aperçurent instantanément un escalier magique qui s'enfonçait dans le sol mais qui déjà commençait à se refermer.
Seul trois aurors dont le survivant, eurent le temps de s'engager avant qu'il ne disparaisse.
Harry ne savait plus qui le suivait, il ne savait même pas s'il était seul. Dans sa tête les bruits provenaient de partout. Il dévala les marches sans les voir.
Une fois arrivé en bas, il se retrouva dans un long tunnel souterrain et obscur. Un léger halo phosphorescent donnait un air irréel à cet endroit. Il ne voyait presque rien. Il senti les autres derrière lui. Il commença à courir le long des murs noirs et suintants. Il sentait la présence de celui qu'il pourchassait mais ne pouvait prendre le risque de le rattraper et de se mettre sous le feu d'un sortilège. Il sentait son cœur battre la chamade, la rancœur l'enserrer étroitement. La rancœur de ces trop nombreuses choses qui avaient brisé sa vie. Son souffle était trop court pour un joueur de Quidditch surentraîné.
Cette distance qu'il avait laissé s'installer entre lui et celui qu'il traquait lui permit d'esquiver le « locomotor mortis » envoyé droit sur lui.
Ils courraient toujours le long de la galerie, évitant tant bien que mal les sortilèges lancés par dessus l'épaule par le mangemort.
Le jeune homme se demanda si le tunnel était encore long. Il pensa que la sortie n'était plus loin. Il n'aurait plus un lieu aussi idéal pour coincer le mage noir. Son cerveau fonctionnait en accéléré. C'est en tous cas ce qu'il lui semblait. L'instinct, celui qui l'avait guidé des années auparavant, refit surface. Il savait qu'il devait agir…rapidement.
Il ralenti alors sa course pour jeter un sort d' « erigo muri » qui fit apparaître un mur invisible. Le fuyard emporté dans son élan le heurta de plein fouet et sous le choc tomba à terre.
Un de ses collègues du nom de Gloucester, lui semblait-il, lança un stupéfix alors qu'il dépassait Harry, entraîné par sa course.
A bout de souffle, le cœur battant, il sentait son pouls battre dans sa jugulaire. Il se sentait vibrer et vivre. Cela il savait le faire, lutter contre les forces du mal. Présentez-lui le mal et il lutterait. Sans raison et sans crainte. Il n'était pas fier, il n'était pas heureux, il était vivant.
Immobilisé au sol, le mangemort fut rendu visible et attaché par des liens magiques.
Ils explorèrent les lieux mais ne découvrirent pas l'argent, il devait être protégé par des maléfices puissants. Peu importait, seule l'arrestation comptait pour le moment.
Il était tard quand il repartirent pour L'Angleterre, près de minuit. Ils emmenèrent leur prisonnier à Azkaban où il passerait la nuit avant d'être traduit devant un juge d'instruction.
Alana lui dit une fois de retour au ministère qu'il pourrait rester chez lui le lendemain pour récupérer un peu et étudier leurs autres « dossiers » en cours. Elle ajouta qu'elle s'occuperai de la paperasse avec le juge d'instruction et qu'il n'aurait qu'à lui fournir son rapport en début d'après-midi. Harry la remercia mais il savait qu'il serait là le lendemain matin.
Il transplana dans son appartement. Dobby accouru quelques minutes plus tard avec un en-cas et une théière de earl-grey fumant.
Pour un première journée c'était plutôt une entrée en matière mouvementée. Harry s'en réjouit. Il était satisfait, exténué et apaisé. Il aimait profondément l'ambiance de sa nouvelle vie. Froide, sombre, discrète et légèrement acide.
Il but une grande tasse de thé mangea avidement les petits sandwiches. Il prit une douche et se coucha à «largement l'heure de dormir » comme le lui indiquait son réveil magique.
La plénitude qu'il avait ressenti des heures plus tôt ne s'était pas encore enfuie. Elle avait duré bien plus longtemps que les pauvres secondes que la capture du vif d'or lui procurait.
II premiers cris
Le sommeil vint rapidement.
Il dormait depuis une bonne heure quand il entendit un cri lointain. Il ne ressemblait pas aux cris qui peuplaient ses songes.
Dans un demi-sommeil il leva la tête et remarqua une douce lumière verte en face de lui au niveau de la cheminé.
« Harry! Harry! Réveille-toi! C'est… C'est… Harry! »
Harry prit peur. Il entendait à présent nettement la voix de Bill.
Il sauta de son lit, complètement réveillé par l'urgence du moment.
Il se hâta vers l'âtre et regarda la tête de son ami affolé trôner au milieu de sa cheminée.
Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche.
« Harry! Ca y est! C'est merveilleux! C'est un garçon! » Bill avait les larmes aux yeux et ne cessait de regarder en arrière.
Le jeune homme ne comprit pas tout de suite. Il regardait la tête qui sortait de son feu de façon incrédule et hébétée.
« Un garçon! Jézabel voulait un frère... Ah ah ah ah…» ajouta l'autre trop à son bonheur pour articuler plus de quelques mots
Enfin Harry réalisa.
« J'arrive! »
La tête de son ami disparu. Il passa alors un pantalon de pyjama et un T-shirt pris au hasard. Il mit la première robe qui passa sous ses doigts et pris une pleine poignée de poudre de cheminette.
Un instant plus tard il était en Égypte.
Il fut accueilli par un Bill heureux et un peu perdu. Il se dirigea d'instinct vers l'heureuse maman. Tonks avait l'air exténuée mais on lisait la béatitude sur son visage.
Il regarda l'enfant dans son berceau près du lit.
« Arthur » dit la jeune femme.
Harry la regarda interrogateur.
« il s'appelle Arthur. Arthur, William Tonks-Weasley » précisa-t-elle
Ses yeux émerveillés et incrédules, plein de joie et d'apaisement se posèrent alors sur son amie. Puis il reporta son attention sur bébé.
Le petit Arthur dormait paisiblement sur une étoffe magique qui avait l'aspect d'un nuage mauve. Il était rouge, avait des cheveux roux flamboyants et Harry était persuadé que c'était un sourire qu'il avait sur le visage.
Il était plus de cinq heure du matin. La maison grouillait de monde. Mrs Weasley et son époux, grand-parents pour la seconde fois, pouponnaient pendant que leur belle-fille prenait un repos mérité.
Tous les frères et sœurs de William étaient passés prévenus par le père enthousiaste. Ron et Hermione venaient d'arriver. Bill leur expliqua qu'il n'avait pas eu le temps d'emmener sa compagne au centre médical du Caire que déjà Arthur pointait le bout de son nez.
La vie débordait dans la petite maison.
A huit heure, après le départ de la guérisseuse, il prit congé promettant de revenir le soir même. Il dormi une heure à peine. Il arriva à son bureau à neuf heure et demie, les yeux cernés, le teint brouillé, les traits tirés mais complètement et totalement euphorique.
III première fois
La semaine se passa merveilleusement bien. Il allait voir le petit Arthur tous les jours. Il adorait son travail. Il sortait pas mal. Sa vie était plus simple, plus calme, plus réelle.
Luna l'avait invité à la pendaison de sa crémaillère. Il semblait qu'elle avait choisi d'habiter un appartement plus grand mais plus excentré. Il avait apparemment appartenu à un sorcier plutôt original qui y avait caché, selon les rumeurs, des objets insolites.
Cela n'étonna pas le moins du monde Harry. Ce qui l'étonna en revanche c'était que Luna célèbre cet état de fait. Elle n'avait jamais été portée sur les mondanités et les relations humaines en généra lui semblait-il.
Avait-il donc été si aveugle toutes ces années? La vie avait-elle continué son cours alors que lui tentait désespérément d'enfouir ses peurs, de cacher ses drames, de voiler sa peine?
Harry avait l'impression d'avoir perdu son temps. Peut-être que sa nouvelle existence écourterait sa durée de vie mais au moins il vivrait.
S'était-il fourvoyé comme pour le Quidditch? Pourquoi l'importance relative des choses lui apparaissait-elle maintenant? Pourquoi n'avait-il pas réalisé cela avant?
Il était en retard encore une fois.
Il retrouva Ron et Hermione.
La soirée était agréable et il fut présenté à de nombreuses personnes, toutes très sympathiques.
Il parla avec la plupart.
Contrairement à ce qu'il imaginait, ce n'était pas des illuminés dont le discours était peuplés de Ronflaks cornus et autres Coco Tropico.
Il s'amusa beaucoup, même après le départ de ses meilleurs amis, une heure ou deux seulement après leur arrivée.
En grande conversation avec un jeune homme, il avait décidé de rester.
Il s'appelait Nathaniel (Nate pour les amis), avait vingt-quatre ans, fou de Quidditch, il était fin, intelligent, amusant, pas très grand, les cheveux châtains et le teint halé. De très bonne compagnie.
Harry parla longuement avec lui jusqu'à une heure avancée de la nuit. Calés dans des fauteuils confortables dans un coin du salon à part, une sorte d'alcôve, ils discutèrent de tout et de rien. Harry était las, ses muscles étaient endormis, sa nuque était endolorie, ses paupières piquaient légèrement mais il avait encore envie de parler légèrement avec ce parfait inconnu.
Il était dans un état de sérénité extrême. Il ferma les yeux un instant et senti, comme une brise chaude et caressante sur sa bouche. Il ouvrit les yeux et vit son nouvel ami qui l'embrassait.
Il fut surpris et eu un mouvement de recul.
Un sourire fut la seule réponse de Nate.
« Désolé. J'en ai eu envie. » dit doucement l'autre homme.
« Euh… » dis quelque chose bon sang! Arrête d'avoir l'air idiot à bafouiller comme ça! « c'est pas grave » Quoi?! « C'est que je ne suis pas… enfin je veux dire… »
« tu es sûr? » coupa Nate.
Harry resta muet. Bien sûr que je suis sûr!
« non » Comment ça non?! Harry voulait écouter ce que sa raison lui dictait mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il avait trouvé cela incroyablement agréable. Il ne pu s'empêcher de penser que juste avant d'ouvrir les yeux il aurait voulu aller plus loin.
Il ne pu non plus s'empêcher de réaliser qu'il savait parfaitement qu'il se faisait embrasser par ce charmant garçon avec lequel il avait passé presque toute le soirée, qu'il avait eu envie de ce baiser toute la soirée, qu'il avait refusé de se laisser aller parce qu'il avait peur. Peur de quoi?
Quand l'autre se rapprocha et qu'il déposa un autre chaste baiser sur ses lèvres rougissantes, il ne le repoussa pas.
Il passa ses bras autour de son cou. La chasteté du baiser s'évanouit dès l'instant où Harry sentit la langue humide et inquisitrice de Nate. Elle se frayait sans honte un chemin à travers les lèvres incertaines qui tentaient d'empêcher la raison de Harry de parler par leur intermédiaire de peur de gâcher ce moment de pur plaisir. Leurs langues se mêlaient dans une étreinte intense. Harry sentait son corps s'enflammer. Il se demandait presque comment un instant plus tôt il avait plus avoir peur. Seul le plaisir comptait, le désir montant.
Ses mains tremblaient. Il aurait voulu que ce jeu dure une éternité, pourtant il commençait à respirer avec difficulté.
Quand ils se séparèrent à bout de souffle, son « nouvel ami » le regarda. Un sourire d'extase et de victoire barrait son visage charmant. Voyait-il ses joues rouges, l'incertitude dans ses yeux?
« Pas la peine de précipiter les choses » déclara-t-il. « On se voit demain? Treize heure, Florian Fortarôme, ça te va? » un sourire satisfait éclairant toute sa physionomie.
Harry se contenta d'acquiescer. Content mais soulagé.
Nathaniel se leva. Il salua au passage Luna, lovée dans un fauteuil. Harry ne pouvait pas la voir, pourtant elle était là.
Il sentit la gêne et la confusion gagner son cœur. Il vira au cramoisi, ne sachant pas s'il devait rester assis pour cacher son embarras ou fuir en courant.
« Il est mignon. »dit Luna sur le ton de la conversation.
Elle eut pour toute réponse un marmonnement étouffé.
« Tu sais Harry, je crois que tu prends tout cela trop au sérieux. Il ne s'agit que d'amour après tout. D'attirance et de désir. Ne te mine pas. » ajouta Luna, le fait de faire seule la conversation ne semblant pas la déranger outre mesure.
Bizarrement, Harry se sentit apaisé par ces paroles. Il se leva pour rentrer chez lui. Il dit au revoir à son hôtesse qui lisait un dossier plein de croquis de bêtes étonnantes. Une jeune fille endormie reposait sur son ventre. Luna caressait distraitement ses cheveux noir de jais.
Une fois rentré chez lui, Harry s'installa dans un des fauteuils moelleux du salon. Il alluma le feu dans la cheminée. C'était la mi-septembre et il faisait froid déjà.
Comment allait-il accepter cela? Est-ce que c'était si grave? Il se dit qu'il devait suivre son cœur et son instinct. Il avait renoncé aux apparences stériles et futiles. Était-il pour autant prêt à laisser son cœur être maître à nouveau, le guider et supplanter sa raison? Ressentir, vivre, oublier, jouer et perdre peut-être? Non, ça fait trop mal.
Au moins il décida de s'amuser un peu et de prendre du plaisir, il verrait bien après. Il décida que le sexe d'une personne n'avait que peu de rapport avec ce que l'on pouvait ressentir. Il s'étonna un peu de « passer » si facilement sur ça. Peut-être parce que le jugement des autres avait cessé d'être important, peut-être parce qu'il savait que ceux qui l'aimaient seraient compréhensifs et aimants. Il s'endormit un sourire aux lèvres.
IV premier plongeon
Le travail d'auror lui apportait de grandes satisfactions. Il avait un peu touché à tout. La seule chose qu'Alana lui avait évité, était la paperasserie administrative. Mais il savait qu'il n'y couperait pas.
Sa relation avec son ami ne dura pas. Pas plus de quelques jours. Il ne se sentait pas prêt à franchir le pas et l'autre était trop pressant. Vierge… A vingt-cinq ans, il était vierge! Bien sûr cela ne reflétait pas tout à fait la réalité mais c'était ce qu'il ressentait en sa présence. Il en retirait de la gêne alors qu'au fond de lui il savait que cela n'était en rien dérangeant. Cela était aussi peu important que le reste finalement. Cela lui avait apporté du plaisir tant que ça avait duré mais si tel ne devait plus être le cas il préférait arrêter immédiatement.
Sa deuxième semaine fut aussi riche en rebondissements que la première. Ils avaient arrêté un malfaiteur notoire qui enlevait des moldus pour les vendre à des mages peu scrupuleux qui voulaient faire des expériences sur eux.
Harry devait le mener au juge d'instruction dans une partie du ministère réservée aux interrogatoires. Il se trouvait non loin du département des mystères et de la salle d'audience dans laquelle il avait été jugé quand il avait seulement quinze ans. Il replongea alors inexorablement dix ans en arrière. Et un sentiment de désespoir profond s'insinua vicieusement en lui.
Harry se laissa submerger par l'accablement sitôt qu'il arriva aux abords de la porte qui menait au département caché du ministère. Son visage se voila. Ses yeux s'obscurcirent et une ombre passa sur son cœur.
Il menait l'homme entravé par un charme, au moyen d'un « mobilicorpus », de façon automatique, mécanique.
Il entra dans la salle en silence, le regard voilé. Il força l'homme à s'asseoir et lui même s'appuya sur le mur dans le coin opposé à la porte. Recouvert par l'obscurité de la petite pièce aux murs de pierre brute, tapi dans l'ombre contre la rugueuse et âpre surface, ses yeux absents, son visage sombre, le regard perdu, il remarqua que quelqu'un entrait.
Il leva lentement les yeux et ne reconnut pas immédiatement l'homme. Il était hanté par des images du passé. Celles de son parrain disparaissant derrière ce voile maudit, de la douleur qui avait suivi et l'avait oppressé pendant des années. Puis son esprit quitta ce lieu pour se poser sur le terrain où la bataille finale avait eu lieu, cet endroit où il avait laissé sa vie. Des images de morts implorant son nom, des images de cadavres sacrifiés pour lui, images de douleur, images de rancœur, de sang, de feu, de noir.
Le nouvel arrivant lui jeta un coup d'œil furtif et s'assit à la petite table face au criminel. Il sortit méthodiquement, avec un soin particulier, des dossiers et des documents et des artefacts. La pièce était d'une douceur sans nom face à l'ambiance glaciale qui s'était installée. Le manque d'éclairage, le courant d'air froid, le regard dur, rendaient l'atmosphère tranchante comme une lame de glace.
Harry cligna des yeux.
Malfoy!
Ce serpent ne le regardait même pas. Le courroux monta alors. Lent mais implacable. Il garda le silence.
Comment avait-il pu être assez stupide pour ne pas penser que Drago Malfoy était juge d'instruction. Il ne côtoyait pas beaucoup le ministère avant d'y travailler et il ne savait pas ce que les gens pensaient de cet homme là.
Le voyaient-ils comme le salaud qu'il était? Voyait-il l'égoïsme écrasant de ce serpent, sa froideur, son indifférence? Ressentaient-ils un malaise près de lui? L'irritation et la rage s'insinuaient-elles en eux comme elles le faisaient avec lui?
Il resta là appuyé contre la pierre froide, sans dire un mot, sans un soupir. La mine sombre de ceux qui ruminent des mauvaises pensées. Ses tripes bouillaient. Une boule dans sa gorge bloquait sa respiration mais il n'avait pas besoin de beaucoup d'air pour
songer au mal qu'il voudrait lui faire.
Il ne savait pas pourquoi il le détestait autant. Il n'avait pas tué ses parents et tous ceux qu'il aimait. Il n'avait pas torturé, violé, écrasé, détruit. Il était juste un épine dans son pied, un poison lent qui le minait. Le fiel qui se déversait sur sa vie. Il était « son fils » , il avait tué, il avait menti, il avait dominé, il n'avait jamais cédé. Il n'avait jamais aimé, il n'avait jamais accepté, il n'avait jamais sympathisé.
Malgré tout ce qu'il avait vécu, tout ce qu'il avait subit, malgré la solitude, il n'avait pas fait un pas vers eux. Jamais il ne s'était compromis, comme si les gryffondors qu'ils étaient alors n'étaient pas assez bien pour lui.
Harry se rendit compte que la raison de sa haine était stupide. Pourtant il refusait d'y renoncer. Elle le comblait pleinement comme jamais l'amour ne l'avait fait. Elle apaisait son esprit tourmenté. Elle était un repère fiable et il ne la laissera pas fuir.
Après plusieurs heures d'interrogatoires le criminel en avait révélé bien plus qu'il n'aurait dû. Drago était été très doué. Un virtuose. Il voyait le moindre détail, manipulait l'esprit comme personne. Il dirigeait les conversations, il glissait comme un serpent sur les mots et les idées.
Harry comme hypnotisé voyait les imperceptibles mouvements de sa chevelure laiteuse, regardait sa bouche rosée, sa langue perfide utiliser des détours tortueux.
Le feu qui brûlait en lui se répandit, réchauffant son âme et son corps.
Dès que Malfoy cessait de parler, les flammes alimentaient à nouveau son courroux et ses yeux lançaient des éclairs d'hostilité.
Drago se leva. Rassemblant élégamment ses notes et objets magiques qui avaient enregistré la conversation. Il jeta un regard froid à l'auror tapi dans le coin.
Harry lui rendit de la haine. Il s'avança pour lancer son mobilicorpus sur le malfaiteur pendant que le magistrat sortait. L'homme le regarda avec effroi, visiblement oppressé par l'ambiance de détestation que son ennemi et lui avaient installé en un instant. Un moment qui avait duré le temps de deux regards.
Harry pensa que ça ne c'était pas mal passé. Si leur prochaines rencontres se passaient ainsi, il avait bon espoir de ne pas tuer Malfoy sur le lieu de travail. Se serait mal vu…
V premiers pas
Harry travaillait sans relâche. Méthodique, passionné, il était exceptionnellement doué. Il savait d'instinct quelle était la meilleure attitude à adopter, quel était le meilleur sort à utiliser. Il avait une aura intimidante, fascinante. Un meneur qui s'imposait par ses silences, un Auror qui inspirait crainte et respect.
Bientôt il fut considéré comme un des meilleurs éléments que les aurors aient compté dans leurs rangs. Un des plus sombres aussi et des plus agressifs. Il arrivait pourtant à se maîtriser, mais parfois son seul regard, sa voix tremblante et pleine de haine, suffisaient à en effrayer certains.
Il évita le plus possible tout contact avec Malfoy. Et le peu de fois où il eu à faire à lui, il parvint à se maîtriser assez pour ne pas lui sauter à la gorge.
Il ne s'interrogeait pas sur ces sentiments violents. Il ne voulait pas.
Quelques semaines plus tard, il était donc parfaitement intégré.
Il voyait souvent Ron et Hermione. Et parfois il rencontrait Dumbledore.
L'homme avait l'air vieux et très las. Ses rides se creusaient toujours plus, ses yeux avaient perdu de leur éclat, ses gestes étaient lents et il pensait plus qu'il ne parlait.
C'est donc sans surprise qu'il accueilli la déclaration de Dumbledore de ne pas reconduire son mandat de ministre. Il apportait son soutien absolu et officiel à Arthur Weasley pour lui succéder.
Ce que personne ne savait c'était qu'il avait demandé à Hermione de prendre sa place et qu'elle avait poliment refusé.
Harry en avait été très étonné. Il l'avait été encore plus quand il avait remarqué que Ron ne demandait aucune explication, semblant comprendre le geste de sa femme. Son ami, aussi gentil soit-il n'avait pourtant jamais bien compris ce genre de choses.
Harry avait donc demandé à Hermione les raisons de ce choix. Et elle lui avait répondu: « je crois que toi comme moi savons qu'il y a des choses plus importantes. » Il avait acquiescé, entrevoyant ce qu'elle voulait dire.
La vérité était que quand elle lui avait dit cela, il n'avait pas la moindre idée de ce que cela signifiait. Pourtant après réflexion, il comprit, tout seul, (et il en était très fier) que cela ne devait pas être très éloigné de la raison qui l'avait poussé à arrêter le Quidditch. Il semblait qu'Hermione prenait une part active à la vie de la société mais qu'elle ne sente pas le besoin de reconnaissance qui poussait en général les politiques. Elle oeuvrait pour le bien commun et cela la satisfaisait.
Harry songea que son amie était bien sage pour une personne aussi jeune.
Quelques jours plus tard Harry avait complètement oublié cela quand Hermione lui annonça qu'il aurait un autre neveu ou nièce dans sept mois. Ron et elle lui demandèrent immédiatement d'être le parrain de l'enfant.
Harry avait sauté de joie et avait envahi la maison de fleurs magiques qui « souriaient » béatement quand elles voyaient un des futur parent.
Il était réellement heureux et rien ne put assombrir ce sentiment pur pendant plusieurs jours. Il était fier aussi. Toute sorte de sentiments se bousculaient en lui, il ne put plus penser de façon rationnelle durant près d'une semaine.
Le second jour de l'annonce il commença à offrir à Hermione des effets pour le bébé, et ne ralenti l'achat des cadeaux que quand la jeune femme lui rappela avec un sourire amusé que son ou sa filleul(e) ne serait pas là avant plusieurs mois.
Des Vifs d'or en peluche qui voletaient doucement en laissant échapper la tendre mélodie d'une comptine, des vêtements aux couleurs des Montrose Magpies et des Canons de Chudley, une boule lumineuse qui faisait défiler au plafond tous les comptes et légendes du monde sorcier, une petite pyramide de cristal qui faisait apparaître une image d'un Harry béat au sourire stupide qui disait « bonne nuit » dans un murmure envahissaient déjà la chambre destinée à l'enfant.
Harry passait le plus clair de son temps libre chez Ron et Hermione. Il se sentait léger souvent. Mais déjà son ombre reprenait de l'emprise sur lui sans qu'il ne put rien y faire. Alors progressivement il cessa de parler et de rire à tout va et se mit à observer ses amis. Il aurait pu rester des heures à regarder Hermione et son air radieux. Il ne se posait pas de question, il goûtait ses moment de paix tant qu'ils duraient.
L'annonce de la prochaine naissance avait fait grand effet dans le clan Weasley. Ginny n'avait pu s'empêcher pourtant de demander si l'heureux évènement avait un rapport avec le refus de postuler au poste de ministre.
Hermione dut alors expliquer à celle-ci que, oui, avoir un enfant ne l'empêchait pas d'être ministre et que, non, elle n'avait pas cette ambition. Elle était très satisfaite du poste qu'elle occupait et parfaitement heureuse.
La vie déroulait ainsi son long fil. Harry se demandait si son existence serait à présent toujours aussi paisible, seulement perturbée par les accès de fureurs que lui inspirait Malfoy et les joies intenses que lui apportaient ses amis et sa famille.
Il savait pourtant qu'au fond de lui bouillonnait un mal profond et noir qui ne se rassasierait pas de ces pauvres émotions. Il sentait que cela devrait exploser un jour. Un jour qu'il redoutait mais auquel il essayait de ne pas penser.
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Merci de tout cœur au commentateurs, merci à Origine pour son soutien précieux, merci à ma maman.
Désolé s'il y a des "" qui sautent. Maudissez avec moi ff.net qui m'a tout coupé mon texte!!!!
