Chapitre douze : Les Mulefas.

Harry et les autres découvraient l'étrangeté de ce monde que Will et Lyra connaissaient si bien à présent. D'immenses étendues d'herbe s'étendaient de parts et d'autres de l'endroit où ils se trouvaient. Au loin, en direction du sud, ils apercevaient le miroitement du soleil couchant sur l'eau, probablement un lac ou la mer. Mais le plus stupéfiant était en réalité ces longues routes de basaltes qui parcouraient ce monde en long et en large. Suivaient ensuite les bosquets d'arbres immenses, s'élevant très haut, plus haut que tout ce qu'ils avaient connu dans leur monde. Au pied de ses arbres gigantesques, des cosses, énormes et dure comme tout, s'écrasaient parfois en tombant avec un bruit d'enfer.

-Où sommes nous ? demanda Ron.

-Dans le pays des Mulefas. Je pense que nous sommes près du village que nous avions visité, tu te souviens Will ?

Bien sûr qu'il s'en souvenait. Jamais il n'oublierais ce village où, avec Lyra, il avait découvert ce que signifiait devenir adulte et aimer. Un grondement de tonnerre se fit alors entendre et au loin apparu un immense nuage de fumée.

-Qu'est ce que c'est que ça ? demanda Hermione.

-Ce sont des Mulefas. Ils vont nous emmener, leur dit Will.

Quelques instants plus tard apparurent les plus étranges animaux que Will avaient jamais vus. Leurs pattes, disposées en losange, leur permettaient de se déplacer grâce à des roues. Will ne comprenait pas comment cela était possible mais Lyra leur expliqua.

-Ils introduisent une sorte de griffe dans le trou central de la cosse et poussent avec leurs pattes latérales.

-Lyra, Will, dit une des étranges créatures.

-Atal. Comment vas-tu ? demanda Lyra.

Will comprit alors que c'est êtres étaient doté d'une intelligence suffisante pour pouvoir parler et utiliser ses roues. Ils étaient des êtres à part entière. Les Mulefas les invitèrent à monter chacun sur un des zalifs, puisque c'est ainsi que se nommait un individu. Chacun monta ainsi en croupe et le groupe parti, Serafina Pekkala préférant suivre le groupe sur sa branche de sapin. Au début, les jeunes sorciers eurent du mal à s'habituer à l'étrange balancement avec lequel se déplaçaient les mulefas. Leurs pattes latérales poussaient sur le sol avec force, les propulsant vers l'avant. Ils se déplaçaient avec grâce et puissance et le groupe arriva bientôt en vue d'un village. Les maisons étaient construites en bois, en paille et en chaume.

-Que faire vous ici, demanda la dénommé Atal.

Will s'aperçut alors que les sons sortant de la trompe des Mulefas s'accompagnaient de petits mouvements gracieux.

-Nous cherchons un méchant sorcier, expliqua Lyra.

Atal sembla soudain effrayé et elle poussa un cri de terreur.

-Non, ne cherchez pas ! Lui dirige Tualapis.

Les tualapis étaient de gigantesque oiseaux, possédant deux ailes placées l'une derrière l'autre, et de puissantes pattes qui leur permettaient de se déplacer très vite dans l'eau.

-Comment peut il diriger les tualapis ? Ils sont incontrôlables, non ?

-Non, non. Prêtre diriger eux aussi avant.

Lyra et Will ignorait de qui elle parlait. Seule Serafina savait de qui il s'agissait. Elle avait vu l'ange nommé Balthamos noyer le prêtre, envoyé par l'église pour tuer Will et Lyra. Mais elle garda son secret pour elle.

-Nous devons y aller, Atal, dit Lyra. Sinon, ce monde et les autres seront perdus.

Atal secoua la tête, mais sachant qu'elle ne pourrait les empêcher d'y aller, elle leur offrit tous les vivres qu'elle trouva et qu'ils pouvaient emporter. La nuit était cependant tomber entre temps, et ils préférèrent rester dans ce monde avant de continuer leurs recherches de Voldemort. Ils s'endormirent ainsi à l'ombre d'un gigantesque arbre juste après avoir partagé le dîner des Mulefas.

Le lendemain matin, Will et Lyra s'éveillèrent avec les premiers rayons du soleil qui frappaient leur visage endormi. Ils se tournèrent en s'étirant et découvrirent avec horreur que tout les autres avaient disparus. Alors qu'ils les appelaient en vain, Serafina Pekkala descendit du haut de l'arbre en volant.

-Ne vous inquiétez pas. Ils ne pouvaient pas dormir alors ils sont partis se promener.

Rassurés, Will et Lyra partagèrent un petit déjeuner composé de baies rafraîchissantes et de pain nourrissant fournit par les mulefas. Puis ils partirent à la rencontre de Will et des autres après avoir rempli leurs gourdes et salué les mulefas. Ne sachant dans quelle direction chercher, Lyra se pencha de nouveau sur l'aléthiomètre et l'interrogea.

-Ils sont au sud. Ils reviennent parce qu'ils ont découvert quelques chose d'étrange.

Ils se mirent donc en route et les rencontrèrent en effet vingt minutes plus tard.

-On a trouvé une autre fenêtre, dit Harry, surexcité.

-Par là-bas, poursuivit Ron.

Il désignait un immense bosquet d'arbre à cosse. Lyra savait ce qui s'y trouvait.

-C'est la sortie du monde des morts, dit elle. On savait déjà qu'elle était là.

Harry et les autres parurent déçus. Seul Will continuait à être survolté.

-Oui mais ma baguette vibre très fort par là-bas. Je crois qu'il faut qu'on y entre.

Le visage de Lyra parut se muer en une grimace terrifiante de terreur.

-Non, jamais ! Je refuse d'abandonner Pan à nouveau.

-Quoi ?

Will était abasourdi et Lyra lui expliqua ce qu'ils avaient dû faire autrefois pour traverser le pays des morts.

-On doit abandonner nos daemons à l'entrée. Je refuse de le laisser seul à nouveau !

-Mais Voldemort est entré là dedans, dit Harry.

-Alors se débrouillera autrement. Vous ne savez pas ce que c'est ! La douleur. La peur. C'est comme si on vous arrachait le cœur.

Will se tourna vers Padeant, à présent sous une forme de chat tigré. Il venait juste de rencontrer son daemon. Il refusait de devoir l'abandonner déjà.

-Trouvons autre chose, dit il alors.

-Vous êtes sûr qu'il est là-dedans ? demanda Lyra.

-Non, bien sûr il a déjà pu quitter ce monde mais...

Harry ne pu continuer. Lyra n'écoutait plus. Elle se dirigeait vers la fenêtre et lorsqu'elle en fut assez près pour sentir les morsures glacées de chacun des morts qui la traversaient en quittant les ténèbres, elle appela.

-Ailes Gracieuses !

Personne ne répondit. Lyra prit une profonde inspiration à nouveau et cria de nouveau.

-Ailes Gracieuses !

Toujours pas de réponses mais un murmure se faisait à présent entendre. La vague continue des morts faisait passer le message. Une petite fille blonde appelait Ailes Gracieuses à l'extérieur. Will et les autres s'approchèrent quand surgit enfin Ailes Gracieuses, la harpie. Une bouffé d'air malsain et vicié les étouffa un peu et la harpie se posa près d'eux.

-Lyra ? Will ? Que faites vous ici ? demanda la créature mi-femme, mi- oiseau.

-Ailes Gracieuses, toi seule peux nous aider. Nous cherchons un homme, un sorcier qui se serait glissé dans le monde des morts par ce trou.

Ailes Gracieuses secoua la tête.

-Nul ne rentre au pays des morts sans être mort ! dit elle.

-Tu es sûre ?

-Absolument.

-Comment explique tu ça, Harry.

-C'est très simple. Voldemort est déjà mort, en quelques sortes. Il a récupéré il y a deux ans une enveloppe charnelle mais je suis sûr qu'il ne possède pas de daemon. Celui serait mort quand il a perdu ses pouvoirs la première fois.

Lyra fit une grimace. Un homme sans daemons était la chose la plus horrible qu'elle connaisse.

-Dans ce cas, reprit la harpie, il aurait pu passer. Je me souviens en effet d'un homme, grand et maigre, qui avançait en sens inverse du flot, il y a deux ou trois jours. J'ai cru qu'il avait peur et qu'il fuyait, mais un mort me racontait son histoire et je me nourrissait, alors je n'ai pas cherché a...Désolée.

-Ce n'est pas grave Ailes Gracieuses. Merci de ton aide.

La harpie les salua et s'envola de nouveau, répandant une odeur de vice et de pourriture.

-Nous revoilà au point de départ, dit Lyra. Que va-t-on faire ?

-Nous n'avons pas d'autre choix on dirait, dit Harry.

-Je refuse, s'emporta Lyra. Je ne me séparerais pas de Pan !

-Je pensais à interroger de nouveau l'aléthiomètre, dit Harry d'une voix calme.

-Oh ! dit Lyra, gênée. Bonne idée.

elle sortit de nouveau le petit sac et en tira le lourd instrument. Puis elle posa sa question en tournant les molettes. Elle sortit de sa transe et se frotta les yeux, l'air décontenancée.

-Alors l je n'ai rien compris. Je recommence.

De nouveau, elle déplaça les aiguilles et de nouveau, elle sortit de la transe décontenancée.

-Alors ? dit Will.

-Je ne comprends pas. L'aléthiomètre dit que...nous devons allier nos connaissances et suivre le passage des morts sans le suivre vraiment. Ila joute aussi que l'ennemi n'est pas celui qu'on croyait jusque là. Je ne comprends plus rien Will !

Will réfléchissait à toute vitesse. Il marchait en long et en large en se frottant le menton.

-Il nous a dit d'allier nos connaissances et de suivre le passage des morts sans le suivre vraiment, c'est bien ça.

-Oui. Et que l'ennemi n'était pas Voldemort.

-Non, il n'a pas dit ça, Lyra. Il a dit que l'ennemi n'était pas celui qu'on croyait. Il pourrait y avoir autre chose, mais concentrons nous sur notre trajet pour le moment.

Will sortit son poignard.

-Ma connaissance, c'est d'ouvrir les fenêtres. Celle de Will, c'est de savoir où est passé Voldemort. Les autres ont plus de pouvoirs magiques que ce couteau. Alors essayons quelques choses.

Il laissa son esprit aller jusqu'à la pointe du poignard et sentit les accrocs dans l'étoffe du monde.

-Vous pourriez faire apparaître une marque ? demanda-t-il.

-Oui, dit Hermione, mais en quoi...

Will releva son poignard et sonda de nouveau le vide.

-Ici, dit il en sentant un accroc. Et ici. Et ici...

Il fit donc mettre une marque à Hermione à chaque fois qu'il sentait un accroc. Lorsqu'il rouvrit les yeux, une arche de croix rouge se tenait face à lui.

-Will ça va être à toi de jouer maintenant, dit il en souriant.