Chapitre treize : compréhension.

Will souriait toujours mais il était le seul. Il avait visiblement compris ce qu'ils devaient faire, mais il le gardait pour lui.

-Approche, Will.

Le jeune garçon obéit et son daemon se changea pour prendre l'apparence d'un furet.

-Maintenant, promène ta baguette et voit où elle tremble le plus.

Les autres commençaient à comprendre et une étincelle de compréhension passa entre les deux jeunes garçons. Will sortit sa baguette et la passa devant chacune des marques d'Hermione, marquant à chaque fois un instant de réflexion.

-Celle-ci, dit il en désignant la troisième.

-Tu es sûr ?

-Oui, absolument certain.

Will prit de nouveau le poignard et ouvrit une fenêtre. Le sol se tenait à leur pied, dans cet autre monde, fait de sable et de rochers.

-Bien allons-y.

Il passa le premier et entra dans ce nouveau monde, suivit par Harry et les autres.

-La file des morts est par-là, dit il en désignant le nord. Avançons.

Il referma d'abord la fenêtre après s'être assuré d'être dans la bonne direction et ils avancèrent en file indienne. Will ouvrait fréquemment une fenêtre sur le monde des morts pour vérifier qu'ils étaient toujours dans la bonne direction. Enfin, ils arrivèrent à la fin du désert, près une grande étendue de marais.

-Beurk, où on est ? demanda Lyra.

-Je ne sais pas, dit Will. Mais Voldemort est passé par là, lui aussi.

Lyra vit en effet que sa baguette tremblait plus fort que jamais. Au loin, au fond du marais, s'élevait une sombre bâtisse, une haute tour de pierre.

-Qu'est ce c'est ça, là-bas ?

-Je ne sais pas. Notre prochain arrêt ?

Will sentait en effet sa baguette vibrer lorsqu'il la dirigeait en direction de la vieille bâtisse.

-Je le crois oui.

Alors ils partirent en direction de l'étendue nauséabonde.

-Comment on va traverser ? demanda Lyra.

Pour toute réponse, un bruit sourd, répété, se fit entendre, et une barque approcha de l'endroit où se trouvaient les jeunes gens, dirigé par un homme hors des âges que Lyra reconnut immédiatement.

-Vous ? C'est vous qui nous avait fait traversé le lac au pays des morts !

Le vieil homme retourna alors son visage buriné par les années et une expression de surprise y apparu, étirant ses traits et faisant en sorte que son visage ressemble à une tête de mort.

-Vous avez quitté le pays des Morts ? Comment est ce possible ?

-Et ce n'est pas tout, cracha Lyra. Nous avons libérer les morts et tué l'Autorité et son Régent. Enfin pas vraiment nous mais plutôt Lord Asriel. Mais sans nous, il aurait échoué. Pas vrai Will.

-Oui, c'est vrai, acquiesça le jeune homme.

-Et aujourd'hui vous voilà ici, continua l'homme comme si Lyra n'avait rien dit. Que faites vous l ?

-Nous suivons un homme, un sorcier.

-Vous parler sûrement de son invité. Ce doit être ça. Montez je vous emmène.

-Nous emmenez o ?

-Mais à la Mort bien sûr.

Il avait dit cela comme si de rien n'était, comme s'il s'agissait d'une visite de courtoisie. Les sorciers montèrent dans la barque, la faisant tanguer et crisser sous leur poids.

-Vous êtes nombreux, mais ça ira, dit l'homme. Par contre, je devrais revenir pour les daemons, expliqua-t-il.

Les jeunes acquiescèrent et la barque traversa le marais de long en large, cachant les daemons sur la rive de la vue des voyageurs. Serafina suivait le guide sur sa branche de sapin sans faire le moindre bruit. Alors lentement, la sombre demeure de la Mort apparu, s'étirant au dessus du marais comme si elle surgissait au fur et à mesure que la barque glissait sur les eaux sombres et sales. Puis la barque atteignit l'autre rive, et le passeur les fit descendre avant d'aller chercher les daemons, restés en face. Il revint quelques instants après, la barque plus enfoncée dans l'eau noire que jamais.

-Avancez jusqu'à la porte et entrez Elle vous attend. Je crois qu'Elle vous attendait depuis toujours en vérité.

Lyra remercia le passeur et celui-ci disparut de leur vue en s'éloignant, s'arc boutant sur son bâton. Elle s'approcha ensuite de la porte, une grande et large porte en chêne massif. Un heurtoir de métal tenait au milieu grâce à deux puissantes accroches et lorsque Lyra voulu s'en saisir, la porte s'ouvrit en grinçant. Elle se tourna vers Will et les autres. Le garçon sortit son poignard et entra. La porte donnait sur un escalier de pierre, qui montait, montait, montait toujours plus haut. Au bout de dix minutes, ils en virent enfin le bout et débouchèrent sur une vaste pièce qui contrastait fortement avec le reste de la bâtisse. Alors que les couloirs et les escaliers étaient sombres et ternes, la pièce, elle regorgeait de vie. Des couleurs chatoyantes rendait la pièce vivante et égayaient le paysage morne à l'extérieur, visible par les nombreuses fenêtres. Au milieu de la salle, un large trône en granit prenait place et dessus se tenait une femme, jeune et sans âge à la fois. Son visage juvénile s'éclaira lorsqu'elle vit ses « invités » entrer dans la pièce, mais Lyra voyait dans ses yeux une tristesse et une solitude immortelle qui brillaient et brilleraient toujours. Habillée de larges draperies de soie noire, elle paraissait avoir vingt ans tout au plus.

-Bienvenu à vous, dit la Mort.

-Bonjour madame... commença Lyra.

Mais elle ne savait comment appeler cette être étrange et calme.

-Vous savez qui je suis et je sais qui vous êtes. On m'a donné bien des noms mais appelez moi Delphia. C'est ainsi qu'on me nommait autrefois, avant que je sois nommée.

-Nommée, reprit Harry.

-Oui, Harry Potter. Ne devient pas la Mort qui veut. On est appelé à le devenir. La Mort semblait débordé de joie de vivre.

-Je suis si contente d'avoir des hôtes !

-Pourquoi, demanda Lyra.

-Les gens ont peur de moi, Lyra. Tu le sais. Ils refusent de venir me voir, croyant que je les appelle à quitter leur monde. Même mon ancienne famille me rejette à présent. Aujourd'hui, tout ce que j'ai c'est le Passeur, Destinée et le monde des Mort. Mais vous avez ouvert le monde des Mort. Alors je reste seul avec Destinée.

Lyra aperçut à cet instant une once de reproche dans la voix de la Mort et son regard croisa le sien. On y lisait à présent une expression que Lyra n'avait vu que dans les yeux de Iofur Raknison, le prince illégitime des ours, une expression de folie douce teintée d'envie.

-Qui est Destinée ? demanda Will.

-Destinée c'est... Mon ami, mon instrument. C'est elle qui choisit quand une vie doit s'arrêter où si elle doit continuer.

Elle disait cela en regardant un chat noir que caressait un homme. Un homme aux doigts longs et fins, semblable à des araignées vivantes courant le long du poil soyeux de l'animal. Ses yeux, semblable à deux fente au milieu d'un visage blafard, brillait d'une lumière cruelle. Lord Voldemort se tenait face à eux, caressant l'unique ami de la Mort et Lyra pouvait voir le désarroi et la frayeur dans les yeux de la Faucheuse.